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Chez Clarabel
8 janvier 2009

Des vents contraires - Olivier Adam

vents_contrairesUn homme seul avec ses deux enfants choisit de reprendre tout à zéro en s'installant près de la mer, à Saint Malo. Qu'est-il arrivé dans sa vie pour que Paul soit cassé, le dos en compote, les nerfs à vif, le coeur au bord des lèvres ?

C'est l'histoire d'une femme, Sarah, qui a disparu. Cela fait un an maintenant. Personne n'en parle, c'est le sujet tabou. A-t-elle tout quitté pour un autre ? Pourquoi abandonner les enfants ? Voulait-elle souffler, s'éloigner pour mieux revenir ? Car Paul n'attend qu'une chose, qu'elle rentre. Que la vie d'avant reprenne. Que son fils Clément retrouve le sourire. Que sa petite Manon cesse de pleurnicher à la moindre contrariété. Ils sont trop jeunes, ils posent des questions qui n'espèrent aucune réponse. Car comment expliquer ce qui ne s'explique pas ? Sarah est partie.

Le roman pèse lourd, sur cette présence fantôme, sur le trio qui se serre les coudes, sur la vie en général qui n'offre pas d'alternative. Paul a pensé s'offrir une seconde chance, et du répit en bonus. Il a trouvé refuge auprès de son frère et de son épouse, il donne des leçons pour l'auto-école. Il est un peu comme un Superman, il attire les âmes déboussolées et veut les aider comme il peut. Mais il fait trop, pour tout le monde. Et ainsi, il ne fait pas toujours bien. Avec ses enfants, il est le bon papa gâteau. Il console, supporte, écoute, cajole. Il ne gronde pas. Il se veut comme un mur infranchissable, solide et inébranlable. Or, un matin, il risque d'apprendre comme Buzz l'éclair qu'il n'est qu'un jouet. Juste vulnérable.

Ce n'est vraiment pas la joie. L'un des personnages dans le roman dit à Paul, qui est un écrivain en panne sèche, que ses romans sont « geignards, mais c'est pas mal ». Cette petite phrase m'a fait sourire. Je suis une grande fidèle d'Olivier Adam, mais hélas je commence à avoir de plus en plus de mal à le lire. C'est tellement déprimant, même si c'est toujours bien écrit, tiré vers le haut, de façon remarquable. Malgré tout, et malgré moi, cela fait l'effet d'une enclume qui vous tombe dans le ventre, et vous cloue au sol.

Ce roman est douloureux, il a des accents mélancoliques, qui flirtent entre le désespoir et l'impuissance. L'histoire est triste, très triste. Pleine de détresse, avec des personnages sur la corde raide. Tout est à fleur de peau, les pères sont cabossés, les femmes sont quasi inexistantes. Et l'amour, dans tout ça ? Il s'inscrit partout, dans chaque geste de Paul pour ses enfants. Mais cela ne permet pas d'aérer le climat pesant. Heureusement il y a la mer, autre bouffée d'oxygène, elle s'étend sous nos yeux, elle brille, elle nous éblouit. Cela n'efface pas l'angoisse, les nuits sans sommeil, l'alcool noyé dans le sang, la mère disparue. C'est un sauve-qui-peut. La fin du roman nous tend une autre bouée de sauvetage, et étrangement c'est lorsque les questions trouvent enfin leurs réponses qu'on comprend que ça ne résoud rien. Que la tristesse est toujours là, elle ne s'atténue pas.

(Avis chagrin pour un roman compatissant... je me sens toute grise à l'intérieur ! Brrr.)   

Editions de l'Olivier, 2009 - 255 pages - 20€

 

 

 

 

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7 janvier 2009

A contretemps - Jean Philippe Blondel

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Hugo, dix-huit ans et le bac en poche, choisit Paris pour suivre des études de lettres. Il trouve un toit chez un homme qui vit seul, Jean Debat. Un monsieur discret, souvent absent, et taciturne, qui vilipende la littérature, le romanesque et tutti quanti. Hugo est déboussolé, lui qui ne vit que pour sa passion de la lecture, il trouve son logeur secret. Limite inquiétant par son déni farouche. Cela n'empêchera pas Hugo de faire doucement son trou dans sa nouvelle vie, il trouve un petit boulot, rencontre une chérie, se lie d'amitié avec Michèle, une super libraire. Il rentre chez lui pour dormir, entre Jean et lui c'est le coup de vent.

Un dimanche matin, tout change. Son logeur sort de ses gonds en apercevant Marine, la petite amie du garçon. Il est temps d'avoir une discussion franche, entre quatre yeux. Mais cela dépasse la simple intrusion du sexe féminin dans cet appartement coupé du reste du monde, en fait Hugo va découvrir le passé de Jean.

Ce roman est clairement destiné « à tous ceux pour qui la littérature est cette étrange life-supporting machine, comme disent les Anglais, ce refuge qui permet de rester en vie  ». C'est un Jean-Philippe Blondel grand lecteur qu'on cerne dans ce roman, un amoureux des livres, qui comprend et partage ce que représente la plongée dans un univers de fiction. Savez-vous par exemple qu'un grand lecteur peut souffrir de porosité ? Et je ne parle pas de la frustration sexuelle qui expliquerait pourquoi on adhère à une histoire qu'on nous raconte... C'est ainsi truffé de petites répliques tantôt drôles ou étonnantes, tantôt déconcertantes et ronflantes. C'est à voir.

J'ai curieusement été moins sensible au spleen de l'écrivain raté, celui qui a cru et s'est cassé les dents. Cela devient un peu trop long et étouffant, les piques acerbes étant proprement dégainées pour souligner l'hostilité de celui qui a été oublié. Toutefois on touche davantage à l'ego frustré, et je ne suis pas compatissante. On peut ensuite s'intéresser à la relation complice entre l'étudiant et l'homme bougon. Oui, complice... car ces deux-là vont finir par s'apprécier, et s'apprécient déjà sans se douter. Ils s'agacent, parce qu'ils se reconnaissent l'un dans l'autre. C'est plutôt mignon.

En fait, j'ai clairement deux gros penchants dans ce livre : Michèle, une libraire exceptionnelle, unique, incomparable, et l'importance de la lecture dans la vie. Comme l'écrit le narrateur, c'est « ma dose ». On se comprend... 

Robert Laffont, 2009 - 240 pages - 19€

 

 

Acheter : A Contretemps, de Jean-Philippe Blondel

6 janvier 2009

Le courage du papillon - Norma Fox Mazer

9782226189523C'est un joli roman, comme sa couverture aux allures printanières, qui cache bien son jeu. C'est l'histoire d'une famille avec cinq filles aux prénoms qui sortent de l'ordinaire - Beauty, Mim, Faithful, Fancy et Autumn. Unies comme les doigts de la main. Elles se soutiennent, se chamaillent, sont pratiquement inséparables, s'élèvent entre elles (les parents sont transparents, pour ne pas dire incompétents).

Elles ne le savent pas, elles passent tous les jours à côté, mais un individu les observe. Il les frôle, il les écoute, il suit leur vie. Seul le lecteur est dans la confidence. Et cette connivence est bien évidemment déplacée, dérangeante, crispante. La menace plane, s'infiltre dans chaque chapitre qu'une volée de papillons orne. C'est charmant, et pourtant... L'histoire prend le temps de raconter qui elles sont et comment cela se produit. Quoi, « cela »  ? L'événement. La coupure. Le passage à l'acte.

C'est terrifiant. Mais pas seulement. Il y a dans la façon de présenter les filles Herbert une grande tendresse et une certaine originalité. C'est une famille aux bras cassés, une fatrie avec des faux airs de la tribu March (on y retrouve par exemple le « prêt » de l'une des filles pour une vieille tante qui vit seule dans sa grande maison, en échange elle participera aux frais de dentiste etc.). Mais il ne faudrait pas trop vite croire qu'on baigne dans du Louisa May Alcott, on en est loin. Les demoiselles ont la langue bien pendue, elles s'apostrophent, s'insultent, elles s'aiment beaucoup aussi. C'est un cocon, couvé par un souffle moderne et impertinent. Un peu à la façon des Quatre Soeurs, de Malika Ferdjoukh. Mais ça suffit les comparaisons. En fait, on y trouve en commun ce sens de la famille, de troupe serrée et solidaire, sans mièvrerie.

Pour le reste, on plonge un peu dans l'enfer, dans l'attente et dans la peur. Comme dit simplement la petite Fancy, c'est une histoire « drôle, triste et effrayante ». Ni plus ni moins. J'aime beaucoup ce qu'en dit la présentation de l'éditeur, « l'auteur raconte sur le fil, presque à bout de souffle », « une écriture dense et maîtrisée », « une respiration singulière », « un roman de grâce et d'intelligence ». Tout est dit. Poussez la porte de la curiosité pour y jeter un oeil, ce livre parle de ce qui nous lie et relie en nous bousculant gentiment. Et ça fait son effet !

Très bonne lecture.

Albin Michel, coll. Wiz - 302 pages - 13€
traduit de l'anglais (USA) par Jean Esch

5 janvier 2009

La Couleur de la peur - Malorie Blackman

Si, comme moi, vous souhaitez la surprise, n'attendez pas qu'on vous raconte ce livre, et foncez en toute innocence, vous tomberez des nues !

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Mais si vous êtes d'une nature plus prudente, et aspirez à dépasser cette sombre couverture, bien énigmatique, vous pouvez choisir l'option 2 : je vous résume ce qu'il s'y cache. Accrochez-vous.

Le roman commence dans un train, lors d'une banale sortie scolaire, avec un groupe d'adolescents. Mais très vite, tout bascule, le train déraille et se retrouve suspendu au-dessus d'un précipice. Le jeune Kyle semble être le seul passager indemme. Et alors qu'il parcourt le wagon dévasté, tentant de porter secours à ses camarades inconscients, le récit bascule dans le surnaturel : Kyle se trouve projeté dans l'esprit de ses camarades, au coeur de leurs plus grandes peurs, de leurs pires cauchemars.

Quel impressionnant roman ! C'est un livre qui cherche à procurer des frissons, et c'est réussi, tout en distillant une angoisse permanente, qui jongle sans cesse entre la réalité et les cauchemars. Ces derniers nous mangent à différentes sauces, il y en a 13 au total, on y plonge corps et âme, on les vit et on les quitte brutalement. Argh, c'est frustrant. Puis on retrouve Kyle, adolescent de seize ans, au coeur de son propre cauchemar... après tout, vous vous imaginez dans un train suspendu dans le vide, frisant la folie à force de cogner contre les corps de vos camarades, lesquels sont peut-être morts, au mieux inconscients. Et il y a ce sang, cette odeur de métal, ce grincement de ferraille et cette voix qui lui chuchote dans l'oreille. Mais qu'est-ce que tout cela signifie ?

C'est véritablement une lecture singulière, captivante et menée à train d'enfer (désolée du jeu de mots!), très bien écrite aussi. Cela fouille dans vos sensations, vos peurs, vos pires cauchemars. On y adhère totalement. On tremble, on retient un cri, on tourne les pages avec fébrilité... pensant, très fort, mais que nous réserve-t-on encore. Personnellement j'ai été scotchée, même si au début je n'y comprenais rien, je ne voulais pas en démordre. J'étais déjà happée. Je connaissais Malorie Blackman de nom, et surtout par rapport à sa série qui s'ouvre avec Entre chiens et loups, mais ce roman qu'est La couleur de la peur me la fait découvrir. Je n'hésite plus, je suis accro !

Milan, coll. Macadam - 314 pages - 10,50€
traduit de l'anglais par Amélie Sarn
   

--) d'autres avis : Tvless, Mes Imaginaires,

La chronique de Sophie Pilaire, sur ricochet

4 janvier 2009

L'Eglise des pas perdus - Rosamund Haden

51P4ny_hKiL__SS500_Catherine et Maria sont deux amies que rien ne sépare, malgré les apparences. Elles ont huit ans, l'une est la fille de la cuisinière, elle est noire ; l'autre est la fille du fermier, blanche et intrépide. Nous sommes en Afrique du Sud, sur les terres de l'apartheid. Katie a tout appris à Maria - l'anglais, lire, nager - et a juré de rester amies pour la vie. Les parents en décideront autrement, Catherine suit sa mère et part en Angleterre. Vingt longues années vont passer, et la jeune fille rentre au pays. Or, ses terres appartiennent maintenant au couple Fyncham. Et lorsque Catherine rencontre Tom la première fois, elle en a l'estomac noué. Il est beau, il est mystérieux, il est seul... elle se sent prête à tomber amoureuse, mais avant il faut comprendre. Quel triste sort a connu son père ? Où se trouve Isobel Fyncham ? Que cache Tom derrière ses virées nocturnes et les coups de fil qui crépitent ? Maria a-t-elle des réponses ? Et qui est ce garçon curieux qui rôde près de l'église lorsque la nuit est tombée ?

Ce roman est en fait un voyage, qui vous emmène loin, en Afrique du sud. L'apartheid n'est ici qu'effleuré, car on assiste davantage à une grande histoire d'amitié, d'amour, de passion et de drame. Il y a du charme et du mystère en puissance, beaucoup de sensualité, un paysage d'une beauté à couper le souffle... on s'y croirait. A Hebron, on piétine l'herbe folle dans les koppies, plonge sans frémir depuis un rocher pour se baigner dans l'eau fraîche de l'étang. On boit du whisky, flâne sur la véranda, admire le coucher de soleil et on s'égare sous une pluie d'orage. On vole, on roule fenêtres ouvertes, on danse, on nage, on aime, on se quitte, on tue aussi. C'est intense, il y a du secret derrière la volupté, des larmes derrière les élans du coeur. J'ai vraiment beaucoup aimé.

La musique d'Edmundo Ros envahit l'espace, la magie aussi se faufile par les visions de Maria, et l'ambiance dans l'église ensorcelle parce qu'elle suscite l'étrangeté. Bref, c'est une très belle découverte. Un roman admirable, qui pourrait se prêter à une adaptation cinématographique... j'imagine très bien Tom Fyncham sous les traits de Hugh Jackman (*). Cela peut vous dire combien les images sont très présentes, au coeur du roman ! Et le sentiment de chaleur, entrelacée à la torpeur, vous file des frissons sur tout le corps. Mais pas seulement. Lisez, vous comprendrez. 

(*) C'est pas ma faute... mais celle d'Ori !!!

Livre de poche, 2008 - 280 pages - 6,95€
traduit de l'anglais (Afrique du sud) par Judith Roze

--) Alice vient également de le lire...

et les avis de Brize, Praline, Delphine, Lo, Joëlle, Amanda

Une petite phrase, pour toutes les amoureuses de livres (qui se reconnaîtront) : « Elle est nulle en ménage, vous savez. Elle lit toute la journée. Elle a lu presque tous les livres de la bibliothèque. »

Acheter : L'Eglise des pas perdus

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4 janvier 2009

La petite chanson du dimanche (ça faisait longtemps!)

On me dit que l'insouciance
Est un sacré défaut
Moi j'me sens toujours en vacances
Et j'sens le vent sur ma peau

On me dit qu'j'suis jamais d'attaque
Trop molle pour faire quelque chose
Mais moi j'carbure pas au Prozac
Et l'vent me donne les joues roses

{Refrain:}
Un jour j'prendrai le large
J'habiterai avec les poissons
Les baleines et les coquillages
Pas de vague, pas d'hameçon

Quand on m'dit qu'la mode est nouvelle
Le monde est semé d'embûches
Moi je cape mes vieilles bretelles et
J'prends mes ballons de baudruche
On m'dit alors qu'y a des épines
Qui vont t'les faire éclater
Ben moi j'm'appellerai Mélusine
Et j'te les regonflerai

{Refrain}

Quand on m'parle de politique,
J'fais même pas semblant d'comprendre,
J'bois un coup et pour moi j'explique
Que la Terre n'est pas à vendre
Moi dans ma bulle, y a pas d'misère
Y a pas de gens que j'aime pas
Y a pas d'goudron dans mon air
Puisque y a personne d'autre que moi

{Refrain}

En fait on m'dit que j'suis naïve
Que j'devrais faire attention
Mais quand l'âme est à la dérive
Elle s'éloigne des cons

{Refrain}

Pas ces salopes de sirènes
Comme ça, pas d'comparaison
Pas de vomi, pas de gangrène
De l'eau claire et pour de bon
De l'eau claire, pour de bon
De l'eau claire, pour de bon
De l'eau claire et pour de bon.
Paroles Mania

Les baleines / Marie Cherrier

Non seulement j'aime beaucoup cette chanson, parce qu'elle me colle à la peau, mais j'aime aussi la pochette du disque :

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En cliquant dessus, vous pouvez l'écouter en toute légalité.
Il s'agit de son premier album, ni vue ni connue, datant de 2005... et c'est une artiste qui monte : http://www.mariecherrier.com/

3 janvier 2009

Tatiana sous les toits - Gisèle Bienne

412abFXzsiL__SS500_Encore une bonne pioche chez l'école des loisirs, avec ce titre de Gisèle Bienne. Tatiana sous les toits, c'est une jeune et belle comédienne qui aime les fleurs, porte de longues jupes et un châle, écoute de la musique toute la journée. Elle habite sous les toits, un appartement au-dessus de la narratrice, Aurore, qui est littéralement fascinée. L'adolescente balbutie un vague bonjour lorsqu'elle la croise, fait d'ailleurs exprès de l'apercevoir et d'être aperçue. Un jour, elle est invitée à pénétrer dans l'enceinte rêvée...

Tatiana incarne la liberté, l'insouciance, l'espoir, le choix. Pour Aurore, adolescente en mal de repères, c'est un déclic. Elle comprend que la vie d'artiste signifie une vie différente. Avec un nom comme le sien, Aurore Dupin (qui était aussi celui de George Sand), cela n'est pas anodin. Marquée par une tragédie, sa famille ne tourne plus rond, ses parents sont dépassés, accaparés par le petit frère tyrannique. Aurore cherche à discuter, et c'est auprès de Tatiana qu'elle trouve les mots qui lui pèsent. Ce portrait sur l'adolescence en souffrance est porté par sa délicatesse, sa sensibilité, sa perplexité et ses nuances. On sort de cette lecture avec le poids des rires et des larmes. C'est une superbe histoire d'amitié et d'amour, qui communique une envie folle de se plonger dans La Ménagerie de verre, de Tennessee Williams. Et Nougaro, en fond musical, c'est tout à fait ça...

Ecole des Loisirs, coll. Medium - 2008 - 140 pages / 8,50€

2 janvier 2009

Où en étais-je ? - Philippe Beaussant

41tNV2PdDfL__SS500_Un écrivain, assis à sa table devant la fenêtre, scrute la rue qui s'offre à lui et s'invite dans son activité de noircisseur de pages. En un coup de crayon, sans ternir ni réfléchir, l'homme plonge dans la digression avec une élégance rare et appréciable. Il nous croque des histoires empruntées au précieux 17ème siècle, mouille sa plume dans les pièces de Molière ou redessine les contours flous des créatures croisées ci et là dans la rue. Tout commence par une voiture rouge, non pas une berline classique, d'abord le véhicule est d'un beau rouge coquelicot, mais un rien plus acide, tirant sur le corail, et il s'agit ensuite d'une belle américaine... d'un rêve galbé. Je n'invente rien, je suis, je souris car notre homme est un idolâtre du mot juste. A travers son récit, il nous explique en long, en large et en travers les dessous de son métier, celui d'écrivain. C'est une activité intense, épuisante, excitante aussi. Il soupire d'être incompris, il brûle d'évoquer le roman tel un civet de lapin qui se hume et s'apprécie avant et après... Tout un programme.
Cette lecture est une invitation au voyage littéraire, de façon poétique et juste elle déploie les ailes de la digression. Il est conseillé au lecteur de se prêter au jeu, sous peine d'être recalé, sinon perdu en chemin.
De l'intelligence, de la poésie, de l'imagination, de l'effronterie, de la folie, de l'étrangeté aussi... l'académicien Philippe Beaussant nous en offre comme sur un plateau.

Fayard, 2008 - 202 pages - 17€

2 janvier 2009

Les chroniques de Khëradön 1. L'éveil du roi - Chris Debien

518JQioa9HL__SS500_A Everlaine, capitale des Terres tranquilles, le couple royal, Hazel et Adön, vit des heures sombres. La reine se meurt, épuisée par un accouchement interminable. Son époux aux abois prend une décision radicale, qui outre-passe ses convictions profondes, en acceptant de faire intervenir la magie noire. Le pire se produit, mais un fils naît. L'hériter Luther Khëradön.

Huit ans vont passer, le garçon assiste à la mort violente de son père et est élevé en retrait du pouvoir, sous la tutelle d'un magicien sage et puissant, Arax. C'est Kharän, un autre mage, qui assure la régence. Celui-ci prône une magie de l'éclat, en totale opposition avec les idées d'Arax, le fidèle de Luther. Ce dernier grandit donc en chérissant l'idée du partage, de la combinaison des magies, mais il est bien seul à penser ainsi. D'abord, parmi ses proches et ses partisans. Puis, au large du royaume, sur d'autres territoires, les mouvements de protestation grondent. La jalousie, la colère et les complots grossissent de toutes parts.

Luther, âgé d'une vingtaine d'années, est à son tour victime d'une tentative d'assassinat. L'épée de sa lignée est brisée, et le jeune homme va être frappé d'une inexplicable léthargie.

Aucun remède ne semble exister pour le sauver. Les fidèles protègent l'héritier du trône, pour maintenir un semblant de paix, laquelle est de plus en plus fragilisée. Dans l'ombre, la voluptueuse Maë est convoquée pour accomplir des miracles, sans se douter que le souverain est en train de tomber amoureux d'elle. Et la menace s'envole, par miracle. Mais les conséquences sur Luther sont profondes, marquantes et obligent le jeune homme à porter un masque en cuir.

Les Terres tranquilles sont totalement ravagées. Les disparitions mystérieuses du jeune roi, les attaques successives pour le supprimer, les trahisons des alliés et la montée en puissance d'une force occulte poussent Luther à prendre les armes pour sauver son statut. Une grande bataille l'attend, qui dépassera de très loin ce à quoi il avait été préparé.

**********

De la fantasy, moi j'avoue que j'en lis très peu. Ou pas assez. Ce n'est pas par faute de goût, mais par timidité. J'hésite, même si les résumés me tentent souvent. J'ai toujours peur de m'embarquer dans des mondes impossibles, à suivre des personnages qui portent des noms à coucher dehors, à devoir me concentrer pour recouper les relations entre les différents clans, bref j'ai une idée un peu usurpée de la fantasy... Mea culpa.

Ce premier tome d'une trilogie est en fait assez surprenant : tout de suite il accapare notre attention, il a une écriture vive et un rythme haletant. L'ambiance est cependant assez sombre, oppressante, faite d'apparitions glauques, de magies spectaculaires, de peuples bigarrés aux physiques repoussants. Et le combat est présent, la guerre menaçante, les affrontements sans répit, le sang dégoulinant... Le lecteur a une idée précise et peu appétissante du tableau, il faut mettre de côté sa sensibilité exacerbée, pas de place ici pour l'atermoiement.

D'après le peu que j'en sais, sur la fantasy et ses remèdes, j'ai senti que ce roman n'offrait rien d'original dans le décor et restait très traditionnel avec des héros valeureux, des femmes au charme redoutable, de la sensualité qui frise en marge, de la magie étincellante, des communautés diverses, des méchants, des gentils, du souffle épique... et j'en passe. Cela se laisse découvrir, même si la lecture ne révolutionnera pas votre culture dans ce domaine.

J'ai particulièrement aimé l'élan dramatique, le retournement des situations, les intrigues et les faux amis, la conspiration, la duperie et en même temps j'ai failli me lasser de cette atmosphère de cataclysme persistant. C'est très noir, de plus en plus poisseux. Je n'étais pas mécontente d'en sortir. Bizarre, n'est-ce pas ? J'avais besoin de me noyer pendant un temps, de me perdre dans d'autres dimensions mais il a fallu que je me sauve du marasme. Parce que, ça devenait usant.

Je présume que l'auteur nous réserve d'autres surprises, car il a su introduire des éléments - comme des nouveaux personnages - qui vont prendre leur importance pour la suite des aventures. J'avoue, je suis curieuse de connaître leur évolution...

Hachette, 2008 - 384 pages - 18€
Illustrations de Pascal Quidault

Un blog : http://kheradon.skyrock.com/

C'est grâce à Babelio et aux éditions Hachette que j'ai découvert ce livre.

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