La Voix des Ombres, de Frances Hardinge
Une atmosphère à part, une écriture envoûtante, un rythme assez lent, une intrigue complexe... Beaucoup de points positifs, et pourtant cette lecture aura également suscité doute et interrogation.
L'histoire se déroule dans l'Angleterre du XVIIe siècle, sous Charles Ier. Makepeace est une petite fille qui fait chaque nuit des cauchemars. Elle voit des fantômes, des monstres... bref. Sa mère la pousse à lutter contre ses crises et à tirer un trait sur leur passé. En effet, elle doit tout ignorer de son père et ne jamais envisager de le retrouver. Au décès de sa mère, Makepeace est malgré tout expédiée dans sa famille paternelle. Nouveau monde, nouvelle vie. Ce qui l'attend risque fort d'exacerber ses angoisses et ses terreurs... mais ne nous hâtons pas.
Car vraiment l'histoire s'inscrit lentement pour décrire son univers - tout semble si étrange et glaçant. Le charme opère, doucement, difficilement, et le début est laborieux. J'aime bien, j'aime pas. Nous sommes loin de la petite promenade insouciante dans la forêt enchantée... bien loin de là. J'avais toutefois envie de connaître la suite car une aura incroyable se dégage du livre. Invisible mais palpable. Avec tout plein de mystères, de zones d'ombre, de complots, de guerres, de trahisons, de personnages malveillants, avec des histoires de possession, de malédiction et des secrets. C'est indescriptible mais grandiose.
Preuve que le charme opérait : cela ne me déplaisait pas de m'installer dans un coin pour replonger dans mon gros bouquin de 500 pages. J'y trouvais même une forme d'excitation et d'impatience. C'est là aussi le pouvoir ensorcelant du roman ! Un drôle de phénomène qui inspire des sentiments confus et contradictoires... mais jamais, non jamais négatifs.
Gallimard Jeunesse (2019) - Traduit (anglais) par Philippe Giraudon
Illustrateur de couverture : Aitch