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Chez Clarabel
23 mai 2008

Un Monde sans rêves - Nicola Morgan

un_monde_sans_r_vesDans un futur proche, au coeur de la société anglaise, le libre arbitre a été totalement effacé de la conscience des humains, désormais divisés en Citoyens ou en Exclus, ceux qui refusent l'implant d'une puce dans leurs cerveaux pour inhiber toutes émotions. Imaginez une vie sans imagination, pré-programmée, sans la possibilité de rêver, d'espérer ou d'étonner. Un monde sans rêves. Dans cette Cité, la fiction a été interdite, l'émotion proscrite et l'espérance totalement évanouie. Pourtant, il y a les résistants, avec le Poète et Milton parmi les têtes pensantes. Le premier a choisi de s'exiler à Balmoral et recueille les nouveaux-nés que lui confie son camarade qui vit dans les tunnels de la Cité. Plus qu'un meilleur cadre de vie, le Poète offre à ces enfants une motivation pour boucler un projet élaboré de longue date. Et seize ans plus tard, trois adolescents, Livia, Marcus et Tavius, sont rappelés auprès de Milton pour venir en aide à la communauté des Exclus, frappée par une épidémie de peste.

J'ai vraiment beaucoup apprécié ce roman, totalement transportée dans cet univers que je pensais implacable et difficile de prime abord. Je me suis trompée, car j'ai découvert, certes, un monde terne et figé, où les Gouvernants aspirent les expressions de vie chez les Citoyens. Et ceux qui refusent une totale soumission, les Exclus, doivent endurer une vie clandestine et misérable dans les souterrains. Malgré tout cela, l'ambiance de ce livre n'est pas du tout glauque. L'oppression régnante et l'injustice flagrante poussent à encourager nos trois jeunes "soldats" à accomplir leur mission quasi désespérée (se rendre à la Tour centrale pour corrompre le système en place). C'est entre leurs mains que repose l'avenir de leur société, il leur faudra du courage et de l'intelligence, en plus de la bravoure pour affronter les Pols, cette milice qui abat de sang-froid tous les récalcitrants. Et je vous garantis une bonne dose de tension et de rebondissements, ça se lit très vite, c'est prenant. Ce roman de science-fiction n'est pas un produit pur jus, il élabore des théories mais ne s'embarque pas dans des phénomènes étranges et difficilement explicables. C'est simple, l'explication de la fin est même époustouflante, voir très séduisante. Cette histoire a pour atout majeur d'être truffée de clichés littéraires, parfois même c'est la clef pour résoudre l'énigme de ce Monde sans rêves. Oui, ce roman est totalement surprenant, vraiment enthousiasmant.

Albin Michel, 2008 - Coll. Wiz - 230 pages - 12€

Traduit de l'anglais par Raphaële Eschenbrenner. Titre vo : Sleepwalking.

 

A également été lu par Mélanie

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19 mai 2008

Phaenomen - Erik L'Homme

phaenomenQuatre adolescents internés à la Clinique du Lac en Suisse décident de prendre la poudre d'escampette, après la mystérieuse disparition du Dr Pierre Barthélémy. Âgés entre treize et quatorze ans, Violaine, Claire, Nicolas et Arthur sont des enfants exceptionnels. Sont-ils fous ou déséquilibrés, comme le craignent leurs familles ? Ou sont-ils dotés de capacités surnaturelles, qui les dépassent eux-mêmes ? Voilà déjà une première part d'intérêt. La suite n'est pas mal, non plus. Nos quatre jeunes doivent résoudre une série d'énigmes, mises en oeuvre par le docteur Barthélémy, pour trouver la clef de son enlèvement. Car bien sûr, Violaine et ses amis sont convaincus du danger de leur périple. N'ont-ils pas croisé trois individus inquiétants à la Clinique du Lac, trois tueurs chevronnés qui se sont maintenant lancés à leur trousse ? !

Premier tome d'une trilogie, Phaenomen s'est révélé une lecture fort emballante. L'intrigue ne manque pas de souffle, les personnages sont charismatiques et forcés de s'étoffer. La particularité des quatre enfants est assez stupéfiante, on assiste dans ce livre à la découverte des uns et des autres et de leurs étranges pouvoirs. Tout paraît encore brouillon et imprévisible, et pourtant on a hâte de connaître leur évolution et leur exploitation. Le face-à-face qui clôt ce tome 1 vaut aussi son pesant d'or, c'est à la fois brutal et déconcertant, mais cela promet une tournure excitante et riche en rebondissements pour la suite (du moins, je l'espère !). Bref, cette entrée en matière dans l'univers d'Erik L'Homme est conquérante et étourdissante. J'avais lu de bonnes critiques sur cette série et elles se sont avérées exactes. Ce tome 1 a soulevé des questions qui demandent des réponses. A lire, donc !

 

Editions Gallimard jeunesse, 2006

Editions Gallimard jeunesse, 2008 pour la présente édition. Coll. Folio junior - 262 pages.

L'avis d'Alwenn

17 mai 2008

Campus, tome 2 : Sur invitation - Kate Brian

** Avis de spoilers **

campus_2Reed Brennan a enfin touché son rêve : elle a intégré le bâtiment Billings. Pourtant, le calvaire n'est pas fini et les filles continuent de la mettre à l'épreuve en la forçant à faire le ménage dans leurs chambres. Consentant à devenir leur esclave, au nom d'une fichue obsession à rester près de ces filles sublimes mais un peu garces, Reed ne se rebiffe jamais. De même, on la colle dans les bras de Walt Whittaker, un étudiant très riche et hyper guindé, qui rentre d'un long voyage en Asie. Les filles Billings persuadent Reed d'avoir décroché le pompon, mais notre héroïne doute car elle ne ressent aucune attirance pour lui. Elle n'ose pas avouer à ses camarades qu'elle n'a pas oublié Thomas, son premier amour, qui a disparu du campus sans prévenir. La police est maintenant sur les lieux, une enquête est ouverte et Reed s'inquiète. Pourtant, toute la clique est convaincue de revoir le garçon lors de la fête de l'Héritage, une party qui se déroule à New York et où les invités sont triés sur le volet. Pour obtenir son droit d'entrer, Reed doit faire les yeux doux à ... Whittaker ! Dans le même temps, Reed fait l'objet d'un horrible chantage : actrice de photos compromettantes, prises à son insu, elle doit fouiller les affaires des filles Billings pour les accuser d'un coup monté contre une ancienne pensionnaire. L'étudiante est tiraillée et sait qu'elle peut tout perdre d'un instant à l'autre.

Ce n'est pas un franc coup de coeur, mais j'avoue que cette série parvient à m'accrocher en dépit des défauts que je lui trouve ! Je pense que le contraste y est pour quelque chose, dans le sens que cela peut être source de séduction ou de dégoût. Car on pense s'aventurer dans un monde glamour, où tout n'est que facilité et opulence, paillettes et autres futilités. D'un côté, on touche au but (les filles et garçons sont tous beaux, très riches) mais finalement la légèreté n'est qu'en surface. Le fond ne manque pas de surprendre : les tempéraments sont fourbes, les agissements malsains. La série, d'ailleurs, s'adresse à des "lecteurs avertis" (dès 14 ans). Pour ma part, c'est cette énorme ambivalence qui me plaît. Je suis curieuse de connaître la suite, je trouve la jeune Reed Brennan complexe mais intéressante, et surtout je savoure la perfidie des filles Billings, leurs dialogues mordants et leurs cerveaux dérangés. A suivre, donc, avec un vif intérêt ! :)

Tome 3 à paraître en septembre 2008.

Bayard jeunesse, 2008 pour la traduction française - 320 pages - 10,90€

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Sidonie Van den Dries.

Mon avis sur le tome 1

15 mai 2008

Comme des soeurs - Elizabeth Craft & Sarah Fain

comme_des_soeursAmies inséparables depuis le collège, Harper, Sophie, Kate et Becca vont devoir se séparer pour partir à l'université. Mais l'onde de choc a lieu lorsque Harper annonce qu'elle plaque tout pour son rêve : écrire un roman. (En fait, ses véritables raisons sont cachées et la copine, pas sympa, préfère se taire pour garder la tête haute.) Résultat, toutes les quatre s'emballent et font le choix d'aller jusqu'au bout de leurs rêves. Sophie renonce à l'université du Colorado et part inscrire son Etoile sur le chemin des stars à Hollywood, Kate tourne le dos à Harvard et s'envole pour l'Europe à la quête de son rêve (oui, elle ne sait pas ce dont elle rêve, la gourde !). Seule Becca, la plus réservée, ne change pas d'un iota et part dans le Vermont pour devenir une championne de ski. Un seul challenge, imposé par ses amies, celui de tomber amoureuse.

Même pas dix pages lues, et déjà vous sentez que vous allez engloutir ce roman ! D'un coup, d'un seul, vous faites leur connaissance et gagnez quatre copines que vous n'allez plus lâcher ! Leurs histoires sont un mélange d'humour, de causticité, de rebondissements chevaleresques, de tension surmontable et digeste, et tout ça in the name of love ! ;o)

En fait, c'est un roman qui prône les grandes valeurs de l'amitié avec un A majuscule, qui vous rappelle combien vous êtes prêtes à tout pour épauler une camarade, lui pardonner ses mensonges, la secouer gentiment pour la forcer à sortir la tête de l'eau. Parce que ce roman vous en raconte des vertes et des pas mûres, ok la complicité entre les quatre filles est le noyau dur et incassable, qui sert de carburant pour les matins grincheux ou les lendemains désenchantés, ou simplement pour se prendre la main et accomplir Son Destin. Leur amitié précieuse sert aussi de tampon pour les bleus à l'âme, pour les petites vérités qui ne sont pas bonnes à dire, pour les secrets tus en leur âme et conscience. Car malgré les apparences d'une vie facile, les filles vont aussi connaître des embûches - les appels des sirènes et les miroirs aux alouettes. Bref, c'est un roman qui rappelle Quatre filles et un jean d'Ann Brashares, dans le registre vivifiant, très drôle, et midinette !   

Editions Albin Michel, 2008 - coll. Wiz - 440 pages. 14€

Traduit de l'anglais (américain) par Madeleine Nasalik.

NB : Après vérification, une suite est donc déjà disponible : Footfree and Fancyloose (sortie 2008 pour les USA). Et la série ne semble pas s'arrêter là !

L'avis de Gaelle la libraire ;o)

14 mai 2008

Echancrure - Michel Le Bourhis

echancrureThomas, dix-sept ans, est un écorché vif qui ne croit pas en l'avenir. Il traîne ses savates au lycée professionnel, sèche souvent les cours, vit dans un modeste appartement avec sa mère, qui est caissière au Leclerc, et son petit ami qui glandouille toute la journée devant la télé. La perspective d'un lendemain meilleur lui est complètement illusoire. Il est aussi secrètement amoureux de sa voisine, Sandrine, qui sort avec son meilleur copain, Tony. Et il rêve de cogner le père de celle-ci, pour la venger des coups qu'elle reçoit tous les soirs. C'est la misère, pensez-vous...

Thomas a cependant trouvé un refuge dans cette vie de brutes : il entretient une véritable passion pour la littérature et les belles éditions, qui le fascinent, le séduisent. Un jour, dans une librairie, il s'apprête à chiper un exemplaire de Maupassant dans la Pléïade mais son geste est arrêté par une femme d'un certain âge, Micheline Gayet. Au lieu de le sermonner ou de le dénoncer, elle préfère lui payer le livre et lui offrir. Ce geste étonne nos deux personnages, qui se font face, un peu abrutis et maladroits. Thomas est incapable de comprendre la gratuité de ce geste, Micheline ne l'explique pas non plus et ne comprend pas cette soudaine obsession pour ce garçon, qui lui rappelle une autre époque de sa vie de prof.

A travers le monologue de l'adolescent et les extraits du journal de Micheline, l'histoire d'Echancrure est une remarquable description du désarroi d'un gamin très en colère et écoeuré par la vie qui l'entoure. Seuls les livres lui offrent une échappatoire, sans quoi la réalité de son quotidien est oppressante, lourde, poignante et déprimante. Au fil des pages qui s'enchaînent avec une rapidité étonnante, le lecteur ressent cette urgence et le sursis qui s'annonce. Car un drame va boucler cette comédie humaine, dès le départ le lecteur en a l'intuition. Et pour accentuer le tout, le rythme qui s'accélère dans les derniers chapitres va donner le tournis, fait retenir le souffle. Puis le couperet tombe.

Ce livre n'est décidément pas tendre mais force l'empathie du lecteur. Cette réalité désoeuvrante que vit Thomas nous rend amer et seuls les passages écrits par Micheline apportent une bouffée d'oxygène, surtout à travers la perspicace description du bienfait des livres dans une vie. Elle offre un passage extrêmement juste sur la difficulté de ces jeunes de s'arracher à eux-mêmes, de se frotter aux mots, aux textes, à des vies qui ne leur ressemblent guère, et qu'ils regardent filer, envieux parfois, respectueux aussi, mais sans désir véritable de les rejoindre, d'essayer de les partager, confortés dans leur certitude que ces deux mondes s'opposent violemment. Un beau texte, pas très gai mais poignant.

Editions du Seuil, 2007 - Coll. karactère(s)

139 pages - 8,50€

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25 avril 2008

Campus, 1. Bienvenue à Easton - Kate Brian

campus_1Reed Brennan, quinze ans, vient d'être admise à la prestigieuse académie d'Easton dans le Connecticut. Elle quitte Croton, en Pennsylvanie, son existence étriquée auprès d'une mère névrosée et d'un père trop laxiste, et s'installe sur le campus de cette institution qui ne réunit que l'élite. Tous plus brillants les uns que les autres, les étudiants d'Easton sont aussi très beaux, chics et riches, cultivent l'insouciance et l'aisance qui manquent terriblement à Reed. Cette dernière est fascinée par les filles de Billings, un bâtiment se distinguant du reste, et où l'on trouve la crème, dont Noelle, Ariana, Kiran et Taylor. Elles représentent aux yeux de Reed ce que celle-ci a toujours souhaité trouver, incarner, aspirer. C'est décidé : elle fera tout pour se joindre à elles. Mais être admise dans leur clan s'annonce plus difficile, entre l'humiliation, le chantage et les fourberies à trois heures du matin, Reed est déconcertée, toutefois butée dans son désir pour atteindre son but.

Depuis la rentrée, la jeune fille a également fait la connaissance de Thomas Pearson, un élève de Terminale. Tout en lui attire Reed : il est beau, il dégage du mystère, il est aux petits soins pour elle. Mais les filles Billings ne le portent pas dans leur coeur et exercent un chantage qui met les nerfs en pelote. De même, ses résultats scolaires sont en chute libre, Reed est menacée d'exclusion si elle ne relève pas la barre très haut et très vite.

Ce livre est le premier tome d'une série qui comporte huit titres. C'est une chronique amère et cynique sur l'intégration difficile d'une jeune fille ordinaire prête à tout pour toucher les étoiles. Ce qui la fait tant rêver, apparaissant sublime et irréprochable en façade, s'avère plus sournois et criblé de faussetés. Les filles Billings ont une personnalité opaque, moins irréprochable et fascinante qu'au premier abord. Ce n'est pas tant le règne de l'apparence qui pousse à réfléchir dans ce roman, mais plus l'implacable perversité d'une bande de filles toutes plus superbes les unes que les autres, et qui se tirent dans les pattes, au nom de quoi ? On s'interroge beaucoup sur les revers, apercevant déjà les compromissions des unes, les trahisons des autres, et les messes basses, les regards noirs et voilés. On a plus l'impression, qu'au lieu du Paradis, Reed Brennan vient de mettre les pieds en Enfer !

La suite (le tome 2) vient de paraître en avril 2008.

(Mars) 2008, Bayard Editions Jeunesse pour la traduction française (par Sidonie Van den Dries)

Titre vo : Private. 324 pages, 10.90€

Illustration de couverture : Miyuki Morimoto

24 avril 2008

La fille du papillon - Anne Mulpas

fille_du_papillon2Solveig, seize ans, a horreur des journaux intimes mais ce n'est pas sa faute si elle est aujourd'hui surprise à mettre des mots sur sa vie, c'est à cause du Monde. Il s'agit d'un garçon aperçu en pleine nuit, sous la fenêtre de sa chambre. La rencontre n'est pas anodine, ce joli coeur lui récite du Pessoa puis disparaît. Solveig a le palpitomètre dans le rouge passion.

A la maison, les choses ne se passent pas si mal. Elle vit seule avec son père, qui papillonne d'aventures d'un soir à d'autres, et la Belle Absente arbore un sourire éclatant dans les albums photos. Solveig a aussi une excellente-meilleure-fusionnelle amie, la Ni, avec laquelle le quotidien tout gris se pare des couleurs de l'arc-en-ciel. Or, l'audace des demoiselles ne connaît pas de limites et nos deux filles vont déraper. Petit à petit, tout va s'écrouler :  le monde sans heurts, sans maman, va soudain plonger dans une sournoise noirceur. Solveig pète un câble et n'arrive plus à retenir ce qu'elle possède entre les mains.

Son amitié avec la Ni, son amour pour le Monde, sa connivence avec papa, sa douleur de n'avoir pas connu sa maman, son attitude au lycée, son exigence, son intempérance, ses colères, ses caprices, bref le journal de Solveig devient un récipient fragile, prêt à fissurer de toutes parts. On oublie comme on peut être bête et ridicule, excessif et insubordonné à 16 ans ! L'histoire de Solveig, capricieuse et butée, nous rappelle ô combien cet âge ingrat est un cap difficile, insupportable et irritant ! (Parfois j'ai frôlé la saturation...) Mais ce portrait ne pourra qu'interpeller les lectrices du même âge, qui reconnaîtront dans Solveig cette Voix Sacrée qui sait admirablement faire état de leur effroyable solitude et sempiternelle incompréhension du monde qui ne tourne pas autour d'elles... (Un livre qui leur ressemble, quoi !) A conseiller à toutes les filles qui ont des papillons dans la tête et le coeur !

La fille du papillon, Anne Mulpas

Editions Sarbacane, 2006. Coll. Exprim, 218 pages. 9€

A été lu par Gawou ; Laure ; Marie ...

23 avril 2008

Ne t'inquiète pas pour moi - Alice Kuipers

ne_t_inquite_pas_pour_moiUne mère et sa fille ne font que se croiser et communiquent par des petits messages, laissés sur le frigo. Liste de courses, gros bisous pour la journée, comment s'est passé ton exposé, ce soir je reste chez ma copine, rappelle ton père, nettoie la cage du lapin, etc. Que de l'ordinaire. Et puis, la demande devient pressante : la mère de Claire veut la voir entre quatre yeux, lui parler d'un rendez-vous chez le médecin, lui expliquer cette boule au sein. C'est très grave, mais la mère est paniquée d'aborder cette conversation avec son adolescente de fille. Claire a quinze ans, elle vit, elle sort, elle réclame des sous, elle pleure, elle a un petit ami. Est-il préférable de la préserver, ou de la forcer à mettre ses deux pieds dans la sinistre réalité ? Les petits papiers vont et viennent, parfois une phrase lapidaire, tantôt un petit poème ou alors un long message d'amour... « Je n'aurais pas pu avoir de fille plus fabuleuse. » Pour moi, cela a été le déluge. Les quatre dernières pages avant la fin ont été noyées sous un brouillard de larmes. C'est incontrôlable.

Sans quoi, ce petit livre est tendre, attendrissant, atrocement émouvant. Au début, j'étais assez perplexe sur cette étrange relation, tourbillonnante. Ni la mère ni la fille n'arrivaient à se poser pour s'apercevoir quelques secondes. Puis, j'ai compris pourquoi. J'ai également été touchée par cette connivence atypique qui s'inscrit dans une relation épistolaire, ce besoin d'écrire au lieu de dire. Le sujet sur la maladie (cancer) est abordé avec sobriété et intelligence. Le but n'est pas de faire pleurer, mais il m'est apparu assez difficile de rester stoïque.

Pour information, ce livre est édité en jeunesse et en adulte (deux couvertures différentes).

Ne t'inquiète pas pour moi, d'Alice Kuipers

Albin Michel jeunesse, 2008. 242 pages - 10 €

Traduit de l'anglais par Valérie Le Plouhinec. Titre vo : Life on the refrigerator door.

A été lu par Gawou ; Mélanie ; Cathulu ...

21 avril 2008

Nuits d'Enfer au Paradis - S. Meyer, M. Cabot, L. Myracle, K. Harrison, M. Jaffe

Nuits_d_enferCoupable, je reconnais m'être procurée ce livre car le nom de Stephenie Meyer y figurait ! Forte de mon ensorcellement pour sa série Twilight, je voulais lire autre chose d'elle, dans ce registre de la nouvelle, mais j'ai été épouvantablement déçue. Son texte, L'Enfer sur Terre, présente une démone, habillée d'une sublime robe rouge, qui est chargée de pourrir l'ambiance du bal de promo. Or, elle croise Gabi-aux-yeux-bleus et ses jambes flanchent. Pouah, pathétique ! C'est très pauvre, stylistiquement parlant. Pas du tout enthousiasmant. Je m'en suis rendue compte, aussitôt, en lisant la deuxième nouvelle, celle de Meg Cabot, La Fille de l'Exterminateur. Mieux écrit, le propos de l'histoire ne se révèle pourtant pas transcendant : un pastiche de Buffy the vampire-slayer ! Bof, le résultat est convenu et attendu au tournant. Un peu frustrant, quoi. Le bouquet de Lauren Myracle relève enfin le niveau d'un calme plat. Trois amis, Frankie, Yun Sun et Will, se rendent chez madame Zanzibar, une médium un peu barrée et capricieuse. Elle lance trois prédictions très floues qui remplissent d'insatisfaction la jeune narratrice (Frankie). Celle-ci met alors la main sur un bouquet ayant appartenu à une française qui lui a jeté un sort. Les yeux brillants, Frankie se sauve avec, malgré les recommandations formelles de madame Z. Ce bouquet porte malheur, et les trois voeux à venir vont bouleverser la nuit du bal de promo de nos trois protagonistes. Absolument délirant, au début. C'est très bête, mais très drôle. Puis ça vire lentement au glauque et finit dans le flip, mais heureusement avec une touche de second degré fort appréciable ! J'ai bien aimé, vraiment.

Madison Avery et l'Ange des Ténèbres de Kim Harrison raconte la soirée catastrophe d'une lycéenne de 17 ans, qui vient d'emménager dans un bled paumé chez son père, suite à la décision punitive de sa mère. Le bal de l'école se passe très mal, et Madison a une attitude méprisante. Elle se fâche avec son cavalier et s'apprête à quitter la salle, rouge de honte, quand arrive Seth, séduisant, inquiétant, bref attirant. Elle se sert de lui pour se venger de son ancien partenaire et part à son bras pour d'autres... aventures. La suite est intéressante, mais un tantinet brouillonne. J'ai failli penser à la série Dead like me, avec ce même humour cynique, mais quelques scènes me semblaient pataudes. Somme toute, le résultat est assez concluant. And last but not least, Baisers Fatals de Michele Jaffe, qui ouvre sur une scène fort palpitante avec un garçon et une fille qui s'empoignent, lui les deux mains autour de sa gorge à elle. Puis, l'un des deux s'écroule, KO. La suite ? Cela se passe huit heures plus tôt. Ce n'est pas trop mal non plus, assez long et bien amené. Le portrait de la serial-kisseuse est truculent, les dialogues impertinents. Bref, un bon gâteau moelleux pour mettre un terme à cette lecture qui ne fut qu'un en-cas, pour moi. J'attendais plus, de manière générale. J'ai été fort déçue par le texte de Stephenie Meyer mais agréablement surprise par Lauren Myracle. Cependant, cette lecture n'est pas un aller-simple pour l'Enfer ni les nuits blanches qui L'accompagnent... A tenter (mais les accros de Twilight seront amèrement déçus ! Vivement le tome 4 !).

Nuits d'Enfer au Paradis, recueil de nouvelles écrites par 5 auteurs américaines :

Stephenie Meyer, Meg Cabot, Lauren Myracle, Jim Harrison, Michele Jaffe

Hachette jeunesse, coll. Black Moon, 2008 pour la traduction française (par Maud Desurvire). 16€

A également été amorcé par Gawou

19 avril 2008

*** Hésitation - Stephenie Meyer

version courte

Depuis le retour du clan Cullen à Forks, Edward est décidé de se faire pardonner et ne quitte plus d'une semelle Bella, refusant ainsi qu'elle retrouve son ami Jacob Black. Cette privation frustre la jeune fille qui se sent poussée vers lui, en souvenir des mois agréables passés ensemble. Mais une haine "ancestrale" oppose le clan d'Edward à celui des Quileute, en plus de la jalousie croissante au sujet de Bella. Tous deux sont amoureux de celle-ci, qui n'imaginait pas un seul instant se trouver dans la position délicate de choisir l'un ou l'autre !

Cet imbroglio amoureux nourrit l'essentiel du roman, provoquant maints agacements et quelques crises d'hystérie. Nos trois protagonistes sont tous coupables de leurs actes et de leurs pensées, Bella est perpétuellement agaçante avec son inconstance, Edward trop excessif et Jacob opportun. Cependant, cela ouvre à la jeune fille une nouvelle perspective d'avenir : obnubilée par son désir de "transformation", elle oublie la part de sacrifice que cela implique. Différents témoignages (de Rosalie ou de Jasper) vont la mettre face à cette cruelle réalité.

Le suspense est particulièrement intense dans ce tome 3, de part la menace des Volturi et de l'autre par l'arrivée d'une armée de jeunes vampires assoiffés. Une guerre se prépare, et Victoria rôde toujours. Les scènes de stratégie orchestrées par Jasper sont denses et excitantes ! De même, la relation entre Edward et Bella continue de nous émerveiller, avec quelques scènes croustillantes. L'intrusion de Jacob Black est un élément non-négligeable, déjà évoqué ci-dessus, car ce personnage m'est prodigieusement antipathique et étouffant !

************

 

*** énorme avalanche de spoilers, avis à ceux qui n'ont pas lu ce livre ! ***

hesitationEdward est revenu, Edward et le clan Cullen ont regagné leurs quartiers à Forks, Edward est auprès de Bella et Edward a fait une promesse ! Youpi, tout roule comme sur des roulettes. Mais alors, pourquoi cette Hésitation ? Ah oui, Jacob Black... Ne l'oublions pas (pourtant, j'ai serré les poings très fort pour l'évincer de mes yeux, peine perdue) ! Edward a commis une erreur monumentale en s'éloignant de Bella, pensant que c'était pour son bien. Il a laissé la place à ce gamin de 16 ans qui n'a pas ménagé ses efforts ni boudé son plaisir pour profiter des instants passés auprès de la jeune fille. Certes, elle était cassée mais, à force de patience, elle a su se reconstruire, et auprès de Jacob elle a trouvé une chaleur qu'elle croyait ne plus jamais retrouver. Ce n'est pas rien, et ça laisse des traces ! Ah malheur, Edward doit maintenant ronger ses remords, son agacement et cherche à se rattraper. Il ne veut plus quitter d'une semelle sa dulcinée, au point de l'empêcher de fréquenter son meilleur ami. Une haine raciale les oppose, s'ajoutant au fait que tous deux ont des sentiments très forts pour Bella.

Dans cette histoire, ils sont plusieurs à plaider coupables : Edward, trop excessif, emprisonne sa chérie et exacerbe l'envie à travers cette interdiction de revoir Jacob. Bella, éternelle inconstante, s'entête à renouer les liens très forts avec son camarade, n'ignorant pas que celui-ci est entiché d'elle, même si elle ne lui laisse aucun espoir de retour. Et Jacob Black, jeune chien fou, immature et buté, a juré de conquérir le coeur de Bella, pour au moins lui offrir la possibilité de choisir. Superbe exemple de la relation triangulaire, qui agace prodigieusement !

Au début de ce livre, Bella obtient ce qu'elle désire par-dessus tout (disons, la promesse d'une transformation après l'obtention de son bac). Jusqu'à présent, c'était une décision qui semblait capricieuse et irréfléchie. Or, ce tome 3 va montrer à Bella l'enjeu de ce billet sans retour, surtout grâce au témoignage de Rosalie, qui se révèle dans ses pages extrêmement émouvante.

Une autre épée de Damoclès pend au-dessus de la tête de Bella, depuis qu'un clan puissant a lancé un ultimatum à Edward, et qui la concerne. A ceci, se mêle également (bah oui, pourquoi se contenter de si peu ?!) une série de meurtres qui frappe la ville de Seattle, pas très loin de Forks. Les Cullen s'inquiètent et craignent la naissance d'une armée de jeunes vampires assoiffés - dans quel  but ?

Ce tome 3 promet de ne pas nous ennuyer ! Il y a une vraie tension psychologique, la menace est réelle, la chape de plomb quasi étouffante, avec des affrontements sur plusieurs fronts (physiques, émotionnels, amoureux) et beaucoup d'action au tournant de quelques chapitres, là, sans s'y attendre. J'ai franchement beaucoup aimé les scènes de stratégie orchestrées par Jasper (qui lève un voile sur son mystère, ouah !). Que les âmes romantiques se rassurent : on ne passe pas son temps à se battre, à fuir, à traquer, etc. Il y a, certes, un malaise qui s'installe et qui trouve ses racines dans un affreux imbroglio sentimental.

La relation entre Bella et Edward ne cesse de nous émerveiller, nous gratifiant plusieurs scènes assez "chaudes" (si, si ! ). Il reste, cependant, cet énorme grain de sable que représente Jacob Black. Dans ce tome 3, le minet va nous servir de délicieuses séquences qui ont bien failli me faire envoyer valdinguer le bouquin à travers le carreau de la fenêtre ! J'ai été irritée à maintes reprises par ce personnage, que je trouve arrogant, sournois, lourd et puéril. Et cette histoire d'imprégnation, longuement rapportée par les légendes des Quileute, me faisait dresser les cheveux sur la tête (trop d'insistance, à mon goût).

Je n'adhère définitivement pas à Jacob Black, il incarne l'antithèse d'Edward Cullen : le chaleur contre le bloc de marbre. { Pour cela, j'ai beaucoup aimé la citation du poète Robert Frost en épigraphe, Fire and Ice. } Jacob n'est que précipitation, alors qu'Edward est sophistication. D'un autre côté, Bella Swan n'est pas non plus l'image la plus glamour, c'est juste une fille banale, guère chichiteuse et peu goûteuse des artifices de la mode (au grand dam d'Alice !). { Aaaah Alice et son grand amour pour Jasper, quel couple aussi !!! }

Alors je m'interroge beaucoup, je m'inquiète pour la suite. La perspective d'avenir de Bella m'échappe. Quand je pense à Stephenie Meyer et ses convictions religieuses, je m'interroge sur cette éventualité de faire perdre son âme à la jeune fille (le sujet sur la vertu étant déjà à prendre avec des pincettes, alors que c'est bougrement hypocrite tant la sensualité est éclatante dans ce récit !). En fin de tome 3, je sens une Bella plus amère qu'excitée par son futur engagement. Des failles sont très largement apparues dans ce livre. J'ai été assez choquée par Bella, je ne comprenais plus les motivations de la jeune fille (qu'elle pleure comme une madeleine m'a mise très mal à l'aise, par exemple).

J'ai donc été lire l'interview de l'auteur sur son site (ici) où Stephenie Meyer excuse les faiblesses de Bella selon le fait qu'elle est écrasée par le poids de son amour, avec Edward, c'est tout bonnement « a very sudden, dramatic, sweep-you-off-your-feet, change-your-world, magical, passionate, all-consuming thing» et donc qu'elle n'a pas la mesure de comprendre comment tomber amoureux autrement, plus subtilement. (Ok, mais c'est dur !)

Et notre Edward n'est pas toujours très bon, soit il en fait trop ou pas assez, notamment avec cette fichue patience d'ange (sic) qu'on lui attribue en cours de route, à un point que son aura tend à pâlir lors du face-à-face des deux mâles. (Pitié, pitié, pitié...) { Mais quel chapitre palpitant que celui intitulé Le feu et la glace !!! } Enfin c'est carrément frustrant ! 

Amis lecteurs, vous assistez à un drame semi-annoncé : j'ai terminé la lecture des trois tomes de la série Twilight et je me sens abominablement vide ! J'ai vécu une semaine à Forks, j'ai frémi et j'ai perdu ma raison. Je me sens dépossédée, un coup d'oeil à mes piles de livres à lire me dit que je ne suis pas en manque, mais pourquoi rien ne m'attire ?! Je dois crever ma bulle, je ne veux pas. J'ai rarement vécu ce bouillonnement d'émotions avec une lecture, je m'enthousiasme souvent, mais il est plus rare de vivre cet état de transe pour une série, qui n'est pas un modèle de référence. Toutefois, je m'en moque des règles et des formules. L'américaine Stephenie Meyer a su nous  «imprégner » et nous  « éblouir » (histoire de rappeler nos deux coqs !) et c'est un don qu'on ne peut qu'applaudir !

Breaking Dawn, le tome 4, est annoncé pour le 2 août 2008. On parie sur le titre vf ? Décision ? ;o)

 

 

 

Hésitation, de Stephenie Meyer

 

 

 

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Luc Rigoureau (Titre original : Eclipse)

Hachette, 2007. 620 pages. 18€

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