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Chez Clarabel
23 octobre 2006

La Tsarine - Constance Delaunay

la_tsarine" Ecrire, cela m'est venu tout d'un coup, à cause de ce que Clio, ma fille, m'a dit récemment : "Je me souviens que dans mon enfance, tu étais malade, physiquement malade, avec des migraines, des vomissements, chaque fois que tu devais aller voir ta mère. Pourtant tu ne la voyais pas souvent." A-t-elle raison cette enfant d'accuser sa propre mère et également la mère de celle-ci d'être dans le même panier de crabes ? La mère, dite La Tsarine, était un monstre, qui disait des horreurs à tout le monde, qui était égoïste, coquette, hypocrite et se moquait des autres, de leur opinion et du qu'en-dira-t-on. "Olga", la narratrice, s'étonne, s'insurge, s'époumone contre sa fille de penser des choses pareilles, pourtant n'a-t-elle pas raison, dans le fond ? Si l'on se penche sur la question, on s'aperçoit que la Tsarine méritait ce qualificatif. Cette diva, native du siècle dernier, était une figure maternelle de la pire espèce, mais il est cependant impossible de la détester complètement.

Dans ce portrait, donc, la narratrice tente d'expliquer son rapport avec sa mère, c'est difficile, certes, mais constructif. Souvent, elle en veut à Clio qui la pousse dans le dos pour écrire toutes ces vilaines choses, pour fouiller ses souvenirs, se forcer à réfléchir et décortiquer. Une très bonne thérapie, ce livre. La narratrice a beau se débattre, elle parvient à quelques bonnes conclusions qui l'éclaire également sur ses relations avec sa propre fille. Et de toute façon, on n'échappe pas à son destin, ni à son héritage, encore moins à la filiation. Et "Olga" s'aperçoit que la Tsarine est présente en elle, dans les traits et dans la personnalité, c'est inhérent. "Il faut accepter que les choses se répètent. Les conflits, les malentendus confirment le passage du témoin, d'une génération à l'autre : rien ne naît jamais de rien." Et la boucle sera bouclée, à grand-peine, en admettant qu'il y a à la fois de l'humour, du sourire, de l'acrimonie et un peu de froideur. Le constat est plat, mais assez désarmant. Il renvoie une autre image, celle qu'on entretient aussi avec sa mère et son enfant. Portrait séduisant, accablant et qui implique un certain désarroi de la part de celle qui l'écrit mais, malgré tout, c'est positif et efficace.

  • " Ma mère, un monstre ? Peut-être, mais tant d'autres choses aussi : une actrice consommée, une femme de devoir, une veuve séduisante, une bourgeoise conventionnelle, une juive antisémite, une femme-enfant, une marâtre qui s'ignore, une éducatrice atypique, une jeune femme capricieuse, imprévisible, avec la folie en tête. J'en ai de la chance d'avoir une mère comme elle, cela n'est pas donné à tout le monde. "

Gallimard

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16 octobre 2006

Marilyn : Portrait d'une apparition ~ Marie Magdeleine Lessana

Marie-Magdeleine Lessana est psychanaliste et aime Marilyn Monroe. Avec ce livre, elle a décidé que ce ne sera "ni une biographie, ni une analyse de cas, ni une enquête, mais la fusion du portrait de l'artiste et de son oeuvre : une légende". Passés les premiers chapitres qui concernent les jeunes années de Marilyn (d'un intérêt mitigé), les suivants nous plongent dans les années Fox, DiMaggio, Miller, Kennedy jusqu'à cette nuit fatale d'août 62. Ce qui m'a semblé très intéresssant dans cet énième ouvrage sur Marilyn Monroe, c'est la non-volonté de vouloir chercher qui, comment, pourquoi, plus les suppositions (et si...) à n'en plus finir. Non, les faits sont là. Marilyn était fragile, mal entourée, mal influencée et entraînée dans des milieux glauques (comme la drogue, la mafia, la politique) un peu malgré elle ! Certes, MM. Lessana suggère quelques interprétations de son cru, en bonne psychanaliste qu'elle est, pourtant elle n'épargne pas ses confrères américains qui ont vivement et trop farouchement pullulé autour de l'actrice. Par contre, je n'ai pas aimé le dernier chapitre sur l'Actor's studio, les psychanalistes et les photographes où j'ai eu le sentiment de tourner en rond et de revenir sur du déjà-vu. Car l'essentiel était dit ! Pour moi, le plus grisant était de lire tous les chapitres autour du parcours cinématographique de Marilyn, avec l'évocation du trop méconnu "Don't bother to knock" ("troublez-moi ce soir"), les secrets des coulisses, les anecdotes (un peu morbides concernant "the misfits") et d'autres détails plus intimes sur sa vie. J'ai aimé la façon dont l'auteur avait su appréhender cet ensemble, avec de l'amour, de l'admiration et une volonté de rendre grâce à cette femme éclatante mais malchanceuse. Aucun regard clinique, ni journalistique, vraiment un travail de romancier (entouré de véracité). Et j'ai aimé la couverture, une photographie de Bert Stern prise durant cet été 62, d'une Marilyn souriante, confiante en un avenir différent... Par contre, le récit ne s'agrémente d'aucun cliché, du début à la fin ! Dommage.

lu en février 2006

3 octobre 2006

Le corps incertain - Vanessa Gault

le_corps_incertainVanessa Gault n'a pas trente ans quand son médecin lui annonce qu'elle souffre de la sclérose en plaques. Cette brillante enseignante a cette pensée fulgurante : une vision d'elle assise dans un fauteuil roulant, un plaid sur les genoux, avec trois ans à vivre. Mais qu'est-ce que la SEP ? Comment son corps peut-il la trahir ? Comment la maladie se déclare, comment ruine-t-elle le quotidien et la croyance d'avoir la vie devant soi ? Il faut tout revoir, tout réapprendre. Apprivoiser son corps, le mal qui ronge, les sursauts et les plongées vers la douleur, la paralysie des membres. La SEP est avant tout "un mal secret" qui, un jour, devient "un corps exposé". Dans cette seconde partie, Vanessa Gault expose la honte infligée par le regard extérieur qui se pose sur ses cannes, devenues indispensables pour marcher. La maladie ayant progressé, la jeune femme s'affaiblit et perd la force de marcher, de tenir debout. Devenir handicapée, aux yeux de tous, devient une humiliation ordinaire, affreusement banale mais douloureuse. "C'est rarement de la cruauté volontaire; c'est plus souvent de la maladresse, de l'indifférence, de la bêtise".

"Le corps incertain" est le récit touchant, très peu émouvant, d'une femme douée et intelligente, qui regarde sa maladie avec lucidité. Elle ne se lamente jamais, elle s'emporte quelquefois et épingle les mauvais points dans le système (médical, de la sécurité social, dans la rue, les transports communs, en amitié, etc.). Mais à aucun moment elle ne donne le sentiment de s'apitoyer, il y a une telle force chez elle. Son récit est une leçon de vie stupéfiante. Quand je parle d'un récit peu émouvant, c'est surtout dans le sens qu'elle ne nous tend pas un kleenex pour étancher les larmes. Jamais. Pourtant, il est clair que son combat n'est pas de tout repos, tant la maladie est lâche et perfide. "Je ne suis pas une personne en bonne santé; mais je suis capable à certains moments de faire certaines choses, et peu de temps après je ne peux plus. Et je vous assure que je ne fais pas semblant." Concernant son témoignage, il a beaucoup à nous apporter, à nous apprendre !

Arléa

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