Je sens grandir ma peur, de Iain Reid
Un jeune couple prend la route pour se rendre à la campagne, où vivent les parents de Jake, dans une ferme isolée. Le paysage est enneigé, les températures sont glaciales.
La jeune fille est silencieuse, paumée. Son histoire avec Jake date d'à peine quelques semaines. Elle a rencontré le garçon dans un pub. Ils ont discuté, plaisanté et ont gardé le contact. Elle connaît Jake, sans fondamentalement être sûre de lui. Il est cultivé, timide et attachant, mais s'enferme aussi dans ses mutismes.
Plus le temps passe, plus elle prend conscience de ne pas trouver sa place. Elle ignore pourquoi elle a accepté de l'accompagner. Elle est inquiète aussi car elle se sent épiée, harcelée par un individu qui lui téléphone ou envoie des messages. Bizarrement, elle n'ose pas se confier à Jake.
De toute façon, l'ambiance dans la voiture diffuse une sensation étrange, mêlée de tension, de suspense et de mystère. C'est très prégnant et cela renvoie un vrai malaise.
Et pourtant, impossible de décrocher. On se sent pris en otage. Happés par ce climat de terreur sourde, par les rares indices lâchés au sujet d'un massacre, on avance à l'aveugle, on frissonne et on reste aux aguets.
C'est comme se sentir au bord du gouffre, sauf qu'on bascule pour rapidement toucher le fond de l'abîme. On se relève en zigzaguant, pris de vertige. Encore plus désarçonnés et déroutés par ce qu'on découvre.
En gros, c'est un roman hors normes, qui ne laisse pas indifférent, qui soulève beaucoup de questions et qui hante le lecteur bien après avoir tourné la dernière page. La fin est inexplicable, difficile, obscure et abstraite. Une pure torture !
Presses de la Cité, 2018 - Traduit par Valérie Malfoy
Titre VO : I'm Thinking of Ending Things
« Si seulement c'était plus surnaturel. Une histoire de fantômes, par exemple. Quelque chose de fantastique, un produit de l'imagination, même abominable. Ce serait moins terrifiant. Si c'était plus difficile à intégrer ou à admettre, s'il y avait plus de place pour le doute, je serais moins effrayée. Ceci est trop réel. Bien réel. Un homme dangereux animé de mauvaises intentions, d'intentions irréversibles, dans cette grande école vide. C'est ma faute. Je n'aurais jamais dû venir ici. »