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Chez Clarabel
19 janvier 2019

L'été où j'ai vu le tueur, de Claire Gratias

L'été où j'ai vu le tueurCoincé pour l'été dans son petit village tranquille, pendant que ses copains sont tous partis en vacances, Hugo a déjà prévu de dévorer des romans d'épouvante. Sa rencontre avec Vadim va chambouler son programme. Pour impressionner le chef de la bande, il commence à raconter qu'il existe la Porte du Diable - un conte à dormir debout - dans la cave de sa maison. Son pote mord à l'hameçon et demande à en savoir plus.
Commence donc un vrai challenge pour Hugo : donner le change avec des détails croustillants et ne pas montrer qu'il meurt de trouille au fond de lui. Car le garçon est loin d'être téméraire. Les frissons, les nuits blanches, il les réserve pour ses lectures. En vrai, il a peur de son ombre.
En plus, une drôle de rumeur enfle dans son village. Le chien de ses voisins a été empoisonné. Puis un autre, et encore un autre. Cette hécatombe n'est pas le fruit du hasard. Hugo est persuadé qu'un criminel court dans sa verte et paisible campagne. Il entraîne alors Vadim à sa suite pour résoudre ce mystère.
Que de suspense entre les pages de ce roman ! Les jeunes amateurs vont se délecter. Le déroulement de l'intrigue n'est peut-être guère surprenant (j'ai passé l'âge aussi) mais le reste est bichonné avec soin : on a une ambiance pesante, un climat angoissant, un vrai roman noir. On joue avec les codes du genre, on se prête au jeu et on tourne les pages avec excitation. Le décalage avec le charme bucolique en toile de fond est également admirable.
Une réussite en la matière. Très sympa.

rouergue jeunesse, collection doado noir (2019)

 

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16 janvier 2019

Pëppo, de Séverine Vidal

PeppoUn matin, Pëppo découvre un petit mot de sa sœur Frida lui annonçant qu'elle vient de mettre les voiles et lui confie ses deux dodus le temps de se retourner. Le môme de 17 ans tombe des nues.
Déjà, il faut savoir que Pëppo vit dans une caravane et dans un camping délabré. Ses parents sont actuellement en tournée sur une croisière et ne rentrent qu'à la fin de l'été. Le reste du temps, le frère et la sœur doivent se débrouiller avec le quotidien. En plus, Frida est maman de deux bambinos et trime comme une malade pour faire bouillir la marmite.
Résultat des courses, Frida a capitulé et filé sans demander son reste. Pëppo en reste comme deux ronds de flan mais ne va pas se débiner. Les marmots, il en fait son affaire. Les biberons, les couches, il gère. Puis cap sur la plage à bord d'une vieille charrette de marchand de glaces qu'il a bidouillée exprès pour trimballer les jumeaux.
Car la vie de Pëppo, c'est le surf. Il passe des journées entières à attendre la vague et glisser sur sa planche. Parfois il envisage de se rendre au lycée, même si côtoyer ses congénères lui donne souvent de l'urticaire. Et il y a cette Marie-Lola, au prénom ridicule, avec ses bagues sur les dents et ses étoiles sur les ongles, qui parle tout le temps mais qui commence aussi à lui faire du bien... C'est nouveau, ça. Pëppo ne comprend pas.
Enfin, la vie est une pochette-surprise avec ses rencontres, ses routes, ses lumières, ses chansons et son café-chaussette. Ça rigole pas mal dans cette histoire, ça tire aussi la langue. Mais au bout du compte, ça chante et ça danse sous les étoiles. Au final, ça propulse une formidable énergie et une envie de croire en son prochain. Amitié, solidarité, entraide et roublardise se bousculent et composent cette lecture aux accents franchouillards.
C'est très sympa comme lecture estivale. En tout cas, ce que j'apprécie par-dessus tout, c'est la plume de l'auteur. Un style inimitable, des mots qui semblent glousser sur la ligne... C'est une démonstration sans fausse note d'une parfaite virtuose. N'hésitez pas à jeter un petit coup d'œil en passant : ça se savoure en faisant claquer sa langue contre le palais. Tutto finisce a tarallucci e vino !

Bayard jeunesse (2018) - illustrations : Chez Gertrud

 

19 décembre 2018

Nos vies en mille morceaux, de Hayley Long

Nos vies en mille morceauxDylan et son frère Griff ont passé leur enfance à parcourir le globe avec leurs parents. Libres et insouciants, ils incarnent la famille aimante et offrent un aperçu du bonheur de vivre ensemble. Mais peu avant le 13ème anniversaire de Griff, leurs parents ont un accident de voiture. Un drame puissance mille. Les garçons sont anéantis, privés de repères, ils se retrouvent seuls au monde. D'abord recueillis par une collègue d'école, la sublime et attachante Beyoncé (keep on dreaming), ils sont ensuite envoyés dans une petite ville du Pays de Galles, chez une cousine qu'ils n'ont jamais rencontrée de leur vie.
Commence une autre étape pour recoller les morceaux de leur existence brisée. Et là, moi j'étais effondrée avec mon roman entre les mains : ses éclats de rires et ses cascades de larmes vont et viennent en alternance. Ascenseur émotionnel droit devant. J'ai pourtant tout encaissé car cette lecture est aussi extrêmement positive. Elle vous envoie de bonnes ondes vivifiantes, elle déborde d'amour, de poésie et de musique, en même temps qu'elle évoque le chagrin insurmontable, la perte et la solitude.
L'auteur avait déjà produit ce numéro de haute voltige avec son héroïne Lottie Biggs, ou comment raconter une histoire poignante, sans verser dans le mélodrame, en rappelant qu'il faut s'accrocher et croire en la vie. Elle récidive donc avec Dylan et Griff à travers un portrait magnifique et bouleversant des deux frères dont la détresse est à couper le souffle. Et même si on a le cœur lourd et la boule au ventre, même si on tend l'oreille pour écouter leurs murmures, on sourit aussi tout du long à la lecture de cette histoire miraculeuse.
On fait ainsi provision de mots doux, on ramasse des mots piochés ci et là : “avec ou sans moi, la vie continue”, “on se sent toujours mieux après un bon thé gallois”, “parfois, malgré tout, la vie est belle”. Et on court écouter l'album des Beach Boys et leur chanson, The Nearest Faraway Place. « On aurait dit la musique qui clôt un film. Du genre doux et triste et, en même temps, plein d'espoir. » 
Ce roman est magique.

Gallimard jeunesse (2018) - Traduit par Laetitia Devaux

Titre VO : The Nearest Faraway Place

13 décembre 2018

Ensemble à minuit, de Jennifer Castle

Ensemble à minuitÀ peine rentrée d'un semestre en Europe, Kendall traîne sa valise jusqu'à New York, chez son frère, pour réfléchir à son avenir. Elle a également donné rendez-vous à Jamie en espérant recoller les morceaux avec lui : six mois plus tôt, le garçon lui a fait comprendre qu'il n'avait aucun sentiment. Néanmoins, il n'a cessé de correspondre avec elle durant son voyage à l'étranger. Chemin faisant, elle retrouve Max, un ami de Jamie, qui séjourne chez son grand-père avant de se décider pour ses études. Max et Kendall ont déjà échangé un baiser l'été dernier. OK. Là je vous perds, mais moi aussi j'ai cru avoir loupé un épisode. Contentez-vous de suivre (la lumière) le mouvement, imprégnez-vous de l'ambiance, c'est tout ce que je peux vous conseiller. Car Kendall et Max sont témoins d'une dispute dans la rue : un type bouscule sa copine qui chute sur la chaussée, renversée par un bus. Les deux jeunes gens sont tétanisés et choqués de n'avoir rien pu faire. En se lamentant dans un café, la serveuse les accoste en leur proposant un défi : accomplir sept actions totalement détachées d'ici le 31 décembre. Kendall et Max s'y soumettent et vont ainsi passer les cinq prochains jours ensemble à déambuler dans les rues new-yorkaises, sous la neige, à la rencontre d'anonymes qu'ils vont secourir par des petits gestes, des attentions anodines mais non négligeables. En partant du principe que l'histoire laisse place à l'errance, la délicatesse et la bienveillance, il n'y aura absolument aucune déception à la clef. C'est un roman d'une grande douceur et empreint d'émotion... autant le dire. Par contre, j'espérais aussi un peu de magie dans cette histoire (très brouillonne au début) : des personnages vont et viennent, parfois sans grande utilité. Les relations de couple aussi sont très confuses et n'inspirent pas systématiquement une grande empathie. Ceci dit, je n'ai pas boudé mon plaisir à me perdre dans New York en cette saison festive et hivernale. La lecture invite à se poser et à réfléchir sur nos choix de vie. C'est plutôt bien vu et réconfortant.

Casterman (2018) - Traduit par Alice Delarbre

Titre VO : Together At Midnight

 

12 décembre 2018

Un jour inoubliable, de Stephanie Kate Strohm

Un jour inoubliable

Vivre dans l'ombre d'un frère brillant n'est pas si facile. Angelica Marie Hutcherson en sait quelque chose : pas un jour ne passe sans qu'on lui ressasse les prouesses du Grand James Hutch lors de la sacro-sainte Battle Interdisciplinaire. Ceci expliquerait sans doute pourquoi le rédacteur en chef du journal du lycée, Colin Von Kohorn, lui demande d'écrire un article à ce sujet.
Ambitieuse, Angelica croit saisir sa chance mais va vite déborder du cadre classique pour découvrir un scandale impensable dans l'enceinte de leur école. En effet, le même jour, doivent se tenir cette fameuse Battle, le bal de Homecoming, l'élection des délégués et l'événement footbalistique de l'année. Cerise sur le gâteau : elle apprend que la tête de l'indispensable mascotte a été volée. Cela commence à faire trop de coïncidences...
Angelica n'en doute plus et comprend qu'elle détient le scoop de sa jeune carrière de journaliste d'investigation, au grand dam de ses proches, complètement ahuris de la voir courir dans tous les sens. Même son rédac chef, un brin condescendant, hausse son sourcil d'étonnement avant de se joindre à son enquête pour 24 heures complètement folles et palpitantes !
Au final, la lecture se dévore en deux coups de cuillères à pot : ça fuse à chaque coin de page car les acteurs interviennent sans crier gare pour commenter la situation pour le moins farfelue. Le principe n'est pas nouveau car l'auteur nous avait déjà gratifiés d'un roman choral aussi bourdonnant et original, cf. Ma vie amoureuse en 16 garçons. Il faut dire aussi que cette chère Angelica n'est autre que la sœur de l'adorable Hutch... revoyez vos classiques !
Le roman nous offre donc de bonnes séquences inénarrables, avec des personnages fantasques et attachants. On trouve une fois encore du rythme, de l'humour, du suspense dans cette lecture pour le moins épique et entraînante. C'est complètement fun et délirant, ça fait glousser dans les chaumières. Bref. J'ai trouvé ce deuxième roman tout aussi réussi !

La Martinière J. (2018) - traduit par Aurélie Devillers

Titre VO : The Date To Save

 

 

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11 décembre 2018

Les Sept ruptures d'Amy et Craig, de Don Zolidis

Les Sept ruptures d'Amy et CraigLoin d'être une banale histoire d'amour impossible, l'histoire de Craig et Amy raconte une série de ruptures et de retrouvailles toutes particulièrement cocasses.
Ils ont 17-18 ans, vivent dans le fin fond du Wyoming, ils s'aiment mais ne font que se quitter. Certes, la vie n'est pas simple et vient souvent jouer les trouble-fêtes dans leur relation en dents de scie. Pour autant, ne craignez pas une lecture mélodramatique ou répétitive car le ton est infiniment drôle et décalé. Craig est super étonnant dans sa façon d'exposer ses déboires et fait bien entendu preuve de dérision à balancer toute son aventure.
Au départ, il ne s'en cache pas, il est complètement fou d'amour pour Amy : c'est la fille la plus populaire de son lycée, la présidente des élèves, elle rayonne parmi la foule. Craig est fasciné, lui vit dans l'ombre, accro à Donjons & Dragons, il déteste les soirées et n'a jamais eu de petite copine. Son premier baiser avec Amy est donc pour lui totalement surréaliste. On le comprend. Il plane sur son petit nuage, frôle parfois l'obsession maladive... plus dure sera la chute.
Car la délicieuse Amy ne va pas l'épargner et lui briser le cœur par sept fois. C'est complètement insensé, et pourtant impossible de lui en vouloir : moins lisse que l'image parfaite qu'elle cultive (enfant adopté, maman malade...), Amy est à sa façon attachante et paumée. De son côté, Craig ne peut plus se contenter de sa posture d'éternelle victime (sa famille va traverser une période difficile et  ses études en seront menacées). À eux de saisir les branches tendues et d'avancer comme ils peuvent.
Cette histoire est à la fois tendre, drôle et désespérée. C'est un mélange de jouissances et d'échecs dans une vision complètement optimiste ! Je redoutais une mise en scène trop dramatique alors que le résultat est détonant et agréablement surprenant. Il y a en effet beaucoup de romantisme, un peu de désœuvrement mais un vrai souffle de vie, d'envie, de joie et de peine. Avec son dosage au plus juste, la lecture se révèle entraînante et enjouée.

La Martinière J. (2018) - Traduit par Sophie Passant

Titre VO : The Seven Torments of Amy & Craig

10 décembre 2018

La Théorie de l'iceberg, de Christopher Bouix

La théorie de l'icebergÉté 1993. Noé vit dans une petite ville face à l'océan. Passionné de surf jusqu'à son accident, le garçon souffre de choc traumatique et se renferme sur lui-même. Face à sa souffrance, sa famille est impuissante et son psy l'incite à se remettre en selle. Les vacances arrivent, avec son flot de saisonniers. Noé l'ignore encore, mais sa routine va en être bousculée : d'abord, il rencontre Lorraine, qui adore les haïkus, la photographie et les étoiles, puis M. Hereira, un vieux monsieur qui vit cloîtré dans une maison pleine de livres. Chaque samedi, Noé lui rend visite en lui apportant les derniers ouvrages commandés à la bibliothèque. Assez hostile et grincheux, l'homme va tomber sur son carnet et critiquer l'histoire qu'il est en train d'écrire. Le garçon va néanmoins encaisser les remarques en comprenant qu'il s'agit d'un célèbre auteur de science-fiction et qu'il pourrait bien l'aider à terminer son texte pour un concours de nouvelles. De cet été 1993, découleront d'autres rencontres et d'autres vérités qui allégeront considérablement le poids que porte notre jeune héros de 15 ans. « Peut-on savoir qui sont les autres ? Qui ils sont vraiment. Soudain, je n'en étais plus si sûr. Peut-être qu'on se contente de passer notre vie à côté d'eux, à les côtoyer, à les croiser, sans jamais les connaitre. »
J'ai refermé ce livre en ressentant une immense quiétude. C'est en effet une lecture pleine de douceur et de sensibilité, une lecture infiniment charmante et délicieuse. On se laisse bercer par la jolie plume de l'auteur et par l'histoire de Noé. On retient aussi de belles paroles sur l'écriture et le processus de création. C'est très inspirant mais aussi apaisant. Un premier roman convaincant et profondément attachant !

Gallimard jeunesse, coll. Scripto, 2018 - couv. illustrée par Emmanuel Polanco

« Selon Hemingway, la force d'une histoire réside dans ce qui est sous-jacent. Tout ce qui n'est pas exprimé mais que le lecteur ressent. Imagine un iceberg. Les sept huitièmes sont sous l'eau. On ne les voit pas. Mais ce sont eux qui portent la masse. En littérature, c'est pareil. C'est toute cette partie immergée, cet ensemble de non-dits, qui fait la force d'un texte. »

 

30 novembre 2018

Les Mondes d'Ewilan #2 : L'œil d'Otolep, de Pierre Bottero

L'œil d'Otolep EwilanCycle 2, épisode 2. Ewilan tente de trouver une certaine routine à Gwendalavir où elle suit des cours à l'académie qui forme les futurs dessinateurs et autres sentinelles. Loin de Salim, toujours par monts et par vaux auprès d'Ellana pour son apprentissage, notre héroïne est devenue proche de Liven, lequel chatouille sa sensibilité et roucoule des mots doux. Ceci dit, Ewilan est troublée mais le repousse en valorisant l'amitié coûte que coûte.
De toute façon, la jeune fille a d'autres objectifs en tête : elle souhaite ardemment se joindre à la délégation chargée de conduire Illian dans sa famille. Elle se sent attachée à l'enfant, lui aussi enlevé par Eléa Rim'Morienval et victime de ses sinistres expériences. Depuis, elle refuse de l'abandonner. Consciente du danger et du pouvoir de son ennemie, Ewilan a également du courage et de la détermination à revendre.
Mais aura-t-elle la ressource nécessaire pour affronter un nouveau piège ? Liven et elle ont découvert qu'une méduse cherchait à s'infiltrer dans l'Imagination. Trop tard. Ewilan va être touchée de plein fouet. Affaiblie, elle va puiser dans ses dernières capacités pour mener sa mission jusqu'au bout.
L'aventure promet d'être plus haletante que jamais ! Et c'est tout le talent de Pierre Bottero, sa maîtrise et son habileté à verrouiller son univers : c'est dense, c'est palpitant, c'est sombre, c'est poignant. Tant d'émotions, tant de sensations... c'est prodigieux. On vit aussi la lecture au sens propre - l'interprétation de Kelly Marot est excellente. Elle nous plonge au cœur de l'angoisse, mais on sourit aussi face à la tendresse et à la complicité du groupe. Évasion garantie. C'est charmant !

©2004 Rageot Éditeur (P)2018 Audiolib

 

 

29 novembre 2018

J'exagère à peine, de Fabrice Colin

J'exagère à peineQuelle farce ! Fabrice Colin s'amuse dans ce roman à tailler le portrait d'un garçon HORS DU COMMUN. Et c'est tout naturellement qu'il va nous raconter ses aventures, toutes plus fantasques et extraordinaires, si bien qu'on serait en droit de ne pas y croire ou de réfuter ces sornettes, mais notre jeune ami se défend de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.
Et qu'est-ce-que c'est drôle ! Abusé, exagéré, délirant. Mais drôle.
Dans sa famille, on ne remet rien en question : sa mère chante du Disney du matin au soir, son père dit amen. Les parents souvent absents, l'enfant est confié aux bons soins d'une gouvernante. Celle-ci devine en lui un pouvoir divin et perd un peu la tête. Voyez le tableau.
Dès son plus jeune âge, le môme surprend encore et toujours son entourage : il tombe malade, paf il se métamorphose en toucan. Il va à l'école, bim il fait preuve d'un génie incomparable et invente la machine à remonter le temps. Il se rend à la piscine, plouf il tombe fou amoureux d'une sirène qui glousse au fin fond du bassin.
Pas possible ? pensez-vous. Jugez plutôt en ouvrant ce délicieux petit roman, débordant de folie douce. On frise parfois l'overdose tellement il en rajoute une couche. Trop, c'est trop. Mais c'est raconté avec une dérision qui s'assume, de l'humour et de la fraîcheur à chaque coin de page. On ne dit pas non, finalement.
Preuve aussi que le narrateur n'est pas complètement toqué : le corps médical s'est penché sur son cas. Oui, oui. Même que la vérité vraie va éclater et éclairer la raison de ce “générateur d'embrouilles”. Ha, ha.
C'est complètement farfelu et déraisonnable. Et c'est pas faute de vous prévenir. Accrochez-vous, récit original et hors normes droit devant !

Seuil jeunesse (2018)

 

28 novembre 2018

Méto : L'intégrale (version anniversaire), par Yves Grevet

Méto intégrale version anniversaire

Dix ans déjà que cette trilogie culte fascine, intrigue, interpelle chaque lecteur qui pose son regard sur la couverture illustrée par Thomas Ehretsmann. Le lecteur l'ignore, mais le verrouillage est activé.
Il y a en effet ce CRAC légendaire, un bruit à peine audible dans un dortoir où règne un silence angoissant. Des voix chuchotent, c'est pas moi, c'est lui. 
Au matin, tous constatent qu'un lit a craqué et la panique monte d'un cran. Mais pourquoi ?
À ce stade, impossible de reposer l'ouvrage ou de poursuivre son chemin en faisant comme si.
Impossible.
L'histoire de Méto ne se raconte pas. Il faut s'y aventurer en toute confiance et savourer sa parfaite maîtrise, son suspense et sa mise en scène. Tout y est. On débarque dans une Maison sur une île, où vivent une soixantaine d'enfants, tous distincts selon des rubans de couleur. Or, tous semblent redouter qu'ils se déchirent (ou que leur lit se brise). Alertés, les César les conduiraient hors de la Maison. Par contre, nul ne sait ce qui les attend après.
Dans cette Maison, les règles sont strictes, les repas avalés à heure fixe selon un rituel établi, les corvées ne manquent pas, les enfants doivent se dépenser physiquement en pratiquant du sport (un jeu de salle appelé Inche) et suivent des cours sur la culture de la pomme de terre ou sur une chaudière.
Le reste, c'est mystère et boule de gomme.
Quel est donc ce monde que nous propose Yves Grevet ? Un univers étrange, dense et palpitant. Des personnages forts et mémorables. Une action qui suit son cours, entre aventure, anticipation et espionnage. Un lecteur tenu en haleine tout du long.
En dix ans, d'autres romans ont paru et creusé la perspective d'une société qui se renouvelle, qui déconcerte et qui chamboule notre imaginaire, mais MÉTO avait tout compris avant l'heure.
Voilà pourquoi il n'est jamais trop tard pour lire ou relire cette série. Ce n'est plus une nouveauté, mais dix ans d'un amour qui n'a jamais flétri. Les éditions Syros célèbrent donc son anniversaire en publiant une intégrale (des trois volumes) sous une magnifique jaquette dépliable. En chiffres, ce sont aussi 14 prix littéraires, 896 pages d'une intrigue passionnante et des traductions à travers le monde (8 langues dont le coréen, l'allemand, le russe ou le néerlandais).
Du grand, du bon, du très, très bon !

Syros, 2018  *** version anniversaire ***

« Ne te fais pas d'illusions: la seule voie de la survie est l'obéissance envers ceux qui détiennent du pouvoir. »

 

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