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Chez Clarabel
8 mars 2009

La dernière enquête du chevalier Dupin - Fabrice Bourland

512338EWG_L__SS500_En seulement 116 pages, cet ouvrage est décrit par l'auteur comme un jeu littéraire et un jeu de l'esprit. C'est dans cette optique que je l'envisage, pas autrement ! Peut-on s'imaginer que la mort mystérieuse de Gérard de Nerval allait trouver sa réponse dans ces quelques feuillets ? Avant d'y répondre, j'aimerais que vous repreniez la lecture des Portes du sommeil du même Fabrice Bourland, où l'on découvre ses détectives de l'étrange, Singleton en tête, de passage à Paris pour une autre affaire criminelle, et qui ambitionnait de résoudre le mystère Nerval. Le poète français a été retrouvé pendu à un soupirail, rue de la Vieille-Lanterne, quatre-vingt ans plus tôt. Ses proches amis sont contre l'hypothèse d'un suicide, l'affaire serait plus confidentielle et dépasserait les limites de l'entendement. 
Bon joueur, Bourland a choisi de griffonner un ouvrage à part pour l'énigme Nerval. Très bon choix de créer une mise en scène fidèle et époustouflante ! Pour faire simple, et sans trop dévoiler, on y trouve un bon ami narrateur, Randolph, et un fin limier qui ne compte plus ses exploits, le chevalier Dupin. A Paris, au milieu du 19ème siècle, nos deux compères vont enquêter sur la disparition du poète Nerval. La théorie rapportée est extravagante, mais l'histoire en elle-même est bien troussée, décrivant fidèlement une ville en pleine évolution, avec des personnages qui ne manquent ni de panache ni d'intelligence. On se laisse gagner par l'entrain, totalement transporté par ce voyage dans le temps. Et jusqu'à la dernière page, les révélations ne manquent pas et soulèvent un gentil sourire sur les lèvres du lecteur.
Agréable divertissement, et un joli hommage à la littérature en général (on y trouve, en plus des références, des clins d'oeil culottés mais pertinents). J'ai beaucoup aimé, bien évidemment.

10-18, 2009 - 116 pages - 6,60€

Du même auteur :

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2 mars 2009

La chambre mortuaire - Jean Luc Bizien

51PL8DsiRoL__SS500_Paris, 1888. La réputation de Simon Bloomberg est quelque peu traînée dans la boue car ses méthodes d'aliéniste dérangent. Ses confrères colportent les rumeurs les plus folles sur le propriétaire de l'hôtel particulier de la rue Mazarine. Sarah Englewood, jeune sujette britannique échouée en France, vient d'obtenir une place de gouvernante dans ce lieu austère, décoré de bibelots étranges et de trésors archéologiques. On trouve aussi des chimpanzés dans une cage, des couloirs à n'en plus finir, une architecture pyramidale et des employés fantomatiques, tantôt revêches ou teigneux, mais compatissants. Pourquoi ? Un vrai mystère plane sur cette maison, les gouvernantes défilent et le docteur Bloomberg est évasif sur sa femme Elzbiéta, une égyptologue qui brille par son absence.

Un soir, en lisant le journal, Sarah découvre l'affaire de la rue Dauphine - un homme s'est jeté du toit de son immeuble et s'est écrasé sur la voie publique, offrant un spectacle répugnant. Mais elle ignore que le cadavre, amené à la morgue, a mystérieusement disparu en pleine nuit. Cette anomalie fait perdre toute raison scientifique aux enquêteurs, Léonce Desnoyers et Raoul Mesnard, qui ne sont pas au bout de leurs surprises !

Ce roman tient toutes les promesses. En adoptant un ton feuilletonesque, Jean-Luc Bizien a redonné vie à un Paris très 19ème siècle, très coloré et très étrange par instants. Ambiance :

« Paris est un océan de goudron ce soir.
Au coeur des ténèbres, la Seine s'étire paresseusement, reptile ventru à la formidable musculature. En cette morne soirée, Paris ne vit plus, Paris s'est éteint. Quelques épaves, l'esprit engourdi par l'absinthe ou la drogue, hantent encore ses ruelles. Les plus chanceux atteindront leur domicile sans heurts. Les autres tomberont sous les coups des crocheteurs, ou seront happés par les roues d'un fiacre jaillissant de nulle part. Des chiens trop maigres les regardent passer. Leurs yeux chassieux s'interrogent un instant : faudra-t-il disputer le territoire, défendre les déchets trouvés sur les pavés luisants ? Mais déjà les danseurs de l'aube s'éloignent. Leurs pieds lourds battent le pavé. L'écho va s'amenuisant. Le calme et le silence retombent.
L'ombre est de nouveau maîtresse.
»

Le couple Simon Bloomberg et Sarah Englewood offre également un joli cliché, l'homme paraît un peu rustre, on ne sait pas bien où est passée son épouse, et les nuits du docteur sont hantées par des cauchemars qui réveillent toute la maisonnée. Sarah est une jeune femme de toute beauté, curieuse et vive d'esprit. Elle s'émeut avec raison des faits bouleversants qu'elle découvre auprès de Bloomberg mais elle apprend vite, et elle n'est pas cette jouvencelle aux abois qui tomberait dans les pommes à force de côtoyer la cour des miracles de la rue Mazarine !

Un premier tome captivant, le suivant est annoncé pour début juillet.

10-18, 2009 - 430 pages - 8,60€

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A l’occasion de la sortie du livre de Jean-Luc Bizien “La chambre mortuaire” les éditions 10/18 ainsi que les sites Zonelivre et Plume libre vous offrent la possibilité de remporter l’un des 10 livres mis en jeu. Pour remporter l’un des dix livres mis en jeu, il vous suffit de répondre aux questions { Infos ici }  avant le 05/03/2009 à 23:59:59 . Une question subsidiaire départagera les gagnants. 

6 février 2009

Miracle à Speedy Motors - Alexander McCall Smith

« Raconter une histoire, comme tout ou presque dans cette vie, était toujours plus facile avec une tasse de thé entre les mains. »

61DjQUPgkUL__SS500_Je quitte le climat islandais, glacial et giflant, pour une destination plus exotique, plus chaude. En route pour le Botswana ! Il est temps de faire connaissance avec la célébrissime Precious Ramotswe, détective privée de son état. Autant dire que j'ai adoré ! C'est une femme pétillante, attachante, une femme intelligente, aimante. Elle est attentive, reçoit toutes les lettres de doléances de ses semblables, qu'elle lit scrupuleusement. Elle ne rechigne jamais à venir en aide, comme cette femme, Mma Sebina, qui recherche sa famille qu'elle ne connaît pas. Elle pense avoir été adoptée, mais sa mère est morte et a soufflé à l'infirmière qu'elle n'avait pas eu le temps d'annoncer une nouvelle très importante à sa fille. C'est comme chercher une aiguille dans une meule de foin ! Allez, une tasse de thé rouge et la journée peut commencer. Celle-ci s'annonce radieuse si Mma Makutsi, son assistante, pousse la porte de l'agence avec un sac de beignets. Mais c'est plus délicat si nous ne sommes pas un vendredi, car cela sous-entend que Mma Makutsi, avec ses grosses lunettes, a des soucis - probablement liés à ses récentes fiançailles. Qui sait ? Mma Makutsi n'est pas une femme commode, il faut du tact et de la patience pour la cerner. Le temps aidant, peut-être notre dame va s'adoucir et se mettre à parler... Mma Ramotswe refuse de s'inquiéter. Il faut dire aussi qu'elle a d'autres ennuis, comme de recevoir des lettres d'insultes dans son courrier pour l'agence. Elle s'en ouvre à son cher Mr J.L.B. Matekoni, qui pense très franchement que la plaisanterie a assez duré et que Mma Ramotswe doit cesser son activité de détective. C'est devenu trop dangereux.

Il faut savourer cette série, elle est reposante, dépaysante aussi. On y trouve, en plus de la douceur, du charme, du doigté, du flegme, de la sagesse. Des personnages hauts en couleurs. Des situations parfois burlesques. Des descriptions sur le décor botswanais, à couper le souffle. Des détails sur la culture africaine. Des réflexions sur les femmes, les vraies héroïnes, celles qui pourraient aider le continent, en pleine évolution, à se relever. Question enquête, il ne faut pas s'attendre à de l'action ni à du rebondissement en pagaille. C'est plutôt calme sur ce plan-là. Après, il faut savoir ce qu'on attend, ce qu'on cherche et ce qu'on espère. Je ne crois pas me tromper en affirmant que la série Mma Ramotswe est un vrai panier de fruits (ça donne la banane, la pêche etc.). C'est simple comme bonjour, et ça vous fait chaud au coeur. Vous allez en boire des litres de thé rouge à suivre ces aventures pleines de sourire ! C'est une série doudou !!! Foncez.

10-18, Coll. Grands Détectives, 2009 - 253 pages - 7,40€
Traduit de l'anglais par Elisabeth Kern

La série Mma Ramotswe comprend :

  • Mma Ramotswe Détective
  • Les larmes de la girage
  • Vague à l'âme au Botswana
  • La vie comme elle va
  • Les mots perdus du Kalahari
  • En charmante compagnie
  • 1 Cobra, 2 Souliers et beaucoup d'ennuis
  • Le bon mari de Zebra Drive
  • Miracle à Speedy Motors

Tous les titres sont disponibles chez 10-18.   

5 février 2009

Hiver arctique - Arnaldur Indridason

Hiver_ArctiqueVous le connaissez, Erlendur, l'homme qui soupire dès qu'on parle de disparition et / ou d'enfants (manque plus que les deux soient liés, c'est fichu!) ? Il s'enfonce dans son fauteuil, chez lui, à la nuit tombée, et il fume quelques cigarettes, le regard plongé dans le lointain. C'est qu'il n'est pas un gai luron, notre ami. Mais on le sait, Erlendur est notre chouchou depuis quatre romans noirs, alors même que le froid polaire islandais fond sur nous en nous statufiant, mais tant pis, on est fidèle et on trépigne : Erlendur is back !  En plus, c'est tellement en accord avec la météo du moment (il neige, il fait froid, le ciel est gris).
Alors que lui arrive-t-il, cette fois-ci ? Du moche, du très moche. D'entrée de jeu, Erlendur et ses enquêteurs inséparables, Elinborg et Sigurdur Oli, sont face au corps sans vie d'un petit garçon de dix ans. Il a été retrouvé sur le terrain de jeu près de son immeuble, l'enfant a été poignardé. Son frère aîné manque à l'appel. Est-il dans le coup, ou en sait-il trop ? Ce ne sont que des débuts de questions qui s'annoncent. Erlendur est sensible au chagrin de la mère, Sunee, qui est d'origine thaïlandaise, mariée à un islandais, puis divorcée.
Il faut doucement éplucher le contexte familial, discuter, rencontrer les proches, palabrer longtemps avec l'interprète, très envahissante. De fil en aiguille l'immigration est passée au crible, avec toutes les formes de violence que cela suscite. Dans le même temps, Erlendur est obsédé par la disparition d'une femme à l'histoire sentimentale alambiquée. Le coup de fil reçu sur son portable d'une femme en pleurs serait-il un signe ?

Plongez, frissonnez, vibrez, lisez en apnée... Comme le vin, les enquêtes d'Erlendur se bonifient avec le temps. Les vapeurs troubles du passé ont été dissipées, mais notre homme ne se débarrasse pas si facilement de son humeur mélancolique, ni de ses bagages encombrants (dans lesquels on retrouve ses enfants, sa liaison avec Valgerdur, la fin très proche de son ancien chef, Marion Briem). Une bonne série policière, c'est aussi la fioriture, pas seulement le noeud à démêler. Parce que les islandais, il faut le savoir, ont un goût prononcé pour la nonchalance, moins pour l'action. Le côté humain et faillible des personnages rend les romans d'Arnaldur Indridason plus poignants. De plus, il y a une bonne distance chez le lecteur par rapport aux névroses et aux déprimes de ce petit monde. C'est noir, d'accord, mais tendance mélodramatique. Il faut y avoir goûté une fois pour comprendre !

« Lorsque l'espoir avait décliné avec les jours avant de disparaître avec les semaines, les mois, les années, une sorte de torpeur laissée par l'événement avait pris le relais. Certains étaient arrivés à s'en préserver alors que d'autres, comme Erlendur, l'avaient cultivée en choisissant la douleur comme compagnon de route. » 

Métailié, 2009 - 335 pages - 19€
traduit de l'islandais par Eric Boury

 

Hiver arctique, Arnaldur Indridason

4 février 2009

C'est pour toi que le rôdeur vient - Adrienne Maria Vrettos

51AE_q5ptcL__SS500_Il y a onze ans, à Pine Mountain, toute la communauté rurale a été marquée par l'enlèvement et la mort d'un petit garçon de cinq ans. Le coupable n'a jamais été arrêté et a longtemps hanté les cauchemars de Dylan et ses camarades, qui l'ont baptisé le Rôdeur. Le temps a passé, mais l'horreur réapparaît quand d'autres enfants sont portés disparus. La police est à cran car elle suppose que le Rôdeur est de retour dans la région. Dylan est terrorisée, mise en première ligne dans cette enquête difficile, car l'adolescente a un secret : elle a des visions des disparus, c'est une medium (comme Alison DuBois, dans la série tv !). Elle tente d'apporter son aide à la police, mais c'est toujours trop tard. C'est un poids qui est lourd à porter, d'autant qu'elle n'en parle à personne, sauf à sa mère issue d'une étrange famille de femmes déjantées. Son père a quitté le foyer depuis longtemps, sans avertir. Et cette absence est aussi douloureuse pour Dylan et sa mère, même si elles n'en parlent jamais. A l'école, Dylan cherche à se fondre dans la masse, en compagnie de ses inséparables copines - Pilar, Thea et MayBe. Arrive une nouvelle élève, Cate. Elle colle Dylan, veut comprendre sa vie et apprend son secret. Aussitôt, une étrange fascination morbide naît chez la jeune fille, qui dérange de plus en plus Dylan. Elle se sent coincée, et Pilar s'éloigne d'elle. C'est alors qu'une nouvelle disparition d'enfant est signalée, et cela plonge les habitants de Pine Mountain dans une angoisse exacerbée.

La fin est étonnante, l'intrigue est tellement bien tendue, décrivant l'univers rural, les habitudes des lycéens, les blagues vachardes et puis les rêves de Dylan, mystérieux et inquiétants, s'éclairant petit à petit. Je n'ai rien vu venir. J'ai été happée par l'histoire, par son ambiance et par la justesse des personnages. Tout est bien cadré, dans ce thriller redoutable qui se passe dans une petite ville américaine, très bien décrite d'ailleurs, on y prend pied. On trouve aussi un peu de surnaturel par les visions médiumniques de Dylan, cela participe intégralement au suspense. C'est prenant, totalement scotchant.
C'est un roman que j'ai eu bien du mal à reposer !

Thierry Magnier, achevé d'imprimer dans un flash, 2009 - 275 pages - 11€
traduit de l'anglais (USA) par Pierre Charras
 

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2 février 2009

Le Paradoxe du menteur - Martha Grimes

« C'est un homme qui est entré dans un pub et qui me l'a racontée.
- Tu te moques de moi.
- Exactement ce que je lui ai retorqué. Je lui ai dit qu'il me menait en bateau. Bref, le pub se trouve dans la City. C'est l'Old Wine Shades. J'étais là, assis au bar, à broyer du noir, sans raison spéciale...
- Sans raison spéciale de quoi ?
- De broyer du noir.
- Ah. Continue.
- Un homme est entré, manifestement friqué, des vêtements comme les tiens...
- Cette veste pourrie ? dit Melrose, louchant sur son revers.
- ... et il s'est assis près de moi.
Ça fiche les jetons, pour un début, non ?
- Oui, c'est digne de Winnie l'ourson. Continue.
- Et il m'a raconté cette histoire...
»

51H1orhlwUL__SS500_Il y a un an, une femme et son fils se rendent dans le Surrey visiter deux propriétés et disparaissent sans laisser de traces. Seul le chien est revenu, quelques mois après. Depuis, le mari, en état de choc, séjourne dans un hôpital pour grave dépression. Il a contacté la police et des détectives privés, mais rien. Aucune piste. Richard Jury, commissaire à New Scotland Yard, rencontre un homme dans un pub qui lui raconte cette histoire. Cela dure tous les soirs de la semaine. L'individu, Harry Johnson, prétend que c'est une histoire sans fin. Ou une histoire à tiroirs. Chaque rendez-vous rapporte un nouveau chapitre, l'histoire grossit. Cela devient louche, mais Jury veut y croire, contre l'avis de ses proches (son inspecteur associé hypocondriaque, Wiggins, sa charmante voisine, Carole-Anne et même son meilleur ami, Melrose Plant). Il sort d'une enquête difficile, il a été poussé à un congé forcé par son chef, il a donc besoin de se changer les idées.

Et Jury est sérieusement intrigué par cette double disparition, de même il se demande si sa rencontre avec l'homme du pub n'est qu'une pure coincidence. Il va fouiller, c'est obligé. Et pour cela, il est accompagné de son inénarrable compagnon, Melrose Plant, un aristocrate excentrique, qui habite la petite bourgade de Long Pliddleton avec sa tante snob et acariâtre, Agatha. Pour échapper à cette vieille bique, il se rend à Londres, où il apprécie le refuge du Boring's, club très sélect et fermé, réservé uniquement à la gente masculine.

En fait, c'est clairement une ambiance qu'on aime retrouver chez Martha Grimes, au fil des livres publiés. On a l'embarras du choix entre les petits villages anglais, le pub, le manoir du Comte de Caverness, les bureaux de Scotland Yard ou l'appartement de Jury et de sa délicieuse voisine... C'est ainsi un petit monde qu'on retrouve, Richard Jury est un incontournable de la série. Il a la quarantaine, il dégage un charme fou, il est réservé, réfléchi et cultivé. Il n'hésite pas à trouver des métaphores littéraires dans les enquêtes les plus tordues. C'est un homme qui plaît, mais qui n'en profite pas. A ses côtés, Melrose Plant possède une séduction aristocratique, il a du flegme à revendre, il aime bouquiner, boire du bon cognac et paresser dans un fauteuil au coin du feu. Ce n'est pas un homme d'action, mais il ne rechigne pas à s'associer à son meilleur ami pour des situations parfois mouvementées.

A l'instar d'Elizabeth George, Martha Grimes est américaine et écrit avec bluff des romans d'énigme à l'anglaise. Vous ne connaissez pas (encore) ? Les éditions Omnibus viennent de faire paraître un volume regroupant les quatre premières aventures de Richard Jury. A ne pas louper !

A noter : tous les romans de Martha Grimes ont pour titre des noms de pub, en vo. Dommage, la traduction française n'a jamais joué le jeu.

Presses de la Cité, 2009 - 380 pages - 21€
traduit de l'anglais (USA) par Dominique Wattwiller
titre vo : The Old Wine Shades

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Les Enquêtes de l'inspecteur Jury
(qui, en fait, est commissaire...)

51CPNHebtKL__SS500_Le mauvais sujet

Long Piddleton est un charmant village du nord de l'Angleterre. Mais une série de meurtres abominables vient entacher le manteau de neige immaculé de cette bourgade paisible. Des cadavres sont retrouvés dans des positions insolites dans des auberges de campagne aux noms pittoresques et évocateurs. Pour arrêter cette hécatombe, Scotland Yard dépêche sur place l'un de ses meilleurs limiers : Richard Jury, un homme aussi tenace que chevaleresque. De la ténacité, il va lui en falloir pour démasquer le tueur en série parmi une foule de suspects : un aubergiste, un haut fonctionnaire déchu, une jeune poétesse romantique, un pasteur, un auteur de polars, une poule de luxe et bien d'autres. Par bonheur, Jury trouvera un précieux allié en la personne de Melrose Plant, châtelain dilettante que la nature a pourvu d'un cerveau fort efficace.

L'énigme de Rackmoor

Tout le monde vous le dira, il ne se passe jamais rien à Rackmoor. Que pourrait-il d'ailleurs bien se passer dans un petit village du Yorkshire accroché au flanc d'une falaise, battu par les vents et perdu dans le brouillard... Or, un jour, on retrouve le corps ensanglanté d'une inconnue. Une inconnue qui - vous diront certaines personnes bien informées - pourrait être Dillys March, la pupille du riche sir Titus Craël. Disparue depuis quinze ans, quelques langues venimeuses ajouteront qu'elle serait venue pour réclamer sa part d'héritage. Ce qui est troublant, c'est que la moitié des habitants de Rackmoor ne reconnaissent pas Dillys. Pupille ou usurpatrice ? Une affaire complexe dont triomphera l'inspecteur Jury de Scotland Yard au terme d'une plongée dans le passé obscur de la petite ville.

Le collier miraculeux

Une violoniste est sauvagement assassinée dans le métro de Londres. Elle était originaire d'un village répondant au nom charmant de Littlebourne. Or un chien vient de découvrir une drôle de friandise dans le bois voisin : un doigt humain ! Richard Jury et Melrose Plant vont arpenter les couloirs du tube londonien et les abords de la ténébreuse forêt de Horndean. Et les suspects les plus hétéroclites se présentent à eux : un couple de hobereaux d'un snobisme odieux, une vieille ornithologue revêche, une veuve habitant un manoir glacial et une petite sauvageonne qui sait dompter les chevaux les plus rétifs... mais pas le duo le plus flegmatique du Yard !

Le vilain petit canard

Stratford sur Avon, ville natale de Shakespeare et villégiature préférée du discret commissaire Jury, voit défiler à la belle saison des hordes touristiques accablantes. On aurait presque pu se réjouir, cette année-là, de découvrir des cadavres d'Américains faisant partie d'un voyage organisé. Mais des corps sauvagement mutilés, bien dans la tradition insulaire inaugurée par Jack l'Eventreur, font tout de même un peu désordre dans le décor pastoral des rives de l'Avon. Avec son ami Melrose Plant, douzième comte de Caverness, aussi titré qu'instruit des splendeurs du théâtre élisabéthain, le commissaire Jury va démonter le mécanisme d'une monstrueuse vengeance.

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--) C'est excellent ! C'est plus qu'un simple roman policier, même si l'intrigue sur ce plan est bien ficelée, c'est avant tout pour les petits riens autour que j'apprécie cette série. Les personnages sont beaux, touchants, humains. Ils aiment, sont trompés, ont le cafard, et nouent aussi des liens extraordinaires d'amitié. L'ambiance à Long Piddleton aussi vaut le coup d'oeil, ça donne envie tout ça... C'est british, en plus. Je fonds complètement !

Omnibus, 2009 - 26€

10 novembre 2008

L'anneau de Moebius - Franck Thilliez

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Comment parler du nouveau roman de Franck Thilliez ?
Je pourrais vous présenter les personnages : Vic Marchal, le flic, et Stéphane Kismer, un créateur de monstres pour le cinéma. Ils sont tous les deux mariés à des femmes charmantes, mais leur couple est en perte de vitesse. On comprendra vite pourquoi...
Ou je pourrais évoquer l'enquête criminelle qui s'ouvre avec la découverte du corps d'une ancienne actrice de porno reconvertie dans la prostitution de luxe (et pas seulement). Je vous épargne les détails, mais l'affaire est une bombe à retardement.
L'allusion au début du roman à Brad Pitt et Seven n'est pas anodine. Vic Marchal est un bleu, comme on dit, il a choisi la criminelle et a quitté son Sud natal pour rejoindre Paris. Son baptème de feu le conduit directement dans un milieu dégoûtant et pervers. On touche à l'acrotomophilie, au Freaks show, à l'éventail des classiques du cinéma de l'horreur. Un cocktail décapant !
Mais ce qui devient complètement délirant c'est lorsque les rêves effrayants de Stéphane (où il apparaît amoché, les mains en sang, en train d'écrire à la craie sur un mur ou psalmodiant des phrases insensées) empiètent sur la vie réelle. Un doute grandissant voit jour car l'homme se sent coupable du meurtre d'une petite fille qui a été ou va être accompli. C'est le flou, mais Stéphane veut à tout prix conjurer le sort et modifier le destin.
Mais éviter le futur suffit à le créer.
Ce n'est pas une phrase quelconque, mais une logique folle. Une curiosité mathématique, qui porte le nom d'Anneau de Moebius. Au tour de votre imagination de faire le reste...

41RAL445_2BIL__SS500_La lecture de ce roman prend très vite l'allure d'une course à bout de souffle. Deux hommes deviennent traqueurs, leurs chemins sont appelés à se croiser et on attend ce moment avec impatience.
Et puis le rythme s'accélère et les rêves incroyables de Stéphane continuent de s'amplifier.
La fin frise l'absolue incompréhension, si on ne prête pas attention aux indications temporelles présentes à chaque début de chapitre.
Douze jours et douze nuits à traverser. Un aller simple pour l'enfer.
C'est l'invitation au voyage de Franck Thilliez.
Et personnellement j'ai été captivée du début à la fin et n'ai rien vu venir ! 
Ce roman n'a plus rien de similaire avec les précédents romans de l'auteur, certes le suspense est toujours haletant, les meurtres bien sanglants mais il y a une touche de fantastique en plus.
En bref, c'est habile. Glauque. Bluffant. Les personnages sont justes et attachants. On ne saute pas une seule ligne !
Deux mots pour conclure : intense et troublant.
Bonne lecture ! 

Editions du Passage, octobre 2008 - 540 pages - 22,50€

28 octobre 2008

Cachez-moi ça - Kyril Bonfiglioli

9782702434215_GIl est snob et persifleur, insolent et tricheur, roublard et esthète, gourmet appliqué et insolent fini. C'est un Arsène Lupin sous l'uniforme d'un marchand d'art londonien. Il a volé un Goya au Prado et cherche à le faire passer discrètement en Amérique, en le cachant dans le double plafond de sa Rolls. Mais ses faits et gestes sont épiés, car notre bonhomme est suspecté et harcelé par la police spéciale de Sa Majesté - avec, en tête, Martland au volumineux postérieur !

Charlie Mortdecai - ainsi se nomme notre personnage - est un pendant de Bertram Wooster sous acide. Il se joue de l'idée avec cynisme, il a son Jeeves en la personne de Jock, enfin c'est un anti-Jeeves car il est décrit comme son voyou de service, tant il est grossier, saoûlard et bagarreur (rien à voir avec la copie originale !). Ensemble ils nous offrent une escapade sauvage et décadente, de l'Amérique au Nouveau-Mexique avant de se réfugier en Irlande. 

Publié dans les années 70, ce roman est en fait le premier volet d'une trilogie qui a connu un grand succès en Angleterre. C'est une histoire qui fait penser à un croisement entre Woodehouse et Chandler, c'est écrit avec élégance et ironie, l'action est rebondissante, l'intrigue assez noire et malgré tout il y a une légèreté derrière tout cela, exactement là où l'art et l'alcool ont droit de cité. Vraiment hilarant, un peu étourdissant, mais hélas trop méconnu !

Editions du Masque, octobre 2008 - 286 pages - 6,50 €
traduit de l'anglais par Marie-Caroline Aubert
titre vo : Don't point that thing at me

27 octobre 2008

Le sixième crime - Sébastien Fritsch

 

 

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51frK8baLLL__SS500_Voilà un roman que n'aurait pas boudé le grand Maître Hitchcock, amateur devant l'Eternel des histoires sombres et oppressantes. Et puis, il s'agit d'un huis- clos dans lequel deux personnages se font face, pour ne pas dire qu'ils s'affrontent littéralement. Non pas de coups de poing ou d'empoignades musclées, juste une joute verbale et une fausse galanterie qui fleure bon le grand tralala... d'une hypocrisie patentée !

Cela se passe entre l'écrivain d'une cinquantaine d'années, qui vit reclus dans un petit village de la Drôme provençale, et le flic sans peur ni reproche, venu glaner des infos pour dépatouiller son énigme littéraire, comme il dit. Un criminel en série s'inspire de cinq romans publiés par un auteur obscur, désormais disparu, et qui n'était jamais parvenu à décrocher la timbale mais avait réussi, par sa persévérance et son culot, à se faire connaître du milieu pour ces fichues qualités.

Enfin bref, les livres racontent des histoires glauques où des crimes dégoûtants pullulent à tous les coins de pages. Ce n'est pas folichon mais cela a retenu l'intérêt d'un tordu qui s'inspire de ces ignominies pour les accomplir dans la réalité. Ok, mais pourquoi le policier vient consulter l'ascète ? Il faut compulser les 130 pages pour le savoir (ce serait trop facile !) et supporter la pression imposée par le narrateur (également, le policier) qui force l'écrivain à sortir de sa réserve.

Mais tout ceci ne vous donnera aucune piste, car au final on en sort assez stupéfait par le dénouement. J'ai trouvé que dans l'ensemble l'histoire tenait bien la route et que l'auteur n'était pas avare de son enthousiasme pour nous embarquer dans ses filets. Cependant, qu'on m'excuse d'émettre un bémol, mais j'ai jugé que cela sentait aussi le travail trop bien fait, appliqué et soucieux du détail. Un grain de folie aurait été le bienvenu ! Mais cela ne m'enlève pas cette idée de la tête, selon laquelle Hitchcock aurait pu nous concocter un brillant film noir, car c'est aussi ce qui sort de cette lecture : une idée d'adaptation sur petit ou grand écran...
A méditer.

Editions du Pierregord, avril 2008 - 133 pages - 18€

Merci à l'auteur de m'avoir permis la découverte de son univers,
son blog : http://sebastienfritsch.canalblog.com/

a été lu par florinette

23 octobre 2008

Remington - Joseph Incardona

Matteo Greco, vingt-neuf ans, mène une vie de peu : chômeur, il bosse par interim pour Fixe Gardiennage, fait de la boxe, se rend à un atelier d'écriture, arpente les rayons de la fnac et sort sa carte bleue pour gonfler sa collection de films. Il vit seul dans un petit appart' avec son chat Basile et il découpe tous les faits divers trouvés dans la presse.

Cette petite vie insipide va être bouleversée par la rencontre d'une femme fatale. Elsa Duvivier. Elle vient aux ateliers d'écriture, joue les serveuses dans les soirées pour chicos et séduit à tour de bras tous les hommes qu'elle croise. Matteo tombe dans le piège, malgré les mises en garde. Il vit auprès d'elle une liaison forte mais fragile, il est utilisé par Elsa, ne s'en rend pas compte. Il a notamment accepté de revoir son manuscrit en lui apportant quelques corrections. Et sans le vouloir, Matteo le réécrit complètement et lui donne un titre plus accrocheur : Treize à table.

Il s'absente quelques jours pour un job à Paris et s'inquiète de n'avoir plus de nouvelles d'Elsa. En cherchant davantage, il découvre qu'elle est folle de rage contre lui et ne souhaite plus le revoir. Cependant, elle s'abstient d'annoncer que son roman va être publié et qu'elle fréquente quelqu'un d'autre. Le sang de Matteo ne fait qu'un tour. La pilule sera encore plus amère lorsque le bouquin deviendra un triomphe.

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J'ai l'impression d'avoir quasiment raconté tout le roman, oui et non.
Parce que le roman s'écoule aussi assez lentement, il n'y a jamais d'action trépidante, de renversement de situation et on entend encore moins les trois coups de théâtre qui sonnent le glas de cette intrigue frissonnante.
En fait, l'histoire elle-même ne nous surprend pas, le coup du pauvre type gentil mais niais qui se laisse entuber par une mante religieuse est assez commun. A ceci s'ajoute la trame du manuscrit volé par essence...
Par bien des aspects, cette lecture est donc prévisible. Jusqu'au bout du tunnel, on suit son chemin et on n'en sort pas aveuglé. Ceci ne veut pas dire que c'est mauvais, trop copié ou souvent imité. Car finalement on s'interroge, on ne quitte pas un instant le personnage principal, on vit dans la peau de Matteo Greco. On sue sang et encre, on a de la sympathie pour lui et on ressent toute sa frustration, sa jalousie et sa peine. Bien sûr on ne porte pas dans notre coeur Elsa Duvivier, une vraie garce. On la déteste, on devine son jeu et on en vient à réclamer le divorce auprès de Matteo qui reste bêtement aveugle à sa machination diabolique.

« On a beau dire, on écrit pour se raconter soi-même, le plus souvent, les autres ne sont qu'un prétexte. Meubler le vide est une imposture. »

Ce qui tient en haleine, dans ce roman plus noir que noir, c'est la tension qui ne lâche jamais sa prise, même dans les moindres détails, dans le dédale d'une vie courante ou l'accomplissement de gestes anodins, dans le cadre d'une routine. On s'attend toujours à être saisi à la gorge par je-ne-sais quelle harpie en folie au détour d'une rue, ou dans les rayons de la fnac ! C'est appliqué, au millimètre carré près. La violence est distillée au compte-goutte, elle n'intervient pas gratuitement. Elle n'est même pas assise, bien à l'aise dans les vicissitudes de cette histoire tordue. On sent qu'il faudra qu'elle intervienne tôt ou tard, rien ne nous surprend de toute façon !
Et pourtant, si. On a peut-être tenu la main de Matteo, on ne la lâche pas si facilement. Car c'est un personnage affable de prime abord, mais pas seulement. Froid, implacable, cynique et sans état d'âme. Et si on s'était gourré de victime sur toute la ligne ?
A vous de voir.

Fayard Noir, Octobre 2008 - 316 pages - 19€

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