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Chez Clarabel
13 mai 2008

Muléum - Erlend Loe

muleumEncore un journal intime écrit par une jeune fille de dix-huit ans, pourrait-on penser. Ladite Julie, la narratrice, trouve également que c'est pathétique et que ça ne devrait concerner que les personnes dérangées, et ELLE est très certainement dérangée, donc elle a une excuse. Ses parents et son frère ont trouvé la mort dans un crash d'avion au-dessus de l'Afrique, là voilà orpheline, riche à millions mais seule et désespérée. Elle veut en finir avec la vie, tente de se suicider sur scène pendant une pièce de théâtre au lycée, loupe son coup avec force et fracas (les journaux en feront les gros titres !) puis décide de sauter d'un avion à un autre pour parcourir le monde et provoquer le destin. Ses projets pour trouver la mort sont nombreux, farfelus et font bien rire le lecteur - hélas ! est-ce un crime de rire sur un sujet aussi grave ? Julie a pour elle d'écrire avec une énergie farouche et une claivoyance redoutable, elle nous tire des grimaces, nous force à penser comme elle (son docteur dingo, le psy, est un barbu ringard, très souvent à côté de ses pompes !). Bref, son projet de mourir ne sonne pas très sérieux, elle envisage de copier une ou deux caricatures pour attirer sur elle une fatwa ou vole en Asie pour attraper la grippe aviaire - un vrai festival d'imagination ! Elle s'abrutit devant la télé en suivant les JO d'hiver et s'empêche de penser à son chagrin, car, on l'oublie peut-être, derrière son cynisme et son humour mordant, Julie est aussi déboussolée, malheureuse comme les pierres et n'arrive pas à panser ses plaies autrement que par son obsession du suicide. Muléum est un portrait qui se veut drôle mais qui cache le désespoir d'une jeune fille intelligente, avec une forte inclination pour le loufoque et l'exubérance. Cela se lit assez vite, malgré quelques passages vaseux, le ton d'Erlend Loe sauve les meubles et nous fait passer un très bon moment .

Gaia éditions, 2008 pour la traduction française

(traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud) - 222 pages - 18€

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10 mai 2008

(Lire et relire Le corps de Liane) En poche ! #15

le_corps_de_liane« T’es sûre d’être une fille, toi?
– Hein ? marmonna Roselyne en déchaussant ses tennis dans le vestiaire du gymnase.
– Est-ce que tu es sûre d’être une fille? répéta Liane en forçant la voix comme si Roselyne était sourde. […]
– Bah oui! Pourquoi? T’es pas sûre, toi?
– Non.
– Comment ça se fait, que t’es pas sûre comme ça? s’inquiéta Roselyne.
– Je sais pas.
– C’est embêtant. Je vais y penser. Parce que c’est pas normal que tu sois pas sûre d’être une fille. Y faut être sûre!
– Pourquoi il faut?
– Parce qu’y faut », répondit Roselyne, catégorique.

Ce n'est pas parce qu'on grandit parmi des femmes qu'on se sent forcément plus femme ! C'est le cas pour la petite Liane, âgée d'à peine 10 ans, qui vit seule auprès de sa mère Christine, sans rien savoir de son père. La même situation s'était produite pour la grand-mère Huguette, qui coule ses beaux jours à jardiner en Bretagne, où toute la troupe s'y retrouve chaque été. Dans la famille, on n'aime pas trop les hommes, on ne leur concède pas une place de choix. On n'en parle pas des heures non plus, on n'étale aucun souvenir, juste quelques vagues, et on s'interroge sur cet étrange enfant qu'est Liane, qui pose trop de questions, rédige des listes dans ses carnets et craint de vomir en classe.
Un jour, elle rencontre Roselyne qui deviendra sa meilleure amie. Roselyne n'a pas une mère idéale, plutôt revêche, mais  la jeune fille n'en conserve pas moins un étonnant optimisme, de la douceur et de la gentillesse. Très vite, elle trouve sa place chez Liane, un foyer atypique et chaleureux, où viendra se greffer Eva, une jeune femme de ménage, un peu étourdie mais belle comme c'est pas permis. Elle aussi vit seule avec sa fillette, Armelle. Pas loin de cette tribu de femmes, il y a en marge l'épicier algérien dont le fils va en classe avec Liane et Roselyne.
Bref, que dire sans trop en dévoiler ?
"Le corps de Liane" figure, à mon goût, parmi ces lectures "sucre d'orge" où le plaisir ressenti s'étend en longueur, pas systématiquement à la première phrase, car c'est sur la durée qu'il dégaine une petite musique qui s'accroche à l'oreille. C'est une lecture bienfaisante, une lecture qui donne du bonheur (comme "Ensemble c'est tout" d'Anna Gavalda ou "Mangez-moi" d'Agnès Desarthe).
Après un conte enchanteur et enchanté (cf. Le musée de la sirène), Cypora Petitjean-Cerf continue d'émerveiller avec cette histoire sur la féminité et l'amour, où elle démontre avec élégance et sans maniérisme l'étendue de ces deux pôles qu'on cherche toutes à atteindre. Ce n'est pas rien si ce livre est dédié "aux mères et à leurs filles", car Huguette, Christine et Liane rassemblent en trois générations les affres de leurs conditions liées à leur sexe. Les personnages de Roselyne, Eva, Armelle et Lamia viennent apporter à leur façon une bouffée de fraîcheur qui perpétue le ravissement. C'est beau, c'est attachant. Au départ, elles sont toutes paumées, songeuses et s'isolent sans trop en dire, puis la richesse du roman viendra les confronter à s'ouvrir et se dire "des beautés". Il y a un superbe message dans ce roman, sur l'espoir, sur l'envie et ça vous donne un sourire jusqu'aux oreilles.
De belles lectures comme ça, personnellement je trouve que ça fait du bien et qu'on en a besoin de nos jours ! A recommander, chaudement !!!

Le corps de Liane, Cypora Petitjean-Cerf

Ldp, 320 pages - 6,50€

date de parution : 30 avril 2008.

D'autres avis : Laure, Cuné, Maylany, Lilly...

9 mai 2008

Coups bas et talons hauts - Tonie Behar

coups_bas_et_talons_hautsVif, tonique et enlevé, le roman de Tonie Behar s'apprécie sans fin (faim) ! Attachée de presse dans l'agence de relations publiques de la très respectée Annick Bondy, Dahlia Arditi est belle, intelligente et bosseuse. Mais rien n'est acquis au sein de cette équipe féminine et hyper glamour, surtout lorsqu'on a pour concurrente la sculpturale Chloé de Lignan qui baigne dans le milieu du luxe depuis toujours. Chloé est son cauchemar personnel, sa Cruella perfide qui lui met des bâtons dans les roues et aime tirer la couverture à elle toute seule.

Un soir de novembre pluvieux, Dahlia est agressée dans la rue par un individu qui veut lui voler son sac quand un mystérieux Zorro surgit de nulle part et vole à son secours. Les choses en resteront là, puis six mois passent et Dahlia retrouve son Chevalier Servant au bras de son ennemie jurée... Chloé ! Vous imaginez la suite ? Petits coups bas, mesquinerie féminine, séduction folle et grandes scènes de tralala qui vous collent un sourire béat au visage, oui on mord à l'hameçon, avec un sens particulier de dégustation. Dahlia est une jeune femme délicieuse, qui aime séduire mais attend le grand amour. Elle a pour devise, au risque de déplaire, d'allumer mais de ne jamais éteindre ! Charmant.

J'ai trouvé dans la lecture de ce livre un véritable plaisir de divertissement, des clichés saturés, des ficelles grosses comme mes deux poings réunis, mais j'en demande encore ! Les vacances approchent, le beau temps est de retour, voici le livre idéal à glisser dans le sac de plage ou pour flâner dans un hamac ! A propos, préférez le terme "comédie romantique" à celui de chick-lit à la française (ou littérature de poulette), c'est beaucoup plus joli et tant pis si ça fait cucul la praline. Au moins, vous êtes déjà servi(e)s ! Bonne lecture à tou(te)s !

Mille mercis Tonie !

Editions JC Lattès, 2008 - 283 pages - 17,50 €

Illustration de couverture : Colonel Moutarde

www.comedieromantique.com

Les avis de Cathulu & Fashion

8 mai 2008

(encore un livre qui a du chien !)

Sunny est la petite dernière d'une famille de quatre enfants. Elle rêve d'avoir un petit frère. Ses parents lui proposent d'adopter un petit chien... et c'est celui avec sa tache noire en forme de rond qu'elle choisit. Elle décide de l'appeler Jeombak, mot coréen qui signifie petite tache.

jeombak

Une vraie complicité se tisse entre l'animal et la petite fille. Aux petits soins pour lui, Sunny ne se lasse pas de le bichonner, le câliner, de jouer avec lui. Puis, un jour, un voisin lui confie un chiot tout blanc. Les parents de Sunny lui expliquent, cependant, qu'elle ne peut garder deux chiens à la maison. Il faut en donner un à mamie. Le choix est difficile, car la fillette est attachée aux deux. C'est Jeombak que la famille conduit chez la mamie mais Sunny boude, pleure et refuse d'abandonner son chien. Inutile de réfléchir plus longtemps, la relation entre l'enfant et le chien est décidément très forte. On ne peut pas les séparer.

jeombak_2

Un gros hic, avant de conclure, car je suis incapable d'expliquer la fin de cette histoire. Sunny ne retrouve plus son chien ! Est-il parti ? s'est-il perdu ? Un malheur est-il arrivé ? Cette fin est-elle une image pour adoucir une tragédie ? Ou une suite est-elle prévue ? Franchement, je suis dubitative. Je n'aime pas ça, j'avais adoré l'album que je trouvais charmant avec ses illustrations douces, aux couleurs pastel. Je craque définitivement pour les histoires mettant en scène une petite fille et son chien - là, j'étais vernie. Mais les dernières pages me peinent et me frustrent. Je veux qu'on m'explique !!!

Je ne connaissais pas cette maison d'édition : Chan-ok. Un site existe, cliquez ici pour la présentation de ce livre.

Jeombak mon petit frère,

Écrit et illustré par Kim Jung-sun

Traduit du coréen par Yun-hee Véran et Hélène Charbonnier

Editions Chan-ok, 2007 - 13,90 €

7 mai 2008

(sujet sensible)

journal_de_ma_soeurCe sont les vacances d'hiver et le départ pour une semaine de ski au Val d'Isère. Patrice et son père s'impatientent tandis que Julie, l'adolescente de 16 ans, traîne les pieds devant le lycée, où elle adresse ses adieux à sa bande d'amis. Au moment de les rejoindre, c'est le drame : Julie est renversée par un bus. La foudre s'abat sur la tête de Patrice, sa soeur est plongée dans un profond coma, ses jours sont en danger. Toutefois, le garçon est supposé "deviner", car il est tenu à l'écart par ses parents, dévastés par le chagrin. L'annonce du décès vient secouer la famille déjà désunie et Patrice se sent de plus en plus incompris et négligé. Seul, il ne sait pas à qui expliquer le poids de sa culpabilité, expliquer pourquoi il n'arrive plus à retenir la nourriture dans son corps, par exemple. Ses parents semblent totalement indifférents à son sort. Patrice ne s'entendait pas beaucoup avec Julie, du moins il pensait ne pas l'aimer mais son absence lui prouve le contraire. Il s'en veut désormais de n'avoir jamais pris le temps de lui dire combien il l'aimait, à sa manière.

Un texte délicat et sensible, sur le sujet de la mort et du deuil. Un travail simple et concis pour mieux aider à passer le cap, à continuer de vivre après la perte d'une personne qu'on aime. A conseiller aux plus jeunes, dès 10 ans.

Le Journal de ma soeur, Anne Poiré

Seuil jeunesse, 2008. Coll. Chapitre, 80 pages. 7,50€

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mes_yeux_mentheUn matin, Granny ne s'est pas réveillée. Et puis voilà. La maison de Nina s'est mise alors à flotter sur une mer agitée et remplie de larmes. Le temps passe et la maman de Nina continue de pleurer. Sa meilleure amie Jojo est venue à la rescousse, s'installe auprès d'elles et prend les rênes du foyer. Nina est remplie d'espoir, car Jojo, avec son accordéon, son chat Foufou et son fiancé Paolo, apporte un semblant de gaité et de bonne humeur. Toutefois, la maman de Nina ne va pas mieux, il a fallu vider l'appartement de Granny et la douleur est toujours aussi vive. Jojo s'inquiète et choisit d'emmener son amie en vacances... sans Nina. La fillette part rejoindre son père à la campagne, où il vit avec sa nouvelle femme et leur enfant de deux ans, Lola. Au début, Nina n'est pas à l'aise, puis elle s'attache à sa petite soeur et apprécie les efforts de son père. Bientôt elle retrouve sa maman, qui n'a plus les joues creuses, plus le nez dans les mouchoirs, n'est plus en boule sous la couette. Au contraire : avec Jojo, elle s'active pour la préparation du mariage de celle-ci.

Désolée de n'être pas très *gaie* dans mes choix de lecture, mais ce petit livre pourra vous étonner car il est plus souriant et plus guilleret qu'on ne pouvait le supposer. Le chagrin d'une maman est décrit à travers les yeux d'une petite fille de 8 ans et c'est plein d'amour, plein d'espoir. Peut-être la recette idéale n'existe pas, mais on tire de ce livre la leçon suivante : la préciosité de l'amitié, le goût des crêpes et de la pizza, l'amour des siens, surtout ceux qu'on pensait vivre en "pays étranger" (or, rien ne change l'amour d'un papa, même s'il a refait sa vie !). Il y a un peu de passages très sensibles, mais ce n'est pas qui ce frappe ni ce qui ressort : non, c'est essentiellement la vitalité ! Les illustrations reflètent également cette tonicité mêlée de sensibilité. Un joli texte à la portée des plus jeunes.

Mes yeux menthe à l'eau, Agnès de Lestrade - illustrations de Violaine Leroy

Editions du Rouergue, 2008. Coll. ZigZag, 107 pages. 6,50 €

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parmi_nousEt si on imaginait ce qu'il se passe après ? si on supposait qu'il existait un entre-deux vers l'au-delà ? ... Cela donnerait une histoire de fantôme, comme dans ce roman de Marie-Hélène Delval. Anaïs est amoureuse d'Adrien. Elle l'appelle de tous ses vœux, lui crie son amour, mais il ne peut entendre sa voix, car elle et lui ne font plus partie du même monde... De là où elle est, elle suit, impuissante, la nouvelle idylle de son amoureux. Adrien l'a-t-il déjà oubliée, remplacée ?

Je me demandais si j'allais revivre le même déluge qu'avait inspiré la lecture du livre de Lisa Schroeder, car le sujet est très proche. Finalement, non. Ce court roman est accessible pour les plus jeunes (dès 10-11 ans) et aborde l'amour et la mort. C'est très émouvant mais juste un tantinet trop propre et retenu pour moi. Ou alors je suis trop "vieille" pour tomber dans le panneau. Cette lecture reste agréable, sensible et réserve de beaux chapitres sur la douleur du deuil, l'impuissance de tourner la page et l'acceptation de passer le flambeau à une autre personne. On tire une formidable leçon d'espoir en bout de course !

Parmi nous, Marie Hélène Delval

Bayard éditions jeunesse, 2008 /  Bayard Presse, Je bouquine, 2005. 90 pages - 5,80€

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6 mai 2008

Slam - Nick Hornby

slamSam est un adolescent de quinze ans, passionné de skate, qui vit seul avec sa mère de 31 ans (en calculant bien, on comprend que celle-ci avait tout juste seize ans lorsqu'elle est tombée enceinte). Sam n'est pas un gamin à problèmes, il est plutôt ordinaire et aime se poser des tas de questions, mais sans jamais les adresser aux bonnes personnes. Son seul confident est Tony Hawk, le skateboarder. Et encore, il s'adresse à son poster et compulse avec dévotion Hawk - Activité : Skateboard pour y glaner des réponses qui, bien sûr, tombent très souvent à côté de la plaque. Six mois avant son seizième anniversaire, tout baignait pour Sam. Le jour J, bien évidemment, le ciel a fini par lui tomber sur la tête.

Slam, en langage de skateboarder, signifie se casser la pipe. Il ne faut pas être sorcier pour deviner, dès les premières pages, ce qui va arriver à notre jeune narrateur, sa maman aussi lui disait de faire attention avec les filles, un accident est si vite arrivé... Je vous laisse découvrir la suite, mais pas besoin d'être Sherlock Holmes pour piger et se faire une idée (selon les dires de Sam !). Ce livre de Nick Hornby est en fait son premier roman destiné aux adolescents, en France l'éditeur n'a toutefois pas choisi de le classer en jeunesse, alors qu'il peut facilement être conseillé pour un niveau collège, selon moi.

Ce livre a tout pour séduire un lectorat adolescent : le style très parler du narrateur, notamment, donne vie au propos de Slam. Personnellement, ça me saoule un peu mais cela apporte une vraie tonicité au récit, accentuant aussi le dilemme du garçon, en nous faisant partager ce qui lui trotte dans la tête. On y évoque donc l'adolescence et son lot d'atermoiements, de remises en question, de doutes et de tentations. Il s'agit d'un roman qui parle de la première fois, de l'envie très ambigüe de franchir un cap qui dépasse sa petite case étriquée, ET du risque ou de l'accident de parcours. Comment assumer une telle part de responsabilité lorsqu'on a tout juste seize ans ?

Le livre offre, du point de vue de Sam, une vision assez réaliste de la trouille qu'on ressent devant n'importe quel challenge, accompagnée de la lâcheté et l'effroi qui vont souvent de paire. Sans oublier que le roman est aussi très drôle ! Il le faut, le thème abordé (la sexualité chez les adolescents) est assez périlleux, même si l'auteur a su écarter les pièges (pas de détails scabreux, pas de vision édulcorée et aucune moralité à deux sous). Nick Hornby ne se voile pas la face mais reste cool sans être éreintant. En gros, c'est un bouquin à confier sans hésiter aux ados et jeunes adultes !

Traduit de l'anglais par Francis Kerline - 289 pages - 18,90

Plon, 2008 pour la traduction française.

5 mai 2008

Mathématique du crime - Guillermo Martinez

mathematique_du_crimeDans la sereine et studieuse Oxford, alors qu'enfle la rumeur de la résolution imminente du plus ardu problème des mathématiques, le théorème de Fermat, un tueur en série adresse à l'éminent logicien Arthur Seldom de mystérieux messages - fragments d'une démonstration écrite en lettres de sang... Aidé du narrateur, un jeune étudiant à peine débarqué de son Argentine natale, Seldom saura-t-il trouver la clé de l'énigme ? Mêlant adroitement la singulière atmosphère des colleges britanniques, les tourments de la passion, les abstractions de Wittgenstein et de Gödel, les mystères des sectes pythagoriciennes et les antiques secrets de la magie, Mathématique du crime, roman policier de construction classique et pourtant hors normes, nous tient en haleine jusqu'à son dénouement, un magistral acte de prestidigitation. (Présentation de l'éditeur)

Cette intrigue policière conviendra à tous les amateurs des schémas classiques, façon Agatha Christie et consorts. Pendant 260 pages, l'histoire excelle à faire planer le doute, sur un tempo indolent. Les effusions de sang et les courses-poursuites infernales sont inenvisageables, de même l'artillerie lourde des experts en ingénierie ultra-branchée est une entité totalement inconnue. Ici, tout se recoupe par les mathématiques, une science exacte et confuse à la fois, car la démonstration déployée par l'auteur dans ce roman en bluffera plus d'un. Ok, c'est un roman policier très classique, pas révolutionnaire dans son genre, toutefois c'est distrayant et ça fait fonctionner les méninges (non, il n'est pas nécessaire d'être mathématicien pour comprendre la trame du livre !). Et puis, le cadre est splendide : Oxford, vu par les yeux d'un jeune argentin brillant et ébloui, qui ne résiste pas aux charmes de l'Angleterre (et des anglaises). Imaginez John Hurt et Elijah Wood dans la peau des figures principales (le roman a été adapté au cinéma), confrontés à des crimes imperceptibles, selon les termes d'Arthur Seldom, qui découvre qu'un élève chercherait à imiter le maître. Vous obtiendrez une belle ambiance feutrée, un zest de dissimulation, de longs discours savants, pas mal de tendresse, d'élégance et des petites touches de mystère pour toujours laisser planer le doute, bref ce roman permet de réconcilier les adeptes de Conan Doyle et ceux d'Henry James.

Traduit de l'espagnol (argentin) par Eduardo Jiménez - 260 pages - 7.90 €

Nil éditions, 2004. Editions Robert Laffont, 2008. Coll. Pavillons poche.

Mathématique du crime vient d'être adapté au cinéma par le réalisateur espagnol Alex de la Iglesia, à qui l'on doit Mes chers voisins, et le délirant Le Crime farpait, avec dans les rôles principaux John Hurt et Elijah Wood. Crimes à Oxford est sorti dans les salles le 26 mars 2008.

3 mai 2008

Je suis pas une bombe... et alors ?

 

je_suis_pas_une_bombeEh non, vous n'êtes pas une bombe ... Mais a priori, votre apparence ne fait pas hurler les enfants dans la rue non plus. Comme 99 % de la population, vous avez un physique normal, et notre société de l'image vous persuade que c'est un péché capital. Détendez-vous ! Avec ce livre, découvrez comment s'installe le diktat de l'apparence, de quelle façon survivre dans la jungle esthétique qui nous entoure, et pourquoi ne pas être une bombe, loin d'être un drame, est en réalité une bénédiction. Hors des modèles standardisés, à mi chemin entre étude sociologique et pamphlet au troisième degré, entrez dans le monde merveilleux des gens qui s'aiment sans complexes.

Caroline Rochet est journaliste pigiste pour différentes publications, en particulier le Marie Claire français. Elle a également travaillé dans la publicité. Autant dire que sur la dictature de la beauté et de l'apparence, elle en connaît un rayon. Par ailleurs, sans pour autant ressembler à la fille illégitime du Shrek (certains inconscients lui disent même parfois qu'elle est jolie), Caroline n'est pas une bombe. Non pas qu'elle vive si mal son statut de jeune femme "comme les autres", mais quand tout contribue à vous faire douter, à vous faire avoir honte du physique que Dame Nature vous a donné, comment ne pas craquer sous la pression ? C'est pour mieux comprendre les mécanismes sociaux qui suscitent de telles angoisses, et plus encore pour soulager celles de ces millions de femmes qui se trouvent éternellement "trop ceci" et "pas assez cela", qu'elle a voulu prendre la plume.

Le site de Caroline Rochet (plus cet article qui me fait beaucoup rire !)

Pas facile de mettre en avant ce petit livre avec UN TITRE PAREIL !!! L'auteur le sait bien, elle le traite avec humour dans son préambule. C'est genre le livre de la honte, celui qu'on voudrait bien lire mais qu'on cache sous sa pile de bouquins plus intellos pour noyer le poisson ! Suffit que le vendeur / libraire saisisse le titre noir sur fond orange, et là il redresse la tête et vous regarde droit dans les yeux ... bah, euh, je suis pas une bombe, ET ALORS ? (Nous sommes 99% dans ce cas-là, dites-vous bien, et rétorquez-vous à votre interlocuteur.)

L'histoire entre ce livre et moi a débuté par un message privé reçu par son auteur. Du déjà lu, archi revu, etc. Comment la demoiselle a su être meilleure que les autres ? (Oui, ok elle a avoué son gros faible pour the Joshua tree, comment je peux dire non, moi, après ça ???!) D'abord, Caroline Rochet ne tartine pas des éloges en dix lignes, blablabla, sur mon blog et tutti quanti, elle avoue - cash - avoir commis un livre (oui, commis, pas écrit ! j'ai aimé cette nuance) et le présente ainsi : un pamphlet qui traite de la dictature de l'apparence sur un mode mi socio, mi psycho et surtout troisième degré quand il faut, "girly mais pas débile". C'est bon, j'ai dit banco. (Je croyais d'ailleurs que cela allait être le titre de son bouquin, dommage c'était davantage accrocheur, à mon goût !)

Je ne vais pas vous refaire le film de ma lecture, à ma grande honte je vais même vous avouer avoir lu ce livre depuis des semaines mais n'avoir jamais trouvé le temps d'en glisser quelques mots, pffff ! Je vous donne juste les clefs suivantes : c'est un livre qui se lit en une ou deux heures maxi, c'est totalement délirant et trèèès drôle, ça n'apporte rien du tout (je trouve) et ce n'est pas méchant car l'éditeur le rappelle ainsi, ce livre est rangé dans la catégorie ANTI-développement personnel ! A prendre donc ainsi, avec humour, dérision et auto-dérision ! A défaut de vous sortir la tête de l'eau, ce livre vous filera davantage de rides CAR il est bon de s'esclaffer au moins cinq minutes tous les jours !

Merci Caroline !

Je suis pas une bombe... et alors ? - Caroline Rochet

Les éditions de l'Hèbe, mars 2008 - 159 pages - 12 €

Illustrations de Sandra Antonios

2 mai 2008

Jaune Caravage - Gilda Piersanti

jaune_caravageRome, automne 2006, la Nuit Blanche bat son plein, la ville est en ébullition. Des torrents de jeunesse se déversent dans les rues et convergent vers le Gazomètre, nouveau symbole des nuits romaines, véritable phare dressé face à la Ville éternelle. Mais l'aube sera sanglante, une jeune fille est retrouvée atrocement mutilée sur les quais du Tibre. La victime s'appellait Eva Ismaïlova, elle avait dix-sept ans, était d'origine slave et vivait seule avec sa mère.

C'était une superbe jeune fille blonde, la fierté de Katja qui est ravagée de douleur d'apprendre la mort de son unique enfant. Mariella et sa coéquipière Silvia avancent à tâtons dans cette délicate enquête. Leur rencontre avec Leonora, la meilleure amie d'Eva, leur laisse entrevoir une autre personnalité de cette délicieuse mais étrange défunte ;  Eva aimait le mensonge, les nuits de débauche, les paradis artificiels et coucher avec des types plus vieux qu'elle. La découverte de l'identité de son amant ne va pas sans relancer une autre piste de cette affaire, qui baigne incontestablement dans l'univers fragile et cruel de l'adolescence, les jeux de dupes et l'amour passionnel.

Quatrième volet des Saisons Meurtrières, Jaune Caravage boucle ce premier cycle avec un brio époustouflant ! De loin, cette enquête de Mariella de Luca est la plus étoffée, la plus construite avec parcimonie, la plus conduite sur du velours. En parallèle, l'auteur nous ouvre les portes de l'intérieur de l'inspecteur, jeune femme de 35 ans, amoureuse de son bel archéologue. Leur relation, jusque-là épanouissante, connaît le creux de la vague, car Mariella se laisse ronger par la suspicion et les doutes, son tempérament volcanique commence à épuiser son compagnon. Bref, qu'est-ce que cela annonce ? Et puis, d'un autre côté, l'histoire va apporter quelques éclaircissements sur des faits mystérieux survenus dans le petit studio de Mariella (cf. Bleu Catacombes), et qui pourraient avoir un rapport avec la disparition du fils de son supérieur, le commissaire D'Innocenzo.

Jaune Caravage est un livre qui boucle une série qui n'a jamais cessé de faire grandir l'intérêt du lecteur, au fil des tomes (quatre, au total) truffés de références culturelles (musique, cinéma, peinture, poésie...). La dernière page tournée reste un crève-coeur, car j'ai personnellement le sentiment que TOUT ne m'est pas conté sur Mariella De Luca et que son histoire personnelle est encore enveloppée par des brumes de secrets et de rebondissements sans fin. Y aura-t-il un autre cycle ? Je croise les doigts.

Jaune Caravage, Gilda Piersanti

Editions le Passage, 2008 - 280 pages - 17€

1 mai 2008

La valise de Vera - Florence Morgensztern

Eté 2005, automne 1995, automne 1932... La machine à remonter le temps est en marche, entraînant dans son tourbillon trois générations de femmes. Il y a Vera, qui a quitté son mari et a trouvé une quiétude dans son quartier qui lui rappelle un Paris d'autrefois. Un jour, la concierge lui confie une valise déposée par une américaine et qui lui a été adressée par un fantôme du passé. Quand elle va l'ouvrir, Vera gardera son sourire et va préparer avec minutie ses petits cachets, son film de trois heures et s'endormir sur le fauteuil.

Sa fille France, qui a choisi de rajouter un S pour se démarquer... donc, Frances et son père André ne comprennent pas le geste de Vera. Pourquoi un suicide ? Il n'y a pas de lettre, pas d'explication. Juste une valise. Mais que contient-elle, pardi ?! A son tour, Frances va éplucher les secrets de cette valise et comprendre ce qu'elle cache. Elle rencontre de cette façon Anna, sa grand-mère, une jeune femme amoureuse d'un joueur de jazz, elle est juive, exubérante et vit en Pologne. Nous sommes dans les années 30, le ghetto de Lublin commence à dresser son contour menaçant, dans l'ombre de la folie meurtrière. Anna va lutter et choisir de rejoindre l'Amérique...

Je suis bien embêtée car j'ai un peu loupé le coche avec ce livre. Son histoire avait tout pour me plaire, mais je suis restée en marge. Tantôt séduite, tantôt ennuyée. La partie centrale, celle avec Frances, est la plus faible à mes yeux. Je n'ai pas trouvé cette jeune femme sympathique, même Vera m'est apparue trop étrange et compliquée. En gros, je n'ai pas eu le déclic pour les personnages et cela a été très compliqué pour m'attacher à leurs parcours. L'histoire d'Anna est, par comparaison, plus captivante et fascinante.

La note de l'éditeur : À travers le parcours de ces trois femmes et de leur entourage, se dessinent des destinées marquées par la grande Histoire, et aussi par tout ce qui fait d'une existence un nuancier de couleurs plus ou moins vives, plus ou moins sombres, mais toujours intenses.

Le Passage éditions, avril 2008 - 270 pages - 17€


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