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Chez Clarabel
arnaldur indridason
14 décembre 2012

Le Muraille de Lave

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Le commissaire Erlendur est en vacances prolongées et a coupé tout contact avec ses collègues. Voilà qui donne un peu de champ libre à Sigurdur Oli, dont on va découvrir la véritable personnalité, lui qui est décrit comme un type froid, très snob et un mauvais mari, l'occasion lui est donné de se présenter sous un jour nouveau. Et effectivement, la recette est miraculeuse. J'ai pris plaisir à mieux cerner ce personnage torturé, à travers ses relations avec sa mère, mais aussi avec son père, à travers leur histoire de couple notamment, puis leur séparation. Inévitablement on pense à sa propre histoire avec Bergthora et certaines fêlures trouvent enfin leurs explications.

N'oublions pas que Sigurdur est flic et qu'il doit tremper dans la gadoue pour aider un ancien camarade d'école. Le beau-frère de celui-ci s'est fait pincer dans une soirée *entrecôtes* et depuis il est victime de chantage. Une petite intervention anodine de Sigurdur pourrait impressionner la jeune femme et calmer le jeu. Hélas, cette dernière est rouée de coups par un individu. Seul témoin sur les lieux, le policier est alors dans l'embarras.

L'enquête va également nous conduire auprès d'investisseurs banquiers, déterrer de vieux dossiers mêlant le sexe, le fric et le crime crapuleux. Ambiance poisseuse, mais ambiance pesante. A ceci s'ajoute un revenant du passé, un clochard qui veut raconter à Erlendur son enfance dévastée par la faute d'un pédophile. Bon, on ne se marre pas à tous les coins de page, c'est sûr, mais on ne moufte pas non plus. Il faut suivre cette histoire dans un silence religieux et angoissant, qui ne laisse rien filtrer. Lorsque les masques tombent, forcément on en prend un coup au moral.

Insoupçonnable et pourtant élémentaire, cette histoire nous plonge dans des abîmes profonds. C'est amer, mais c'est bon comme un café sans crème. Par contre, j'ai souri malgré moi en replongeant dans cette Islande en pleine croissance économique, c'était une époque pas si ancienne, mais qui nous semble tellement surréaliste aujourd'hui... Prévoir pas moins de 10 heures d'écoute en version Audiolib.

La muraille de lave, par Arnaldur Indridason
éditions Métailié, 2012 et Audiolib 2012  -  traduit de l'islandais par Eric Boury

Jean-Marc Delhausse excelle à mettre son interprétation au juste ton de ce sombre constat d'un monde qui renie ses valeurs.

Écoutez l'extrait lu par Jean-Marc Delhausse
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5 février 2009

Hiver arctique - Arnaldur Indridason

Hiver_ArctiqueVous le connaissez, Erlendur, l'homme qui soupire dès qu'on parle de disparition et / ou d'enfants (manque plus que les deux soient liés, c'est fichu!) ? Il s'enfonce dans son fauteuil, chez lui, à la nuit tombée, et il fume quelques cigarettes, le regard plongé dans le lointain. C'est qu'il n'est pas un gai luron, notre ami. Mais on le sait, Erlendur est notre chouchou depuis quatre romans noirs, alors même que le froid polaire islandais fond sur nous en nous statufiant, mais tant pis, on est fidèle et on trépigne : Erlendur is back !  En plus, c'est tellement en accord avec la météo du moment (il neige, il fait froid, le ciel est gris).
Alors que lui arrive-t-il, cette fois-ci ? Du moche, du très moche. D'entrée de jeu, Erlendur et ses enquêteurs inséparables, Elinborg et Sigurdur Oli, sont face au corps sans vie d'un petit garçon de dix ans. Il a été retrouvé sur le terrain de jeu près de son immeuble, l'enfant a été poignardé. Son frère aîné manque à l'appel. Est-il dans le coup, ou en sait-il trop ? Ce ne sont que des débuts de questions qui s'annoncent. Erlendur est sensible au chagrin de la mère, Sunee, qui est d'origine thaïlandaise, mariée à un islandais, puis divorcée.
Il faut doucement éplucher le contexte familial, discuter, rencontrer les proches, palabrer longtemps avec l'interprète, très envahissante. De fil en aiguille l'immigration est passée au crible, avec toutes les formes de violence que cela suscite. Dans le même temps, Erlendur est obsédé par la disparition d'une femme à l'histoire sentimentale alambiquée. Le coup de fil reçu sur son portable d'une femme en pleurs serait-il un signe ?

Plongez, frissonnez, vibrez, lisez en apnée... Comme le vin, les enquêtes d'Erlendur se bonifient avec le temps. Les vapeurs troubles du passé ont été dissipées, mais notre homme ne se débarrasse pas si facilement de son humeur mélancolique, ni de ses bagages encombrants (dans lesquels on retrouve ses enfants, sa liaison avec Valgerdur, la fin très proche de son ancien chef, Marion Briem). Une bonne série policière, c'est aussi la fioriture, pas seulement le noeud à démêler. Parce que les islandais, il faut le savoir, ont un goût prononcé pour la nonchalance, moins pour l'action. Le côté humain et faillible des personnages rend les romans d'Arnaldur Indridason plus poignants. De plus, il y a une bonne distance chez le lecteur par rapport aux névroses et aux déprimes de ce petit monde. C'est noir, d'accord, mais tendance mélodramatique. Il faut y avoir goûté une fois pour comprendre !

« Lorsque l'espoir avait décliné avec les jours avant de disparaître avec les semaines, les mois, les années, une sorte de torpeur laissée par l'événement avait pris le relais. Certains étaient arrivés à s'en préserver alors que d'autres, comme Erlendur, l'avaient cultivée en choisissant la douleur comme compagnon de route. » 

Métailié, 2009 - 335 pages - 19€
traduit de l'islandais par Eric Boury

 

Hiver arctique, Arnaldur Indridason

11 février 2008

L'homme du lac - Arnaldur Indridason

homme_du_lacLe commissaire Erlendur est appelé sur une nouvelle enquête après la découverte d'un squelette au fond d'un lac vide. Le corps aurait été ficelé à une vieille radio émetteur, portant des caractères cyrilliques, datant des années 60. En corroborant les avis de disparition signalés à cette époque, Erlendur va entrer en contact avec une femme qui a fait les cent pas devant une crèmerie, attendant un homme qui n'est jamais revenu.

En même temps, et comme il est habituel chez Indridason, l'affaire interpelle le passé tragique d'étudiants islandais partis à Leipzig durant les années rouges. C'était une bande d'idéalistes, des radicaux de gauche qui ont perdu leurs belles illusions en découvrant les agissements du Parti (surveillance rapprochée, incitation à la délation, espionnage intempestif, contrôle des dissidents). Dans ce précieux témoignage, on s'intéressera davantage à l'histoire d'amour entre Tomas et Ilona, une jeune hongroise qui était violemment opposée au régime. Cette histoire, au coeur de l'enquête, pourrait peut-être être la clef de la boîte aux mystères.

Le seul début de piste est l'existence d'une Ford Falcon noire, que conduisait l'homme disparu. Car le reste de l'enquête est plongé dans les oubliettes, le temps a passé, les témoins ont vieilli, l'inspecteur chargé du dossier a baclé ses conclusions. Mais qu'importe ! Erlendur n'est nullement pressé, il n'y a pas le feu au lac autrement dit ! On prend donc son temps, on interroge, on épluche les archives des ambassades, on réfléchit beaucoup. La méthode est précieuse et brillante, un peu nonchalante pour qui recherche de l'action intrépide. Mais conduite lente ne veut pas dire ennuyante !

Cette fois-ci, on se préoccupera de nouveau aux vies personnelles des équipiers et des proches d'Erlendur. Avec bonheur, ou non, chacun y verra son intérêt. Pour ma part, j'ai le sentiment d'avoir quitté trop tôt Bergthora, l'épouse de Sigurdur Oli, j'ai été enchantée par la nouvelle carrière d'Elinborg, surprise de croiser Sindri, mais pas mécontente de moins retrouver Eva Lind, qui m'ennuie. Bref, c'est le petit monde qu'Arnaldur Indridason a su créer, en quatre livres déjà. Et ce n'est pas prêt de se terminer, ni de me lasser !

Editions Métailié - 350 pages - 19 €

Traduit de l'islandais par Eric Boury

1 février 2007

La voix - Arnaldur Indridason

la_voixDans un grand hôtel de Reykjavik, le corps du Père Noël a été retrouvé mort poignardé. Cet homme était en fait le portier et portait accessoirement le costume rouge pour le goûter d'enfants organisé par le directeur. Il logeait depuis des années dans un cagibi dans les sous-sols de l'établissement, ne faisait pas de vagues et pourtant son sort semble ne préoccuper personne. Voilà une chose qui intrigue le commissaire Erlendur, s'installant au coeur de l'hôtel pour mieux enquêter, fuyant également l'esprit des fêtes qui galope autour de lui.
Erlendur cherche, questionne, s'interroge. Il découvre que le mort n'était pas celui qu'on pensait, qu'il était une vénération dans sa jeunesse, et que son passé peut donc figurer parmi l'élément clef de son homicide.
Comme toujours, les fouilles d'un autre temps permettent d'alimenter l'intrigue présente. On croise, cette fois, les ombres des sévices entre un père et un fils, un harcèlement moral et une récente enquête sur laquelle travaillent ses collègues et qui fait étrangement écho à ce meurtre inquiétant.
Arnaldur Indridason a été révélé grâce au succès époustouflant de "La femme en vert" et il confirme avec "La voix" son incroyable potentiel à mener son lecteur dans des chemins troubles, boueux et glauques. Sa maîtrise de la trame policière est impressionnante, jamais ennuyeuse car les rebondissements surgissent très facilement. L'intérêt est maintenu du début à la fin. A cela, s'ajoute le charisme des personnages, Erlendur et ses inspecteurs, plus les silhouettes d'Eva Lind, qui tente de surmonter le trauma de la perte de son bébé, et du frère d'Erlendur (un drame dans l'enfance qui continue de hanter le commissaire). C'est en bref un roman noir et policier très haletant, où l'ambiance oppressante côtoie l'opacité des âmes humaines. En étant à la fois sinistre et émouvant, ce genre de roman vous aggrippe pour ne plus vous lâcher avant la dernière page.

Métailié

28 octobre 2006

La Femme en vert - Arnaldur Indridason

femme_en_vert.. Mais quoi ? Je croyais la suprématie anglosaxone indétrônable dans le registre polar et policier, mais non ! La bibliothèque nordique est capable de sérieusement remettre en question les plus plates données, essayez donc avec l'islandais Arnaldur Indridason. Quelques clés pour réussir : des personnages au look ordinaire, aux tourments universels, des hommes et des femmes accablés par la vicissitude quotidienne... Le commissaire Erlendur et son équipe, les inspecteurs Elinborg et Sigurdur Oli, sont appelés sur une enquête d'ossements retrouvés sur un terrain vague. Le squelette doit bien être enterré là depuis soixante ans, les policiers doivent remonter les pistes, fouiller le passé et retrouver les locataires d'une maison d'été. L'équipe va travailler en terrain boueux, car va s'ajouter une histoire spectrale d'un drame conjugal : une femme battue par son mari, sous les regards effarés de leurs enfants. De l'autre côté, Erlendur est également confronté à sa propre défaite quand il reçoit le coup de fil de sa fille, qui appelle au secours.

On secoue le shaker et on obtient un cocktail subtil, qui dépasse la simple qualification de "roman policier", avec une intrigue en béton, qui joue avec nos nerfs, et cette bouleversante confession d'une famille qui vit le drame de la violence conjugale n'est pas en reste pour nous tordre le coeur. Là j'avoue être complètement conquise (hmm, touchée...) par ce livre, les personnages, et l'ambiance islandaise, très âpre. Les voyages dans le temps épicent le récit, lui donnent un regain d'intérêt et l'ensemble est prodigieux. Honnêtement, un très bon moment de lecture !

Métailé

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