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Chez Clarabel
25 avril 2009

Jamais le temps ! ~ Christiane Legris-Desportes

Virginie, dix ans, voudrait que ses parents soient moins esclaves de leur boulot pour passer plus de temps avec elle. Elle prépare en douce quelques plans pour les avoir rien que pour elle, en écrivant une lettre de démission ou en sabotant le travail d'ébénisterie de sa mère. A défaut de remporter la palme d'or de l'intelligence, Virginie espère au moins attirer leur attention.
Chou blanc.
L'ambiance à la maison devient de plus en plus électrique. Son père vit sur 100.000 volts, il est odieux et insupportable. Virginie ne soupçonne pas qu'il rencontre de gros soucis dans son entreprise. De son côté, après une nouvelle rentrée scolaire, des affinités plus ou moins sélectives avec ses camarades, la demoiselle prépare un concours de bande dessinée. Elle adore ça, même si ses parents lui refusent le droit de prendre des cours de dessin et l'inscrivent en danse pour son maintien corporel.

Et ce qu'elle avait tant souhaité finit par arriver, son père passe désormais tout son temps à la maison ! Il est même devenu trop collant. Virginie regrette presque l'époque où ses parents n'étaient que des ombres de passage ! Elle comprend enfin que s'investir dans quelque chose qui nous plaît demande énormément de temps, ce qui ne signifie pas pour autant qu'on oublie ou qu'on n'aime plus ceux qui vivent auprès de nous. Il faut du temps pour soi, du temps pour les autres, bref un juste équilibre, et la famille va parvenir à le trouver. Je ne dis pas comment !

jamais_le_temps

Sur le thème des parents trop occupés, ce petit roman se lit agréablement. La jeune narratrice de dix ans est mignonne, elle pose des questions intéressantes pour son âge, peut-être un peu trop pertinentes, je trouve. C'est toujours le souci d'avoir un roman qui donne la parole à un enfant, il faut être sensé sans pour autant tomber dans le bêtifiant.
Comment fait-on pour devenir importante, se demande Virginie. Elle pense qu'il faudrait sortir du rang pour intéresser son père et sa mère, alors qu'elle se trouve juste normale, "tristement normale".
C'est une réflexion à la fois drôle et touchante d'une fillette qui réclame un peu d'attention, il n'y a pas de morale dans tout ça, c'est simplement un constat sans prétention sur le temps qui file trop vite entre nos doigts.
Jolie découverte d'une petite maison d'édition. Le ton est humoristique, avec des illustrations sympathiques.

Illustrations de Sylviane Lausdat.

Les 2 Encres, collection Encre juniors, 2007 - 80 pages - 9,50€

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21 avril 2009

Le camp des éléphants ~ Frédéric Lepage

camp_des_elephants

Micah a totalement renié ses origines thaïlandaises et vit depuis douze ans avec son père, Antoine, ses frère et soeur, Bart et Charlie, dans la région bordelaise. Leur mère est décédée, le moral est en berne dans la maison, quand arrive une lettre d'Asie qui annonce l'héritage d'un bout de jungle. Toute la famille (à l'exception de Micah) est excitée et décide de faire le voyage.
Sur place, le garçon n'ouvre pas la bouche. Il a l'intention de refuser cet héritage, mais en découvrant un vieux camp d'éléphants malades hanté par une poignée de cornacs, sa soeur Charlie s'excite et propose de créer un centre pour touristes fatigués, qui aimeraient se ressourcer au coeur la jungle. Et l'aventure commence.

Au début toute la logistique est réglée sans peine ni problème. Au diable les avertissements de l'avocat qui a raconté que cette terre était maudite, qu'il fallait vendre et fuir au plus vite. Or, peu de temps après, la famille a des doutes. Elle découvre qu'un crime abominable a eu lieu cinq ans auparavant, un cornac a été tué, son assassin n'a jamais été arrêté. Les rares témoins disent même que le criminel rôderait encore dans les parages pour revenir accomplir sa folie meurtrière !

Dans cette ambiance exotique, dépaysante et palpitante, l'histoire passionnante de Micah et des siens nous transporte. Le cadre est admirablement décrit, en mettant le doigt sur les religions, les croyances, la culture d'un peuple qui vit à l'écart de tout. On en apprend aussi sur les éléphants et les cornacs, sur les gibbons, et une étrange créature phosphorescente. Parce qu'il se passe aussi des événements peu banals, la menace plane sur Micah (qu'on tente d'étrangler), mais ce garçon découvre aussi un don qu'il a en lui et qu'un vieil homme du camp va aider à exploiter. Un peu comme une deuxième naissance.

Pour un premier tome, c'est une très bonne découverte. Le Tome 2 vient de paraître. Le troisième est annoncé pour l'automne 2009.

Msk, 2008 - 200 pages - 10€
Le livre a obtenu le Prix des lecteurs du Journal de Mickey.

Quelques adresses en rapport avec l'histoire :

malediction_de_mara (à suivre... bientôt !)

17 avril 2009

Parfum de meurtre ~ Annie Pietri

Cinq ans après Les Orangers de Versailles, nous retrouvons Marion Dutilleul, désormais la parfumeuse de la reine, dans son petit pavillon près du Trianon de Porcelaine, à bichonner ses plantes et ses herbes. Mais dans l'ombre, un nouveau complot se prépare. La Montespan n'a pas digéré d'avoir été trahie par le nez de Marion, elle jure de se venger. Son règne à la Cour est en train de faiblir, le Roi s'est entiché d'Angélique de Fontanges, qui est plus jeune, plus fraîche, plus fine et plus gracieuse. Athénaïs convoque son ancienne complice, la Voisin, connue pour sa sorcellerie mauvaise et satanique. Elle lui commande de kidnapper Marion, de l'éliminer, puis d'empoisonner la nouvelle passion de Louis XIV et de confectionner un élixir qui agira tel un regain d'amour sur sa personne (devenue difforme, à force de grossesses répétées et d'un régime alimentaire à base de gourmandises).

parfum_de_meurtre

C'est au coeur de l'officine de la Voisin que se passe l'essentiel de l'action de ce deuxième roman. Aux yeux d'un lecteur de 10 ans, l'ambiance apparaîtra délicieusement macabre, frissonnante et pleine de suspense. Les rebondissements ne manquent pas. L'histoire se résoud en un clinquement de doigts, personnellement je trouve que c'est toujours dommage, cet ensemble est lisse et gentillet, mais pour un enfant c'est impeccable. Et puis l'ambiance à Versailles est bien rendue, la reproduction fidèle et des tas de détails sont donnés pour illustrer la belle époque, riche en intrigues amoureuses, projets d'empoisonnement et ambitions personnelles. L'héroïne m'apparaît toujours trop fade, mais elle est sans conteste courageuse et très intelligente en tant que modèle pour nos chers bambins !
A conseiller, dès 10 ans.

Bayard jeunesse, coll. Estampille, 2009 - 142 pages - 9,90€

13 avril 2009

Kiki Strike dans la Cité Clandestine ~ Kirsten Miller

« il a suffi d'une seule et unique phrase pour que Kiki Strike devienne mon obsession »

 

kiki_strike

Tout commence quand Ananka fait la connaissance de Kiki Strike dans les souterrains new-yorkais (le sol s'est effondré en plein centre du parc, sous les fenêtres des Fishbein ; n'écoutant que son courage, Ananka s'est faufilée jusqu'au trou). Mais l'histoire s'arrête là. Ananka croit avoir rêvé d'une simple apparition, jusqu'au moment où l'adolescente de douze ans s'aperçoit de la présence de Kiki Strike dans sa classe ! Aussitôt elle est obnubilée par cette fille, totalement atypique, elle est menue, ses cheveux sont clairs, proches du blanc, sa peau est pâle, et elle est vêtue tout en noir. En plus d'être mystérieuse, Kiki Strike est fascinante, et pourtant personne ne s'étonne de sa présence, c'est comme si on l'oubliait aussitôt qu'elle quittait une pièce.

Ananka va longtemps la guetter, la suivre dans la rue, mais ne tente pas de l'approcher. C'est Kiki Strike elle-même qui lui donne rendez-vous, et sans expliquer ses projets plus longuement elle entraîne Ananka à des réunions de scoutes. Par quatre fois, Kiki approche des filles et leur confie une enveloppe dorée. Ananka l'ignore encore, mais le club des Irrégulières (clin d'oeil à Sherlock) est en train de se créer sous ses yeux.

De qui s'agit-il ? Betty, Oona, Luz et DeeDee sont des filles banales en apparence, mais elles ont chacune des capacités extraordinaires (dans l'art de se déguiser, de pirater l'informatique, de bidouiller la chimie ou des explosifs). Kiki Strike a une idée derrière la tête, en réunissant tous ces petits génies : découvrir la Cité Clandestine. Ce n'est pas une lubie, cette cité existe dans les sous-sols de New-York depuis des centaines d'années. Elle a été creusée pour satisfaire des ambitions clandestines, le marché noir, le rendez-vous de pirates, mais aussi pour ouvrir des saloons, des tripots et des dancings underground.

Pour motiver ses troupes, Kiki Strike parle aussi d'un trésor ! Les filles sont folles de joie, excitées par l'aventure, la découverte et l'originalité du projet où il leur faudra, en plus du reste, devenir des espionnes, des archéologues, et stoïques face à l'adversité. Place au spectacle, avec ces héroïnes précoces, plongées au coeur d'une action haletante, doublée d'aventure et de mystère, et qui sera pimentée par le souffle d'un complot politique en deuxième partie du roman.

Personnellement j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, pourtant séduite par la jolie couverture, j'ai cru jeter l'éponge quand, enfin, au bout de 150 pages j'étais totalement dans l'histoire. C'est qu'elle est devenue aussi beaucoup moins lisse, avec des lacets entortillés autour d'une figure phare, celle de Kiki Strike. La jeune fille s'était gardée de dévoiler certaines informations à son sujet, on en apprend donc au fil des pages, c'est excitant, entre les disparitions et les trahisons, c'est un vrai champ de bataille. Au final, grosse bonne surprise comme roman ! C'est aussi un coup de coeur international, le roman a déjà été traduit dans vingt pays. Je ne dis pas ça comme une surenchère, mais plutôt parce que je trouve le succès avéré. D'ailleurs une suite a déjà été écrite !

Pocket jeunesse, 2009 - 458 pages - 15€
traduit de l'anglais par Julie Lafon

illustration de Tara McPherson

10 avril 2009

Le gang des culottes courtes ~ Zoran Drvenkar

« le gang des culottes courtes est né au beau milieu de l'hiver, un moment à marquer d'une pierre blanche dans l'histoire du monde »

gang_des_culottes

Rudolpho, Island, Snickers et Ciment sont quatre jeunes canadiens dont la vaillance est tellement reconnue qu'ils sont conviés au studio de télévision pour raconter leurs aventures. Ils ont réussi à sauver des vies lors d'une tempête de neige, d'un accident de train, à dompter les grizzlis, à braver les fantômes et à se transformer en accoucheurs coincés dans une voiture.
Cela peut paraître invraisemblable et exagéré, et j'aimerais pouvoir trancher entre ce qui est vrai ou faux, mais c'est inutile. C'est un tel régal de se laisser berner par leurs sornettes (ou pas), de rire aux éclats en découvrant leurs péripéties abracadabrantes.
A tour de rôle, ils prennent donc la parole pour répondre à la question du public, comment sont-ils devenus la coqueluche du pays ? Très sérieusement, parfois timidement, et même un peu gênés, ils s'expriment. Et pour ça, ils sont cash. Désopilants. Attachants. Drôles. Fanfarons. Eux espèrent que toute la vérité sera enfin dite sur leur compte, puis rêvent d'aller manger une part de pizza loin des feux de la rampe.

En attendant, leur histoire se laisse lire avec un plaisir non simulé. A la fois c'est dépaysant, cela se passe au Canada, on a droit à tout le folklore (tempêtes de neige, caribous, grizzlis, hockey sur glace), ensuite les personnages sont inimitables, des Petites Canailles au grand coeur, qui se trouvent brusquement au coeur de l'action puis propulsées sur le tapis rouge, contre leur gré. Ils restent des enfants attachants, simples et sympathiques.

Et puis j'ai également aimé la mise en scène voulue par l'auteur, comme quoi le traducteur « Dick Sionert » serait venu en personne rencontrer Zoran Drvenkar dans sa maison de bois, près du lac Manitoba, retranché du reste du monde. Drvenkar est le seul à connaître toute l'histoire, à avoir recueilli les confidences secrètes des protagonistes... De cela, on n'en saura pas plus car l'histoire est bricolée de telle sorte qu'elle intrigue du début à la fin, mais l'auteur en joue jusqu'au bout, on trouve dans ce texte une profusion de notes, toutes plus risibles les unes que les autres, qu'importe, c'est du bonheur en barre !
Un bouquin dédié aux enfants, mais qu'on peut sans honte leur chiper !!!

Folio junior, 2009 - 192 pages - 5,90€
traduit de l'allemand par Laurence Bouvard
dès 11 ans

Illustrations intérieures de Ole Könnecke
Illustration de couverture Matthieu Sapin

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23 mars 2009

Un soir, j'ai divorcé de mes parents ~ Rachel Hausfater

un_soirSuite au divorce de ses parents, qu'il a beaucoup de mal à digérer, le jeune narrateur prend la décision de divorcer de ses parents. C'est sa façon à lui de manifester son mécontentement, mais aussi d'exprimer son chagrin. Il passe en revue deux parents divorcés qui ne ressemblent plus à la famille d'avant. De dépit en consternation, le garçon comprend qu'il n'a plus sa place, qu'il doit la trouver ailleurs. Il choisit de se réfugier dans la chambre de bonne de ses grand-parents, un week-end sur deux. En secret.
Toutefois cette liberté a aussi un goût amer, c'est un coup pour son moral. Comment passer ces journées sans adultes ? 
Beaucoup de réflexion dans ce court roman qui traite du divorce et des enfants de divorcés, "Un soir, j'ai divorcé de mes parents" raconte le parcours d'un adolescent qui se cherche, qui choisit de s'éloigner pour mieux se trouver. Son histoire est celle d'un enfant qui doit quitter brutalement le nid douillet, qui doit accepter la décision de ses parents et apprendre à vivre avec. Un divorce, ça fait grandir un peu trop vite, ça détruit, c'est une fin et ça tue aussi.
Mais heureusement, après on reconstruit, on recommence, on renaît. On aime ailleurs, et on aime encore. Le message est positif, même si le procédé peut paraître un peu excessif et exubérant (vivre seul dans une chambre de bonne, mener son petit cirque dans le dos des adultes). Disons que souvent cela m'est apparu trop profond dans la bouche d'un adolescent, trop mûri dans la tête d'un môme en détresse. A la fin, par exemple, ses discours avec ses parents sonnent incroyablement consciencieux, tellement adultes, alors qu'il s'agit tout de même d'un lycéen. Je ne sais pas. Il y a comme un fossé entre le fictif et le réel, sur tout ce qui touche le narrateur, sa parole et ses pensées. Cela me semble moyennement crédible.
Au moins cette histoire a pour vertu de faire réfléchir, je ne sais pas si un adolescent s'y retrouvera forcément, et même si j'apprécie personnellement beaucoup le style de Rachel Hausfater, je trouve qu'ici le texte manque parfois d'un léger plus (j'aurais préféré qu'on passe plus de temps avec Madeleine, cette voisine âgée qui recueille le garçon les soirs de blues, lui sèche ses larmes, lui offre du thé et des gâteaux, ou même avec Alma, sa petite fée de liberté).
Quelques frustrations, donc... mais ce n'est pas méchant.
J'attends vos retours avec une certaine curiosité !

Thierry Magnier, 2009 (achevé d'imprimer dans une chambre de bonne) - 115 pages - 7,50€ 

6 mars 2009

Cascades et gaufres à gogo - Maria Parr

« Il se passe toujours plein de choses loufoques quand on a une voisine et une meilleure amie telle que Lena. Mais, de temps à autre, je me dis que ce que je préfère par-dessus tout, ce sont les jours ordinaires. Les jours où il ne se passe rien de particulier, où je mange une tartine de pâté de foie, où Lena et moi on joue au foot, on cherche des crabes, on ne parle de rien d'exceptionnel, bref, ces jours où tout ne part pas en eau de boudin. »

51xhjYbucuL__SS500_Mais les jours ordinaires n'existent définitivement pas quand on a une voisine et une meilleure amie telle que Lena. C'est Trille, le narrateur de neuf ans, qui raconte cette formidable amitié qui donne lieu à des aventures poilantes, étonnantes et pétillantes. A Knert-Mathilde, petite bourgade paumée de Norvège, on a foi en la famille, aux amis, aux traditions et aux bonnes gaufres de mamie bis. Les semaines passent, Trille et Lena ne s'ennuient pas une minute. Ils font les quatre cent coups, chaque chapitre est l'occasion sans cesse renouvellée de rapporter un fait extraordinaire, souvent à l'initiative de Lena, fillette intrépide, qui ne manque pas d'imagination. C'est une frondeuse, habituée à pousser des coudes car c'est la seule fille de la classe. Elle vit aussi seule avec sa maman, et elle aimerait bien un papa pour son anniversaire, mais là ce sont les affaires des grandes personnes, et poser une petite annonce sur la voie publique n'est pas du goût de tout le monde !...

Voici un roman indéniablement drôle, inventif et plein d'entrain. Il sait également être tendre, avec une petite pincée au coeur en cours de lecture. C'est un livre qui parle d'amitié, et des rapports entre génération, du soutien, de la solidarité et de l'entraide. Les bêtises sont importantes, ce qui ne manquera pas de séduire les jeunes lecteurs (dès 9-10 ans), mais le ton de Maria Parr va vous tirer des sourires. C'est frais, c'est spontané, c'est très bon ! 

*****

 

« - Il y a assez d'hommes dans cette maison. Sans oublier Trille, bien sûr, a-t-elle cru bon d'ajouter.
Une précision qui, selon Lena, était la phrase la plus crétine qu'elle ait entendue depuis des lustres.
- Trille n'est pas un homme !
- Je suis quoi alors ?
- T'es un voisin !
Tiens donc, j'ai pensé. Et j'aurais bien aimé qu'elle dise autre chose. Que j'étais un meilleur ami, par exemple.
»

 

 

 

Achevé d'imprimer au clair de lune pour le compte des éditions Thierry Magnier, 2009
180 pages  /  10,50€

Traduit de néo-norvégien par Jean-Baptiste Coursaud

26 février 2009

La traversée - Marjolijn Hof

 

51ezspLCHIL__SS500_Margot vit seule avec sa mère, qui est très souvent amoureuse mais a beaucoup de mal à se fixer. Alors les amants défilent, ce qui a tendance à lasser la jeune adolescente. Un jour, Brajni fait son entrée. Il est d'origine islandaise, et il aimerait faire découvrir son pays aux nouvelles femmes de sa vie. Margot piétine, pas convaincue du tout, tandis que son amoureuse de mère se lance dans l'aventure. L'exploration devient vite houleuse. Outre le climat froid, le paysage de cendres, les risques souterrains et les rivières sauvages, Margot commence à être agacée par les disputes incessantes entre sa mère et Brajni. Et puis, ça l'embête aussi car elle a fini par bien aimer Brajni et voit d'un mauvais oeil les moues boudeuses de sa maman... ça sent le drame sentimental !

En attendant, profitons-en pour savourer le décor, pour goûter aux joies culinaires et aux subtilités de la langue islandaise, sans parler des contes et des légendes, de Grettir le monstrueux, du fantôme qui rôde le soir autour de la tente et du pain de troll. C'est encore mieux qu'un guide touristique ! Et pour la petite histoire, Marjolijn Hof dresse un joli portrait de fillette qui contemple les amours compliquées de sa maman volage, qui grandit et qui voit les choses différemment, comme par exemple qu'une pierre est faite de deux morceaux et qu'il existe des tas de pierres dans le monde !
Pour jeunes lecteurs, dès 10 ans.

Seuil jeunesse, coll Chapitre, 2009 - 124 pages - 8,5€
traduit du néerlandais (Pays-Bas) par Emmanuèle Sandron

22 février 2009

Une famille aux petits oignons - Jean-Philippe Arrou-Vignod

La nostalgie aurait-elle le vent en poupe ? Oui, je pense ! Quelques exemples : les albums par Dupuy-Berberian (Comment c'était avant), Mes années 70 par Claudine Desmarteau ou les ouvrages d'Armelle Leroy (La Saga de la Bibliothèque Rose) etc.

Une autre confirmation : les histoires des Jean-Quelque-Chose.

9782070622658

« Les gens n'arrivent pas à croire qu'on est juste une famille, pas une colonie des vacances ni une troupe de sosies échappés d'un cirque.
Six frères, ce n'est déjà pas courant. Mais six Jean-Quelque-Chose, ça frise le livre des records. Comme on a tous les oreilles décollées et un épi sur la tête, papa, qui n'est pas très physionomiste, a trouvé un truc imparable : nous ranger par ordre alphabétique, comme dans un répertoire.
Il y a Jean-A., onze ans, alias Jean-Ai Marre parce qu'il râle tout le temps.
Moi, c'est Jean-B., alias Jean-Bon parce que je suis un peu rondouillard.
(...)
Dans la chambre des moyens, il y a Jean-C., sept ans, nom de code Jean-C-Rien parce que c'est le distrait de la bande.
Il y a aussi Jean-D., cinq ans, surnommé Jean-Dégâts, avec qui Jean-C. a inondé deux fois l'appartement depuis qu'on habite à Cherbourg.
Les petits, c'est Jean-E., trois ans, alias Zean-Euh parce qu'il a un cheveu sur la langue, et le bébé Jean-F., alias Jean-Fracas, qui n'a encore qu'un an et pas beaucoup de cheveux sur la tête.
»

Une famille aux petits oignons reprend toutes les histoires des Jean-Quelque-Chose parues séparément : L'omelette au sucre ; Le camembert volant ; La soupe de poissons rouges ; avec en bonus, une histoire inédite : Des vacances en chocolat.

Toutes ces histoires sont fraîches, pleines d'humour, empreintes d'une douceur nostalgique de la fin des années 60, à décrire la vie d'une famille nombreuse, qui habite Cherbourg avant de déménager pour Toulon. Il y a 6 enfants dans cette maison, 6 garçons (dans le premier livre, la maman est enceinte et tout le monde s'imagine déjà accueillir une petite fille dans la tribu !). Il y a une multitude d'anecdotes de la vie de tous les jours, entre les castagnes, les fessées déculottées, les parties de cache-cache, les vacances à la campagne, la piscine municipale, les cousins Fougasse, le mystère de François Archampault (son père est-il un espion qui risque sa peau tous les jours ?)... Il n'y a pas la télévision dans cette maison (au grand dam de l'aîné des Jean, qui se cache dans les toilettes, avec une paire de jumelles, pour observer chez un voisin les épisodes de Rintintin !). A la place, la fatrie s'occupe en jouant à des jeux de société (le monopoly, le 1000 bornes...), ou en créant un club de détectives privés (on sent la très forte influence du Club des Cinq !!!).

Je ne sais pas comment un jeune lecteur de 10 ans d'aujourd'hui percevra ce genre d'histoire, mais moi j'aime beaucoup. 32 ans, cinquième fille d'une famille nombreuse (avec que des filles, en plus !), je n'ai pas connu la même période (fin des années 60) mais je suis touchée quelque part par ces histoires où s'enfilent les anecdotes comme autant de perles sur un collier. Tout me semble bon, tout me rappelle un peu ma propre jeunesse... J'attends encore un ou deux ans avant de pouvoir confier ce livre à ma fille, et j'espère qu'elle comprendra. (Déjà je râle énormément de répondre à ses questions, du style : les années 80, c'est vieux !!!!!).

En somme, je recommande ce livre comme Au pays de mes histoires, le recueil de Michael Morpurgo. C'est une lecture indispensable, sans âge, qu'on prend plaisir à lire et relire, et qu'on garde sous le coude pour les périodes de blues ou de bobos à l'âme. C'est tout à fait l'antidote en matière de lecture qui vous redonne le sourire !

Bonne lecture ! 

On peut consulter en ligne un chapitre du livre.

« C’est drôle une famille de huit…on manque de place, on se donne des coups de coude, on voudrait être fils unique ou orphelin, sans personne pour vous mettre ses pieds dans la figure ou vous expédier séance tenante aux Enfants de troupe…Mais quand l’un d’entre nous n’est pas là, c’est comme un jeu de Sept familles lorsqu’il manque une carte : tout paraît bizarre, faussé, comme si la carte perdue avait rendu tout le jeu inutile. »

Gallimard jeunesse, 2009 - 330 pages - 13,50€
illustrations de Dominique Corbasson

17 février 2009

La guerre des livres - Alain Grousset

618gLk_2BaRoL__SS500_Jeune pilote de la Sécession, Shadi atterrit en catastrophe sur Libel, la planète des livres, qui appartient à l'ennemi, la Confédération impériale. Pour le protéger, Angus, le conservateur de la bibliothèque, le fait passer pour son neveu. Le pot aux roses risque d'être découvert avec l'arrivée à l'improviste de l'empereur en personne. Que veut-il ? pourquoi est-il venu sur Libel ? En fait il a besoin d'Angus et de son savoir littéraire. Sa fille est gravement malade, et seule l'existence d'une plante rare pourrait lui sauver la vie. Il est suivi par une clique de chercheurs avec leurs outils numériques qui permettront de trouver l'ouvrage faisant référence à l'Emerantia. A la tête, se trouve Orfel, le maître-conservateur de l'empereur, accessoirement le vieil ennemi d'Angus et le papa de Thaïs, une jeune fille de quinze ans qui va charmer Shadi. Mais le garçon doit rester discret, ne pas éveiller les soupçons. Il a déjà à ses trousses un certain Wolther, un lieutenant de la sécurité impériale, résolu à lui tendre un piège et démasquer les combines de la bibliothèque des mondes.

Lecture assez passionnante, qui se passe dans des temps futurs, mais surtout dans le monde des livres et qui  montre la suprématie du papier sur le numérique (l'ebook, en tête).  J'ai également apprécié les citations ouvrant chaque chapitre, sur le thème du livre et de la lecture à chaque fois.
L'histoire est captivante, elle ne laisse pas le moindre temps mort. Cela commence par des batailles dans l'espace, puis sur une traque, des complots, des trahisons et une course-poursuite dans les couloirs labyrinthiques de la bibliothèque. Peut-être quelques facilités dans l'intrigue viennent un peu frustrer le lecteur plus pointilleux, mais le roman a déjà rempli un premier contrat : histoire courte, prenante et truffée de messages concernant la liberté, la paix et l'apport précieux de la lecture dans la vie. 
Autre point important : il faut prendre soin des livres, car « le savoir appartient à toute l'humanité ».

Gallimard jeunesse, coll. Hors-piste, 2009
141 pages  /  8€

Illustrations de Manchu  

 

### By dream - Daniel Martin Moore

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