Ma vie de pingouin, de Katarina Mazetti
Vous rêvez d’une croisière de l’extrême ? Alors, c’est parti pour l’Antarctique !
Wilma, 32 ans, vient de larguer les amarres pour le bout du monde et fuir, on s'en doute, un secret de plus en plus lourd pour elle. Pourtant, en apparence, la jeune femme est dynamique, pétillante mais maladroite. Elle a même pris sous son aile Tomas, journaliste désabusé, grincheux, bougon, paumé, qu'elle tarabuste constamment pour reprendre du poil de la bête.
Spectatrice perspicace et espiègle, Alba, septuagénaire turbulente, scrute ses semblables et rédige dans son petit carnet de notes un nouveau projet baptisé “La ruine des espèces”.
Ainsi, tout ce petit monde se croise et s'emmêle, depuis Paris jusque Ushuaia, en une joyeuse cacophonie qui ne manque ni de charme ni de d'entrain.
La lecture, a priori enjouée, est en fin de compte faussement légère, car il est aussi question dans l'histoire de maladie, de dépression, de solitude et de désœuvrement...
Katarina Mazetti est coutumière du fait mais déjoue avec brio les pièges du pathos. Elle nous sert une comédie éclatante de vivacité et de situations cocasses. On n'est pas plié de rire à chaque coin de page, mais on ressent une profonde tendresse pour les personnages à travers leurs aventures débordantes de sincérité.
Les cinq comédiens, sélectionnés par Audiolib, croquent avec talent cette lecture enthousiasmante et pleine de peps. On ne s'ennuie pas un seul instant et le dépaysement est assuré. La croisière se termine beaucoup trop tôt et c'est avec regret qu'on la quitte !
Audiolib ♦ mai 2015 ♦ texte lu par Patrick Donnay, Erwin Grünspan, Nathalie Hons, Cachou Kirsch et Marcha Van Boven (durée : 7h 17)
“Quoi de mieux pour réchauffer les cœurs en perdition qu’un iceberg, pour peu qu’il se retourne, révélant le pingouin qui sommeille en chacun ?”
traduit du suédois par Lena Grumbach (Mitt liv som pingvin) pour les éditions Gaïa
Le Caveau de famille, par Katarina Mazetti
J'ai donc lu, peu de temps après, la suite de l'histoire de Désirée la bibliothécaire et Benny le paysan, en version audio, toujours racontée par Marielle Ostrowski et Michelangelo Marchese. Une relecture, en fait. J'avais gardé le souvenir d'une grosse déception, teintée d'amertume et de désolation. Quelque part cela s'est confirmé, puisque le temps a passé, notre couple s'est redonné une chance mais s'est aussi enfoncé dans une routine déprimante. Pour le coup, j'ai ressenti beaucoup d'empathie pour Désirée, coincée dans un rôle de mère de famille, mère au foyer, épouse d'un agriculteur aux idées archaïques et machistes... Franchement, je l'ai plainte à maintes reprises. Benny, d'entrée de jeu, m'a énormément déçue par son attitude avec Maria. Par la suite, il a laissé très peu de place à Désirée pour son épanouissement, elle enchaîne les grossesses, se plie aux règles de la vie à la ferme, fait des efforts mais est dépassée par l'accumulation des tâches. C'est définitivement un portrait éteint d'une histoire d'amour qui a connu des débuts turbulents et qui a voulu conjuguer ses différences. Aujourd'hui elle ne cherche plus à vendre du rêve, des délires, de la fantaisie. Le constat est là, plat, triste et démoralisant. Les personnages grincent des dents, et nous avec.
Audiolib, décembre 2011 ♦ traduit par Lena Grumbach pour Gaïa éditions ♦ texte intégral lu par Michelangelo Marchese et Marielle Ostrowski (durée d'écoute : seulement 5h 08)
Le mec de la tombe d'à côté, par Katarina Mazetti
Relecture, mais en version audio, d'un roman découvert en octobre 2006 ! Et quel régal. Michelangelo Marchese et Marielle Ostrowski interprètent avec humour et dérision le couple Benny et Désirée qui font connaissance sur un banc, dans un cimetière. Ces deux-là n'ont strictement rien en commun, il n'est pour elle qu'un bouseux sans culture, elle est à ses yeux une femme beige, très quelconque. Et puis plouf, un sourire fait naître un malentendu et nos deux zozos ont les hormones en ébullition, et vas-y que ça caracole joyeusement au creux du ventre. Leur histoire m'a fait ricaner à maintes reprises, pas parce qu'elle est belle, romantique ou mielleuse, c'est tout le contraire, nos deux tourtereaux se vautrent dans la gadoue, n'en peuvent plus de nous délivrer leurs tourments, leurs espoirs, leurs désillusions... C'est le choc des cultures. Ainsi, les deux points de vue s'affrontent, par chapitres alternés, et c'est ce contraste énorme qui rend la lecture si jubilatoire ! Vous avez là un roman d'amour décalé, désopilant, grinçant et caustique. Il est à déconseiller aux fleurs bleues, mais cela en fait tout son charme aussi.
Audiolib, février 2011 ♦ traduit par Lena Grumbach et Catherine Marcus pour Gaïa éditions ♦ texte intégral lu par Michelangelo Marchese et Marielle Ostrowski (durée d'écoute : seulement 5h 10)
Ciel voilé, brouillard. Faible visibilité.
Je ne sais pas si vous connaissiez Le mec de la tombe d'à côté de Katarina Mazetti. C'est une histoire d'amour fou entre un agriculteur et une bibliothécaire. Tout les sépare, mais ils s'aiment et sont attirés l'un par l'autre, envers et contre tout. Ils vont rompre, se retrouver, impossible de s'oublier. Benny va vivre en couple avec une autre, Désirée veut un bébé. Et nous avons Le Caveau de famille ...
Ô ma douleur ! J'ai failli déprimer en lisant cette suite. Et pourtant, c'est facile de s'y retrouver, on parle de vie de couple, de vie de famille, de concessions et autres compromis qui vous flinguent, des envies et des manques, des frustrations qui s'accumulent et qui rendent le coeur lourd et amer... Mais qui a envie de lire ça ? Pas moi.
240 pages qui me rappellent la vraie vie ou ce qu'on nous assomme dans les reportages tv - non merci ! Sans compter que je suis un peu contre les idées du roman... la vie de couple tue l'amour, la vie de famille l'enterre. Au secours ! Je ne sais pas vous dire à quel point ce bouquin m'a dérangée. J'en avais de plus en plus marre et j'étais pressée d'en finir.
Il faut dire aussi que j'avais totalement craqué pour Benny et Désirée, il y a cinq ans. J'avais espéré pour eux des lendemains meilleurs et des rêves impossibles à réaliser. Bref, je les voulais heureux. Je pensais qu'en bravant les barrières qui les enfermaient chacun de leur côté, ils seraient parvenus à être plus forts que tout. Il n'en est rien ! J'ai comme l'impression que ce roman, en plus du reste, veut me convaincre que les opposés s'attirent mais qu'ils ne peuvent pas être heureux. Hop, total échec.
Et puis ce n'est même pas drôle. C'était un point fort du précédent roman, mais là j'ai trouvé que c'était essentiellement acerbe et donc démoralisant. En somme, je suis déçue et très triste parce que c'est désormais l'image qu'il va me rester du couple de Benny et Désirée. Vision d'un couple qui partage le même toit, alors qu'ils sont devenus des étrangers l'un pour l'autre - bleh.
Le Caveau de Famille - Katarina Mazetti
Gaïa (2011) - 237 pages - 20€
traduit du suédois par Lena Grumbach
Voici des extraits :
Il y a la partie joyeuse et qui fait sourire ...
- Tu pourras faire ce que tu veux dans notre chambre, à part faire monter des messieurs ! ai-je dit.
J'avais encore à l'esprit le malaise qui s'était installé la dernière fois que je m'étais mis en tête d'égayer un peu la pièce.
- Si tu la veux entièrement blanche et sans rideaux avec un lit d'hôpital en tube d'acier pour toi, n'hésite pas ! Et une lampe de chevet, bien sûr, mais l'extinction des feux est à dix heures ! Tout ce que je demande, c'est de garder mes bonnes vieilles couvertures de cheval et mes oreillers crottés, et un petit tabouret dans un coin pour poser mes vêtements.
- Dix heures ? a-t-elle dit d'une voix assez pointue.
- Après tu liras avec une lampe de poche sous la couverture. Je me lève à cinq heures et demie, moi.
Elle pouffa.
- Tu sais, c'est comme ça que les livres sont les meilleurs !
Voyez, un petit nuage de perturbation qu'on a réussi à dissiper en bonne intelligence. C'était prometteur pour l'avenir. Ce qu'on est obligé de supporter, on peut tout aussi bien apprendre à l'aimer.
Et puis le reste...
(...) je n'aurais pas échangé la Crevette même contre Julia Roberts. Elle est toujours mon amour impossible, ma Crevette désespérante dans ses savates qui font cloc cloc, du vomi de bébé sur l'épaule et des cheveux tellement emmêlés qu'on dirait qu'elle s'est coiffée avec un pétard... Elle ne s'est jamais mise en quatre pour son apparence avant, ce n'est pas avec notre mariage qu'elle a commencé, pourrait-on dire. L'autre jour quand elle s'est fâchée tout rouge seulement parce que je suis entré dans la cuisine chercher des tenailles, elle a même commencé à délirer sur de la thérapie familiale, alors je me suis dit que là, tu rêves ma petite Crevette, si je t'ai prise dans la barque, je te mènerai à bon port, même si je dois t'amarrer au banc de nage. Et d'ailleurs, comment tu trouverais le temps d'aller chez un thérapeute, toi qui te plains de ne même pas avoir le temps d'aller au cinéma ?
- Je me demande si tu m'as jamais aimée, a-t-elle reniflé quand je me suis permis quelques commentaires sur son planning ce jour-là. En tout cas, il est évident que tu ne m'aimes plus. Tu ne me vois que comme une stagiaire incapable qui serait en apprentissage chez toi.
Comment ça, "aimée", qu'est-ce qu'elle veut dire ? Les femmes parlent d'amour et se rappellent les anniversaires de mariage et la Saint-Valentin et elles se pendent à votre cou et demandent si vous les aimez. Bengt-Goran, lui, il a acheté de nouvelles jantes à Violette et moi, putain, j'ai quand même construit la véranda !
Je crois qu'il en va de l'amour des hommes comme de l'infarctus des femmes. Il n'est jamais détecté, parce qu'il a de tout autres symptômes !
La fin n'est que le début ~ Katarina Mazetti
Voici enfin le troisième volet de la saga Linnea Nilsson, lycéenne suédoise, grande asperge d'un mètre quatre-vingt, de l'humour, du répondant, des questions et des doutes dans chaque poche. C'est l'année du bac, après bien des péripéties (sa meilleure amie s'est suicidée, Linnea a sombré puis s'est offerte une escapade à Los Angeles). Au générique, elle nous promet encore un peu de drame, de l'action, de la comédie, des sketchs humoristiques et de l'amour (surtout !).
Tout commence par la rencontre avec l'ange de la mort sur une terrasse, en fait il s'agit de Per, le grand frère de Pia la disparue, et il a suffi d'une paire de sourcils broussailleux pour faire craquer notre adolescente rêveuse, caractérielle et impertinente. L'histoire entre ces deux-là vaut un vrai feu d'artifices, avec étincelles, éclats et exclamations (d'extase, pour démarrer). Coeurs de midinette, bienvenue dans la ronde !
A vrai dire, chez Katarina Mazetti, c'est de l'anti Harlequin en puissance. Il faut que ça se sache. Entendons-nous bien : le ton est hilarant, le souffle ne manque pas, avec romance, élans du coeur à gogo, et pourtant dans le fond on découvre aussi les incompatibilités d'humeur, les tentatives de corruption, les figures sous hypnose... bref, malgré des pages très roses (merci gaïa !), le propos se protège d'être cucul la praline ! En quelque sorte, c'est plutôt le règne des illusions perdues, le temps de l'innocence et la fin annonciatrice d'un début (comprenez, apprendre à tirer un trait, à tourner une nouvelle page, si vous voulez). Cela sonne terriblement amer et sinistre, cette petite histoire, que nenni ! Le livre déborde d'humour, la narratrice et héroïne ne manque ni de charme ni de bagou, et son histoire avec Per sait nous tirer quelques sourires béats (je parle pour moi, chut !).
Avis aux déçus du tome 2 (Entre le chaperon rouge et le loup, c'est fini), celui-ci est bien meilleur ! Il confirme le plaisir simple et efficace de se plonger dans un nouveau roman de Katarina Mazetti, tel un rendez-vous fort attendu (pour ma part) et apprécié jusqu'au bout des ongles !
(Argh ! j'en voudrais encore !!!)
Gaia, 2009 - 192 pages / 16 €
Traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss
Illustration : Jenny (l'auteur de Pink Diary !).
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Lire ou relire Entre Dieu et moi, c'est fini (le premier volet)
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Et n'hésitez pas à vous plonger dans l'histoire compliquée de Désirée et Benny, cf. Le mec de la tombe d'à côté (en poche, chez babel !)
Entre le chaperon rouge et le loup, c'est fini - Katarina Mazetti
Grand retour de la jeune Linnea Nilsson !
Vous n'avez pas oublié cette lycéenne de 17 ans, totalement dans la moyenne des adolescents suédois, en matière de taille, de QI et de soucis ?! Elle est donc de retour, après le décès tragique de sa meilleure amie, Pia.
Impossible de tourner la page, entre nous, lecteurs passionnés. Il fallait connaître la suite, revenir vers elle et savoir comment elle continuait son bout de chemin.
A première vue, tout va bien. Ses rapports avec son beau-père s'améliorent, avec sa mère également, et elle a désormais deux nouvelles amies, Madeleine et Malin. Ce n'est certes pas l'osmose entre elles et Linnea, mais ça fait toujours un bien fou de ne plus se sentir seule.
Et puis au fur et à mesure qu'on s'approche, qu'on gratte la couche à la surface, on s'aperçoit que des détails peuvent encore gripper la belle mécanique.
Linnea a une soudaine prise de conscience du Sens de la Vie, et sa grand-mère, pensant lui donner les moyens pour acquérir Sa liberté, viendra lui refiler une grosse somme d'argent. Inconsciemment, les ennuis commencent là...
Les nouvelles copines vont aussi lui attirer quelques soucis. La machine fait couac, tout s'emballe... Incapable d'assumer ce flot d'embrouilles, Linnea va donc décider de prendre l'air et de s'envoler pour Los Angeles ! Mais gare en chemin au Grand Méchant Loup, aussi charmant, « frais, souple et bien proportionné » soit-il !
Cette suite est une réflexion très intéressante sur les crises des adolescentes, sur les conflits et l'incapacité d'assumer sa propre détresse, sur les caps à franchir (il y a le passage de la première fois, par exemple). C'est toujours très drôle et pertinent, accompagné par les traits d'ironie de la jeune narratrice, toujours saupoudré par ce délicieux mélange entre légèreté et gravité. Une sauce aigre-douce, donc. Pour l'instant, la recette demeure efficace, même si je trouve que ce livre-ci manque un peu de peps par instants. Mais rien de bien grave !
Il faut admettre, en passant, que l'histoire va connaître un revers de fortune assez hallucinant, sensé donner des ailes à notre adolescente et ouvrir nos petits yeux un peu collés d'égoïstes embourgeoisés (je ne vise personne, c'est juste en relation avec le texte !). Quelques chapitres vers la fin donnent une perspective nouvelle, angoissante mais hélas réelle et existante. De quoi bien réfléchir...
Sur ce, j'attends encore une suite ! (Vous aussi ?)
Gaia, 203 pages. Traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss. 16 €
Illustration : Jenny (l'auteur de Pink Diary !).
Les larmes de Tarzan - Katarina Mazetti
J'aime beaucoup la 4ème de couverture* qui présente l'histoire avec délice : c'est donc une rencontre improbable de deux êtres qui vivent sur deux planètes différentes, elle a dépassé la trentaine, a deux enfants, vit seule depuis le départ de son mari "chez les fous" et galère avec son salaire de misère de prof d'arts plastiques à mi-temps, lui n'a pas 30 ans, il a fait fortune en jouant en bourse, il roule des mécaniques, conduit une voiture de sport, ne supporte pas les enfants et ne voit que les bimbos aux yeux de phoque pour garnir son tableau de chasse.
Et alors, comment a lieu le bing-bang fatal ? Sur une plage, à jouer les Tarzan sur une liane, Mariana s'écrase comme une crêpe sur le bellâtre qui s'en blesse les fesses en brisant sa paire de lunettes Armani. Damned ! Notre type s'emporte et riposte, tourne les talons en pestant mais succombe aux charmes de cette nana déjantée le soir même, alors qu'il est plein comme une bourrique.
La suite de l'histoire ressemble un peu à une joyeuse mixture de Pretty Woman, des Feux de l'Amour et du Péril dans la demeure. Mariana, surnommée Tarzan, est séduite par Janne mais refuse de l'aimer car son coeur est déjà pris par le père de ses enfants, interné depuis deux ans, et qui reviendra tôt ou tard les retrouver, elle en est persuadée ! Bien sûr, l'absence d'un homme lui pèse, l'envie d'un toy boy l'effleure sans vergogne et la pousse dans les bras du jeunot. Mais Janne, avec ses 29 ans et son porte-feuille bien garni, a un coeur de minet qui s'amourache bien malgré lui de cette fille impossible. Résonne alors la valse des hésitations : attirance, agacement, querelles, retrouvailles, ennui et mini drame vont s'enchaîner pour le plus grand plaisir du lecteur !
Encore une belle réussite de la part de Katarina Mazetti, LA grande prêtresse des histoires romantiques et comiques, pas des bluettes à deux centimes. A son histoire d'amour, par exemple, elle y met aussi un sentiment de profondeur pour brosser le quotidien de Mariana et qui démontre la dure réalité d'une mère célibataire pour joindre les deux bouts, donner à manger à ses gosses et s'acharner à rester indépendante. Et encore, l'histoire d'amour est elle-même peu conventionnelle, elle brise les idéaux et les clichés rebattus par les films d'Hollywood (c'est Janne, lui-même, qui le dit !). Et c'est sans doute parce que c'est moderne, parce que ça colle à la réalité, parce que ça prête à rêver aussi, on gobe l'histoire avec un sentiment d'extase et de bonheur incontrôlable ! C'est chouette, vivifiant, drôle et touchant. C'est l'effet guimauve pour soigner un moral en berne - allez-y à coeur joie !!!
Gaïa - 266 pages - Traduit du suèdois par Lena Grumbach et Catherine Marcus.
* la quatrième de couverture : Elle c'est Tarzan, lui Janne. Ils n'auraient jamais dû se rencontrer, mais voilà qu'elle lui est tombée dessus, dans tous les sens du terme, un jour où justement elle jouait à Tarzan, suspendue au bout d'une corde. Un sacré numéro, cette Mariana, et pas du tout son genre à lui, l'homme d'affaires plein aux as, habitué à collectionner les canons qu'on voit dans les magazines. Il voudrait bien comprendre pourquoi il est obsédé par cette nana fagotée comme un sac à patates, les cheveux en pétard, qui ne s'épile même pas le maillot et qui, malgré une attirance réciproque et une formidable entente sexuelle, n'est même pas amoureuse de lui. Pour couronner le tout, elle est flanquée de deux mômes impossibles, une vraie calamité pour les sièges cuir de sa Lamborghini dernier cri.
Entre Dieu et moi, c'est fini - Katarina Mazetti
Linnea est « une douce petite fleur d'un mètre quatre vingts, une lycéenne proprette, en bonne santé, bien nourrie, suédoise et même pas anorexique ». Elle a seize ans, se trouve quelconque et cultive les soucis par milliers.
Linnea est en effet bourrée de complexes, à cause de sa taille, de sa poitrine plate, de sa timidité. Et puis elle est seule et se sent différente de ses camarades d'école. Bien sûr, elle avait cru sa vie changée depuis la rencontre de Pia, une grande bringue comme elle, mais qui ne manquait ni d'assurance ni de répondant. Et ainsi Pia et Linnea sont devenues « amies pour la vie » - enfin, pour cent vingt jours.
Parce que Pia est morte. Comment, pourquoi ? On ne le découvre qu'à la toute façon du livre. (Voilà pourquoi je recommande de ne surtout pas lire la 4ème de couverture qui en dévoile beaucoup trop !)
Donc, pour défouler son chagrin et sa frustration, Linnea s'enferme dans le dressing de sa grand-mère et parle, parle, parle ... face au mur.
Ce petit roman (de 155 pages) est finalement très attachant, à la fois drôle et émouvant. Cela commence par les tribulations d'une adolescente, mal dans sa peau, amoureuse du beau gosse mais exaspérée de n'attirer qu'un pot-de-colle avec des longs bras tout mous. Guère aidée sur le plan familial non plus, la jeune fille se rend une fois par an chez un père fermé d'esprit et vit le reste du temps chez sa mère avec son nouveau petit ami et leur fils Knotte, adorable bambin de neuf ans, très intelligent.
Linnea est une jeune fille qui se pose des questions, sur Dieu notamment, sur la signification de la mort, et la légitimité de penser et pleurer son amie perdue. En gros, ses réflexions oscillent entre le superflu et le très profond.
« J'ai eu envie de prendre ces deux pimbêches par la peau du cou et de cogner leurs crânes l'un contre l'autre. Et ensuite de me procurer une tronçonneuse, de les couper en morceaux, les jeter dans les toilettes de l'école et tirer la chasse d'eau. Je ne trouve rien de mieux que de me faire des films pareils au lieu d'avoir des répliques intelligentes et qui font mouche. Et bien sûr, moi aussi j'ai rougi comme une fraise. Anna Sofia savait exactement comment taper dans le mille. »
Ou bien :
« J'ai collectionné les souvenirs de Pia avec la prudence d'un archéologue qui découvre les vieux débris d'une cruche, et je les ai enfermés dans des boîtes. Peut-être seront-ils un jour couverts de poussière, peut-être se décomposeront-ils quand ils reverront la lumière. J'ai remarqué que quand on raconte une chose vécue, un voyage ou un bon film, après quelque temps seulement on ne se souvient plus que de son propre récit, et non pas de l'événement réel. C'est pareil pour Pia aujourd'hui. Je me rappelle uniquement mes propres souvenirs d'elle, et non d'elle-même. »
Pour plusieurs raisons, je conseille aussi la lecture de ce roman aux adolescents, dès 15 ans. Le ton, le cynisme et l'auto-dérision seront des atouts imparables pour les séduire.
Et pour ceux et celles qui ont adoré le très plébiscité « Le mec de la tombe d'à côté », LE livre qui a révélé Katarina Mazetti, ne boudez pas votre plaisir et offrez-vous un retour en adolescence, avec son lot de tourmentes et de questions « hautement » existentialistes ! Le monologue de Linnea saura vous toucher, la plume de l'auteur faisant toujours mouche !
A ce propos, l'auteur écrira deux autres romans mettant en scène Linnea. Dépêchez-vous donc de faire sa connaissance !
Gaïa - 155 pages - Octobre 2007. 13.00 € * Traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss *
Illustration de couverture : 2003 - Guy Delcourt Productions - Jenny
Le mec de la tombe d'à côté - Katarina Mazetti
Désirée est une jeune veuve de 35 ans, sans enfant, qui se rend tous les dimanches sur la tombe de son époux, victime d'un accident de vélo. Assise sur son banc, Désirée ressasse sa vie conjugale, modeste et raisonnable, et lutte entre la lassitude et l'agacement d'avoir perdu si tôt et si bêtement son binôme. Dans ce cimetière, Désirée rencontre un type qui dégage une drôle d'odeur et qui a seulement trois doigts à la main gauche. C'est « le mec de la tombe d'à côté », il vient aussi s'asseoir sur le banc où s'installe Désirée. Tous deux se scrutent du coin de l'oeil, s'irritent réciproquement et puis bang! L'attraction s'enclenche sur un malentendu : celui d'un sourire. Pour l'un comme pour l'autre, ce sourire n'avait pas la même intention et c'est ce qui sera particulièrement drôle à découvrir. Car d'un chapitre à l'autre on bascule du point de vue de Désirée à celui de Benny, cet agriculteur de 36 ans, célibataire et qui vient se recueillir sur la tombe de sa mère.
Désirée et Benny vont tomber dans les bras l'un de l'autre, avec une considérable poigne, une envie folle et déraisonnée, un besoin de sexe, tout court. Leur entente sur ce terrain est indiscutable : ces deux-là s'embriquent, se comprennent, savent toucher là où il faut. Par contre, dans la vie ordinaire, Désirée et Benny vivent sur des petites étoiles à des années lumière l'une de l'autre et doivent s'appliquer à construire un pont pour se rejoindre. Cependant, ils n'y parviennent pas; au lieu de jeter des passerelles au-dessus des ravins, ils s'y précipitent mutuellement ! Leur histoire est fichue d'avance : Désirée est bibliothécaire, elle est citadine, indépendante et cultivée; Benny travaille la terre, s'occupe de ses vaches, vit dans la maison de ses parents, vieillotte, sale et en pleine campagne, et il lit un livre par an. Tous les deux sentent bien, au fond d'eux et sans l'admettre à voix haute, que leur amourette ne vaut pas tripette, qu'il n'y a pas d'avenir en commun. Or ces deux-là s'aiment, entortillés l'un dans l'autre, ils se chamaillent aussi et se réconcilient. Combien de temps cela va-il durer ?
Romantique, fou, actuel, coquin, humoristique, cocasse et virtuose... voici pour le roman.
Mine de rien l'auteur aborde la difficulté des couples à accorder leurs violons, grâce à des personnages mémorables et adorables. C'est une histoire d'amour, une vraie. Avec les bons moments et les versants glissants. Rien de sérieux, malgré tout ! Et pas trop de miel, ni de clichés écoeurants. Non, c'est franchement drôle. Simple. Un vrai coup de coeur.
Les lecteurs suédois l'ont bien compris, en faisant de ce roman un véritable best-seller ! De qualité, s'il vous plaît.
253 pages
- Editeur : Gaïa (9 juin 2006) -- 20€