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Chez Clarabel
25 novembre 2011

“I really, really wanted to lose awareness of the here and now. The best way for me to do that was bury myself in a book.”

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J'ignorais à quoi m'attendre en ouvrant le tome 1 des Mystères de Harper Connelly mais j'ai très vite été emballée par ce que je lisais. Harper a été frappée par la foudre à l'âge de 15 ans, depuis elle possède la "faculté" de sentir les morts, de trouver les corps des disparus et de voir leurs derniers instants. Elle arrive avec son frère Tolliver dans la petite ville de Sarne, dans l'Arkansas pour retrouver le corps d'une adolescente et ainsi prouver que son petit copain ne s'est pas suicidé après l'avoir assassinée. L'affaire sent le roussi, d'autant plus que Harper et Tolliver ne sont pas accueillis les bras ouverts. Malgré tout, la jeune femme fait son truc et pense repartir aussitôt. C'est là que tout se complique, car son arrivée n'a pas fait que remuer tout un tas de fumier couvrant de gros secrets de famille, elle a aussi exacerbé des passions toutes plus folles les unes que les autres, le climat devient très, très lourd dans cette petite ville américaine, et pas seulement parce que le temps tourne à l'orage.
Honnêtement, ce fut une très bonne surprise que de se plonger dans cette atmosphère, Harper et Tolliver participent malgré eux à une enquête policière et nous font, en plus, entrevoir leur passé familial, très douloureux, et leur vie d'errance à se balader dans tout le pays pour mettre à profit le don de Harper. Nous comprenons aussi ses souffrances, son sentiment de solitude et de désoeuvrement dès qu'elle perd confiance en elle, ou dès que son frère disparaît de son champ de vision, leur relation est fusionnelle et même un peu hors norme. Tous deux portent aussi les stigmates de la disparition de Cameron, la jeune soeur de Harper, survenue quelques années plus tôt, et dont on n'a jamais retrouvé le corps, ce qui a pour effet d'obséder Harper. Une bonne série à suivre, selon moi (et courte, puisque seuls 4 tomes ont été publiés).

Murmures d'outre-tombe (Les mystères de Harper Connelly #1) - Charlaine Harris
J'ai Lu, 2011. Traduit de l'américain par Sophie Dalle. 

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10 novembre 2011

Tous uniques, jamais imitables.

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Dominic a quinze ans et mène une existence ordinaire, ponctuée par les remontrances de son père, qui attend de lui des résultats scolaires exemplaires. L'été s'annonce et l'adolescent découvre chez son grand-père un album de photos révélant l'existence d'un frère aîné, décédé peu avant sa naissance, dont la ressemblance physique est plus que frappante. Ce sont de parfaites copies doubles !
Pourquoi, comment ses parents ne lui ont jamais parlé de ce frère qui porte le même nom que lui ? Dominic veut la vérité et part sur les traces du disparu. Son enquête le conduit à l'université de Cambridge où, très vite, des morceaux du puzzle vont se recouper et laisser apercevoir des secrets de famille qui ne valaient pas mieux déterrer. 
Dominic se sait en danger et ne cesse de fuir pour échapper à son père. L'intrigue s'étale ainsi sur plus de 370 pages, selon un rythme trépidant, avec des réflexions intéressantes sur notre identité, le deuil et le chagrin. Peut-on croire qu'un enfant remplace un autre ? Comment se dessine notre conscience, ou notre intellect ? Nous sommes nous, uniques, et jamais imitables. 
Je ne vais pas déflorer le thème du roman (pourtant facilement identifiable, mais je ne spoile pas !), mais j'ai trouvé que l'auteur livrait une critique pertinente à ce sujet et qu'elle invitait le lecteur à en faire de même, en se posant les bonnes questions. Le roman, lui, est redoutablement efficace. Il se lit vite, comme un thriller, les personnages ont des failles, ils ne sont pas parfaits et parfois nous agacent, mais ils sont justes et vulnérables, complètement paumés au milieu de ce casse-tête. Ce serait trop facile de les juger, et l'histoire s'y refuse et agit de telle sorte qu'on fait de même. 
J'ai lu ce roman en une soirée, tant la première partie est excitante. Une fois le secret dévoilé (assez rapidement), nous entrons dans une autre phase de l'histoire, une phase plus réfléchie, où le garçon commet les erreurs de la jeunesse avant de se tourner vers une solution finale que je pourrais qualifier de facile, parce qu'elle est expéditive. Ce n'est pas un reproche non plus, car je sens que je vais garder un très bon souvenir de cette lecture !

Unique, par Alison Allen-Gray
Bayard jeunesse, coll. MilléZime, 2011. Traduit de l'anglais par Philippe Rouard. 

"Il s'est cru capable de contrôler ce qui échappe aux humains... le fait que nous mourrons tous à la fin. Il a tout ordonné selon sa volonté. Il a payé pour que son fils mort revienne à la vie."

10 novembre 2011

Michael Granchester est entré dans ma vie le 28 novembre 2010. C'était un mercredi, je m'en souviens très bien.

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Gloria Griffin, quarante ans, vite cloîtrée chez elle à écrire des ouvrages sur les arts divinatoires. Sept ans plus tôt, elle a mis un terme à son activité d'animatrice radio suite à un couac meurtrier dont elle se sent en grande partie responsable. 
Seule, chez elle, elle reçoit donc la visite d'un petit bonhomme, atteint de progéria, Michaël, qui vient l'appâter en l'entretenant avec des visions du futur. Refroidie par son passé, elle le met gentiment à la porte et ne veut plus en entendre parler ... sauf que la prédiction va bel et bien arriver et Gloria a mordu à l'hameçon. 
Michaël a en effet créé une machine qui connaît l'avenir. Et une donnée, en particulier, risque de chambouler le monde. Seule Gloria peut y remédier, le gamin veut tout faire pour la convaincre. 
Pendant seulement 200 pages, l'histoire du roman paraît simple et évidente, mais le climat est glaçant. La vie insipide de la quadragénaire est bouleversée depuis la rencontre avec le gamin richissime, dont l'existence n'est pas rose non plus. Sans vouloir trop en dévoiler, le scénario fait preuve d'une habileté remarquable, la fin est impossible à deviner, et je me rends compte qu'en l'avouant, je titille vos doutes et risque de fragiliser la chute de l'intrigue. Mais comment ne pas souligner le choc qu'elle produit ?! 
Thriller ou roman noir, c'est surtout un roman d'ambiance bizarre mais captivante, un roman brillant et absolument bluffant !

Infaillible ? par Christophe Lambert
Bayard jeunesse, coll. MilléZime, 2007. 

20 octobre 2011

Une jeune fille que nul ne louait et que très peu aimaient !

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Voici donc les retrouvailles avec Flavia de Luce, subtile héroïne de seulement onze ans (sa maturité m'épate !), autour d'une nouvelle enquête criminelle, laquelle ne surviendra - fait surprenant - qu'à la moitié du roman ! Alors oui, j'ai trouvé ça un peu long, je me demandais quand l'action allait toquer à la porte ... non pas que l'entrée en matière ressemble à un soufflé ramolli non plus. Il est toujours exquis de suivre les pérégrinations de la petite anglaise, douée en chimie et en observation de la faune locale, explorer la campagne alentour en pédalant sur Gladys, sa bicyclette. Ses soucis avec ses soeurs aînées sont toujours à l'ordre du jour, Flavia jure qu'elle se vengera de leur mesquinerie à l'aide de poisons bien dosés dans du chocolat. Pourquoi pas ? 
Au cours de ses balades en solitaire, la demoiselle a rencontré Rupert Porson et son assistante Nialla confrontés à une panne mécanique. Lui est un célèbre marionnettiste, qui travaille à la BBC et qui se produit à droite et à gauche sur scène. Le bon pasteur, qui passait également par là, propose de leur venir en aide, en échange d'une ou deux représentations pour la communauté de Bishop's Lacey. Et puisque Flavia est aux premières loges, elle n'hésite pas à s'impliquer auprès des artistes pour les aider à s'installer chez les Ingleby. 
Ce couple de fermiers est étrange, vit à l'écart de tous. Ils ont été frappés par un drame familial, cinq ans plus tôt. Leur fils Robin s'est pendu accidentellement dans le pigeonnier. Qui peut survivre à un tel choc ? Pas Grace Ingleby. La femme est complètement allumée, tandis que son époux cultive en cachette du chanvre indien. 
Mais ceci est une autre histoire, l'essentiel est à venir. Qui va passer de vie à trépas ? quand, comment, où ? A mi-parcours de lecture, n'ayant aucun indice, le lecteur est en droit de s'exciter dans son fauteuil. 
Aussi, j'ai refermé mon livre avec un sentiment de contentement, et de frustration. L'intrigue est virevoltante, mais le meurtre est long à venir ! Ceci dit, j'avais déjà souligné que c'était un détail dans le premier tome, Les étranges talents de Flavia de Luce, parce que le charme de l'ouvrage se situe bel et bien dans son atmosphère, très proche d'un roman d'Agatha Christie, et s'attache à l'étonnante personnalité de son héroïne. Flavia fait souvent preuve d'un humour froid et assassin, mis au service d'une intelligence redoutable, avec un goût prononcé pour les détails macabres et les expériences chimiques. La demoiselle a du pif, sa connaissance des lieux et de ses habitants lui permet de se faufiler partout, afin de mieux écouter et analyser. La police est bluffée ! 
Vivement le prochain tome.

La Mort n'est pas un Jeu d'Enfant (Une enquête de Flavia de Luce #2), par Alan Bradley
Msk, 2011 - 373 pages - 17€
traduit de l'anglais par Hélène Hiessler 

19 août 2011

lectures de vacances #4

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Afin d'éviter tout nouveau scandale (l'affaire Dreyfus a laissé plus qu'un parfum d'amertume dans les airs), le président Fallières convoque son conseiller, Raoul Thibaut de Mézières, et lui donne pour mission d'enquêter discrètement sur la mort de Pierre Curie, survenue accidentellement alors qu'il traversait la chaussée. Des détails troublants n'ont pas été étudiés plus longuement, et aujourd'hui sa veuve, Marie, voit sa carrière sous le feu des projecteurs, ce qui dérange une certaine classe politique. Les rumeurs les plus folles courent à son sujet, le président n'attend rien d'autre de Raoul qu'il étouffe tout ceci dans l'oeuf. La découverte d'une relation amoureuse entre Marie Curie et son assistant commence à mettre le feu aux poudres, notre conseiller culturel et scientifique, pourtant totalement dévoué à la cause de la veuve éplorée, ne sait bientôt plus à quel saint se vouer. J'ai immédiatement savouré l'ambiance et l'intrigue au contexte passionnant, même si les considérations politiques et scientifiques empiètent aussi le terrain romanesque. La lecture reste une fantastique plongée dans la IIIème république et la Belle Epoque. Bien vite, les détails fictifs se mêlent habilement aux faits historiques, malgré une narration parfois lourde et confuse, victime d'une volonté de trop bien faire. Malgré tout, je vais jeter un oeil sur les deux autres romans de la même série, curieuse que je suis de savoir si Raoul va conclure avec la belle Florence...

La mort de Pierre Curie - Jacques Neirynck
2007, coll. Grands détectives chez 10-18 

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Direction le Palais de la Berbie à Albi où deux toiles de Toulouse-Lautrec ont été dérobées, au nez et à la barbe du concierge et du gardien, lequel n'a d'ailleurs pas repris son service depuis le larcin. Le conservateur voit son petit monde s'écrouler, lui qui s'excitait comme un môme d'accueillir prochainement une exposition Monet... Séraphin Cantarel, conservateur en chef, arrive de Paris pour apporter son coup de pouce, soutenir son collègue et seconder la police. Son assistant Théo Trélissac le rejoint sans se faire prier, et c'est de façon tout aussi nonchalante et agréable que se déroule l'enquête. Le cadre est chaleureux, plutôt dépaysant, c'est reposant et vraiment délectable. On se promène dans ce livre comme un coq en pâte, d'autant plus que les personnages arrosent copieusement leurs ripailles d'un succulent gaillac qui fait baver d'envie. Nous n'avons pas une intrigue policière de grande envergure, ce qui n'est pas bien grave, l'élégance faisant preuve de séduction, j'étais donc tout à fait à mon aise. Ceci dit, la couche de confiture a été généreusement étalée, ce qui a pu noyer les détails romanesques au profit d'une envie de partager la vie et les détails sur Toulouse-Lautrec, et là encore, le dosage est délicat et peut déconcerter. Enfin bref, ce fut une jolie approche, jolie balade, jolie lecture... pas inoubliable, mais idéale pour un rendez-vous d'été.

Toulouse-Lautrec en rit encore - Jean Pierre Alaux
2010, coll. Grands détectives chez 10-18 

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Bretagne, 1886. La famille Rosmadec prend ses quartiers d'été à la Josselière, la demeure bourgeoise où règne Madame Mère "avec une présence très Régence". Le corps d'une pauvre fille est retrouvé étranglé, dans le bateau de Gildas, l'ami d'enfance de Clémence. Celui-ci étant également l'amant de la victime, il est aussitôt accusé du crime. Notre chère héroïne ne l'entend pas de cette oreille et compte bien découvrir le véritable coupable. Nous sommes à Pont-Aven, la station est prisée par les peintres, dont Paul Gauguin, et Clémence, également férue de peinture, apprécie énormément cette compagnie. Ceci plante un peu le décor, car il faut reconnaître à cette lecture un air de chronique familiale en goguette. C'est très chic et bohème, l'ambiance est à la fête, on s'amuse, on reçoit, on boit, on pique-nique au bord de la mer, on se baigne en toute insouciance, on joue du verbe élégant et on étale sa culture... C'est tout à fait charmant, pas désagréable pour un sou, à recommander pendant les vacances d'été justement !

Eté meurtrier à Pont-Aven - Yves Josso
2007, coll. Grands détectives chez 10-18 

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18 août 2011

lectures de vacances #3

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Quel duo de choc et de charme ! Ingrid Diesel est américaine, amoureuse de Paris, elle exerce le métier de masseuse dans son petit appartement du Passage du désir et se transforme certains soirs en Gabriella Tiger, la Flamboyante, pour un numéro de strip-tease étourdissant de volupté. Lola Jost est une ancienne commissaire de police, qui apprécie le calme de sa retraite en compagnie d'un puzzle interminable ou autour d'une bonne table avec sa petite famille d'adoption.
Cela se passe comme ça, chez Dominique Sylvain. Un cocon rassurant et confortable, des personnalités adorables, excentriques sans friser le ridicule, une touche atypique, un amour des mots et de la langue française qui fait plaisir à lire... bref, j'ai savouré !
L'intrigue policière concerne la mort mystérieuse d'Alice, le sosie de Britney Spears. Papy Dynamite, le papa inconsolable, veut qu'on lui explique la cause du décès et supplie sa masseuse préférée de mener sa petite enquête.
Lola et elle vont alors se lancer vers une quête de la vérité qui va directement les envoyer dans des eaux troubles, elles l'ignoraient totalement alors qu'elles sympathisaient, bouche en coeur, avec l'ex de la morte, Diego le bel hidalgo. Mais, petit à petit, force a été de constater que le show-biz, la politique et la came sont les nerfs de la guerre, et que nos détectives vont vivre une partie de cache-cache dont elles se seraient bien passées !
Et moi, de tomber amoureuse du style de l'auteur, de ses personnages, Lola Jost et Ingrid Diesel en tête, mais aussi de toute la palette des électrons libres, j'ai aimé follement ce petit coin de Paris, l'ambiance du bouquin... je suis définitivement sous le charme de ce roman qui rompt avec les codes du genre et j'en veux encore !  

La fille du samouraï - Dominique Sylvain
Points, coll. Policier, 2010 

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Encore une lecture qui nous entraîne sur un terrain glissant et fait ressentir un profond malaise... Quelques années plus tôt, Billy a été la victime d'un pédophile récidiviste. La police n'a jamais retrouvé son corps. Suite à quoi, sa mère a plongé dans une sévère dépression, entraînant toute la famille dans sa chute.
Steven, son neveu, ne cesse depuis de fouiller la lande pour le retrouver. Il décide même d'écrire au tueur qui croupit en prison. Arnold Avery se prend aussitôt d'un intérêt sadique pour cette correspondance et lance le gamin sur un jeu de pistes sacrément pervers !
À lire tout ça, on peut craindre le pire, sauf que l'histoire n'est jamais foncièrement glauque. L'auteur a bien mené sa barque, elle décortique férocement l'esprit ravagé du tueur d'enfants, exhibe ses fantasmes et son excitation grandissante vis-à-vis de la curiosité morbide de Steven. Au début, le type ignore qu'il s'agit d'un gamin et va quasi entrer en transe dès qu'il en aura conscience !  
Et le lecteur de suivre ce pauvre gosse dans sa vie de tous les jours, une vie pas facile, pas tendre, avec une famille marquée à vif, avec les copains de l'école qui n'y comprennent rien et avec ce sentiment de n'exister pour personne. C'est triste, franchement flippant, ça vous tient au corps comme un plat saturé en sauce, le rythme sur la fin laisse pantois, et on s'achemine vers la porte de sortie avec un certain soulagement.  
Il y a tout dans ce livre, du bon, du brut, du truand. Pfiou.

Sous les bruyères - Belinda Bauer
coll. 10-18, 2011 - traduction de Carine Chichereau

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Hiver 1945. Paris a froid, Paris a faim, Paris a hâte d'enterrer les années noires. Outre-Rhin, résonne encore l'écho des canons en colère. Dans le pays fraîchement libéré, il est temps de dépoussiérer, classer, ranger, punir et sortir des lois pour loger toute une population désemparée. Et des découvertes saugrenues pointent leur museau.
Parmi les décombres d'un bâtiment bombardé, le corps d'un homme est retrouvé, avec une main peinte en noir, et dans la bouche un bout de caoutchouc où est inscrit A PARM. Le jeune inspecteur Maurice Clavault est chargé de découvrir l'identité du zigue, mais les pistes sont maigres. Dans le même temps, il fait la rencontre de la délicieuse Ginette, vendeuse aux Galeries, et entreprend un début de badinage au gré de ses contraintes professionnelles.
J'ai été très agréablement surprise par ce roman, qui nous renvoie à l'époque de l'après-guerre particulièrement austère et grisâtre. L'auteur réussit à dépeindre la confusion dans laquelle baigne le pays, alors que la politique peine à redresser le tableau, la justice souvent bafouée, expédiée à la va-vite ou au-delà du bon sens. L'auteur a fait un remarquable travail de recherche et inclut des détails insoupçonnés (la politique du relogement), sans fondamentalement négliger la part de l'enquête.
On trouve aussi l'histoire d'un immigré lituanien, dont le portrait viendra compléter le reste du tableau. En attendant, patience, observation, attention et enrichissement... Maurice Clavault est en piste ! 

L'ingratitude des fils - Pierre d'Ovidio
2011, coll. Grands détectives chez 10-18 

17 août 2011

lectures de vacances #2

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Quel roman ! Je l'avais à peine ouvert qu'il m'a ensuite été impossible de le lâcher. Il se lit en une goulée, tant il nous captive à suivre la descente en enfer de son héroïne. Amanda, une architecte new-yorkaise d'une trentaine d'années, mène une vie heureuse et comblée... jusqu'au jour où un rêve étrange la surprend en train d'être embrassée par une autre femme, très belle et irrésistible. Dans les jours, puis les semaines qui vont suivre, rien ne sera plus pareil dans son existence. Petit à petit, le doute s'immisce. Des bruits venus de nulle part résonnent dans son loft. La tension s'installe même au sein de son couple. Amanda ne se reconnaît plus ! Elle agit autrement, répond à des besoins et des pulsions qui ne lui sont pas propres, elle semble étrangère à son corps, ne contrôle plus rien et refuse d'accepter l'évidence : elle est possédée par un démon.
Oui, c'est terrifiant, obsédant, cela nous place en position dérangeante, curieux que nous sommes d'assister à cette dualité, de découvrir les agissements troubles de la jeune femme, son combat intérieur, ses questions et ses tentatives de guérison. La chute est dure, lente, douloureuse... et c'est horriblement fascinant. Sara Gran a su cercler son héroïne et son lecteur dans la même valse étourdissante, impossible d'en sortir, d'ailleurs je ne suis pas sûre d'en avoir eu envie.

Viens plus près - Sara Gran
Points, coll. Roman noir, 2011 

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Dave a un petit souci avec les filles. Il collectionne les rencontres et les relations, mais se sent incapable de garder contact avec elles ou de prendre des nouvelles, même à titre sporadique. Et tout le problème vient de là, se rendre compte qu'à l'heure des technologies modernes, le silence et la solitude s'installent de plus en plus. Au risque de tourner au(x) drame(s). C'est ainsi que plusieurs anciennes petites amies de Dave sont retrouvées assassinées, chez elles. Mortes de faim et de soif, ligotées pieds et mains dans le dos. Comment se peut-il qu'on laisse quelqu'un s'éteindre dans son coin, au fil des semaines, sans alerter l'entourage ? Tout simplement parce que le tortionnaire a su manipuler tout le monde en envoyant de faux SMS.
Mais à force de circonstances malencontreuses, Dave devient le principal suspect de l'enquête et doit fuir pour échapper à la police. Il entend prouver son innocence et aussi sauver une amie, qui est désignée comme étant la prochaine victime. Eh oui, quel imbroglio ! Au départ, on ne voit rien venir, on suit le rythme imposé par l'auteur, on digère, on s'interroge, on croit avoir tout deviné dès la page 250, mais on se met le doigt dans l'œil. L'histoire est sinistre, machiavélique et laisse un goût amer, mais qu'est-ce que c'est bon ! Cela vous laisse une impression de coup reçu dans l'estomac, une brutalité tout à fait consentie, même si ça gratouille aussi ci et là.

Ceux qu'on aime - Steve Mosby
Points, coll. Thriller, 2010 

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Au premier coup d'oeil, la couverture et le résumé peuvent laisser dubitatifs. Et pourtant, ce roman noir, plus que noir, est divinement impitoyable, juste et captivant. C'est l'histoire, d'un côté, d'un lieutenant et de son adjoint, deux bras cassés confinés au service des suicidés, et qui commencent à relever plusieurs cas suspects sans véritablement mettre un nom à ce malaise. C'est ainsi qu'ils font la connaissance d'un trappeur franco-américain, appelé à la rescousse pour régler les formalités administratives suite au décès de son ami, un fakir qui s'est vidé de son sang alors qu'il était en représentation. Une mort douteuse, donc. John commence à fourrer son nez dans les affaires louches de son pote, aidé de loin par le lieutenant Guérin, lui-même hanté par ses propres démons liés à une guerre des barbouzes.
C'est tout simplement bluffant, ça se lit tout seul, le désespoir des uns faisant presque le bonheur des autres, parce qu'il ne faut pas se voiler la face, l'auteur dresse un portrait attachant de ses personnages, alors même qu'ils ne sont pas parfaits mais tout cabossés, avec des bleus partout. Ce n'est pas joli-joli, c'est au contraire insolite, sombre mais ça le fait. Cela coule tout seul, la fin est terrible mais parfaitement réussie, à sa façon l'auteur a su tirer son épingle du jeu. J'ai presque davantage apprécié la forme au fond de l'intrigue.

Fakirs - Antonin Varenne
Points, coll. Policier, 2010 

26 février 2011

Rien qu'un jour de plus dans la vie d'un pauvre fou

IMG_2717Cela commence par la disparition d'une petite fille, puis plus rien.
Nous nous retrouvons près d'un lac, à Sponge, petite ville tranquille où il ne se passe jamais rien. C'est la coutume. Y vivent Alice et Jean-Alain, deux adolescents pas comme les autres, bientôt acteurs d'un drame qui risque de se retourner contre eux. En effet, Laura, treize ans, a disparu. La gendarmerie suspecte aussitôt Linlin, surnom donné à Jean-Alain parce qu'il lui manque quelques cases. Seul Nour, l'un des enquêteurs, va vouloir chercher la petite bête.
Que vous dire ? L'ambiance est pesante, le stress est palpable, et le malaise certain. Le fait de se glisser dans la peau des uns et des autres exacerbe le trouble ressenti. Impossible d'être étranger, de prendre du recul. Il y a un effet d'absorption à ce que vit la petite communauté de Sponge qui nous étourdit. Pas sûr d'en sortir indemne, même.
M. Nozière a l'air de distiller les secrets et les doutes derrière les jolies façades polies. Il a fait de Sponge le théâtre de toutes ses obsessions - et des nôtres, en conséquence. C'est fichtrement fascinant, parce que ce n'est pas lisse, parce que ça dérange et parce que c'est aussi ce que je recherche. J'ai lu ce livre en suffocant, j'avais envie de connaître le dénouement, et je me sentais liée au sort des personnages envers lesquels nos sentiments ne cessent d'évoluer.
C'est un roman policier qui colle au siège et qui provoque des sensations de gratouille. Je ne suis pas sûre de l'effet désiré, mais s'il comptait faire mal, s'il cherchait à réveiller le lecteur et s'il espérait que celui-ci ne puisse plus fermer les yeux sans songer à Elise, ou Freddy, ou Linlin, Nour, Alice... enfin bref, c'est réussi.

NB : JP Nozière a emprunté une phrase du roman de Tom Robbins, Comme la grenouille sur son nénuphar, pour le titre de son propre roman. Effet assuré !

Rien qu'un jour de plus dans la vie d'un pauvre fou - Jean Paul Nozière
Editions Thierry Magnier (2011) - 260 pages - 15,50€

14 janvier 2011

Madame la présidente

IMG_2041Je me suis encore trompée dans l'ordre de la série, et j'ai lu Madame la présidente avant Une erreur judiciaire. Il aurait été appréciable de faire connaissance avec Vik et Stubo dans les règles de l'art, mais tant pis ! Ce livre m'a déjà confirmé que j'y reviendrai car la rencontre a été belle, touchante, délicate et prometteuse.
Mais avant de se perdre en courbettes, il faut rappeller l'intrigue du roman. La présidente des Etats-Unis, en visite à Oslo, a mystérieusement disparu. Aucune trace des ravisseurs. Aucune explication rationnelle. C'est le mystère de la chambre jaune ! Personne n'a rien vu, rien entendu, nul n'est entré ou n'est sorti de la pièce.
Les Etats-Unis envoient leur profiler de choc, Warren Scifford, lequel demande à travailler avec Yngvar Stubo, un choix peu anodin. En l'apprenant, Inger Johanne Vik pique sa crise de nerfs. Si jamais il accepte, elle le quitte.
Ouhlala. Cela ne rigole pas et notre petit couple va connaître le creux de la vague. Et qu'est-ce que c'est bien ! Voilà ce qui me fait apprécier ce genre de romans policiers, lorsqu'on suit les personnages dans leur intimité, lorsqu'on s'attache à eux et lorsqu'on a le sentiment de vivre leurs vies à leurs côtés. Quand Inger Johanne pleure de rage, refuse de confier à son compagnon ce secret qui la pèse, forcément on a du mal pour elle et pour lui.
J'ai très, TRES envie de faire un bout de chemin avec eux.
En marge, l'intrigue policière se déroule avec maestria. C'est un noeud politique, trempé dans les aspérités de l'espionnage et du terrorisme. Au début, j'ai eu un peu de mal à me familiariser, il y a toute une galerie de personnages de divers horizons, des histoires personnelles et des secrets qui s'accumulent. Néanmoins la fin est plutôt bien amenée, je suis sortie de ma lecture pleinement satisfaite.

Madame la présidente (Une enquête de Vik et Stubo) - Anne Holt
Points, coll. Policier (2010) - 479 pages - 7,80€
traduit du norvégien par Alex Fouillet

13 janvier 2011

It's only rock'n'roll.

IMG_2034"Je reconnais que, question digressions, je pousse le bouchon un peu loin et que, de votre côté, vous pourriez avoir le sentiment qu'avec mes gugusses musicos et leur curriculum, même pimenté de quelques réflexions chiadées sur Brest on the rock, je vous promène gentiment. Y'a de ça : je vous promène gentiment, mais depuis que Gabriel a été assassiné, ce genre de balade me garde la tête hors de l'eau."
Bah voilà, on y vient ! Il aura fallu presque 80 pages pour qu'il crache le morceau ! C'est qu'il est coriace, Alban Le Gall. Oui, poète amateur et passionné de musique rock. On connaît le topo. Il a quitté son job dans la sécurité pour devenir le manager d'un petit groupe et reprendre ainsi la direction d'un bar underground. L'ambiance est là : à l'état brut, sans concession. Et ça fait un foin pas possible.
Le Gall nous pond son monologue - l'histoire de la bande essentiellement. Et entre deux, se glissent des entrefilets du Télégramme de Brest. Les cadavres tombent comme des mouches ! Bien sûr le narrateur a été un temps inquiété, mais avec ses deux alibis il avait de quoi balayer de la main les questions de la police.
Bon, ce n'est pas tout ça et notre ami a "la déprime douce, furtive, sans aspérité, silencieuse" et ça plombe le moral. Je n'ai pas été chamboulée par ma lecture, le dénouement de l'intrigue ne m'a pas du tout surprise, par contre le style et l'ambiance du milieu rock brestois donnent beaucoup de poids à ce petit livre, le rendant presque original dans son fond et sa forme.

Last exit to Brest - Claude Bethany
Points, coll. roman noir (2010) - 155 pages - 6€

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