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Chez Clarabel
6 avril 2007

L'éveil - Kate Chopin

eveilAu large de La Nouvelle-Orléans, sur une île au nom de Grand-Isle, Edna Pontellier séjourne avec ses deux enfants dans une pension de famille tenue par Mme Lebrun, en compagnie d'autres estivants qui s'adonnent aux douces joies de la baignade, des soirées musicales et du badinage. Edna y rencontre Robert Lebrun, un jeune homme qui fait le joli-coeur et parvient à séduire la jeune femme.
Mariée depuis 6 ans à Léonce, Edna s'estimait heureuse et bien établie. Pourtant, son être intérieur commence à la tirailler, à forcer ses pensées à s'éveiller, " un sentiment indescriptible d'oppression, venu sans doute d'un coin obscur de sa conscience, emplissait tout son être d'une vague angoisse. C'était une ombre, une brume traversant la claire journée d'été de son âme. C'était étrange et nouveau; c'était une humeur ".
Cet été signifiera à Edna un grand tournant. Attirée par Robert, freinée par sa réserve, mais décidée d'en découdre malgré le départ de celui-ci, Edna va décider de s'affranchir. Elle décide de se consacrer à la peinture, de tenir tête à son époux, de se libérer des convenances. Edna Pontellier va connaître "L'éveil" de son corps et de son coeur. Pour l'époque, c'est un désir d'émancipation qui soulève l'indignation et jusqu'au bout la conduite d'Edna sera jugée immorale... Du moins, par l'ensemble des critiques et des lecteurs de cette année 1899 qui salue la parution du roman de Kate Chopin.
Aujourd'hui, il n'est plus question de s'émouvoir et s'offusquer. Au contraire, ce roman reflétait les prémices d'une volonté de la femme à conquérir son indépendance et écouter son attirance pour suivre ses instincts en se coupant de l'autorité masculine. Edna Pontellier est une femme à la fois entière, prise en étau, soucieuse de son bien-être, écartelée, victime de sa mélancolie gagnée par sa prise de conscience. C'est aussi l'ombre de la torpeur caractérisée par l'été languissant qui se poursuit par un été indien durant lequel Edna ne fait que confirmer la naissance de sa sensualité éclatante.
"L'éveil" de Kate Chopin est un roman très sensible, sans odeur sulfureuse, mais où émerge l'accord tacite d'une volupté prête à éclore. Magnifique !

Piccolo chez Liana Levi

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5 avril 2007

Snobs - Julian Fellowes

snobsEdith Lavery, standardiste dans une agence immobilière de Chelsea, fait connaissance du fils Charles Broughton, lors d'une visite au château Broughton Hall. Le jeune homme est séduit et entreprend de la revoir. Une idylle va naître, qui n'est pas aux goûts de l'entourage de cette "gentry" britannique.
Très vite, Edith la roturière fait son entrée fracassante dans ce milieu huppé du Grand Monde. Elle n'appartient pas aux us et coutumes de cette classe sociale. Lady Uckfield, sa belle-mère qu'on surnomme Googie, a le sourire pincé de celles à qui on met sous le nez un plat peu ragoûtant mais que la bienséance vous oblige à décréter "onctueux".
Edith est une jolie fille, blonde aux grands yeux et aux bonnes manières, pourtant son arrivisme ne trompe personne, mis à part Charles. Le mariage est conclu, mais très vite Edith s'ennuie sous ce faste artificiel. Il devient vite apparent qu'elle n'a pas épousé Charles Broughton par amour, qu'elle commence à le déprécier et afficher son mépris en public !
Comble de tout, Edith provoque un scandale en s'exhibant aux côtés d'un acteur, Simon Russel.

Hauts et bas d'une roturière sans vergogne, dont le vrai crime n'était pas d'avoir épousé Charles sans l'aimer, mais de l'avoir quitté par amour pour un autre. "Sa folie : avoir renoncé aux fausses valeurs qu'elle avait adoptées en épousant Charles pour retourner aux valeurs éternelles. Ce n'était pas une attitude mondaine, conforme aux règles de l'aristocratie britannique."
Ce 1er roman de Julian Fellowes, scénariste de "Gosford Park" (à voir absolument !), est la peinture actuelle d'une pièce montée décrite avec humour, tendresse et acrimonie. L'histoire ressemble à celle d'hier, mais elle est plantée de nos jours. Elle suit les pas d'une Edith Lavery nourrie par sa mère de rêves à la Barbara Cartland et qui s'écroule sous la réalité de la condition de Milady. On l'aime et on la déteste. Mais à travers elle, c'est une façon de rappeler des codes rigides où l'on se défend d'être snobs dans cette bonne vieille aristocratie anglaise, qui dénigre sans retenue la bourgeoisie londonienne, parvenue et sans cachet. Il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes, en gros.
On partage les petites combines pour corrompre les retrouvailles, pour évincer définitivement cette petite dinde qui jette l'opprobre sur leur milieu très fermé. On assiste à l'opportunisme, aux élans d'amour, aux actes inconsidérés, aux tentatives de réconciliations, et cela se passe sous le couvert délicieux des parties de thé, des rendez-vous à Ascot, dans des salons où l'on reçoit une invitation au nom de Madame. Tous ces codes sont rapportés avec élégance, sans honte de dénoncer les couches d'hypocrisie, telle une délicieuse satire digne de Jane Austen, acidulée d'un soupçon d'Evelyn Waugh.
A déguster, avec thé et scones au raisin. Quelques scènes valent leur pesant d'or, cf. la nuit de noces !

JC Lattès - 375 pages

4 avril 2007

Comment se passer d'une maman ...

Non, ce n'est pas moi qui le dis. C'est ma Miss C. qui découvre avec son nouveau livre un CD lu par Pef : Au loup tordu ! (ou comment on peut se passer d'une maman). au_loup_torduOui, vous avez reconnu l'histoire célébrissime du jeune prince de Motordu !? C'est une série qui remporte un très grand succès auprès des enfants, et d'ailleurs les livres sont même étudiés à l'école !

Il faut reconnaître que le principe est tout à fait drôle et ingénieux. Pef crée un personnage qui déforme les mots et les expressions comme le font souvent les enfants lorsqu'ils veulent répéter des mots. Le texte et ses mots tordus sont illustrés au pied de la lettre ce qui donne un attrait comique et poétique à la série. Ainsi les mots et les dessins ne vont pas l'un sans l'autre, c'est devenu un véritable exercice de style ! (Wikipedia)

Dans Au loup tordu !, le jeune prince sort son troupeau de boutons qui doit prendre gare aux coups de baron. Et sur une jolie colline fleurie, ce petit monde repose en paix quand survient un loup étranger à l'air bien égaré. Bonjour, jeune suis pas d'ici, je ne parle pas bon votre langue. Et, en se grattant la tête, le loup expliqua qu'il était venu de l'étranger spécialement pour manger quelque chose de très bon, mais dont, hélas, il ne se rappelait pas le nom ! Cette chose fait bêêê ... au_loup_tordu_2bêêê ... et se termine par on. Des boulons, des croûtons, des bonbons ? Des boutons ?! Content de lui, le jeune prince lui indique son troupeau en le prévenant qu'il risque de ne pas être rassasié. Qu'importe, il peut trouver des boutons partout. Mais malheur ! le loup étranger s'attaque à tout le monde pour dévorer ... des boutons ! Qu'à cela ne tienne ! L'histoire n'en reste pas là, car le jeune prince conseille au loup de coudre des moutons sur ses habits avant de rentrer dans son pays.

Quel charabia ! Pourtant, on ne peut pas dire qu'on fait avaler des couleuvres à nos enfants avec ces belles inventions astucieuses. Jamais dupe, le jeune lecteur rebondit aussitôt pour corriger les fautes du prince de Motordu ! Ce qui m'amène directement à parler du Cd : deux pistes sont disponibles. La 1ère est l'histoire lue par Pef lui-même et la 2ème est un exercice d'écoute qui invite l'enfant à reprendre les "mots tordus" du prince. Pas mal ! L'histoire lue est festive, avec musique, mise en scène etc. pendant presque 10 minutes. Toute une collection est disponible chez Gallimard jeunesse, en folio benjamin, à partir de 3 ans. Pour en découvrir plus, cliquez ici !

cacatoes

Autre sélection : Les cacatoès de Quentin Blake. Voici une histoire très drôle où le Professeur Dupont accomplit tous les matins le même rituel et salue ses 10 cacatoès d'un joyeux "Bonjour mes petits amis emplumés". Les cacatoès en ont un peu assez et décident de lui jouer un vilain tour. Ils s'échappent et vont se cacher quelque part dans la maison. Mais où ? Pas dans la salle à manger, pas dans la cuisine, pas dans la chambre, pas dans la salle de bains, ...  Non, vraiment pas ? Avez-vous bien regardé, Professeur Dupont ?

Et la fin aussi est très, très drôle ! Vraiment, il y a décidément des gens qui n'apprennent jamais rien !

cacatoes_2

Quentin Blake est une valeur sûre, illustrateur des plus grands auteurs britanniques, dont Roald Dahl. Il faudrait être bien difficile pour ne apprécier sa patte humoristique et l'histoire subtile et légère qu'il propose. C'est fin, lu sur le cd en moins de 4 minutes, avec mélodie entraînante, et un exercice proposé (des questions sur le texte). Plaisir et initiation font bon ménage !  Le site web de Quentin Blake

Gallimard jeunesse / folio benjamin - Livre avec Cd.

IMGP2328

Un petit oiseau s'échappe ...

3 avril 2007

Au théâtre, les enfants !

En recevant ce livre, j'ai été folle de joie de découvrir un très bel album qui parle de théâtre et qui soit accessible pour jeunes lecteurs, dès 7-8 ans. En plus de son histoire sympathique, ce livre offre la possibilité de parcourir les coulisses d'une pièce et de donner toutes les clés pour monter soi-même sa mise en scène.

arlequinPour ces multiples raisons, je conseille fortement ce livre aux enseignants et aux parents qui se creusent la tête pour occuper leurs enfants, ou encore pour remplir une après-midi goûter d'anniversaire !

C'est donc l'histoire inspirée de la comédie de Goldoni, dramaturge italien du 18ème siècle, qui met en scène Arlequin, personnage central de la Commedia dell'Arte. A la plume, c'est en fait Sylvia Lulin (auteur et illustratrice ayant une grande expérience du monde du théâtre) qui a décidé d'adapter en langage clair ce Classique. Grâce à ses dessins colorés, elle raconte avec simplicité l'enjeu de cette comédie.

L'histoire débute avec l'annonce du mariage entre Clarice et Silvio mais l'arrivée impromptue d'un dénommé Federigo Rasponi met tout à plat. Clarice lui était promise, les nouvelles fiançailles déclamées sont annulées. Or, personne ne devine que Federigo est un déguisement qui dissimule Béatrice, la soeur du prétendant, venue exprès à Venise de Turin pour retrouver la trace de Florindo, l'homme qu'elle aime et qui a tué son frère pendant un duel. Elle est accompagnée de son serviteur, le fameux Arlequin. Quel coquin ! Tiraillé par la faim, celui-ci décide d'entrer au service d'un gentilhomme arrivé dans la ville, et qui n'est autre que Florindo ! ... Nous voilà au coeur d'une situation de quiproquos, d'entourloupes et de chassé-croisés forts à-propos.

Cette adaptation est fidèle. Elle devient un outil enthousiasmant pour les enfants et les parents. La pièce est racontée avec humour, elle rapporte avec précision les méandres de la comédie. Le personnage d'Arlequin est dévoilé dans toute sa splendeur : menteur, polisson, impertinent et rusé comme un singe. Il parvient à embobiner deux Maîtres, ce tour de force. Avec beaucoup de peine et quelques boulettes, il est vrai. Il est fin, cet Arlequin !

 

 

 

 

 

En fin de livre, vous découvrirez un hors-texte de douze pages "un carnet de mise en scène" qui explique dans les plus stricts détails les combines pour monter soi-même sa pièce de théâtre et en faire un succès ! (Petite introduction sur Goldoni, la peinture italienne du 18ème, puis préparation au jeu, lecture de la pièce à voix haute, le choix des rôles, les répétitions, et autres trucs et astuces ! ).

Arlequin serviteur de deux maîtres, par Carlo Goldoni - traduit, adapté et illustré par Sylvia Lulin. (Gallimard jeunesse, Hors Série / Giboulées)

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Hourra ! Sortons le boudine ! J'ai réussi ! Ils sont tous contents, ils ont été servis et ils ne veulent plus rien... J'ai servi à table deux maîtres et aucun ne s'est rendu compte qu'il y en avait un autre. Mais puisqu'il y en avait deux, maintenant, je vais manger pour quatre. Réjouis-toi, mon petit ventre !  (Arlequin)

3 avril 2007

Des filles de la côte Est - Courtney Eldridge

des_filles_de_la_cote_estVoilà comment ça se passe : je rédige une première phrase, je lis ce que je viens d'écrire, et je l'efface aussitôt. Ensuite, je commence une histoire complètement différente et je rédige une autre première phrase. Puis la première phrase d'une autre histoire, et ainsi de suite. Toutefois, il m'arrive de ne pas effacer aussitôt après avoir écrit, il peut se passer une semaine, parfois plus, avant que cette phrase (ce paragraphe, cette page, ces vingt pages) ne commence à me déplaire. Au début, en général, j'ai l'impression que la phrase convient, je la trouve même bonne. Dans ces moments-là, comme je suis contente de ma phrase, je la lis et la relis en continuant à travailler sur l'histoire, j'avance, je progresse. Puis, à l'occasion, ce que je viens d'écrire me satisfait, je deviens enthousiaste, joyeuse, la vie est merveilleuse. Hélas, ça ne dure jamais...

J'ai été un peu déçue par ce 2ème livre de Courtney Eldridge, dont j'avais beaucoup apprécié le précédent "Record à battre". Cela pêche à cause d'un quelque chose non identifiable. Peut-être ce sentiment de lire des confessions diffuses, moins centrées, qui se délitent au fil des pages qu'on tourne, en réprimant un petit soupir ... J'ai lu le 1er texte en souriant, le 2ème un peu moins, le 3ème en fronçant les sourcils, etc... Pourtant il y a une vraie écriture chez cet auteur, un style qui rappelle les filles de Sex and the City, avec New-York en fond de course, du babillage interminable, et des névroses ... conséquentes !  Phébus - 235 pages

record_a_battreMON AVIS SUR RECORD A BATTRE : Ancienne championne de baisathlon, Christine est désormais mariée à Joel, un beau garçon du genre sportif. Lors de leur premier rendez-vous, au bowling, elle lui avoue tout de son passé, mais sans entrer dans les détails. Joel semble conciliant, lui est davantage passionné par les rencontres de bowling ou de base-ball. Mais au fil du temps et de leur vie à deux, ce passé refait surface, surtout lorsque Christine apprend qu'elle ne détient plus le record. Joel, frustré par une vie sexuelle de plus en plus transparente, se pose des questions sur sa jeune épouse et ses prestations antérieures; Christine préfère se taire mais souffre également de ne pouvoir communiquer avec son mari.  A partir d'un sujet des plus légers, Courtney Eldridge finalement creuse la couche superficielle pour révéler les failles d'un bonheur fragile, autour d'une héroïne sympathique, fraîche et rigolote. Le début est volage, bon-enfant, quand Christine croise dans la rue un ancien amant dont elle ne se rappelle plus le prénom. Découle son histoire, son premier rendez-vous avec Joel, leurs passions communes pour le bowling, le base-ball, puis les prouesses "sportives" de la jeune femme. C'est au fil de la lecture qu'on découvre un ton plus recherché, moins futile, les blessures secrètes de Christine. C'est franchement une très agréable lecture, un petit livre détonnant et dynamique, idéal pour les vacances, beaucoup de fraîcheur, de tonus et une héroïne attachante et charismatique !   (Cf. L'avis moins enthousiaste de Laure )

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2 avril 2007

Je t'aime beaucoup ~ Gabrielle Ciam

Ce livre peut se prendre comme un plaidoyer contre l'homme et son incapacité à comprendre la femme, aussi bien sa compagne, sa maîtresse, son grand amour, ou tout le reste... Car entre la narratrice et cet homme beaucoup plus âgé, présentateur de la télévision, il n'y a aucun doute sur la maturité de l'un et l'autre. La femme est gagnante ! Même à dix-sept ans, lors de sa première rencontre avec lui, la jeune fille va décider elle-même du tournant de son existence, suivre les pas de cet homme qu'elle sait/devine indispensable pour les années à venir. Trois ans seront accordés à ce couple inégal, dans lequel l'un aime éperdument l'autre et accoure dès qu'il siffle, alors que celui-ci la bafoue dans des hôtels minables, la voit entre-deux, au-delà de sa vie maritale...

Non, ce n'est pas une banale histoire d'adultère, ni de romance à la Lolita. Car dans "Je t'aime beaucoup", la narratrice fait un travail d'introspection. Vingt-cinq ans ont passé quand elle revoit cet ancien amant, par hasard, elle l'aborde, prend un verre, se souvient du passé... Un ange passe, "quelque chose bouge en elle, un long ressac qui vient de loin, de profond" et réveille des souvenirs éteints. Entre l'émerveillement de la première fois, les désirs assouvis instantanément, la solitude, la colère, la méprise ou la jalousie... la narratrice aura plus d'une fois de la difficulté d'apposer le nom sur ... quoi ? cette histoire, liaison ou aventure ?..

C'est beau et simple. Gabrielle Ciam écrit sans tralalas, elle parle des histoires d'amour qui ont vécu, bouleversé les êtres mais "où va l'amour quand on n'aime plus?". Le roman tente d'y apporter une réponse, du moins une clairvoyance. Mais ces anciens amants se trouveront-ils en face ? Quand l'un dit : "Je t'aime beaucoup", et l'autre répond : "Tu sais, le beaucoup est de trop pour une femme de plus de quarante ans!"... on sourit, eh oui ! C'est le grand drame actuel : les hommes et les femmes ne se comprennent pas !

lu en avril 2005

2 avril 2007

44 (Un an de vie d'écrivain à la maison) - Kirsty Gunn

44_un_an_de_vie_d_ecrivainKirsty Gunn fête ses 44 ans. En cette journée spéciale, elle se rend avec son mari et leurs deux petites filles dans la brasserie où ils entassent leurs plus beaux souvenirs. Ce soir-là, l'écrivain s'aperçoit qu'elle n'a pas écrit une ligne depuis la naissance de ses enfants. Son mari lui demande quand elle se sentira capable de se "remettre pour de bon à écrire quelque chose".
Oui, très bonne question. Un simple regard vers ses petites filles et c'est un flot de pensées qui l'assaille. Car Kirsty vit et travaille chez elle, complétement dédiée à ses enfants, incapable de s'enfermer dans un bureau pour plancher sérieusement. Non, il lui faut sa table sur le palier, les bruits familiers, le dérangement, la bousculade.
Alors d'accord, elle relève un défi incroyable : consigner 44 textes pour marquer l'année à venir, pour parler de la "vie d'écrivain à la maison". Quarante-quatre fragments de genres différents qui ont une chose en commun : ils sont écrits par cette femme qui vit à cette époque de sa vie une existence pleine, nourrie sur le plan imaginaire par ce qui se passe dans son univers familial.
Un univers riche, intéressant et stimulant.

Car autre constat amer : Kirsty Gunn s'aperçoit qu'on parle très peu de la vie domestique dans la littérature, que ce n'est pas un thème abordé dans les livres, que les auteurs font l'impasse sur cet ordinaire qui est pourtant le lot quotidien de la plupart d'entre nous.
Pourquoi ?
Voilà un peu comment se compose ce livre. Il est étrange, biscornu, rapiécé, raccommodé, un patchwork de poèmes, d'essais, de nouvelles, de haïkus... J'ai particulièrement apprécié les passages éclairant sa vie personnelle, familiale, ses questions et ses pensées sur la lecture faite aux enfants, sur le symbole de la mer dans la littérature, son dernier roman, sur du futile (les bikinis, les spartiates) ou du lourd (la maladie de sa soeur). Il y a aussi beaucoup de citations d'autres auteurs, des extraits qui donnent envie de découvrir ces autres ouvrages.
Pour une expérience originale, il faut reconnaître que la néo-zélandaise Kirsty Gunn a réussi son joli pari !
A noter que, pour respecter la voix et la musicalité de Kirsty Gunn, l'éditeur a choisi de ne pas traduire ses poèmes et d'être ainsi fidèle à l'originalité de son projet.

Christian Bourgois, 325 pages

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