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Chez Clarabel
13 avril 2007

Des filles qui dansent - Stéphane Hoffmann

des_filles_qui_dansentC'est d'abord le parcours d'un jeune garçon qui souhaite échapper "à sa condition de plouc" en quittant le foyer familial pour étudier à Nantes où son désarroi l'enfonce de plus en plus dans un hébétement proche de l'être rustre et sauvage qu'il incarne. Il reste seul dans son coin, nage des heures, se taille un corps d'apollon, mais en façade il demeure le "pécore" de service, dénigré par ces jeunes branchés de la classe bourgeoise.
Et puis, l'été il débarque à La Baule pour travailler comme barman dans un club privé. Il y rencontre les mères de ceux qui le méprisaient dans l'année, des femmes désoeuvrées qui perdent leur journée sur un transat avec un verre à la main, des épouses lasses et délaissées qui s'offrent du bon temps avec un jeunot de passage... C'est ainsi, la valse des genres et des conditions. Mais quand Jérôme pense trouver l'Amour véritable, il se fait renvoyer en pleine figure son rang modeste. Briéron de naissance, petit joueur pour l'Eternité. Chacun sa place, lui tanne la famille Chalaffre.
Ainsi court le roman doux-amer de Stéphane Hoffman, sur une chronique sentimentale qui nous emmène à La Baule dans le flou des années 80. L'écriture est sèche, désabusée mais persifleuse. C'est un vrai plaisir à lire, ce roman s'apprécie dès les premiers rayons de soleil et doit se prescrire pour vos vacances, à lire sur un transat ! Et d'un oeil malicieux, le sourire collé aux lèvres, vous tournerez la tête vers ces filles qui dansent et ces garçons qui n'en perdent pas une miette...  Albin Michel, 230 pages.

Autant vous dire, aussi, que c'est Katherine Pancol qui en parle le mieux :

Sinon, j'ai lu UN livre ! D'habitude, quand j'écris, je ne lis jamais. Ou des bouts de… des bouts de poèmes, des bouts de romans que j'ai lus cent fois, et même des bouts de prospectus de dentifrice ou de chaîne Hi-fi….
Je suis concentrée genre barre de fer, sur mon ouvrage et personne ne peut m'approcher. Sinon je dégaine et assomme !
Impossible de me distraire, impossible de lire ou alors lors d'un long, long voyage en train.
Or ne voilà ty pas que l'autre soir, j'attrape un livre au hasard sur la pile qui vacille près de mon lit.
Une belle couverture, un beau titre "Des filles qui dansent" (éditions Albin Michel) et je me lance… Je me dis je vais lire une demi-heure juste avant de m'endormir.
Il devait être 23h35 et je me félicitais de me coucher si tôt.
RATÉ !
Quatre heures plus tard, je lisais toujours, enchantée par la langue de Stéphane Hoffmann, son humour, son écriture simple, belle, drôle, élégante, sa description d'un milieu de méchants et doux Français dans la région de La Baule.

C'est l'histoire de…
Je déteste raconter l'histoire d'un roman parce qu'un bon roman, ce n'est pas UNE histoire mais UN style.
Je préfère donner des envies de lire.
Alors, je vous offre, pour vous appâter les premières phrases :

"Je suis né maigre et je n'ai pas pleuré. Si j'avais eu des dents, je les aurais serrées. Si j'avais su ce qui m'attendait.
Ce qui m'attendait ? Rien, justement. Ni personne. Mon père ? Un ouvrier. Comme mon frère, quoi qu'il en dise. Ma mère travaille à la Poste. Et ma sœur roule en mobylette".

À ce stade, vous vous demandez si vous n'allez pas vous lever pour aller chercher votre porte-monnaie…
Alors, je continue, avec le frère du narrateur…

"Et Jacky prend son air.
Un jour, on le croise avec une fille. Le dimanche d'après, il vient avec. Pas mal, dans le genre décoratif. La voix un peu forte, un vrai carillon. À table, quand elle demande le sel, tout le monde sursaute, les vitres tremblent, le chien aboie dans le jardin, les lapins s'agitent dans les clapiers. Jacky nous l'a amenée comme, au printemps, il nous a montré sa R8. Sans plus. Pour avoir la paix. Ah ! mais pardon, c'est qu'on en parle dès le dessert :
- Alors, c'est pour quand la noce ?
Tête de mon frère. La Marie Caroline se dandine, glousse qu'elle n'a pas encore eu sa demande.
- Bah ! T'en fais pas, ma jolie, dit mon père en se levant pour chercher le kirsch. Chez nous, on est des hommes d'honneur, on laisse jamais les belles jeunes filles dans l'embarras. Pas vrai, maman ?
Ma mère regarde Jacky d'un air attendri. Si elle pense à quelque chose, c'est à la robe qu'elle mettra le jour du mariage. Et si mon frère pense à quelque chose, c'est qu'il vient de se faire baiser bien profond."

Il y a donc le père, la mère, le frère et le narrateur… d'un côté.
Et la haute bourgeoisie locale de l'autre.
Au milieu : Roméo et Juliette qui essaient de ne pas se noyer.
Stéphane Hoffmann réussit le tour de force de nous raconter l'éternel histoire d'un garçon qui rencontre une fille en y mettant de l'humour, du style, des émotions et de l'air iodé !
La lutte des classes sur le sable bien élevé d'une plage bretonne.
De temps en temps, c'est Pagnol, puis Dallas, puis Pagnol again, un petit tour chez Giono, un autre du côté de Salinger et de l'Attrape-cœurs… Ça se veut léger parce que l'auteur est bien élevé et planque ses messages sous de beaux coquillages, mais ça vous prend aux tripes.
Bref, vous commencez tranquille à onze heures 35, à quatre heures et demie du matin, vous ne dormez pas et vous ne dormirez plus !

Encore un petit morceau de gâteau pour le dessert :

"Pendant le déjeuner, elle n'a pas cessé de parler. Comme je ne savais pas quoi dire, je lui ai juste demandé ce qu'elle voulait faire de sa vie. Comme ça. Pour voir. Ça m'intéresse toujours : l'ambition de nous organiser une vie à nous, je ne vois que ça pour nous différencier des animaux, nous les hommes. Une vache ne veut pas sortir de sa condition, un tigre non plus. Un homme, oui. Du moins un homme comme je l'entends : faire mieux, faire plus, faire autre chose. Essayer, au moins. Mon père se hait de n'avoir pas essayé. Mon frère a essayé avant de se faire rattraper par sa bonne femme. Ma mère n'essaie rien, peut-être parce qu'elle est belle et qu'elle ne voit pas ce qu'elle pourrait faire de mieux que sa beauté. Moi, j'ai réussi le plus dur : partir de chez moi".

Ce n'est pas un résumé de la condition humaine, ces lignes ?

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12 avril 2007

Miss Potter - Richard Maltby Jr

miss_potterJe n'ai pas vu le film de Chris Nooman mais j'ai préféré lire "le roman du film" écrit par le scénariste Richard Maltby Jr et qui est la plus basique façon de présenter la vie de l'épatante et énigmatique Beatrix Potter en quelques 220 pages... Une vision idéaliste, romantique, assez fraîche et simpliste, c'est certain. L'auteur n'hésite pourtant pas à rappeler de manière folâtre le cadre de l'Angleterre victorienne avec ses carcans et ses principes contre lesquels Beatrix bute en s'isolant dans la nursery aux murs roses. Sous les toits de la maison familiale, la jeune femme crée son univers peuplé de petits animaux, Pierre le lapin, Sophie la cane, Tom le chaton, Noisette l'écureuil...

Aux yeux des associés de la maison F. Warne & Co, Editeurs, il s'agit tout juste des historiettes d'une vieille fille de 36 ans. Pourtant les livres de Beatrix Potter vont connaître l'engouement que l'on sait, et qu'on ne présente plus ! Alors, Richard Maltby Jr a décidé de suivre cette femme qui s'assume, décidée à ne pas se marier, confinée dans son monde imaginaire, entourée de ses petits amis les animaux, exaltée par la passion de la peinture et du dessin, par son imagination facétieuse et débordante... Et puis Beatrix va s'ouvrir au vaste monde et connaître la liberté, surtout celle héritée par les miracles de l'amour.

Bref, ceci est une belle histoire, rien d'extraordinaire et pas forcément la plus pointue pour cerner la personnalité troublante de Miss Potter, pourtant on s'embarque et on apprécie tout bonnement et simplement ce dépaysement assuré, ce cocon réconfortant qu'apporte l'esprit des livres de Beatrix Potter. La figure fictive est probablement plus éclatante qu'en réalité, mais qu'on pardonne cette échappée belle. C'est surtout très appréciable de retrouver en guise de clins d'oeil l'importance des petits animaux dans la vie de Beatrix Potter, qui se dit toquée par l'âge et sa condition de vieille fille, extravagante car elle parle tout haut avec eux, envahie parce qu'ils débordent de leurs livres pour venir la réconforter. Oui, on y croit et on n'hésite pas à plonger dans Le Grand Livre de Beatrix Potter qui regroupe l'intégrale des 23 contes classiques !

Mango, 220 pages - avec livret de photographies extraites du film

grand_livre_de_beatrix_potter

11 avril 2007

Deux nouveautés chez Balivernes

Pour le printemps, les jolis livres bourgeonnent et nos enfants ont encore l'embarras du choix parmi des stands fort appétissants ! Dans ce billet du jour, Miss C. vous présente deux livres récemment publiés chez Balivernes Editions (à qui nous devons, par exemple, la découverte de l'excellentissime A l'orée des fées) :

petit_homme_dans_l_ascenseur

L'histoire du Petit Homme dans l'ascenseur est drôlement bien présentée, écrite, proposée, pensée, amenée, etc. Cela commence un Lundi dans un ascenseur qui emporte un chien, un petit garçon anxieux, une dame énervée, un grand monsieur soucieux et un petit homme.

Mais ce petit homme pas si ordinaire va révéler des pouvoirs bien spectaculaires. Pour lui, le voyage en ascenceur est une horreur. Personne ne parle, personne ne se regarde. Alors il va décider de décrisper l'assistance avec des éléments gentils, anodins mais coquins. Chaque jour, le petit homme se pare d'une nouvelle extravagance, et chaque jour un visage crispé se déride. Quel bonheur ! Ce petit homme a des dons miraculeux, passez le message à votre voisin. Rires et sourires en cascade, avec une jolie conclusion fort surprenante et qui renvoie à une nouvelle lecture de ce livre. Finalement l'histoire de ce petit homme dans l'ascenseur n'est pas une quelconque aventure pour redonner l'opportunité aux uns et aux autres d'avoir la pêche et la foi. On peut aussi considérer ce livre comme un placebo pour petits et grands qui souffrent, sont malades ou doivent être hospitalisés, pour tous ceux qui ont peur d'aller chez le médecin. C'est un baume pour les bobos, écrit par Lenia Major et illustré par Sandrine Lhomme. Poésie et imagination font assurément bon ménage ! Grimpez vite dans cet ascenseur, qui est une vraie grotte aux merveilles.

[Click pour des bonnes pages ! Et ICI aussi !!]

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Au coeur de la jungle est une diversion étonnante. Ce livre propose aux enfants de tout âge de partir à l'aventure dans une épaisse forêt peuplée d'animaux sauvages, comme cette terrible panthère qui jaillit de nulle part et pourchasse nos trois jeunes explorateurs, Mélissa, Martin et Paco. Vite ! aux abris dans les arbres. Mais la bête féroce est toujours aux aguets, il faut donc s'esquiver par les branches. Attention à ne pas tomber ! Et prenez garde aussi au boa qui rôde ... pas loin de là !

Au début, reconnaissons que l'histoire paraît confuse. Je me demandais même s'il s'agissait d'une suite d'un autre album ! Et puis, progressivement une petite idée a fait son chemin dans mon esprit et j'ai lu ce livre avec recul. Lisons entre les lignes, voulez-vous ? Mais laissez à votre enfant l'incroyable surprise de la fin ! Ensuite, n'hésitez pas à rebrousser chemin pour lire à nouveau cette histoire en relevant ces petits détails bien camouflés !!! L'idée est judicieuse, proposée par Pierre Touron, un bricoleur astucieux à l'univers tout en couleurs et riche en interprétations. Il part avec l'idée que le jardin de votre maison est une invitation à l'imaginaire - aux enfants, ensuite, de faire actionner leurs petites cellules grises !

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Sous le masque du chien noir, se cache une bête féroce ... nul doute !

10 avril 2007

Ils sont de retour !

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Pour saluer le printemps, nos compères adorables et inséparables sont de retour avec deux histoires :

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Dans Le Pique-Nique, Rita et Machin vont connaître une folle journée d'intrépides explorateurs qui s'enfoncent dans la forêt vierge pour rencontrer des bêtes sauvages ! Mais prends garde Machin, petit bout de chien, la tempête menace, panique dans le pique-nique, il faut se mettre à l'abri !... Un Machin égaré n'est-il pas une proie facile pour des monstres qui dévorent tout ???

Passons ensuite à l'épisode des Courses entre un Machin mêle-tout et une Rita excédée d'un fripon qui agit dans son dos ... Les courses, c'est très facile et très drôle avec ces deux énergumènes (du moins, le pensons-nous...). Autobus, confiseur, coiffeur, vendeur de chaussures, supermarché interdit aux animaux (qu'importe !.. la mission Incognito commence !). Vroum Vroum la Formule 1 est en action ... patates, cravates, thon, céréales, pas facile de faire les courses avec un chien affamé ... Qui a mis dans le chariot deux kilos de viande hachée et six mètres de saucisses ?  Résultat des courses : un polochon et un petit roupillon, Machin n'est qu'un feignasson ! (La prochaine fois, il restera à la maison. )

Deux titres incontournables. Ma Miss C. ne retient plus ses grands cris de joie quand elle découvre ses deux héros, définitivement semblables aux modèles de la maison !!!

Disponibles, aussi :

  1. Rita et Machin (et le Noël de Rita & Machin !)

  2. Rita et Machin à l'école

  3. Le dimanche de Rita et Machin

Gallimard Jeunesse ** un grand merci à Laure pour Les Courses !!! **

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Une Miss C. qui s'exerce à l'art du cerf-volant à bout de souffle mais le sourire aux éclats

9 avril 2007

Un train pour Ballarat - Kerry Greenwood

train_pour_ballaratDans le train de nuit à destination de Ballarat, Phryne Fisher est réveillée en sursaut par l'odeur nauséabonde du chloroforme. Aussitôt, elle tire tous les occupants de leur wagon de 1ère classe d'une mort certaine, mais en découvrant avec horreur qu'une vieille dame manque à l'appel, une Mrs Henderson qui voyageait avec sa fille. Le corps de la vieille dame sera retrouvée le long de la voie ferrée, avec le cou brisé et de nombreuses autres séquelles. L'assassin s'est déchaîné sur cette femme !
A ce mystère, vient s'ajouter le cas d'amnésie d'une jeune fille, qu'on prénomme Jane hâtivement, retrouvée seule dans la gare, complètement déboussolée. Phryne l'héberge chez elle, dans l'attente de résoudre son enquête. Miss Eunice Henderson aussi a rejoint le 221B L'Esplanade à St Kilda et engage Phryne pour démasquer le meurtrier de sa mère.
En 200 pages, la pétillante Phryne Fisher nous embarque dans ses folles aventures, qui nous mène dans des hôtels glauques, des cours d'aviron ou face à un hypnotiseur féroce. L'odeur de l'appât du gain et de la traite des Blanches embaume méchamment l'air (et les narines de notre détective).
Désormais c'est prouvé que les policiers de Kerry Greenwood ne proposent qu'une enquête légère, qu'importe. Le plus important est le personnage central, l'Honorable Phryne Fisher (comme l'appellent ses amis), qui est étourdissante, belle, aguichante et décidée. Dans ce 3ème livre, elle accueille encore une fois des petits chatons en détresse, la famille s'agrandit et c'est comme ça qu'on s'attache à cette exploratrice qui boit thé et café, autant que vin et Cointreau, prend des bains chauds et s'enrobe de poudre de riz, dans des dentelles et fanfreluches affriolantes. C'est un régal pour l'imagination ! Rien que pour ça, j'attends la suite avec impatience.
A noter : l'intrigue a été accompagnée, chapitre après chapitre, par des extraits de "Alice à travers le miroir" de Lewis Carroll.
(Prochain titre en Octobre 2007 : Death at Victoria Dock)

10 - 18 /  205 pages

  1. Cocaïne et tralala

  2. Trafic de haut vol

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9 avril 2007

Bon dimanche matin !

Bon pied, bon oeil ! Bon réveil !!! ...

8 avril 2007

Spirales ~ Tatiana de Rosnay

"Spirales", dernier né de l'auteur Tatiana de Rosnay, est une assurance à l'angoisse, au suspense et à l'escalade de l'horreur.
Le roman commence par la fin: l'héroïne Hélène est seule dans sa cuisine avec un cadavre sur le carrelage. Comment en est-elle arrivée là? ce n'est pas imaginable.. Il faut tout raconter depuis le commencement.
Et ça commence par une simple rencontre, un jour d'été caniculaire. Hélène croise le chemin d'un homme qui lui propose de le suivre... Troublée, elle cédera à la tentation. Elle, Sainte Hélène, cinquante ans, mariée depuis trente ans, deux enfants, des petit-enfants, dévouée à la Paroisse, à la bibliothèque, femme et épouse modèle, rien à dire sur elle. Sauf ce jour-là, elle cède à cet appel de la chair, elle cède au plaisir mais hélas, l'homme succombe à une crise cardiaque. Paniquée, Hélène s'enfuit, persuadée de ne laisser aucune trace -si ce n'est son sac à main avec son agenda, son porte-feuille et tous ses papiers. Convoquée au poste de police, Hélène avouera s'être fait voler et ne pas connaître cet homme mort. Hélène entre dans la quatrième dimension...
Car c'est en succombant au charme d'un étranger qu'Hélène pénètre, sans s'en doute, dans une spirale de l'angoisse et de l'horreur. Quelqu'un a tout vu et ce quelqu'un va la faire chanter. Paralysée à l'idée de tout révéler à son mari et à ses proches, Hélène va s'enfermer dans un mensonge qui la conduit à de plus en plus catastrophiques aventures. Pauvre d'elle! Hélène Harbelin, la respectable, serviable et distinguée Hélène Harbelin... "Cinquante ans et une vie passée à se dévouer aux autres."
Dans son malheur, Hélène va se découvrir une autre personnalité. Liée à son image parfaite, elle s'aperçoit combien elle est seule, combien personne ne prend soin d'elle ou ne se soucie de ce qu'elle pense. Cette tragédie fait d'elle aussi une victime : Hélène est victime d'elle-même, de ce carcan imposé depuis des années avec son consentement.
L'histoire nous apprend davantage: l'escalade de l'impensable et de l'inimaginable happe le lecteur sous forme de courts chapitres qui se succèdent à un rythme décadent. L'ambiance est étouffante. L'angoisse latente. La spirale embarque l'héroïne et son lecteur dans ce train d'enfer...
Entrez dans cette quatrième dimension. La plume de l'auteur est alerte, vive et met un point d'honneur à nous tenir en haleine. Jusqu'à la chute finale... (toujours aussi déroûrante). Bravo, et merci l'auteur.

avril 2004

8 avril 2007

C'était mon idole !

Je n'avais pas 6 ans ...

Et aujourd'hui c'est ma Miss C. qui passe en boucle le cd "compilation" quand elle barbote dans son bain. C'est tout de même mieux que toutes les autres âneries qu'on leur propose pour leur âge (non, je ne donne pas de noms).

Pourquoi le lapin ???  Euh ... cherchez bien dans le jardin : il est en CHOCOLAT !!!!!! :D

8 avril 2007

La poule de chocolat qui cherchait le printemps

Ce matin-là, veille de Pâques, au petit jour, il se passa quelque chose d'extraordinaire dans la boutique du confiseur. Toutes les cloches en chocolat se mirent à sooner : ding, ding, fit légèrement la plus petite. Ding, don ! répondit la suivante. L'une chanta plus fort : Ding, ding, don ! La plus grosse alors, gravement, approuva ! Baoum ! Baoum ! Et toutes ensemble carillonnèrent.

Elles réveillèrent Chocoline, la grosse poule de chocolat, pleine de petits oeufs à la liqueur, qui dormait sur son nid. Elle voulut s'étirer, mais le grand noeud de ruban rouge qui l'enserrait l'obligea à rester tranquille :

- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle.

Toutes les cloches répondirent :

- Pâques arrive... Pâques, Pâques !  C'est le printemps ! Ding ! Ding, don ! Ding, ding, don !

- Comment est-il le printemps ?

- Oh ! Elle ne sait pas ce que c'est que le printemps !  rirent toutes les cloches ! Au fait, comment lui expliquer cette chose ineffable ? L'une murmura :

- C'est comme un petit enfant aux yeux clairs, tout neuf, avec des fleurs plein les mains.

- Non, corrigea la voisine, c'est un beau jeune homme, habillé de vert tendre, et qui sourit.

- Non, chantonna une autre, c'est une jeune fille aux cheveux blonds, avec une robe fleurie et des guirlandes aux doigts.

- Non, non protesta la foule des cloches, et elles se mirent à parler toutes à la fois ; on entendait des mots : fleurs, nids, chansons, soleil, ailes... en un gai carillon.

- Je n'y comprends rien dit la poule ; si vous vous exprimez toutes en même temps je ne saurai jamais comment est le printemps.

Mais les cloches étaient lancées, impossible de les arrêter !

Chocoline se dit : je voudrais pourtant bien connaître le printemps, comment le trouverais-je ? Bah ! On me renseignera en route ; je vais partir au-devant de lui.

Elle réussit à se couler hors du large ruban rouge, étira ses pattes, quitta son nid en chocolat, et sortit dans la rue.

Il n'y avait encore presque personne dehors. Nul ne s'étonna de voir Chocoline qui ressemblait à une poule ordinaire, et qui marchait. Il y avait bien, dans son ventre, ces petits oeufs sucrés qui ballottaient et lui pesaient, mais elle s'y habitua.

Passant près d'un panier qu'on avait apporté des halles, elle aperçut de belles jonquilles jaune pâle :

- Jonquilles ! Dites-moi où est le printemps, je vous prie, je le cherche.

- Le printemps ? Mais c'est un peu nous, dirent-elles.

Chocoline se crut mal renseignée et, comme un chien se précipitait vers elle, elle s'enfuit très vite.

Plus loin, sur le bord d'une fenêtre, un petit pot de jacinthe bleue la regardait de toutes ses clochettes ouvertes :

- Jacinthe, dis-moi où est le printemps, je vais à sa rencontre.

- Le printemps ? C'est un peu moi, mais tu ne le trouveras guère dans la ville, il se plaît mieux à la campagne.

La poulette repartit. Elle marcha longtemps et arriva devant une ferme.

Elle entra dans un poulailler pour se renseigner, mais les poules se lèvent de bonne heure : elles étaient parties et grattaient la terre dans le jardin pour y trouver des vers dont elles se régalaient. Avisant un nid vide, Chocoline se débarrassa des petits oeufs qui encombraient son ventre : cot, cot, cot... coline ! si bien que, dans la matinée, les enfants de la ferme trouvèrent des petits oeufs à la liqueur entre les gros oeufs des poules, pour fêter Pâques.

Elle repartit plus légère. Il faisait bon ; le soleil lui caressait les ailes. De petites pâquerettes faisaient la roue dans l'herbe, gentiment, pour qu'on les voie. Des buissons, pressés d'être jolis, s'étaient garnis de fleurs en grosses houppes, sans attendre les feuilles.

Elle appela :

- Pâquerettes ! Buissons ! Dites-moi où est le printemps, je voudrais le trouver...

- Le printemps ? Mais, c'est un peu nous, répondirent-ils ensemble.

- Vous vous moquez de moi, se fâcha Chocoline. Je veux voir le printemps ! Où donc est-il ?

- Cherche ! siffla le merle.

Notre poule était à la lisière d'un bosquet, et soudain deux notes chantèrent : Coucou ! Coucou !

- Maman, demanda un bambin, entends-tu le coucou ?

- Oui, c'est le printemps, répondit la mère.

C'est le printemps ! A ces mots un contentement merveilleux entraîna Chocoline. Voilà, pensa-t-elle, c'est lui ! Je comprends, il est dans le bois ; il joue à cache-cache. Je le trouverai maintenant. Comment est-il ? Est-ce un enfant, un jeune homme ? Est-ce lui qui laisse tomber de ses mains toutes ces fleurettes ?

Elle s'enfonça sous bois, et la voix mystérieuse semblait la suivre, et s'éloigner, et revenir comme un feu follet : Coucou ! Mais de printemps ? Point ! Elle n'aperçut qu'un oiseau qui sautillait dans les branches.

Elle déboucha dans une jolie clairière ensoleillée. Une maisonnette proche souriait de toutes ses fenêtres ouvertes. Pour quelle fête étaient dressés dans le jardin ces gros bouquets : amandiers blancs et pêchers roses ? Et toutes ces ailes menues des pétales, vers qui volaient-elles ?

Deux pigeons roucoulaient doucement. Chocoline avançait et ses pattes froissaient des violettes, tant il y en avait ! de ces violettes mauves qui se serrent les unes contre les autres sur chaque motte de terre.

Comme je suis  bien ! murmura la poulette. Le soleil réchauffait si agréablement ses plumes, qu'elle s'accroupit dans un creux, écarta un peu les ailes et ne bougea plus. Elle comprit soudain qu'elle avait trouvé le printemps !

Certes, on ne pouvait le voir près de soi, comme une personne, mais il était là cependant. L'oiseau du bois avait bien raison d'entraîner les passants pour leur faire trouver le printemps. Coucou ! Le printemps est là sur la branche de saule aux chatons de velours gris. Coucou ! Il est là, dans le parfum de l'aubépine. Coucou ! Coucou ! Il chante dans l'arbre. Il est au sol : c'est la mousse nouvelle, c'est le brin d'herbe, c'est la fleurette... Il est au ciel, plus clair et plus bleu. Il est partout quand son heure est venue, coucou !

Comme je suis bien, répète Chocoline : je me sens toute amollie. Je n'ai nulle envie de retourner dans la boutique du confiseur... Je suis bien, bien... Mais... qu'est-ce qui m'arrive ? Elle se tait. Son cou se ploie, sa tête touche le sol... C'est le soleil, déjà chaud, qui fait doucement fondre la poule en chocolat !

Et ce fut Nanou, la petite fille de la maison, qui la ramassa. Elle pensa que c'était un cadeau et se régala des débris de Chocoline qui était morte de bonheur pour avoir rencontré le printemps.

Extrait du livre Chocoline et le printemps - écrit par Marie Louise Vert - publié chez Magnard en 1960 !

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7 avril 2007

Histoires au moment du coucher

L'histoire pour s'endormir présente tout le rituel réconfortant du plus simple des poèmes. Si mouvementée qu'ait été la journée, si remplie de bruit, de soucis ou d'excitation, là les enfants sont en pyjama, bien bordés dans leur lit, et nous nous trouvons dans cette chambre douillette à la lumière de la lampe, le livre ouvert sur mes genoux.

adelaideclaxtonCa a quelque chose d'un peu magique, la façon dont cette douce sensation d'ordre semble émerger du chaos. Un peu magique aussi, car, à me voir assise dans cette chambre à lire des histoires familières, on pourrait presque croire que je n'ai jamais quitté ma propre chambre d'enfant, que je m'y trouve toujours. Tout en lisant, je contemple les visages attentifs de mes filles comme ma mère contemplait mon visage, et les sentiments suscités sont les mêmes aujourd'hui qu'à l'époque : bien-être, sécurité, plaisir. (...) L'histoire au moment du coucher est inaltérable. C'est la dernière chose que nous faisons pour nos enfants à la fin de chaque journée : nous leur lisons une histoire.

Alors je me replonge aujourd'hui, avec mes filles, dans ce monde de livres que j'avais découvert enfant avec ma mère, je me rends compte que ces histoires d'autrefois résistent parfaitement à l'épreuve du temps. En effet, tout comme mon esprit était subjugué par elles à l'époque, je demeure aujourd'hui totalement fascinée par la puissance de ces récits, la manière dont ils sont inextricablement liés à ma conception de moi-même. (...)

La lecture aux enfants constitue une expérience de lecture partagée incomparable. Les livres que j'aimais enfant - ou du moins l'atmosphère qu'ils dégageaient -, je m'en rends compte maintenant, dataient d'une époque particulière : ils découlaient de la conception qu'avait ma propre mère de ce qui rendait un livre exceptionnel. Ils étaient "démodés" dans la mesure où ils reflétaient un univers singulier typiquement britannique. J.M. Barrie, C.S. Lewis, E.E Nesbit, Frances Hodgson Burnett... Ces auteurs avaient si bien peuplé la sensibilité de ma mère quand elle était petite qu'ils avaient fini par gouverner la mienne. Même les auteurs que j'avais découverts toute seule, qui situaient leurs intrigues dans un temps plus récent, même eux faisaient appel à ce fameux univers édouardien pour circonscrire leurs histoires, pour leur donner le ton. Ce que faisaient ces auteurs, c'était créer un monde bien ordonné, dépourvu de dangers et délimité par des règles et des interdits sans nombre, afin que l'imagination puisse prendre son envol.

(...)

C'est une voix très sherry-au-coin-du-feu-au-nord-d'Oxford absolument merveilleuse à entendre. Je ne m'en lassais pas quand j'étais petite : la voix qui adore les livres.

44  (Un an de vie d'écrivain à la maison), Kirsty Gunn - CHRISTIAN BOURGOIS

@ illustration : Adelaide Claxton

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