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Chez Clarabel
30 octobre 2007

La funeste nuit ... que voilà !

Demain soir (mercredi 31 octobre), en plus de la collecte des bonbons, il faudra allumer la lanterne sur le chassis de la fenêtre (en gros, une bougie dans une citrouille ... en céramique !) pour chasser les mauvais esprits, nous dit-on, les sorciers étant fort attendus pour hanter les rues de notre petit village.

Il y a plusieurs façons d'envisager cette terrible soirée, en protégeant son cocon : subir ou parer les ensorcellements. Notre arme à nous ? Evidemment, les livres !!!!  ;o)

Voici donc plusieurs lectures (un chouia) frissonnantes à vous suggérer. Pour commencer, l'incontournable, l'indispensable ...

funeste_nuit_d_ernest

Ernest dort pour la première fois dans la maison de son grand-père, qu’il n’a jamais connu et dont il porte le prénom, héritage qu’il trouve plutôt lourd à porter. Dans la nuit, un mignon feu follet vient le tirer de son lit pour lui demander de l'aide - à savoir : récupérer sa précieuse médaille, chipée par Vladimir le vampire, souverain d'un monde de mort-vivants ! Rêve ou cauchemar, Ernest ne va pas jouer les gros bras mais plutôt activer ses méninges pour moucher l'horrible Vlad. Ambiance outre-tombe et humour noir garantis ! Superbes illustrations léchées, une atmosphère très tim-burtonienne et au final on sort de ce livre avec un sourire béat. Même pas eu peur, se dit-on, car l'élégance et le raffinement sont les maîtres mots de cet album somptueux !

Et j'en profite pour lancer un bon clin d'oeil à travers la toile pour Gawou, encore et toujours responsable de ce que vous pensez bien ...

La funeste nuit d'Ernest - Benjamin Lacombe & Sébastien Perez - Editions Sarbacane.  16.00 €

Nous parlions de sorciers et j'ai très envie de présenter Fulberte, une sorcière triste à mourir et qui pleure depuis des mois dans son lit parce qu'elle est toute seule, dans son grand manoir au coeur le plus obscur d'une forêt effrayante...

marabout_et_bout_de_sorciere

Et puis un jour, arrive un marabout d'Afrique venu chercher dans cette demeure une "fameuse fée" (pour l'épouser, point trop en dire, mais bon ! ... ). Et Fulberte, émoustillée, titillée, amusée et intriguée, va lui sortir le grand jeu et lui faire la démonstration du vol de balai ... un peu loupée ! Et qui chatouille bien, séduit bien ! (proverbe de moi) Nos deux amis vont tomber dans les bras l'un de l'autre et nous offrent une tendre, une belle, une originale histoire d'amour qui revisite les clichés.

Et c'est pour moi l'occasion de féliciter Véronique Massenot (ici, l'auteur) qu'on peut retrouver sur son blog Correspondances avec grand plaisir ! ! !

Marabout et bout de sorcière - Véronique Massenot & Muriel Kerba - Editions Gautier Languereau. Disponible dans la nouvelle collection Les Petits Gautier pour le prix de 5.20 €  !

Et hop ! n'abandonnons pas le balai trop vite !

le_balai_magique

Les balais des sorcières ne durent pas éternellement. Même les meilleurs d'entre eux, un jour ou l'autre, finissent par perdre leur pouvoir et ne peuvent plus voler… Ainsi, une sorcière, blessée après sa panne de balai, trouve refuge chez une fermière Minna Shaw qui est veuve. Et pour la remercier, elle lui laisse son balai et s'évapore dans les airs. Or, Minna va bientôt découvrir que le balai a conservé quelques pouvoirs magiques qui vont interloquer ses voisins, attiser leur jalousie, la méfiance et donc la méchanceté. La fin de cette histoire est étonnante !

Je ne sais pas vous, mais moi j'ai un gros faible pour Chris Van Allsburg. J'aime son univers, les illustrations en noir et blanc, les grandes pages qui forcent à réfléchir. "Mon objectif ", dit Chris Van Allsburg, "est d'obliger le lecteur à réfléchir, et même à travailler, comme devant un puzzle ou une énigme. Mes histoires ne sont pas de celles où tout est dit et où, à la fin, tout s'éclaircit gentiment."

Reconnaissons que c'est exactement l'objectif atteint !

Le balai magique - Chris Van Allsburg - Ecole des Loisirs.  Traduit par Agnès Desarthe.  13.00 € 

Et je poursuis la pêche aux sensations fortes ...

apprenti_epouvanteur_1

Si vous ne connaissiez pas encore la trilogie de Joseph Delaney, n'hésitez pas à vous y ronger les ongles ! De quoi se faire du mauvais sang, le temps d'une belle nuit blanche et vous découvrirez l'histoire de Thomas, le septième fils d'un septième fils, qui possède les qualités requises pour devenir l'apprenti de l'Epouvanteur. C'est une aubaine, car il n'est pas attiré par la vie de fermier. Il possède un don particulier pour voir et entendre ce que le commun des mortels ne perçoit pas. Il débute sa formation chez l'Epouvanteur, qui le teste la première nuit en l'enfermant dans une maison hantée. Pour l'heure je n'ai lu que le premier tome mais j'ai suffisamment été séduite pour me lancer dans la suite des aventures ! L'ambiance est froide, austère, un rien glaciale et inquiétante ... Que les âmes sensibles se rassurent, le ton demeure politiquement correct !

Les trois tomes sont disponibles chez Bayard jeunesse -  11.90 € le volume. 

A cet éventail de suggestions, je pourrais l'étendre davantage en citant d'autres références :

  • La trilogie de Bartiméus, de Jonathan Stroud

  • Sorcière blanche, d'Anne Marie Desplat-Duc

  • Sacrées sorcières, de Roald Dahl

  • Journal d'une sorcière & Vies de sorcières, de Celia Rees

  • La Malédiction d'Old Haven, de Fabrice Colin

  • Le fantôme de l'immeuble, de Melvin Burgess

  • Les contes de la rue Broca, de Pierre Gripari

  • Sorcier ! , de Moka

J'en parlerai bien vite des uns et des autres. Mais pour l'heure ...

J'attends vos propositions !

have_you_seen

... Harry P. For Always & Ever ! ! !  :))) 

Edit du 31 / 10 :  Et hop, une autre petite suggestion ... sortileges

Quatrième de couverture
Accroître son bien-être. Rencontrer l'amour. Séduire et garder l'être aimé. Obtenir gloire et fortune. Favoriser les voyages et les découvertes. Attirer la chance.
Découvrez 42 charmes originaires du monde entier. En fin d'ouvrage 3 charmes sous pages scellées, à n'utiliser qu'en cas d'extrême nécessité... !

Un bouquin à conseiller à toutes les apprenties sorcières !!!!

Sortilèges - Nicola de Pulford - Solar. 13.95 €

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29 octobre 2007

Les larmes de Tarzan - Katarina Mazetti

larmes_de_tarzanJ'aime beaucoup la 4ème de couverture* qui présente l'histoire avec délice : c'est donc une rencontre improbable de deux êtres qui vivent sur deux planètes différentes, elle a dépassé la trentaine, a deux enfants, vit seule depuis le départ de son mari "chez les fous" et galère avec son salaire de misère de prof d'arts plastiques à mi-temps, lui n'a pas 30 ans, il a fait fortune en jouant en bourse, il roule des mécaniques, conduit une voiture de sport, ne supporte pas les enfants et ne voit que les bimbos aux yeux de phoque pour garnir son tableau de chasse.

Et alors, comment a lieu le bing-bang fatal ? Sur une plage, à jouer les Tarzan sur une liane, Mariana s'écrase comme une crêpe sur le bellâtre qui s'en blesse les fesses en brisant sa paire de lunettes Armani. Damned ! Notre type s'emporte et riposte, tourne les talons en pestant mais succombe aux charmes de cette nana déjantée le soir même, alors qu'il est plein comme une bourrique.

La suite de l'histoire ressemble un peu à une joyeuse mixture de Pretty Woman, des Feux de l'Amour et du Péril dans la demeure. Mariana, surnommée Tarzan, est séduite par Janne mais refuse de l'aimer car son coeur est déjà pris par le père de ses enfants, interné depuis deux ans, et qui reviendra tôt ou tard les retrouver, elle en est persuadée ! Bien sûr, l'absence d'un homme lui pèse, l'envie d'un toy boy l'effleure sans vergogne et la pousse dans les bras du jeunot. Mais Janne, avec ses 29 ans et son porte-feuille bien garni, a un coeur de minet qui s'amourache bien malgré lui de cette fille impossible. Résonne alors la valse des hésitations : attirance, agacement, querelles, retrouvailles, ennui et mini drame vont s'enchaîner pour le plus grand plaisir du lecteur !

Encore une belle réussite de la part de Katarina Mazetti, LA grande prêtresse des histoires romantiques et comiques, pas des bluettes à deux centimes. A son histoire d'amour, par exemple, elle y met aussi un sentiment de profondeur pour brosser le quotidien de Mariana et qui démontre la dure réalité d'une mère célibataire pour joindre les deux bouts, donner à manger à ses gosses et s'acharner à rester indépendante. Et encore, l'histoire d'amour est elle-même peu conventionnelle, elle brise les idéaux et les clichés rebattus par les films d'Hollywood (c'est Janne, lui-même, qui le dit !). Et c'est sans doute parce que c'est moderne, parce que ça colle à la réalité, parce que ça prête à rêver aussi, on gobe l'histoire avec un sentiment d'extase et de bonheur incontrôlable ! C'est chouette, vivifiant, drôle et touchant. C'est l'effet guimauve pour soigner un moral en berne - allez-y à coeur joie !!!

Gaïa - 266 pages - Traduit du suèdois par Lena Grumbach et Catherine Marcus.

* la quatrième de couverture : Elle c'est Tarzan, lui Janne. Ils n'auraient jamais dû se rencontrer, mais voilà qu'elle lui est tombée dessus, dans tous les sens du terme, un jour où justement elle jouait à Tarzan, suspendue au bout d'une corde. Un sacré numéro, cette Mariana, et pas du tout son genre à lui, l'homme d'affaires plein aux as, habitué à collectionner les canons qu'on voit dans les magazines. Il voudrait bien comprendre pourquoi il est obsédé par cette nana fagotée comme un sac à patates, les cheveux en pétard, qui ne s'épile même pas le maillot et qui, malgré une attirance réciproque et une formidable entente sexuelle, n'est même pas amoureuse de lui. Pour couronner le tout, elle est flanquée de deux mômes impossibles, une vraie calamité pour les sièges cuir de sa Lamborghini dernier cri.

26 octobre 2007

Aimer à perdre la raison !

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En rangeant la bibliothèque de Miss C., j'ai eu quelques surprises et notamment j'ai (re)découvert un livre qui m'en rappelait étrangement un autre ...

leonie_devore_les_livresextraordinaire_gar_on

Que de petits lecteurs sacrément gourmands !

Donc voici deux histoires où on évoque la passion dévorante de la lecture. Oui, ce sont des protagonistes qui mangent leurs bouquins ... tout cru, en sauce, cuit en vapeur, accompagné de petits légumes, qu'importe ... 

Dans l'album d'Oliver Jeffers, Henri est un garçon ordinaire qui découvre par hasard le goût du livre (par un mot d'abord, puis par une phrase, une page et tadam !). L'enfant va se régaler, il avale tous les livres qui lui tombent sous la main. Et non content de se sustenter, Henri s'aperçoit aussi que cela le rend très intelligent. Alors il dévore encore plus !

Mais gare aux indigestions ! L'effet pervers de la boulimie littéraire conduit fatalement à embrouiller les neurones, les esprits, la lucidité et la déglutition. Henri est malade des livres ! Ah la la ! ... Un régime strict s'impose, à moins de se résoudre à apprécier les livres de façon plus conventionnelle !!!

Nourrir son esprit, aaah quelle belle idée, chers lecteurs !

Cette histoire est une démonstration d'esprit, de qualité et d'appréciation des bonnes choses (de la bonne chère !) à consommer avec modération. Prière de ne pas grignoter ce livre à la maison, nous dit-on en 4ème de couverture. - Trop tard ! Un petit malin est déjà passé par là !!!  (Le livre porte effectivement l'empreinte d'une bouchée goulue en bas de couverture !!!)

IMGP4899

Finalement, ce n'est pas tant le texte qui compte - l'histoire est sympathique et facile pour pouffer de rire, soit. Ce sont essentiellement les illustrations, et leurs mille et un détails qui ne comptent pas pour des prunes, qui nous envoient plein les mirettes ! On scrute ce bouquin, on guette les indices, les clins d'oeil et on pourrait se surprendre à coller son nez sur les pages pour mieux décrypter les microscopiques indications. Appétissant, tout ceci !

L'extraordinaire garçon qui dévorait les livres - d'Oliver Jeffers. Traduit de l'anglais par Elisabeth Duval.

Kaléidoscope - 28 pages -  12.50 €

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Je n'ai pas évoqué le cas de Léonie, c'est un livre qui date de 1989 (réédité en 2004, je crois). C'est une histoire qui se base beaucoup sur les Classiques et qui n'hésite pas à jouer avec les expressions à l'emporte-pièce. Les illustrations sont toutefois très jolies !

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25 octobre 2007

mémo 2004

Carmen (Nevada)

Passionnant de bout en bout, ce premier roman se lit d'une traite. La voix du narrateur, Neil Garvin, nous entraîne dans son cauchemar et nous envoûte d'effroi et de captivation. Cet adolescent de dix-sept ans, un champion de football dans l'équipe de l'école, possède toutes les qualités et tous les défauts d'un jeune de son âge. Sans scrupules, il bafoue toutes les règles, les sachant hors d'atteinte pour son statut de quaterback vedette. Mais lorsqu'un soir de beuverie trop arrosée, Neil renverse accidentellement un camarade sur la route et le tue, les choses vont très mal tourner. Pour lui, c'est la descente aux enfers, il planque le corps dans le coffre de la voiture de son père. Et pour son père, shériff de la petite ville de Carmen, près de Las Vegas, il camoufle le corps sans toucher mot à quiconque. Entre le père et le fils, une étrange relation s'établit, déjà douloureuse depuis l'enfance. La mère de Neil est partie de la maison sans crier gare, il avait juste trois ans. Cette absence creuse un profond vide chez le garçon qui en veut à son père de son silence, de son regard dur et froid, de sa violence et de ses boissons. Désormais, les rapports entre les deux sont au plus tendus, intenses et fragiles. Neil se sent couler, son père lui donne l'ordre de continuer le football. Tous deux vont tenir tête au FBI, mais jusqu'à quand. Car au-delà des scrupules et des remords, on devine que Neil devient de plus en plus fragile et vulnérable. Prêt à rompre le silence. Mais sa relation avec son père est si complexe et aussi déterminante dans la résolution de l'intrigue. C'est donc d'une main de maître que l'auteur a su jongler entre ces diverses subtilités pour un roman captivant et implacable. J'ai beaucoup apprécié.

 


 

50 façons de dire fabuleux

Ce roman de Graeme Aitken se termine comme il commence : par le mystérieux terme qu'on flanque au jeune Billy-Boy, douze ans. De tantouze à tarlouze, la boucle est bouclée. Mais au cours du roman (328 pages) le jeune garçon n'aura de cesse de se questionner sur ce mot étrange et de se cantonner à la tout autant énigmatique définition : "Des hommes qui portent des perruques, qui se déguisent avec des robes et qui ont cinquante façons de dire fabuleux". Fils de fermier dans un région reculée de la Nouvelle-Zélande, Billy-Boy aspire à ressembler à son héroïne préférée de la série télévisée "Perdus dans l'espace". Il arbore une queue de vache sous son bonnet, se fait appeler Judy, part à l'aventure en compagnie de sa cousine Lou dans les champs de son père, qui deviennent des paysages lunaires dévastés. Mais Billy-Boy va aussi connaître de nouvelles aventures : l'attirance inexplicable pour les garçons nus des magazines de sa mère, les émois avec un camarade de classe et la venue d'un garçon de ferme à la troublante ressemblance avec l'acteur David Cassidy. Les émotions complexes vont bouleverser l'existence du garçon qui va définitivement dire adieu à son enfance. Et ce roman de Graeme Aitken trace en délicatesse la métamorphose et le passage de l'enfance à l'adolescence. L'auteur utilise le jeune Billy-Boy pour raconter son histoire et par ce procédé le récit sonne juste, naïf et très touchant. On partage ses gênes, ses sentiments d'injustice, ses révoltes contre son père, ses troubles pour Roy ou Jamie, ses coups bas avec tante Evelyn ou Lou, et toutes les questions qu'il ne cesse de se poser et de tenter d'analyser. Un roman d'initiation très pertinent, léger car très innocent, et percutant car l'apprentissage est progressivement judicieux. Des questions resteront sans réponse, mais Billy-Boy aura l'illusion d'un été éternel. Je signale que ce roman a été adapté au cinéma par un réalisateur néo-zélandais.

 


L'égale des autres

 

J'ai beaucoup aimé ce premier roman d'une jeune américaine de trente ans, Laura Moriarty, qui met en scène Evelyn, dix ans. Elle vit au fin fond du Kansas, à Kerrville, petite ville qui se situe au centre des Etats d'Amérique, et donc au centre du monde. Evelyn vit avec sa maman, Tina, dans un lotissement modeste, au bord d'une nationale. Tina est une jolie femme pétulante, tandis que la petite fille se trouve quelconque, le regard endormi, les lunettes sur le nez, les cheveux ternes. Pas de père, juste toutes deux à supporter un quotidien avec des hauts et des bas. J'ai beaucoup aimé que ce soit la petite fille de dix ans qui commence le récit, avec son langage et son regard d'enfant qui rapporte les choses de la vie. Aucun travail d'introspection, comme souvent dans les romans d'apprentissage. Evelyn manque souvent de perspicacité, mais pas d'intelligence. Sa maîtresse lui a assuré qu'elle était "bénie". On la suit donc pendant huit ans, devenant adolescente puis presque jeune femme entrant à l'université. On suit son aventure, celle de sa maman, et celle des ses proches : sa grand-mère Eileen, ses amis d'école. Sous fond d'années 80 retentissantes, les années Reagan, "L'égale des autres" est un roman touchant, émouvant. Juvénile et naïf à ses heures, mettant le doigt sur des choses sensibles, c'est une histoire d'une petite fille pas comme les autres, douée et réfléchie, elle parviendra en 440 page à nous attacher à son parcours terriblement commun, mais bougrement attachant. Un premier roman à lire, sans plus attendre.

 


 

Quatre soldats

Primé par le Médicis en 2003, le roman d'Hubert Mingarelli en impose largement. C'est une histoire simple, vraiment toute simple. Où il ne faut pas s'attendre à des rebondissements, à de l'intrigue guerrière, à des révélations sur l'Armée Rouge, non. "Quatre soldats" se concentrent sur quatre hommes de l'armée russe. Leur bataillon se réfugie dans une forêt où ils vont camper pendant des mois, dans l'attente de partir, d'essuyer d'autres coups de feux, de tirs d'obus. Bref, en attendant des jours plus sombres, nos quatre soldats vont vivre en toute simplicité, contruisant cabane ou tente, jouant aux dés, pariant des cigarettes, se baladant près d'un lac, pêchant des poissons. Et puis, survient dans leur quatuor, un jeune fils de paysan qui rejoint l'armée. Les quatre soldats vont apprendre qu'il sait écrire et confine tout ce qu'il voit dans un carnet, donc ils vont lui raconter les menus détails de leur expérience dans cette forêt où ils viennent de passer de bons moments, des moments exceptionnels qu'ils vont tous garder en mémoire. Car, en fin de roman, l'heure de partir sonne et la peur les gagne. La peur combinée à la peine teintée de nostalgie.
Résumé grossièrement, ce roman possède avant tout une patte d'écriture époustouflante. Car ce n'est pas tant l'histoire limpide qui nous accroche, c'est le style de Mingarelli : épuré, net, élégant, précis. Un ton aux apparences simples mais bougrement travaillé et fascinant. Ce roman se lit à vitesse affolante et on s'attache à ces quatre soldats, à leur franche camaderie. C'est, honnêtement, un excellent roman qui mérite d'être lu et vaut bien le Prix Médicis attribué !

 


L'ennemi des fourmis

L'ennemi des fourmis" c'est Jonas, un petit bonhomme qui débarque avec sa maman, enceinte et un cocard à l'oeil, dans la campagne allemande. Ils viennent se réfugier chez la grand-mère qui ne quitte jamais sa chambre et refuse de voir le garçon car elle ne l'aime pas. Mais lui, Jonas, s'en moque : pour tromper son ennui, il traque les fourmis, les limaces et les escargots, s'en prend au chat et joue avec le feu. En trois jours l'histoire de Jonas va basculer du dérisoire au dramatique. Ce garçon a la haine au ventre, dans son monologue il s'en prend à tous ses "oncles" que fréquente sa mère, appelle son père qui voyage dans un avion et reviendra un jour... Jonas est écorché dans l'âme et dans le coeur : il voue pour sa maman un amour très fort que jamais le Nouveau (le bébé) ne pourra rivaliser. Pourtant l'histoire de "L'ennemi des fourmis" nous emmène plus loin et atteint progressivement une intensité remarquable. La fin de ce roman est éblouissant : fort, poignant, injuste et percutant. On referme ce très court roman (140 pages) avec le sentiment d'avoir reçu des bleus sur le corps et au coeur. Pas prêt d'oublier ce petit Jonas et ses aventures. Une lecture inoubliable.

 


 

Ceci n'est pas un roman

En dépit du titre, oui ! le dernier livre de Jennifer Johnston est bel et bien un roman. Une histoire touchante d'une famille qui cache des secrets : il y a trente ans, Imogen apprenait la mort de son frère Johnny, porté disparu après être parti nager en mer. Imogen a dix-huit ans, son frère vingt. C'était un nageur émérite, d'où le refus catégorique d'Imogen de croire à cette disparition tragique. La jeune fille séjourne dans une clinique depuis plusieurs mois, d'abord parce qu'elle a perdu sa voix et qu'on pense à un déséquilibre mental. Pourtant elle n'est pas folle. Certes, elle pense que son frère s'est enfui et vit quelque part, caché. Trente années vont passer, Imogen va écrire l'histoire de sa famille, fouiller dans les souvenirs, trouver des lettres d'une arrière-grand-mère qui ne s'est jamais remise de la mort de son fils pendant la guerre, lire le journal de son père, et se rappeler de cette année 1970 où tout a basculé : Johnny qui refuse de poursuivre son entraînement de natation, son ami allemand Bruno qui joue un rôle ambigu, sa mère Sylvia et la mystérieuse mais aimante Mathilde. Le roman va donc se construire comme un puzzle, on y découvre les acteurs de cette tragédie familiale jusqu'au dénouement dans les dernières pages. L'auteur prend son temps, passe du passé au présent et conclue sur un hypothétique avenir. La tournure générale est grandissime, captivante et envoûte littéralement son lecteur. C'est une lecteur rapide et divertissante, une révélation au niveau de l'auteur ! Une confirmation de la bonne santé de la littérature irlandaise. A découvrir.

 


Les peurs de Conception

 

Conception, à seize ans, se pose des quantités de questions sur son existence, ses peurs, ses troubles et ses premiers émois amoureux. Un peu décalé car l'histoire se cadre à la fin des années 80 mais attendrissant. Conception ne résout pas tous ses problèmes et l'essentiel de ses tourments conserve une certaine résonance à l'adolescence actuelle. Agnès Desarthe signe un petit roman qui met en exergue la difficulté d'être à seize ans sur un ton assez grave et teinté d'un humour ronronnant. Chargé de quelques maladresses, ce texte reste tout de même très sympathique à lire.

 


Un certain sourire

 

Il s'agissait du deuxième roman de Françoise Sagan, publié après le grand succès de "Bonjour tristesse". Cette fois encore, l'auteur s'est entourée d'une jeune fille, Dominique, qui tombe amoureuse d'un homme marié, Luc - l'oncle de son petit ami, de surcroît. Ce deuxième roman est très simple, très banal. Une espèce de bluette sentimentale, au ton déjà décalé et désabusé, certes une bluette péniblement scandaleuse pour l'époque, encore une fois, un appel fugace à l'érotisme, etc. Pour le public des années 2000, il est bien étrange d'y trouver scandale, érotisme débridé et amoralité dans les petits romans de Françoise Sagan. A relire les critiques de l'époque, tout prête à sourire ! Et pourtant "Un certain sourire" montre la naïveté et la vulnérabilité qui n'étaient pas présentes dans "Bonjour tristesse". La tendresse dans ce récit et la recherche touchante du grand amour rassure, quant à la vivacité du style de "Bonjour tristesse", elle avait heurté et laissé croire à un total manque d'impunité de la part de l'auteur. Pourtant, Françoise Sagan écrit vite et bien, un peu maladroitement dans ce deuxième livre. C'est en lisant son récit "Derrière l'épaule" où l'auteur fait le point sur l'essentiel de son oeuvre, qu'on découvre donc qu'elle faisait la rencontre déterminante d'un homme aux "yeux gris, l'air fatigué, presque triste" en contrepoint de l'écriture de son roman. "La littérature et la vie commencèrent à se confondre". Cet homme était Guy Schoeller, un éditeur, et si l'héroïne de "Un certain sourire" affirme avoir aimé un homme, connu une histoire simple, bref pas de quoi faire des grimaces... L'auteur reconnaît que c'est elle, en vrai, qui en a fait des grimaces...

 


 

Dernier refuge avant la nuit

L'ambiance générale s'avérant assez lugubre et sordide, "Dernier refuge avant la nuit" sauve tout de même son épingle du jeu par son écriture assez limpide et simple. Premier roman d'une auteure américaine, l'histoire met en lumière la difficulté de survivre à l'Holocauste à travers le portrait d'un auteur dramaturge viennois, Joseph Kruger. Son portrait est dessiné par le souvenir d'un ancien amour, Kitter Jacobs, qui se rend à Amsterdam pour ses obsèques, par un temps neigeux. Dans le train, Kitty se rappelle sa rencontre avec cet homme plus vieux de presque trente ans. Un homme qui lui a raconté par fragments sa vie, son expérience de jeune garçon qui est parti de Vienne en 1938 chez une famille hollandaise et qui par une chance incroyable a su préserver sa peau durant l'occupation allemande et échapper à la déportation. La confession de Joseph révèle un homme imbu de sa personne, de son succès auprès des femmes, de son aubaine à être passé entre les mailles du filet, à fuir pour vivre en Terre Sainte puis aux Etats-Unis. Mariages manqués, paternités désavoués, succès littéraires et vengeance du juif traumatisé par le martyr d'un peuple et son invraisemblable (et impardonnable) survie. Le roman est assez fragmenté dans son ensemble, il se compose de paragraphes courts, ciselés qui nous baladent d'une époque à l'autre, d'une pensée à l'autre, et d'un personnage à l'autre. Assez troublant au début, le procédé finalement n'est pas si mauvais puisqu'on suit le cours du récit avec grand intérêt. Un roman intéressant.

 


 

"L'après-midi de Monsieur Andesmas" fait partie de ces petits romans de quelques pages, qui ne paient pas de mine, sont sans prétention, et évidemment sont des perles dans un écrin de velours ! Oui, j'avoue mon gros penchant pour cette histoire banale, lisse, monocorde et monotone : l'attente d'un homme âgé de soixante-dix-huit ans dans un fauteuil de rotin sur une plateforme, devant une maison qu'il vient d'acheter pour sa fille, sur une colline, parmi la forêt, pas loin d'un étang. Cet homme, monsieur Andesmas, attend un entrepreneur, Michel Arc, pour parler du projet de terrasse à la place de cette plateforme au sol sablonneux. Mais Michel Arc se fait attendre et monsieur Andesmas attend. Il aperçoit sur la place du village une foule de danseurs qui s'égaient aux sons d'une musique à la mode, cet été-là. Certainement son enfant, sa fille, Valérie, est parmi eux. Elle l'a déposé dans sa voiture noire, puis elle est repartie. Lui doit attendre Michel Arc qui est aussi en train de danser sur la place du village. C'est sa fille qui lui a dit, est venu le prévenir d'excuser le retard de son père, qu'il viendra plus tard. Mais plus tard, c'est l'épouse de Michel Arc qui vient rejoindre monsieur Andesmas. Un peu figée, un peu décidée à tout dire. Quoi ? Sur la fille de monsieur Andesmas, sur cette fille à la blondeur éblouissante, sur cette Valérie qui s'affiche de plus en plus avec Michel Arc, qui rit avec lui. Et monsieur Andesmas, malgré l'amour infini qu'il porte à sa fille, doit comprendre, entendre des choses, à défaut de les deviner. Trois points de suspension ... C'est ainsi qu'écrit Marguerite Duras, en suspension. Elle laisse planer les choses, les sentiments, les attentes : le désir, l'amour, la douleur, la trahison, la colère et l'impression d'être floué. Qu'importe que ce récit soit dicté sans soubresauts, on se sent emporté par le vent dans les arbres, frappé par les rayons du soleil de cet été-là dans le Sud de la France. C'est terriblement subtil et accrocheur, enchanteur, oui !

 


L'odeur de menthe

 

On entre dans ce roman comme dans le salon de Monsieur Vincz (l'un des personnages) : ambiance feutrée, veloutée, chaude, lumineuse et silencieuse, pieuse. Qui débarque là ? Agathe, une jeune fille qui vient de fuir quelque part, partir d'un endroit qui demeure terriblement marquant pour elle. Car dans cet appartement silencieux et trop calme, les souvenirs s'acharnent et reviennent par vagues. Ils l'assaillent - "comme si toutes les émotions que je n'avais pas eu le temps ou la force d'éprouver à l'institution surgissaient enfin". Donc reviennent ces instants pénibles et nostalgiques du temps passé à être soignante dans un institut pour handicapés mentaux. En y pensant, des mots forts viennent de sa plume - débiles, mépris, saleté, violence. Mais Agathe, elle, a su supporter tout ça sans ciller. Son histoire, finalement, est terriblement creuse : silence chez Monsieur Vincz, violoncelliste, qui s'enferme dans sa pièce, ne parle jamais, sauf par écrit. Et ce silence est ce qu'on retient en fin de roman - ça et puis cette odeur de menthe. Pour un roman délicat, sensible et mine de rien poétique, "L'odeur de la menthe" s'y colle parfaitement. Pas évident à retranscrire tout ce silence et ce vide qui remplit le livre, ça le rend très touchant, émouvant presque.

 

25 octobre 2007

Le souffle du Dragon - Jean Luc Bizien

souffle_du_dragonLa cité de Selenae est menacée par les forces des ténèbres qui cherchent à s'abattre sur le royaume, malgré les sortilèges préparés par l'Empereur-Mage pour les tenir à distance. La menace semble imminente.
Sa majesté est vieillissante, il faut trouver un successeur, l'Elu comme on l'appelle. Et c'est le grand prêtre Arh'En Dal qui va, en personne, fouiller la campagne environnante pour recruter des volontaires, avec en mission d'affronter un labyrinthe impitoyable, surnommé la Gueule du Dragon.
Rares sont ceux qui en sortent sains et saufs. Et s'il n'existe toujours pas d'Elu à ce jour, c'est parce qu'aucun vaillant guerrier n'a su relever le terrible défi.

Dans ce premier livre, on suit donc l'épopée de trois prétendants, Kaylan le fils de paysan, Sheelba l'apprentie magicienne et Shaar-Lun le vagabond, ancien membre de la guilde des mendiants (un groupe de redoutables brigands).
Tous les trois vont s'engager dans un long boyau qui ressemble étrangement à la gorge d'une espèce vivante, affronter leurs pires cauchemars et devoir se battre contre des créatures maléfiques. Ce périple sera éprouvant, rude pour leur endurance, mais va aussi être l'occasion d'apprendre et de découvrir les secrets de l'Empereur-Mage.

Alors oui c'est vrai, dans ce roman, les personnages sont tous beaux, forts, brillants et dégagent du mystère, du charme et de la magie. Moi ça me plaît ! Puis vient l'intrigue, palpitante, pleine d'imprévus, qui tient en haleine du début à la fin. Et l'ambiance, inquiétante et sombre, finit de nous ensorceler, si jamais l'auteur supposait qu'on demeurerait hermétique !
Dans ce livre, autre chose importante, ce n'est pas un concours d'effets spéciaux pour bouleverser le lecteur. Il n'y a pas de surenchère idiote et gratuite, l'action est riche, bien dosée. On ne tombe pas non plus dans le piège du fantastique tellement surnaturel que c'en est ridicule, bien loin de là ! Personnellement j'ai été scotchée par ce que l'histoire nous proposait, jamais d'images immondes ne nous frappent non plus. Tout est très bien maîtrisé, ouvert à exacerber l'imagination, tout à fait captivant de bout en bout !
J'ai beaucoup aimé, vraiment. Et j'ai découvert qu'il s'agissait, en fait, d'une réédition de la trilogie de JL Bizien déjà parue en 2000.

Le souffle du Dragon est le tome 1 de la trilogie Les Empereurs-Mages. Bayard Jeunesse, coll. Les Imaginaires - 285 pages.  12.90 €

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25 octobre 2007

Elyon, t. 2 : La Vallée des Epines - Patrick Carman

  • Pour se remettre un peu dans le bain, je parlais donc du tome 1 en cliquant ici ...

elyon_2Un an après les événements du tome 1, nous retrouvons Alexa qui rejoint la cité de Bridewell avec son père où l'attend une nouvelle inattendue. Son jeune ami Yipes, le petit homme, vient lui remettre une lettre très importante de la part de Warvold, qui demande à la jeune fille de 12 ans de partir sur le champ pour accomplir une mission périlleuse.
Aidée de Yipes, de Murphy l'écureuil, d'Odessa la louve et de John, un ancien forçat, Alexa doit traverser les Monts Obscurs, la Vallée des Epines et la Cité des Chiens pour tenter de renverser le tyran Grindall qui gouverne dans la Tour Ténébreuse. En chemin, elle va affronter la fatigue, la peur, la faim, rencontrer l'Essaim Noir (une troupe de chauves-souris qui s'abat violemment sur les passants) et faire la connaissance des géants, devenus des ogres, à l'aspect repoussant et qui dégagent une odeur pestilentielle.
Plus on progresse dans la lecture et plus on découvre un univers sombre et glauque, où la magie et le surnaturel n'occupent pas le territoire, car l'ambiance d'Elyon réside principalement dans l'aura nébuleuse, dans la quête d'une jeune héroïne désignée l'Elue pour affronter des forces maléfiques.
Contrairement au tome 1, ce deuxième épisode nécessite le troisième livre (de la trilogie) pour connaître la suite des aventures d'Alexa, appelant sans nul doute beaucoup de passion, de générosité et d'émotion dans les personnages, de rebondissements dans l'intrigue.
J'ai été encore une fois séduite et étourdie par la rapidité avec laquelle on plonge dans cette lecture, totalement captivante, sauf quelques passages bancals mais qui n'ont pas un poids défaillant pour l'appréciation générale ! C'est une série captivante, qui évite certains écueils, et qui a pour seule prétention de divertir le lecteur. 
A découvrir, n'attendez plus !

Bayard jeunesse - 276 pages - Octobre 2007 - Traduit de l'anglais par Danièle Laruelle.  11.90 €

24 octobre 2007

Des histoires qui s'emmêlent et se démêlent ...

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Parmi le florilège de jolis livres reçus, je dois dire que Rien à voir m'a tout de suite tapée dans l'oeil. Pourquoi ? Sa couverture, son charme, son esprit coquin, cette promesse de candeur, bref c'était déjà un chouette programme ! Et puis, j'ai ouvert le livre et dès la première page, plaf ! j'ai été ravie ... sourire béat d'une oreille à l'autre ... ça peut paraître bête à dire et à lire, mais j'ai eu le sentiment de voir et retrouver ce que je pense de ma petite fille (ah ! ce sacro saint sentiment maternel qui vous étouffe et vous gonfle béatement de fierté ! ...). 

« Elle, c'est comme si un bouquet de papillons multicolores sortait de sa tête à tout heure. Comme un éclat de rire. »

rien_a_voirElle, c'est Sidonie. Une petite fille avec des lunettes rondes, l'esprit ailleurs, un peu rêveur... Elle rencontre dans la cour de récréation Marius, un garçon premier en tout, qui veut tout savoir, tout comprendre, tout connaître. A elle de poser tout le temps les questions, et à lui d'y répondre sans cesse. Ces deux-là sont donc totalement opposés, ils se chamaillent et s'affrontent avec leurs propres théories ... rationnelles contre poétiques.

Mais la morale de cette histoire est très jolie, puisque  « A nous deux ... on a les pieds sur terre et la tête dans les étoiles ! »

Cette histoire vise à réconcilier les poètes et les scientifiques et, pour ce faire, deux enfants se renvoient la balle à coup de questions intempestives sur ce qu'est le monde. Pour découvrir, savoir, inventer, il faut savoir rêver et imaginer. Pour rêver, il faut connaître la réalité... Sidonie et Marius ne posent pas les questions de la même façon, mais le fait de les poser reste essentiel ! Sidonie,  « toujours à poser des questions, l'air étonnée de tout, et toute gourmande de mots » et Marius,  « la regarde et voit le monde autour d'elle et, dans ses yeux, le reflet d'un autre monde. Un monde très beau. »

Oh oui, c'est très beau ! J'ai beaucoup apprécié ce petit livre, mis en lumière par le formidable travail d'illustrations de Stéphane Girel. Hélas ... il me faut admettre que notre Miss C. a été un peu larguée par le flot de questions et n'y comprenait rien du tout !!!! Dommage (pour elle). Ce livre est superbe, mais il faut vraiment faire attention à accompagner l'enfant dans cette lecture !

Rien à voir - de Franck Prévot - Illustrations de Stéphane Girel.  Editions du rouergue, coll. Varia. 40 pages.  13.50 €

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le_nidC’est la fin de la journée, un petit garçon attend son papa dans la cour de l’école. Mais alors que les autres parents viennent à pied ou en voiture, c’est du ciel que le sien arrive! Et c’est sous son aile qu’il chemine avec lui jusqu’à la maison… un nid douillet niché au coeur d’un arbre touffu, au centre de la ville. Quand sa maman et son petit frère arrivent, c’est la magie des retrouvailles et le bonheur d’être tous réunis. Peu importe les cauchemars, couvé par l’amour parental, l’enfant se rendort paisiblement jusqu’au lendemain matin. Et parce qu’il faut apprendre à devenir grand pour prendre son envol, c’est avec plaisir que le petit garçon prend à nouveau le chemin de l’école sous l’aile de son papa …

En fait, je n'ai rien à dire sur ce livre et le mieux pour lui est de le feuilleter pour le savourer. Parce que c'est une histoire simple, sur la sublimation du quotidien à travers les gestes que font les parents pour leurs enfants et sur la façon dont les tout-petits les perçoivent. Et c'est alors qu'on comprend que le foyer est un cocon,  « le nid », et que le papa (oui, ce livre a privilégié le papa, trop souvent absent dans la plupart des histoires, c'est vrai !) donc le papa prend une allure de  « héros » avec ses ailes, son rôle de libérateur et de protecteur.

Une histoire qui illustre à merveille l'expression  « l'amour donne des ailes » !

Signalons pour finir que David Merveille, illustrateur de cet album, avait déjà retenu notre attention avec le récent Juke-box (nous en parlions ici !).   « Le nid » conviendra aux plus jeunes !

Le nid, de Zidrou - illustrations de David Merveille - Ed. du Rouergue, coll. Varia - 32 pages.  12.00 €

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un_calinEt un p'tit dernier pour la route, et qui offre la particularité de se présenter dans un coffret contenant un livre et deux doudous en forme de virgule ...

Deux formes colorées se croisent, se mêlent et s’emmêlent. L’une verte, l’autre orange, elles s’approchent, se touchent, s’imbriquent et se mélangent finalement dans un tourbillon de mousse vrombissant. Est-ce une chorégraphie amoureuse ou une dispute ?

L'histoire est étonnante et j'ai volontairement coupé la fin de la présentation de l'éditeur pour ne pas  « émousser » le secret !!!  Parce que moi, oui môa môa môa, j'ai eu l'esprit un peu mal placé et je me suis imaginée des choses polissonnes ... Mais force a été de me raisonner, puisque ce livre s'adresse à nos chers bambins (les plus jeunes, à mon humble avis). Donc, haem, haem ... l'issue ne manquera pas de vous tirer quelques petits sourires - vous arrachant de l'esprit l'impression furtive d'une  « autre chose » ! ... *soupir*

( Mais je maintiens que ce livre est libre de toute interprétation !!!! )

Un câlin - de Jean Gourounas - Ed. du Rouergue.  32 pages  -  15 €

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IMGP4890

Sidonie !!!! ***

23 octobre 2007

Entre Dieu et moi, c'est fini - Katarina Mazetti

entre_dieu_et_moi_c_est_finiLinnea est « une douce petite fleur d'un mètre quatre vingts, une lycéenne proprette, en bonne santé, bien nourrie, suédoise et même pas anorexique ». Elle a seize ans, se trouve quelconque et cultive les soucis par milliers.
Linnea est en effet bourrée de complexes, à cause de sa taille, de sa poitrine plate, de sa timidité. Et puis elle est seule et se sent différente de ses camarades d'école. Bien sûr, elle avait cru sa vie changée depuis la rencontre de Pia, une grande bringue comme elle, mais qui ne manquait ni d'assurance ni de répondant. Et ainsi Pia et Linnea sont devenues « amies pour la vie » - enfin, pour cent vingt jours.
Parce que Pia est morte. Comment, pourquoi ? On ne le découvre qu'à la toute façon du livre. (Voilà pourquoi je recommande de ne surtout pas lire la 4ème de couverture qui en dévoile beaucoup trop !)
Donc, pour défouler son chagrin et sa frustration, Linnea s'enferme dans le dressing de sa grand-mère et parle, parle, parle ... face au mur.

Ce petit roman (de 155 pages) est finalement très attachant, à la fois drôle et émouvant. Cela commence par les tribulations d'une adolescente, mal dans sa peau, amoureuse du beau gosse mais exaspérée de n'attirer qu'un pot-de-colle avec des longs bras tout mous. Guère aidée sur le plan familial non plus, la jeune fille se rend une fois par an chez un père fermé d'esprit et vit le reste du temps chez sa mère avec son nouveau petit ami et leur fils Knotte, adorable bambin de neuf ans, très intelligent.
Linnea est une jeune fille qui se pose des questions, sur Dieu notamment, sur la signification de la mort, et la légitimité de penser et pleurer son amie perdue. En gros, ses réflexions oscillent entre le superflu et le très profond.

« J'ai eu envie de prendre ces deux pimbêches par la peau du cou et de cogner leurs crânes l'un contre l'autre. Et ensuite de me procurer une tronçonneuse, de les couper en morceaux, les jeter dans les toilettes de l'école et tirer la chasse d'eau. Je ne trouve rien de mieux que de me faire des films pareils au lieu d'avoir des répliques intelligentes et qui font mouche. Et bien sûr, moi aussi j'ai rougi comme une fraise. Anna Sofia savait exactement comment taper dans le mille. »
Ou bien :
« J'ai collectionné les souvenirs de Pia avec la prudence d'un archéologue qui découvre les vieux débris d'une cruche, et je les ai enfermés dans des boîtes. Peut-être seront-ils un jour couverts de poussière, peut-être se décomposeront-ils quand ils reverront la lumière. J'ai remarqué que quand on raconte une chose vécue, un voyage ou un bon film, après quelque temps seulement on ne se souvient plus que de son propre récit, et non pas de l'événement réel. C'est pareil pour Pia aujourd'hui. Je me rappelle uniquement mes propres souvenirs d'elle, et non d'elle-même. »

Pour plusieurs raisons, je conseille aussi la lecture de ce roman aux adolescents, dès 15 ans. Le ton, le cynisme et l'auto-dérision seront des atouts imparables pour les séduire.
Et pour ceux et celles qui ont adoré le très plébiscité « Le mec de la tombe d'à côté », LE livre qui a révélé Katarina Mazetti, ne boudez pas votre plaisir et offrez-vous un retour en adolescence, avec son lot de tourmentes et de questions « hautement » existentialistes ! Le monologue de Linnea saura vous toucher, la plume de l'auteur faisant toujours mouche !
A ce propos, l'auteur écrira deux autres romans mettant en scène Linnea. Dépêchez-vous donc de faire sa connaissance !

Gaïa - 155 pages - Octobre 2007.  13.00 €   * Traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss *

Illustration de couverture : 2003 - Guy Delcourt Productions - Jenny

22 octobre 2007

Le royaume d'Outrebrume, III. L'héritière d'Outrebrume - M.I. McAllister

Rappel des précédents épisodes :

Par une nuit étoilée, un drôle de bébé écureuil au pelage clair est recueilli sur le rivage de l'Île d'Outrebrume. Baptisé Oursin, le jeune orphelin grandit au milieu des écureuils, loutres, hérissons et taupes qui vivent en paix sur l'île, gouvernés par un roi juste et bon. Cette paix vole soudain en éclats le jour où un capitaine perfide, Bogue, décide de s'emparer de ce royaume prospère et de détourner sa richesse. Puis un drame survient, qui achève de plonger les habitants dans une profonde affliction : Culbute, le prince héritier, est assassiné. Le capitaine Crispin, qui vient de prendre Oursin comme page, est injustement accusé et condamné à l'exil.

Dans le tome 2, un mystérieux navire vient d'aborder l'île d'Outrebrume. La mission des ambassadeurs qui débarquent est de trouver et de ramener l'Ecureuil Marqué dont une ancienne prophétie a annoncé la venue. Tous les habitants de l'île sont dans la fièvre à l'approche du couronnement de Crispin. Mais les préparatifs sont interrompus par l'arrivée inopinée de visiteurs officiels venus d'une île voisine. Et l'on découvre peu de temps après qu'Oursin a été enlevé. Commence alors pour lui une captivité pénible dans une île inhospitalière gouvernée par des fous sanguinaires, et pour ses amis d'Outrebrume, une interminable attente.

Tome 3 :

outrebrume_3Après les dernières palpitantes aventures, les îliens d'Outrebrume sont enchantés de vivre un instant de répit et de fêter le baptême de Chatoune, la fille du couple royal, Crispin et Cèdre. Cependant, ce moment de liesse ne sera qu'une brève parenthèse car de nouveaux raz-de-marée vont ravager le royaume et ses habitants.
D'abord, l'héritière disparaît. Puis une épidémie de typhoïde s'abat sur l'île, et enfin une pluie torrentielle suivie par une marée de boue vont finir d'abattre le moral des Capitaines du Cercle, du roi Crispin et des suivants, Oursin, Finaiguille et compagnie.
Et c'est dans le pire que naît souvent le plus dingue, avec le grondement des rumeurs, des mécontentements et le fait que Bogue, le tyran, soit ressuscité et responsable de tous ces malheurs !

Pour clore la trilogie, l'auteur Margi McAllister a donc décidé de se replier sur le royaume d'Outrebrume où le danger pointe de manière insidieuse. Dans ce tome, on croise les spectres de la folie, la vérité crue et dérangeante de la découverte des origines (je pense à l'écureuil Fingal, l'ami d'Oursin), à la jalousie, la bêtise et l'ignorance, au sentiment de peur, à la volonté de trouver un coupable, quitte à nommer un innocent dont le seul tort est de ne pas appartenir à Outrebrume depuis des générations et des générations !
L'action dans ce tome 3 est plus lente, parce que la menace est partout. Elle surprend les personnages principaux, tous plus attachants les uns que les autres, toujours conformes à l'évolution de la série. Et cela paraît presque irréel de fermer le livre, incapable d'imaginer qu'on abandonne les rivages d'Outrebrume pour de bon, qu'on laisse derrière soi Oursin et tous ses amis, qu'on ne sera plus à leurs côtés pour vibrer à toutes leurs passionnantes aventures !
Si vous ne connaissiez pas encore la série, n'hésitez pas à lire le tome 1 « Oursin des Etoiles » (disponible en folio junior).

Gallimard jeunesse, collection Hors Série Littérature. 360 pages.  13.00 €

Illustrations Omar Rayyan. Traduit de l'anglais par Philippe Morgaut.   Dès 9 ans.

  1. tome 1 : Oursin des Etoiles

  2. tome 2 : Le prisonnier de Grisemine

21 octobre 2007

Un ami qui vous veut (vraiment) du bien !

En 2006, apparaissait sur la "grande" scène littéraire le personnage de Bogueugueu. Je reprends ici l'avis du site Ricochet pour vous rappeler ou faire les présentations : Ce premier épisode d’une série qui voit une nouvelle collaboration entre Béatrice Fontanel et Marc Boutavant se présente sous la forme d'une chronique de la vie à l’école. Ferdinand Pompom y décrit l’arrivée de Basile Tambour, un nouveau élève qui se fait appeler par ses pairs « Bogueugueu » à cause de son défaut de prononciation. Subissant les moqueries de ses camarades et mis à l’épreuve dans les cours, ce petit homme devra trouver ses marques. Même s’il lâchera prise à un certain moment, Basile finira par y arriver et deviendra même l'ami de Ferdinand Pompon. Dans l’esprit du Petit Nicolas, un ouvrage bien mené où les enfants pourront s’y retrouver aisément.

bogueugueu_entre_en_sixiemePourquoi tant ce cérémonie ? Mais parce que vient enfin de paraître le deuxième livre de cette série : Bogueugueu entre en sixième. Et croyez-moi, une rentrée comme celle que vont vivre nos deux compères, nombreux sont les collégiens à souhaiter la vivre !!!

Pour ce premier jour en sixième, Bogueugueu a décrété qu'il avait une laryngite et qu'il lui était donc im-po-ssi-ble d'ouvrir la bouche, de parler tout court. Un bon moyen pour faire l'anguille, suppose Ferdinand, un peu piqué que son meilleur copain ne joue pas franc jeu avec lui, plutôt que faire son cinéma. Qu'importe ! l'arrivée au collège va vite les prendre au dépourvu car, au lieu d'une salle de classe en bonne et due forme, nos collégiens sont accueillis dans un préfabriqué car l'école est en travaux. Et ça dure ! et ça fait un vrai chambard ! ... A tel point que le professeur de français, Madame Rosmorduc, va pousser sa classe vers la sortie et prendre ses aises dans un parc !

Etrange journée à l'horizon, pensent nos petits héros, bien heureux de la tournure des événements. Et ils se sentent tellement bien dans leurs baskets que Bogueugueu va se sentir l'envie de confier son handicap qu'est le bégaiement à travers une rédaction bien tournée, bien gentillette.

Les nouvelles aventures de Bogueugueu et son copain Ferdinand sont donc un condensé de jubilation, d'amitié et de solidarité, beaucoup d'humour et de légèreté. L'histoire montre qu'une rentrée au collège peut finalement être une journée atypique et merveilleuse, même si on a fort la trouille de franchir le cap (et c'est normal !).

Très belles illustrations de Marc Boutavant (qu'on retrouve aussi sur Ariol et Mouk par exemple) et qui accentuent l'impression de fraîcheur, de tendresse et de candeur.

A tenter !

Bogueugueu entre en sixième - par Béatrice Fontanel - illustrations de Marc Boutavant.   Dès 6 ans.

Gallimard jeunesse.  48 pages.  9.00 €

bogueugueu_mon_copainDisponible aussi :

Mon copain Bogueugueu.

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