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Chez Clarabel
30 novembre 2007

La délégation norvégienne - Hugo Boris

delegation_norvegienneEst-ce l'alcool en carafon, le cuir brun, le mobilier vieux chêne, le feu qui crépite dans la cheminée ? Ce climat anglais où l'on s'assassine en grignotant des scones et en buvant du thé ? Il lui semble que chaque chose est bien à sa place, que chaque personne autour de cette table est un peu trop racée pour être honnête. S'appelle-t-on Ethel Brakefield dans la vie ? Ou Ernst von Sydow ? Ou même Lucas Cranach ?

Un relais de chasse absent de tous les guides spécialisés. Cinq hommes, deux femmes, qui viennent des quatre coins de l'Europe et ne se connaissent pas. Sept chasseurs pris par la neige, qui doivent se défendre du froid, de la faim, de la paranoïa qui les guette. Prisonniers ? D'une île à la rigueur, mais d'une forêt ? Ils le sont pourtant, serrés par les arbres, piégés par la neige. L'un d'eux commence à douter : et s'ils n'étaient pas victimes du hasard, de la malchance ?

Au fil des pages, René Derain acquiert la conviction qu'il est condamné, qu'il va mourir. Non pas de froid, de fatigue, de gangrène ; il sera assassiné. Il sent, dans son dos, le souffle d'une intelligence. Il sait qu'ils sont devenus de vulgaires pantins. Et que le piège ne demande qu'à se refermer.

**********

Pour être étrange, ce roman est plus qu'étrange ! L'idée est sans doute d'avoir voulu créer un huit-clos dans une cabane de chasseurs nichée au coeur d'une forêt. Pas âme qui vive aux alentours, un froid polaire qui s'installe d'un coup et nos protagonistes vont de parties de chasse en papotages au coin du feu se glacer les sangs sans moufter ... si ce n'est l'un d'eux, René Derain, qui commence sérieusement à s'inquiéter et à suspecter qu'on cherche à lui faire la peau !

Sur le papier, l'idée paraît brillante, au moins étonnante. Mais la lecture est moins convaincante. Peut-être le récit est-il freiné par des passages trop longs, trop lourds et donc ennuyeux (les heures de chasse, par exemple). C'est bien d'avoir tricoté son filet pour piéger le lecteur et le forcer à lire jusqu'au bout pour connaître le fin mot, il n'empêche que la chute tombe comme un cheveu dans la soupe. Pas qu'elle arrive trop vite, loin de là ! Le trajet parcouru pour arriver là me semblait assez sinistre, pataud par endroits, j'avais suffisamment hâte de découvrir le dénouement de cette bizarre, très bizarre aventure ! Mais le concept imaginé par l'auteur pêche d'adhérer mon total enthousiasme. Belle idée, mais peut mieux faire ??? ...

A tenter, si la curiosité vous pique.

Editions Belfond - roman de 275 pages -  17,50 €

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29 novembre 2007

Territoires interdits, tome 1 : Le Maître des nuages - Serge Brussolo

maitre_des_nuagesCe qui paraissait une nouvelle série de Serge Brussolo n'est en fait que la réédition de la trilogie autrefois baptisée « Les sentinelles du crépuscule » en 2000, devenue « Territoires interdits » en 2007 ! Seuls deux tomes avaient paru, frustrant nombre de lecteurs qui n'ont jamais connu l'épilogue. A ce jour, Bayard a décidé de boucler la boucle et promet pour juin 2008 un troisième tome intitulé Le jardin des secrets.
Pour l'heure, la ligne éditoriale a relancé Le Maître des nuages pour conquérir de nouveaux lecteurs, sachant très bien que la littérature fantastique pour la jeunesse a connu un bel essor. C'est donc une énième épopée truffée d'aventures, de combats et de créatures menaçantes, mais qui n'étonnera pas les plus aguerris.

D'emblée, j'ai trouvé l'ambiance totalement glauque. Le personnage principal, Nath, est seul face à une bande de lézards des marais qui ingurgite toute espèce humaine, notamment la communauté des Têtes-Plates auprès de qui Nath avait trouvé refuge après la mort de son père. Le jeune homme vient de perdre son bébé de 13 mois, et sa compagne Nioucha servira à son tour d'en-cas sous ses yeux. L'introduction est atroce, absolument répugnante.
Toute l'ambiance du roman est ancrée dans ce théâtre d'apocalypse, un paysage de boue, des nuages qui sont des icebergs volants et qui s'abattent pour raser les rares cités encore existantes... De plus, sur la planète Almoha, l'air est quasi irrespirable, la pesanteur devient vite étouffante au moindre mouvement, et seule la nouvelle espèce des Rampants y puise son énergie pour survivre.
Au centre, les personnages manquent un chouia de charisme : Nath, pauvre naïf qui a entre 17 et 20 ans mais donne le sentiment d'en avoir le double, Sigrid, véritable guerrière au caractère frondeur, âgée de 16 ans, celle-ci en paraît largement plus ! ... et enfin Neb le harponneur, un vieux loup des 'mers', qui remporte de loin ma préférence !
Dans l'ensemble, l'action est assez stupéfiante, bien huilée et embarque facilement le lecteur. Ne pas en attendre davantage, voilà tout !

Bayard jeunesse - 253 pages - 12,90 €

28 novembre 2007

Princesse ou fée ?

Aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais rêvé être une princesse. Oui j'ai vu Blanche-Neige au cinéma, pour ma première sortie dans les salles obscures, et je ne loupais jamais une rediffusion de Sissi Impératrice pendant les fêtes de fin d'année, et même j'ai fini par acheter le coffret DVD ...

Non jamais je n'ai rêvé être une princesse. Pourquoi je me pose cette question ? Mais parce que Patricia me demande quelques mots sur ma princesse préférée. Alors c'est très facile, en bonne nunuche que je suis, ma princesse chérie à moi, c'est forcément ma fille !!!

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Et en matière de princesse, elle s'y connaît !

Longtemps, Miss C. a dansé la valse sur les airs de la soit-disante princesse Anastasia (qu'elle passait en boucle ! à voir ici) ou rêvé, ô mon amour, de l'avoir vu au beau milieu d'un rêve (éminente citation de La belle au bois dormant).

Puis Miss C. a peuplé son univers imaginaire de poupées mannequins à la taille filiforme et qui reviennent chaque Noël garnir les rayons des magasins et grossir les hottes du bonhomme rouge pour finir au pied des sapins verts...

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D'ailleurs, les lectures de Miss C. ont longtemps eu pour prédilection les princesses, et rien que les princesses.

histoires_de_princesses  princesses_1  princesses_2  princesse

(et j'en oublie !)

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Mais les années passant, ... ok nous savons tous que la Miss n'a que 7 ans 1/2. Il n'empêche, notre princesse change, elle grandit et zou ! de princesse on devient une petite fée ! C'est tout aussi beau, je le sais. D'ailleurs, mis à part le titre de cette bafouille, faut-il vraiment choisir, dans la vie, entre le titre de princesse ou celui de fée ? Ne peut-on pas être les deux à la fois ?

Moi je le pense. Et le prouve.Fairy_C_5

Nous entrons dans une nouvelle phase. Nous entrons dans l'ère féérique. Et notre princesse est une fée danseuse.

D'ailleurs, les éditions Lito et Christine Palluy ne se sont pas trompées avec leurs collections  « Histoires de » ...  Il y eut les princesses, puis les fées.

Histoires_de_fees

(Dernièrement, vient de sortir  « Histoires de danseuses ». Nous en reparlerons bien vite ! )

Ce sont des collectifs d'histoires racontées par Christine Palluy qui comportent une introduction, une succession d'aventures enchanteresses et enfin la conclusion qui rappelle le début. Très souvent, les illustrations réunies pour ces albums sont de la main de vrais talents, comme Rebecca Dautremer, Mayalen Goust, Lucile Placin, Elodie Coudray, Daneth Khong ... Ce sont des illustrations superbes, qui confortent un charme indiscutable pour certifier l'intérêt de ces livres (que ma fille collectionne, tant elle les adore !).

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Dans l'oreille d'Émeline la lutine, la reine des fées a murmuré un secret. Les yeux d'Émeline se sont mis à briller.

Puis elle a sauté, dansé, rit aux éclats ! Demain, c'est elle qui annoncera au peuple des fées la grande nouvelle : la reine de fées va avoir un bébé ! C'est un événement extraordinaire qui ne se produit que tous les 1200 ans. Et la reine va demander à Emeline la lutine, maladroite et distraite, de lui garder son enfant pendant son absence...

bebe_de_la_reine_des_feesL'histoire écrite par Agnès Martin-Bertron m'a parfois semblé maladroite, sautant trop vite du coq à l'âne. Il y a cependant un très joli effort de poésie dans son récit, avec un souhait flagrant d'emporter nos petites lectrices vers un monde féérique et qui sent bon le lilas.

Ne parlons pas de la Miss C. qui a tout bonnement adoré !

L'argument vraiment chouette dans ce livre repose dans le travail de Daneth Khong, une illustratrice épatante qui donne beaucoup d'ampleur dans les expressions de la lutine Emeline, absolument craquante, et qui use de la couleur rose bonbon à foison (en plus d'autres tons pastels). C'est un régal pour les yeux !

Le site : http://www.danethkhong.com/ pour en découvrir plus.

Le bébé de la reine des fées - écrit par Agnès Martin Bertron - illustré par Daneth Khong - aux Editions Lito - 10 €

Les livres « Histoires de » sont aussi disponibles aux éditions Lito - écrits tous par Christine Palluy. Ils comportent plus de 130 pages et coûtent 19 € .

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Notre histoire de princesse et fée se termine un peu abruptement. J'en conviens. C'est par manque d'inspiration, mais surtout par manque de temps ... Ce sujet nous passionnant, nous y reviendrons avec grand plaisir ! Vite ou pas, nous verrons ... !

D'ailleurs, depuis cet été, nous avons découvert l'univers d'un auteur extraordinaire, dans le sens qui sort vraiment des sentiers battus : Gail Carson Levine.

gail_carson_levine_2  gail_carson_levine_1  gail_carson_levine_3

A suivre dans un prochain numéro !

27 novembre 2007

L'auberge du bout du monde - Prugne & Oger

auberge_du_bout_du_mondeDans un coin perdu de Bretagne, vers l'an 1884, l'écrivain Saint-Preux s'arrête à une adresse lugubre, répondant du nom de l'Auberge du bout du Monde, où pas une âme ne semble vivre. Son propriétaire est un vieil homme maladif, alité, qui va confier à notre homme en panne de plume une bien étrange histoire qui a commencé par la tragédie, bien des années plus tôt...

Tout a débuté par l'assassinat d'une femme, par la disparition de sa fillette d'à peine 12 ans et par une étrange malédiction qui va frapper le village de Trébernec. Près de onze ans vont passer, quand sonne le retour de la jolie Iréna, désormais muette, et qui semble posséder la capacité de guérisseuse. Ses dons vont cependant provoquer la polémique, les gens la disent proche du diable et de la sorcellerie, de plus l'épidémie qui frappe sauvagement les villageois coincide avec son retour inopiné. A ses côtés, Iréna peut compter sur la dévotion de son ami d'enfance, Yann le marin. Mais les forces du mal s'abattent férocement, ravagent la population, ne faisant pas de quartier.

Quelle ambiance ! C'est dans une atmosphère lugubre et empreinte de mystères que cette fascinante histoire est basée. Nous sommes au 19ème siècle, en Bretagne, la plupart du temps l'action se passe la nuit et sous la pluie. Impossible de ne pas retenir son souffle, d'autant plus que cette inquiétante histoire est mêlée à des forces fantastiques qui créent de l'effet et accentuent l'impression d'angoisse latente. Le scénario est prenant, assez juste, même si parfois les chutes tombent un peu abruptement. Les dessins de Patrick Brugne sont des aquarelles de toute beauté !

On dévore les trois tomes à la suite, absolument conquis !

auberge_1   auberge_3  auberge_2 (Click pour agrandir les images)

Les trois volumes de la série ont paru chez Casterman en 2004, 2006 et 2007 pour un prix approximatif de 9,80 € chacun.

L'intégrale est également disponible à France Loisirs - 144 pages - pour le prix de 19 € 

Cette intégrale contient : La fille sur la falaise - Des pas sur le sable - Les remords de l'aube.

26 novembre 2007

lectures 2007

Retour en Islande ~ Olafur Johann Olafsson

retour_en_islandeDisa, d'orgine islandaise installée en Angleterre, dans le Somerset, tient un manoir résidentiel avec Anthony. Se sachant gravement malade et condamnée, elle décide d'entreprendre LE grand voyage de sa vie : celui qui la ramènera sur ses terres. Elle a rendez-vous avec quelqu'un, quelques vingt ans après. Mais au cours de ce voyage, Disa va d'abord ressasser les événements depuis son enfance à aujourd'hui, le parcours de son existence et de sa vie de femme. Pas toujours rose, teinté parfois de romance avec un juif allemand, Jakob, dont elle a perdu la trace pendant la guerre. Pourtant Disa n'est pas de celle qui se morfonde en tenant leur flacon de sels à la main, c'est une fonceuse, elle a un caractère fort et entier, qui pardonne difficilement en faisant fi d'absolution.
Ce livre se présente presque comme un journal intime : les chapitres sont courts, se suivent, ne se ressemblent pas. On passe de l'avant à l'après assez brillamment. Pour cela, l'auteur a bien su cerner son sujet. Par contre, je doute un peu qu'il ait bien réussi à délimiter son portrait de femme, que j'ai parfois trouvé un peu frigide, rigoureux et inflexible. Mais peut-être la tendance à pencher vers la mélancolie, et le passé sensible de Disa a involontairement influencé cette personnalité. Toutefois, malgré les coups durs, Disa ne s'est jamais épanchée au mélodrame et j'ai notamment apprécié cette fuite du sentimentalisme. Ce roman m'inspire des lectures comme celles de Kazuo Ishiguro, où poésie et finesse y sont des soeurs jumelles. Et l'introspection, un travail à part entière, mené délicatement, savamment et sûrement. Un petit régal, en somme.

Seuil, 20€

La Villa des Mystères

C'est l'histoire d'une génèse : aussi bien celle de "Frankenstein" mais surtout du moins connu et plus ténébreux "Le Vampire" de Polidori. Ce dernier est, dans ce roman de Federico Andahazi, encore jeune secrétaire de Byron, poète "maudit" et sulfureux, exilé d'Angleterre dans cette villa au bord du lac Léman. Entre ces quatre murs, se trouvent aussi réunis Mary et Percy Shelley, et Claire Clairmont, assez pâlotte et souffreteuse. Il faut dire que les événements se passant dans cette villa sont d'ordre orgiaque. Au point de davantage penser à une ambiance érotique, plus que de science-fiction (cf. édition poche) !

Bref, Polidori, présenté comme un personnage assez maladivement jaloux, complexé et haineux, va recevoir des lettres d'une certaine Annette Legrand qui lui propose un bien étrange contrat. Polidori, opportuniste et désespéré, va sauter sur l'occasion pour prouver à l'assemblée de ses hôtes (pour lui, arrogants) qu'il est tout autant capable de répondre au défi lancé par Byron - écrire une histoire "épouvantable".
La lecture de "La villa des mystères" est surprenante tant elle se "dévore". D'autre part, ce sens de "dévorer un livre" prend une signification "particulière" dans l'histoire. Purement fictive, mais palpitante, angoissante, ahurissante et exaltante. La conclusion du roman offre aussi un agréable et saisissant épilogue. Très bonne lecture, donc.

Jours de juin

Paul McLeod était marié à Maureen, ils ont eu trois fils : Fenno, Dennis et David. La vie, le mariage, la mort et le cycle continue avec les enfants. Les personnages du roman ont tous un long parcours à faire pour atteindre un but assez flou : « regarder la vie qui les attend, apprendre à vivre tout simplement ». C'est un peu ce message subliminal que tente de nous inculquer Julia Glass avec son roman ambitieux, dense et passionnant : 655 pages d'une histoire familiale, avec ses rencontres, ses départs et ses choix à définir pour construire sa vie, petit à petit. L'histoire est captivante et construite avec intelligence sous la forme d'un triptyque où se succèdent trois étés dans la vie des McLeod. « Jours de Juin » est une saga familiale avec ses rebondissements mais surtout avec une analyse pointue des états d'âme des personnages. Ils ont en commun d'avoir perdu leurs repères, de se sentir seuls mais de chercher à tromper la solitude. Ils voyagent ou font des enfants, ils viennent en aide aux plus défavorisés, ils paient leurs dettes... cela prend du temps, mais au final ils pourront se dire : « voilà, nous sommes arrivés - malgré les retards, les difficultés et les inquiétudes du trajet - enfin, ou pour le moment, nous sommes là où nous avons toujours voulu être ». C'est un roman subtil et épais dans lequel on plonge sans lever le nez. L'auteur est américaine, bizarre car le cachet du livre prêtait à penser qu'il était so british ! A conseiller vivement !

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26 novembre 2007

La folie des hommes

Un_soir___beyrouth« Les treize nouvelles de ce recueil ont pour théâtre le Moyen-Orient. Passant de l'humour au drame, elles offrent autant de points de vue intimes et lumineux sur l'une des régions les plus explosives du monde. »
Le cruel dilemme avec les nouvelles est qu'elles sont toutes d'inégales valeurs, parmi celles que j'ai le plus aimé, notons « Un soir à Beyrouth » qui parle d'une famille inconsciente du drame qui court dans les rues de leur ville, mis à part le petit dernier qui implore les siens de se mettre aux abris, quand surgit leur voisin M. Antoum qui fait chorus aux supplications du garçon avant l'arrivée de miliciens tout de vert vêtus...

« Corps perdu » raconte une histoire d'amour passionnel mais hélas vouée à l'échec qui conduira une femme folle (d'amour) prête à briser son honneur et à entraîner disgrâce et répudiation autour d'elle. Brillante démonstration de l'ampleur de la volupté dans cette société figée dans ses carcans !
Cela fait écho à « Premier amour », l'histoire d'un veuf de 79 ans qui revit grâce aux charmes d'une marchande de fruits et légumes, qui porte une petite culotte rouge ! Le scandale tombe sur la famille et les enfants supplient leur père de renoncer à cette passion navrante. En même temps, sa petite-fille de 11 ans se voit interdire à son tour la compagnie des garçons, sous prétexte que « c'est trop tard maintenant » ...
Trop tard aussi pour le grand-père Jiddo, agonisant, qui perd la boule et s'époumonne dans sa maison en réglant ses comptes, le petit-fils est spectateur, impuissant, chatouillant dans sa poche un cadeau précieux légué par cet homme dévasté.
Heureusement l'humour aussi est présent, dans « Le rêve d'Ali » par exemple, quand deux grands amis se chamaillent et réclament réparation devant le grand arbre, comme le veut le Xaar, la loi des Isaas. La chute vaut son pesant d'or !

Mais il est vrai que, personnellement, ce sont les textes décrivant un quotidien presque banal, de femmes, d'enfants ou d'hommes, qui ont leur ligne de vie menacée à chaque instant, à chaque coin de rue, et sans raison apparente, qui ont un réel impact. On retrouve ce sombre constat dans la mélopée du photographe arménien, dans  « Jérusalem-photo », qui vit son job sur la corde raide entre juifs et arabes. L'homme est en colère, « Vous dites nous n'avons pas le choix, vous n'arrêtez pas de le dire, mais qu'est-ce qu'il vaut le choix que vous vivez ? ».
Ce petit livre, pas seulement réservé à des jeunes lecteurs, dégage un élixir de séduction, qui touche, blesse, interpelle. La prise de conscience est infime, mais au moins le charme n'aura pas agi dans le vide. Il restera forcément une petite musique après cette lecture !

A l'exception de "Hello ! hello !" et de "Touché !", les nouvelles de ce recueil ont été publiées une première fois en 1991 aux éditions Balland sous le titre L'homme assis.

Un soir à Beyrouth, par Sélim Nassib - Editions Thierry Magnier - 153 pages - 9,50 €

**********

par_l__p_e_et_le_sabreUn ancien chevalier déchu cherche la rédemption en sauvant la vie d'une fillette de 12 ans, en souvenir d'un chaste amour... Sur les collines du Japon au 16ème siècle, un samouraï décide d'accomplir ses rêves de conquête pour les beaux yeux d'une demoiselle au charme redoutable... Un viking, décidé d'asseoir sa réputation, fait assaut vers le château qui protège un autre fils de guerrier, son homologue par-delà la mort... Un masque blanc au sourire glacial va commettre son acte de vengeance, par deux fois, et sans crier gare... Un militaire russe se trouve face au souvenir de la femme aimée, qui s'est enfuie en provoquant un séisme...

Ce sont au total neuf histoires fortes et implacables de chevaliers, samouraïs, vikings, des forces du mal qui assiègent, trucident sans état d'âme et qui parfois connaissent la damnation éternelle, piégées par des esprits et des revenants qui vont les hanter pour la nuit des temps. Non, la lecture n'est pas morbide ni surchargée de détails sanguinolents, à écarter loin des fortes sensibilités. C'est tout au contraire un piège d'y nicher son nez, l'écriture est vive, ne laissant aucun temps mort. Point le temps de s'épancher, plutôt d'assister à une danse macabre et qui vous emporte vers des temps anciens, révolus mais qui occupent toujours une place importante dans les références épiques.

Ces nouvelles ne semblent pas viser un « public jeune » en particulier, bien au contraire !

Par l'épée et le sabre, d'Armand Cabasson - Ed. Thierry Magnier - 156 pages - 9,50 €

25 novembre 2007

Romy Schneider par Sophie Guillou

C'est très court, seulement 136 pages, mais Sophie Guillou (journaliste et passionnée de cinéma) réussit l'exploit de dresser un portrait simple et très juste de l'actrice Romy Schneider. Elle se base sur le tournage éprouvant de La Passante du Sans-Souci à Berlin en 1981 pour suivre son artiste fatiguée et à bout de forces... On remonte le fil de sa vie, les moments forts, les mises en abîme et le parcours cinématographique de la Divine. Vite fait, bien fait. Chaque chapitre s'ouvre sur le tournage du film de Jacques Rouffio, qui sera en fait le dernier film de Romy Schneider, retrouvée morte chez elle le 29 mai 1982, les scènes à Berlin soulignent l'épuisement extrême de Romy, encore trop bouleversée par la perte de son fils David.

Ce qui est bien dans ce livre, c'est le refus du "drame" et de la "romance", deux tendances trop souvents présentes dans les biographies des stars du cinéma. Il y a ici beaucoup de pudeur et de naturel, rien de fastidieux. Le portrait qu'offre Sophie Guillou donne une image très claire de l'actrice, une femme sublime, une enfance saccagée, des traumas à longue échéance, et une vie consommée à l'excès, à en brûler les deux bouts de la chandelle. Pour un aperçu, voici le livre idéal, agrémenté de quelques photographies. Pour une biographie plus poussée et une étude fouillée de sa filmographie, il faut se pencher sur un livre plus consistant... Personnellement j'ai déjà trouvé en celui-ci un très beau portrait, et remarquablement écrit.

25 novembre 2007

Les diamants sont éternels, pas seulement !

C'est sûr que le sujet a vraiment dérapé ... Une discussion (au demeurant  « sérieuse ») voit son propos dévié parce qu'une jeune inculte vient titiller certaines trentenaires qui se sentaient plutôt bien dans leur peau, malgré le cap difficile à franchir (hmm) de la trentaine. Et pis vlà, une jeunette vous renvoie en pleine face que vous n'êtes pas loin d'être une ancêtre ! ? ! ...

Pour le rappel des faits, cela se passe chez Mélanie (Book in !)  iCi .

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(Photo prise par Miss C. herself !)

On y découvre donc quatre spécimens piochés au hasard dans sa grosse collection : Charlotte aux fraises en danseuse étoile, celle qui sent la framboise (je ne sais plus le nom !), Baba-au-rhum la copine black du groupe, et Angélique la blonde.

L'héritage de maman, c'est assez facile à deviner car ce sont les deux poupées du milieu qui ont aujourd'hui vingt ans ! A noter d'ailleurs que Baba-au-rhum a été rebaptisée en Fleur d'oranger pour nos petites filles (jeunes et branchées !!!). 

Pour les nostalgiques, les vrais, voici un peu ce qu'était Charlotte aux fraises en notre jeune temps !

La version 2000, encore :

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En musique, ça donne ceci ...

(un disque qui tourne en boucle, en alternance avec celui-ci ou celui-là )

Qui a dit que ma fille n'avait pas un goût ... de son temps ? ! 

Petit Nota Bene : bonne fête aux Catherinettes !!!! ...

24 novembre 2007

Shalom salam maintenant - Rachel Corenblit

shalom_salam_maintenantAvant de croiser Camille et Chaïma dans les couloirs d'un hôpital toulousain en 2006, nous écoutons au fil des chapitres et des décennies les histoires de quatre personnages, en 1943 David fuit la France occupée, en 1948 Leah et Oumaïma vivent toutes deux des heures douloureuses avec la déclaration d'indépendance d'Israël, sachant que les deux jeunes filles ne sont pas de la même « caste »...
Ce sont des années d'Histoire qui s'écrivent au sujet du conflit israelo-palestinien et la grande justesse de ce livre est de ne jamais tomber dans la prise de parti. C'est délicat, bien amené, douloureux et criant de vérité. Le fond politique est présent, rappelé en fin de roman avec une petite chronologie précise.
Ce n'est pas une surprise non plus, mais les chapitres qui racontent le parcours de ces différents personnages conduisent à une conclusion intelligente, car ils vont tous se croiser et cela se concrétise par la rencontre de nos jeunes filles en 2006.
Soixante ans d'Histoire dans un roman qui fait 178 pages, et jamais un soupçon d'ennui ! C'est aussitôt intriguant, très captivant. Pas forcément émouvant, même si certains passages vous serrent un peu le coeur, notamment lors de la confession de Chaïma qui, à l'âge de cinq ans, a connu l'enfer de l'attentat d'un illuminé qui s'est fait exploser en pleine rue.
C'est prenant, vraiment brillant. Un beau moment de lecture !

**********

Quatrième de couverture

Camille et Chaïma se rencontrent dans un hôpital, à Toulouse. L'une est au chevet de sa grand-mère, l'autre vient pour son grand-oncle qui est en train de mourir. Elles sortent en même temps respirer dans le couloir. Elles s'assoient par terre, elles rient, elles parlent. Elles ne savent pas encore ce qui les lie, elles et leur famille. Une histoire qui a commencé il y a longtemps, dans les années 1940. Ou plutôt quatre histoires, celles de Léah, Oumaïma, David et Yashin. Deux garçons et deux filles qui ne se connaissaient pas. L'un se cache dans un petit village de France, les deux filles se terrent dans une cave à Jérusalem en attendant que ça explose, pendant que le dernier est en route vers un camp de réfugiés, en Cisjordanie.

Le destin, la fatalité, on peut ne pas y croire. Mais entre Camille, d'origine juive et Chaïma, palestinienne, il y a plus qu'une simple rencontre. Ce jour de juin, à Toulouse, elles se racontent leur histoire, par-delà leurs différences, par-delà les haines et les souffrances des leurs.

Editions du Rouergue - coll. doAdo monde - 178 pages -  9,00 €

23 novembre 2007

Rita, New York, 1964 - Unni Nielsen

rita_new_york_1964Quatrième de couverture

Lorsque Rita, une jeune Norvégienne, débarque à New York en 1964, le rêve américain brille toujours aussi fort pour ceux qui viennent d'ailleurs. Et tout s'enchaîne si vite quand on a dix-huit ans. Elle rencontre Ove, un garçon silencieux. Ils passent des nuits ensemble à s'aimer sur le toit de leur immeuble, à Brooklyn. Mais durant cet été si chaud de l'année 1964, la roue de l'Histoire tourne vite. Ove est appelé par l'armée américaine pour aller se battre au Vietnam. Personne ne proteste contre cette guerre. Pas encore. Et Rita n'ose pas lui écrire ce secret dont elle est si fière. Bientôt, la guerre sera terminée, non ?

*******

Il y a trois éléments clefs dans ce livre, comme l'indique le titre : une héroïne de 18 ans, Rita, qui débarque à New York après une longue mission en mer à bord d'un navire de la United Fruit Company où elle était télégraphiste, en plein dans l'année 1964. A la même époque, la société américaine va vivre sa période la plus troublante avec les mouvements sociaux, le début des droits civils (le Black power, l'assassinat de Malcolm X, la persécussion raciale) et le désastre annoncé de la guerre au Vietnam.

En 1964, il fait très chaud, Rita traîne sur les toits d'un appartement de Brooklyn, elle est amoureuse et passe son temps en compagnie d'un groupe d'accordéonistes, de jeunes insconcients et des idéalistes. Mais la guerre les rattrape, les premiers appelés doivent partir sur le front et découvrir l'ampleur du bourbier. Rita elle-même va se mouiller à la conscience politique, en suivant de près ou de loin les courants émergents grâce à sa rencontre avec Winnie, une Afro-américaine à la beauté renversante. Et puis Rita va tomber enceinte, attendre un enfant dans ce chaos international, et apprendre abruptement que sa place n'est plus souhaitée en Amérique.

Le propos du roman est foncièrement brutal, et pourtant l'auteur norvégienne, Unni Nielsen, s'est contentée d'un tableau épuré où son écriture subit les mêmes cahots que ce que vivent les personnages. Elle-même parle d'une « langue plus jeune, plus rapide, plus impertinente par moments ». Personnellement je n'ai pas été totalement séduite par ce style, mais je trouve qu'il colle à merveille dans le récit et le message annoncé. Outre la naissance de la prise de conscience politique qu'aborde ce livre, il traite aussi d'une société en rupture, déracinée et déroutée par un manque de repères, et qui voit dans la musique un moyen de se raccrocher à la beauté du monde, à l'espoir d'une paix pour tous (citons pour exemple les Beatles, Hendrix, Bach et la chanson folk...).

C'est en quelque sorte un roman engagé contre toutes les guerres « qui n'en finissent par de finir » et qui sont « une maladie de l'âme » (dixit Martin Luther King), c'est aussi et avant toute chose un roman sur les années 60 et qui parle d'une certaine jeunesse tiraillée, porteuse de tant de révoltes et de rêves unifiés ! Difficile à lire, à destiner pour les lycéns qui étudient ce sujet dans leur programme d'histoire.

Editions du Rouergue - coll. doAdo monde - 252 pages.  11,50 €

Traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud.

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