La Vengeance des étoiles, de Tara Sim
J'étais très, très curieuse de lire ce roman qui ne cache pas s'être inspiré du Comte de Monte-Cristo pour raconter une histoire de vengeance et d'amour. Le roman affiche très vite la couleur - l'ambiance sera teintée (fortement) d'amertume et de désillusion.
Dans La Vengeance des étoiles, l'héroïne est une jeune fille (Amaya, rebaptisée Anguille sur le Saumâtre) qui a été vendue à un navire de créancier dès son plus jeune âge. Maltraitée par un sinistre individu, elle est parvenue à sortir de cette galère suite à sa rencontre avec un naufragé qui déclare détenir un trésor. Mais il a besoin de sa complicité pour obtenir réparation. Lui aussi a été victime d'injustice. Il promet donc à Amaya liberté et plus encore si elle devient l'instrument de son plan. Pendant ce temps, la ville de Moray est rompue à la corruption et menacée par une épidémie de grippe. Héritier d'une riche famille, Cayo Mercado est néanmoins un gentilhomme désœuvré. Condamné à des fiançailles pour le sortir de l'impasse, il fait la rencontre de la troublante comtesse Yamaa qui éclabousse la société bourgeoise de son train de vie fastueux. Il envisage un bref instant de la séduire pour lui exhorter de l'argent. Mais sa situation familiale dérape et le précipite en enfer.
Certaines révélations vont plus ou moins surprendre. Les personnages sont en effet englués dans leurs problèmes et se démènent du mieux qu'ils peuvent pour trouver des solutions. Bien sûr, le destin tend à s'acharner et compliquer la donne. Mais au final... qu'est-ce que j'ai aimé cette sensation de malheur qui s'ajoute au désespoir et qui se multiple en désarroi profond ! C'est vraiment un cocktail troublant - climat sombre, contexte tragique et tension dramatique en puissance. Tara Sim a non seulement réussi à dépeindre un lieu maudit mais à tricoter un destin tortueux pour ses personnages. Le ton est grave, mais c'est fascinant à lire. Enfin c'est ce qui m'a plu, même si c'est loin d'être ma Lecture du Mois aussi. Un deuxième tome est attendu / fin de duologie.
Bayard éditions jeunesse / 2022 - Traduit par Anathe Riveline
⭐⭐⭐.5
Princesse Henriette #1: Hamster au bois mordant, de Ursula Vernon
Henriette de La Grignote est une princesse hamster audacieuse et anticonformiste - elle refuse d'afficher un air mélancolique en végétant entre les murs du château de ses parents. Ce qu'elle désire, c'est vivre une aventure, avec de l'action, du danger, un vrai sens à sa vie. En apprenant qu'une malédiction pèse sur ses épaules, Henriette joue son va-tout et profite de son sursis pour assouvir pleinement sa passion. De la baston, encore et toujours, et une solide réputation de princesse cinglée à la clef !
Car le jour de ses douze ans, Henriette va se piquer le doigt à une roue pour hamster et sombrer dans un sommeil éternel. La bonne blague. Notre princesse intrépide choisit d'affronter son destin et va résister à la méchante fée Ratcabosse. Chemin faisant, tout son univers est sens dessus dessous et notre tête couronnée doit voler à travers le royaume pour dénicher un prince digne de ce nom et rompre la fatalité.
Ne vous attardez pas au titre, à la couverture rose pétante, aux liserés argentés, au hamster ou à la princesse, car c'est loin, très loin des expectatives ! Ici, point d'héroïne nunuche ou d'histoire prout-prout. La princesse en chef est une rebelle dans l'âme, qui chevauche les plaines et les vallées à dos de caille de course, qui montre une véritable adresse avec son épée (mieux qu'avec une aiguille à coudre), et qui ne fait pas la fine bouche pour zigouiller les monstres répugnants. Princesse Henriette, elle, prend son pied à vivre au péril de sa vie. Et on applaudit.
On la suit donc dans sa folle quête du prince charmant, en savourant sa fougue, son entrain, son énergie etc., et on tombe sur Wilbur, qui est tout le contraire de notre vaillante héroïne. Leur duo est cocasse et donne encore à lire une histoire pétillante et pleine d'humour.
Avis aux lecteurs qui fuient la guimauve, cette série est assez désopilante dans son genre ! À partir de 8 ans.
MILAN - 2017
Série : PRINCESSE HENRIETTE
Tome 2 déjà disponible : PRINCESSE HENRIETTE : LE BAL DES DOUZE SOURIS
Tabou, de Casey Hill
Brillante experte médico-légale, formée à Quantico, Reilly Steel a tout plaqué pour s'installer à Dublin avec son père, devenu une pauvre loque vautrée dans l'alcool. Un drame familial aurait brisé cet homme et fragilisé sa fille, qui se refuse pourtant de confier son secret auprès de ses nouveaux collègues de boulot.
Mais l'heure n'est plus aux épanchements personnels lorsqu'une série de meurtres sordides s'enchaînent dans les rues de la ville et viennent bouleverser les inspecteurs de police peu coutumiers du fait.
Reilly déploie une appréhension des scènes de crime avec une sensibilité toute particulière, qui prête d'abord à sourire avant de forcer l'admiration, car oui c'est une pointure dans son milieu. Reilly comprend vite et bien ce qui anime leur tueur en série, elle met le doigt dans l'engrenage et débusque une piste sérieuse pour épingler leur suspect.
J'ai pris grand plaisir à me lancer dans cette lecture, limpide et agréable à parcourir, proposant quelques scènes choc dans les descriptions des meurtres, attelant efficacement les drames, les mystères et les révélations. Cela se lit tout seul.
Il n'y a pas de rouerie particulière, pas d'intrigue tarabiscotée (les références freudiennes sont accessibles et accessoires). Le dénouement également est facile, expédié abruptement et sans surprise, mais on ne lui en tient pas rigueur car l'ensemble n'en demeure pas moins correct. ;-)
Je suis davantage frustrée de découvrir que la suite n'est pas traduite, alors que tout est mis en place pour une lecture au long cours. La perspective de retrouver les personnages est donc à proscrire, alors que tout n'était pas encore écrit à leur sujet. Franchement dommage.
10x18 Domaine Policier (mars 2015)
Traduit par Anath Riveline pour les éditions Les Escales
À la vie, à la mort, de Colette McBeth
Rachel et Clara ont longtemps connu une relation fusionnelle, avant de se perdre de vue. Dix ans ont passé. Rachel est aujourd'hui journaliste pour la télévision et mène une existence épanouie avec son compagnon, tandis que Clara a parcouru le monde en collectionnant les jobs et rencontres hasardeuses. Les deux amies tentent de renouer les liens, non sans mal, jusqu'au jour où Rachel découvre la disparition de Clara à la une des faits divers.
Se déploie alors un scénario d'une rouerie sidérante, au cours duquel Rachel déroule le fil de leur histoire (rencontre, famille, secrets, mensonges et déboires) en s'adressant sur un ton froid et distant à son amie. On hésite à comprendre et à s'émouvoir, mais le rythme imposé, les mystères de l'intrigue et les nombreux rebondissements font qu'on y adhère immédiatement. Et même si la fin propose un dénouement facile et attendu, même si surgit une liaison amoureuse hâtive et maladroite, le reste de la lecture a su me procurer une bonne dose de stress et d'angoisse.
Ce roman, cerné de zones troubles, au suspense haletant, exploite habilement les ficelles de l'emprise, de la duperie et des relations toxiques. C'était une très bonne pioche - j'ai beaucoup aimé.
Les Escales Noires / Janvier 2015 ♦ Traduit par Anath Riveline (Precious Thing)