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Chez Clarabel
secret de famille
11 mars 2008

Ker Violette - Karine Fougeray

Ker_VioletteUne jeune femme de 36 ans arrive dans un village breton, elle recherche son cheval. Elle est très mince, a de gros seins, elle est blonde, avant de virer au jaune. Dans le premier bar venu, elle commande un kir-champagne et rencontre Félix, un pêcheur devenu artiste peintre. Elle tombe dans ses bras, ivre morte, et débarque chez Violette, une septuagénaire propriétaire d'une maison d'hôtes, les Albatros.

Clara doit absolument retrouver son cheval. Pour comprendre pourquoi, il faut faire le chemin en arrière et grandir dans un foyer où brillait l'amour, entre la radieuse de mère et le père qui s'absentait en mer. La naissance de Clara est venue. Clara comme une eau claire. Clara comme la clarté de son bonheur. Suivie par l'arrivée de Clarence.

Longtemps Clara a cru être libre, légère, butinant d'un point à l'autre, d'homme en homme, de trois petits tours et puis s'en vont. Tous ont craqué en la voyant : un sourire, un s'il te plaît, des yeux noirs qui scrutent le fond de l'autre. Mais Clara se sent morte à l'intérieur, alourdie par ses fantômes, pressée de rejoindre son cheval pour reprendre le cours de sa vie, pour revivre. Tout bonnement. Un cheval ?! pense-t-on. Alors je vous vois venir, mais non chassez de votre esprit les images de Robert Redford, le monsieur n'a pas sa place ici. Pas dans cette histoire qui se contruit comme un jeu de lego, petit bout par petit bout. Un peu compliquée l'histoire que tu cherches à nous vendre, rétorquez-vous. Ah mais non.

Que je vous dise... Ceci est un roman qui parle d'amour, mais vraiment un amour mirifique, hors du commun, qui dure depuis des lustres. C'est un feeling, une émotion pure et instantanée, un électrochoc, le genre qui file une décharge sitôt qu'on se frôle... C'est l'histoire d'une tristesse, d'un abandon, d'un deuil, d'un chagrin. C'est aussi un énorme silence, un poids qui dure et qui s'encroûte avec les années. C'est une rencontre éblouissante, deux âmes qui s'unissent, une communion, un déchirement. Dans ce livre, aussi, on respire l'air de la mer, on boit beaucoup de champagne, on sent l'eau de cologne de Guerlain, une odeur surannée de violette. La mer, encore, on la maudit, on l'admire, on court après, on s'y baigne nue. On la traite de tricheuse, de menteuse, de mante religieuse. Mais la mer n'est pas tout. La mer, ou la mère ?...

Je ne vous cache pas que Ker Violette offre un bonheur de lecture instantané. Première page ouverte, plouf ! c'est l'éponge. Les mots nous collent aux doigts, les lignes s'inscrivent sur notre peau, les personnages sortent du livre pour nous offrir une bolée de cidre et nous partons de suite dans leurs aventures. On s'attachera aussitôt à Clara, la jolie petite fille qui cherche son cheval ; on voudra se pendre au cou de Félix et on cherchera compulsivement dans le bottin si la pension de Violette existe pour de vrai ! ... Ce sont trois personnages jetés sur le tapis vert, les dés sont joués, à eux de tenir les paris.

Faut-il vous préciser ? Ker Violette sait aussi préserver ses secrets. Pour en savoir plus, lisez le livre !!!!

Editions Delphine Montalant - 250 pages - 18 €

Un gros, gros, gros merci à Karine !!! Merci pour cette nouvelle bouffée d'oxygène, après le goût des galettes, miam le champagne, une Clara plus vraie que nature, et des larmes, des rires, un coeur qui palpite plus fort sur certaines pages... C'était bon ! Et déjà, ils me manquent tous... ils me manquent aussi les pages 251, 252, 253, 254, 255, etc.

Et merci pour les graines de violettes !

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25 janvier 2008

Ma mère, à l'origine - Emmanuel Pons

ma_mere_a_l_origine« Ma mère est morte. L'autre bonne nouvelle, c'est qu'elle est morte riche... » Patrick a décidé de fêter dignement cette libération, des funérailles expéditives et une voiture de sport flambant neuve, puis un mariage, un enfant et un horizon idyllique.
Enfin libre, oui ! pense-t-il.
« C'est allé crescendo. Il n'a pas évoqué sa mère pendant les deux premières années. Et puis, quand son fils s'est mis à trottiner, la mémoire lui est progressivement revenue mais sans aucun bon souvenir. (...) Maintenant, c'est elle son principal sujet de conversation, ou plutôt la source de ses monologues. »
Madeleine ne reconnaît plus l'homme qui partage sa vie, Patrick vit retranché dans son bureau, à boursicoter comme un fou depuis son ordinateur, c'est un 'home-trader' implacable qui mise sa propre vie comme des titres et des actions, scrutant la moindre chute et n'hésitant pas à les revendre.
Point de sentiment.
« Je ne parviens pas à m'arrêter, c'est terrible. Les souvenirs s'enchaînent et je reste prisonnier de ta vie. Tu ne m'as jamais accepté tel que j'étais, jamais aimé pour ce que j'étais, tandis que, moi, je t'aimais pour deux, maman. Je t'ai toujours aimée pour deux. »
S'il vit ainsi, entre ses fantômes et son ordinateur, c'est parce que Patrick suffoque du trop-plein que lui inspire sa mère, un excès de rancoeur et d'amertume. Patrick est au bord du gouffre, apercevant de loin son fils de 7 ans qui lui rappelle un autre petit garçon, et Madeleine de son côté lance sa bouteille à la mer, mais « ça prend au ventre, ça monte, ça serre la gorge au point que la seule solution pour éviter l'asphyxie, c'est de partir. »
Comédie humaine et tragique, « Ma mère, à l'origine » se cache sous le couvert d'une farce bien grinçante d'un homme qui prend sa revanche en brassant des millions pour assouvir sa puissance et sa place de number one. C'est le peu qui lui reste, après des années d'humiliation et de frustration, le peu légué par une mère avare de démonstration affective. « Je n'ai reçu d'elle ni câlins ni fessées, ni compliments ni remontrances, jamais une récompense pour mon excellent travail scolaire, même pas une mise en garde avant mon premier rendez-vous amoureux ! Rien ! De l'indifférence. »
Marié et père de famille, l'homme est aujourd'hui submergé par l'intuition de n'avoir pas mérité si peu de tendresse. Il s'escrime, s'enferme et devient quasiment fou. Fou de douleur et de chagrin.
Quelques pointes d'humour recouvrent le verbiage, « Je suivrai donc le corbillard dans mon coupé rouge, enrubanné comme un cadeau, avec un noeud sur le pavillon et un Merci maman sur le haut du pare-brise, façon Allez l'OM ! », mais on ne se fait pas d'illusion et c'est bien un cri désespéré qu'on perçoit là, « J'ai besoin d'amour ! » tout simplement. Et ce message s'adresse à une mère, qui n'est plus.

Arléa - 130 pages.  Janvier 2007.  14.00 €

24 janvier 2008

La Théorie du Panda - Pascal Garnier

theorie_du_pandaDans une petite ville de Bretagne, débarque Gabriel qui, comme l'Ange, en plus du prénom, partage cette même vocation d'aider les autres. En effet, l'homme, porté par son altruisme, rencontre des âmes esseulées, désoeuvrées, qu'un simple repas préparé avec amour vient soulager le temps d'une soirée.

Cela commence par José, le patron du bistro qui ne fait plus restaurant depuis l'hospitalisation de son épouse. Une intervention bénigne se mue en coma profond, laissant notre homme éploré. Puis il y a le couple de Marco et Rita, amoureux lessivés, attendant un héritage qui ne vient pas, un peu junkies sur les bords, ils vendent à Gabriel un superbe saxophone qui fera le bonheur des enfants de José. Et pas très loin de tout ça, on retrouve Madeleine, la réceptionniste de l'hôtel où se pose tout ce petit monde bancal. Elle n'est ni laide ni jolie, mais son charme est avenant, avec un petit quelque-chose qui pousse notre homme à lui venir en aide.
« Vous entrez dans leur vie comme ça, l'air de rien. On dirait que vous êtes partout chez vous. (...) Vous me donnez le vertige, c'est tout. Vous n'êtes nulle part et partout en même temps. »

Au début, on ne comprend pas, on se demande d'où vient Gabriel, quel fantôme traîne-t-il dans son fourbis, pourquoi n'est-il que de passage, prêt à repartir vers d'autres destinations imprécises ? C'est seulement au fil des chapitres qu'on aperçoit ses lignes de faille, qu'on saisit l'incroyable. A quelques pages de la fin, on se surprend à en apprendre encore, davantage, toujours. C'est stupéfiant, particulièrement bien dressé. Le portrait de cet homme devient plus nuancé, plus fascinant et troublant. Et l'histoire que nous raconte Pascal Garnier a des allures soudain plus sombres et inquiétantes, faussement simples, plongées dans un décor qui décrit un monde creux, peuplé d'êtres déglingués et qui marchent sur une corde raide. Tout est de guingois, pense-t-on. Et pourtant, la colonne est solide, bien ancrée, et c'est ce qui expliquerait pourquoi ça fait froid dans le dos, le tout ronronnant dans une atmosphère assez asphyxiante. Curieux mélange, improbable rencontre, espoir déraisonnable d'aller à l'encontre de Gabriel et les autres ?... Ne vous y trompez pas, ce fut un instant de lecture inouï !  Un piège, oui.

Zulma - 174 pages -  (Janvier 2008)  16.50

« C'est que ces deux-là s'aiment, enfin, disons que la complicité qui les unit a pris avec le temps les nobles rides des vieux amants. Ils pourraient s'entretuer qu'ils ne s'en voudraient pas. C'est la vie, n'est-ce pas ? À force de voyager dans ce wagon qui pue des pieds, on finit par y faire son petit trou d'intimité, on se comprend. D'odeur à odeur, de coups tordus en coups tordus, on se cannibalise l'un l'autre. C'est dans l'habitude que tout réside, plus besoin de réfléchir, de choisir, on s'y retrouve les yeux fermés, chez l'autre comme chez soi. Les pantoufles avachies, la tignasse du matin, les cheveux sur le peigne, les coulisses de cet exploit de vivre qui nous étonne chaque matin. D'accord, pas toujours exaltant ce reflet dans le miroir, c'est vrai qu'il y a des jours où l'on voudrait le briser mais on ne le fait pas, parce que alors on se retrouverait le nez au mur et que le mur a encore une plus sale gueule que soi. »

Du même auteur, j'ai lu La Solution Esquimau .

D'autres avis sur La Théorie du Panda : Renaud Junillon, de la librairie Lucioles & Florence Xueref du blog Leo Scheer.

21 janvier 2008

Rêve d'amour - Laurence Tardieu

reve_d_amourMy god ! ce roman est sublime ! Puissant dans son écriture et affolant par son style épuré, sensible comme de la soie, le livre de Laurence Tardieu renferme une quantité de passages que je souligne avec passion !
Tout me parle dans ce livre, notamment cette histoire d'une jeune femme de 30 ans qui a grandi sans maman, sans le souvenir de celle-ci. Vingt-cinq ans plus tôt, elle a été emportée par la maladie mais personne n'a prévenu la petite fille. Plus tard, elle comprendra. Cependant, aucun souvenir, aucune mémoire, aucun culte de la personnalité. Alice Grangé est élevée par son père, silencieux et imperméable, et qui lui soufflera le Grand Secret sur son lit de mort.
Ce court roman, en nombre de pages, est déstabilisant par sa justesse et son flot d'émotions. J'ai été émue aux larmes à maintes reprises, tout en soutenant l'entreprise d'Alice. Celle-ci apparaît fragilisée au début du livre, abrutie et désillusionnée. En fouillant le passé, elle cherche ainsi à redonner des traits au visage de sa mère, à cerner ce qu'est un amour fou. Ce qu'elle comprendra en chemin sera forcément bouleversant, et ne pourra que vous toucher (du moins, moi j'y ai été fort sensible).
« Le bonheur, c'est de se savoir appartenir au royaume des vivants, et d'en éprouver les innombrables frémissements. »
« Il n'y a pas de vérité, ni des êtres, ni du temps. Il n'y a que le présent, son éblouissement. »
C'est dans un cahier bleu qu'Alice Grangé raconte son parcours, et à la fin elle a cette formidable conclusion, que je m'approprie : « (...) j'ai compris que les livres étaient une des expressions les plus fortes, les plus troublantes et les plus vraies de la vie. »

Stock - 159 pages - 15.50 €

Merci Laure d'en avoir parlé la première et de façon si brillante !

A été lu par Amanda aussi.

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