Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chez Clarabel
5 février 2012

« Ecrire, c’est emmener les mots en promenade. »

IMG_6702

Le roman de David Almond ne se raconte pas, et se résume encore moins. Il s'agit en fait du carnet de Mina, une demoiselle qui ne va plus à l'école, où elle ne se sentait pas à sa place. Elle était régulièrement rabrouée par son institutrice, Mme Scullery, jusqu'au fameux jour des évaluations, le jour de trop, le jour où Mme McKee est venue récupérer sa fille, sans gronder, mais avec compassion. Elles sont reparties toutes les deux dans leur maison, en jurant qu'elles ne mettraient plus jamais les pieds dans cette école. Et depuis, Mina suit ses cours chez elle. Elle passe son temps à écrire ce qui lui passe par la tête, elle se perche sur un arbre et parle aux oiseaux, elle observe ses voisins, la vie dans le quartier est sinistre, soupire-t-elle, Mina a envie de vie et de joie, alors elle gribouille encore plus ses idées folles dans son carnet. 

Son carnet ne ressemble qu'à elle : il est sincère, vrai, touchant, bizarre, très personnel, onirique, poétique et j'en passe. Il fait fi des règles et des conventions, il s'ébroue comme un jeune chien fou, égaré en pleine nature, il souffle, il respire, il est heureux. Et nous aussi. J'ai été très touchée par ce roman, pas facile à expliquer pourquoi il donne autant le sourire, pourquoi il touche et pourquoi les mots de Mina, en apparence simples et naïfs, renferment plus de vérité et de beauté que tous les discours de grands. C'est a priori un méli-mélo de pensées farfelues, de rêves et de comptes-rendus qui nous embarque dans un univers enfantin et routinier, mais c'est aussi et surtout une façon d'expliquer le pouvoir des mots, de l'imagination et de l'écriture. Graphiquement, le livre est également un petit miracle et ne ressemble pas à un roman classique. C'est ce qui nous rapproche de la narratrice, Mina est la petite camarade de Michaël, le héros de Skellig, un autre roman de David Almond qu'il faut lire ou relire après celui-ci.  

Je m'appelle Mina, par David Almond
Gallimard jeunesse, 2012. Traduction de Diane Ménard. 

“Words should wander and meander. They should fly like owls and flicker like bats and slip like cats. They should murmur and scream and dance and sing.” 

aux Mina aussi recherche un peu de bonheur, elle s'appuie sur les mots, parfois elle en invente, elle raconte des histoires à dormir debout, elle raconte ses rêves aussi, où elle part visiter les enfers en pensant retrouver son père... Parce qu'à travers ce méli-mélo des mots, il y a cette petite détresse d'avoir perdu son papa. Le besoin de se reconstruire. D'effacer le chagrin.

Publicité
Publicité
5 février 2012

Je suis née, je m'y habitue.

IMG_6704

Shosha est née en colère, dit sa mère. Depuis toute petite, la jeune fille n'a jamais voulu qu'on lui impose d'agir ou de penser dans un sens si elle souhaitait faire autrement. L'adolescence venant, Shosha est en pétard contre son changement de maison et de lycée. Elle se sent seule, sa prof de philo lui cherche des poux, ses camarades se moquent d'elle, elle se plante lors de ses examens, ses parents sont fermés à toute discussion, alors Shosha se réfugie dans de sombres réflexions. Elle repense notamment à la disparition de son oncle, pendu chez lui, le drame de la famille. Depuis, personne n'ose en parler. A côté de ça, Shosha part en croisade contre le projet de son prof d'histoire (visiter le camp d'Auschwitz), et se défoule par écrit. Y'en a marre de de ces histoires de misère, de déportation, de haine, d'extermination.

Cela vous donne une idée d'ensemble de la colère de la demoiselle, très vive, et je crois que cela a fini par m'échapper. J'ai apprécié la façon dont l'auteur a amené son sujet, c'est un texte bien construit et intéressant, souligné de références littéraires de qualité irréprochable, tout ça fait élégant et raffiné, vraiment pas de problème. A ce portrait d'adolescente en quête d'identité, se présente un secret de famille dont on avait déjà deviné la teneur (difficile d'en faire un mystère, rien que par le titre et le prénom de la narratrice). Que dire, donc, si ce n'est que je n'ai pas été alpaguée par la révolte de Shosha. Ou alors je pense que cela ne me concerne plus, ou bien est-ce trop réaliste pour avoir envie de m'y frotter même en lecture... je ne sais pas, la rencontre n'a pas provoqué d'étincelle. C'était bien, mais un peu éreintant.

Je renaîtrai de vos cendres, par Elisabeth Brami
Flammarion, 2012. 

3 février 2012

Quand papa était petit, c'était il y a très très longtemps, au temps des hommes des cavernes...

Edition collector de l'album de Vincent Malone et André Bouchard à tirage limité et accompagnée d'un tiré à part : la couverture toilée est superbe ! 

IMG_6689 IMG_6690

Le contenu ne change pas : on retrouve une succession de gags à travers des scènes anachroniques. Ton papa, à force de raconter son jeune temps, passe aux yeux de ses enfants pour un homme de la préhistoire. A ce petit jeu-là, l'auteur a recensé des idées loufoques, comme la distribution des cadeaux de Noël absolument hasardeuse, ou les transports en commun à dos de dinosaure, ou l'invention du feu et du barbecue pour le même prix, l'absence d'antibiotiques, de montre ou de bureau (en gros, si tu attrapes la grippe, ben tu meurs ! En plus, tu n'as pas l'heure, tu es en retard au bureau... mais les bureaux n'existent pas !). Bref, il y a toute une série d'exemples ainsi repris et mis en scène. C'est très, TRES drôle. Si vous ne connaissiez pas encore, c'est l'occasion ! 

IMG_6691 IMG_6692 IMG_6695

Ou encore : Quand papa était petit, Batman, Superman et l'homme-araignée n'avaient pas encore les bons costumes. Comme musique, il n'y avait que le roc. Etc, etc. 

Quand papa était petit, y'avait des dinosaures - par Vincent Malone et André Bouchard (illustrations)
Seuil jeunesse, rééd. 2012. Collector. 

2 février 2012

“Is it better to have had a good thing and lost it, or never to have had it?”

IMG_6687

Hadley vient de louper son avion, à quatre minutes près. Elle doit à tout prix rejoindre son père à Londres, assister à son (re) mariage. Or, il apparaît très clairement que Hadley en veut énormément à son père de les avoir abandonnées, sa mère et elle. La jeune fille tente de se raccrocher à ses souvenirs d'enfance, à se rappeler tous les bons moments partagés ensemble, mais viennent -hélas- tous les instants plus compliqués, teintés de reproches muets, que l'adolescente a infligés à ses parents depuis leur séparation.

Dépitée, Hadley patiente donc pour le prochain vol et c'est ainsi qu'elle fait la rencontre d'Oliver, vêtu d'une chemise bleue saupoudrée de sucre. Il est de souche anglaise, il a un charme irrésistible, et un humour dont les anglais ont le mystère. Tous les deux vont engager la conversation, prendre le même avion et papoter, papoter... des heures durant. C'est évident qu'il se passe un truc entre eux, le lecteur en a bien conscience mais doit prendre son mal en patience. Et ce n'est pas plus mal, car finalement le roman n'est pas du tout ce qu'il prétend être !

En effet, ce roman m'a très sincèrement surprise ! Moi qui m'attendais à une romance gentille et adorable, j'ai finalement découvert une histoire plus profonde, plus attachante et plus bouleversante. De quoi me déconcerter au début de ma lecture. C'est seulement dans la deuxième partie où je me suis totalement sentie à l'aise, où j'ai adoré les répliques et les pensées des personnages, où j'ai été touchée par leur histoire aussi. Et cela ne se résume pas à  une simple rencontre dans un aéroport, cela parle plus précisément de nos liens avec nos familles, nos sentiments enfouis et nos rancunes tenaces, si difficiles à exprimer. Bref, ce livre prouve qu'il faut lâcher prise et savourer chaque seconde de la vie !

La probabilité statistique de l'amour au premier regard, par Jennifer E. Smith
Hachette jeunesse, 2012. Traduction de Frédérique Le Boucher. 

“Hadley grabs the laminated safety instructions from the seat pocket in front of her and frowns at the cartoon men and women who seem weirdly delighted to be bailing out of a series of cartoon planes. Beside her, Oliver stifles a laugh, and she glances up again. 
“What?” 
“I’ve just never seen anyone actually read one of those things before,” 
“Well,” she says, “then you’re very lucky to be sitting next to me.” 
“Just in general?” 
She grins. “Well, particularly in case of an emergency.” 
“Right,” he says. “I feel incredibly safe. When I’m knocked unconscious by my tray table during some sort of emergency landing, I can’t wait to see all five-foot-nothing of you carry me out of here.”

1 février 2012

Jeu de loup

Le grand Philippe Jalbert est de retour avec une histoire de LOUP ! Un instant de lecture drôlissime. Oui, parce que c'est l'histoire d'un loup qui gambade dans la forêt enneigée alors que son ventre crie famine, mais vraiment, le loup a très, TRES faim. Heureusement la délicieuse odeur de son mets préféré vient effleurer ses narines, et le loup est soulagé. La chasse peut commencer ! C'est alors que l'histoire prend un tournant étonnant, dont Philippe Jalbert a particulièrement le don, le secret et le génie. Souvenez-vous, Podlapin : c'était lui ! A ce propos, suite aux retours sur cette lecture, il m'est permis de rassurer les parents échaudés quant à la morale de l'histoire. Cette fois, il s'agit tout simplement d'une lecture pour se faire peur, dans un grand éclat de rire. 

IMG_6682 IMG_6683 IMG_6684 IMG_6685

Il y a une richesse dans le dessin et les détails pour entretenir le suspense, franchement c'est impressionnant. Le résultat est TOP ! Humour garanti. 

Jeu de loup, par Philippe Jalbert (éd. Thierry Magnier, 2012)

Publicité
Publicité
1 février 2012

Tartines de confiture au plancton & purée d'algues aux mille et une vertus diététiques

Adèle mène une vie tranquille au bord de la mer, en compagnie de son chat Sardine. Elle est un peu spéciale, elle suit un drôle de régime à base de purée d'algues bien gluante et de plancton qui ne sent pas bon... Un jour de cueillette, après une forte tempête, une rencontre incroyable va changer sa vie pour toujours.

IMG_6659 IMG_6660 IMG_6662

Quel album savoureux ! J'ai beaucoup aimé les illustrations de Magali Clavelet, dont j'appréciais déjà le travail à travers les histoires de la comtesse de Ségur éditées chez Tourbillon. Cette fois, l'illustratrice revêt aussi la parure de l'auteur - pari réussi ! L'histoire est toute simple, cela parle d'une rencontre entre une vieille dame solitaire et originale dans sa façon de manger, et d'une baleine qui va être bichonnée chez Adèle, et grossir, grossir, avant de retourner dans son élément naturel. Les expressions de Baleine sont attendrissantes, j'ai beaucoup souri. Et le texte rend parfaitement ce ton facétieux, avec des petites répliques toutes mignonnes : 

-« Dis-donc toi, tu ne ferais pas un peu de gras, il y a quelque chose qui ne va pas ? »
Baleine, gênée, baisse la tête et rentre son ventre. 

Une jolie rencontre, une histoire d'amitié qui sort des sentiers battus, un ton humoristique qui plaira aux plus petits, des couleurs et des illustrations douces et attachantes, bref une lecture qui régale sur plusieurs plans ! 

Les petits pots d'Adèle, par Magali Clavelet (Océan jeunesse, 2011)
son blog : http://magaliclavelet.blogspot.com/ 

1 février 2012

L'histoire d'un casse-tête

Au début, un mille-pattes, c'est facile à dessiner : en gros ça ressemble à une saucisse ou à une banane. Jean Gourounas s'amuse et nous fait partager cet instant délicieux au gré de ses fantaisies et de son imagination, mais trêve de plaisanterie, il faut aussi compter, mille pattes, ce n'est pas rien ! Et puis les couleurs doivent avoir un sens, la forme du corps et des pattes, il ne suffit pas d'en faire à sa guise, c'est plus sérieux qu'en apparence. L'auteur va relever ce défi avec un certain brio, et par la même occasion, il nous a offert une lecture facétieuse et originale, très appréciable. 

IMG_6655 IMG_6656 IMG_6657 IMG_6658

Un cheminement drôle entre les mots, les formes, les couleurs et les nombres. A découvrir ! 

Le Mille-Pattes, par Jean Gourounas (Rouergue jeunesse, 2012)

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4 5
Chez Clarabel
Publicité
Newsletter
2023 Reading Challenge
Clarabel has read 8 books toward her goal of 200 books.
hide
Sauveur & fils
Quatre sœurs : Geneviève
Audrey Retrouvée
Le sourire étrange de l'homme poisson
Calpurnia et Travis
L'homme idéal... ou presque
Trop beau pour être vrai
Tout sauf le grand amour
Amours et autres enchantements
Ps I Love You


Clarabel's favorite books »
Publicité