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Chez Clarabel

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26 octobre 2008

Nous nous aimons comme ça, Chien et Chat... *

 

 

* Paroles de Chien et chat / Le soldat rose

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41um0HhYJrL__SS500_Chien rouge est un fringant animal au pelage de la même couleur, costaud, court sur pattes, une bonne gueule sympa. En chemin, il croise un chien à l'allure du tonnerre : les oreilles dressées. Ouah, il en fait de même et court rejoindre sa bande de copains. Aussitôt, Chien vert, Chien bleu et Chien jaune s'extasient et l'imitent sur le champ.

Bon. Un peu plus loin, Chien rouge croise un chat au sourire féroce. Wouah, impressionnant... et aussitôt il s'entraîne et arbore son nouveau sourire féroce devant ses potes, qui vont s'émerveiller et le copier derechef.

Plus tard, Chien rouge admire un bouledogue bien baraqué, qu'on ne peut que remarquer, et ça lui donne une idée. Il affiche ses biscotos auprès de ses camarades, et rebelote. La bande parade tous muscles dehors.

Chien rouge commence à de moins en moins s'égayer. Il tombe sur un chien poilu et pense enfin que cela le fera sortir du lot. Mais ses copains sont des indécrottables moutons qui broutent l'herbe, soit disante plus verte ailleurs, du même pré. C'est bien connu, et pourtant c'est totalement faux.

Toute la bande n'est qu'une copie conforme : les oreilles dressées, le sourire féroce, les muscles saillants et les poils longs et roses. Quelle pitoyable mascarade. En chemin, les quatre chiens croisent une bande de chats violets. Les moqueries volent, la bataille commence. Aucun vainqueur au final.

Mais Chien rouge se rend compte de sa bêtise. A vouloir trop se démarquer, il n'a réussi qu'à faire le pitre pour ne ressembler à rien du tout, ou à du déjà vu. C'est frustrant. Finalement, rien ne vaut de rester soi-même et d'en être très fier !

Toute la bande est d'accord là-dessus, et chacun redevient lui-même : Chien rouge, Chien bleu, Chien vert et Chien jaune. C'est tout de même autre chose que des cadors !

Une fable humoristique avec des chiens, des chats, une bagarre des chefs et le retour à la maison.

Texte de Gaëtan Dorémus et Francesco Pittau
http://gaetan.doremus.free.fr
Gallimard jeunesse, coll. Giboulées / 14 €
Dès 3 ans.

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credit : @ gaetan doremus

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25 octobre 2008

Blablas, frou-frous, éclats de rire Comme une volière en délire *

 

 

 

 

 

* Paroles de Le Congrès des Chérubins / Juliette

Approchez-vous et voyez ces bambins
Le cheveu frisé et le regard mutin
Malins et coquins chérubins

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C'est la nuit, nous sommes dans un dortoir de garçons. Tout ce petit monde roupille sous la couette. Quand, soudain, un prout retentit. Un oeil s'ouvre, puis un autre. Et d'autres encore. Un garnement est paré à l'attaque, un polochon entre les mains. Et paf ! la bataille a commencé.

Il n'en faut pas davantage pour susciter une réaction en chaîne. Certains bâillent et s'étirent. D'autres pleurnichent ou se camouflent sous les draps. Et clic ! une lampe torche entre en jeu. Un acteur est mis en lumière. Et d'autres rais de lumière pointent et zèbrent la scène.

Oooh, du calme. Une porte vient de s'ouvrir et c'est le surveillant au regard goguenard qui joue à Max-la-menace. Bref instant de répit, avant le prochain round.

Et le petit jour se lève, les teintes s'éclaircissent. Du noir, on passe au bleu marine (tiens, on remarque qu'il y a des filles aussi dans ce dortoir !) La scène du crime est éclatante, mais point de victime à déplorer. Les bambins, bien échauffés, se ruent vers l'extérieur où, d'un blanc irradiant, une piste enneigée les attend !

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Aucun texte dans cet album, mais ce n'est pas grave ! A la place, on trouve une multitude de détails qui permet de mettre en ébullition la folle du logis. Il faut observer et créer sa propre histoire. C'est drôle et bourré d'énergie !

Par Vincent Cuvellier
Illustrations de Vincent Mathy

Gallimard jeunesse, coll. Giboulées
12,50€
Dès 3-4 ans

Du même auteur : La première fois que je suis née

 

La plus grande bataille de polochons du monde

25 octobre 2008

Série : Le livre du temps, de Guillaume Prévost

Vient de paraître en poche (folio junior) :

517ZX_D_krL__SS500_Ce tome 1 d'une saga absolument passionnante ("Le livre des temps") est une introduction habile et pleine de promesses. On y fait la rencontre d'un adolescent taciturne qui deviendra le héros d'aventures incroyables. Samuel Faulkner, intrépide et futé, découvre l'étrange disparition de son père et l'existence d'une statuette qui permet de voyager à travers le temps. On passe du Moyen-Age à l'Egypte ancienne, on suit le garçon à la recherche d'indices, on trépigne d'en vouloir davantage, de connaître la prochaine destination et on se sentirait presque frustré d'être de retour dans le présent, où Samuel est confronté à des considérations de son âge.
Cette série est vraiment passionnante, riche en rebondissements, très bien écrite (l'auteur est prof d'histoire, donc il en connaît un rayon et nous balade à travers le passé en saupoudrant son récit d'informations précieuses et enrichissantes). A découvrir sans attendre !

Pour un billet plus complet, cliquez ici.

Gallimard jeunesse, coll. Folio junior / 6,40€

24 octobre 2008

Comme la lune Elle resplendit Même le jour *

* Paroles de Ma Sorcière Bleue / Arthur H

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Lisbeth passe les vacances de Noël chez sa grand-mère Olga, tandis que ses parents sont trop occupés à être importants (en fait, ils bossent comme des malades !). Elle prend le train avec son chat Socrate, arrive dans la belle demeure d'allure victorienne et retrouve Edward, un petit voisin bègue qui a le béguin pour elle.

Lisbeth est une petite fille solitaire, qui a la fâcheuse manie de finir les phrases des autres. Cela exaspère son entourage, l'isole de ses camarades d'école et lui fait récolter moults réprimandes par son maître. Avec Edward, l'osmose est cependant parfaite. Tous deux travaillent sur un herbier et se rendent dans le grenier pour consulter l'ouvrage de botanique nécessaire à leurs recherches.

Las ! ils font la découverte d'un étrange grimoire, ancien et poussiéreux, qui leur parle de sorcières. Mais la grand-mère Olga arrive au même moment et les gronde pour avoir fouillé dans ses affaires. Aussitôt elle confisque le livre et le cache dans sa chambre.

Cette attitude étrange est vite casée au second plan lorsqu'on apprend, dans le village, la disparition d'Edward qui n'est pas rentré chez lui en quittant la maison de grand-mère. L'inquiétude monte et Lisbeth se doute que le mystérieux grimoire a un rôle à jouer dans l'histoire.

Elle attend la nuit tombée pour se glisser dans la chambre de sa grand-mère Olga et chipe le bouquin laissé sur la table de chevet. De quoi est-il question dans ce livre ? Des sorcières, ok. Une génération de sorcières, depuis Lilith en passant par Jehanne et Lisa et soudain... Cette belle et jeune femme à la chevelure rousse lui rappelle sa propre grand-mère. Cela signifierait-il que ... ?

D'autres phénomènes vont apparaître au cours de cette nuit "ensorcelante"... des cheveux roux, un chocolat chaud, des muffins aux myrtilles et un ellébore qui scintille de mille cristaux de glace. Ce n'est plus la funeste nuit d'Ernest mais l'heure magique de la passation des pouvoirs !

Et le tout se solde par un doux baiser chocolaté sur des lèvres glacées, je ne vous dis que ça et je ne vous dis rien... Cependant j'en ai des frissons de plaisir.

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Dans ce magnifique coffret, on trouve également le fameux grimoire de sorcières, avec pour stricte recommandation de le refermer immédiatement car il s'agit d'une erreur. Ce livre est maudit, vous voilà prévenus ! ! !

Généalogie d'une Sorcière
textes de Benjamin Lacombe et Sébastien Perez
illustrations de Benjamin Lacombe

Seuil jeunesse / 30€

le coup d'oeil de Gaelle

922890661

credit : @ Benjamin Lacombe

Plusieurs liens :
http://www.myspace.com/benjaminlacombe
http://benjaminlacombe.hautetfort.com
http://sebastienperez.hautetfort.com/

23 octobre 2008

Remington - Joseph Incardona

Matteo Greco, vingt-neuf ans, mène une vie de peu : chômeur, il bosse par interim pour Fixe Gardiennage, fait de la boxe, se rend à un atelier d'écriture, arpente les rayons de la fnac et sort sa carte bleue pour gonfler sa collection de films. Il vit seul dans un petit appart' avec son chat Basile et il découpe tous les faits divers trouvés dans la presse.

Cette petite vie insipide va être bouleversée par la rencontre d'une femme fatale. Elsa Duvivier. Elle vient aux ateliers d'écriture, joue les serveuses dans les soirées pour chicos et séduit à tour de bras tous les hommes qu'elle croise. Matteo tombe dans le piège, malgré les mises en garde. Il vit auprès d'elle une liaison forte mais fragile, il est utilisé par Elsa, ne s'en rend pas compte. Il a notamment accepté de revoir son manuscrit en lui apportant quelques corrections. Et sans le vouloir, Matteo le réécrit complètement et lui donne un titre plus accrocheur : Treize à table.

Il s'absente quelques jours pour un job à Paris et s'inquiète de n'avoir plus de nouvelles d'Elsa. En cherchant davantage, il découvre qu'elle est folle de rage contre lui et ne souhaite plus le revoir. Cependant, elle s'abstient d'annoncer que son roman va être publié et qu'elle fréquente quelqu'un d'autre. Le sang de Matteo ne fait qu'un tour. La pilule sera encore plus amère lorsque le bouquin deviendra un triomphe.

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J'ai l'impression d'avoir quasiment raconté tout le roman, oui et non.
Parce que le roman s'écoule aussi assez lentement, il n'y a jamais d'action trépidante, de renversement de situation et on entend encore moins les trois coups de théâtre qui sonnent le glas de cette intrigue frissonnante.
En fait, l'histoire elle-même ne nous surprend pas, le coup du pauvre type gentil mais niais qui se laisse entuber par une mante religieuse est assez commun. A ceci s'ajoute la trame du manuscrit volé par essence...
Par bien des aspects, cette lecture est donc prévisible. Jusqu'au bout du tunnel, on suit son chemin et on n'en sort pas aveuglé. Ceci ne veut pas dire que c'est mauvais, trop copié ou souvent imité. Car finalement on s'interroge, on ne quitte pas un instant le personnage principal, on vit dans la peau de Matteo Greco. On sue sang et encre, on a de la sympathie pour lui et on ressent toute sa frustration, sa jalousie et sa peine. Bien sûr on ne porte pas dans notre coeur Elsa Duvivier, une vraie garce. On la déteste, on devine son jeu et on en vient à réclamer le divorce auprès de Matteo qui reste bêtement aveugle à sa machination diabolique.

« On a beau dire, on écrit pour se raconter soi-même, le plus souvent, les autres ne sont qu'un prétexte. Meubler le vide est une imposture. »

Ce qui tient en haleine, dans ce roman plus noir que noir, c'est la tension qui ne lâche jamais sa prise, même dans les moindres détails, dans le dédale d'une vie courante ou l'accomplissement de gestes anodins, dans le cadre d'une routine. On s'attend toujours à être saisi à la gorge par je-ne-sais quelle harpie en folie au détour d'une rue, ou dans les rayons de la fnac ! C'est appliqué, au millimètre carré près. La violence est distillée au compte-goutte, elle n'intervient pas gratuitement. Elle n'est même pas assise, bien à l'aise dans les vicissitudes de cette histoire tordue. On sent qu'il faudra qu'elle intervienne tôt ou tard, rien ne nous surprend de toute façon !
Et pourtant, si. On a peut-être tenu la main de Matteo, on ne la lâche pas si facilement. Car c'est un personnage affable de prime abord, mais pas seulement. Froid, implacable, cynique et sans état d'âme. Et si on s'était gourré de victime sur toute la ligne ?
A vous de voir.

Fayard Noir, Octobre 2008 - 316 pages - 19€

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22 octobre 2008

Aux yeux de mon lapin nain je parie que je suis... *

 

 

 

* Paroles de Lapin ! / Pascal Parisot

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Dans Guili Lapin, nous faisions connaissance avec la petite Trixie et de son inséparable doudou le lapin. On se rappelle l'histoire de la disparition qui a failli dégénérer en un grand drame dans la laverie du quartier, mais heureusement tout est rentré dans l'ordre.

L'autre Guili lapin raconte une aventure tout aussi cocasse puisque Trixie a maintenant grandi, elle n'arrête pas de parler et ne se sépare toujours pas de son doudou. C'est le grand jour de la rentrée des classes, où elle a traîné son Guili lapin le sans-pareil, selon elle. Or, gros scandale dans la cour de récré : une autre copine commet l'affront de s'afficher avec le même doudou, une copie conforme ! Plus de sans-pareil, plus de sensationnalisme, c'est le clash. Les deux fillettes se chamaillent, la maîtresse consigne les lapins mais les restitue en fin de journée.

Le lecteur a aussitôt vu l'effroyable méprise qui se déroule sous nos yeux, mais pas la petite Trixie. Elle rentre chez elle, va se coucher et se réveille en pleine nuit en hurlant car son Guili lapin n'est pas le sien, mais celui de ladite Sonia. Impossible de finir la nuit sur un tel subterfuge, il faut réparer l'erreur et ... Point étonnant, alors, de recevoir un coup de fil du papa de l'autre enfant, de courir les rues en pyjamas et de faire l'échange en bonne et due forme. Le Guili Lapin est unique !

Du moins, le croit-on. Car nos deux chipies savent être intraitables mais sont aussi les premières à partager leur Guili Lapin. Pourquoi pas un petit échange, le lendemain à l'école ? (Sous le regard atterré des papas, encore groggy de sommeil.)

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Ce qui est vraiment sympathique à parcourir chez Mo Willems, c'est sa technique particulière de combiner les dessins à la plume et les photos numériques. Le fond est en sépia, les dessins sont en couleurs. Le rendu est très agréable, rend cette histoire  pratiquement vivante, mi-réelle, mi-fictive. C'est un joyeux fourre-tout. Et puis l'histoire est attachante, qui n'a jamais connu ce calvaire du doudou... qui perd son chemin, mais ouvre aussi la voie vers une autre amitié.

L'autre Guili Lapin, ou comment Trixie rencontra sa première meilleure amie.

Kaleidoscope / 12,50€

 

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En matière de pâtes, nous nous étions arrêtées à celles de Francesca mais c'était avant de connaître la recette bien spéciale d'Arturo ! C'est un bonhomme de six ans, qui n'aime pas les légumes verts. Mais alors, pas du tout. Il se voit bien réviser toutes les recettes du livre de cuisine de sa maman, inventer des recettes à sa sauce, où il ne serait jamais question de légumes.

Exemple : les spaghettis aux brocolis vont devenir des spaghettis aux délices du désert !

Remplacez les brocolis par une queue d'iguane, les gousses d'ail pour des fleurs de cactus et saupoudrez le tout de sel, poivre et crottes de nez ! C'est très fin, cela met en appétit.

Haem.

La chasse à l'iguane est ouverte, elle est même éreintante. Le cahier de maman se verra raturé, taché, et ne ressemblera plus à rien, mais on ne s'ennuie pas un seul instant. Et cela ouvre une belle vocation, et l'imagination sans égale. Demain, ce sera des raviolis à la crème de lune !

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Fantasque et pleine de divagations, cette histoire est aussi rigolote et ne se prend pas au sérieux. Tous les boudeurs des légumes dans les assiettes verront peut-être un déclic quelconque pour se lancer dans l'aventure !?

Une recette élaborée par Laura Riccioli et François Soutif
d'après une idée de Flora Farina
Kaleidoscope / 12,50€

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Dès 3 ans. 

 

 

21 octobre 2008

Intimités - Laurie Colwin

C'est maintenant un fait avéré, que j'avais cruellement redouté, mais les éditions Autrement viennent de publier les dernières nouvelles de Laurie Colwin (auteur décédé à seulement 48 ans, pour ceux qui ne le savent pas). Oui, fini. C'est fini. Je n'aurai plus ce plaisir de découvrir d'autres textes de cette talentueuse new-yorkaise, auteur ô combien fétiche (selon moi !). Je devrais maintenant me contenter de RELIRE ses romans et autres recueils de nouvelles. J'ai tout gobé, tout raclé (même les fonds de tiroir). C'est triste.

(Cela me fait d'ailleurs penser à Mary Ann Shaeffer, co-auteur du Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, et à la regrettée Sylvia Plath ... mais inutile de nous démoraliser plus longuement.)

Donc, à tous les amateurs de l'univers exquis et déliquescent de Laurie Colwin, offrez-vous ce dernier plaisir : un recueil réunissant onze nouvelles. Tout d'abord, soyez prévenus, vous allez être saisis d'un méchant sentiment de déjà-vu en ouvrant la première page. L'histoire est une énième mouture d'Une vie merveilleuse mettant en scène les cousins Guido et Vincent. L'un est séparé de son épouse et l'autre va faire la rencontre de sa vie. Et autour de tout ça, il y a l'énigmatique - mais non moins excentrique - secrétaire, qui porte des lunettes multicolores ! Personnellement je ne m'en lasse pas (de lire et relire les histoires de Guido, Vincent, Holly et Misty).

De même, la dernière nouvelle revient sur l'héroïne d'Une épouse presque parfaite - Polly - qui est mariée et mère de trois enfants, mais va s'émouvoir d'un autre homme, lequel réveille ses instincts endormis...

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Il n'y a donc aucune originalité dans ce livre ? (êtes-vous en droit de vous poser comme question).  Mais si. C'est incroyable d'avoir la sensation de lire du réchauffé qui n'en a pas le goût ! Je m'explique : toutes les histoires ont un écho semblable, celui d'histoires de couples, des relations sentimentales, des liaisons naissantes, des mariages appliqués, des rencontres inattendues. C'est ce que je nomme plus facilement du chipotage.

Dans Immersion, par exemple, Carl et Lucy ont tout pour être heureux et il a fallu que l'homme découvre le secret de sa femme pour qu'il pleure comme un veau. Et ce secret n'est même pas renversant, puisque Lucy aime nager, tout le temps. Cela équivaut à respirer pour elle, et son Carl de mari ne le découvre qu'après des mois de mariage ! C'est une révélation qui le bouleverse au plus haut point...

Je ne cherche pas à être cynique ou moqueuse, loin de moi cette idée ! C'est juste pour caricaturer la direction que prend très régulièrement le propos de toutes ces histoires. Cela a sur moi un effet galvanisant, car je suis aussitôt sous la séduction de ce que la présentation de l'éditeur nomme si bien :  « des petits concentrés de fiction contemporaine, principalement autour du lien amoureux, où chaque détail charme par sa vérité - voire son exotisme américain, façon côte Est ».

C'est tout à fait cela, une touche bourgeoise et délicieusement guindée, un cocon réconfortant et douillet. Je m'y coule avec bonheur. Et puis, c'est vrai qu'il n'y a pas d'action, c'est plat sur toute la ligne mais c'est aussi en connaissance de cause : savoir saisir une autre essence, un autre parfum d'ambiance. Et cela me correspond tout à fait ! J'emprunte même le titre d'une nouvelle pour caractériser ce que tout ceci respire, car nous avons bien là « une histoire à l'ancienne ». C'est d'une élégance folle !   

Editions Autrement, octobre 2008 - 168 pages - 17€
traduit de l'anglais (USA) par Anne Berton

20 octobre 2008

Plus jamais Mozart - Michael Morpurgo

Journaliste débutante, Lesley McInley remplace une collègue blessée au pied et s'envole pour Venise interviewer l'illustre violoniste, Paolo Levi. Une importante condition a été glissée : ne surtout pas poser la question Mozart. Mais quelle est-elle, se demande Lesley. Perplexe, elle rencontre donc le musicien et perd tous ses moyens. Elle lui bredouille ses plus plates excuses en faisant allusion à la question Mozart qu'elle ne doit pas évoquer, et cela entraîne une réaction tout à fait contradictoire chez Paolo Levi. Il se prend la tête entre le mains et murmure que tous les secrets sont des mensonges. Sur ces mots, il se met à confesser une histoire étonnante. La sienne, celle de ses parents et celle de millions de juifs exterminés.

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Vers l'âge de neuf ans, Paolo a découvert que ses parents ont été de brillants violonistes qui ont choisi de ranger leurs instruments en renonçant au plaisir d'y jouer et d'apprécier tout simplement la musique. Dans la rue, le garçon fait la connaissance de Benjamin Horowitz, un homme de soixante-deux ans, qui lui confie avoir connu ses parents il y a quelques années, dans des conditions cauchemardesques. C'est encore trop tôt pour tout avouer mais Benjamin accepte d'initier l'enfant à la musique en lui enseignant le violon, en cachette de ses parents.

Le pot aux roses sera découvert et Paolo va apprendre le passé des siens, envoyés en camp de concentration et retenus, après audition,  pour jouer dans un orchestre à la solde des officiers nazis. Non, ce n'était pas dans un but de divertissement, c'était bien pire que ça mais le piège était déjà refermé sur Gino, Laura et Benjamin. Et la question Mozart prend alors tout son sens, en une promesse faite à son père de ne jamais raviver cette plaie à vif.

Encore une histoire racontée avec élégance et pudeur par Michael Morpurgo, qui se met au service du devoir de la mémoire et de l'hommage vibrant à tous les prisonniers qui ont pu survivre en jouant de la musique dans un théâtre affreux. Qu'ont-ils pu ressentir de jouer dans des circonstances aussi horribles ? Et associer Mozart à ces heures sombres a-t-il eu une conséquence tout aussi grave et traumatisante ? C'est ce dilemme que traite l'auteur, avec toute la justesse qu'on lui connaît.

L'histoire est tendre, assez émouvante, illustrée par les aquarelles de Michael Foreman. Ici la musique réveille l'écho d'un passé terrible pour nous plonger au coeur de la nuit la plus noire. C'est très beau.

Gallimard jeunesse, octobre 2008 - 75 pages - 11,90€

19 octobre 2008

L'anorexie, ma soeur et moi - Salomé et Olivia

« Je me rappelle : quand je prenais mon bain le soir, je m'allongeais. Mon but était de voir chaque jour un peu plus mes hanches. Les os de mes hanches. Je voulais qu'ils ressortent, que mon ventre se creuse. Et quand mon ventre se creusait, je trouvais ça magnifique. Vraiment magnifique... »

Tout commence à onze ans, par un banal régime... mais onze ans, pardi, c'est jeune ! La petite Salomé est piquée au vif par une réflexion d'une copine et entreprend de surveiller son poids. Et cela dégénère en une spirale infernale : le no-limit, le contrôle de soi, la fierté de ça (être maître de son corps) et l'envie de moins en moins d'avaler quelque chose, les ruses pour échapper aux repas du soir, les jus de fruits avalés en quantité pantagruélique pour remplir ce ventre et lui bloquer le passage pour un autre petit quelque chose... Des repas qui s'amenuisent, mais pas seulement : le corps se transforme, un duvet apparaît, et ce froid, toujours, tout le temps...

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Cette maladie, c'est l'anorexie. Et Salomé va fondre au fil des mois, sous le regard effaré de sa soeur Olivia de sept ans son aînée. Les parents se masquent la vérité puis réagissent à temps en hospitalisant leur enfant. Mais il y a un long chemin avant tout cela, et encore un autre périple après. Car c'est une maladie vilaine, horrible, douloureuse. Pas uniquement pour la principale concernée, mais aussi pour ses proches. On découvre par exemple que Olivia, éloignée à Paris pour ses études, va plonger dans la boulimie et consulter un diététicien sous les réflexions désagréables de la jeune Salomé (hélas, inconsciente).

Ce qui ressemble à un énième témoignage sur cette maladie éprouvante se résume finalement à un dialogue entre deux soeurs. C'est original, cela rend l'expérience plus vivante et dans laquelle on s'apesantit moins. Olivia et Salomé racontent la même épreuve, mais sous deux regards différents : c'est l'anorexie subie par celle qui la porte et l'inflige aux autres, sans le faire exprès, et donc également l'anorexie appréhendée par ses parents et sa soeur avec impuissance, incompréhension et parfois colère.

Pour résumer, c'est un ouvrage intelligent, sans tabou et intimiste aux allures de thérapie. Cela a certainement beaucoup aidé les protagonistes et cela pourra soulager d'autres familles touchées par cette maladie.

Une mise à nu bouleversante !

La discussion des deux soeurs est complétée par l'éclairage du Docteur Xavier Pommereau, médecin psychiatrique.

Danger Public, coll. Témoignage
Avec la collaboration d'Emilie Lançon (journaliste)
218 pages - 16,90€

Une chanson : La maigrelette, par Amélie les Crayons

Elle tient pas droit, la maigrelette,
On la touche du doigt
Elle pète
Elle s'envolera un jour de tempête
Un jour de tempête

18 octobre 2008

Le contour de toutes les peurs - Guillaume Guéraud

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Un jour de la semaine, après les cours, Clément, 14 ans, rentre chez lui. La maison est calme, sa mère avocate ne rentre que tard dans la soirée. Il effectue quelques gestes rituels, puis surprend un bruit anormal dans le bureau. Il s'y rend et découvre un homme, de dos, en train de saccager les meubles, les livres et les murs. Clément est figé sur place. Qui est-il ? Que veut-il ? Le garçon est contre la porte, immobile, paralysé. L'homme se retourne alors vers lui.

C'est un fou furieux, un dangereux criminel venu se venger. Il s'en prend au fils à défaut de la mère. Il se défoule, ligote l'adolescent et l'abandonne à son triste sort. Mais il a promis de revenir. Finir le sale boulot.

Comment retourner à une vie normale, faire semblant de tourner la page quand ses mots vous obsèdent ? La menace de l'individu est gravée au fer rouge, Clément se sent en sursis. La terreur s'installe dans ce roman noir et fait son nid dans l'état de statu-quo qui n'est en fait qu'un leurre (on s'en doute). La violence est présente, ne connaît aucune limite. On s'attend à tout, on frémit et on se surprend à reprendre son souffle en expirant un bon coup.

Face à un adolescent terrorisé par la peur, un homme qui n'a plus rien à perdre... Jusqu'où nous plonge Guillaume Guéraud ?

C'est absolument vertigineux.

Ed. du Rouergue. Coll. doAdo noir / Septembre 2008 - 122 pages - 7,50€

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