Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chez Clarabel
24 janvier 2009

« Un nouveau monde nous attend ! »

Les Vampires de Manhattan, de Melissa de la Cruz

51aY_2BleavdL__SS500_Ils incarnent la jeunesse dorée de New-York, ils sont tous beaux, riches et désinvoltes. L'avenir leur sourit dans leur petit cercle protégé qu'ils fréquentent, que ce soit dans leur école privée ou dans les clubs underground, ils ne craignent rien ni personne... et puis le drame frappe l'une des leurs, lorsque Augusta Carondolet est retrouvée morte. Theodora Van Alen accepte la version officielle, on parle d'overdose, mais le très séduisant Jack Force la prévient que c'est un mensonge. C'est étrange, pourquoi le garçon le plus populaire se rapproche de Theodora la transparente, qui préfère les vêtements vintage aux grandes marques de la mode ? Et puis elle est le souffre-douleur de Mimi Force, la soeur jumelle de Jack, qui est d'une beauté époustouflante mais qui est également une garce finie. Elle ne se déplace jamais sans ses courtisanes, parmi lesquelles on trouve la texane Bliss Llewellyn. Cette dernière a eu un coup de coeur pour Dylan Ward, un nouvel élève qui joue les mauvais garçons. Il aime traîner avec Theodora et son meilleur ami d'enfance, Oliver Hazard-Perry, lequel est piqué de jalousie du flirt naissant entre sa copine et Jack Force. De même,  Mimi ne supporte pas non plus ce soudain attachement entre son frère et son ennemie jurée, ni la toquade entre Bliss et ce Dylan au blouson en cuir usé qui lui file des frissons sur tout le corps.

L'intrigue se résumerait-elle à une guéguerre des nerfs, teintée de haine et d'envie, entre beaux gosses du même milieu ? Pas du tout. On va découvrir peu à peu un vrai suspense dans cette histoire, en plus de savoir qui a tué la jeune fille. Car sous le brillant, on tombe sur des secrets de famille, des légendes et même des faits remontant à la colonie de Plymouth, au XVIIème siècle. Malheureusement le titre français crache un peu vite le morceau, parce qu'il s'agit bel et bien d'une histoire de vampires. Mais le mythe ici est encore une fois exploitée de façon surprenante, loin du folklore habituel. Et c'est ce qui excitant à imaginer. On parle de sang-bleu (cf. le titre vo : Blue Bloods), de régénération, de Comité, de Sentinelles et de familiers humains, d'Intermédiaires aussi. C'est recherché, et d'ailleurs c'est carrément l'intérêt véritable de cette série, bien au-delà des descriptions parfois crispantes de la faune pleine aux as (parce que, bof-bof les nunucheries qui entourent les personnages, et cette manie de les détailler du pied à la tête, *soupirs*). Ce livre se termine sur des questions qui restent ouvertes, l'intrigue est en place, ayé j'en redemande !

Albin Michel, coll. Wiz, 2007 - 341 pages - 13,50€
traduit de l'anglais (USA) par Valérie Le Plouhinec

d'autres avis : Gaëlle, FrancescaVirginie (Chrestomanci)

 

 

 

Les Sang-Bleu, de Melissa de la Cruz

 

 

 

 

 

 

 

L'histoire s'enchaîne à Venise, où Theodora Van Alen veut retrouver son grand-père qui s'est volontairement mis en exil par rapport aux vampires de Manhattan. C'est une décision lourde de conséquences, prise des années 51zC5geOxBL__SS500_auparavant, quand la famille Van Alen s'est opposée au Conclave, ce comité qui régit la communauté en imposant le code à suivre, car l'assemblée ne veut pas reconnaître l'existence du sang d'argent, l'ennemi redoutable des sang-bleu. Aujourd'hui il semblerait que les Van Alen ait toujours vu juste, car la jeune génération des vampires est petit à petit décimée par des attaques isolées, mais répétées. Theodora est la dernière descendante de la famille, ce n'est pas facile pour elle car sa mère est plongée dans un profond coma, et son histoire personnelle est assez compliquée car c'est une sang-mêlée (son père est humain, Allegra Van Alen a rompu les liens ancestraux en s'unissant à lui). Elle est aussi affligée à cause de sa passion contrariée pour Jack Force, le jumeau de Mimi, car ces deux-là sont unis par le lien d'immortalité, impossible à briser. Theodora commence aussi à ressentir la soif, son corps accuse des signes de faiblesse, et il faut qu'elle pratique le Baiser Sacré. C'est alors que son lien, déjà très fort, avec Oliver Hazard-Perry devient encore plus important, mais dangereux. A ceci s'ajoute l'arrivée d'un nouvel élève à Duchesne, il se nomme Kingsley Martin. Son charme est magnétique et malicieux, le garçon attire Mimi Force dans un jeu machiavélique et il jette son dévolu sur Bliss Llewellyn, laquelle souffre d'affreux cauchemars et ne se console toujours pas de la disparition de son ancien petit ami, Dylan Ward.

C'est vraiment captivant, il y a de plus en plus du suspense dans cette série. La vision sur les vampires est franchement originale, loin des clichés. On découvre l'étendue de leurs pouvoirs, leurs faiblesses aussi. En plus, les liens d'immortalité prennent une importance considérable, et cela se vérifie dans les histoires amoureuses. On devine que des triangles sont possibles entre Oliver - Theodora - Jack - Mimi, mais désir et code déjà établi ne font pas bon ménage. L'exemple de la mère de Theodora rappelle combien il est impossible de briser les liens d'immortalité. Et puis des secrets ne cessent de sortir des placards, avec des éléments nouveaux et stupéfiants (et qui promettent de secouer la communauté vampirique). Cette série est beaucoup plus riche que l'étendard affiché par la superficialité, le glamour, la hype attitude et les fringues branchées. J'ai même trouvé que c'était parfois proche de Harry Potter (avec les incantations en latin, les entraînements, les forces du mal, le combat qui approche...). La communauté des vampires est également divisée, entre les sang-bleu qui veulent apporter paix, beauté et lumière tandis que le sang d'argent recherche le chaos. Mais l'ennemi est invisible, ce qui rend la tension encore plus excitante. J'attends le troisième tome avec impatience, car je suis très agréablement surprise par la série de Melissa de la Cruz.

Albin Michel, coll. Wiz, 2009 - 340 pages - 13,50€
traduit de l'anglais (USA) par Valérie Le Plouhinec

Publicité
Publicité
23 janvier 2009

Le temps des miracles - Anne Laure Bondoux

51_2BKkgfaKsL__SS500_

C'est l'histoire d'un petit français égaré dans le Caucase, Koumaïl n'est qu'un bébé lorsqu'il est sauvé d'un accident de train par Gloria, qui le recueille et l'élève. Mais le pays entre en guerre, il faut partir, marcher droit devant. A sept ans, le garçon connaît déjà les abris de fortune, la faim, le froid et la menace de voir la milice débarquer. Gloria et lui s'enfoncent toujours plus loin dans les montagnes, lient des amitiés avec d'autres compagnons de misère qu'il faut sans cesse quitter dans la précipitation. Cela n'entache ni leur énergie ni leur espérance, car Koumaïl sait qu'il est citoyen de la république française et qu'il s'appelle Blaise Fortune. Gloria lui a assez raconté son histoire pour qu'il la ressasse jusqu'à tomber de fatigue. Il sait qu'un jour il doit retourner chez lui et retrouver sa mère, d'ailleurs Gloria s'occupe de tout, pour traverser le continent et les frontières on peut lui faire confiance.

Quel merveilleux roman ! C'est une histoire d'exil qui me rappelle quelque part le roman de l'italien Fabio Geda car ce sont deux livres qui racontent le périple d'un jeune garçon parti sur les routes pour retrouver un être cher mais qui savent échapper à tout ennui, toute morosité et toute tristesse. Que dire, que dire... du charme fou, de l'écriture sans pareille d'Anne-Laure Bondoux, des personnages tous plus extraordinaires les uns que les autres, du message d'espoir derrière chaque chapitre, des petites larmes de bonheur, des promesses d'amour aussi, des histoires qu'il faut sans cesse se raconter pour se créer un monde meilleur, se réinventer et s'offrir une vie plus belle, pleine d'espoir et de lumière... c'est un peu tout ça, et bien plus encore. Je vous laisse le plaisir de la découverte, c'est mon autre roman coup de coeur du moment (avec celui de Fabio Geda).

Bayard, 2009 - 255 pages - 11,90€

http://letempsdesmiracles.bondoux.net/

l'avis de Gaëlle

 

 

 

 

 

 

D'autres romans d'Anne-Laure Bondoux : PépitesLes larmes de l'assassin

22 janvier 2009

Retour au pays bien-aimé - Karel Schoeman

51pkkdx1RhL__SS500_George, profitant d'une semaine de congés, retourne sur les terres de sa mère défunte, en Afrique du Sud. Il souhaite visiter Rietvlei, la ferme familiale, mais ne découvre que des ruines. En chemin, il s'est arrêté chez des voisins, les Hattingh et leurs quatre enfants, qui lui ont forcé la main en en lui demandant de séjourner plus longtemps chez eux. C'est l'occasion, surtout pour la femme, de se remémorer une époque plus heureuse, plus faste. Les fermes étaient opulentes, les soirées guindées, il y avait de la richesse, de la liberté, de la joie. Et puis tout est parti, en commençant par les fermiers, exilés à l'étranger. George a suivi ses parents, il n'avait que cinq ans. Il pensait ses souvenirs éventés, mais une fois sur le terrain, il est submergé par des images, des sons et des sensations insoupçonnés.

C'est un roman qui a été écrit en 1972, en plein apartheid. Le décor y est âpre, rancunier et lourd de tension. Il y a eu de la perte, de la rancune, du gâchis aussi. On sent le climat oppressant, la violence dans le fond. Les rares personnages croisés sont teigneux, le décor n'est qu'amertume. Il n'y a aucun exotisme comparable au roman de Rosamund Haden, par exemple. Mais à travers le voyage de George, on devine un autre secret, on essaie de comprendre ses motivations. Sa présence suscite de la suspicion, ce n'est pas possible de fouiller le passé en ignorant que ce monde-là a volé en éclats. Pourquoi ce retour ? N'a-t-il pas conscience du danger ? Ou est-il aveugle par convenance ? Mais le roman a démontré que tout ce monde était enfermé dans ses souvenirs et ses rêves de temps passé. Et c'est cette nostalgie qui plane sur l'histoire, cette atmosphère de sombre résignation, de leurre et de silence.
C'est étrangement captivant.

10-18, 2009 (Phébus, 2006)
250 pages / 7,90€
traduit de l'afrikaans par Pierre-Marie Finkelstein

l'avis de Cathe

22 janvier 2009

Un mètre quatre - Anne de Rancourt

51gO1tVEj5L__SS500_Anne, mais tout le monde dit Nanou, a sept ans. Elle n'est pas très grande pour son âge, 1 mètre quatre sur le mur des tailles, et elle souffre d'une maladie du sang que les médecins n'arrivent pas à diagnostiquer. Mais c'est grave, disent-ils à la famille. Alors Nanou doit être courageuse, aidée par sa tante Alice fantasque et souriante, qui lui confie un grand cahier bleu dans lequel elle pourra écrire toutes les histoires qu'elle veut. C'est le rêve, surtout pour une petite fille qui vient d'apprendre à lire et écrire, et qui aime les livres et le dictionnaire. Elle ne comprend pas tous les mots qu'on emploie autour d'elle, mais elle les enregistre, ou elle improvise à sa façon, en parlant de la firmière, de stage ou de greve. C'est un charabia d'une simplicité bouleversante, mais pas du tout pleurnichard. Nanou est une fillette pleine de courage, qui en a un peu ras-le-bol d'aller à l'hôpital, qui pleure quand elle a mal avec les piqûres ou parce que sa grande soeur lui dit des méchancetés, mais il y a toujours la tante Alice qui dédramatise tout, qui explique les grimaces de sorcières dans le ventre, faites exprès pour embêter le monde, ou qui dit combien sa soeur Valentine se sent seule et triste, mais elle exprime sa colère maladroitement.

La tante Alice a une place très importante dans l'histoire, et on se demande où se trouve la maman (et ce n'est pas de bol non plus pour elle, mais non elle n'est pas morte !). Alors tout cela est caché derrière la ravissante couverture, pleine de naïveté. Pour un moindre mal ? Pas du tout, je rétorque. Car cette histoire n'est finalement pas tristounette, malgré son support. On a plutôt envie de sourire en découvrant l'inventivité de la petite fille, et son combat contre la maladie ressemble vite à une anecdote importune. C'est son regard aussi sur sa famille qui est touchant, très beau. Il y a beaucoup de candeur dans ce livre, au-delà de la maladie, de la souffrance et surtout des larmes. Tout ceci est vite recalé, la petite Nanou s'en charge.
A prendre ou à laisser (mais la 2ème option serait dommage).

Buchet Chastel, 2009 - 172 pages - 13€

Anne de Rancourt est aussi l'auteur de "Comment élever un ado d'appartement?" et "Je suis ronde et j'aime ça".

21 janvier 2009

« moi, je dis que j'aime me toucher pour le plaisir, c'est tout »

Jeu de mains - Adeline Yzac

51ZkmX_2Bp1UL__SS500_Valantin, quinze ans, est un adolescent encombré d'un corps qui a brusquement changé du jour au lendemain. Lui si maigre est devenu grand et costaud, et sous la ceinture aussi c'est le feu d'artifice. Mais tout cela gêne un peu notre garçon, malgré tout timide et maladroit. Il est couvé par ses parents, impossible donc de leur en toucher deux mots, c'est gênant. Parce que Valantin se sent un véritable obsédé. Il aime les filles, il aime les regarder, il aime alimenter ses fantasmes, et patatras... son Pepsi, comme il l'appelle, se met au garde à vous. C'est systématique, mais source de malaise et de pudeur aussi. L'histoire commence avec l'achat d'une paire de ciseaux, mais pourquoi ? Tout au long du roman on attend du garçon qu'il nous explique, assis dans sa chambre, avec ses ciseaux à côté de lui.

C'est un livre très intelligent, qui traite d'un sujet peu commun et de façon assez explicite, sans toutefois être vulgaire. On peut y percevoir une façon de déculpabiliser l'adolescent et son rapport avec le sexe, ce n'est pas une maladie ou une perversion, c'est juste la vie. La nature. Et également l'histoire montre que ce n'est pas facile non plus d'être un garçon, « On croit toujours que c'est les filles qui sont fragiles. T'es un mec, t'as pas droit au doute. Pas droit de décevoir. Pas droit de te regarder le nombril. Et je parle même pas de te montrer délicat, tu deviens carrément suspect. » Et encore moins évident de faire comprendre aux parents qu'il faut « couper le cordon », laisser grandir, lâcher la grappe.
Un texte qui sonne très juste.

Rouergue, coll. doAdo - 2009 - 110 pages / 7€

l'avis de Vanessa (Eliabar)

 

**********

Récit intégral (ou presque) de mon premier baiser - Jo Witek

9782020984898Bon, on voit bien que ce n'est pas facile de grandir. Physiquement, ou même dans sa tête. Xavier a 13 ans 1/2 et il vient de tomber amoureux de Mina, une jolie brune à la voix cassée. C'est la fille d'une amie de sa mère, il est fou d'elle, il en rêve la nuit et le jour il plane à dix mètres. Ses résultats à l'école commencent un peu à faiblir, il se rebelle contre sa maman parce qu'elle a commis un crime de lèse-majesté (en lavant le tshirt qui portait l'odeur de Mina). Enfin bref, on assiste à un vrai tourbillon d'émotions, de sentiments et de déclarations enflammées.

Xavier a récupéré un vieux Notebook de couleur jaune qui va lui servir de journal intime. Il y confie son récit intégral (ou presque) de son premier baiser, mais pas seulement. C'est un livre qui montre aussi le souci pour un garçon d'être à la hauteur avec l'objet de son affection. Comment embrasser, faut-il toucher les seins, dit-on je t'aime la première fois... ce n'est pas facile à 13 ans. Heureusement Xavier a un meilleur ami qui le soutient et une grand-mère passionnée de poésie qui lui parle d'amour en termes d'élégance et de sagesse. 

C'est le portrait d'un jeune adolescent impétueux et limite capricieux, fou amoureux surtout et donc excessif en tout. Heureusement c'est drôle, léger, sans prétention. Cela devrait plaire aux garçons et aux filles à partir de 12-13 ans.

Seuil, coll. karactères, 2009 - 116 pages / 8€

Le site de l'auteur : http://www.jolengagne.com/

Jeu de mains, un roman d'Adeline Yzac

Disponible dès le 22 janvier : Récit intégral (ou presque) de mon premier baiser

Publicité
Publicité
20 janvier 2009

« je viens pour tuer vos animaux de compagnie et arracher avec les dents vos mains droites »

 

Les aventures de Djerik - Natalia Noussinova

41KLmqb1ncL__SS500_En fait, ce roman est une surprise. Pour la collection neuf, il est bien épais (mais presque 40 pages en fin de roman sont dédiées au lexique). Ce n'est pas que ce soit trop compliqué, c'est juste que, d'après l'auteur, tout un pan de la vie racontée dans ce livre est devenu incompréhensible. C'est une histoire très simple, à vrai dire. Cela commence par l'envie d'un chien, mais cela s'étend à raconter une jeunesse soviétique. Natalia a sept ans, elle vit avec ses parents à Moscou, son père est cinéaste, sa mère est belle comme un coeur, elle a une soeur, Tania, et des grands-parents remarquables, le grand-père est un vieux bolchévique et la grand-mère cuisine des beignets de viande et de chou à faire pâlir d'envie. Au début, les parents de Natalia sont formellement opposés à accueillir un chien dans leur appartement, puis la cousine leur amène un fox-terrier noir, très sale et avec l'oreille en sang. Il vient de tenir tête à une bande de bergers allemands féroces, et il n'a pas bronché. Djerik fait donc son entrée chez les Noussinov. Avant de se montrer le fier toutou intelligent, il est plutôt déprimé, il ne mange pas, il reste dans son coin. On explique aux petites que c'est normal, c'est une brave bête, ce chien est un prince frappé par un mauvais sort et il veut rester fidèle à son premier amour.

Le roman se déroule ainsi bien gentiment, avec beaucoup de tendresse et d'amour. C'est l'époque de Brejnev, il y a toujours des aperçus de la révolution mais la famille Noussinov s'en tire plutôt pas mal dans l'histoire. C'est d'ailleurs un beau portrait de famille que propose ce livre, avec pour decorum le climat suspicieux et facilement délateur du pays. Il y a des commissions pour autoriser à voyager à l'étranger, des cancanières qui n'aiment pas les chiens ni les juifs, il y a des propriétaires de datcha sans vergogne qui promettent de conduire deux canetons vers les pays chauds en train, et des voisins au bord des larmes devant leur poule blessée à cause de Djerik. Ce chien, qui est aussi le héros du livre, va vivre (et nous faire vivre) de belles péripéties, comme celle d'être une star de cinéma. Et c'est ainsi qu'on passe un très bon moment de lecture, avec un petit air d'autrefois, mais surtout entretenu par un chaleureux sentiment de bonheur, d'innocence et d'affection.
C'est bien comme tout. Cela dépayse.

Ecole des loisirs, coll. neuf - 2008 - 195 pages / 9,50€
traduit du russe par Katia Flouest-Sell
Illustration de couverture : Gwen le Gac

**********

Ivan le terrible - Anne Fine

414fO2v2jzL__SS500_Tout commence parce que Boris parle russe. Un nouvel élève vient d'arriver à l'école St Edmund - Ivan, son air renfrogné, ses saluts à la taille et son amabilité façon : "Salutations à vous tous, pauvres vers tremblants". Boris est mortifié, il ne veut absolument pas traduire les propos odieux de ce garçon, alors il triche. Il édulcore, il améliore, il arrondit les angles. Toutefois Ivan est vraiment infect et pousse le bouchon de plus en plus loin. La patience de Boris a-t-elle des limites ? Faut-il continuer de jouer le jeu, d'excuser Ivan et donc de passer sous silence ses méchancetés, au risque d'être un peu complice ?

Tout à fait bon enfant, ce roman est un genre de comédie à l'humour subversif, qui plaira davantage aux plus jeunes, sans pour autant leur assurer qu'ils pourront comprendre toutes les troublantes motivations d'Ivan le terrible. La fin est une sorte de pied-de-nez à cette vaste mascarade. On y trouve son compte, ou pas du tout. C'est selon. Mais franchement je préfère de loin les aventures caustiques du chat assassin.
Petit roman plaisant, voilà tout.

Ecole des loisirs, coll. neuf, 2008 - 80 pages / 8€
traduit de l'anglais par Nadia Butaud
Illustration de couverture : Soledad Bravi

l'avis de Mélanie (Book in)

 

Et je découvre le nouveau morceau de U2, Get on your boots !
C'est un peu tôt pour juger, mais je sais que cela ne m'accroche pas plus que ça.
Toutefois je suis fan devant l'éternel, et forcément j'ai précommandé l'album qui sort le 2 mars:
No line on the horizon.

20 janvier 2009

Quand la banlieue dort - Benjamin & Julien Guérif

510GyVuUAIL__SS500_Matthieu, quinze ans, est un adolescent solitaire et sans histoires. Il vit avec ses parents dans un lotissement de banlieue chic, la plupart de ses camarades de lycée habitent dans le même quartier. La nuit, Matthieu a pris l'habitude de se faufiler hors de chez lui pour s'introduire dans les maisons voisines, en passant par une fenêtre de toit. Ni vu ni connu. Il ne vole rien, il furète ou en profite pour régler quelques comptes avec des types qui lui sortent par les trous de nez. Avec classe et délicatesse, selon lui. Il confie un jour sa manie à son pote Tristan, un gentil garçon pas très futé. Ce dernier le met au défi de se rendre chez le fils d'un avocat. Leur maison sent la réussite et la richesse, ça impressionne nos deux adolescents qui n'en mènent pas large. Ce soir-là, l'escapade ne se déroule pas comme prévu. Tristan est pris au piège, et Matthieu s'empare d'une enveloppe contenant 10,000€. Un réflexe idiot qu'il risque de payer cher. Dans les jours qui suivent, Tristan et Matthieu subissent une pression de l'avocat. Et c'est dans cette tension palpable et haletante que se déroule la suite de l'histoire. On assiste à un vrai bras de fer entre l'homme puissant et prêt à tout pour faire tomber les têtes des coupables, et les deux gamins qui flippent mais veulent sauver la face. C'est bien mené. On comprend bien le désarroi de l'adolescent, son tiraillement intérieur et on ressent la même trouille face à ce qu'il doit faire. Se dénoncer, rendre l'argent, soutenir son copain, parler à ses parents, résister, menacer son adversaire. C'est un singulier tête-à-tête entre le coupable et la victime, mais à un point où on ne sait plus qui est qui.
Pas mal du tout.

Syros, coll. Rat Noir - 2009 - 173 pages / 11€
Illustration de couverture : Olivier Balez

19 janvier 2009

Pendant le reste du voyage, j'ai tiré sur les Indiens - Fabio Geda

Emil Constantin Sabau, treize ans, 1 mètre 58, réfugié roumain installé à Turin chez la nouvelle petite copine de son père, doit retrouver son fantasque grand-père, artiste de rue, qui sillonne l'Europe avec sa troupe. Sa situation est critique, il vient de mettre ko son bon samaritain (l'Architecte), son père a été rapatrié en Roumanie, mais s'est fait jeter en prison à cause d'un faux passeport. Sa mère est morte quand il avait onze ans. Emil est donc seul.
On se croirait bientôt dans Rémi Sans Famille, mais heureusement c'est beaucoup plus gai !

Emil va croiser en chemin Asia et quelques amis qui roulent à bord d'un volkswagen caravelle bleu marine pour Berlin. Une aubaine. Il va les suivre dans un squat, chercher son grand-père d'après les indices assez vagues qu'il peut trouver dans ses lettres, et connaître encore d'incroyables aventures. Mais toujours Emil nous raconte son périple sans atermoiement, sans complaisance. Il en est loin. Lui se sent dans la peau de son héros de bande dessinée (Tex), il pense winchester et cavalcade dans le désert aride. Il ne se voile pas la face, mais il préfère se donner du courage comme il peut.
Et on le comprend. Son périple est étonnant, on le vit à ses côtés en partageant ses émotions. C'est le couplet du stress, de l'impatience, de la curiosité, de l'angoisse etc. Toutefois c'est aussi d'un optimisme infaillible. Le jeune garçon a une bonne étoile au-dessus de la tête, il n'est pas avare de belles rencontres époustouflantes. Sans cesse opportunes.

51NsY_2BJlUqL__SS500_

J'ai trouvé ce roman formidable ! Il est frais, tonique, bourré d'une imagination débordante. Ce n'est jamais tristounet, jamais sinistre ou déprimant. Et pourtant c'était facile de tomber dans la morosité, un adolescent tout seul sur les routes d'Europe, à chercher une aiguille dans une meule de foin. Mazette ! Cela tient du prodige de nous tirer d'aussi beaux sourires plutôt que les larmes. Rien que pour ça, je tire mon chapeau.
Et puis quelle tendresse aussi. Emil est un gamin attachant, on le sait, d'autres aussi le sentent car il attire bien souvent que du bon autour de lui. Cela se résume dans ce passage :
« - C'est toujours bien de trouver quelqu'un.
- C'est vrai.
- Parce que si on est tout seul, on n'a personne pour nous donner la becquée.
»

Ce livre me fait penser, encore et toujours, qu'ensemble c'est tout. Oui, vraiment. J'ai découvert ce roman par un pur hasard, j'en suis tombée amoureuse, oui !!! Et pas seulement du titre. Que j'aime beaucoup. C'est normal, c'est un tout !

Gaïa, 2009 - 272 pages - 21€
traduit de l'italien par Augusta Nechtschein
 

« Grand-père Viorel dit que parfois, il est possible de tomber amoureux d'un mot qu'on a jamais entendu auparavant, un mot nouveau, et que d'un seul coup on commence à l'entendre partout et à s'en servir en permanence. A tel point qu'on peut se demander comment on avait fait pour vivre jusque-là sans le connaître. »

18 janvier 2009

Je n' suis pas un héros...

Accident de parcours - Jean Cavé

51FZ0XPLgbL__SS500_Un type imbuvable, Jean-Guillaume, est surpris un matin dans le lit de sa maîtresse, la jolie Alice. Ni une ni deux, il file au volant de son bolide pour rentrer chez lui où l'attendent épouse et petite chérie de 7 ans. En chemin, notre goujat heurte un corps, celui d'un enfant, qu'il abandonne en prenant la poudre d'escampette. L'étau se resserre quand Jean-Gui, journaliste, est convoqué en personne par son chef pour enquêter sur l'identité du chauffard en fuite, car dans le même temps on apprend que c'est le fiston du chef la victime ! Vous n'en pouvez plus ? Alors, encore une dernière pelle de charbon dans le feu, on découvre que le journal concurrent a aussi dépêché un journaliste sur place, et il s'agit de la ravissante Alice ! Bah oui. Et tout ça en moins de 50 pages !
Ce n'est pas une histoire qui révolutionnera le genre du roman noir, tous les éléments sont intégrés, et l'histoire est assez stressante. Toutefois le personnage de Jean-Guillaume est absolument indigeste ! Impossible de compatir à son calvaire, de prendre goût à ses actions, de cautionner ses mensonges. Non, non, non. Et puis l'écriture, dans ce livre, est agaçante, trop saccadée. Cela ne prend pas. Je passe.

Plon, 2009 - 259 pages - 19,50€

**********

Marche arrière - Valérie Saubade

41ObmyP922L__SS500_Divorcé, Vincent Verdun avait toujours entretenu de très bonnes relations avec son ex, Marianne, qui avait refait sa vie avec un minet, Pierre-Emmanuel (de vingt ans son cadet). Tous les dimanches soirs, Vincent avait pris l'habitude de s'inviter dans son ancienne maison pour y prendre l'apéritif, en toute cordialité. Oui, vraiment. Tout allait à merveille. Jusqu'à cette soirée d'octobre 2002, Vincent vient de s'acheter un 4x4, il fait un saut chez Marianne mais a une mauvaise manipulation en embrayant la marche arrière, et il écrase son ex-femme ! Leur fille Julie est témoin de la scène, elle accuse aussitôt son père qui passe devant un juge, la très coriace B. Lamotte-Choisy, auprès de qui Vincent doit se justifier. Il est innocent, il le jure. Hélas Pierre-Emmanuel ne peut témoigner car il est dans le coma. Les charges sont nombreuses contre Vincent, et quelques lettres anonymes viennent l'accuser en rapportant des faits peu glorieux sur sa vie intime. C'est l'occasion de rembobiner le film de son passé, on en tire les conclusions de son choix, mais Vincent Verdun fait figure du pauvre type, lâche et benêt, pas du tout charismatique. La fin du roman, d'ailleurs, ne m'a guère surprise (mais soulagée !).
C'est difficile d'aimer un roman quand on ne peut pas sentir le personnage central, lequel se révèle en plus le narrateur ! Donc, dur. Aucune empathie possible. Au contraire, une bonne dose d'irritation. Cependant l'histoire parvient à nous accrocher, pour le fin mot de l'enquête.
Verdict : ne jamais acheter de 4x4.

Anne Carrière, 2009 - 242 pages - 18€

Pour info : Valérie Saubade est l'auteur de l'excellent Happy birthday grand-mère.

17 janvier 2009

L'Alfa Romeo - Annie Cohen

51CIR28OYqL__SS500_Et une petite perle de douceur, pour ceux qui passent par ici...
Ce livre tient dans la paume d'une main, sa couverture est déjà tout un poème, comme souvent chez Zulma.
L'histoire, ensuite, est toute simple, pas très convaincante à la lecture d'un résumé, mais elle a ce truc, indescriptible mais sensationnel, qui se niche dans l'écriture de l'auteur, Annie Cohen.

« Tout a commencé par la liquidation de la vieille Alfa dans un garage de Gentilly, un sombre soir de novembre, le 18 pour être précis. Il faut dire que ce jour-là je remettais un manuscrit à mon éditeur, encore un truc à vous dégoûter de l'écriture et du tintouin environnant. Mais c'est plus fort que moi, il faut toujours que je bosse, que j'aboutisse, à quoi, je me le demande, que je gribouille, même si mes voisins n'ont jamais rien lu de ce que j'écris, sans parler de mon boucher, du bio de la rue Pascal, et de la terre entière. Comme quoi on peut écrire et écrire, passer sa vie à remplir des pages, élaborer un petit monde bien à soi, joli, joli, sans que ça trouble le sommeil de ceux qui dorment juste au-dessus (ou en-dessous). » 

Se séparer de la vieille Alfa n'est pas une mince affaire, pour la narratrice et son compagnon César cela représente douze années de vie simple comme une balade à Versailles. « Entre l'origine et le cosmique, le rêve et la réalité. » L'Alfa Romeo, c'est aussi la camaraderie et l'amour, les souvenirs à la pelle de moments passés ensemble, avec Julietta, Gigi son amoureux et le chien Méthode. Et c'est lorsque la narratrice pensait avoir tourné la page du chapitre qu'un inconnu téléphone et propose d'acheter l'Alfa, même si elle est cabossée, usée, bonne à jeter (« un sucre d'orge, cet homme, à craquer, qui s'est pris immédiatement d'affection pour cette voiture »), il va même proposer de se revoir, de prêter l'Alfa quand elle veut !

Ce qui est étonnant dans ce récit c'est que chaque anecdote en amène systématiquement une autre, emprunte des chemins de traverse, tisse l'art de la digression avec une habileté décoiffante, on trouve ainsi le Jordanien qui rachète l'alfa romeo, l'anorexie sociale de la narratrice, les petites annonces matrimoniales, l'enfance à Sidi-bel-Abbès, etc. « Une phrase à tiroirs, à multiples registres, à se répéter dans l'obscurité de sa chaleur animale : "Jamais tu ne pourras te rendre maître de ce qui arrive", autrement dit, tu peux monter et descendre, pisser dans un violon, grimper aux rideaux, marcher sur les mains, tenter l'impossible, jamais, "jamais tu ne te rendras maître de ce qui arrive. » Cela veut tout dire ! Et c'est drôlement bien troussé. Chaleureux, court, drôle, bavard, pour résumer.

Pour en revenir au point de départ, sous forme de conclusion à ce récit troublant, riche et profus, la narratrice n'a toujours aucune nouvelle de son éditeur et du manuscrit déposé. « Il paraît qu'il met deux ans pour lire un manuscrit. C'est ce qu'on dit. C'est ce que j'ai entendu. Si j'avais su, j'aurais attendu un peu pour liquider l'Alfa ! »

Zulma, 2009 - 100 pages - 9,50€   

 

 

 

L'éditeur emploie ces jolis termes pour parler de ce livre ovni :  À partir d’un départ de comédie douce-amère, le cher tacot qu’il faut abandonner à son sort, Annie Cohen évoque les ébats contrariés de la vie quotidienne et de l’imaginaire. Avec une liberté de ton pour le moins métissée au quatre vents de l’exil, elle nous offre un peu, beaucoup, passionnément, de son monde intérieur fait d’ironie tendre et de drôlerie grave, sorte de chronique des années sauves où viennent à notre rencontre maintes silhouettes et figures intimes qu’on voudrait à notre tour tutoyer. C’est l’heureux temps perdu, renfloué avec maestria : « On le sait maintenant, elle a été sauvée des eaux, l’Alfa Romeo. »

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4 > >>
Chez Clarabel
Publicité
Newsletter
2023 Reading Challenge
Clarabel has read 8 books toward her goal of 200 books.
hide
Sauveur & fils
Quatre sœurs : Geneviève
Audrey Retrouvée
Le sourire étrange de l'homme poisson
Calpurnia et Travis
L'homme idéal... ou presque
Trop beau pour être vrai
Tout sauf le grand amour
Amours et autres enchantements
Ps I Love You


Clarabel's favorite books »
Publicité