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Chez Clarabel
folio
20 mai 2007

Petit déjeuner chez Tiffany - Truman Capote

petit_dejeunerBien entendu, j'ai vu et revu des dizaines de fois le film de Blake EdwardsAudrey Hepburn illumine de grâce et d'ingéniosité le personnage de Holly Golightly. En lisant la longue nouvelle de Truman Capote, j'ai mieux compris pourquoi il avait d'abord pensé à son amie Marilyn Monroe pour incarner son héroïne. Car Holly est définitivement une créature bouleversante, un être désemparé et désespéré, qui se décrit comme une petite bête sauvage, impossible à apprivoiser, et qui vole et virevolte ici et là, d'un pays à l'autre, à la recherche de sa propre maison.
Oui, comme le chat sans nom, trouvé un jour près d'une rivière, qui n'a toujours pas de nom car elle estime qu'il ne lui appartient pas et qu'un jour il trouvera aussi sa destination...

L'histoire commence donc par le retour du narrateur dans la rue de la vieille maison brune où il fut locataire, à la même adresse que cette “voyageuse de commerce”, qui sonnait chez l'un ou l'autre pour rentrer chez elle à des heures indues. « Elle portait une mince et fraîche robe noire, des sandales noires, un collier de chien en perles. En dépit de son élégante minceur, elle gardait l'air de santé des petits déjeuners aux flocons d'avoine, l'air de propreté des savons au citron et des joues assombries d'un rouge sommaire. La bouche était grande, le nez retroussé. Une paire de lunettes noires obturait ses yeux. C'était un visage ayant passé l'enfance mais tout près d'appartenir à la femme. »
Holly Golightly, ou l'apparition céleste.
Elle deviendra une très grande amie du narrateur, écrivain débutant, mélancolique dans l'âme, qui s'attache sans reconnaître la profondeur de ses sentiments pour sa voisine. Holly fréquente des hommes, beaucoup d'hommes. Tous de Bon Samaritain, qui l'entretiennent financièrement et lui promettent monts et merveilles, avant de s'échapper sur des petits billets embourbés de fausse galanterie.

Pour Holly, le narrateur a tout d'un Fred, qui est en fait son petit frère engagé dans l'Armée et qu'elle n'a pas revu depuis des années. De sa vie, Holly n'est guère prolixe. Elle cache sa propre misère, laisse parfois entrevoir “son cirage” que seule une virée chez Tiffany permet de calmer. « La sérénité, l'air de supériorité. On a le sentiment que rien de très mauvais ne pourrait vous atteindre là, avec tous ces vendeurs aimables et si bien habillés. Et cette merveilleuse odeur d'argenterie et de sacs en crocodile. Si je pouvais trouver dans la vie un endroit qui me procure la même impression que Tiffany, alors j'achèterais quelques meubles et je baptiserais le chat. »
Ce ne sont pas les diamants qui fascinent Holly, mais une quête impossible - inaccessible ?

Plus triste et attendrissante, l'héroïne de Truman Capote est attachante, même si elle refuse qu'on s'accroche à elle. Résignée sur son sort, sur la vie et son amertume, Holly Golightly m'apparaîtra désormais bien différemment sur les écrans, quand Audrey Hepburn glissera ses escarpins sur le bitume, tout en sirotant son café devant les vitrines du Tiffany...

[L'édition s'accompagne de 3 autres textes : La maison de fleurs / La guitare de diamants / Un souvenir de Noël. ]

Gallimard, folio. 188 pages.

Instant de grâce, ici !

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18 mai 2007

Les hommes préfèrent les blondes - Anita Loos

les_hommes_preferent_les_blondesLorelei a quitté Little Rock en Arkansas pour débuter dans le cinéma avant de s'installer à New York et vivre "aux crochets" des hommes nantis d'une bonne fortune. C'est une jeune femme charmante, elle fréquente un certain M. Eisman qui lui donne de quoi subvenir à ses besoins "pour parfaire son éducation" ! Il poussera même le projet jusqu'à l'envoyer en Europe (à Londres, Paris et Budapest) en compagnie de son amie Dorothy, une fille au franc-parler qui désespère notre jeune héroïne. En Europe, les observations des deux filles sont sources de moments cocasses et loufoques, mais toujours élégants et avec bienséance ! La naïveté avec laquelle s'emploie Lorelei à rapporter ses histoires est touchante et amène à sourire.
Lorelei tient un journal, sur l'initiative d'un bon Samaritain qui lui a dit "comme ça que lorsqu'une jeune personne a des dons intellectuels, elle doit en tirer un meilleur parti". Et effectivement, c'est très drôle ! C'est même plutôt spirituel, car cette ravissante Lorelei est une opportuniste séduisante et qui se défend d'être arriviste. Son art s'élève à charmer les gentilhommes aisés pour lui offrir bijoux, restaurants, sorties et entrées dans le Monde ! Est-ce sa faute si "les hommes préfèrent les blondes" et succombent à ses traits d'esprit ? !
La liste de leurs aventures est longue, mais tordante. Si vous connaissiez le film avec Marilyn Monroe, il faut absolument lire ce livre d'Anita Loos qui était une figure littéraire à son époque, dans les années 20. C'est très différent du film, même si les grandes lignes s'y trouvent, et c'est un régal !

Gallimard / folio.  185 pages

Ma nouvelle devise : Vous comprenez, le champagne, moi, ça me rend toujours philosophe ; ça m'aide à comprendre qu'il n'y a rien à faire, lorsque la vie d'une jeune fille semble marquée comme la mienne du sceau du Destin.

9 novembre 2006

Virginia - Jens Christian Grondahl

virginiaDurant quelques jours d'un été lointain, pendant la guerre, le narrateur âgé d'à peine 14 ans passe des vacances dans une grande maison au bord de la mer chez son oncle et sa tante. Un jour débarque de Copenhague une jeune fille de seize ans, belle, souriante et mystérieuse. Le garçon est fasciné mais intimidé. En cet été 43, des avions survolent le pays pour bombarder la capitale. Un matin, les villageois annoncent qu'un avion anglais s'est écrasé dans les parages. Il n'y aucune trace du pilote. Il y a cependant la jeune adolescente qui a vu et qui sait quelque chose. Le garçon en est malade... Et Grondahl nous embarque dans son roman teinté de mélancolie, chargé d'introspection, nourri par les souvenirs d'un amour blessé, d'un pincement au coeur qui ne guérit jamais. C'est également le portrait délicat d'une jeune femme, auréolée de silence et de mystère. Le roman est court, mais blindé en émotions qui se dilatent dans vos neurones à long terme...

Folio

9 novembre 2006

Froidure - Kate Moses

froidureBiographie romancée de Sylvia Plath, l'histoire de ce roman se passe en décembre 1962, quand Sylvia emménage seule avec ses deux jeunes enfants au 23 Fitzroy Road (ancien domicile du poète Yeats) à Londres. Sylvia est seule, abandonnée par son mari, Ted Hughes, parti rejoindre sa maîtresse, Assia Wevill.

Ce livre retraduit cette époque sinistre, entrecoupée des réminiscences d'une vie plus heureuse. Sylvia s'échine à écrire et mener à bien son projet d'un nouveau recueil de poèmes, à paraître sous le nom de « Ariel ». Kate Moses fait état du désarroi de son personnage avec un réalisme glaçant.

Car « Froidure » prodigue un sentiment de rigueur et d'austérité, un désespoir qui colle à la peau et préfigure la tragédie annoncée. Cette lecture déclenche de vives émotions, dont la rage, la révolte et la pitié. Franchement pas gai au final, mais intéressant pour qui a apprécié l'auteur de La cloche de détresse.

Folio, traduit par Anouk Neuhoff

6 novembre 2006

De toutes les couleurs - Angela Huth

de_toutes_les_couleurs"De toutes les couleurs" pourrait être un vaudeville au sein de la classe bourgeoise anglaise, un rien guindée. Angela Huth affectionne de croquer ces personnages en y mettant une surcouche d'artifices compassés et ampoulés. Ambiance feutrée et nunuche à souhait ! Il faut aimer (c'est mon cas !). Angela Huth a aussi cette indécrottable touche pour décrire ses personnages : en premier lieu Isabel, femme secrète ou égoïste qui s'isole dans son atelier pour travailler ses masques. Elle est l'antagonisme de son amie Carlotta, femme qui use de manoeuvres pour séduire (Dan ?... why not ?). Elle jalouse son amie, de la chance qu'elle a (une vie maritale réussie et épanouie), mais dans le fond elle sait très bien qu'elle ne pourrait jamais s'y contenter ! J'aime moyennement les personnages masculins (Dan, le mari d'Isabel, & Bert, l'ami de toujours), ils sont moins drôles. Autre chose, je ne comprends pas le rôle joué par Gwen, la femme de ménage. Est-ce par malice qu'Angela Huth a décrit ce caractère désoeuvré, poursuivi par un malade mental (comme dans "tendres silences" et surtout "folle passion")? A voir. Personnellement j'ai trouvé que c'était un personnage plutôt bouche-trou. Qu'importe... "De toutes les couleurs" est un très bon roman de cet auteur qu'on ne présente plus (au cas où, cliquez ici). C'est une lecture idéale pour qui cherche un instant plaisant, douillet et délicieusement décalé ! Et comme dit la présentation : Des êtres fragiles et ambigus, les troubles du désir, une valse des sentiments, des épilogues amoureux inattendus...  A lire.

Folio

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24 octobre 2006

Le roman d'Oxford - Javier Marias

 

le_roman_d_oxfordLe narrateur a quitté Madrid pour venir enseigner à l'université d'Oxford pendant deux ans. Quatre mois après son arrivée, il tombe sous le charme de Clare Bayes, une femme mariée, mère d'un garçon envoyé dans un pensionnat pour ses études. L'espagnol est dépassé par la vie à Oxford, par son ambiance, ses us et coutumes, comme les fameux "high tables" où tous les universitaires se rassemblent autour d'une table pour un repas pantagruélique, tous vêtus de leur toge, engoncés et guindés, cherchant dans l'alcool le dégrisement nécessaire pour chasser l'engourdissement et l'ennui.

La vie à Oxford apporte aussi son lot d'enthousiasme, l'homme se découvre une passion pour les vieux livres et fouillent toutes les librairies poussiéreuses pour dénicher les ouvrages de Machen et Gawsworth. C'est ainsi qu'il rencontre un étrange individu, dénommé Alan Marriott, qui l'encourage à s'inscrire dans un club fermé de la "Machen Company". Mis à l'écart par sa maîtresse, le narrateur va courir les rues d'Oxford où il scrute les mines patibulaires des clochards avec une fascination malsaine et déplacée, y voyant quelques reflets prémonitoires, ou déjà bien réels. L'homme traverse une crise, nommée "perturbation", qu'il tente de dominer, grâce notamment à Cromer-Blake, son guide et protecteur dans la ville d'Oxford. "Je me rendis compte que mon séjour à Oxford serait certainement, à son terme, l'histoire d'une perturbation; et que tout ce qui y commencerait ou y surviendrait serait touché ou coloré par cette perturbation globale et ainsi, condamné à n'être rien dans l'ensemble de ma vie, qui elle n'est pas perturbée : à se dissiper et tomber dans l'oubli comme ce que racontent les romans ou comme presque tous les rêves. C'est pour cette raison que je fais aujourd'hui cet effort de mémoire et cet effort d'écriture, car je sais qu'autrement je finirais par tout effacer."

C'est ainsi que j'ai complètement douté de ce livre : s'agit-il d'un roman ou d'un témoignage romancé à partir d'une expérience réelle ? Car en 1983, l'écrivain Javier Marias est parti enseigner à Oxford et "Le roman d'Oxford" sera publié quelques années plus tard. Dans le portrait de Marias, on découvre des points communs avec le contenu de ce livre, notamment sur Gawsworth et sur le royaume de Redonda, ce qui me pousse davantage à opter pour la deuxième option pour appréhender ce livre. "Le roman d'Oxford" est effectivement un roman virtuose et ironique, écrit avec élégance, rigueur et montrant une grande érudition. Toutefois je me suis sentie plus d'une fois mise de côté et perplexe entre ses lignes, en gros j'ai trouvé ce livre usant. Il emprunte beaucoup de pistes, il brouille le fil conducteur et immanquablement le lecteur se perd. Mais d'un autre côté, j'ai trouvé qu'il était brillant dans sa peinture de la ville d'Oxford et du microcosme universitaire. Voilà pourquoi ce livre est habile, narquois mais galant. Cela fait beaucoup à penser pour un seul livre, il faudrait sans doute le lire en plusieurs fois...

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