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Chez Clarabel
24 juillet 2009

L'Autre homme de ma vie, par Emily Giffin

lautre_homme_de_ma_vieQuel ennui, ce livre ! C'est bien simple, j'ai fini par le parcourir en diagonale. Je ne supportais plus les longs atermoiements de la narratrice, Ellen, mariée à Andy, un fringant avocat, issu d'une famille aisée, aimante, extraordinaire. Ellen aussi se revendique heureuse en amour et pas un nuage ne plane sur son mariage.
Mais pourquoi se justifie-t-elle autant ? Par la faute de la réapparition de son ex, Leo. C'était son grand amour quand elle était étudiante, sa passion dévorante et dévastatrice. Lorsque Leo a rompu, huit ans plus tôt, Ellen s'est sentie pire qu'une vieille paire de chaussettes bonne à jeter. Et c'est grâce à son amie Margot, la soeur de son futur mari, qu'elle a su remonter la pente, en s'investissant dans le boulot aussi.
Les années ont passé, Leo est de retour, rencontré par hasard dans les rues de New York. Le mensonge s'installe à partir du moment où Ellen décide de ne pas en parler à Andy.
Les pages défilent et la jeune femme s'interroge : félicité conjugale contre coup de foudre jamais guéri. Et l'histoire n'en finit pas de peser, c'est lent, c'est mou. L'héroïne est horriblement passive, c'est insupportable. Sa vie est décrite comme idyllique et sublime, Andy est un type merveilleux, même s'il dort en pyjama fraîchement repassé (sic). En contre-poids, nous avons Leo, le terrible amant perdu, inaccessible, chaud brûlant, qui exsude la sensualité et l'érotisme.
Quelle déception, au final ! Plus de 360 pages ont été pondues pour une conclusion dépitable. Pourtant l'histoire aurait pu joliment broder sur la thématique des remords face à un passé qui ressurgit, avec une révélation fébrile, car si tout était à refaire, quels seraient nos choix. Le titre original est beaucoup plus révélateur, Love the man you're with, qui signe un moralisme dont la traduction française a largement fait impasse. (Mais si j'avais su, je serais pas venue !)
A lire, pour crisser bien fort !!!

Presses de la Cité, 2009 - 380 pages - 19,50€
Traduit de l'anglais (USA) par Alice Delarbre

En savoir plus sur la page de l'éditeur (avec une petite fourmi qui semble s'être perdue, cliquez dessus pour comprendre)

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23 juillet 2009

Les Monts de l'Eléphant ~ Jean-François Chabas

 

 

les_monts_de_lelephant

Les Monts de l'Eléphant est un merveilleux roman. Ni plus ni moins. C'est une histoire qui s'adresse à Promesse, contée par Henri de Lespagne, fils de bonne famille qui occupe un appartement cossu de l'avenue Kléber.
Avec tendresse et nostalgie, Henri revisite son passé et son enfance, pas si dorée que cela. Son père a été frappé d'une maladie mentale peu courante, diagnostiquée trop tard, et qui fragilisera les rapports déjà peu chaleureux entre les membres de cette fratrie.
La mère, Anne de Lespagne, née de Castries, est une femme qui ne supporte pas le désordre. Elle met de côté son sentimentalisme et ses élans d'affection, à la place elle manie le sarcasme avec une dextérité paralysante.
Les conséquences sur la famille seront sans appel.
Henri, né en 1960, est désormais un homme rompu et déboussolé. Enfermé dans ses souvenirs. Handicapé de son enfance. Promesse est une femme qu'il va rencontrer tardivement, dont l'histoire personnelle est encore plus bouleversante que les 150 pages de la saga de Lespagne, mais les deux histoires se font des appels du pied, discrètement et solennellement.
C'est un roman très beau, très touchant et drôle aussi (le type au nougat, hilarant !). C'est un livre qui sait nous surprendre, nous faire attendre aussi, l'arrivée de Promesse est un fil rouge, vécu comme une promesse justement, car son récit arrive dans les toutes dernières pages.
J'avais depuis très longtemps envie de lire ce roman et je suis ravie de cette découverte. Il me reste à lire les autres livres de ce Jean-François Chabas, en me souhaitant d'autres émerveillements.
Et bien entendu, ce roman ne se destine pas qu'à la jeunesse.

Médium de l'Ecole des Loisirs, 2009 - 160 pages - 9,50€

 

Tu sais, les familles... c'est un drôle de truc, les familles. Tu les regardes de loin et tu vois un groupe à peu près uni, tu te dis que les membres se ressemblent forcément, puisqu'ils sont du même sang, qu'ils grandissent ou vieillissent côte à côte... Et puis tu regardes de plus près les individualités, et tu te rends compte qu'ils peuvent différer les uns des autres à peu près autant qu'une carpe miroir, une crosse d'évêque et une pompe à vélo.
Une famille, ce n'est pas un puzzle. C'est plutôt une tas de bidules et de machins balancés ensemble dans une caisse, et plus ou moins forcés d'y cohabiter. Il y a une question de chance. Je veux dire que tu peux tomber sur des parents aimants, merveilleux, et qu'avec tes frères et soeurs, c'est aussi un peu la roulette. Nous connaissons tous des familles où on se hait, d'autres où on s'adore. Certaines où des clans se forment. Certaines dont les membres choisissent un mouton noir, un paratonnerre qui reçoit toutes les rancoeurs, les jalousies et les hargnes recuites.
(...)

23 juillet 2009

Le chant du volcan ~ Christian Moire

Photographies de Stephan Zaubitzer

le_chant_du_volcanAurélie, étudiante française en archéologie, termine son séjour de quatre mois au Mexique où elle a travaillé sa thèse sur les anciens Purépechas. Ses valises sont bouclées, elle est prête à partir lorsqu'elle rencontre un type, très beau, au regard de braise, qui ne parle pas ou très peu, et qui l'invite sur son lieu de travail, à l'UNAM, la grande université de la ville. Hénoch est géologue, il a vingt-huit ans, il vit chez sa mère et il est prisonnier de son enfermement morbide. Des années auparavant, son père est mort dans un tremblement de terre, créé par le réveil du volcan. Depuis, Hénoch vit, respire, scrute, sent le volcan.
Le chant du volcan.
A la première alerte, il part. Il sauve sa peau. Il ne veut pas finir comme son père.
Hélas ce trauma rend le garçon inaccessible aux autres, Aurélie s'en rend compte et le plante à l'aéroport, lui tourne le dos, en colère après lui, cherchant à le secouer pour qu'il brise sa coquille. Le passé, c'est le passé.
Franchement, j'ai été déçue par ce roman issu de l'excellente collection photo-roman de chez thierry magnier. Ici je n'ai pas trouvé d'osmose entre l'histoire et les images, lesquelles représentent de la verdure et des gens qui font la sieste. Le contraste est énorme, entre la fraîcheur d'un côté et l'atmosphère sinistre de l'autre. Dans l'histoire, le rappel des photos donne aussi le sentiment d'un exercice donné. Je ne sais pas, cela manque de spontanéité.
Et puis j'ai eu du mal avec l'histoire entre Aurélie et Hénoch, leur aventure trop brève, compliquée, le spectre du père mort, le chant du volcan qui n'éveille aucune franche sensualité, non, cela tombe un peu à plat. C'est dommage, car les titres de cette collection sont dans l'ensemble d'une très bonne qualité. Une prochaine fois, donc.

Editions Thierry Magnier, coll. Photoroman, 2008 - 90 pages - 13€

L'avis d'Aurélie, aussi perplexe que moi

Présentation sur le blog de Stephan Zaubitzer

22 juillet 2009

Je n'irai pas chez le psy pour ce con ! ~ Isabelle Alexis

je_nirai_pas_chez_le_psyDeux femmes se rendent, le même jour, dans un studio de télévision. L'une doit passer un entretien d'embauche, l'autre est invitée à une émission littéraire à propos de son livre. Une histoire d'amour et de rupture, intitulée Je n'irai pas chez le psy pour ce con ! Mais au moment de passer à l'antenne, il y a une épouvantable confusion et c'est Juliette, à peine trente ans, chômeuse et consciente du quiproquo, qui se voit discuter du bout de gras sur sa relation avec un député au comportement goujat. La cata ! Loren Abysse, l'auteur spolié, rue dans les brancards mais c'est trop tard. En prime, elle récolte des excuses et une nouvelle admiratrice très pot-de-colle.
C'est clair, Juliette ne quitte plus Loren. Elle est fascinée par l'écrivain, par son sens de créativité et d'imagination. Ensemble, elles passent une nuit de folie à danser, boire et se bécoter.
Le lendemain, c'est la douche froide. Juliette rentre chez son petit ami, se dispute avec et lui défonce le crâne. Ni une ni deux, elle supplie Loren de l'aider à masquer son crime, car elle plaide non-coupable mais perd les pédales.
Au rayon chick-lit haut de gamme, je demande une aventure cocasse doublée d'une comédie policière et j'obtiens un roman déjanté, dans lequel on suit deux femmes qui n'ont pas leur langue dans la poche et qui tentent par tous les moyens de se dépatouiller avec un corps, la police, un maître chanteur et leur conscience.
Il n'y a franchement rien de crédible dans l'histoire, c'est truffé d'aberrations et d'inepties, les héroïnes sont deux têtes à claques insupportables, mais finalement c'est ce qui rend cette lecture divertissante et proche du lecteur !
J'ai bien aimé, par exemple, lorsque les nanas font référence à des feuilletons américains (Les Experts ou FBI Portés disparus) pour situer leur cas, c'est dire l'influence de la télé et le manque de discernement des demoiselles.   
Un niveau de tolérance maximale est donc demandé pour celui ou celle qui se penchera sur ce livre, spécialement voué à la détente. C'est drôle, oui, ça ne mange pas de pain, non. Mais j'avoue qu'il n'aurait pas fallu dépasser les 300 pages, sous peine d'indigestion.

Albin Michel, 2009 - 278 pages - 18,50€

21 juillet 2009

Un amour vintage ~ Isabel Wolff

un_amour_vintageIl y a des romans, on le sait, qui ne marqueront pas les annales de la littérature, et pourtant on leur voue une franche reconnaissance du fait d'exister, pour la sensation de confort qu'ils procurent. "Un amour vintage" d'Isabel Wolff en fait partie. Je m'attendais à un roman dans la veine de la "chick-lit" et finalement j'ai été surprise du résultat, l'ensemble est beaucoup moins volage qu'il n'y paraît.
C'est l'histoire de Phoebe Swift qui démarre une nouvelle vie en ouvrant une boutique de vêtements vintage à Blackheath. Elle a trente-trois ans, elle vient de plaquer son fiancé à qui elle reprochait la mort de sa meilleure amie. Très vite, et grâce à l'article de Dan, un journaliste habillé comme l'as de pique, son Village Vintage connaît un bel essor, la clientèle est au rendez-vous et la jeune femme ne sait plus où donner de la tête. Elle embauche une actrice sans emploi, Annie, pour la seconder et court les salles de ventes pour grossir sa collection. C'est ainsi qu'elle fait la connaissance de Miles, un avocat qui frise la cinquantaine, veuf et père d'une adolescente de seize ans.
Dans le même temps, elle reçoit le coup de fil d'une vieille dame malade, Mme Bell, qui désire se délester de sa garde-robe. Une connivence s'installe entre les deux femmes, Phoebe est poussée à la confidence et reçoit en retour le témoignage émouvant de son aînée, laquelle lui confie une histoire qui lui rappelle étrangement la sienne.
C'est évident que ce roman est constitué de ficelles disgracieuses qui forment un noeud grossier, le lecteur n'est pas dupe du chemin qu'il emprunte, toutefois cela demeure un agréable traquenard. De suite, je l'avoue, il y a un paquet de maladresses dans ce livre, comme de rendre les clientes toutes plus sympathiques les unes que les autres, d'offrir un éventail de toilettes providentielles ou d'insister fâcheusement sur l'âge de Miles, quarante-huit ans et déjà l'impression d'être poussé dans les orties, c'est rude ! La rencontre avec Mme Bell aussi sonne terriblement romanesque, et je peux encore allonger la liste des points fâcheux mais cela semblerait incompréhensible, alors, d'affirmer que j'ai beaucoup aimé ce roman.
Car, oui j'ai beaucoup aimé. La passion du vintage de Phoebe Swift est belle, admirable. Elle pourrait convaincre les plus réfractaires, ceux qui ne saisissent pas le sens des (belles) choses qui ont déjà vécu et qui sont porteurs d'une histoire secrète. Je ne m'aventure pas sur ce terrain, mais je vous invite à découvrir la passion communicative de Phoebe. C'est franchement excitant. Et puis je me pose beaucoup de questions sur ce livre, des questions essentielles (rires), comme de savoir à quoi ressemblent ces fichues robes "cupcake" qui sont constamment citées dans l'histoire et qui rendent les femmes "heureuses".
A bon entendeur.

JC Lattès, 2009 - 410 pages - 20€
Traduit de l'anglais par Denyse Beaulieu

L'avis de Lily

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20 juillet 2009

Un ticket pour la lune ~ Frank Cottrell Boyce

un_ticket_pour_la_luneLiam Digby a un problème : il connaît une croissance exceptionnelle, avec poussée hormonale en conséquence. Résultat, à onze ans, il en paraît le triple ! C'est loin de l'indisposer, le garçon a pris le parti d'exploiter ce subterfuge et joue avec une camarade d'école, Florida Kirby, en se faisant passer pour un père et sa fille.
Ensemble ils parcourent les allées des centres commerciaux, se rendent dans des concessions automobiles de luxe ou vont dans des manèges à sensation interdits aux plus jeunes. Liam s'amuse, mais son père voit rouge.
Toutefois ce dernier ne prend pas conscience du fait que le garçon agit exprès pour attirer son attention, comme l'idée de ce nouveau jeu réservé au père et sa progéniture. Il faut remporter le titre de meilleur papa, pour s'offrir un voyage en Chine et tester un nouveau parc à thème... très cosmique.
Ambitieux projet, Liam trépigne d'y participer mais son père dit non.
Loin de se démonter, l'adolescent fait appel à sa fidèle complice et tous deux vont vivre une série d'épreuves, toutes plus délirantes les unes que les autres, pour décrocher les honneurs !
Finalement le suspense n'est pas de savoir s'il va vivre à fond son aventure et voyager dans l'espace, on est déjà au courant. Le roman s'ouvre sur sa confidence, il est seul au monde, perdu dans l'immensité intersidérale, à bord d'une fusée.
On se demande alors comment cette épopée hallucinante va trouver sa fin, et si le père de Liam va accourir tel Zorro sur son fidèle destrier pour sauver son fils. Car, après tout, c'est un livre sur les papas et sur les relations entre père et enfant, derrière ce côté farce, comique et farfelu de l'histoire. Les anecdotes sont vraiment très drôles.
De plus, notre monde d'adultes est vu à travers le regard d'un enfant / adolescent, ce qui créera une connivence sympathique avec le lecteur - niveau collège, selon moi, car j'hésite pour les plus jeunes, le roman fait tout de même 300 pages !

Gallimard jeunesse, 2009 - 320 pages - 13,50€
Traduit de l'anglais par Catherine Gibert

L'avis de Reno qui le rapproche très justement à Roald Dahl.

extrait :

- Docteur Drax, vous me prenez pour un adulte responsable, or je ne le suis pas. Je ne suis qu'un adolescent. Un adolescent anormalement grand et barbu, mais un adolescent.
J'ai ressenti un soulagement immédiat. Comme si la gravité avait soudain relâché son emprise, me faisant en quelque sorte flotter. Voilà. C'était terminé. Plus de comédie. Plus de responsabilité. Peu m'importait la réaction qu'aurait le docteur Drax.
Elle a souri.
- Cela résume parfaitement mon opinion sur vous, a-t-elle répliqué, en me touchant la main. Vous avez la qualité requise. Intérieurement, vous vous sentez comme un enfant. A l'exemple d'Einstein, qui a prétendu toute sa vie n'avoir jamais cessé de penser en enfant. Ce qui explique qu'il ait fait ces découvertes exceptionnelles...
- Non, ai-je répliqué. Je ne me sens pas comme un enfant. Je ne suis pas un adulte.
- Parfait. Dans le mille. Ceux qui se considèrent comme des adultes accomplis n'ont pas leur utilité dans ce projet. Ce sont des gens qui pensent n'avoir plus rien à apprendre...
- Voilà. Je n'ai pas terminé l'école. J'ai même à peine commencé.
- Je ressens la même chose que vous. L'univers est tellement immense. Nous n'en avons qu'un mince aperçu. Entre quelqu'un qui croit tout savoir et quelqu'un qui reconnaît son ignorance, je choisi le second sans hésiter.
- Mais...

**********

Et un peu de musique, dont la très belle chanson interprétée par Vanessa Paradis pour la BO du film d'Olivier Dahan, Le petit poucet.

 

 

 

19 juillet 2009

Si loin de vous ~ Nina Revoyr

si_loin_de_vousJun Nakayama, acteur à la retraite de 73 ans, reçoit un coup de fil d'un journaliste qui, à l'occasion de l'ouverture prochaine d'un temple dédié au cinéma muet, souhaite l'entretenir de ses jeunes et glorieuses années. Le vieil homme se défend de vivre dans ses souvenirs, et pourtant cette rencontre montre qu'il n'a strictement rien oublié, qu'il tique de se savoir oublié malgré lui et qu'il se rengorge intérieurement d'avoir pour fan inconditionnel ce jeune Nick Bellinger. Un projet en amenant un autre, le journaliste lui confie être également scénariste et son souhait profond de compter Nakayama dans la distribution.

Quarante années défilent ainsi, entrecoupées par les considérations des années 60, avec le recul et le constat amer d'être aujourd'hui seul. Jun a connu un succès extraordinaire, d'autant plus qu'il était un ressortissant japonais, étudiant de l'université du Winsconsin, brillant acteur au théâtre de Little Tokyo, fier d'une ascension qui ne lui a jamais fait défaut, avec des rencontres profitables et séduisantes, des femmes au charme vénéneux, des réalisateurs audacieux. Et pourtant, la carrière de Jun a brutalement chuté et sombré dans l'oubli. La faute au cinéma parlant ? A la politique anti-japonaise qui sévissait ? Ou au scandale dans lequel il a été impliqué, avec le meurtre non-élucidé d'un réalisateur de sa connaissance ?

Ce brillant roman a su combler l'admiratrice inconditionnelle des années dorées du cinéma hollywoodien que je suis, même si je connais peu le cinéma muet, sauf si on m'évoque Keaton, Chaplin ou Glorian Swanson, et irrévocablement le film de Billy Wilder, Sunset Boulevard. Mais ce roman n'est pas qu'une simple résurrection d'une époque et d'une industrie cinématographique exempte des artifices à venir, pas seulement une dénonciation d'un protectionnisme rampant. C'est le roman d'un homme qui se cherche, qui revisite le passé, qui enquête sur un meurtre et qui va au-devant des vérités enfouies. Il va déterrer des passions amoureuses, des liaisons tapageuses, un métissage prohibé, la vengeance aveugle et des secrets bouleversants. J'ai adoré ce roman, d'une élégance folle ; il nous balade d'avant en arrière sans nous donner le tournis, offrant une intrigue qui tient en haleine, et qui éblouit en même temps. Et ce sont 375 pages dévorées avec gourmandise et reconnaissance d'un livre bien fait, bien écrit et bien fourni.

Phébus, 2009 - 375 pages - 23€
Traduit de l'anglais (USA) par Bruno Boudard

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19 juillet 2009

lectrice de bd #1

je ne connaissais pas du tout la maison futuropolis, parce que je ne suis pas une si grande amatrice de bd que ça, même si j'aime en lire et en découvrir, l'occasion s'est donc présentée de faire plus ample connaissance, j'ai reçu le petit paquet promis avec une certaine curiosité doublée d'une attente non avouée, car je traverse une période noire en matière de lecture, il me faut un petit remontant pour reprendre goût aux mots et aux histoires, ce n'est pas bien méchant, tout lecteur traverse une phase de non-envie, et puis c'est l'été et ce sont les vacances, j'avoue que ma tête est ailleurs, alors quand je me suis mise à lire ces deux bds, je suis passée du cycle d'excitation au cycle de déconvenue... mea culpa aux auteurs et à l'éditeur, mais voici deux bds qui ont fini par me déprimer, malgré leur qualité esthétique indéniable.

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nouvelles_du_monde_invisibleEt si l'on racontait sa vie d'après le souvenir de ses odeurs ? Imaginez vous rappeler le parfum d'une petite copine de treize ans ou une escapade vers Jersey, c'est possible, mais soupçonnez d'avoir un odorat plus développé que la moyenne, qui vous happe au moindre souffle du vent, vous empeste par trop de pollution, ou parce que vos sacs poubelle s'amoncellent dans votre cagibi, cela s'annonce problématique, car l'odeur est partout, elle s'infiltre, elle persiste, comme celle du gaz qui vous donne un haut-le-coeur, ou qui vous transporte vers un ailleurs imaginaire, vous rappelle les embruns, l'échappée belle...
Les odeurs sont précieuses, elles évoquent plein de souvenirs agréables, même si parfois elles peuvent briser une harmonie palpable, qu'importe, à travers cette bd le lecteur voyage et hume l'air du temps, dans une texture crépusculaire, j'ai bien aimé le début, puis j'ai fini par me lasser.

Nouvelles du monde invisible, par Jean C. Denis

Futuropolis, 2008 - 165 pages - 19€

 

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la_ligne_de_fuiteMagnifique ambiance qui nous transporte du Paris fin des années 1880, aux Ardennes tristes à pleurer avant de s'évader vers le continent africain, sauvage et fier, planqué derrière ses secrets.
A Paris, Baju est rédacteur de la revue Le Décadent et pousse son jeune poète Adrien de composer quelques oeuvres en les signant Rimbaud, porté disparu depuis quelques années. Le scandale éclate aussitôt, Verlaine dénonce l'escroquerie et Adrien comprend trop tard qu'il vient de brûler toutes ses chances de réussite.
Il décide alors de partir à la recherche de Rimbaud, de rencontrer sa famille et de trouver quelques poèmes oubliés ou inédits, pour redorer son blason avant d'offrir au Décadent la gloire tant convoitée.
Hélas son périple va le conduire vers une remise en question permante, Adrien se glisse dans les pas de Rimbaud, s'embarque pour l'Afrique et s'enfonce dans une quête qui frise l'absolutisme, le désespoir et la révélation.
L'histoire a fini par me déprimer, même si je porte un véritable intérêt pour la figure de Rimbaud, il n'empêche que j'ai ressenti beaucoup de tristesse et de mélancolie dans cette oeuvre, je pense d'ailleurs que c'était le but recherché. Par contre les illustrations sont vraiment magnifiques.

La ligne de fuite, Christophe Dabitch & Benjamin Flao

Futuropolis, 2007 - 120 pages - 19€

Pour une lecture plus poussée, l'avis de Raymond

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un peu de musique pour se consoler !

 

 

18 juillet 2009

Je suis l'arbre qui cache la forêt ~ Alice de Poncheville

je_suis_larbreEli, quinze ans, n'a pas une famille modèle : sa mère traîne une réputation de sorcière et n'hésite pas à voler de la nourriture pour ses enfants, les jumeaux, Martin et Patrick, qui ne parlent qu'en langage codé. Eli ne connaît pas son père et ne possède qu'une simple photographie de lui, qu'elle a chipée sur sa pierre tombale. Et tout ce joli monde occupe une maison à l'orée de la forêt, où une ambiance colorée et fantaisiste règne en permanence.

Eli se sent différente des autres, ce qui est loin de la déranger, elle a conscience de mener une vie qui n'est pas de son âge, qu'importe, son coeur bat pour son prof de maths et ses confidents restent les arbres de la forêt, son seul refuge. Alors d'où lui vient cette sensation que tout glisse, que tout fout le camp ? Cela commence par la garde partagée des jumeaux, avec leur père psychologue, cela s'enchaîne avec une maman qui se fait tabasser puis accuser d'empoisonnement, et enfin coup de théâtre lorsque la jeune adolescente apprend le secret de ses origines. La nouvelle lui vaut d'avoir le souffle coupé, mais aussi les jambes, car Eli va se retrouver brutalement paralysée.

Dit comme ça, cela donne un sentiment d'urgence et de catastrophe sous forme d'avalanche. Mais en fait, le roman est vraiment tout le contraire. Léger, pertinent, insolent mais pas crâneur, attentif, attachant et j'en passe. C'est un bon roman, un roman sensé et intéressant. Un roman qui suit le monologue d'une adolescente et qui me semble parfaitement en phase avec les émotions des jeunes de quinze ans. L'histoire est, de plus, servie par un ton poétique qui rend grâce au propos, certes, aigre-doux au fur et à mesure qu'on avance dans la lecture. Sans compter qu'il y a un positivisme à toutes épreuves, de quoi solliciter sourire et confiance chez le lecteur.
C'est tout le mal qu'on lui souhaite.

Médium de l'Ecole des Loisirs, 2004 - 214 pages - 10,50€

Photographie de couverture : Franck Juery   

17 juillet 2009

L'homme qui plantait des arbres ~ Jean Giono

lhomme_qui_plantait_utovieIl s'appelait Elzéard Bouffier. Cinquante-cinq ans. Il avait possédé une ferme dans les plaines. Il y avait réalisé sa vie. Il avait perdu son fils unique, puis sa femme. Il s'était retiré dans la solitude où il prenait plaisir à vivre lentement, avec ses brebis et son chien. Il avait jugé que ce pays mourait par manque d'arbres. N'ayant pas d'occupations très importantes, il avait résolu de remédier à cet état de choses.

Ce texte raconte l'aventure tranquille d'un berger solitaire, en Provence, qui passe la fin de sa longue vie, à semer et planter des arbres dans des collines où l'exploitation humaine incontrôlée avait créé le désert. Les années passent, deux guerres éclatent, mais Elzéard poursuit son bonhomme de chemin. Un pays se transforme, la ruine et le vide font place à la joie de vivre, au souffle gai et enchanteur, à la jeunesse qui apporte l'énergie.

Le narrateur est spectateur du prodige créé par Elzéard, qui n'en tire aucune gloire, ce qui rend sa mission plus honorable et admirable. Jean Giono raconte l'histoire d'un symbole, car cet Elzéard Bouffier n'a jamais existé, mais cette histoire fait envie, donne des idées en se voulant superbe leçon d'écologie et de sagesse.

Les droits d'auteur que Jean Giono n'a jamais voulu toucher sur ce texte sont reversés à l'association de protection de l'environnement Robin des Bois.

Utovie jeunesse, 2006 pour cette édition et les illustrations (par Nicole Pommaux) - 32 pages - 6€

Existe aussi en édition Folio cadet chez Gallimard jeunesse, illustré par Willi Glasauerlhomme_qui_plantait

A lire aussi : Le petit garçon qui avait envie d'espace, écrit par Jean Giono

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