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Chez Clarabel
18 février 2016

Mentine, Tome 3 : Pas de cadeau ! de Jo Witek

Mentine pas de cadeau

Mentine Green est de retour, après un passage en Suisse, elle rentre au bercail, le sac débordant de chocolat et de fromage à raclette. Et c'est pleine d'impatience qu'elle se rue chez sa meilleure amie Johanna... qui l'accueille pour la première fois dans son appartement, en pleine cité, un lieu étriqué, bruyant et encombré. Mentine hallucine, mais tombe sous le charme de la famille Estamplade. Son amie se révèle la reine de la musique flamenca, capable de gratter sa guitare des heures durant, tandis que sa mère enfile sa plus belle robe à froufrous et ses chaussures à claquettes pour trépigner dans le salon et assurer le show. Mentine, conquise, a des étoiles dans les yeux. Prenant également conscience de n'avoir pas su être une amie à la hauteur, recevant tout son saoul, sans rien donner en échange, Mentine veut renverser la tendance et offrir à Johanna la preuve de son affection véritable. Mais à vouloir réaliser le rêve de sa confidente, Mentine en fait trop - comme toujours - et va provoquer un séïsme cosmique, lourd de conséquences. Cette fois, c'est du sérieux ! Les parents de Mentine voient rouge et sa punition sera irréversible. Ouhlala. 

C'est toujours un bonheur de retrouver l'humour et le culot de Mentine, élève surdouée et adolescente qui dépasse souvent les limites. Ce n'est pas une mauvaise gamine - la preuve, son expérience auprès des démunis lui mettra du plomb dans la tête - mais Mentine est une demoiselle hyperactive et quémandeuse d'attention. Tout le temps elle réclame de l'amour, de l'amitié, des paillettes et des délires, elle est usante, et foncièrement attachante. Dans ce troisième tome, cependant, notre héroïne brise les derniers tabous en matière de confiance. Et là, c'est le drame.

On notera aussi un joli couplet sur les Restos du Cœur, son déroulement, le bénévolat, les bénéficiaires et tous les services mis en place pour subvenir aux besoins des moins nantis. On n'a pas non plus l'impression d'apprendre notre leçon, ni de recevoir une morale culpabilisante, c'est juste une prise de conscience, pour les plus jeunes, et c'est amené en toute simplicité, sans dépeindre des situations trop misérabilistes. C'est ancré dans notre société, et ça peut concerner tout le monde, même notre voisin ou le petit caïd qui traite Mentine d'OVNI de la DNB ! Voilà tout. Cela donne une certaine profondeur à la lecture, qui procure pour l'essentiel une bouffée de joie et de bonne humeur, avec un enchaînement de catastrophes par notre Miss Surdouée qui veut décrocher la médaille de la meilleure BFF de la vie ! ;-) La distraction est assurée.

Flammarion jeunesse / Février 2016 ♦ Illustrations de Margaux Motin

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Illustration de Margaux Motin issue de la couverture de MENTINE, tome 2
© Père-Castor Flammarion, 2015

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18 février 2016

Louison Mignon contre le Bandit aux feuilles mortes, par Alex Cousseau & Charles Dutertre

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On retrouve notre adorable Louison Mignon, après une première rencontre fort craquante, où la demoiselle cherchait son chiot, alors qu'elle était en vacances chez ses grands-parents à la campagne. Aujourd'hui, elle regarde avec son Papé un film de cowboy et d'indien, un genre qu'il affectionne tant et qui donne des envies de jouer à la fillette.

Mais le temps du farniente est terminé, selon mamie (dit, le Shérif) qui les expédie dans le jardin, pour ramasser les feuilles mortes. L'enfant et le grand-père ne se font pas prier et se lancent très vite dans une aventure directement inspirée de leur film préféré.

Tandis que Louison construit un tipi autour du vieux tracteur, et donne enfin un nom à son chiot (Petit Poney), Papé met son chapeau de cow-boy et dégaine son râteau pour tirer sur le campement indien. La guerre est déclarée. Pan, pan ! Haut les mains ! etc.

On s'y croirait.

Le Shérif a beau rouspéter depuis sa fenêtre, nos illuminés du Far West s'éclatent au jardin et se planquent sous le tipi aux premières gouttes de pluie. Tant pis s'il y a des pommes à éplucher, mieux vaut se faire oublier dans son coin... sous le sourire goguenard du Shérif, ah ah ah ! ;-)

Ce deuxième rendez-vous réunit de nouveau l'humour, la tendresse, la complicité, le goût des bonnes choses et des bonheurs simples. Louison Mignon est une héroïne adorable, à l'imagination débordante, et toujours partante pour s'amuser avec trois fois rien. 

Rien que pour ça, cette série est TOP, racontée par Alex Cousseau (finesse, humour, exaltation) et dessinée par Charles Dutertre (gros traits noirs, charmants et cocasses), bref un duo efficace et qui fait mouche. Pas étonnant qu'ils développent le concept, en publiant deux autres aventures cette année : Louison Mignon et le cochon caché & Louison Mignon fait des confitures avec le shérif (avril 2016). 

Et il me tarde de retrouver ce joli petit monde, fait de douceur et de tendresse, avec ce grain de folie que j'apprécie tant ! 

Rouergue / Septembre 2015

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18 février 2016

Mè keskeussè keu sa ? de Michel Van Zeveren

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Chic, un nouvel album de Michel Van Zeveren ! Et le bonheur qui se dessine sur les lèvres rien qu'à découvrir la couverture ET le titre.

Mè Keskeussè keu sa ?

Une histoire drôle, basée à l'époque préhistorique, où un couple d'amoureux, Kiki et Koko, découvre au fond de leur grotte une petite chose, avec des bras, des doigts, des jambes, des orteils, des oreilles, un nez et des yeux, comme eux, sauf que la chose est minuscule, pousse des beuglements ou gazouille comme un petit oiseau.

Ça vient d'où ? à quoi ça sert ? pourquoi elle est à terre ? C'est probablement une saleté. Une petite Crasse. Un nom tout trouvé. ;-)

À tour de rôle, le couple va s'attendrir, prendre l'enfant dans les bras, lui faire des câlins, des chatouilles, des papouilles... et craquer. Puisque, finalement, cette petite Crasse est trop mignonne, rien que pour eux, rien qu'à eux.

Oui, c'est drôle à lire... c'est écrit comme ça se prononce et ça fait beaucoup rire les enfants ! Et puis l'histoire est attachante, avec sa façon de raconter la venue d'un bébé et de devenir parents, comme ça, en toute simplicité. 

Sé trop mignon... Wiwiwi ! 

Pastel / École des Loisirs ♦ Février 2016

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17 février 2016

Une nuit à la bibliothèque, de Chiaki Okada et Kazuhito Kazeki

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Qu'il est drôle, cet album traduit du japonais ! Qu'il est beau, aussi... et surprenant ! 

L'histoire raconte la vie secrète d'une bibliothèque, et celle aussi des doudous que les enfants apportent pour une nuit entière au pays magique des livres et de la lecture. Oui, oui... c'est incroyable ! 

Les enfants se rendent donc à une séance de lecture à la bibliothèque et y laissent leurs doudous avant de rentrer chez eux... le cœur un peu lourd, il faut bien l'avouer. La nuit tombe et le miracle va s'accomplir : les doudous se réveillent et décident de fouiller dans les étagères. Des livres, des tonnes de livres, lequel choisir ?

À force de faire un tel bazar, les doudous se font remarquer... et les charmantes bibliothécaires les découvrent, sans paraître plus surprises, car elles décident de les chouchouter. (Certes, j'ai été étonnée de voir les bibliothécaires encore à l'ouvrage en pleine nuit... mais laissons le pouvoir des mots et des images chasser notre pragmatisme d'adulte !)

Et l'histoire de nous dorloter avec son ambiance cocooning délicate et raffinée, son histoire pleine de charme et de poésie, qui invite forcément à rêver, à aimer les livres et les bibliothécaires... puisque cet album leur rend un bel hommage. ;-) C'est adorable, franchement craquant, et délicieusement onirique.

Seuil Jeunesse / Février 2016

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17 février 2016

Où es-tu Léo ? de Guillaume Olive & He Zhihong

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Magnifique couverture pour un album très beau, très doux, très émouvant aussi.

C'est donc l'histoire d'une complicité entre un garçon et son chien. Léo est un colley de douze ans, considéré comme un membre de la famille à part entière. Il a grandi auprès du petit garçon, toujours prompt à veiller sur ses arrières et être un compagnon de jeux irréprochables. Et c'est clair que ces deux-là sont inséparables.

Jusqu'au jour où l'enfant rentre à la maison et appelle son chien, pensant le trouver au pied du canapé, comme à son habitude, mais cette fois il n'y a pas de retour (le chien était malade, parti à l'hôpital... bref, on lit le drame entre les lignes).

Tous ceux qui ont un animal chez eux comprendront la portée de cette histoire, qui touche en plein cœur. J'ai apprécié toute la tendresse qu'elle laisse transparaître, et dans son portrait d'une connivence hyper touchante, et dans ses illustrations délicates et majesteuses.

Une lecture d'une grande sensibilité, dessinée avec beaucoup de subtilité, pour laisser à l'enfant le droit de choisir sa propre fin. 

Seuil Jeunesse / Février 2016

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17 février 2016

L'Accélérateur d'Amour, d'Arnaud Tiercelin

Avec un titre pareil, la curiosité est titillée à fond ! 💚

L'accélérateur d'amour

Clément est tombé raide dingue amoureux de Kenza, le 2 septembre au matin, dès qu'elle a franchi la porte de sa classe de CM2. Depuis, il plane sur son petit nuage... mais souffre aussi le martyr car il se sent transparent aux yeux de sa douce. Invisible. Inexistant. La fille ne le calcule pas, ignore même son prénom ! Clément est effondré. Il se confie alors à sa “nouvelle sœur” Solenn qui déclare détenir LA solution. Une formule magique, Amoradabra, quelques infusions à avaler, des poèmes à déclamer, un chat à sauver, du gingembre à ingurgiter... Nul doute qu'après tout ça, la femme de sa vie lui tombera dans les bras ! ;-)

Mais alors que tout semble se goupiller au mieux pour notre Roméo de dix ans, ses certitudes s'effritent et le plongent de nouveau dans un profond désarroi. Clément est fou amoureux de Kenza, mais pense de plus en plus à Solenn. Il ferme les yeux, et ce sont ses yeux, ses dents, son sourire qui s'impriment dans son esprit. Quelle confusion. Est-ce seulement envisageable de penser si fort à la fille de la nouvelle amoureuse de son papa ? Et peut-on tomber amoureux de deux filles à la fois ? Notre pauvre Clément est carrément paumé. 

En voilà un chouette roman qui traite d'amour et des émotions avec légèreté, tendresse et humour ! Nos jeunes héros tourmentés ont à peine dix ans, mais connaissent déjà les cœurs qui palpitent, les affres de l'incertitude et la confusion des sentiments. L'histoire est naturellement racontée en toute simplicité, sans chichis, mais avec justesse et bienveillance. Les tergiversations romantiques de Clément se frottent aussi à des situations cocasses, dont le fameux accélérateur d'amour, et plantent un portrait de famille recomposée attachant, et celui d'un papa écrivain, doux-rêveur, résolument craquant ! 

Rouergue Jeunesse / Novembre 2015 ♦ Illustration de couverture : Thomas Rouzière / Olivier Douzou pour le graphisme

16 février 2016

Le Grand roman de ma Petite vie, par Susie Morgenstern & ill. par Albertine

Le grand roman de ma petite vie

Bonnie est une adolescente de 13 ans, qui vit à Paris dans un petit appartement exclusivement féminin. Sous le même toit, cohabitent donc la grand-mère Omama, la mère surbookée par son boulot et notre héroïne dont la tête grouille de questions existentielles, du genre : se réveiller ou rester au lit, routine ou aventure, sociable ou sauvage, jeans ou jupe, se marier ou rester célibataire, divorce ou famille unie, accepter ou se battre, mon histoire ou la tienne... Enfin bref, après un début assez hésitant, très ancré dans les préoccupations adolescentes, le roman finit par proposer une perspective de lecture tout à fait délirante ! Car notre jeune narratrice est drôle et talentueuse, à cultiver un humour mordant et voir la vie autrement. Son approche est féministe, résolument. Car elle doit aux femmes de sa vie le choix de conduire son destin de manière décomplexée, du moins c'était avant de se trouver empruntée, figée dans un corps dont on ne contrôle plus les odeurs, affublée d'une chevelure improbable, avec le sentiment de paraître perpétuellement dégingandée. Treize ans, ça use. Aussi Bonnie affronte ses propres tempêtes avec un sens de l'autodérision absolument jouissif. Il faut la suivre dans ses aventures, quand par exemple elle décroche sa participation à un concours d'écriture et qu'elle doit se rendre à Deauville, avec Carl, l'autre candidat qualifié, dont elle est secrètement amoureuse, et quand la grève des trains menace leur voyage, ils décident tous deux de louer un tandem et de pédaler jusqu'en Normandie ! Et ça continue de tourbillonner dans tous les sens, entre une vie familiale turbulente, un papa absent qui réapparaît par magie, une meilleure amie qui voit son monde s'écrouler, une grand-mère secrète qui dévoile peu à peu une vieille histoire de famille, une montre Patek Philippe qu'on dote de tous les honneurs, une mamie richissime qui s'ennuie au Bristol, un job décroché en douce pour s'offrir une chambre à soi, et un appartement de plus en plus riquiqui pour accueillir une joyeuse smala ! Le roman est ainsi riche d'une ambiance colorée, pétulante et chaleureuse et peut s'enorgueillir d'offrir un moment de lecture à la fois tendre et désopilant, où viennent s'y faufiler les illustrations facétieuses d'Albertine qui apportent un charme supplémentaire à cette délicieuse surprise de début d'année ! À découvrir.  

La Martinière J. / Janvier 2016

15 février 2016

Pinocchio raconte Pinocchio, de Michael Morpurgo & ill. par Emma Chichester Clark

Pinocchio raconte Pinocchio

Pinocchio est loin d'être mon conte préféré, pourtant il m'a été impossible de résister à cette adaptation de Michael Morpurgo. Parce que, Michael Morpurgo. En duo avec Emma Chichester Clark, dont les illustrations pleines de charme ont su apporter de la fraîcheur à cette histoire d'un grand classicisme. Un vent de folie souffle donc sur cette version, et ça fait du bien.

C'est donc l'histoire d'un petit bout de bois, sculpté pour en faire un pantin, que quelques larmes de détresse ont su animer par magie. Ainsi naquit Pinocchio. Ses parents, fous de joie, se plient en quatre pour combler tous ses désirs, à tel point que ce fils trop gâté agit souvent sans réfléchir et leur cause beaucoup de chagrin. Pinocchio a soif de liberté, d'aventure et de découverte, aussi court-il droit devant, sans s'arrêter, zigouillant sans vergogne un Grillon Parlant, avant d'être rongé de remords, ou suivant naïvement un duo improbable, constitué d'un renard boîteux et d'un chat aveugle, avec la promesse d'une future grande fortune. Pinocchio est un benêt, mais un benêt attachant. Après tout, « grandir est une période passionnante et difficile ». Son apprentissage est une mise à l'épreuve de chaque instant, une série de tentations, un lot de souffrances, une suite de dangers et de catastrophes, d'erreurs et de malheurs, d'espoir et de bonheur. De vraies montagnes russes. Cette lecture pleine de dynamisme est ainsi touchante dans son approche, en donnant la parole à Pinocchio lui-même, qui livre sa propre version de son histoire légendaire. Morpurgo a puisé l'inspiration dans l'œuvre de Carlo Collodi, mais en apportant sa touche personnelle, beaucoup plus actuelle. Le roman n'en est que plus innocent et malicieux, surprenant et drôle.

Gallimard Jeunesse / Octobre 2015 ♦ Traduit par Diane Ménard (Pinocchio)

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SOURCE : Emma Chichester Clark

 

🍀🍀🍀🍀🍀🍀🍀🍀

 

Et pour les amateurs du genre, n'hésitez pas à vous pencher sur le roman de Gilles Barraqué, Fantoccio (L'École des Loisirs, 2015) dans cette version tout aussi originale et inattendue. 

Fantoccio par Barraqué

Une nuit, dans la campagne de Toscane, sur la table d'une demeure crasseuse, un grand pantin de bois s'éveille à la vie, aidé par de puissantes incantations de sorcellerie. Fantoccio, doté des facultés de penser, de ressentir et d'agir, conçoit aussitôt sa naissance comme un vrai miracle. Geppetto, son maître marionnettiste, a de grands projets pour lui mais ce destin tout tracé va de moins en moins enchanter notre créature, qui ne supporte plus les faux-semblants. Sa rencontre avec la jolie Livia, dont il tombe amoureux, lui donnera aussi l'envie de voir plus loin, de briser ses chaînes et de satisfaire ses rêves insensés.

C'est un douloureux apprentissage de la vie, raconté avec beaucoup de tendresse et d'émotion. Le personnage de Fantoccio rappelle évidemment celui de Pinocchio dans sa perception naïve des choses et la grande désillusion qui succède ses découvertes, sauf que le héros de Gilles Barraqué est davantage un adolescent, qui porte sur son entourage un avis teinté d'amertume et de déception (j'ai parfois pensé au mythe de Prométhée & Frankenstein). Fantoccio est un garçon avec des pulsions et des interrogations, et tout ça fait que ça grouille dans sa tête, au risque de déborder. Il n'accepte plus d'être une “marionnette” entre les mains de son créateur et aspire à s'émanciper. Ce saut dans le vide fait écho au passage à l'âge adulte, un cap délicat, qui ne se déroule pas sans heurt. Ce roman d'une grande sensibilité n'est pas à mettre entre toutes les mains, d'autant plus que son style abattu est à mille lieux de la plume poétique et enchanteresse que j'avais savourée dans Au Ventre du Monde. Une impression plus mitigée, donc. 

 

15 février 2016

Jonas Le Requin mécanique, de Bertrand Santini & ill. de Paul Mager

Jonas le requin mécanique

Ancienne vedette d'une série de films à succès (Les Dents de la mort), Jonas, le requin blanc, coule une retraite paisible à MonsterLand, un parc d'animations réunissant les monstres du cinéma. Il tente ainsi de distraire un public désabusé en singeant ses anciennes prouesses, mais notre mangeur d'hommes accuse les années et une mécanique rouillée. Résultat, le spectacle est constamment annulé, à force de pannes répétées. Le directeur est à bout de patience et décide d'envoyer Jonas à la casse.

Seulement, cette discussion n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd et le vieux Krokzilla veut avertir son pote de prendre la poudre d'escampette. Pourquoi ne pas saisir la chance de vivre son rêve en goûtant à la vie sauvage et aux courants de l'océan ? Mais Jonas en frissonne d'effroi. Il refuse de quitter son nid douillet, persuadé de la bonté des humains, auxquels il a dédié sa vie en tentant de les divertir du mieux possible. Ha, ha. Quel utopiste. 

C'est donc contraint et forcé que le cauchemar des stations balnéaires de Californie s'aventure vers le grand large, croisant en chemin un manchot rigolo, pris au piège d'un filet de pêche. Lui, Jonas, est enchanté de se faire un nouveau copain, sans toutefois oser lui avouer qu'il est fait de boulons et d'huile, de peur d'être ridicule. Loopy tombe dans le panneau et pactise avec le diable pour assurer ses arrières. 

Leur équipée folle et incongrue donne lieu à une lecture absolument désopilante ! 😉 On rit, on frémit, on sourit, on soupire, on râle, on beugle et on pousse des cris... de joie et de bonheur. Franchement, ce sont 110 pages de plaisir, pigmentées d'illustrations semblant tout droit tirées d'un film d'animation -quelle coïncidence - et forte d'une histoire délirante, racontée avec verve et humour, pour un festival de sensations.  

Après le succès du Yark, Bertrand Santini propose un autre héros littéraire à la fois touchant et délicieusement naïf (datant de 2014, depuis l'auteur a aussi raconté les aventures du chien Gurty). Jonas est une créature précédée de sa réputation monstrueuse, alors qu'il est finalement tout sucre tout miel au fond de lui, confronté à un apprentissage de la vraie vie, tantôt brutal, tantôt cocasse.

On croise aussi une belle brochette d'énergumènes dans cette épopée, dont le coriace capitaine Grisby ou le très avide Gavin Payet, plus tous les habitants de Wampanig Island qui lancent une pêche au trésor contre le squale. Les humains sont des idiots. Et Jonas, un doux rêveur. Lui avait pour désir profond de rencontrer sa maman et d'être vivant “pour renifler le froid, le chaud, la faim, sentir la flamme brûler, le vent caresser et renifler les odeurs, même les mauvaises” ! 

Quelle tristesse. On pense aussi à Pinocchio en lisant la fin émouvante, quelque peu précipitée, tout en refermant ce petit bouquin et en soupirant fort, fort, fort... de bonheur. Voilà une lecture exquise, merveilleusement drôle et légèrement attendrissante, conduite avec panache et tendresse. On passe un fabuleux moment en compagnie de Jonas, à terrifier les foules et à braver les tempêtes ! Je recommande.

Grasset Jeunesse / Octobre 2014

J'avoue que j'ai beaucoup aimé la représentation du pirate et de son singe...

SOURCE : Paul Mager

 

13 février 2016

Mon chagrin éléphant, de Cécile Roumiguière & Madalena Matoso

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Après la perte de sa grand-père, l'enfant éprouve beaucoup de chagrin. Un chagrin énorme et encombrant, comme un éléphant. Ce dernier est bleu et vient de surgir sans crier gare dans la voiture, assis confortablement à côté du garçon. Il lui demande même de chanter une chanson... Ses parents ne voient rien, mais lui reprochent de ne pas respecter leur chagrin et réclament du silence.

L'enfant est contrarié. D'abord, il y a cet éléphant qui ne le quitte plus. Il incarne son chagrin, dit-il. C'est lourd, ça ne s'oublie pas, ça vous colle partout. Et l'absence de Mamiette aussi pèse lourd dans la balance. C'est douloureux de penser à elle, de songer à son jardin et à ses fleurs qui vont faner. Aussi, le temps passe et l'éléphant ne part pas.

La tristesse est là, tenace et entêtante. Mais elle s'amenuise tout doucement. D'ailleurs, la taille de l'éléphant aussi se réduit. Il prend de moins en moins de place, se fait discret. L'enfant peut même chanter à tue-tête dans la voiture, ses parents reprennent le refrain en chœur. Le temps de l'éléphant est compté...

Cette belle image du deuil, du chagrin, de la tristesse, représentée par un gros éléphant bleu, est ingénieuse et adorable dans sa façon de faire éclater les couleurs, les rondeurs, les volumes, les chansons. Quand le chagrin vous imprègne des pieds à la tête, il finit par vous obséder et vous accabler. Seulement, l'amour ne se mesure pas, n'est pas non plus affaire de souffrance.

On n'oublie jamais un être cher, on peut y penser souvent, en humant une fraise des bois, un hortensia ou une tarte aux pommes. Un chagrin éléphant ne se cramponne pas, il sert à vous accompagner, à vous guider vers la gaieté. À soulager les mines tristes, les larmes, les moues boudeuses, le cœur trop gros, trop lourd.

Beaucoup de tendresse, de sagesse et de poésie dans ce magnifique texte de Cécile Roumiguière, à travers un album émouvant que les illustrations rayonnantes de Madalena Matoso détournent pour incarner la joie, les sourires, la vie. Une belle lecture, nécessaire pour contrer les petits bobos de la vie et tacler les coups de blues.

Thierry Magnier, août 2015

 

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