Des trolls de dents et la bistrouille à Takadoum
A l'âge de 6 ans, les 2/3 des enfants français ont au moins une carie. En 2006, 830.000 bébés sont nés en France. En 2012, les dentistes devront donc soigner au moins 555.333, 33 caries !
Cet album débarque de Suède où les trolls de dents font partie intégrante du folklore suédois ! C'est une manière très originale et absolument drôle d'inviter les enfants à se brosser les dents. Avec cette histoire de trolls de dents, ils vont découvrir le métier de ce peuple ancestral qui se loge dans les bouches avides de sucreries et fore, perce, creuse les dents pour gagner leur vie !
Hélas, leurs ennemis sont nombreux : la brosse à dents, le fil dentaire, le dentifrice, l'eau citronnée et les dentistes ! C'est bien connu que l'hygiène dentaire et le lobby des dentistes constituent une menace de plus en plus réelle pour la survie des trolls de dents, mais grâce à la mondialisation des bonbons et à l'apprentissage des langues, les trolls de dents peuvent maintenant être dans toutes les bouches ! De Stockholm à Paris, ils travaillent d'arrache-pied à l'industrialisation et à l'échange des richesses en sucre !
Si d'aventure vous fronciez les sourcils, vous devez vite comprendre une chose : Nina Blychert, l'auteur, donne du piquant à son histoire en prenant à contre-pied les discours didactiques et moralisants auxquels caries et trolls de dents sont associés. La manière est gagnante car cela fait rire les enfants ! Libre à eux d'en tirer les leçons qu'ils veulent, mais soyez rassurés que ce n'est pas négatif ! ...
L'ensemble est bien imaginé, la caricature du troll de dents est abominable mais impossible de détester ! Les illustrations sont jolies, un peu désuètes et décalées. Une découverte vraiment sympathique.
Trolls de dents, texte et illustrations de Nina Blychet - Editions du Rouergue, coll. Varia - 40 pages. Mai 2007 / 14 euros
Partons maintenant au village de Takadoum, au coeur de la Médina, pas très loin de la plage. C'est un petit village paisible, qui baigne dans des nappes de brouillard. Cela arrange tout le monde car chacun mène sa vie tranquillement dans son coin, sans embêter le voisin.
Or, l'un des habitants, Anatole, est ennuyé de ne jamais voir le soleil. Il décide de capturer les nuages qui s'envolent vers la plage. Takadoum est dévoilé, de même que l'intimité des uns et des autres n'a plus de secrets pour personne.
Quelle déconfiture ! On se dispute, on se fâche, on s'embrouille.
Anatole est contrarié et aimerait retrouver la tranquillité à Takadoum en espérant le retour des nuages.
Ce livre est une invitation fantasmagorique de l'idiome : Pour vivre heureux, vivons cachés. Ou : Pour vivre ensemble, vivons en toute liberté. La réflexion est subtile car le procédé de Thisou, l'auteur, mêle avec finesse collages en papier de soie et dessins au trait. L'aspect est raffiné, il faut se pencher sur l'ouvrage pour scruter les moindres détails. Et l'humour ne manque pas.
Un album avec beaucoup de charme, plutôt drôle, et qu'il faut lire attentivement.
Moi je sais qui, par Thisou. Editions du Rouergue, coll. Varia - 48 pages - Avril 2003 / 15 euros