You don't know my name, de Kristen Orlando
Habituée depuis toujours à masquer la vérité et jouer un rôle de composition, Reagan préserve en fait le secret de sa famille - ses parents sont tous deux membres d'élite d'une branche spéciale de la CIA, les Black Angels. Or, cette vie sans attache et faite de faux-semblants a un goût amer pour l'adolescente, lassée de mentir et de déménager en coupant tout contact avec ses amis. Il n'est pas rare que Reagan laisse entendre qu'une telle carrière ne l'attire guère, au grand dam de ses parents qui croient en son potentiel. Le climat à la maison est donc tendu. L'adolescente se sent incomprise et n'ose pas avouer qu'elle est tombée amoureuse de son voisin car elle a conscience des risques qu'elle fait courir à sa famille. Tiraillée entre cet amour naissant et sa loyauté envers ses parents, leur mission et leur couverture, Reagan perd un peu les pédales, elle s'embrouille avec sa mère, elle trahit son petit copain, puis elle s'enferme dans sa chambre avec ses doutes et ses angoisses. Cellule de crise chez les MacMillan. Seulement, la réalité ne laissera guère de temps aux atermoiements puisqu'une alerte rouge est lancée. Les parents de Reagan sont impliqués dans une prise d'otages qui vire au désastre, leur tête est mise à prix et leur fille court également un grand danger. Et c'est tout aussi soudainement que le roman bascule dans le chaos - action, traque, violence. Et beaucoup d'émotions au compteur.
C'est donc une lecture qui se découvre en deux temps, d'abord l'histoire dresse le portrait d'une adolescente en quête d'elle-même, qui remet en question les choix de ses parents et qui s'interroge sur ses propres désirs, puis la deuxième partie de l'histoire prend une ampleur plus dramatique, avec la mise en place de la filature et l'enquête pour couper l'herbe sous le pied de l'ennemi. On passe ainsi d'une entrée en matière lente et prospective, pour chavirer sur une exécution brutale et riche en sensations fortes. C'est plutôt déconcertant, car inégal, ce qui m'a d'ailleurs assez peu convaincue. La lecture est certes distrayante et entraînante, mais j'avais personnellement d'autres attentes - comme retrouver un roman d'espionnage, façon Nom de code : Digit d'Annabel Monaghan ! ☺
Milan, 2017 - Trad. Marie Cambolieu