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Chez Clarabel

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29 janvier 2018

MDR - Menteuse Drôlement Râleuse, de Kody Keplinger

Menteuse Drôlement Raleuse

Sonny est une menteuse compulsive - c'est plus fort qu'elle. Au lieu de jouer cartes sur table, elle baratine sans cesse pour se sortir des mauvais pas. Mise à la porte par sa mère devenue dingue, la jeune fille squatte en douce la chambre de sa meilleure amie mais refuse de l'avouer aux parents de celle-ci qui risqueraient de s'immiscer dans sa vie et y découvrir une vérité peu reluisante. Car Sonny est une acrobate du faux-semblant, qu'elle pratique pour mieux se protéger. C'est comme avec Ryder Cross. Ce garçon vient de débarquer de Washington D.C., où son père est membre du Congrès, et se montre affreusement snob en prenant ses camarades de haut. Sonny le déteste et ne s'en cache pas. Lui aussi le lui rend bien et l'envoie souvent sur les roses. Seule la jolie Amy Rush trouve grâce à ses yeux (cela reste à sens unique). Et lorsqu'il cherche à entrer en contact avec elle, par mail, il reçoit une réponse cinglante... rédigée sur le ton de la plaisanterie par Sonny, qui n'est autre que la meilleure amie de Amy ! Prise de remords, Sonny va néanmoins s'excuser et entamer avec lui une longue discussion sur internet. Mais au moment de se quitter, la jeune fille découvre que Ryder s'est mépris sur son compte et croyait être en ligne avec Amy. Sonny veut rapidement dissiper le malentendu, seulement toutes ses tentatives tombent à l'eau. Comble du comble, la demoiselle est sérieusement en train de craquer pour l'individu... tout en le trouvant insupportable dans la vraie vie !

Le scénario est basique et attendu, avec des personnalités fortes et piquantes pour accompagner la lecture vers un divertissement assuré. De plus, Kody Keplinger avait déjà goûté au succès grâce à The Duff, un roman sexy et rigolo, sans jamais tomber dans la vulgarité. Et là, bingo on retrouve Wesley & Bianca, la famille Rush & Amy... la petite frangine. Je me voyais déjà tout en haut de l'affichage, blablabla, sauf que la chute a été rude. Et pour une désillusion, c'est une grande désillusion. Je n'ai pas du tout accroché au couple Sonny / Ryder malgré les boutades et l'ambiance Cyrano décomplexée. L'héroïne est trop vindicative et pleine de contradictions ; l'alchimie avec Ryder n'est pas palpable et les échanges sur messenger sont lisses et ressemblent davantage à une relation copain-copine. Il n'y a pas de séduction flagrante dans tout ça. Je suis restée un peu de marbre, ça ne m'a jamais touchée et ça manquait de crédibilité aussi (Sonny porte un lourd fardeau sur ses épaules... pourquoi les auteurs en rajoutent-ils toujours autant ?!). Pour moi, le rendez-vous est loupé - la lecture trop quelconque et décevante. SNIF. 

Hachette, 2017 - Traduction par Aude Gwendoline

 

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28 janvier 2018

Un petit quelque chose en plus, de Sandy Hall

Un petit quelque chose en plus

L'histoire se déroule sur un campus universitaire, où les premiers rôles sont tenus par Gabe et Lea, deux étudiants qui partagent le même cours d'écriture créative et qui n'auront de cesse de se frôler tout au long de l'année, sans totalement franchir le premier pas.

Leur petit numéro est pourtant scruté à la loupe par une foule d'admirateurs, qui retiennent leur souffle face à leur rapprochement balbutiant. Outre les amis ou camarades de classe, on compte aussi une prof, une serveuse, un chauffeur de bus, et même un écureuil ou un banc ! C'est dire combien la sérénade est suivie avec  une attention collective.

Pourquoi eux ? pourquoi ce cœur qui bat à l'unisson ? Simplement parce qu'ils sont tous convaincus que Gabe et Lea forment LE couple parfait, tous les signes sont sous  leurs yeux mais ils sont les derniers à les voir. Du moins, l'une est affligée d'une timidité maladive, l'autre est incroyablement pataud et socialement inadapté. Même s'ils se tournent autour ou se lancent des petits regards en coin, la promesse d'idylle est loin d'être décantée.

Tout ça est évidemment charmant, mignon et onctueux... mais finalement assez long et mou aussi. La romance est vécue à travers le regard des personnages secondaires, une idée assez originale, mais qui ne suscite ni surprise ni ne justifie l'emballement des foules. Pour moi, les tourtereaux ne sont pas crédibles dans leur genre. Le temps s'écoule beaucoup trop vite et leur relation reste au point mort. C'est déconcertant. Vendu comme un cupcake, le roman est donc aussi goûteux et ravissant en apparence, nettement moins à la dégustation (limite un peu fade). 

Hugo Roman - New Way - 2017
Trad. Pauline Vidal

« Ils ne parlent pas beaucoup mais se regardent par-dessus leurs livres. Ils n'ont pas besoin de paroles pour flirter.
Ce serait insupportable si ça n'était pas aussi adorable. »

 

27 janvier 2018

Emmy & Oliver, de Robin Benway

emmy et oliver

Voisins et amis d'enfance, Emmy et Oliver sont inséparables... jusqu'au jour où, à l'âge de sept ans, le garçon est enlevé par son père et disparaît des radars. Dix ans plus tard, il resurgit sans crier gare. Pour Emmy, ce retour est celui d'un nouveau départ. Le petit garçon insouciant, qui se disait amoureux de son amie, est plus grand, plus large, plus mystérieux. Et étranger à leur vie. Sa mère, malgré l'indéfectible espoir de revoir son fils, se sent impuissante et désemparée. La disparition d'Oliver avait créé une faille et impacté la vie du quartier, d'où l'attitude surprotectrice des parents d'Emmy. Aussi, pour leur éviter des angoisses inutiles, elle leur ment depuis dix ans et dissimule qu'elle a appris le surf, se rend à des fêtes alcoolisées et s'est inscrite à l'université de San Diego, à deux heures de route de la maison. Vis-à-vis d'Oliver, Emmy se tient à distance tout en le scrutant. Résultat, elle se met à loucher et lui tire la langue la première fois qu'il pose les yeux sur elle ! Pétrifiée de honte, la jeune fille n'en mène pas large.

En fait, c'est très, très drôle. On imagine la scène et on sourit grandement. Car tout est incroyablement doux, tendre, attachant et amusant. C'est ce qui m'a immédiatement conquise. On perçoit une réelle connivence et une franche camaraderie autour d'Emmy - ses copains de toujours, Caro et Drew, sont impayables. Sa relation avec Oliver se construit sans mièvrerie et avec beaucoup de naturel. Tous les vieux réflexes se remettent en place. C'est adorable. En même temps, on suit l'évolution des uns et des autres, petits et grands, à travers des conflits de taille - comment trouver sa place dans un monde où l'on ne se retrouve pas, comment quitter le nid sans crainte du séïsme, comment lâcher la bride, comment évoquer le passé sans blesser ni accuser... C'est étonnant, en bien ! Suggéré sans prétention et avec tact. Au final, le roman possède un charme fou et fait la part belle à l'amitié comme étant un rayonnement essentiel pour s'épanouir dans l'existence. Une lecture qui réchauffe notre petit cœur tout mou. ☺

Nathan, 2017 - Trad. Anne Delcourt

 

26 janvier 2018

La Femme de l'ombre (Trilogie des ombres 2), par Arnaldur Indridason

La femme de l'ombreAlors qu'elle est sans nouvelles de son compagnon, une jeune femme quitte à regret le Danemark en guerre en montant à bord de l'Esja pour rentrer en Islande. Elle croise par hasard son ancien amant et apprend avec horreur que son fiancé est entre les mains des allemands. Au cours de ce voyage mouvementé, elle découvre aussi qu'un homme a fait une chute mortelle... peu après avoir prétendu être en mesure d'apporter des informations utiles sur la résistance et l'origine de l'arrestation du fiancé. Dès leur arrivée au pays, le frère du disparu va s'entêter à démasquer ce qui semble, à ses yeux, un crime crapuleux.

À Reykjavik, le tandem Flovent & Thorson fait face à plusieurs casse-tête - identifier la dépouille d'un jeune garçon battu à mort et jeté non loin d'un bar fréquenté par les soldats des troupes alliées, mais aussi rechercher une cliente mystérieusement disparue... Le souci majeur pour les enquêteurs revient surtout à marcher sur les plates-bandes des militaires, car l'entreprise va s'avérer délicate et houleuse. Ceci met toutefois en exergue la douloureuse cohabitation vécue comme une intrusion pour les locaux, même si certains en tirent profit pour s'enrichir ou s'évader en attendant des jours meilleurs.

Au final, on a une lecture structurée et hyper conformiste - c'est bien, mais peu surprenant. J'ai surtout eu le sentiment de me retrouver dans le prolongement du premier (Dans l'ombre). La conduite des intrigues criminelles est correcte, l'ambiance est toujours aussi dépouillée, le contexte de la guerre évoqué de loin en loin, les relations politiques sont tendues, et on tourne toujours autour du thème de la disparition (rappel à Erlendur). Par contre, calme plat sur les personnages. Il n'y a strictement aucune évolution, aucune épaisseur.  Rien, du vent. Je m'attendais à ce qu'ils tombent le masque, qu'ils sortent des clous, qu'ils entrouvent une petite porte... Que nenni. On stagne.

Suite aux promesses vendues, je trouve qu'on bute sur la marche avec ce deuxième tome. La série apparaît un peu fade, même si elle n'est pas déplaisante à lire. Je regrette aussi que Philippe Résimont donne à certains personnages des voix ridicules et caricaturales (Thorson, en premier). Et comme d'habitude, les personnages féminins sont loupés. Je prends néanmoins rendez-vous avec le prochain et dernier tome (Passage des ombres) à paraître dans le courant de l'année. 

 

© Éditions Métailié, Paris. Traduit par Eric Boury.  (P)2017 Audiolib.

Lu par Philippe Résimont. Durée : 9 h env.

 

Le Tome 1 est repris en poche chez Points : parution 8 février 2018

26 janvier 2018

Défaillances, de B.A. Paris

défaillances audibleVoulant rentrer au plus vite chez elle, un soir de pluie, Cassandra emprunte une route isolée et croise une voiture sur le bas-côté avec une femme à son bord. Mais Cassandra ne s'arrête pas et poursuit son chemin... n'imaginant pas une seconde qu'elle apprendrait le lendemain l'assassinat de cette inconnue peu de temps après son passage.
Sidérée, Cassandra n'ose pas confier à son mari ce dont elle a été témoin. Elle ne dit rien à sa meilleure amie non plus. Se confond en excuses à l'écoute des appels répétitifs de la police pour obtenir des renseignements. Cassandra est mortifiée, honteuse et culpabilise.
À force de ressasser, la jeune femme multiplie les crises d'angoisse et ressent les premiers symptômes d'une démence précoce - elle est convaincue de souffrir de la même maladie que sa mère. Malgré les protestations de ses proches, Cassandra s'enfonce dans la paranoïa, ne sait plus ce qu'elle fait, pense perdre la tête et être victime d'hallucinations.
Pour le coup, la démonstration de la folie douce est proprement exécutée. La spirale est lancée et ne semble plus s'arrêter. C'est grinçant, agaçant, dérangeant. Le rôle de la narratrice est flou. On suit sa logique, et pourtant on doute. Par contre, j'ai tout vu venir à des kilomètres et j'en ai été fortement incommodée. J'ai pesté tout du long au vu des ficelles trop grosses et du scénario hyper convenu. J'ai néanmoins poursuivi ma lecture jusqu'au bout, toujours dans l'espoir d'être surprise. Et là... 
À vous de juger maintenant ! ☺

Lecture faite par Maud Rudigoz - à qui je dois mon intérêt persistant, car son interprétation est toujours agréable à écouter, mais cela n'occulte pas les défauts du roman. L'auteur se repose sur ses lauriers et surfe sur la mode en cours du «domestic noir». Rien de neuf sous le soleil.



>> Ce livre audio est proposé en exclusivité par Audible et est uniquement disponible en téléchargement.
©2018 Darley Anderson (P)2018 Audible Studios
Traduction de Vincent Guilluy
Lu par Maud Rudigoz. Durée : 13h env.
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25 janvier 2018

Éparse, de Lisa Balavoine

éparseFragile et impudique, sincère et émouvante, Lisa Balavoine – la quarantaine, divorcée et mère imparfaite de trois enfants – se livre par fragments et à grands renforts de clins d'œil.
Évoquant avec timidité son enfance solitaire et silencieuse, sa mère qui l'accueille un dimanche soir avec une perruque façon Chantal Goya, son père qui a déjà pris la poudre d'escampette, ses vacances à fantasmer sur Betty, l'héroïne de 37°2 le matin, son grand-père qui fait semblant d'avaler un café avant le coucher et s'applique au rituel du broc couleur vert d'eau, sa grand-mère qui patiente devant un épisode de Dynastie, puis dévoilant sans rougir la mer en plein hiver, ses virées nocturnes, ses concerts, les pistes de danses enflammées, les soirs de verveine, le sex-friend, les dragues trop lourdes, les lendemains et les regrets, sans oublier les amours, les enfants, les doutes, les rêves, les angoisses, les pleurs.
Une vie faite de rock et de blues. Avec ses disques, ses livres, ses films... par saccades et par extraits. Son bovarisme, envers et contre tout. Ses audaces, son glamour, sa banalité, sa sensualité, ses excès, sa légèreté, ses mots doux, sa vulnérabilité, ses illusions. Sans filtre. Sans tricherie.
Une abondance de hauts et de bas pour un roman mi-nostalgique mi-poétique, acide et sucré. Se lit comme un vaste puzzle qui est tombé en vrac de sa boîte, et qu'on nous tend crânement pour le recomposer. On y saisit des bouts de soi, des bouts de nous, des bouts de Lisa. Et c'est très troublant.
Car j'aurais pu quasiment souligner tout son texte, tant celui-ci a des résonances particulières et intimes. On se raccroche aux souvenirs, on se reconnaît et on s'y retrouve. C'est vraiment bien écrit, d'une fraîcheur et d'une authenticité très appréciables. Tout est dit. Ou presque.

 

« Je laisse des morceaux de moi à chaque passage dans cette maison, je viens souvent les retrouver, et au chaud de cette amitié, panser doucement mes plaies. »

 

« Les enfants, ça vous colle aux jambes, aux doigts, aux hanches, ça colle et ça tient bien même, ça ne s'envole pas comme ça. »

 

« Il y a des moments - rares - où je prends conscience que je suis vivante et que je respire encore.
Je souris parfois lorsqu'on me regarde.
Rien n'est perdu. »

JC Lattès - 2018

 

« On voudrait que la vie ressemble toujours à un festival d'été, au générique des séries télé des années 70, à une boule à facettes qui se reflète sur la piste de danse, à l'insouciance des débuts, aux secrets de l'enfance écrits dans des cahiers sur des feuilles à grands carreaux, à une aventure bretonne du Club des Cinq, à du pop-corn qui éclate, à un compliment qui fait monter le rouge aux joues, à une robe à paillettes qui brille dans la nuit (...) »

 

* * * * * * * * * *

« Et de garder au fond de moi l'assurance qu'un jour les regrets peuvent devenir de doux souvenirs. »

 

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Dans ÉparseLisa Balavoine fait l'inventaire de sa vie sur fond de culture pop. Le roman est parsemé de références musicales, à découvrir avec cette playlist.

 

24 janvier 2018

Le jour d'avant, de Sorj Chalandon

le jour d'avantUn matin de décembre 1974, deux jours après Noël, 42 mineurs trouvent la mort dans la fosse 3bis de Liévin. Toute une région est sous le choc, d'autant plus révoltée que la catastrophe aurait pu être évitée. La famille Flavent aussi est frappée de plein fouet par le drame - le fils aîné, Joseph, un jeune mineur, a été grièvement blessé avant de décéder sur son lit d'hôpital dans l'indifférence générale. Le père est brisé et met fin à ses jours. La ferme et les terres sont bradées. Le fils cadet, Michel, quitte le bassin minier pour y revenir quarante ans plus tard, avec en poche une lettre testamentaire : « venge-nous de la mine ».

Premier constat après lecture : voilà un roman bouleversant, qui ne dit pas tout et qui nous prend au dépourvu. Son histoire de famille traumatisée nous happe dès les premières pages. De suite, on plonge dans une enquête et une soif de vengeance aux côtés d'un  homme marqué par son passé. L'ambiance mortifère, le décor grisâtre, le caractère taiseux de Michel Flavent, tout est ancré dans une réalité sinistre et une volonté farouche de ne jamais se complaire des solutions faciles. L'écriture est sèche, exempte de toute affection. Le roman remue de vieux souvenirs et évoque les “gueules noires” en tant que héros sacrifiés. C'est assez lourd et néanmoins intense.

Mais la lecture est encore plus riche, plus poignante, une nouvelle lame de fond surgit, soudaine et violente... Un véritable coup de massue. J'avoue être restée sur le carreau au tournant, complètement sonnée. Dès lors, c'est une histoire encore plus complexe et déchirante qui se dévoile... mais d'où l'on extirpe toujours les mêmes spectres, les vieilles angoisses et les plaies béantes. C'est Sorj Chalandon lui-même qui m'avait donné envie de lire son roman, lors d'une interview entendue à la radio. Et j'avais biché son évocation (famille, non-dits, culpabilité et remords) sans me douter du chemin qu'il allait emprunter. C'est un vrai tour de force. Une écoute captivante - texte lu par Stéphane Boucher, avec une grande sobriété - et un contexte “Germinal” beaucoup moins oppressant et pourtant nécessaire à la portée de l'intrigue. Une lecture comme une onde de choc qui n'en finit plus de se propager. 

Très bon roman !

 

©2017 Éditions Grasset & Fasquelle (P)2017 Audiolib

Lu par Stéphane Boucher. Durée : env. 8h

Figure parmi les dix titres sélectionnés pour le Prix Audiolib 2018 !

 

24 janvier 2018

L'enfant perdue (L'amie prodigieuse #4), d'Elena Ferrante

Dernier tome de la saga d'Elena Ferrante, après L'amie prodigieuse, Le nouveau nomCelle qui fuit et celle qui reste !

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Bien que menant une confortable vie bourgeoise à Milan, auprès de son mari et ses filles, Lena plaque tout au nom de sa liaison tumultueuse et passionnelle avec Nino Sarratore. Elle rentre à Naples, revoit son amie Lila. Et miracle, leur relation est au beau fixe. Stable et authentique. Il faut dire que Lila a également su rebondir et occupe désormais une position respectable dans le quartier ; elle partage la vie d'un homme sincère et généreux et a monté sa propre entreprise florissante.
La carrière littéraire d'Elena Greco ne faiblit pas, de plus son retour aux sources apporte une âpreté jamais égalée dans son écriture et les sujets qu'elle ose aborder. Or, son intrusion dérange les mafias locales, en voulant dénoncer les trafics douteux, l'insécurité galopante, la pauvreté et l'abandon du secteur, tandis que d'autres murmurent qu'elle est l'instrument de vengeance de Lila.
Cette dernière, pathologiquement acerbe, ne se défend pas et a fait jurer à Elena de ne jamais parler d'elle dans ses livres... une promesse que l'écrivaine va considérer à la légère.

On retrouve dans ce bouquet final tous les ingrédients de la saga - amitié toxique, obsession maladive, brouilles, famille, chaos et bouleversements sociétaux. C'est tout un quartier qui reprend forme, avec les copains d'enfance, les clans, les mariages, les divorces, les naissances, les décès, les accidents, les maladies... et même le tremblement de terre du 23 novembre 1980.
Les héroïnes ont 36 ans et voient défiler trente ans d'une existence sous tension. Car rien n'est limpide dans leur tête, où l'on devine que se jouent des drames et des crises en puissance. Les deux amies se jalousent depuis toujours et ont usé l'une sur l'autre d'une influence pernicieuse et envahissante. L'une des filles 
de Lena lui reproche d'ailleurs que seule Lila a jamais compté dans sa vie, à part ses romans peut-être. Une sentence impitoyable et si juste.

Au cours des quatre épisodes de la série, on a ainsi participé aux montagnes russes de cette amitié, qui aime s'infiltrer dans les failles, s'y nourrit goulûment et s'épanouit de la sorte. Lena étant la seule narratrice de l'histoire, impossible de déterminer les véritables roueries de Lila ou de la détacher du regard imposé. Acrimonieuse, dissimulatrice, rancunière ? Plus on avance dans les entrailles de leur histoire, plus on abandonne l'espoir de la comprendre.
De fait, Lena et Lila ne sont vraiment pas attachantes et n'inspirent aucune réelle compassion. Pourtant, leurs mots  nous accrochent. Nous emportent. Leurs imperfections nous parlent. Nous renvoient à nos propres approximations. Parce qu'elles sont impudiques, égoïstes et intransigeantes, ce sont symboliquement des héroïnes - elles nous donnent du fil à retordre, mais nous avons appris à composer avec. J'ai franchement aimé les accompagner, quitte souvent à les détester, car je ne m'attendais pas à éprouver cette sensation de manque après le point final... 

Une série découverte en livre audio - du premier au quatrième volume - à l'écoute de Marina Moncade, parfaitement indissociable à mon plaisir de lecture ! Une formidable conclusion. 

 

Trad. de l'italien par Elsa Damien  [Storia della bambina perduta] 

Lu par Marina Moncade pour la Collection Écoutez lire, Gallimard 

Durée d'écoute : env. 16 h 

Parution : Janvier 2018

l'enfant perdue

 

 

24 janvier 2018

En poche ! Celle qui fuit et celle qui reste (L'amie prodigieuse III) d'Elena Ferrante

EN POCHE ! REPRISE EN FOLIO DU TOME 3 DE LA SÉRIE D'ELENA FERRANTE.

Celle qui fuit et celle qui reste FOLIO

Fin des années 60. Lena se glorifie du succès inattendu de son premier roman et part s'installer à Florence avec son fiancé. De son côté, Lila trime dans une usine de salaisons et bousille sa santé. Alors que l'une brille au sein d'un microcosme intellectuel, l'autre se sensibilise à la cause syndicale et se lance dans des revendications pour défendre les droits de la femme. Et lorsque les deux amies vont reprendre contact, elles se tirent la bourre, par jalousie ou simple incompréhension. Leur relation n'en finit plus d'être “le reflet de leurs insuffisances” et se couvre d'amertume.

Ce troisième tome n'est pas seulement celui des engagements politiques (luttes syndicales, dénonciation des inégalités et du harcèlement au travail), il évoque aussi la sexualité, la maternité, l'épanouissement personnel et le besoin d'accomplissement. Lena et Lila sont des féministes malgré elles - loin d'être des mères exemplaires, elles recherchent un autre sens à leur vie mais sont enfermées dans des rôles et des carcans établis de longue date dans leur quartier napolitain. De plus, les deux jeunes femmes se perdent dans leur course à l'intelligence, à la beauté, à la richesse, l'une est lâche, l'autre méchante, les deux sont égoïstes, et la cruauté de leur relation est flagrante. 

La conclusion de cette sombre histoire se passe dans L'enfant perdue, quatrième & dernier tome de la série enfin disponible !

FOLIO, 2018

Trad. Elsa Damien

"Storia di chi fugge e di chi resta"

 

23 janvier 2018

The Memory Book, de Lara Avery

The Memory BookSamantha est atteinte de la maladie de Niemann-Pick de type C, autrement dit Sam souffre d'une dégénérescence mentale précoce, qui se manifeste par des troubles de la mémoire. Une maladie rare et irréversible. Ok. Pour Sam, la perspective de partir à l'université de New York s'éloigne à grands pas... mais l'adolescente n'a pas dit son dernier mot. Déterminée, elle va déployer l'artillerie lourde pour démontrer à ses proches qu'elle peut - au moins - accomplir un semestre d'études et réaliser son rêve d'explorer la Grosse Pomme. Pour cela, elle a l'ambition de terminer première de sa promotion, de remporter le concours du club de débat et de proclamer comme une grande le discours de fin d'année devant le lycée entier ! Autre objectif non avouable : ouvrir son cœur à son béguin de toujours, Stuart Shah. Et finalement reprendre contact avec son voisin et ami d'enfance, Cooper Lind. 

Pour mettre toutes les chances de son côté, Sam a eu l'idée de rédiger un journal qu'elle s'adresse à elle-même dans les cas éventuels où elle ferait quelques crises. D'où ce gros roman débordant de souvenirs, d'anecdotes, de consignes, de rappels, de fous rires, de balbutiements, de doutes et de minuscules... On accompagne au mieux Sam dans son combat et on s'attache terriblement à ce petit bout de femme au caractère bien trempé. Attachante et exceptionnelle, Samantha Agatha McCoy est une héroïne inoubliable. Moi qui, d'habitude, rouspète contre les auteurs qui pondent des histoires à fort potentiel lacrymal, lesquelles touchent notamment des enfants malades, me suis donc embringuée dans une aventure fort encombrante. J'admets avoir été rétive, puis étonnée et enfin totalement séduite par ma lecture. C'est étonnamment jovial et euphorisant, une belle leçon de vie et d'espérance, avec du charme, de l'amour, de l'amitié, des larmes... eh oui. J'ai encore une fois pleuré comme une madeleine à la dernière page du livre. Submergée par l'émotion. 

N'empêche que c'était une belle rencontre et je ne regrette pas une seconde d'avoir versé ma petite larme !

Lumen, 2016 - trad. Julie Lafon

« Parfois, la vie peut se montrer vraiment cruelle. Parfois, la vie vous colle une drôle de maladie sur le dos. Parfois aussi, la vie peut se montrer généreuse, mais jamais de façon évidente. Au moins, quand je regarderai en arrière, je saurai que j'ai essayé. »

 

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