Le Troisième Jumeau, de Ken Follett
Voici donc un roman de Ken Follett initialement paru dans les années 90 ! Oui, ça se sent... (on parle de disquette d'ordinateur). Ah, ah. Et puis les réflexions mesquines sur les hommes, sur les femmes, c'est tellement misogyne, tellement banal. De toute façon, les personnages sont lamentables. Tous. Entre la brillante chercheuse en génétique, le séduisant étudiant en droit et les méchants pourris jusqu'au trognon, on nous joue la sérénade habituelle. Gros soupirs. Roulement des yeux. Ça m'a agacée... mais vraiment !
En revanche, l'histoire est plutôt pas mal : Jeannie Ferrami cherche à déterminer si l'humain se distingue par sa génétique ou son éducation. Elle cherche à étudier des jumeaux aux parcours dissemblables pour appuyer son propos. Elle fait ainsi la rencontre de Steve (son frère est un criminel récidiviste) qui ne lui cache pas son attirance, sauf qu'il est plus jeune donc elle préfère le tenir à distance. Sur ces entrefaites, Steve est arrêté par la police pour viol : identification du témoin, analyse biologique... tout colle. Le gars tombe des nues et jure son innocence. De son côté, Jeannie ne va pas renoncer si facilement à son cobaye et redouble d'efforts pour démêler cet imbroglio, tout en se heurtant à des magouilleurs sans vergogne.
Dans l'univers très machiavélique de Follett, les ordures ont la belle vie et nous démontrent l'étendue de leurs talents sans craindre d'être mis à mal. C'est souvent très exagéré mais c'est ce qui rend la lecture aussi sordide et stimulante. Chapeau la rouerie de l'auteur : franchement exemplaire. Reste cependant à supporter sa vision étriquée ou limite ringarde (les balbutiements amoureux et tout ça... berk !). Pour le reste, son scénario est ficelé comme une production hollywoodienne et ça distraie décemment le lecteur. Prochain titre audio à découvrir : Le Pays de la liberté
©1997 Éditions Robert Laffont (P)2019 Audiolib
- Lu par : Marie Bouvier
- Durée : 16 h 30
Marie Bouvier offre une belle performance de comédienne / lectrice et nous fait passer un agréable moment à suivre cette nébuleuse histoire où se côtoient politiciens véreux et scientifiques aveuglé par les gros sous... Les révélations sonnent farfelues, mais pourquoi pas ? Action, rythme et rebondissements font ainsi bon ménage dans ce roman.
⭐⭐.5
Le Vol du Frelon, de Ken Follett
Londres, 1941. Lassés de voir leurs avions torpillés par l'ennemi, les anglais déduisent que les allemands détiendraient une machine redoutable capable de repérer leurs attaques. Leurs soupçons se portent sur une petite ville danoise d'où la résistance locale tente de tisser sa toile à la barbe de l'occupant.
Parmi ces Veilleurs de Nuit, deux frères vont prendre une part active à des missions d'espionnage mais devront également affronter une vieille connaissance - un policier cruel et mesquin - qu'une longue rancœur familiale a rendu encore plus amer et revanchard.
Cette histoire me laisse globalement un goût d'invraisemblance avec en héros un lycéen de 18 ans ingénieux au point de réparer un biplan de fortune pour survoler la Mer du Nord et remettre (potentiellement) des documents qui pourraient changer la face du monde...
Même pas peur de la Luftwaffe, vous dirai-je, ça carbure à l'insolence (ou inconscience). C'est dire si Harald est un môme qui en veut ! Dès lors, la lecture prend des tours et des détours stupéfiants... et notamment les derniers chapitres qui se lisent de manière frénétique et avec des yeux hallucinés !
Cela peut paraître dingue et insensé (après tout, il faut s'accrocher). C'est surtout long aussi : l'histoire manque de rythme et s'éternise sur des détails... (le décryptage du Frelon, vraiment, on perd un temps fou dans cette chapelle abandonnée et on s'improvise mécano). L'auteur a le sens artistique, moi non. J'ai trouvé ça un peu bancal, du coup, et pas toujours captivant.
Malgré tout, les personnages sont jeunes et intrépides. Ils apportent à leur façon un souffle de fraîcheur à cette lecture qui se laisse conter. Peut d'ailleurs convenir à un public adolescent ou désirant se mettre en selle sur le sujet.
Pour ma part, ce ne sera pas le meilleur des Ken Follett lus à ce jour. C'est distrayant, lu avec entrain et donc entraînant. Mais je tique sur la perspective d'un jeune Géo Trouvetout trop habile et tenant tête aux ennemis les plus impitoyables... Plus de sang et de larmes auraient apporté du crédit - non ?
Très bonne lecture audio... effectuée par Valentin Merlet (également la voix récurrente d'Adam Driver, de Jamie Dornan ou d'Alexander Skarsgård).
©2003 Éditions Robert Laffont (P)2019 Audiolib
- Lu par : Valentin Merlet
- Durée : 14 h 40
La Marque de Windfield, de Ken Follett
Un collège prestigieux, une amitié qui se scelle autour d'une tragique disparition, un rêve qui s'effondre et des espoirs qui partent en fumée... Le destin de Hugh Pilaster s'inscrit dans ce long roman - long à démarrer - et nous embarque dans son histoire de banques, de familles et d'ambitions démesurées au cœur de cette Angleterre des années 1860 (et des décennies suivantes).
À la mort de son père, Hugh Pilaster doit quitter son école et comprend qu'il n'a plus d'autre choix que de se retrousser les manches pour gagner sa vie. Même s'il appartient à une famille riche et puissante, rien ne lui sera épargné pour gravir les marches du succès : coups du sort, tromperies et mensonges. Les Pilaster gouvernent le milieu de la banque, des affaires et de la bourgeoisie entre gant de velours et bras de fer. Toutefois, les passions aussi entraînent tout ce petit monde à comploter sans fin pour le pouvoir. En amitié, en amour, en politique, en société, les limites n'ont plus lieu.
Une incroyable dynastie finit par découler - tout en rebondissements et en éclats. Ken Follett réussit ainsi à nous tenir en haleine et à nous surprendre sans cesse. Sa brochette de personnages est également bien campée avec des pourris jusqu'au trognon qui continuent d'agir en toute impunité (son cousin Edward, sa tante Augusta ou le sulfureux Micky Miranda...). C'est limite excitant de voir leurs combines se goupiller aussi efficacement - mais c'est aussi hyper écœurant !!!
En conclusion, la lecture est certes parfois trop dense mais globalement captivante. Se lit facilement.
©2002 Éditions Robert Laffont, pour la traduction française (P)2018 Audiolib
- Lu par : Thierry Blanc
- Durée : 18 h 10 env.
Très bon choix du comédien qui nous transporte des bureaux lambrissés d'acajou aux salons privés où se tiennent des parties fines, des quartiers populaires aux bureaux solennels où règne la finance... Un récit qui gagne en intensité et redonne vie à la fascinante Angleterre victorienne. Dans toute sa splendeur. Dans toute sa noirceur.
Le Réseau Corneille, de Ken Follett
France, 1944. Le Débarquement est imminent. Tous les réseaux clandestins et les services d'espionnage sont aux cent coups. Depuis Londres, Betty met en place son Réseau Corneille, lequel rassemble six femmes avec pour mission de s'infiltrer dans un château occupé par des allemands pour y saboter le système de communication. Betty n'a que quelques jours pour mettre au parfum des novices, parfois dotées d'un tempérament volage ou trop caractériel. C'est peu, assez frustrant, mais Betty n'a plus le choix. Sur le terrain depuis des mois, figurant parmi les meilleurs agents, elle craint désormais pour sa couverture récemment menacée.
Petit rembobinage sur la scène d'ouverture du roman. Gran-diose ! Près de Reims, un groupe de résistants tente une action de force contre l'occupant mais l'opération tourne court. Betty parvient à s'échapper avec son mari, Michel, salement blessé. Tous leurs camarades ont été arrêtés, probablement torturés et donc passibles de livrer des secrets. Betty sait que son temps est compté. Mais elle veut tenter le tout pour le tout.
Face à elle, un officier allemand, Dieter Frank, pourrait bien lui mettre des bâtons dans les roues. C'est un homme redoutable, comme elle, il est rusé et parvient à anticiper les faits et gestes de l'ennemi. Je ne compte plus le nombre de fois où mon cœur a fait des bonds de cabri tant j'étais affolée à suivre Betty et Dieter dans ce jeu du chat et de la souris particulièrement féroce.
Vous l'avez compris : j'ai dévoré ce roman, écouté en une dizaine d'heures au cours de séquences que j'entrecoupais avec frustration. J'étais totalement captivée par l'histoire - merveilleusement lue par Caroline Klaus - j'étais comme devant un film de guerre, au scénario plein de suspense, entre frissons, angoisse, terreur et émotion. J'étais 100% au cœur de l'intrigue.
J'ai aimé sa mise en scène, ses personnages, même ses envolées sentimentales ont fini par m'attendrir (je roulais des yeux quand Betty et Paul roucoulaient tendrement...). Bref. Ken Follett possède un vrai talent de conteur. Et ça passe très, très bien en format audio : on ne voit pas le temps passer. On trépigne après chaque piste, on enchaîne les chapitres... C'est terriblement addictif. Et l'hommage rendu aux héroïnes de l'ombre est, par sa simplicité, d'une grande noblesse.
©2002 Éditions Robert Laffont. Traduit par Jean Rosenthal. (P)2018 Audiolib
- Lu par : Caroline Klaus
- Durée : 14 h 20 env.
Les Piliers de la Terre : Ellen, de Ken Follett
En 2015, j'avais pour objectif personnel de lire ou relire plusieurs sagas mythiques, dont Game of Thrones, Angélique Marquise des Anges, Le Chardon et le Tartan & La Bicyclette Bleue. Je grossis mon effectif, pile pour conclure le Mois Anglais, en incluant la célèbre série de Ken Follett, Les Piliers de la Terre, publiée en VF en 1990, et adaptée en feuilleton télévisé en 2010. Tempus fugit. ^-^
Cette saga nous transporte donc dans le Sud de l'Angleterre du XIIe siècle où vont se croiser des destinées toutes étroitement liées, et parfois même inconsciemment, autour d'un projet de cathédrale. Il y a d'abord Tom le Bâtisseur, son épouse, Agnès, enceinte jusqu'aux yeux, et leurs enfants, Alfred et Martha. Suite à l'arrêt brutal du chantier sur lequel Tom était embauché, notre homme est contraint de repartir sur les routes pour nourrir les siens. Les ennuis s'enchaînent lorsque sa femme décède en couches, lui laissant un fils qu'il choisit d'abandonner près du bûcher. À peine le temps de se retourner qu'il rencontre la magnifique Ellen, laquelle vit en hors-la-loi dans la forêt avec son fils Jack. Tom et Ellen cèdent à une pulsion charnelle et décident de faire un bout de chemin ensemble. Leur aventure les conduira sous la protection du prieur Philip, un homme foncièrement bon et généreux, dont la seule ambition est de développer Kingsbridge et d'y construire une cathédrale. D'une rigueur morale exemplaire, notre homme d'église trace sa route sans roublardise et atteint habilement ses objectifs. Il ira même jusqu'à déjouer la duplicité de son supérieur, l'évêque Waleran Bigod, de mèche avec la perfide Regan Hamleigh, dont le physique repoussant est compensé par un machiavélisme démesuré. Cette femme est redoutable. Elle va par exemple venger son fils William, rejeté par lady Aliena, fille du comte de Shiring, en infligeant à leur famille une déchéance cuisante. La vie d'Aliena n'est plus qu'un chaos sans fin, mais la demoiselle, aussi farouche que déterminée, refuse de courber l'échine face à ses tortionnaires et jure de rendre coup pour coup.
Bref. Vous l'avez compris, cette lecture parle de pouvoir, de gloire, de sainteté, d'amour, de passion, de vie, et même de survie. L'intrigue est dense et palpitante, avec des rebondissements nombreux et inattendus. Elle est également conduite de façon magistrale, entrelaçant plusieurs combinaisons et autant de personnages, sans jamais nous égarer (c'est souvent le cas avec les grosses sagas, dopées par un enthousiasme débordant). Ici, c'est fascinant comme c'est simple et d'une fluidité appréciable, tout en maintenant du rythme, du suspense, de l'émotion. Cette épopée romanesque ne démérite pas la réputation qui la précède. J'avoue avoir eu une certaine défiance au moment de m'y lancer... alors que j'avais tort, car c'est tout simplement captivant. Présentée comme une flamboyante fresque historique, la lecture ne nous trompe pas. Elle nous plonge dans une Angleterre moyenâgeuse avec un grand réalisme et enflamme notre imaginaire sans ciller... Une vraie prouesse.
Stock / Mai 2005 pour la présente édition de 478 pages ♦ Traduction de
Pour compenser avec l'édition du Livre de Poche, de 1056 pages, écrites en caractères minuscules