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Chez Clarabel
17 décembre 2010

La vie, c'est pas du gâteau, Jake, comme chacun sait. Mais le gâteau reste du gâteau.

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Avoir lu récemment Les trois premières notes de Siobhan Parkinson a été une bonne chose, et une moins bonne. Soit, cela m'a donné envie de continuer à découvrir l'univers de cet auteur, et franchement le doute n'est plus possible, j'aime beaucoup son style (que je trouve peut-être davantage destiné à un adulte). Par contre, Le rire de Stella est un peu trop semblable à ce que j'ai déjà lu. L'histoire de Jake est proche de celle de Mags, dans sa structure et dans l'esprit. Du coup, je n'avais plus l'effet de surprise, c'est un peu dommage.
L'histoire ? Jake a onze ans, il aime le foot et les poissons, il n'aime pas les filles ni les bébés. Manque de bol, le voilà promu grand frère d'une petite Marguerite, surnommée Daisy. Ses parents ont cru bon de ne pas lui en parler, il est face au fait accompli, bonjour le manque de délicatesse. Comment voulez-vous qu'il digère tout ça ?!
Peu après cette nouvelle, il rencontre Stella, qui n'habite pas très loin de chez lui et qui est toujours accompagnée de ses petites soeurs. Pourquoi colle-t-elle Jake ? Comment se fait-il qu'elle semble si bien le connaître ? Malgré ses doutes (c'est une fille et elle est bizarre), il prend de plus en plus plaisir à être en sa compagnie. C'est encore trop tôt pour parler d'amitié, ce qu'il y a entre eux est fragile, mais nous n'en sommes pas loin. Et puis, le drame arrive. Paf. C'est moche, et quelque peu disproportionné. Pourquoi infliger un tel poids à un chouette gamin ? Car non seulement Jake est bouleversé, mais il pense aussi qu'il est entièrement coupable de ce qui est arrivé.
Heureusement tout se termine bien. Mention spéciale à Mrs Kennedy, une mamie gâteau exemplaire. Elle connaît toutes les réponses, elle donne des ailes aux envies, elle encourage les rêves pour devenir grand et elle écoute beaucoup. C'est une femme rare et précieuse ! Et on en a bien besoin, la vie n'est pas toujours drôle pour Jake, et ce roman se révèle à la fois tendre, léger, touchant, grave et perturbant. J'avais envie de l'aimer, mais... il me rappellait trop un autre, et puis Mags m'était davantage attachante (pas que Jake me laisse indifférente non plus, mais ce môme est terriblement sérieux pour son âge, il grandit, ce n'est pas simple, surtout quand ça se complique et quand tout tourbillonne autour de lui). Bref, c'est un livre triste, doux et dur, avec une fin apaisante. Tout un programme.

Le rire de Stella - Siobhan Parkinson
Neuf de l'Ecole des Loisirs (2009) - 196 pages - 10€
traduit de l'anglais par Dominique Kugler
illustration de couverture : Aude Picault 

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15 décembre 2010

"avec des étincelles rouges tourbillonnant dans ma tête"

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Mags, c'est une petite fille comme je les aime dans les livres, à douze ans elle observe le monde avec un aplomb remarquable, elle n'est pas bête, bien au contraire, et elle n'aime pas qu'on la prenne pour une idiote. Comme souvent, pour mieux se protéger, Mags est grincheuse, sarcastique et se vexe très facilement.

Ses rapports avec sa maman, par exemple, ne sont pas au beau fixe. Depuis le décès du père, elles sont venues vivre dans une maison à l'orée de la forêt, où Mags court s'y réfugier pour gambader et creuser des terriers. Elle y fait la rencontre d'un oiseau violoniste, Gillian, que Mags ne cesse de nommer Miranda, parce qu'elle trouve que cela lui colle mieux. Elle trouve aussi que Gillian a une petite tête de gerbille et un talent étourdissant en matière de musique. Dès qu'elle l'entend jouer du violon, Mags décolle. Elle ferme les yeux, imagine des danseuses de flamenco, et ça tourbillonne et donne des frissons.

Gillian a également un problème : elle veut passer des auditions dans une école reconnue en Angleterre, elle a besoin d'argent pour s'y rendre, sa mère Zelda prétend qu'ils n'ont plus un rond, et son père a disparu de la circulation. Mags décide alors de fourrer son nez dans leurs histoires de famille, mais gare au couac !

Tout cela est écrit de manière pertinente, comme s'il s'agissait du texte de Mags elle-même puisqu'elle prétend écrire son propre roman. C'est aussi drôle et émouvant, la fin surtout m'a serré la gorge, parce que la petite Mags est bougrement attachante, et parce qu'on a vite compris qu'elle cachait sa tristesse, son manque de père et qu'elle faisait un peu exprès d'être en brouille avec sa mère pour ne pas avoir à avouer son chagrin. Et même quand ça part dans tous les sens avec Gillian, on a encore une fois envie de l'aider, de se dire flûte, c'est pas de bol. C'est une mêle-tout attentive et précieuse, une fillette sensible, mais qui refuse de passer pour faible. J'ai beaucoup aimé son côté sauvageon, sa grosse voix un peu rauque, sa maladresse et son désir de bien faire. C'est vraiment touchant, avec une légère touche poétique. C'est une jolie lecture, vraiment.

Les trois premières notes - Siobhan Parkinson
Neuf de l'Ecole des Loisirs (2010) - 238 pages - 11,00€
traduit de l'anglais (Irlande) par Dominique Kugler
illustration de couverture : Stephanie Blake
 

18 novembre 2010

Le Blogue de Namasté : La naissance de la Réglisse rouge

Une découverte franchement rigolote ! 

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Le blogue de Namasté est une série québécoise, un peu dans la lignée du Journal d'Aurélie Laflamme. C'est frais, c'est drôle, cela raconte la petite vie rigolote d'une adolescente de treize ans qui se lance dans l'aventure du journal en ligne (et privé) depuis qu'elle a découvert qu'on lisait son journal intime ! Afin de démasquer le coupable, elle va entrer dans des délires pas possibles (des invasions de réglisse rouge, une secte, des petites voix dans la tête, etc.), mais rien, toujours rien. Elle pensait que sa mère était à blâmer, il semblerait qu'elle ait fait fausse route. (Et lorsqu'elle découvrira réellement le fautif, elle ne sera pas la seule à avoir la berlue !!!)

Bref, à l'école c'est la guerre entre les garçons et les filles : les premiers sont  des crétins finis, aussi les deuxièmes ont choisi de se liguer contre leurs âneries et lancent le club des réglisses rouges (attention à ne pas confondre avec la réglisse noire !). La réglisse rouge est pure, noble, défend l'opprimée et dénonce toutes les perfidies lors d'une mise en scène particulièrement saisissante (toutes derrière des masques, le doigt pointé vers le coupable !).

A côté de ça, Namasté est amoureuse - il s'appelle Antoine, il est plus âgé qu'elle et c'est un féru d'échecs et de films d'horreur. Elle plane sur son petit nuage, elle ne rêve que de lui, mais il tarde à l'embrasser et elle se pose des questions. En plus, sa meilleure amie a jeté son dévolu sur Zac, un ancien meilleur copain tombé en disgrâce avant qu'il ne retrouve ses titres de gloire tout récemment, cette relation n'est pas pour la chatouiller un petit peu.

La vie de Namasté va à cent à l'heure, c'est irrésistible et très drôle (la soirée d'Halloween, par exemple, où l'adolescente se pointe avec le costume d'une mascotte puante et ridicule), je pense que ça ne peut que toucher les lecteurs du même âge, cela traite aussi bien de légèreté que de petits drames qui fâchent ou qui blessent, ce genre de choses qui font le quotidien des adolescents (la trahison, la timidité, la jalousie, etc.). J'ai été agréablement surprise, je recommande pour vos filles, allez-y, vous ne le regretterez pas !

Le Blogue de Namasté - Maxime Roussy & Marie-Eve Larivière
Editions Marée Haute (2008) - 200 pages - 11€

A suivre : Le Blogue de Namasté, tome 2 : Comme deux poissons dans l'eau

9 novembre 2010

La fille qui voulait être Jane Austen

IMG_0727Vous avez moins de quinze ans et vous aimez les histoires sentimentales, vous apprécierez le roman de Polly Shulman. Cela parle de deux amies, Julie et Ashleigh, l'une est sage comme une image, l'autre est fofolle et épuisante. Sa dernière passion : rencontrer un Darcy, un vrai, comme dans le roman de Jane Austen. Comme toujours, Ashleigh pousse le bouchon beaucoup trop loin, tandis que sa copine suit sans protester et subit d'un ton résigné.
L'ennui me gagne déjà, mais je continue.
Les deux copines se rendent donc à un bal dans une école privée réservée aux garçons, pour elles c'est l'endroit idéal pour trouver un Darcy, et la pêche est fructueuse : deux garçons pour chacune d'elles. Quelle aubaine ! Et quelle coincidence, pour Julie, car elle vient enfin de mettre un nom sur l'inconnu qui lui fait battre le coeur depuis plusieurs semaines, chaque fois qu'elle le croise en ville.
Il s'agit de Charles Grandison Parr (le énième du nom, j'ai oublié).
Blablabla. Je regrette qu'il n'existe aucune touche pour accélérer dans un livre. C'est gentil, mais je m'ennuie toujours.
Tout notre petit monde va se retrouver autour d'une comédie musicale qu'ils vont créer et répéter ensemble. Le pied, encore une fois ! Cela s'amourache dans tous les coins, Julie panique, Ashleigh a le béguin pour Parr, les deux amies sont face à un terrible dilemme, aussi Julie renonce, la mort dans l'âme. L'amitié, c'est vraiment beau (et ça rend niais).
Je vous fais l'impasse sur le reste, ce ne sera pas une grande surprise non plus, l'histoire est prévisible (je m'attendais à ce qu'on sorte un lapin blanc du chapeau magique, même pas !), je m'y suis aussi beaucoup ennuyée (est-ce parce que je sortais d'une lecture qui avait su me tenir en haleine de bout en bout ?), j'ai gagné en cynisme (c'est quoi ce charmant jeune homme qui écrit des vers et se balade sous les fenêtres des filles pour clamer sa passion !?!), bref j'ai loupé mon rendez-vous avec ce roman. Nul doute qu'il plaira aux plus jeunes lectrices (moins de 15 ans), il décevra les amoureux de Jane Austen (les références sont pauvres et inappropriées) et il enchantera les amateurs de bluette sentimentale légère et au goût sucré, très sucré.

La fille qui voulait être Jane Austen - Polly Shulman
Albin Michel, coll. Wiz (2010) - 276 pages - 12,50€
traduit de l'anglais (USA) par Cécile Moran

8 novembre 2010

Glam Girls #1 (c'est déjà suffisant !)

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Vous vous intéressez au monde de la mode et ambitionnez de tâter du mannequinat ? Vous avez en moyenne 13 ans, vous vous sentez d'attaque pour supporter l'hypocrisie d'un milieu futile et ancré sur l'apparence ? Ou pour tenter de vous apitoyer sur une héroïne artificielle et pathétique ? Bref, ce livre est pour vous (mais je vous aurai prévenues) ! 
La nana, Laura, décrite avec des "rondeurs" (elle doit passer sous la barre des soixante kilos alors qu'elle frise le mètre soixante-dix ! Gosh.), pensait avoir décroché la timbale en remportant le premier prix d'une émission de téléréalité, mais elle constate que son existence est devenu un vrai poison (il faut qu'elle maigrisse, qu'elle subisse les sarcasmes des professionnels, qu'elle lambine chez elle dans l'attente d'un coup de fil, qu'elle soit pouffe et naïve à la fois...). 
Sa vie sociale et sentimentale vire aussi à la catastrophe (en gros, son petit copain ne la comprend plus, embrasse une autre fille un soir de beuverie, en réponse elle casse et fait des cochonneries avec un type quelconque, ses copines lui mentent et sont forcément jalouses de son succès, c'est donc la crise !). Comble de tout, elle doit expliquer à sa mère qu'elle ne peut plus avaler ses spaghettis à la bolognaise ni son tiramisu parce que trop de glucides a des conséquences horriiibles sur son organisme... 
N'en jetez plus, la coupe est pleine. C'est une lecture agaçante et je suis déçue de savoir que c'est Sarra Manning (l'auteur de Let's get lost) qui a pondu un truc pareil !

Glam Girls, tome 1 : Laura par Sarra Manning
Pocket jeunesse, 2009. Traduit de l'anglais par Odile Carton. 

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4 novembre 2010

Mauvaise Graine - Orianne Charpentier

mauvaise_graineAprès La petite capuche rouge, Orianne Charpentier nous raconte l'histoire de Jérémy, un garçon de quinze ans, pas très grand, pas bon à l'école, un peu mal dans ses baskets, et qui n'aime pas du tout sa vie tout en rejetant la faute sur ses parents. Chez eux, c'est triste, c'est gris, c'est petit. Même les repas de Noël sont surfaits, ça sent l'étroitesse et l'ennui.

Jérémy a beau vivre à la campagne, avec des champs à perte de vue, il étouffe et il a besoin d'espace. En fait, il a du mal à s'accepter et passe à côté des choses importantes, ou essentielles. Il ne voit pas l'inquiétude de ses parents, ou trop tard. Il ne comprend pas ce que cache la mine soucieuse de son père, les commentaires acides de la voisine, ne supporte plus les bavardages de sa soeur aînée, qui suit des études à Paris, et qui sans le savoir l'écrase encore plus, le faisant se sentir minable et incapable.

Quand Jérémy découvre la maladie de son père, son comportement aussi va changer. Il va s'intéresser à la vie des siens, aimer ce qui l'entoure, ne plus espérer l'impossible, se rapprocher de Méthilde, qui est belle, intelligente mais impossible à amadouer. C'est d'ailleurs un prolongement de la même petite bande aperçue dans le précédent roman d'Orianne Charpentier, il y a Sarah et Léopoldine aussi, et j'espère qu'à leur tour elles auront leur mot à dire dans d'autres romans.

Car l'auteur possède beaucoup de finesse pour décrire l'adolescence en perte de vitesse, pour raconter l'errance, les doutes et les angoisses de l'âge ingrat. Cela me rappelle aussi le roman de Martin Page,
Le club des inadaptés, parce que c'est une histoire quasi universelle, celle de jeunes gens qui manquent de confiance en eux et qui n'ont pas encore trouvé leur place. La maladie sert de prétexte pour mettre à plat tout ce qui va de travers et permettre ainsi au garçon de quinze ans de moins se regarder le nombril et de s'assumer un peu mieux. Je trouve juste un peu dommage le choix de cette couverture, les illustrations de Sébastien Mourrain me manquent !

Gallimard, coll. Scripto (2010) - 135 pages - 7,50€

« J'ai peur d'être comme ces champs que nous traversons. De rester là immobile pour toujours, entre mon village et la forêt, à regarder le blé pousser et les nuages s'enfuir, sans que rien ne change jamais pour moi. J'ai peur de voir tous les gens que j'aime me quitter un à un sur les ailes du vent, pour aller voir ce qu'est le métro de Paris ou le Sahara, et que leur vie ressemble à un grand courant d'air qui passerait trop loin. »

« Je venais de découvrir que la vie, ma vie, changeait selon les mots que je trouvais pour la décrire. Ce n'était pas une question de mensonge, c'était une question de point de vue. Au bout d'un moment, j'ai décidé que je n'étais pas un garçon de quinze ans parmi des grands champs vides : j'étais un garçon de quinze ans avec un ciel immense au-dessus de lui. »

14 octobre 2010

Le Club des inadaptés

Le_club_des_inadaptesMartin du Traité sur les miroirs pour faire apparaître les dragons est de retour avec sa bande de potes ! Bakary, Fred, Erwan et lui sont au collège, ce ne sont pas les plus doués ni les plus populaires, ils sont connus pour être des inadaptés mais ils s'en fichent un peu. Et puis, tout va dérailler. Leur nouveau prof de maths est soudainement remplacé, Erwan est agressé dans la rue et le père de Bakary est viré. C'est la sinistrose, mais il ne faudrait pas baisser les bras. Erwan, encore chamboulé, annonce donc son intention de créer une machine qui va égaliser les bonheurs et les malheurs. Et il va atteindre son but ! Ses amis ne disent mot, mais n'en pensent pas moins. Il est fou !

Cela ne dure pas plus de 70 pages et c'est dommage car j'en aurais bien pris encore un peu ! L'humour de Martin Page ne se décrit pas, il se savoure, c'est délicieux, ironique, flegmatique et acide. Cela parle de l'adolescence alors qu'on a le sentiment que tout va de travers, qu'on porte des godasses trop grandes et des fripes froissées qui vous collent à la peau. C'est aussi le constat de la loi du plus fort, la bêtise des étiquettes et du classement selon les apparences. Être ou ne pas en être. Je pense que les ados les plus ordinaires, et déprimés de se sentir si ordinaires (car trop souvent associés à plats ou ennuyeux), apprécieront de suivre les pérégrinations de ce club des inadaptés, auquel on aimerait bien y trouver sa place aussi. Finalement !

Le Club des inadaptés ~ Martin Page
Médium de l'école des loisirs (2010) - 72 pages - 8,00€
en librairie le 14 octobre

un petit extrait :

Les années ne se ressemblent pas. Je dirais que chaque nouvelle année est l'occasion de découvrir une nouvelle forme de tristesse et d'humiliation. Si tristesse et humiliation étaient des diamants et de l'or, alors ni mes amis ni moi n'aurions plus besoin de travailler. Mais ce n'est pas le cas. J'en ai assez d'être riche de ces trésors tristes.
Nous grandissons et c'est pour nous apercevoir que nos parents ont l'air complètement perdus, que les professeurs sont fatigués et malheureux. Difficile de vouloir devenir adulte dans ces conditions.

9 septembre 2010

L'amour me fuit, de Thomas Gornet

Lamour_me_fuit_de_Thomas_GornetUn joli, joli, mais vraiment joli moment que voilà ! Le roman de Thomas Gornet est une petite douceur au pays de la déprime post-rentrée, et même si on parle d'école, de sixième, de primaire et de piscine, on le trouve malgré tout sensationnel !

Zouz entre en sixième, mais ce n'est pas la joie. Depuis quelques temps, il traîne une mine de déterré, de celle dont on devine la source des tourments, car Zouz souffre d'un chagrin d'amour ! Il n'y a pas d'âge pour aimer, moi je vous le dis, et ce petit roman vous enseigne la même chose. C'est doux, c'est joli et ça laisse une gentille impression de tendresse. Pourtant, ça ne masque pas le malaise, lorsqu'on découvre, comme lui, que Zouz est témoin de son naufrage sentimental, ça fait mal de voir celle qu'il aime lui tourner le dos et lui préférer un autre, mais c'est la vie.

J'ai trouvé ce livre riche de petits bouts de phrases incroyablement justes, saisissantes et intelligentes. Zouz est un narrateur d'une grande maturité (après tout, sa vie familiale a été mise sens dessus dessous aussi, le gamin a grandi plus vite que la normale), il porte un regard noble et réfléchi sur tout ce qui l'entoure : l'homosexualité de son frère, le départ inexpliqué de sa mère, l'absence du père, et cet amour fou et vertigineux qui lui noue le coeur et l'estomac. C'est un support inestimable pour les adultes et pour les jeunes lecteurs, pour ceux qui en ont l'âge ou plus du tout, car le message s'adresse un peu à tout le monde : aimer, désaimer, comprendre le pourquoi du comment, et même parfois il n'y a pas d'explication, c'est comme ça, on appelle aussi autrement ce sentiment, et on décortique ce qu'est le chagrin d'amour !

Le ton flirte souvent entre la maturité et la simplicité d'un môme qui est sur le point d'entrer dans la cour des grands, j'ai bien aimé ce mélange, et cette façon de ne pas se prendre au sérieux, parce que, après tout, "C'est moi, c'est un enfant, assis sur un banc. Elle s'arrête là, mon histoire, parce qu'on est aujourd'hui et que, aujourd'hui, il ne se passe rien de plus."
Voilà tout.

Neuf de l'école des loisirs (2010) - 140 pages - 8,50€

6 septembre 2010

Le petit Gus fait sa crise

Le_petit_Gus_fait_sa_crise_de_Claudine_DesmarteauVous vous sentez déprimés par la rentrée ? J'ai trouvé la solution : lire, ou relire, les aventures du petit Gus ! Deux livres sont déjà sur le marché, deux hommages appuyés au petit Nicolas de Goscinny, revus au goût du jour car les cours de récré ne sont plus ce qu'elles étaient. Ce n'est pas une façon de peser le pour et le contre, encore moins une manière d'accentuer sur le "c'était mieux, avant". Bah non, c'est juste un cliché de notre jeunesse qui brille de mille feux, avec ses tics et ses tocs, son parler et ses modes.

Un sujet demeure, celui sur lequel tout le monde sera d'accord, sujet inépuisable et intarissable : les filles. Les générations se suivent mais les problèmes demeurent, avec des perles du genre : "Je voudrais pas être raciste ou quoi mais franchement, les filles, c'est pénible." C'est dit, ça ouvre le bal. Et on compulse le catalogue des choses qui vont de travers, le père trop radin, la mère vampirisée par Aldo Nouillerie, un psy qui donne des conseils bidons pour aider les parents à éduquer leurs enfants (on connaît les recettes, non, non, on ne se moque pas, mais c'est fichtrement bien épinglé, du coup c'est tordant, mordant, irrésistible !). Le grand frère tue son temps à devenir le champion de Guitar Hero, la soeur veut adopter un rat et fume en cachette en menaçant Gus de ne pas cafter aux parents.

Claudine Desmarteau nous dresse un portrait de famille cocasse, agaçant et déjanté, mais qu'est-ce qu'on rigole ! Le petit Gus ne fait pas dans la finesse, c'est clair, alors que sortent de sa bouche de môme de dix ans des paroles d'adultes, souvent grossières. Sûr qu'on devine l'auteur derrière, qu'on sent les règlements de compte et les petites piques qui font mouche. Je ne sais pas si un gamin du même âge captera toute la subtilité du propos, cependant il ne se sentira pas du tout étranger aux centres d'intérêt du garçon (les Transformers, le Bakugan, Pokémon & Co). C'est bien vu, pas du tout conventionnel, ça va à rebrousse-poil de ce qu'on peut lire d'habitude, ça mordille, ça use, ça s'essoufle avant de mieux rebondir, et ça finit bien. Drôlement bien, même, comme morale ! A adopter.

Le petit Gus fait sa crise ~ Claudine Desmarteau
Albin Michel (2010) - 157 pages - 12,90€

Le petit Gus, préalablement publié chez Panama, a été réédité par Albin Michel pour l'occasion.
A paraître en octobre : un album, Mes petits démons.

EXTRAIT :

A mon avis, les adultes, ils rêvent pas assez. On peut pas leur en vouloir parce que leur mission, c'est de travailler pour gagner de l'argent et de se taper des corvées à la maison. N'empêche, ils regardent trop les infos et les tickets de caisse. Après, ils deviennent chiants et ils râlent. C'est pas une solution. Moi ça me fait du bien de rêver que je suis un héros Ninja qui s'appelle Brad. Romain, lui, quand il joue sur sa petite guitare en plastoc, il rêve qu'il est un Guitar Hero. Delphine, elle est amoureuse de Tristan et je suis sûr qu'elle rêve qu'il largue Alice pour sortir avec elle. Va savoir, ça arrivera peut-être.
Et peut-être aussi que ça va s'arranger, le cancer de la planète, la crise et les patrons vautours.
On peut toujours rêver, non ?
 

2 septembre 2010

La Belle Adèle, de Marie Desplechin

La_belle_adeleLa Belle Adèle est un roman sympathique, mais pas très original (la fin glisse dans la facilité, c'est un peu dommage). Par contre, aucun souci pour conseiller ce roman aux jeunes lecteurs, qui ont l'âge d'aller au collège et qui seront particulièrement sensibles à l'histoire. Cela parle notamment de la condamnation par l'image dans les cours d'école, selon ce qu'on est ou ce qu'on affiche, on devient victime ou bourreau. Adèle et son meilleur ami Frédéric ont choisi de sortir de l'anonymat et inventent une histoire d'amour à faire baver de jalousie. Aussitôt leur cote de popularité atteint des sommets vertigineux, mais l'histoire ne s'arrête pas là, et les amoureux sont pris à leur propre piège puisqu'ils vont être les nouveaux visages d'une campagne publicitaire qui parle de contraception. (J'avais vu venir le truc à des kilomètres à la ronde !)

Toute la première partie du roman est intéressante, agréable et guillerette. J'ai bien aimé, et puis j'ai fini par me sentir trop vieille, étrangère aux considérations des adolescents, du déjà-vu par surcroît. Je n'ai pas non plus jugé utile le passage avec l'arrestation du père de Frédéric, qui est un travailleur sans papier, et la résolution finale apparaît rapide et consensuelle (parce que, franchement, irréaliste). Je ne sais pas, cela devenait aussi trop fourre-tout et usant (la mère qui s'amourache du photographe, la tante qui ne cesse d'être bavarde, bruyante et artificielle...). A la base, La Belle Adèle est un feuilleton en 35 épisodes (chapitres) publié sous forme électronique par SmartNovel. On y sent bien la cadence alerte, les rebondissements successifs, l'intrigue habilement troussée, mais personnellement j'ai fini par trouver que ça s'essoufflait. Voilà pourquoi je le conseille pour les lecteurs dès 11 ans. La couverture est illustrée par Lucie Durbiano, j'aime beaucoup !

Gallimard jeunesse (2010) - 155 pages - 8,50€
illustration de couverture : Lucie Durbiano

le début du roman à lire ici !

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