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Chez Clarabel
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29 novembre 2018

En poche ! Le Bois des Ombres, de Barbara Dribbusch

le bois des ombres

À la mort de sa grand-mère, Anne Südhausen , sa seule héritière, s'installe dans sa petite maison à Innsbruck, pour faire du tri dans ses affaires, et découvre ainsi une dizaine de vieux cahiers d'écolier, griffonnés au crayon, se révélant être les journaux intimes de Charlotte.

Durant l'hiver 1943, cette dernière a fait un séjour dans un sanatorium psychiatrique, le Bois des Ombres, un établissement privé dirigé par le Docteur Carl Amberg. Charlotte était trop bouleversée par la mort de son frère jumeau, ses parents l'avaient donc envoyée se faire soigner dans les montagnes. Le lieu d'aspect rudimentaire offrait des méthodes de thérapie hors normes, basées sur les tâches domestiques et les activités artistiques. Charlotte y côtoyait une communauté bigarrée et attachante, hantée par ses propres fantômes, et néanmoins auréolée de nombreux mystères.

De son côté, Anne apprend à mieux connaître sa grand-mère en plongeant dans un chapitre de sa jeunesse qu'elle ne soupçonnait pas. Personne dans la famille n'avait jamais évoqué son existence. Une vraie énigme enfin mise à jour. Toutefois, cette découverte semble également compromettante car Anne se rend compte que deux carnets ont été subtilisés dans la maison et rares sont les personnes qui en avaient connaissance - une voisine, une amie de sa grand-mère, une femme de ménage et un neurobiologiste rencontré dans l'avion. Saisie de paranoïa, Anne s'enferme chez elle mais poursuit son enquête... 

Comment ne pas succomber au pouvoir de ce livre qui rassemble tous mes ingrédients fétiches ! Quelques pages ont suffi pour capturer mon intérêt et m'inciter à suivre avec avidité cette histoire captivante. Secrets de famille, fantômes du passé, contexte historique pernicieux et troublant, faux-semblants et suspense s'entrechoquent avec intelligence et font de cette lecture une très agréable surprise. S'il fallait chipoter un tout petit peu, je viserais la fin beaucoup trop lisse et hâtive à mon goût. Mais le roman n'en est pas moins réussi ! Il vous happe dans ses filets et vous propose une intrigue romanesque sombre et fascinante. Parfois bouleversante. Résolument captivante. À découvrir sans attendre.

Les Escales éditions, 2017 - Traduit de l'allemand par Jean Bertrand

 

« La guerre. On en revient toujours là, n'est-ce pas ? Les années ont beau passer, on ne peut y échapper. »
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7 novembre 2018

Et soudain, la liberté de Caroline Laurent & Évelyne Pisier

Et soudain la liberté pocket

Evelyne Pisier voulait écrire un roman sur sa mère en privilégiant la forme romanesque, une parade pour jongler entre émotion et introspection. Peu avant de mourir, elle avait confié son manuscrit à son éditrice, Caroline Laurent, en priant pour que l'histoire de Mona et Lucie Desforêt porte ses fruits.
Celle-ci se passionne pour le sujet et détecte le potentiel des deux héroïnes (dont la vie ressemble à un roman). Et ça tombe bien... 
La suite est une lecture surprenante et extraordinaire. On voyage dans la France des colonies de l'après-guerre, on découvre un cadre de vie bourgeois et dépaysant, mais aussi une réalité plus amère, avec le camp de Hanoi, les persécutions et l'ostracisme.
Toutefois, la vie de Mona et Lucie est ponctuée de passions dévorantes, de désirs et de rebondissements incessants (mariage, divorce, liaison, rencontre avec Castro). C'est follement romanesque et passionnant. Du moins, sur le papier.
Car j'ai eu quelques réserves au fil des pages, au fil des clichés accumulés (fumer pour stimuler la mémoire), du snobisme ambiant ou des personnages peu attachants dans le fond... Caroline Laurent emprunte souvent le sentier des digressions, elle évoque son propre vécu, tout en expliquant son travail d'éditrice (pour le coup, c'est utile et appréciable). Mais dans le feu de l'action, ça tombe parfois comme un cheveu dans la soupe.
Enfin bref. Le roman est b
on, porté par une démarche sincère et poignante. On y trouve le reflet d'une époque, l'incarnation d'une relation forte entre une mère et sa fille, la volonté farouche d'écrire sa destinée en l'arrachant de toute platitude.
Concernant la forme audio, la lecture proposée par Gaëlle Billaut Danno est sans fausse note : l'écoute est agréable, l'interprétation lisse et convenue. Simple mais efficace. Good job !

©2018 Éditions Les Escales (P)2018 Lizzie

et soudain la liberté audible

 

 

18 octobre 2018

Je sais pas, de Barbara Abel

je sais pasCamille et Patrick forment un couple heureux, avec leur petite Emma, cinq ans. Tout semble leur sourire... et pourtant, Camille a un amant, Étienne, qu'elle voit en cachette depuis quelques semaines. Un soir, Emma surprend sa mère en train d'embrasser cet homme et ne réagit pas. Le lendemain, elle part en sortie scolaire dans la forêt mais se tient à l'écart du groupe. Mylène, sa maîtresse, lui remonte les bretelles et ne prête pas attention à ses caprices. La journée s'écoule, dans l'insouciance générale. Quand vient l'heure de rassembler les troupes, les enseignants constatent avec affolement que l'enfant a disparu. Mylène décide de fouiller les alentours et s'enfonce dans les bois, pendant ce temps-là ses collègues alertent la gendarmerie. Finalement, Emma va resurgir mais raconter qu'elle “sait pas” d'où elle vient. Mensonge. On le sait, on a tout vu, tout entendu, tout lu. Et ça fait froid dans le dos ! Ce petit ange est un vrai démon, et ce n'est pas tout. La suite de l'histoire est plus complexe qu'en apparence et totalement flippante. Du coup, là où on s'attendait à une lecture banale, un peu poussive à démarrer, on se retrouve avec un incroyable numéro de tromperie sur toute la ligne. Moi, bonne poire, j'ai mordu à l'hameçon et suivi les pistes tracées par l'auteur, sans moufter. Par contre, les personnages m'ont tous fait bondir, le scénario est tiré par les cheveux, même si c'est diablement efficace, on se dit parfois meuh non, et puis la fin... trop, trop plate (il faut croire que l'auteur n'aime ni les entrées ni les desserts). Je ne suis pas déçue non plus car on a une lecture en majorité surprenante et haletante.

©2016 Belfond (P)2017 Audible Studios

La version audio est lue par Véronique Groux de Mieri (qu'on connaissait grâce aux éditions VDB) et accentue l'illusion d'une intrigue mielleuse avant de basculer dans la folie. C'est très bon : efficace et redoutable. J'aime ça.

5 octobre 2018

Vertige, de Franck Thilliez

vertige

Trois individus se réveillent au fond d'un gouffre, dans une cavité creusée dans la glace. Tous trois sont piégés et enchaînés, livrés à eux-mêmes, sans explication. Ils disposent d'une simple tente, d'un chien et d'un cadavre. À eux maintenant de s'entraider s'ils veulent survivre. Commence donc, pour Michel, Jonathan et Farid, une expérience douloureuse et traumatisante, qui va mettre à mal leur courage et leur foi en l'humanité. Le lecteur aussi se sent impliqué et se pose des questions, pourquoi eux, comment ont-ils atterri dans ce trou, sont-ils coupables de crimes ignobles à l'extérieur, s'agit-il d'un complot ou d'une machination vengeresse... On a vite le cerveau embrouillé par le froid glacial et l'ambiance suspicieuse qui règnent dans cette crevasse. Les langues ont beau se délier, on peine à accorder notre confiance ou donner du crédit à ce qu'on entend. Parmi eux, se cachent un menteur, un voleur et un tueur. Le tour est vite fait, mais les indices sont faibles. Alors on attend, longtemps. Le temps est suspendu, on sent le danger imminent et on retient notre souffle. C'est franchement flippant.
Au fond, la lecture peut sembler excitante, riche en densité et en intensité. Elle nous fait vivre le supplice des personnages, partager leurs idées noires et leurs pensées amères... Et puis, il y a la forme : l'action est lente et se déroule en huis clos, d'où un certain flottement. Option : torture mentale et examen de conscience. C'est dit, et moins alléchant. On n'a peut-être pas le palpitant au bord de l'implosion, néanmoins on ne moufte pas une seconde jusqu'au point final. Et là... on salue la rouerie de l'auteur (vous jugerez à votre guise). Disons que j'aime bien qu'on brouille les pistes jusqu'au bout !

Fleuve Noir (2011) - Pocket (2012) - Lizzie (2018)

Extraordinaire interprétation de Guillaume Cramoisan, mais vraiment. J'ai adoré sa voix.

 

 

5 octobre 2018

La Faute, de Paula Daly

La FauteLisa Kallisto mène une vie bien remplie : responsable d'un refuge pour chiens, elle habite une ferme isolée, pleine de courants d'air, avec son mari et leurs trois enfants. Le jour où elle apprend la disparition de la fille de son amie Kate, Lisa réalise son erreur : elle avait promis de récupérer Lucinda à la sortie de l'école mais a complètement oublié !

Lisa ne sait plus quoi faire pour s'excuser. Kate est en mode zombi, seule sa sœur peut l'approcher mais celle-ci veille à filtrer toute communication (en fait, Alexa lui reproche toujours la débâcle d'une soirée d'il y a quatre ans au cours de laquelle son mari et elle avaient trop bu). 

La police a également d'autres chats à fouetter puisqu'il s'agit de la deuxième adolescente enlevée dans la région. La panique gagne tous les habitants, à quelques jours de Noël, et la météo paralyse les routes avec son froid polaire.

L'ambiance hivernale m'a immédiatement frappée, plongée dans les paysages ruraux, j'ai aimé cette immersion bucolique et tellement british. L'auteur décrit aussi avec beaucoup de réalisme la vie bordélique de Lisa, son quotidien fait de petites galères, de temps qui passe trop vite et d'une montagne de charges à assumer.

Cette femme est épuisée, complètement à la masse et désabusée, elle envie l'existence aisée des autres, s'accuse de négligence et s'en rend coupable. Lisa veut donc se racheter et comprendre ce qu'elle a loupé. En plus du travail des enquêteurs, elle aussi farfouille et se triture les méninges. 

Au final, on a une lecture convaincante : suspense, émotion, angoisse, tout y est. On tourne les pages avec empressement. On patauge dans le no-man's land. On suit l'inspecteur Joanne Aspinall sur son terrain (elle aussi est très crédible, flic ordinaire, rarement confrontée aux crimes sordides, usée par son mal de dos à cause de sa poitrine trop forte).

On salue cette simplicité à raconter la vie ordinaire, même l'enquête trace sa route en évitant la surenchère. Chaque pièce du puzzle s'emboîte progressivement, de façon cohérente, si ce n'est le dénouement un peu abrupt et inattendu, qui nous laisse un goût amer en bouche et un sentiment de frustration... mais pourquoi pas ?

Traduit par Florianne Vidal - le cherche midi (2014) ou pocket (2015)

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25 septembre 2018

En poche ! Une histoire des abeilles, de Maja Lunde

Dangereuses, mais sources de vie, les abeilles garantissent l’espoir du monde. Mais les abeilles disparaissent, inéluctablement, et dans l'indifférence. Victimes de notre espèce, elles en seront, peut-être, le salut. 

Une histoire des abeilles Pocket

Totalement sous le charme de la couverture, j'ai découvert avec ravissement une lecture pleine de sensibilité et étonnamment captivante. L'histoire se déroule sur trois époques et trois continents, à travers trois personnages et leur vie familiale.

En Angleterre, au milieu du XIXe siècle, William cherche un nouveau sens à sa vie car il juge son confort domestique étouffant, loin de ses rêves de jeunesse. Un jour, il trouve dans son bureau un livre sur l'apiculture que son fils Edmund aurait (intentionnellement, pense-t-il) abandonné. Voulant l'impressionner, William décide de concevoir une ruche révolutionnaire.
Ohio, 2007. Tom annonce à son père George qu'il ne reprendra pas la ferme car il souhaite devenir écrivain. Déprimé par cette nouvelle, l'homme perd goût à son travail, mais note avec inquiétude les premiers signes de disparition des abeilles.
Dans la Chine futuriste de 2098, suite au Colony Collapse Disorder (le Grand Effondrement ayant entraîné l'extinction des abeilles) le gouvernement a mis en place une politique pour “polliniser la nature à la main”. Tao est ouvrière et profite de son jour de congé pour partir en pique-nique dans la forêt... mais la sortie vire au drame. Son fils est transporté en urgence à l'hôpital et placé en soins intensifs. Son cas suscite une attention abusive des plus grands chercheurs du pays, au grand dam de sa mère qui est tenue à l'écart. Folle de douleur, elle fouille dans de vieux ouvrages évoquant les événements du passé et comprend le rôle de son garçon dans ce cataclysme.

Parce que l'écriture est belle, l'histoire romanesque et fascinante, on se surprend à tourner les pages du livre sans réaliser que le temps passe et que c'est déjà le point final. Il faut dire aussi que ce n'est pas uniquement une histoire des abeilles - même s'il y a urgence à les protéger et qu'il n'est jamais vain de le rappeler - c'est avant tout une histoire de transmission avec trois exemples de relations filiales qui ne sont pas simples. Chez William, par exemple, l'homme déploie une énergie incommensurable pour épater son garçon, et ne voit plus sa fille pourtant admirative du travail accompli. Inversement, les liens distendus entre Tom et son père vont peu à peu se ressouder à travers les épreuves. Quant à Tao, c'est un grand cri d'amour et de dévouement qui s'étale sous nos yeux, dans l'adversité et à travers son combat. En bref, c'est un roman remarquable, qui tente de symboliser l'espoir et réveiller les consciences écologiques, tout en évoquant l'amour filial avec tendresse et sincérité. En fermant ce livre, je me sentais imprégnée de poésie et de lumière ! 

Un peu à l'image de cette couverture chez Pocket : de toute beauté.

Traduit du norvégien par Loup-Maëlle Besançon - repris chez Pocket (2018)

 

17 septembre 2018

Disparue, de Darcey Bell

« Il se peut que les disparitions provoquent chez moi un déséquilibre.
Que les chagrins libèrent un démon profondément enfoui. »

disparue darcey bellAprès l'accident qui a coûté la vie de son mari, Stephanie a choisi de vivre seule avec son petit garçon jusqu'à sa rencontre avec Emily, la mère du meilleur ami de son fils. Active et débordée par son boulot, elle fait souvent appel à Stephanie pour la dépanner.
Un jour, pourtant, Emily ne rentre pas à la maison et laisse sans nouvelles sa famille. Inquiète, Stephanie lance un appel sur son blog. Le temps passe. Et malgré tous ses efforts, l'enquête de police va faire chou blanc.
Convaincu de la mort de son épouse, le mari éploré va succomber au charme de sa voisine, la très dévouée Stephanie. Celle-ci a en effet pris place dans la vie d'Emily et substitué son rôle sans le moindre remords.
Car Stephanie a peu à peu découvert que sa meilleure amie avait aussi ses petits secrets. Depuis, elle n'est plus totalement sûre du lien sincère qui les unissait.
On perd vite pied dans cette intrigue sulfureuse, dérangeante et très troublante. Même les personnages sont des experts dans l'art de la manipulation. Et on n'est pas au bout de nos surprises.
Malgré le malaise qu'elle inspire, la lecture n'en demeure pas moins bluffante car on mord à l'hameçon et on se demande jusqu'où ce jeu de dupes va nous entraîner. On aime, on n'aime pas. En tout cas, le roman se lit d'une traite.

Pocket (2018) / Hugo Thriller (2017) - Traduit par Claire Desserrey 

Adapté sous le titre "L'ombre d'Emily" AU CINÉMA LE 26 SEPTEMBRE. 

disparue l'ombre d'emily

11 septembre 2018

Poppy Wyatt est un sacré numéro, de Sophie Kinsella

Poppy Wyatt est un sacré numéroPoppy Wyatt passe la soirée avec ses copines pour fêter ses fiançailles avec Magnus.. mais dans l'effervescence générale, la jeune femme égare sa bague et son portable.
Et là, coup de bol, elle trouve un téléphone dans une poubelle - vraisemblablement jeté par une assistante de RP qui vient de démissionner. Poppy s'en saisit mais l'homme au bout de la ligne, un certain Sam Roxton, n'est pas d'accord. Il a besoin de récupérer son portable et ses messages.
Poppy parvient alors à le convaincre d'un prêt temporaire - une question de vie ou de mort - en échange elle promet de faire suivre toute sa messagerie. Ce faisant, Poppy fourre son nez dans les dossiers de son entreprise et de sa vie privée, et dresse un portrait de son interlocuteur - qu'elle imagine froid et insensible, pressé par le temps et trop accaparé par sa carrière.
Sam, de son côté, ne masque pas son exaspération mais se laisse amadouer quand il comprend son dilemme : les parents de son fiancé sont d'illustres universitaires arrogants, qui se complaisent à la jauger et mépriser sa culture. À l'idée de révéler sa bévue, elle sent déjà leurs regards dédaigneux et son mariage en péril.
Un pacte est donc conclu : une sorte d'alliance inattendue pour un duo de choc (et de charme). Car Poppy et Sam vont se révéler impayables. Ensemble ou à distance, ils vont se lancer dans une aventure rocambolesque, combinant scandale politique, Scrabble imbattable et espionnage industriel.
Leur couple fait mouche et nous régale avec leurs dialogues explosifs et hilarants ! Poppy est une héroïne pleine de peps, tandis que Sam paraît en apparence guindé et détaché (l'archétype parfait du beau brun ténébreux... on craque). Forcément, on sourit béatement et on passe un super moment.
La reine Sophie est indétrônable dans ce registre. On a là une pure comédie enjouée et charmante. L'intrigue a su me tenir en haleine jusqu'aux dernières pages (mais pourquoi une mariée traîne son portable jusqu'à l'autel ?). Bref. J'ai adoré.

Pocket (2014) - Traduit par Daphné Bernard 

 

24 juillet 2018

À couteaux tirés, d'Olen Steinhauer

à couteaux tirésCinq ans après le fiasco du Flughafen (un long-courrier pris d'assaut par des terroristes qui ont massacré les 120 passagers à bord de l'avion), Henry et Celia se retrouvent en Californie pour évoquer leurs souvenirs.
Tous deux étaient agents secrets à l'époque des faits, basés à Vienne, et entretenaient une liaison qui n'a pas résisté au drame. Ils ont ainsi rompu sans jamais se revoir.
Depuis, Celia est mariée et mère de deux enfants. Henry travaille toujours pour la CIA et est chargé d'enquêter pour démasquer le complice des ravisseurs présent à l'ambassade américaine.
Les anciens amants se donnent rendez-vous dans un restaurant et donnent l'illusion de retrouvailles légères et insouciantes. Or, chaque parole est à double tranchant car on comprend rapidement que tout est faussement lisse et qu'une partie de poker est en cours.
Action lente mais suspense tangible sont le lot de ce roman prenant et réussi. J'ai été baladée de main de maître, en parfaite connivence avec l'auteur qui manipule son monde sans se démonter.
Le roman se lit vite et bien. Il traite d'espionnage, d'amour et de trahison dans une ambiance oppressante. C'est parfaitement conduit - tendu et nerveux à justes doses. On entendrait presque une mouche voler !
Une lecture diablement efficace.

Presses de la Cité (2016) - traduit par Sophie Dupont 

Repris en poche chez Pocket

A couteaux tirés

 

 

24 juillet 2018

En poche ! À sa place, d'Ann Morgan

à sa place ann morgan

Helen et Ellie sont sœurs jumelles. Elles se ressemblent comme deux gouttes d'eau, mais ont des tempéraments opposés. C'est toujours Helen qui mène la danse et qui embarque Ellie dans son imagination foisonnante. Un jour, elle décide de tromper leur mère et d'inverser leurs rôles. Helen devient Ellie, et vice versa. Seulement, à la fin de la journée, Ellie refuse de reprendre sa place et laisse sa sœur pédaler dans la semoule pour prouver le contraire. Leur mère, obnubilée par sa nouvelle relation sentimentale, n'y voit que du feu et envoie balader les fillettes dans leur chambre. Le temps passe, Ellie a embobiné tout le monde, même les copines d'Helen lui tournent le dos. Celle-ci est en train de basculer dans le terrier du lapin blanc en une lente et longue chute vertigineuse. C'est un cauchemar qui se referme sur elle, car Ellie a toujours traîné une réputation d'enfant à problèmes. C'est donc à Helen de les gérer et d'en supporter le poids. Plus elle prétend ne pas être celle qu'on s'imagine, plus son entourage doute de sa santé mentale et la repousse en ne supportant pas ses accès de colère. La spirale infernale ne s'arrête plus, chamboulant également le lecteur ébahi. Comment une mauvaise blague a pu tourner au vinaigre ? Devenues adultes, les sœurs sont toujours les victimes de leur manège. Helen a sombré dans l'alcool, la drogue et la débauche. Elle vit dans un petit appartement insalubre et a coupé les ponts avec sa famille. Elle découvre, un jour, que sa sœur se trouve à l'hôpital dans le coma. Le mari de celle-ci a remué ciel et terre pour la retrouver et toque à sa porte, désespérément. L'heure de la vengeance a enfin sonné ? 

Avec une accroche aussi efficace, j'ai parcouru les premières pages du livre à une vitesse folle ! Je me sentais absorbée par cette démonstration de duperie et de pure divagation, sans aucune limite pour résorber le flux ou remettre le train sur les rails. Au contraire, le roman nous entraîne dans le déraillement complet d'une mascarade malsaine, sous couvert d'une complicité sourde et aberrante. C'est uniquement dans les dernières pages du livre qu'on se rend compte de l'énormité du subterfuge. En attendant, la guerre des nerfs est implacable. On assiste au naufrage familial avec effarement, on s'interroge, pourquoi et comment l'une part à la dérive sans que l'autre réagisse... Le scénario est franchement redoutable, car diabolique. Certaines scènes sont assez injustes et dures à encaisser, mais elles suivent une logique glaciale, laquelle découle de l'esprit retors de l'auteur. Pour un premier roman, l'effet est dévastateur ! C'est effroyable, et néanmoins fascinant.

Pocket (2018) - Traduit par Karine Lalechère pour les éditions Presses de la Cité

 

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