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Chez Clarabel

23 mars 2015

En poche ! # 39

Actualité florissante pour 2 auteurs que j'affectionne, Nathacha Appanah (En attendant demain, chez Gallimard) et Kazuo Ishiguro (Le Géant enfoui, aux éditions des Deux Terres). Pour l'occasion, Folio réédite 2 titres ... entre plaisir et découverte. ☺

 

Blue Bay Palace

Blue Bay Palace, de Nathacha Appanah 

Folio, rééd. 2015

Première parution en 2004

 

« Je me suis redressée brusquement et une goutte de sueur s'est échappée derrière mon oreille. Elle a suivi un moment la ligne de ma mâchoire, a glissé le long de mon cou pour trouver son chemin entre mes seins. Aujourd'hui encore, je la sens, cette trace première qui m'a marquée jusqu'au creux de mon ventre. Je regardais en silence ce garçon qui se tenait devant moi et tout ce que je sentais, c'était cette goutte de sel qui me caressait l'oreille, la mâchoire, le cou, la peau tendue entre les seins pour mourir dans mon nombril. J'ai eu l'impression stupide et pourtant si agréable que c'était son doigt qui descendait lentement, lentement... » 

Maya, une jeune beauté de dix-neuf ans, vit à Blue Bay où elle travaille au Palace, qui accueille les touristes fortunés. Folle amoureuse de Dave, patron du restaurant, elle découvre sa trahison en apprenant ses fiançailles dans le journal local. Dès lors, la jeune fille blessée décide de se venger en prenant pour cible “l'autre” qui a brisé son bonheur.

Cette spirale de la folie amoureuse est rapportée de façon étonnante, avec des termes lumineux et enflammés, qui entrent en symbiose avec le décor paradisiaque. Et pourtant, la réalité décrit une violence passionnelle, vouée à la tragédie, et les clivages sociaux de cette île qui ne vit que du tourisme. Quel contraste ! L'effet est saisissant, mais c'est magnifique et bouleversant. 

 

 

Auprès de moi toujours

Auprès de moi toujours, de Kazuo Ishiguro

Trad. de l'anglais par Anne Rabinovitch

Folio, Nouvelle édition 2015

 

Kath, Ruth et Tommy ont été élèves à Hailsham dans les années 90, une école idyllique, nichée dans la campagne anglaise, où les enfants étaient protégés du monde extérieur et élevés dans l'idée qu'ils étaient des êtres à part. Bien des années plus tard, Kath raconte cette enfance, en apparence heureuse, qui n'a jamais cessé de les hanter, au point de corrompre leurs vies d'adultes. 

La force de ce beau roman réside dans son charme mystérieux et romantique, alors que l'on découvre son histoire avec autant d'impatience que de curiosité. Personnellement j'ai à la fois été envoûtée, intriguée et décontenancée par les révélations distillées au compte-goutte. J'ai beaucoup aimé.

C'est une lecture sensible, d'une grande délicatesse, pudique et instinctive, servie par une plume classieuse et élégante (ah, Kazuo Ishiguro !...). À aborder avec la même minutie dont fait preuve l'auteur, sans attente particulière. 

 

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23 mars 2015

Un été avec Kim Novak, de Hakan Nesser

Un Été Avec Kim Novak

« L'été sera rude, a dit mon père. Autant nous préparer à ça. »

Trente ans ont passé depuis l'été de ses 14 ans, époque où Erik a passé des vacances mémorables avec son copain Edmund à Tibériade, le cabanon familial situé en bord de lac. À eux l'insouciance et l'ivresse de la liberté. Avec son frère Henry pour seul chaperon, les garçons font preuve de désinvolture et de bravade (fumer en cachette, contourner les entrées payantes, se livrer à des séances de voyeurisme, fantasmer sur la belle Eva...). Cet été-là sera pourtant marqué d'un drame qui va chambouler à jamais leur existence.

Henry, son frère aîné, vient de rompre avec sa fiancée et s'est lancé dans l'écriture d'un roman. Chaque soir, il aime sortir dans des lieux branchés, draguer la minette et la ramener au cabanon pour quelques acrobaties coquines. Les garçons ont le choc de leur vie quand ils découvrent, parmi ses conquêtes, le sosie de Kim Novak - la sublime Eva Kaludis - qu'ils avaient également croisée au collège lors d'un remplacement.

Celle-ci a pourtant déjà un petit copain, une star de handball, au tempérament jaloux et agressif. Et quand son corps est retrouvé assassiné, pas loin du lieu de leur villégiature, la police se pointe au cabanon et passe au crible l'alibi des garçons. Fin de l'été, retour à la réalité. Longtemps après, Erik continuera d'être hanté par les événements survenus au cours de cet été et de s'interroger sur les raisons du crime et l'identité du coupable. 

Cette lecture, d'une intensité ciselée et prenante, est stupéfiante ! De suite, elle nous hypnotise par son charme vénéneux et son atmosphère languide, au rythme d'un été fantasque et torride. J'ai été scotchée, complètement séduite par cette écriture simple, mais pénétrante. On suit sans complexe deux garçons en plein apprentissage d'indépendance, de sexualité et de responsabilité morale, non sans maladresse et avec toute l'intrépidité de leur âge. 

On partage aussi les bribes d'une histoire empreinte de non-dits et de culpabilité étouffée, une histoire tantôt drôle ou malicieuse, mais définitivement bouleversante. La lecture est dépaysante à souhait, direct au cœur de la Suède des années 60, le temps d'un été chaud et indolent. On s'évade instantanément, avant de retoucher terre avec une pointe de regret et de nostalgie.

Alain Lawrence, le lecteur pour Sixtrid, nous plonge avec subtilité dans les méandres d'un été de toutes les découvertes, entre exaltation et perplexité, et un sens du tempo tout à fait remarquable. J'ai beaucoup aimé.

Sixtrid, janvier 2015 ♦ Interprété par Alain Lawrence (durée : 6h 22) ♦ Traduit par Agneta Ségol pour les éditions du Seuil (Kim Novak badade aldrig i Genesarets sjö)

21 mars 2015

L'Incroyable journal (top secret) de monsieur Cochon, d'Emer Stamp

Monsieur Cochon

Ha, ha ! quelle histoire incroyable et tellement drôle ! C'est une petite merveille d'humour anglais, racontant les aventures désopilantes d'un cochon qui veut s'échapper de sa ferme pour ne pas terminer en gigot.

Cochon est un animal gras, niais et placide. Il n'aime pas les Poulets qu'il trouve trop méchants et a pour meilleur ami Canard qui ne cesse de lui conseiller de prendre soin de sa ligne. Cochon reçoit des portions généreuses de pâtée de la part du fermier, qui lui gratouille le dos et lui chuchote des mots doux. Si ce n'est pas une preuve d'amour, il n'y comprend plus rien !

Dans l'esprit de Cochon, « Fermier m'aime gros. Alors je vais grossir le plus possible pour que Fermier m'aime encore plus. »

Et vrai, plus il mange, plus il grossit. Le fermier vient désormais avec son épouse pour câliner Cochon. Le couple est comblé et babille de bonheur en évoquant leur prochain festin de rôti et saucisses ! L'ampoule s'allume au plafond. Canard avait raison, ce n'était pas de l'amour sincère mais une trahison en bonne et due forme.

Aussitôt, il rallie le clan des Poulets pour devenir le cobaye de leur expérience (ils construisent une fusée pour Pluton) et fuir le plus loin possible de la ferme où l'attend un sort funeste.

La suite est une série de péripéties intrépides et complètement folles. Cela dure une petite centaine de pages, largement parsemées d'illustrations rigolotes, où l'ensemble n'est qu'exaltation et étourdissement. Le ton du récit est exagérément grotesque, car c'est Cochon lui-même le narrateur. L'éditeur nous prévient : l'animal n'est jamais allé à l'école et fait plein de fautes très bizarres. Il faut lui pardonner.

Oui, on lui pardonne car son histoire est très, très drôle, dans le genre loufoque et grand-guignolesque. C'est à lire dans la joie et la bonne humeur, ou l'histoire vous forcera à rire de bon cœur parce que c'est impensable de résister à cette lecture délicieusement extravagante ! ;-)

Seuil jeunesse, février 2015 ♦ traduit par Cécile Nelson (The Unbelievable Top Secret Diary of Pig)

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21 mars 2015

Pêle-mêle Clarabel #58

 

Avni : Animal Vraiment Non Identifié, de Romain Pujol & Vincent Caut (BD Kids)

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AVNI est une créature rigolote, décrite comme étant un Animal Vraiment Non Identifié. Et justement, dans sa nouvelle école, il éveille la curiosité de ses camarades car il ne ressemble à aucun d'entre eux : il n'est ni un ours, ni un serpent, encore moins un poisson... Comme si cela ne suffisait pas, il possède des pouvoirs étonnants. Cela fait de lui la coqueluche de la classe, au grand dam de Léon le caméléon, jaloux d'être supplanté par le petit nouveau.

Comme tous les titres de la collection BD KIDS, celui-ci  promet une lecture distrayante et très amusante. Le casting est top, les dessins et les couleurs sont pimpantes, les histoires (une succession d'anecdotes en deux planches) sont tordantes. Bref, Avni rejoint cette écurie prestigieuse la tête haute, en arborant les mêmes préceptes qui font tout le succès de la collection. 

 

Les Aventures de Flip, de Morgan Navarro (Gallimard)

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Les aventures de Flip parlent du quotidien d'un jeune adolescent, constitué des sorties entre potes, des descentes en skate, des bandes rivales, des premiers émois amoureux, mais aussi de l'école, des parents, des bandes dessinées et des projets secrets (écrire sa propre histoire).

Le ton est résolument moderne et gouailleur, même le graphisme est dépouillé et confère à la lecture une sensation exaltante et surprenante, car les histoires renferment beaucoup d'humour et de sensibilité et abordent l'adolescence avec fraîcheur et authenticité.

Cette édition réunit 2 titres de la série : “Flip” (éditions Bréal Jeunesse) et “Skateboard et Vahinés” (Bayou).

 

Les Poux, tome 1 : On a marché sur la tête ! de Ramadier & Bourgeau (Gallimard)

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Il fallait oser inventer une histoire sur les parasites qui font leur nid sur la tête des bambins : les poux sont parmi nous et forment une famille sympathique, qui occupe son temps comme tout le monde, en travaillant, cuisinant, bêchant le jardin, barbotant dans la mer, en vacances, et prend les mesures nécessaires pour assurer sa survie (sic)... Gare au shampoing ravageur, rincé à grandes eaux ! 

C'est perturbant à lire, car on s'attache à ces vilaines bestioles qui pourrissent la vie des enfants en sachant qu'elles incarnent le Mal ! Et rien que pour ce décalage, on adore. Le ton est cocasse, avec des trouvailles géniales (le nec plus ultra : une grillade de grain de beauté !), le tout dans une ambiance conviviale et pertinente. La lecture prête naturellement à sourire, on ne sait plus s'il faut s'attacher à la famille Poux ou scruter leurs techniques de résistance... En somme, cette série s'annonce malicieuse et amusante. ;-)

 

21 mars 2015

Kojiki demande à ceux qui dorment, de Yan Allegret & Carla Talopp

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Yan Allegret s'inspire ici du Kojiki, le texte le plus ancien du Japon, pour relier l'espace ordinaire d'une chambre d'enfant à l'univers merveilleux du conte... 

L'enfant est dans son lit. Son père l'a embrassé. D'ordinaire sa mère l'embrasse aussi, mais ce soir elle n'est pas là. Et puis il y a cette voix qui questionne l'enfant dans le noir de sa chambre : "Comment tout a commencé ? Pourquoi tu es toi même ?" Comment trouver le sommeil quand on ne connaît pas les réponses ?

Son père lui raconte alors une histoire qui commence dans la nuit des temps, avant même la création du monde : le premier couple, Izanagi et Izanami, la première île, la naissance de l'enfant-feu, jusqu'à la mort elle même qui emportera Izanami au royaume des ombres...

→ J'ai trouvé ce texte difficile d'accès et compliqué pour des enfants. Même les illustrations, d'une grande finesse et élégance, ne parviennent pas à les séduire dans cet univers raffiné, mais trop abstrait.

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Gallimard jeunesse, mars 2015

 

 

À rapprocher avec L'encyclopédie des débuts de la terre, d'Isabel Greenberg

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Depuis une île lointaine, nous suivons le voyage mouvementé d'un jeune garçon qui a perdu une partie de son âme et tente de la retrouver. Pour déjouer les coups du sort et se sortir des mauvaises passes ce dernier se sert de l'art absolu, celui de conter. On découvrira ainsi comment une vieille femme terrassa un géant en lui faisant manger des saucisses grillées, comment la femme du pôle sud et l'homme du pôle nord tombèrent éperdument amoureux sans jamais parvenir à se toucher, comment trois soeurs demandèrent à un chaman sans scrupule de leur partager un bébé... Souverains sanguinaires, monstres marins, guérisseurs fous, Arche de Noé, la talentueuse Isabel Greeberg convoque les plus grands mythes et nous fait revivre, intensément, les débuts de la Terre, quand les glaces recouvraient une bonne partie du globe, quand les hommes et les dieux se côtoyaient, quand la magie était partout.

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20 mars 2015

Louison Mignon cherche son chiot, par Alex Cousseau & Charles Dutertre

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Le duo Alex Cousseau & Charles Dutertre s'offre un retour en grande forme et en force avec cette histoire croquignolette (les illustrations allant, bien évidemment, de pair !).

Louison Mignon est en vacances chez ses grands-parents, à la campagne. Tandis que son Papé chuchote des mots d'amour à ses tomates, Louison attend avec impatience la naissance des petits chiots. La chienne s'est repliée dans un coin tranquille, l'enfant la cherche partout et parle au futur-né, Aubergine ou Banjo, elle hésite encore.

Elle explore les coins et les recoins du jardin et de la forêt, elle fouille les fougères, fonce dans les ronces, rampe, ventre à terre, dans les orties... Rêve d'être un écureuil ou un oiseau, de se planquer en haut d'un arbre ou de voler dans les nuages.

On ne se lasse pas de cette histoire adorable, qui raconte avec beaucoup de tendresse et de douceur, la vie à la campagne dans ce qu'elle a de plus merveilleux à offrir : des plaisirs simples et ordinaires, des trésors cachés, une nature sauvageonne, toujours prompte à lever le voile sur ses secrets... Et les mots choisis pour exprimer tout ça sont aussi d'une grande sensibilité et vous charment instantanément ! 

« Quand les secrets sont bien mûrs, on les cueille et il en vient d'autres. »

« Si je ne rougis pas, on ne me voit pas. Alors je rougis des deux joues. Tu me vois ? » 

Exquis ! 

Rouergue, mars 2015

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20 mars 2015

Mon chien qui pue, de Christine Roussey

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Le garçon de cette histoire a un chien qui s'appelle Alfred. Il l'adore, plus que tout au monde. Mais il doit reconnaître que son chien a un gros problème : il sent super fort et super mauvais. « Il schlingue, il cocotte, il fouette, il empeste, il attire les mouches... » Une bombe puante ambulante.

Comme le garçon doit bientôt déménager et prendre l'avion, il ne conçoit pas de balader son animal nauséabond et risquer une asphyxie générale. Aux grands maux les grands remèdes : il sort l'artillerie lourde et bichonne Alfred jusqu'au bout des ongles. Le chien est méconnaissable !

« Il brille tellement qu'il étincelle ! Il sent bon, le frais, le grand air, la citronnelle ! 
Il sent tellement bon qu'on ne le sent plus... »

Eh oui, le garçon va finalement se rendre compte que c'est très, très ennuyeux d'avoir un chien parfait, limite chichiteux (il ne bouge plus car il a peur de se salir les pattes !). Qu'on lui rende son Alfred puant, crotté, tout pourri ! C'est plus rigolo.

Une lecture facétieuse, tendre et éclatante de délires, qui sait mettre en avant les instants de complicité entre un enfant et son animal de compagnie. Avec un tacle discret contre les “chichiens à sa mémère”. C'est super drôle, avec des illustrations géniales et un texte tout aussi déjanté.

De la Martinière jeunesse, janvier 2015

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20 mars 2015

Ralf, de Jean Jullien / co-écrit avec Gwendal Le Bec

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Ralf est un chien extraordinaire : avec son long corps fin, c'est une saucisse sur pattes, qui se faufile partout, entre les jambes de ses maîtres, dans leur lit ou l'escalier, mais il prend tellement de place qu'il finit par s'attirer le ras-le-bol de la maison. Trop, c'est trop ! Ralf est congédié dans sa niche. 

Un soir, incapable de dormir, pour cause de chagrin insurmontable, Ralf renifle une odeur de brûlé dans la maison. Puis, aperçoit de la fumée par la fenêtre. Panique générale. Il tente de réveiller la maisonnée, aboie le plus fort possible, puis court prévenir les pompiers et accomplit une dernière prouesse qui consacrera à jamais son héroïsme. 

Un album étonnant, au visuel original et avec une histoire un brin fantastique. C'est drôlement bon et plutôt rigolo  ! 

Seuil jeunesse, mars 2015

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19 mars 2015

Tant que nous sommes vivants, d'Anne-Laure Bondoux

Tant que nous sommes vivants

Bo et Hama se rencontrent sur le chemin de l'usine et tombent instantanément amoureux. Comme une évidence. La ville aussi se sent pousser des ailes et ouvre un cabaret de spectacle pour distraire les ouvriers. Puis, c'est le drame. Il n'est guère plus le temps de rire et s'amuser, à la place il faut panser ses plaies et sécher ses larmes. La colère gronde et pousse notre couple d'amants maudits à fuir. Ils vont alors s'aventurer dans une forêt d'aulnes, où une étonnante fratrie va les conduire dans des galeries souterraines. Commence un nouveau chapitre pour une nouvelle vie d'apprentissage et de découverte. Hama et Bo forgent leurs liens avec la même passion et agrandissent leur cercle avec la naissance de leur fille. Et leur périple de continuer, à trois, toujours plus haut, toujours plus loin.

Finalement, ce roman est bien mystérieux, étrange, envoûtant. On a d'ailleurs la sensation d'être dans un conte fantastique, invitant le lecteur à dépasser sa zone de confort pour plonger dans un imaginaire original et fouillé. C'est particulièrement surprenant et entraînant. Par contre, je ne m'attendais pas à une histoire aussi triste. Même le bonheur privilégié de Bo et Hama va être mis à mal, rongé par l'amertume. Il faut dire aussi que les conflits s'enchaînent et vont meurtrir notre couple. Le temps use la passion, chiffonne les visages épanouis, éteint les regards énamourés. C'est beau et poignant, mais tout ça vous laisse d'humeur chagrine. Heureusement, Tsell reprendra le flambeau et se lancera sur les routes, à l'instar de ses parents, au rythme de son cœur qui bat pour un autre. Un livre émouvant, mais remarquable et riche en nuances.

Gallimard jeunesse, septembre 2014 ♦ illustrations : Hélène Druvert

En savoir plus : Le début et la suite, sans trop en dire

18 mars 2015

Sans attendre, de Jennifer Echols

Sans attendre

Pour avoir déjà lu des romans de Jennifer Echols en VO, je me réjouissais de son arrivée sur le marché français avec l'un de ses titres récemment parus : Sans attendre (Such a rush). L'histoire s'annonçait excitante, bien que pesante, avec trois jeunes gens endeuillés devant se serrer les coudes pour sauver une entreprise familiale, en plus d'un invraisemblable imbroglio sentimental à démêler.

Au centre, nous avons Leah, une fille paumée qui vit dans un mobil-home, près de l'aérodrome, où elle bosse depuis trois ans, contre des leçons de vol et une licence de pilote commercial. Elle rêve de s'échapper de sa condition mais voit ses projets s'effondrer avec le décès brutal de son patron, M. Hall. Ce sont ses deux fils, Grayson et Alec, qui vont reprendre le flambeau des affaires. Or, Grayson ne cache pas son mépris et impose à Leah de séduire son frère Alec !

En plus d'être morose, l'ambiance à l'aérodrome promet d'être électrique. On perçoit clairement qu'un mélange d'attirance et de répulsion se noue entre eux et provoque des étincelles à chaque coin de page. C'est donc autour de cette énorme frustration sexuelle que les personnages vont tourner, passant leur temps à se déchirer, se débattre avec leurs démons et faire tout de travers. Cela dure 300 pages et c'est assez usant.

Par contre j'ai aimé le contexte de l'histoire, basé dans un aérodrome, dans un bled paumé de l'Amérique sudiste. J'ai aimé partager la passion de Leah, sa relation avec M. Hall, sa fragilité derrière son apparente ténacité. Dommage que l'histoire conserve une couleur triste et taciturne, sans humour, sans glamour, sans légèreté. Elle affiche aussi un certain penchant pour le psychodrame, comme dans les romans « new adult » pour lesquels je n'ai aucune appétence. Et forcément, cela m'a plutôt déçue.

Lisez Going Too Far pour parfaire votre découverte de Jennifer Echols ! 

Castelmore, octobre 2014 ♦ traduit par Marianne Durant (Such A Rush)

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