Bearmouth, de Liz Hyder
Aventurez-vous « à l'aveugle » dans cette mine aux couloirs labyrinthiques où vivent des hommes qui n'ont plus vu la surface de la terre depuis une éternité. Condamnés à trimer comme des brutes contre un salaire de misère, ils ont souvent été vendus ou expédiés contre leur gré dans cet enfer.
L'entraide entre les gars est cependant réelle - ça se serre les coudes, ça protège les plus jeunes, ça partage son savoir et ça apprend à lire et écrire. C'est d'ailleurs le petit Crapouille qui nous raconte son histoire : sa routine la semaine, son jour du Seigneur, ses leçons avec Thomas, son amitié avec Tobie.
Et puis un jour, un nouveau débarque - Desmond et ses yeux noirs qui expriment une colère froide. Crapouille pense au démon en entendant son prénom. Le garçon n'est pas comme les autres car il parle de révolution. Le début des embrouilles. Désormais les questions se bousculent face aux inégalités de plus en plus invivables.
Et là, ça fait BOUM dans votre tête. Vous, lecteur sourcilleux et attentif à comprendre le charabia du gamin - bravo à la traductrice pour son travail remarquable. Il faut décoder et polir cette langue râpeuse et maladroite. Ensuite il faut s'échapper de cette sensation d'étouffement qui se dégage du roman. Il y a une telle intensité derrière les chapitres qui s'enchaînent. L'action est lente mais la pression enfle dangereusement.
Je vous le dis : cette lecture m'a franchement bluffée. J'étais agrippée aux pages de mon bouquin que j'ai dévoré d'une traite. C'était incroyable. Tellement âpre et angoissant avec cette intuition qu'on nous roule mais qu'on ne sait pas où ça mène. Remarquable, vraiment.
La Martinière J. (2021) - Traduit par Rosalind Elland-Goldsmith
Une dystopie d'un réalisme à couper le souffle, inspirée par le quotidien des mines du nord de l'Angleterre au XIXe siècle. Une prose singulière qui met en avant l'écriture et le langage comme outils d'émancipation.
⭐⭐⭐⭐⭐