Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chez Clarabel
19 octobre 2008

L'anorexie, ma soeur et moi - Salomé et Olivia

« Je me rappelle : quand je prenais mon bain le soir, je m'allongeais. Mon but était de voir chaque jour un peu plus mes hanches. Les os de mes hanches. Je voulais qu'ils ressortent, que mon ventre se creuse. Et quand mon ventre se creusait, je trouvais ça magnifique. Vraiment magnifique... »

Tout commence à onze ans, par un banal régime... mais onze ans, pardi, c'est jeune ! La petite Salomé est piquée au vif par une réflexion d'une copine et entreprend de surveiller son poids. Et cela dégénère en une spirale infernale : le no-limit, le contrôle de soi, la fierté de ça (être maître de son corps) et l'envie de moins en moins d'avaler quelque chose, les ruses pour échapper aux repas du soir, les jus de fruits avalés en quantité pantagruélique pour remplir ce ventre et lui bloquer le passage pour un autre petit quelque chose... Des repas qui s'amenuisent, mais pas seulement : le corps se transforme, un duvet apparaît, et ce froid, toujours, tout le temps...

41dCjSZA5BL__SS500_

Cette maladie, c'est l'anorexie. Et Salomé va fondre au fil des mois, sous le regard effaré de sa soeur Olivia de sept ans son aînée. Les parents se masquent la vérité puis réagissent à temps en hospitalisant leur enfant. Mais il y a un long chemin avant tout cela, et encore un autre périple après. Car c'est une maladie vilaine, horrible, douloureuse. Pas uniquement pour la principale concernée, mais aussi pour ses proches. On découvre par exemple que Olivia, éloignée à Paris pour ses études, va plonger dans la boulimie et consulter un diététicien sous les réflexions désagréables de la jeune Salomé (hélas, inconsciente).

Ce qui ressemble à un énième témoignage sur cette maladie éprouvante se résume finalement à un dialogue entre deux soeurs. C'est original, cela rend l'expérience plus vivante et dans laquelle on s'apesantit moins. Olivia et Salomé racontent la même épreuve, mais sous deux regards différents : c'est l'anorexie subie par celle qui la porte et l'inflige aux autres, sans le faire exprès, et donc également l'anorexie appréhendée par ses parents et sa soeur avec impuissance, incompréhension et parfois colère.

Pour résumer, c'est un ouvrage intelligent, sans tabou et intimiste aux allures de thérapie. Cela a certainement beaucoup aidé les protagonistes et cela pourra soulager d'autres familles touchées par cette maladie.

Une mise à nu bouleversante !

La discussion des deux soeurs est complétée par l'éclairage du Docteur Xavier Pommereau, médecin psychiatrique.

Danger Public, coll. Témoignage
Avec la collaboration d'Emilie Lançon (journaliste)
218 pages - 16,90€

Une chanson : La maigrelette, par Amélie les Crayons

Elle tient pas droit, la maigrelette,
On la touche du doigt
Elle pète
Elle s'envolera un jour de tempête
Un jour de tempête

Publicité
Publicité
20 juillet 2008

L'été solitaire - Elizabeth von Arnim

 

Début mai, Elizabeth annonce à son mari, l'Homme de Colère, son intention de rester seule durant l'été "afin de retrouver les racines mêmes de la vie". Bougon, l'homme discrédite ce projet mais l'accepte par respect pour sa douce. Il parie intérieurement que son épouse ne pourra se plier à pareille restriction et finira par craquer lorsque la pluie et l'ennui la gagneront.

Les mois passent et Elizabeth se prélasse dans le calme et la pureté de son jardin, respirant les bonnes odeurs, se délectant de la lecture de ses auteurs fétiches. La jeune comtesse savoure le bonheur de son jardin allemand, car en fait, ce journal est la suite d'un titre précédemment paru (Elizabeth et son jardin allemand).

Dans la vraie vie, Elizabeth est mariée à un aristocrate prussien rencontré en Italie et s'installe avec lui à Berlin. Cinq ans plus tard, le couple emménage à la campagne où la comtesse se découvre une vraie passion pour la vie rurale et le jardin. Elle commencera à écrire et publiera anonymement son premier ouvrage où elle confie ses réflexions sur "la rudesse de cette Allemagne du nord et ses tentatives de création d'un jardin à l'anglaise".

Enhardie par ce succès, Elizabeth von Arnim offrira une suite à cette chronique... gentille, contemplative et assez sentencieuse, toute imprégnée d'un luthérianisme rigide qui pèse sur toute la vie sociale (un missionnaire lui rappelle sinistrement qu'elle habite dans la Vallée des Larmes et qu'elle aura, tôt ou tard, son lot de malheurs pour fouetter sa béatitude présente...). Brrr.

J'ai été un peu déçue par ce livre, je n'ai pas retrouvé le peps savouré dans Avril Enchanté par exemple (et que je conseille plus fortement!). Cela reste toutefois l'appréciation d'un style élégant et guindé, joliment poétique, que j'aimerais comparer à la touche anglaise, mais non. Elizabeth von Arnim demeure un auteur à découvrir coûte que coûte !

 

L'été solitaire

Salvy éditeur, 1991 pour la traduction française / 10-18, 1997

traduit de l'anglais par François DUPUIGRENET-DESROUSSILLES

A été lu par Nanne, plus sensible à cette contemplation

3 mai 2008

Je suis pas une bombe... et alors ?

 

je_suis_pas_une_bombeEh non, vous n'êtes pas une bombe ... Mais a priori, votre apparence ne fait pas hurler les enfants dans la rue non plus. Comme 99 % de la population, vous avez un physique normal, et notre société de l'image vous persuade que c'est un péché capital. Détendez-vous ! Avec ce livre, découvrez comment s'installe le diktat de l'apparence, de quelle façon survivre dans la jungle esthétique qui nous entoure, et pourquoi ne pas être une bombe, loin d'être un drame, est en réalité une bénédiction. Hors des modèles standardisés, à mi chemin entre étude sociologique et pamphlet au troisième degré, entrez dans le monde merveilleux des gens qui s'aiment sans complexes.

Caroline Rochet est journaliste pigiste pour différentes publications, en particulier le Marie Claire français. Elle a également travaillé dans la publicité. Autant dire que sur la dictature de la beauté et de l'apparence, elle en connaît un rayon. Par ailleurs, sans pour autant ressembler à la fille illégitime du Shrek (certains inconscients lui disent même parfois qu'elle est jolie), Caroline n'est pas une bombe. Non pas qu'elle vive si mal son statut de jeune femme "comme les autres", mais quand tout contribue à vous faire douter, à vous faire avoir honte du physique que Dame Nature vous a donné, comment ne pas craquer sous la pression ? C'est pour mieux comprendre les mécanismes sociaux qui suscitent de telles angoisses, et plus encore pour soulager celles de ces millions de femmes qui se trouvent éternellement "trop ceci" et "pas assez cela", qu'elle a voulu prendre la plume.

Le site de Caroline Rochet (plus cet article qui me fait beaucoup rire !)

Pas facile de mettre en avant ce petit livre avec UN TITRE PAREIL !!! L'auteur le sait bien, elle le traite avec humour dans son préambule. C'est genre le livre de la honte, celui qu'on voudrait bien lire mais qu'on cache sous sa pile de bouquins plus intellos pour noyer le poisson ! Suffit que le vendeur / libraire saisisse le titre noir sur fond orange, et là il redresse la tête et vous regarde droit dans les yeux ... bah, euh, je suis pas une bombe, ET ALORS ? (Nous sommes 99% dans ce cas-là, dites-vous bien, et rétorquez-vous à votre interlocuteur.)

L'histoire entre ce livre et moi a débuté par un message privé reçu par son auteur. Du déjà lu, archi revu, etc. Comment la demoiselle a su être meilleure que les autres ? (Oui, ok elle a avoué son gros faible pour the Joshua tree, comment je peux dire non, moi, après ça ???!) D'abord, Caroline Rochet ne tartine pas des éloges en dix lignes, blablabla, sur mon blog et tutti quanti, elle avoue - cash - avoir commis un livre (oui, commis, pas écrit ! j'ai aimé cette nuance) et le présente ainsi : un pamphlet qui traite de la dictature de l'apparence sur un mode mi socio, mi psycho et surtout troisième degré quand il faut, "girly mais pas débile". C'est bon, j'ai dit banco. (Je croyais d'ailleurs que cela allait être le titre de son bouquin, dommage c'était davantage accrocheur, à mon goût !)

Je ne vais pas vous refaire le film de ma lecture, à ma grande honte je vais même vous avouer avoir lu ce livre depuis des semaines mais n'avoir jamais trouvé le temps d'en glisser quelques mots, pffff ! Je vous donne juste les clefs suivantes : c'est un livre qui se lit en une ou deux heures maxi, c'est totalement délirant et trèèès drôle, ça n'apporte rien du tout (je trouve) et ce n'est pas méchant car l'éditeur le rappelle ainsi, ce livre est rangé dans la catégorie ANTI-développement personnel ! A prendre donc ainsi, avec humour, dérision et auto-dérision ! A défaut de vous sortir la tête de l'eau, ce livre vous filera davantage de rides CAR il est bon de s'esclaffer au moins cinq minutes tous les jours !

Merci Caroline !

Je suis pas une bombe... et alors ? - Caroline Rochet

Les éditions de l'Hèbe, mars 2008 - 159 pages - 12 €

Illustrations de Sandra Antonios

2 avril 2008

Réflexions sur la littérature jeunesse

les_seriesSelon Anne-Marie Pol, l'auteur de l'illustre série des Danse ! avec quarante titres au compteur, la série est un genre littéraire fort peu apprécié dans l'Hexagone, totalement méprisé par le milieu intellectuel, pédagogique, souvent décrié comme un sous-produit. Parce que quantité rime avec basse qualité, appel du gain, produit mercantile, et j'en passe, l'auteur a accepté de devenir une Miss Marple pour enquêter sur le phénomène, expliquer sa mauvaise presse et mieux comprendre la nécessité d'une série.

Car bien évidemment, la série est indispensable dans une vie de lecteur, pour ce dernier qui lit très peu et qui soudain s'accroche à une histoire et ses personnages récurrents. La série est un marche-pied pour l'appréciation d'une littérature au sens plus large, pour partir à la découverte d'autres livres, d'autres auteurs. Il y a un âge pour tout, écrit-elle au sujet de sa série qu'elle considère comme une lecture plaisir plutôt qu'un pensum culturel. J'hésite à faire ce raccourci terrible, mais il me semble qu'on touche là au sempiternel débat sur la littérature destinée à la jeunesse, déjà considérée comme un sous-genre, pauvre en qualité et indigne de réel intérêt. Alors pensez donc, une série ! Soit, un abattage d'ouvrages à la demande de l'éditeur, un contenu formaté selon des applications pour séduire un public visé, un simili travail à la chaîne pour gaver des lecteurs peu exigeants ! Oui je résume grossièrement, mais hélas la réalité n'est jamais bien loin.

Mais, n'est-ce pas là, finalement, un faux débat ? Après tout, pourquoi les séries ne seraient-elles pas, tout bêtement, constituées d'abord et avant tout de livres ? Livres, qui, comme toute littérature, pourraient s'avérer bons ou mauvais ?

En cinq chapitres fort bien documentés, Anne-Marie Pol va donc passer à la loupe ce qu'est une série, revenir aux sources du phénomène (et les références ne manquent pas ! Nous avons tous été nourris à la Bibliothèque Rose !), expliquer le potentiel caché d'une série, cerner la mesquinerie qui consiste à distinger le cycle, la trilogie (etc.) à une simple série ! Il semblerait que certains éditeurs soient un peu trop pointilleux sur ce point... Elle nous propose également une multitude d'exemples et de références, de quoi régaler nos chères têtes blondes. En gros, Anne-Marie Pol met le doigt sur un phénomène bien français, qui consisterait à pincer du nez face au populaire. La littérature (la bonne, la vraie) est sérieuse ou elle n'est pas. Elle ennuie parfois un peu ? Très bon signe ! La vie n'est pas drôle, mes chers enfants, la littérature non plus. Et, non contente d'être sérieuse, elle se prend au sérieux. (Hélas.) Ce n'est pas fini ! Le "plaire et toucher" de Boileau aurait-il été mis au rencart ? Ces deux verbes, en tout cas, le feraient taxer actuellement de "commercial" ou de "démago" (des adjectifs souvent attribués aux auteurs de séries), car les tenants de la littérature oublient qu'elle a mille visages.

Sans prétention, j'ai mauvaise réputation... (d'après Brassens) La mauvaise réputation de la série = ignorance + préjugés. Qu'importe ! Anne-Marie Pol les débusque, les expose et les étudie pour mieux les démonter. Elle n'hésite pas non plus à épingler l'élitisme contre le grand public, soulève les anomalies contastées dans certaines classes. Quel dommage de complexer des lecteurs de bonne volonté en méprisant leurs lectures préférées ! Autant leur signaler qu'ils lisent du sous-produit bon pour des sous-lecteurs. (...) Les livres étudiés en classe, même s'ils sont magnifiques, sont abordés sous un angle qui n'amuse pas nécessairement le petit lecteur.

Bref, chacun cherche, confusément ou de façon délibérée, les livres qui peuvent lui faire du bien, à un moment ou à un autre de sa vie. Les livres jeunesse aident à grandir et donnent envie de vivre : respectons-les, ces passeurs, dans leur diversité. Série, collection, roman unique, trilogie ou recueil... quelle importance, au fond ? La culture n'est pas monolithique. Comme un arbre (ou un livre), elle est pleine de milliers de feuilles diverses. Laissons aux lecteurs le privilège de cueillir (ou d'ouvrir) les feuilles qui leur plaisent...

Les séries - Chronique d'un malentendu littéraire. Par Anne-Marie Pol

Editions du Sorbier, 140 pages. 2004.

** Livre-voyageur à l'initiative d'Emmyne. **

Son avis sur cet ouvrage !

J'en profite malicieusement pour glisser cette autre référence, en relation avec notre sujet sur les séries :

armelle_leroyL'histoire illustrée des livres qui ont bercé notre enfance, en complément à la Saga de la Bibliothèque Rose par la même Armelle Leroy (ouvrage évoqué ici !)

Propos : Qui se cachent derrière les pseudonymes de Caroline Quine ou du Lieutenant X, les auteurs d'« Alice » et de « Langelot » ? Pourquoi la comtesse de Ségur a-t-elle décidé de mettre par écrit les histoires qu'elle racontait à ses petits-enfants ? Qui était l'illustrateur de « Oui-Oui » ? Comment Alfred Hichcock est-il devenu un auteur de la Bibliothèque Verte ?

Armelle Leroy et Laurent Chollet retracent la passionnante histoire des Bibliothèque Rose et Verte. Ils reviennent en détail sur la création des deux collections, l'élaboration des scénarios, le choix des illustrateurs, l'évolution des séries ou encore sur la vie, la plupart du temps méconnue, des auteurs.

On y retrouvera les grands classiques : la comtesse de Ségur, Jules Verne, Charles Dickens, Jack London, Alexandre Dumas..., ainsi que les grandes séries, « Alice » de Caroline Quine, « Oui-Oui », « Le Club des Cinq », « Le Clan des Sept » d'Enid Blyton, « Fantômette » de Georges Chaulet, « Langelot » du Lieutenant X, « Les Six Compagnons » de Paul-Jacques Bonzon... Riche d'illustrations, d'archives inédites et d'anecdotes insolites, ce livre nous replonge dans l'univers aventureux, magique et merveilleux des premières lectures de notre jeunesse.

A posséder !!!

Editions Hors Collection, 2005. 19,90 €

13 mars 2008

100 romans de première urgence pour (presque) tout soigner - Stéphanie Janicot

100_romans_de_premiere_urgenceVous souffrez de cette maladie de grand lecteur qui pense farouchement qu'on peut guérir tous les maux par les mots, alors soyez sûrs que ce guide de survie (littéraire) écrit par Stéphanie Janicot est fait pour vous ! D'avance, je vous préviens d'un grand risque de dépendance et de la fâcheuse manie de (re)copier les références suggérées dans ce livre, au péril de vos piles à lire déjà brinquebalantes dans vos chambres, bureaux ou bibliothèques personnelles. Voilà, c'est dit. Sachez qu'au-delà de cette limite, je ne répondrai plus des graves tourments qui vont vous frapper !

Stéphanie Janicot a ainsi recencé 100 ouvrages pour répondre à tous vos tracas, car selon elle, la lecture possède une vertu pharmacologique indéniable. (Je suis tout à fait d'accord avec elle !) Ainsi, vous trouverez des remèdes pour soigner des problèmes liés à l'enfance, des soucis de couple, des peines de coeur, des dépendances intolérables, des ennuis d'ego et même le simple fait de ne pas aimer lire, oui l'auteur a une solution à toutes vos questions.

En partant de ce principe assez basique et gentillet, elle s'embarque dans une aventure livresque passionnante. J'ai été totalement entraînée du début à la fin, et même dans des cas de figure qui ne me touchent pas, j'ai été envoûtée d'office par le charisme de Stéphanie Janicot qui vous parle de chaque roman avec une limpidité et une fraîcheur qui rendent jaloux et font friser l'oeil ! Tout fait envie. Malheur !

Il y a cependant un léger souci, imprimé noir sur blanc, un erratum à signaler d'urgence. Le personnage fétiche de Jane Austen (p. 80) ne se prénomme pas Marc, mais Fitzwilliam Darcy ! (à ne pas confondre avec le Journal de Bridget Jones, d'Helen Fielding !)

Bref, nous avons tous nos propres suggestions de lecture pour guérir et surmonter un obstacle, l'auteur propose alors de vous livrer au même exercice, de noter votre Symptôme et son Remède littéraire, puis de l'envoyer par mail à lireguerit@albin-michel.fr . Peut-être, alors, un deuxième livre verra le jour... (chouette !)

NB : Je signale, au passage, que les 100 romans référencés sont à la fois des Classiques et des romans récents, francophones et étrangers, la plupart disponibles en poche.

Albin Michel - 227 pages. 15 € non remboursés par la Sécu.

Publicité
Publicité
10 février 2008

Cécilia - Anna Bitton

ceciliaPourquoi ai-je lu ce livre ? Par curiosité, très franchement. Or, sur ce point, mon vilain défaut n'a pas du tout été rassasié. Je n'ai pas eu le sentiment d'en apprendre plus en parcourant les pages de ce livre. Je ne m'attendais pas non plus à une mine d'informations malsaines, des fonds de tiroir et des raclures de poubelle. Il ne faut pas pousser. Je crois tout bêtement faire partie de la masse populaire qui s'est posée des questions, qui a été intriguée par cette Cécilia et qui avait envie d'en savoir plus sur elle.

Le livre d'Anna Bitton, qui est journaliste, est une lecture banale, assez quelconque, pas très bien servie par l'écriture (une répétition fatiguante d'effets de style assez pompeux, qui se voulaient trop romanesques, selon moi). On n'y apprend pas grand-chose, de ces choses déjà dites et répétées de façon mesquine. Bref.

Ce que je retiens, c'est que Cécilia a été taxée d'être froide et hautaine, alors qu'elle a toujours souffert d'être grande (1m78, qu'elle a compensé en épousant des hommes plus petits) ; qu'elle n'a jamais été admise dans le sérail des Sarkozystes, et qu'elle a cherché à se venger en plaçant des amies, ou des proches, et en évinçant d'autres (elle a toujours eu une influence considérable sur son mari) ; et cette importance a aussi pesé dans la balance, car la Cécilia a fini par étouffer de trop d'amour, trop d'admiration, trop de considération. On comprend aussi que c'était une autre façon de verrouiller la belle, qui s'est vue refuser de se lancer dans la politique, par exemple. Alors, oui : trop, c'est trop. Elle est partie, pour l'amour d'un (autre) homme. Elle a crevé de jalousie, aussi, en découvrant son époux volage et aux bras d'une (autre) femme. Elle est donc revenue, puis repartie, et revenue encore une fois. Un vrai feuilleton !

On connaît la suite : Cécilia revient (ou fait semblant ?), elle aide son ambitieux mari à accéder au poste suprême, puis elle tire sa révérence pour de bon. « Je ne veux pas être là, je ne veux pas. » Allons donc... Je ne veux pas tirer sur l'ambulance, les passages révélés dans la presse en ont déjà fait de gorges chaudes. Cela suffit ! Pour ma part, je la trouve assez admirable, cette Cécilia. Claquer la porte de l'Elysée, fallait oser ! Et que diable cette manie de journaliste à vouloir faire d'elle une figure de roman, un pendant d'Emma Bovary !? Pff, c'est n'importe quoi !

Car finalement, c'est dans un rôle plus personnel que je l'apprécie, celui de la mère.  « Avant d'être une midinette, une femme fantasque ou une faiseuse de roi, Cécilia est une maman. C'est sa première vocation. La seule qui soit inconditionnelle. Quand ça ne va pas, Cécilia prend ses « poussins sous le bras », comme elle aime à dire, et elle s'en va. (...) Son clan à elle, c'est celui-là. Ses enfants.
(...)
Elle est maternelle, Cécilia. Elle ne s'en rend même pas compte. Elle n'a pas besoin de le faire exprès. Maternelle ne veut pas dire cajoleuse. Cécilia ne cajole pas, ce n'est pas dans son éducation, les cajoleries intempestives, mais elle veille, elle organise, elle commande, elle supervise. Elle protège. Sa présence seule est une protection.
»

Flammarion - coll. Flam - 175 pages.

Merci Lily pour l'envoi et le prêt de ce livre car je n'aurais jamais déboursé 16 € pour le lire ! Je ne regrette pas non plus, je crois qu'il s'agit là de ma première lecture d'un livre traitant d'un personnage public et (encore) existant ! ...
Et n'hésitez pas à cliquer pour lire le billet de Lily qui est exquis et hilarant !

13 décembre 2007

Une enfance au pays des livres - Michèle Petit

une_enfance_au_pays_des_livresCet ouvrage traite de « la découverte d'un monde, d'un paysage à soi grâce aux livres, la lecture comme fugue, échappée belle, hors les murs de la famille et de la maison, l'arrachement à la solitude, la consolation, la crainte de l'intusion des adultes, le dégoût des classiques à l'école, sauf si un professeur transmet sa passion, le passage à d'autres lectures par la quête des mystères du sexe, le besoin d'images qui vous enveloppent, puis, plus tard, à l'adolescence, de formules irradiantes qui aident à se dire, l'importance du lointain et des métaphores, la découverte vitale qu'il est d'autres voix que celles qui sont imposées, l'éclectisme. Le fait qu'on lit pour tout autre chose que par goût désintéressé du Beau et du Bien. »

« Toute ma vie, j'ai lu par curiosité éperdue, pour me lire, pour mettre des mots sur des désirs, des blessures ou des peurs, transfigurer des tourments, construire un peu de sens, sauver ma peau. Prendre des nouvelles du monde. » Parce qu'on ramasse dans les livres « bien du bois pour que le monde soit un peu plus habitable » ...

Cette enfance au pays des livres, vue par Michèle Petit, anthropologue de la lecture au CNRS, est « une histoire en pointillés, elle se ramène à quelques bribes, quelques scènes originaires, et c'est peut-être dans leur sillage que nombre de [mes] lectures ultérieures sont venues s'inscrire. »
L'auteur n'a pas envisagé d'établir une liste de ses bonheurs de lecture, mais étudie ce que ses instants ont su lui apporter dans la vie. La lecture aide à se construire, ou se reconstruire dans l'adversité.

Les extraits pourront mieux parler au lieu de livrer ma propre impression, laquelle est en demi-teintes. Je suis restée en marge de ce constat, n'y trouvant pas souvent ma place. Peut-être à cause du fossé générationnel ? Toutefois, certains passages demeurent universels et parlent à tous les « passeurs d'histoires » existants.

« Ainsi faisons-nous retour aux spectacles, aux pages, aux images qui ont charmé notre enfance et nous ne voyons plus que le mauvais grain du papier, les ficelles un peu trop grosses du metteur en scène ou du dessinateur. Ce n'était donc que cela. »

Didier jeunesse - Coll. Passeurs d'histoires - 104 pages - 17 €

11 novembre 2007

L'année de la pensée magique - Joan Didion

anne_de_la_pensee_magiquePrésentation de l'éditeur
Une soirée ordinaire, fin décembre à New York. Joan Didion s'apprête à dîner avec son mari, l'écrivain John Gregory Dunne - quand ce dernier s'écroule sur la table de la salle à manger, victime d'une crise cardiaque foudroyante. Pendant une année entière, elle essaiera de se résoudre à la mort du compagnon de toute sa vie et de s'occuper de leur fille, plongée dans le coma à la suite d'une grave pneumonie. La souffrance, l'incompréhension, l'incrédulité, la méditation obsessionnelle autour de cet événement si commun et pourtant inconcevable : dans un récit impressionnant de sobriété et d'implacable honnêteté, Didion raconte la folie du deuil et dissèque, entre sécheresse clinique et monologue intérieur, la plus indicible expérience - et sa rédemption par la littérature.

Autant avoir le moral au beau fixe, si vous souhaitez lire ce livre... Personnellement j'ai été dévastée par cette lecture ! Complètement minée, et pas loin d'être déprimée !

Pourtant c'est vrai que c'est un sujet universel : la mort et le travail de deuil. Tout ce qu'écrit Joan Didion à ce propos est si juste, si poignant et terriblement intelligent. Mais la plume est tantôt médicale, un peu froide, implacable à détailler le verdict des médecins. Passons sur le drame qui emporte son époux, John Gregory Dunne, car en même temps Joan Didion est confrontée à la maladie de sa fille, Quintana, hospitalisée durant des mois, et qui se trouve entre la vie et la mort. (D'ailleurs, en 2005, quelques mois avant la parution du livre aux USA, celle-ci décède à 39 ans mais Joan Didion n'a pourtant pas souhaité revenir sur son récit pour inclure ce second décès.)

Eprouvant, donc. Le livre est un double exercice : se concentrer sur l'acceptation de la mort de son mari, revenir sur leur vie conjugale qui a duré quarante ans, s'apercevoir qu'on existe aussi à travers le regard de l'autre, se tourner vers l'avenir et le retour à la vie. En même temps, il y a cette parenthèse qu'entraîne la terrible maladie de sa fille, un semblant de sursis, un entre-deux dans lequel le deuil semble caler, et être remisé aussi.

Les critiques sur ce livre sont dithyrambiques, je ne conteste pas ce fait. Mais en ce qui me concerne, j'ai eu beaucoup de mal à venir à bout de ce récit ! C'est tellement dur ...

Grasset - 278 pages - Traduit de l'américain par Pierre Demarty.  18,90 €

L'année de la pensée magique a été consacré " livre de l'année 2006 " aux Etats-Unis. Best-seller encensé par la critique, déjà considéré comme un classique de la littérature sur le deuil, ce témoignage bouleversant a été couronné par le National Book Award et vient d'être adapté pour la scène à Broadway, par l'auteur elle-même, dans une mise en scène de David Hare, avec Vanessa Redgrave.

En savoir plus sur Joan Didion : " Ecrire pour survivre " par André Clavel (Lire, Septembre 2007)

A été lu par Cathe aussi !

30 septembre 2007

La mort d'un pote ~ Emilie Frèche

Le 13 février 2006, Ilan Halimi, 23 ans, est retrouvé agonisant le long d'une voie de chemin de fer, dans l'Essonne. Après 24 jours de séquestration, de tortures, d'insultes, d'humiliations, le corps battu à mort et brûlé à 80%, il est abandonné par ses bourreaux. Il a encore un peu de force pour ramper hors de ce cauchemar, mais plus assez pour rester en vie. Dans l'ambulance qui le conduit à l'hôpital, le jeune homme succombe à ses blessures.
C'est d'abord un fait divers paru dans un entre-filet, dans les journaux, puis la grande affaire qui éclate avec l'arrestation du gang des Barbares et sa déferlante d'horreurs. Si Ilan est devenu la cible martyre des ses bourreaux, c'est parce qu'il était juif et que sa famille était forcément "bourrée de pognon" ! Une honte. C'est à la fois impensable, révoltant et abominable de s'imaginer que dans la société du 21ème siècle un crime aussi raciste et primaire puisse encore exister, avoir lieu et ne pas soulever de tolé général et de réactions à long-terme.

C'est la fin d'une époque, écrit Emilie Frèche. La République d'aujourd'hui ne tient plus ses promesses, la génération qui pousse a perdu ses repères ou les pioche dans des manuels qui ne répondent à aucune loi. Tout est erroné, l'école a abdiqué, les parents ont baissé les bras, partout c'est le laissez-aller, on s'en fout de tout. Et Emilie Frèche fait l'étalage des autres crimes honteux et inacceptables, les morts liées à la canicule dans la plus grande désinvolture par exemple. Trop, c'est trop. Il est temps de réapprendre à vivre tous ensemble, de ne pas "laisser mourir la France", pays des droits de l'Homme et de la liberté. Ce texte est un hommage à "un pote disparu", à tous ces autres anonymes qui ont souffert d'antisémitisme, de racisme, de violences arbitraires, dans la plus grande inconscience de nous tous. Emilie Frèche exprime son "coup de gueule" et ça tape droit dans le coeur. Agissons, pensons à nos mômes !

21 septembre 2007

Les Pintades à Téhéran - Delphine Minoui

Pintades___teheranCe n'est sans doute pas demain que vous, comme moi, allez vous rendre en Iran. Et c'est bien dommage, je m'en rends compte en levant mon nez de ce livre à la couverture fantaisiste, qui n'est sans doute pas gage de sérieux selon les critères de quelques-uns, et pourtant que l'auteur Delphine Minoui, journaliste installée à Téhéran depuis 8 ans, sait très bien de quoi elle cause, et elle le fait très bien, même !

Téhéran est une ville trépidante, à la fois redoutable et fascinante. « Une capitale des clichés et des faux-semblants entourée d'un halo de mystère qu'il ne vaut mieux pas chercher à percer. Ici, on porte des strings roses sous le voile, on flirte sur Internet et on danse à la barbe des mollahs. Téhéran, c'est le noir des martyrs, c'est l'odeur de l'essence qui s'accroche au nylon du tchador. Mais Téhéran, c'est aussi la poésie de Hâfez vendue au détour d'une ruelle sur un joli papier de soie. C'est le blanc des montagnes qui entourent la ville et qu'on prend plaisir à contempler quand, par un miracle printanier, la brise vient chasser le couvercle de pollution qui s'abat sur les gratte-ciels. Téhéran, c'est le rouge des lipsticks de ces dames, symbole d'une vie qui résiste à tous les coups de matraques imposés par une minorité au pouvoir qui s'accroche à des idéaux religieux dépassés. »

Téhéran, la ville aux deux visages. La ville mystérieuse et pleine de charme. C'est ce qu'on ressent en lisant ce livre, ce qu'on éprouve en rencontrant les Téhéranaises qualifiées de malicieuses car ce ne sont décidément pas celles qu'on pense, des femmes soumises, accablées, à la féminité gommée. Comme à New York ou Londres, il existe bel et bien des Pintades en Iran !!! Les Téhéranaises aussi sont belles, sexy, soigneuses et appliquées à suivre les diktats de la mode. Elles flirtent, batifolent, rêvent du prince charmant, vont à la salle de gym, cancannent à la mosquée, pleurent comme des madeleines, puis s'abreuvent de thé en s'empiffrant de pistaches...

Le portrait des Téhéranaises est un joyeux mélange de couleurs, d'odeurs, de saveurs. Très superficielles et matérialistes, aguicheuses et ne boudant pas leur plaisir à s'acheter des dessous affriolants, les Pintades en Iran sont aussi des femmes investies, impliquées et qui ne reculent pas devant les menaces, les censures. Au contraire, elles redoublent d'efforts, à l'image de Chirine Ebadi, l'avocate ayant décroché le Prix Nobel de la Paix. Les Téhéranaises sont là où on ne les attend pas, dans un taxi, en chef d'entreprise, ou en fliquette pour la répression des moeurs.

Insoumises, insaisissables, imprévisibles et épatantes ... ce sont les Pintades à Téhéran. En choisissant la capitale de l'Iran comme nouvelle destination de la basse-cour des pintades, les éditrices ont assurément voulu tordre le cou aux idées reçues, aux clichés et à la réaction d'appréhension. Elles ont bien eu raison, parce que les Téhéranaises aussi sont des femmes formidables, et courageuses ! Ce livre tout en charme et énergie, aussi dans la futilité et les gloussements, est une belle opportunité pour rendre les honneurs à des femmes anonymes et mieux cerner les us et coutumes d'un pays qui fait souvent parler de lui sous ses plus sombres et terrifiants aspects !
NB : Non, ce livre n'est pas de la chick-lit !

Editions Jacob-Duvernet - 195 pages /  Mai 2007.  Le site des Pintades !

Couverture : Sophie Bouxom

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 > >>
Chez Clarabel
Publicité
Newsletter
2023 Reading Challenge
Clarabel has read 8 books toward her goal of 200 books.
hide
Sauveur & fils
Quatre sœurs : Geneviève
Audrey Retrouvée
Le sourire étrange de l'homme poisson
Calpurnia et Travis
L'homme idéal... ou presque
Trop beau pour être vrai
Tout sauf le grand amour
Amours et autres enchantements
Ps I Love You


Clarabel's favorite books »
Publicité