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Chez Clarabel
fleuve noir
15 janvier 2015

Angor, de Franck Thilliez

Angor

Angor s'inscrit dans la lignée du triptyque (Syndrome E, GATACA et Atom[ka]), avec toujours Sharko et Lucie Henebelle en tête d'affiche, sauf que le couple se fait voler la vedette au profit de nouveaux personnages : Camille Thibault, jeune gendarme travaillant dans le Nord, et Nicolas Bellanger, leur capitaine au 36, quai des Orfèvres. Depuis sa greffe du cœur, Camille est obsédée par l'identité de son donneur. Elle s'imagine partager les pensées de celui-ci, car elle se surprend à avoir des envies de fumer ou fait souvent des cauchemars avec une inconnue appelant à l'aide. Tout ceci l'interpelle et rien ne peut la détourner de son but. Sur la route de ses vacances, elle en profite pour mener son enquête... qui la conduit vers l'équipe du 36. En ce mois d'août caniculaire, l'effervescence est à son comble, dans les bureaux. Des corps refont surface, orientant vers une piste fumeuse, également suivie par Camille, qui fait cavalier seul. Mais les enquêtes respectives mènent vers un seul but : le démantèlement d'un réseau de trafic d'organes ! F. Thilliez n'y va pas avec le dos de la cuillère et nous plonge, à nouveau, dans l'ignominie de l'espèce humaine (qui n'est pas sans rappeler La Patience du diable de M. Chattam !).

J'ai beaucoup aimé renouer avec l'univers macabre et tordu de l'auteur, reprendre contact avec ses personnages et, pourquoi pas, donner une chance aux électrons libres de s'affirmer. On a entre les mains une intrigue diabolique et efficace, mais dont le schéma peine ici à se renouveler car j'ai été beaucoup moins surprise par la logique et le dénouement de l'enquête. Celle-ci part carrément en roue libre, du fait de l'entêtement de Bellanger, qui perd tout son bon sens et se fiche de la procédure, au nom de l'Amour ! Quelle fumisterie. Rien que pour ça, j'ai un peu tiqué. Par principe. Les tourments de Nicolas prennent trop d'importance et nuisent à la crédibilité de l'histoire. Je ne suis pas déçue, mais plutôt frustrée, car l'affaire n'est pas proprement terminée et annonce d'autres rebondissements, gageons ainsi que nos tourtereaux retrouveront leur rigueur et leur professionnalisme pour ne plus me laisser cette sensation de “too much” au fil des chapitres. D'un autre côté, je tiens à souligner l'excellente réflexion, objective et pertinente, sur le don d'organes, proposée en filigrane dans ce livre !

Audiolib, décembre 2014 ♦ texte intégral lu par Michel Raimbault (durée : 17h 47) ♦ 618 pages chez Fleuve Noir

Interprétation irréprochable de Michel Raimbault, dont la voix colle à merveille avec le caractère bourru de Sharko ! Aucune fausse note à l'écoute de l'Audiolib, même s'il faudrait songer à une autre alternative pour les voix féminines...

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5 janvier 2015

Des enfants trop parfaits, de Peter James

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Effondrés après la perte de leur fils, décédé d'une maladie génétique rare, John et Naomi Klaesson décident d'accorder leur confiance au Dr Leo Dettore, un généticien de renom, qui vient d'élaborer une méthode infaillible pour « programmer un bébé sur-mesure ». Pour cela, le couple doit se rendre sur un paquebot luxueux, qui navigue dans les eaux tropicales, et régler une forte somme d'argent pour combler leurs plus folles attentes.

Si parfois les Klaesson remettent en question leurs décisions et l'éthique de cette entreprise, ils déculpabilisent aussitôt en pensant à leur futur enfant, « Luke », un beau bébé qui sera en parfaite santé. Très vite, Naomi tombe enceinte et retourne à sa routine, mais une simple visite chez son obstétricien vient tout plomber : elle attend une fille ! Et le Dr Dettore ne répond plus aux coups de fils du couple.

À partir de là, la pression endurée depuis des mois par le couple va leur sembler trop lourde, testant toujours plus loin la solidité de leur amour. Une fuite dans la presse va également les mettre en péril, d'une part en excitant la curiosité des journalistes et d'autre part en attirant la folie fanatique d'extrêmistes (les Disciples du Troisième Millénaire) qui fomentent des attentats contre Dettore et ses patients.

Mais l'incroyable se poursuit après la naissance (déjà, en elle-même, une scène mémorable !), car la progéniture des Klaesson va pulvériser les courbes, les tests, les niveaux, bref atteindre une perfection hors norme, de plus en plus dérangeante. C'est d'ailleurs ce qu'on ressent tout au long de la lecture, une sensation de malaise et d'inconfort qui nous tient à distance et nous empêche de compatir ou éprouver la moindre sympathie pour les personnages. 

L'intrigue, pourtant bien ficelée, tenue par un rythme bluffant et un scénario accrocheur, ne cesse de nous interpeller et titille notre curiosité à vouloir connaître la suite (dommage, le récit sonne parfois lourdaud, avec détails aberrants et gros clichés téléphonés). Mais j'ai lu ce livre très vite, sans déplaisir, en appréciant ce fourmillement d'angoisse, d'inquiétude et de doute éprouvé tout du long. 

Fleuve Noir, mars 2014 ♦ traduit par Raphaëlle Dedourge (Perfect people)

11 novembre 2014

Cadavre 19, de Belinda Bauer

Cadavre 19

Patrick, étudiant en anatomie, a choisi cette spécialité pour mieux comprendre la mort. Selon son professeur, les cadavres ne parlent pas mais ont tout à délivrer. En salle d'autopsie, face à un corps anonyme, estampillé Cadavre 19, Patrick et ses camarades épluchent, décortiquent, classent, cataloguent, analysent bout par bout. Leur but étant de découvrir la cause du décès. Et non l'identité du mort. Patrick, lui, en fait une fixation.

Contrairement aux autres étudiants, Patrick a besoin d'éclaircir tout ce qu'il voit, entreprend, entend, découvre. Il est atteint du syndrome d'Asperger. Mais surtout, il n'était qu'un enfant lorsque son père a été fauché par une voiture sous ses yeux. Ce drame continue de le hanter, car il a le sentiment d'avoir été floué sur le pourquoi et le comment. Inutile d'attendre de sa mère le moindre geste de compassion, ancienne alcoolique, elle est toujours autant à côté de la plaque !

Voir Patrick partir à l'université, partager une colocation, prendre son indépendance représente pour elle le début de la normalité. Un poids en moins. Un soupçon de soulagement. Le garçon n'est pas d'un caractère sociable, mais s'adapte à sa façon au mode de vivre de Kim et Jackson. Il ne cache pas que le Cadavre 19 ne cesse de le turlupiner, qu'il est contrarié par ses mystères, d'autant plus qu'il vient de mettre le doigt sur un détail peut-être déterminant pour la suite !

À côté de ça, on suit l'histoire d'un service de réanimation de l'hôpital de Cardiff, où infirmières et corps végétatifs nous livrent des confidences faussement anecdotiques, car de fil en aiguille on devine qu'elles vont compléter un tableau ombrageux. J'ai beaucoup aimé ce principe de constructions par petites briques, ci et là, on vivote, on stocke chaque information avant le tomber du rideau. C'est très réussi.

Le dénouement est, cependant, plutôt précipité. On a un enchaînement de coïncidences, plutôt abrupt. On se sent assommé par la succession des révélations et autres secrets déterrés. Cela manquerait presque de finesse si le reste du roman n'avait été aussi alléchant et parfaitement conduit. Donc, aucun souci. On a une intrigue qui se conclut de façon diabolique, mais efficace. Belinda Bauer a su proposer un roman original, qui s'est distingué par sa structure alambiquée et son « héros » au comportement singulier.

Fleuve Noir, septembre 2014 ♦ traduit par Christine Rimoldy (Rubbernecker)

24 septembre 2014

Fais-le pour maman, de François-Xavier Dillard

Fais-le pour maman

Le Dr Sébastien Venetti est un jeune médecin totalement investi dans son travail, sans pour autant négliger ses deux petites filles qu'il élève seul depuis la mort de son épouse. Claire Abecassis vient de décrocher un poste de commissaire de police dans une ville de province, résultat d'une ascension sociale brisée nette dans son envol. Traumatisée par un drame personnel, elle carbure aux antidépresseurs et vit dans une angoisse permanente. Leur rencontre s'inscrit dans une suite logique : touché par sa détresse, Sébastien va vouloir gagner la confiance de Claire et chercher à la revoir sur un terrain plus privé.

La mise en place de l'histoire est redoutable : on ne se doute de rien (ou de tout), on ramasse des miettes, on se demande où on va, l'ambiance est suspicieuse et pesante, avec très peu d'action mais une tension psychologique hyper efficace. Cela a suffi pour me convaincre et j'ai plongé les deux mains devant. Par la suite, j'ai froncé les sourcils au vu de la direction prise. Trop, trop facile. Car au départ, on s'installe dans une apparente normalité, en position d'observation. Et en un claquement de doigts, on assiste à une hécatombe : des enfants soignés par Sébastien tombent comme des mouches, le type est interpellé, suspect idéal, etc. Son passé revient en force, sombre et dérangeant.

Mouaip... j'étais d'humeur sceptique. Toutefois, le roman est bon, finement troussé, sauf qu'il est assez inégal (la fin est trop précipitée). Je n'ai pas non plus adhéré aux chapitres où c'est la jeune Léa qui intervient, car le ton ne colle pas du tout avec celui d'une fille de 12 ans. Ajoutez aussi cette folie furieuse qui crapahute partout. Attention, terrain glissant. Halte. Rebroussez chemin ! Je ne me suis pas du tout sentie à mon aise. C'est en soi un thriller intéressant, mais peut-être surestimé par les autres lecteurs (j'en attendais beaucoup !).

Fleuve Noir, mars 2014

23 juin 2014

Faux Rebond, par Harlan Coben

FAUX REBOND

Myron Bolitar #3

Myron Bolitar est recruté en tant que remplaçant dans l'équipe de basket des Dragons, l'occasion pour lui de revivre son rêve brisé trop tôt (carrière fichue à cause d'une blessure). Son entourage fait grise mine, mais lui se défend... On a fait appel à ses services de “détective”, puisqu'il doit enquêter sur l'étrange disparition du joueur vedette, Greg Downing, sans alerter la presse ni la police. Quelques indices troublants viennent chiffonner notre agent reconverti, lorsqu'en fouillant la maison du disparu, il découvre des traces de sang au sous-sol. À l'instar de ses aînés, “Faux rebond”, troisième titre de la série, se lit sur la même fréquence : distraction, plaisir, détente. Non l'intrigue ne brille pas par son originalité. Oui l'auteur se fiche de nous à pérorer des sornettes (The Cranberries n'est pas un groupe de filles, pardi !). Mais c'est de bonne guerre, l'auteur et ses petites manies me font généralement sourire. Ainsi, cet extrait : « L'entrée de Myron passa inaperçue. Personne ne leva le nez. Dans les westerns, tout le monde se tait lorsque le shérif franchit la porte du saloon, étoile sur la poitrine et colt sur la hanche. C'était peut-être ça, le problème. Myron n'avait ni étoile ni flingue, et la porte à simple battant ne grinçait pas sur ses gonds. » Mouarf ! L'idée globale de confronter le héros à ses vieux démons était judicieuse, mais mal exploitée (l'excuse du braquage et puis tout ça... pff !). J'ai senti mon esprit flotter dans le flou... avant de se ressaisir à la lecture d'un dénouement qui m'a prise au dépourvu. Je signe pour la suite, en compagnie de Myron, Win et Esperanza (et une nouvelle venue : Big Cindy). 

Pocket, Septembre 2011 pour la présente édition ♦ traduit par Martine Leconte pour les éditions Fleuve Noir

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16 juin 2014

Balle de match, par Harlan Coben

BALLE DE MATCH

Myron Bolitar #2

L'ancienne joueuse de tennis, Valérie Simpson, s'apprête à signer avec Myron Bolitar son comeback sur les courts. Mais la jeune femme est assassinée à Flushing Meadows, en plein tournoi de l'US Open, alors qu'elle remuait ciel et terre pour parler à Myron. Ce dernier est bouleversé par la nouvelle, il décide donc de mener sa propre enquête (estimant que l'inspecteur principal n'est qu'un incapable obtus et grincheux). Il débusque alors une affaire vieille de six ans, au cours de laquelle le petit copain de Valérie a reçu un coup de couteau mortel lors d'une tentative de cambriolage dans leur club privé. Dépression nerveuse pour la jeune femme, carrière fauchée en plein envol. Mais les investigations de Myron dérangent, il s'attire les foudres des uns et des autres, avec un retour en force des gros bras du milieu mafieux... Ce qui est bien avec Harlan Coben, c'est qu'il se lit sans complexe, le temps de se la couler douce. L'intrigue nous prend dans ses filets, elle n'est pas trop échevelée et sa mécanique est imparable. Par contre, parfois le style pique aux yeux ! « Tu es trop belle ! J'en ai les dents qui transpirent. » Euh... Mais aussi ! « Quelques minutes plus tard, elle dormait comme un bébé. Il la regarda, totalement sous le charme. Il savait ce qui se passerait d'ici quelques heures, quand elle se réveillerait. Elle serait encore sous le choc mais n'en laisserait rien paraître. Toujours courageuse, Jessica. Elle irait bosser comme si rien ne s'était passé, la tête haute, comme d'hab. Sauf que la blessure serait là pour toujours et laisserait une cicatrice indélébile. Jamais plus rien ne serait comme avant. Rien de dramatique. Seulement une perte de confiance en soi. Et la peur. La peur de l'avenir. Jamais plus les tomates et les poivrons n'auraient le même goût. » Ha ha ha ! Bonjour la ratatouille !! Heureusement cela prête à sourire... et je continue de lire la série ! 

Pocket, août 2012 pour la présente édition ♦ traduit par Martine Leconte pour les éditions Fleuve Noir

10 juin 2014

Rupture de contrat, par Harlan Coben

Myron Bolitar #1

RUPTURE DE CONTRAT

Parce qu'il redoute les conséquences désastreuses sur la carrière de son petit protégé, Christian Steele, principal suspect dans l'enquête sur la disparition de sa petite amie, dix-huit mois plus tôt, Myron Bolitar, son agent sportif, décide de tirer au clair la soudaine réapparition d'un magazine montrant des photos dénudées de la jeune fille. Certes, Myron risque lui aussi de devoir renouer avec un passé qu'il aurait souhaité laisser derrière lui : Jessica, la sœur de la disparue, était aussi sa fiancée à l'époque. Leur rupture a littéralement miné notre champion, déjà en pleine traversée du désert.

Ce tout premier livre de la série introduisant Myron Bolitar est agréablement frais et surprenant. J'ai pris un réel plaisir à le lire, conquise aussi par une intrigue rondement menée, franchement je n'ai pas eu le sentiment de perdre mon temps ! Et quel bonheur de rencontrer le fameux Myron B., la petite trentaine, débordant de charisme, le sourire ravageur et un humour sarcastique. Sensible et honnête, il gère ses affaires loin des combines mafieuses si coutumières dans le milieu sportif et se fait régulièrement taper sur les doigts à cause de sa désinvolture.

Ajoutez aussi une brochette de personnages très attachants, en premier lieu “Win” Horne Lockwood III, le meilleur ami de Myron depuis l'université, est surtout un riche héritier expert en arts martiaux et à tendance sociopathe. Au boulot, il s'est également entouré d'une assistante de choc, en la personne d'Esperanza Diaz, une ancienne catcheuse surnommée Petite Pocahontas. Et n'oublions pas Mama Bolitar, chez laquelle Myron vit toujours, en occupant le sous-sol familial, oui, oui, je vous jure, on aura tout vu !

C'est seulement parce que l'aspect comédie est inexistant, sinon cette série aurait pu doucement me faire penser à celle de Janet Evanovich (Stephanie Plum) ou de Lisa Lutz (The Spellmans). Pour tous les petits détails anecdotiques qui rendent une lecture si addictive ! Sans quoi, on reste dans le thriller pur et dur, mais parfaitement divertissant à parcourir. Une bonne pioche, selon moi.

Pocket, septembre 2012 pour la présente édition ♦ traduit par Martine Leconte pour les éditions Fleuve Noir

5 mai 2014

Puzzle, par Franck Thilliez

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Ilan a sombré dans la dépression suite à la mort de ses parents, suivie peu de temps après par sa rupture avec sa petite copine Chloé. Lorsque celle-ci s'invite chez lui à l'improviste et le supplie de participer à un nouveau jeu, Ilan hésite avant de saisir l'occasion de décrocher le pactole pour retaper la demeure familiale. Le jeu, bien mystérieux, se présente comme une grande chasse au trésor et porte le nom de Paranoïa (tout un programme !). De fil en aiguille, il va conduire un petit nombre de candidats à s'enfermer dans un ancien établissement psychiatrique, dans les montagnes, sous une tempête de neige.

Tout, dans ce roman, est diaboliquement efficace, on se retrouve cloîtré comme les personnages dans un univers qui fait froid dans le dos, on est pris dans l'engrenage, bien malgré nous, on cherche à comprendre, à briser les arcanes du jeu, on ne cesse aussi de s'interroger sur les intentions de tous les participants, bref on vit un véritable enfer. Et rien que pour ça, l'auteur réussit son coup. L'orchestration est brillante, inspirée du modèle des “Dix Petits Nègres”, donc peu de surprise à prévoir, et pourtant on se laisse embobiner à merveille, car la lecture est saisissante !

Emmanuel Dekoninck, pour Audiolib, nous livre une interprétation tout aussi captivante et roublarde, qui rend la psychose ambiante encore plus palpable et flippante. Seul détail (négligeable), le comédien ne sait pas prononcer le mot “cobaye”... on en sourirait presque. Le concept de jeu suscite effroi, angoisse, stress et paranoïa (forcément), et a donc sur le lecteur l'effet escompté. C'est un puzzle déroutant, mais abouti et très convaincant. Une totale réussite ! 

Audiolib, avril 2014 ♦ texte intégral lu par Emmnauel Dekoninck (durée : 12h 54) ♦ Fleuve Noir, octobre 2013

5 mars 2014

ATOM[KA], de Franck Thilliez

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Je n'allais pas lâcher Sharko et Lucie en si bon chemin, et me suis donc plongée dans cette nouvelle histoire avec empressement. Nous sommes à quelques jours de Noël, presque deux ans après la fin de Gatacales deux flics bossent désormais ensemble au 36, quai des Orfèvres. Le corps d'un journaliste vient d'être découvert chez lui, dans son congélateur. Sa collègue, également une journaliste d'investigation, est portée disparue. Un gamin errant est retrouvé dans la forêt, mutique et portant des traces de sévices. Sans identité, il a dans sa poche les coordonnées de la journaliste aux abonnés absents.

Encore une sale affaire en perspective ! La brigade est à cran, elle avance dans ses recherches avec tact et fait face à des découvertes sidérantes et invraisemblables. Certes, le titre dévoile en partie qu'il sera question de nucléaire, avec pour spectre les ravages de Tchernobyl et ses sinistres conséquences. L'histoire fera remonter à la surface l'idée d'un vaste complot impliquant les sphères politiques, scientifiques et humanitaires, avec une petite pensée à Hibernatus, mais n'en dévoilons pas davantage ! On peut juste constater que nos flics ont décidément le chic pour débusquer des crimes horribles, qui leur font voir du pays !

L'histoire nous emmène également sur un terrain beaucoup plus personnel. Nous retrouvons une Lucie à fleur de peau, obsédée par son désir de tomber enceinte, tandis que Sharko n'ose pas lui avouer qu'il passe une batterie d'examens médicaux pour satisfaire sa demande. Ces silences et non-dits mettent le couple en péril, oui, toujours et encore, malgré toutes les épreuves traversées ensemble... Fait plus grave, l'individu qui cherche à pourrir la vie de Sharko, entraperçu dans Gatacaest de retour, bien déterminé à mener son projet machiavélique jusqu'au bout. Le commissaire est au taquet ! À tel point qu'on se demande dans quel état on va le récupérer à la fin !?

On peut dire que Thilliez tisse sa toile sur tous les fronts, d'abord en instaurant une relation de confiance et de complicité entre le lecteur et ses personnages - on les aime, Sharko et Lucie ! Puis, il se sert toujours de ses intrigues scabreuses pour faire passer des messages, sur le nucléaire en l'occurrence. En fournissant un important travail de documentation, l'auteur a à coeur de traverser les consciences et d'inviter le lecteur à réfléchir plus loin que le thriller qu'on vient d'ingurgiter et apprécier à sa juste valeur. Très bon, très stimulant ! 

Audiolib, décembre 2012 - texte intégral lu par Michel Raimbault / en version papier aux éditions Fleuve Noir (sept. 2012) ou en format poche chez Pocket (oct. 2013)

Fasciné par les romans de Franck Thilliez, dont il a déjà lu pour Audiolib Syndrome E et GATACA, Michel Raimbault donne ici une interprétation haletante de ce roman où science et suspense se mêlent avec une égale rigueur.

3 mars 2014

[GATACA], de Franck Thilliez

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À la suite des événements douloureux survenus dans Le Syndrome E, l'auteur ne s'embarrasse pas de détails et continue de nous infliger les pires tourmentes avec ce roman. D'entrée de jeu, ça fait mal. Les personnages ne sont pas à la fête, le lecteur non plus, tout le monde est éprouvé et encaisse avec amertume l'enchaînement des nouvelles. Puis, intervient le début d'une nouvelle enquête policière (le meurtre d'une étudiante, spécialiste de l'évolution), Sharko est dans les rangs, même s'il n'est plus que l'ombre de lui-même...

Cette affaire va à la fois le rebooster et lui en faire voir de toutes les couleurs, le renvoyant même à un passé trop douloureux, car trop neuf. Pourtant, cela lui offrira l'occasion de retrouvailles inespérées, mais dans des circonstances maladroites et poignantes. Sharko va risquer gros pour cette enquête, mettant en péril sa carrière déjà bien vacillante. Tant pis, il sait qu'il doit aller jusqu'au bout, franchir la ligne jaune. Difficile de trop en dévoiler pour ne pas spoiler l'intrigue, c'est terriblement frustrant !

Quoi qu'il en soit, j'ai davantage apprécié ce roman que j'ai trouvé bouleversant - Lucie est un personnage qui ne cesse de me toucher - mais aussi diablement maîtrisé, à proposer mille pistes qui vont toutes se recouper dans la dernière ligne droite. C'est bien fichu, tendu au cordeau, on ne s'ennuie pas. Et même les longues théories scientifiques ne m'ont pas paru trop pesantes (ou il m'a fallu alterner avec le roman, car la lecture orale atteint parfois ses limites, mon attention avait tendance à s'envoler...).

Bref, c'est une lecture habile, redoutable, particulièrement stressante, très forte sur les émotions ressenties (sauf concernant le couplet des amants maudits). Cela m'a beaucoup plu, en dépit du fait que l'auteur ne fait jamais dans la dentelle et semble prendre un plaisir sadique à malmener ses personnages. Gataca clôt un dyptique fascinant sur l’origine de la violence. (Comment a-t-elle évolué depuis les premiers hommes jusqu'à nos civilisations modernes ? Par quel biais s'est-elle propagée ? Génétique ou culturel ?)

Audiolib, juin 2011 - texte intégral lu par Michel Raimbault (durée d'écoute : 18h 17) / en version papier chez Fleuve Noir ou Pocket

Comme il l’avait fait dans Le Syndrome E, Michel Raimbault maintient jusqu'à son terme l’angoisse que fait naître l’analyse de la barbarie inhérente à la condition humaine.

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