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Chez Clarabel
27 janvier 2017

Toute résistance est inutile, de Cora Carmack

toute resistance est inutileJe n'ai rien contre les romances légères, distrayantes à lire, sans prétention. Cela donne du baume au cœur et un sourire niais aux lèvres. De temps en temps, c'est vrai, ça fait du bien. Sauf que la mécanique souvent se répète et quand je me sens d'humeur bougonne, ça ne passe plus. J'ai juste envie de rouspéter et de réclamer la fin de cette mode éditoriale, pitié, il faut varier les plaisirs.
Cette fois encore, il est question d'une étudiante engoncée dans sa petite vie étriquée, qui pensait s'échapper du carcan paternel en quittant le lycée, seulement son fameux père a accepté le poste d'entraîneur de l'équipe de football américain sur le campus où se trouve sa fille. Imaginez ses rêves de profiter d'une liberté nouvelle... envolés ! Papa toujours derrière son dos, papa attentif à ses faits et gestes, papa exigeant et intraitable, entouré de machos aux gros biscotos, dont l'ex de notre héroïne. Mais elle a juré de ne plus y toucher, elle en a assez des sportifs, même si elle évolue parmi eux depuis la nuit des temps. Bingo, elle rencontre un nouveau spécimen en la matière, alliant à la fois le pouvoir de séduction et l'interdit. Naturellement, le charme opère alors qu'ils sont supposés résister à la tentation (mauvais timing, objectif à tenir, aucun écart possible, etc.). Il y a toutefois un monde entre ce qui est dit et ce qui se produit. Et là, les bras m'en tombent. Je ne comprends pas ce besoin de mettre en scène des jeunes gens qui se pelotent et qui poussent loin leur flirt, alors que leurs discours prônent le contraire. Je suis paumée dans le message que cela peut envoyer auprès des plus jeunes. La raison ou les sentiments, toujours ce sempiternel refrain... 
Dallas et Carson se lancent donc dans une roue de séduction archi vue et revue, ils se cherchent et se taquinent, ils ont pour eux la morgue, le désir et le tempérament. C'est une histoire basique, fignolée vite et mal, sans surprise et sans originalité. Elle brasse en vrac la peur de grandir, l'absence de lâcher-prise, l'amertume qui vous ronge et la confiance à accorder aux autres. Ce n'est pas bien méchant, mais tout est couru d'avance et ça manque d'une touche de fantaisie ou d'humour pour faire la différence. De toute manière, j'étais déjà fâchée par l'amoncellement des clichés dès le commencement, la fille qui cherche à se dévergonder en se rendant à une soirée alcoolisée, la meilleure copine pétillante qui incite à se bouger les fesses, les garçons tous plus beaux les uns que les autres, les neurones qui grillent pour évoquer l'un ou l'autre (lui est magnifique, elle est superbe...). Bye-bye la subtilité. Ce n'est rien de moins qu'une lecture bêtifiante et stéréotypée. Rien de neuf sous le soleil. NEXT.

Traduit par Maïca Sanconie pour les éditions La Martinière Jeunesse - Juin 2016

Titre VO : All Lined Up - A Rusk University Novel

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27 janvier 2017

Avec ou sans toi, de Donna Freitas

avec ou sans toiC'est l'été, Jane profite des vacances pour se prélasser à la plage avec ses copines et oublier l'épisode tragique survenu un soir de février. Présente sur les liens d'un cambriolage, la jeune fille a été agressée par des individus portant une cagoule. Unique témoin pouvant permettre leur arrestation, elle est depuis résolument mutique et traumatisée par cette soirée cauchemardesque. Jane porte également un sentiment de culpabilité qu'elle refuse de partager. Ses amies se soucient de son bien-être et tentent de lui changer les idées, tout en surveillant ses fréquentations. Car elle a en ligne de mire un certain Handel Davies. Certes il est beau gosse, charmant et attirant, mais il souffre aussi d'une réputation de mauvais garçon. Il jure néanmoins d'être différent et entend prouver à Jane ses intentions honorables. Séduite, celle-ci lui accorde sa confiance. Elle ne se sent plus la même depuis ce fameux soir et veut briser sa coquille pour chasser ses vieux démons. Ses amies ne la comprennent plus, elles s'inquiètent, la poussent dans les bras d'un autre garçon, Miles, plutôt bon chic bon genre, une valeur sûre et rassurante. Mais les émotions ne se contrôlent pas, ni les pulsions du corps et du cœur. Jane suit envers et contre tout son instinct et entame son travail de deuil. Il lui faut affronter ce qu'elle renie - l'enquête en cours, le lieu du crime, la sépulture de son père - et remonter le fil de ses souvenirs enfouis.
J'avoue que c'est un parcours foncièrement douloureux, avec en toile de fond une histoire poignante, un amour naissant et un besoin de laisser-aller pour mieux se libérer des entraves du choc subi. Le chagrin et la détresse de l'héroïne sont réels, mais ils n'ont eu aucun effet sur moi. Oui, je suis la reine des glaces. En vrai, j'ai simplement trouvé la lecture peu surprenante, trop banale et parfois incongrue (l'attitude maternelle est trop laxiste, l'hypothèse du triangle amoureux inadaptée et les révélations fulgurantes tombent à plat). Je n'ai rien ressenti dans l'accompagnement de cette douce jeune fille, éprouvée par un drame de la vie, qui découvre aussi l'amour et ses tourments, sauf que ça a un goût de déjà vu. Un roman touchant, mais hélas trop ordinaire.

 

Traduit par Camille Bocquillon pour les éditions de La Martinière Jeunesse - mars 2016

 

Titre VO : The Tenderness of Thieves

 

 

27 janvier 2017

NEED, de Joelle Charbonneau

NeedTout commence par une banale chaîne virtuelle, une invitation pour s'inscrire sur un nouveau réseau social, avec pour simple formalité : exprimer ce dont on a le plus besoin. Les lycéens de la petite ville de Nottawa se prennent rapidement au jeu et viennent grossir la communauté de NEED.
Kaylee et son meilleur ami Nate tombent également dans le panneau, lui pour décrocher une meilleure note au prochain examen, elle... hésite. Son frère DJ est gravement malade et en attente d'une greffe de rein. Leur père a quitté le foyer en apprenant la nouvelle, et depuis la jeune fille se bat pour le retrouver et lui demander de passer le test de compatibilité.
Un soir de désœuvrement, Kaylee remplit le formulaire de NEED sur un coup de tête. Avant de s'en mordre les doigts. Car l'implication de sa demande n'est pas sans conséquence. Mais en y réfléchissant bien, Kaylee réalise également que tous ses camarades sont désormais embringués dans un système qui va dépasser leurs compétences, mettre à mal leurs jugements et surtout les rendre responsables d'actes immoraux. 
Dans l'incapacité de prévenir la police, en conflit perpétuel avec sa mère, Kaylee se retrouve seule à combattre cette force invisible, qui a réussi à tisser sa toile parmi des jeunes gens vulnérables et impuissants, prisonniers d'un système qui les pousse à franchir de plus en plus de limites. La prise de conscience est glaçante, surtout pour le lecteur qui suit en alternance les différentes répercussions dont se rendent coupables les autres membres de NEED, alors que Kaylee se démène pour tirer au clair cet enrôlement de force. Des adolescents meurent, le jeu a viré au cauchemar et le roman se lit comme une course effrénée pour démasquer les webmasters et mettre un terme à cette spirale de l'horreur. Forcément, les révélations vont surprendre notre héroïne et auront un impact direct sur sa vie personnelle au point de fragiliser tous ses maigres acquis.
Le roman ne dépasse pas la mesure, il est juste ce qu'il faut d'entraînant, de flippant et de saisissant. Il incite aussi à une réflexion intéressante sur le danger potentiel des réseaux sociaux et du rouage pervers des jeux en ligne. À rapprocher avec le roman Addict de J. Ryan. 

Traduit par Amélie Sarn pour les éditions Milan - Octobre 2016

23 janvier 2017

Lock & Mori, de Heather W. Petty

Lock moriToujours dans ma monomanie holmesienne, j'ai opté pour le roman suivant - Lock & Mori, qui propose une nouvelle interprétation du couple fatal de Sherlock et Moriarty.
Direction l'Angleterre du XXIe siècle. Lock et Mori sont tous deux lycéens, lui est un excentrique passionné de chimie, qui s'enferme dans un laboratoire sous le théâtre de l'école pour se livrer à des expériences improbables, et elle... oui ELLE, porte le nom de James “Mori” Moriarty et affiche une morgue pour mieux se protéger car la jeune fille vit un drame personnel dont elle a honte. La rencontre entre ces deux-là n'est malheureusement pas explosive, mais leur relation ne va pas se tisser sans heurt ni passion. Tout commence par un défi, lancé par Lock à Mori : démasquer ensemble le tueur en série qui sévit dans les rues de Londres. Même si la compétition fait rage, leur enquête ne doit pas étouffer les indices trouvés et faire état de toutes les observations glanées en chemin. Seulement, Mori va déroger aux règles établies et ne pas partager certains secrets et autres doutes qui vont rapidement poindre. Or, si elle ose en parler, c'est toute sa vie qu'elle met en péril. 
D'abord déçue par la couverture du livre, j'ai ensuite été chagrinée par son contenu : pas de vrai suspense, des personnages sans relief, manque d'alchimie et une propension au  mélodrame un poil trop présente. Cette mise en scène contemporaine des personnages mythiques de Sherlock Holmes et Moriarty n'est finalement pas à la hauteur des attentes, l'auteur focalise l'attention sur les tourments de l'adolescente qui vit dans un foyer plongé dans le cauchemar depuis la mort de la mère. Son père, pourtant inspecteur de police, a sombré dans l'alcool, la dépression et la violence... mais nul n'en a conscience car Mori prend garde à préserver ses frères. Elle encaisse les coups et les humiliations en serrant les dents, d'où son attitude fuyante avec Lock, alors qu'il l'attire beaucoup. Mais leur relation est très en-dessous de son potentiel, c'est plat, sans sucre, sans miel, sans sel, sans piment. Complètement fade. Sans compter qu'on voit tout venir à des kilomètres à la ronde, il n'y a aucune surprise, que ce soit dans l'intrigue policière ou dans l'évolution de leur histoire amoureuse. C'est fichtrement banal et languissant. Suis très déçue. On a là une lecture insipide malgré une initiative savoureuse en imaginant Sherlock Holmes et Moriarty hors de leur contexte habituel. Le flop total.

Traduit par Luc Rigoureau pour les éditions Hachette - Octobre 2016

 

Original Title : Lock & Mori

 

20 janvier 2017

Marquer les ombres, de Veronica Roth

C'est l'événement du mois ! La parution du nouveau roman par l'auteur de la trilogie à succès, Divergente. Veronica Roth nous propose cette fois un space opera audacieux, avec pour intrigue une lutte de pouvoir, de famille, de haine et d'amour. 

MARQUER LES OMBRES

Akos Kereseth grandit auprès des siens dans la pacifique nation de Thuvhé lorsqu'il est arraché brutalement de son foyer, avec son frère Eijeh, pour être conduit chez les Shotet. Le nouveau souverain, Ryzek Noavek, veut contrôler son destin depuis qu'une prophétie a annoncé sa chute par leur faute. Akos a juré de sauver son frère de leur triste sort, mais va endurer durant des années persécution, humiliation et maltraitance. On lui confie également le rôle de garde du corps de Cyra Noavek, la sœur du despote. Cette dernière possède le don de provoquer des douleurs atroces par un simple contact, seul Akos est insensible à son flux et lui prépare des infusions pour canaliser ce trop-plein de mauvaise ondes. À force de rester en contact rapproché et permanent, ces deux-là tissent une relation qui s'apparente à une complicité amoureuse pleine de pudeur, même si le contexte géopolitique les incite à être également sur leurs gardes car leurs ennemis ne manquent pas. Entre le cruel et tyrannique Ryzek, qui se sert des pouvoirs de sa sœur ou de la vulnérabilité de Eijeh, devenu le nouvel oracle, pour asseoir son autorité et contrôler Akos, sans oublier les renégats qui veulent renverser le système en place et qui nouent des alliances sans garantie de retourner leur veste un jour ou l'autre, l'ambiance est assez tendue et étouffante.

Au final, il y a très peu de place pour l'action. L'auteur privilégie la forme, en fignolant son univers et son écriture. C'est beaucoup plus structuré, plus soigné, mais au détriment des émotions et des sensations. Le fond est creux. L'histoire est lente à se mettre en place. Le rythme est inégal. En somme, j'ai trouvé ce roman beaucoup trop ambitieux, et donc fastidieux à lire. De plus, les personnages ne sont pas attachants. On ne se passionne pas non plus pour leur histoire. Leur relation est plate, elle ne renvoie aucune âme, aucune tendresse. C'est comme pour tout, sans saveur, sans excitation. J'ai rapidement fait le tour d'horizon de leur aventure, laquelle est très torturée, mais vraiment peu attendrissante. À aucun moment je n'ai été touchée ni n'ai ressenti de l'intérêt pour les rudiments de leur quête. C'est une grande frustration, une amère déception pour ce roman pourtant très attendu et autour duquel le mystère a été bien ficelé jusqu'à la date de sa sortie mondiale.

J'ai opté pour le livre audio, disponible en exclusivité sur Audible. On retrouve ainsi Marine Royer, également la narratrice de la série Divergente, qui réussit le tour de force de nous plonger dans cet univers intersidéral aux thèmes universels (la famille, la fratrie, les non-dits, le pouvoir) mais qui ne s'éloigne jamais totalement des sempiternels tourments (les marques corporelles, les choix discutables et les destins impossibles). Une lecture agréable à écouter, si ce n'est un contenu monotone et hélas lassant.

Texte lu par Marine Royer pour Audible Studios - Durée : 15h 19

>> Texte en version intégrale uniquement disponible en téléchargement sur le site Audible (exclusivité).

© L'édition originale de ce livre a été publiée pour la première fois en anglais aux États-Unis aux éditions Katherine Tegen Books, HarperCollins Publishers, sous le titre Carve the Mark Volume 1. © 2017 par Veronica Roth. Tous droits réservés.

Traduction française © 2016 Éditions Nathan (P)2017 Audible FR

Marquer les ombres | Livre audio

 

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21 décembre 2016

Entre chiens et loups, de Malorie Blackman, John Aggs & Ian Edginton

Adaptation en format BD du roman à succès de Malorie Blackman : Entre chiens et loups.

entre chiens et loups

Dans une société ségrégationniste, où les Primas (noirs) contrôlent le pays en opprimant les Nihils (blancs), Séphy et Callum tentent au mieux de préserver leur amitié. Fille du ministre Kamal Hadley, Séphy doit également tenir son rang, sous l'œil scrutateur des caméras, et ne pas faire de vagues. Aussi, le jour de la rentrée, la jeune fille fait scandale en voulant apaiser les tensions du fait de l'arrivée de cinq jeunes Nihils, dont Callum, à Heathcroft, une école privée réservée à l'élite.
Dès lors, la relation entre les amis d'enfance n'aura de cesse de traverser des hauts et des bas pour se maintenir à un semblant de complicité. L'adolescence les pousse aussi à ne plus fermer les yeux face aux injustices. Lorsque la famille de Callum soutient la milice de la libération et leurs opérations terroristes, elle tombe aussitôt dans le collimateur de la police. Son père est arrêté, puis condamné. Après quoi, Callum refuse de baisser l'échine.
Chez Séphy, la situation aussi est explosive. Ses parents se déchirent, sa mère sombre dans l'alcool. La jeune fille est malheureuse et veut s'éloigner du foyer pour vivre en pension. Le jour de son départ, elle envoie un courrier désespéré à Callum... qui loupera ce rendez-vous de la dernière chance.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là, elle continue toujours plus loin et valse sur les tourments, les malentendus, les actes manqués et les trahisons. Séphy et Callum ne sont plus des enfants naïfs et impuissants, ils se chargent de prendre leur avenir à bras-le-corps, dans un monde qui n'accepte pourtant aucune compromission. 
Quelle lecture poignante ! Avec son histoire universelle, et intemporelle, sur l'amour et la perte, elle remue beaucoup de sentiments et fait réfléchir sur le racisme, les inégalités et les persécutions. Son format en bande dessinée, tout en noir et blanc, lui redonne ainsi un coup de jeunesse dans sa conquête d'une nouvelle génération de lecteurs, lesquels ne manqueront pas d'être émus par le couple mythique de Séphy et Callum ! 

Traduit par Marion Roman - Editions Milan / BD Kids (Novembre 2016)

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20 décembre 2016

Phobos³ : Il est trop tard pour renoncer, de Victor Dixen

phobosLe troisième tome de la série Phobos est bienheureusement sorti en format audio peu de temps après sa parution chez Robert Laffont. Cela m'a ainsi permis de replonger illico dans cet univers et connaître la fin de l'histoire avec les derniers événements en date encore au chaud dans ma mémoire. ☺
Par contre, je ne suis pas sûre s'il s'agit du dernier tome ou si l'auteur ne prévoit pas de publier du bonus au vu du dénouement pour le moins sibyllin. Ah, ah. La bougresse que je suis. Titiller sans dévoiler... Éternelle perfide et vicieuse.
Bref. L'histoire reprend exactement au point de chute du tome précédent : les jeunes envoyés sur Mars sont confrontés à la trahison d'un des leurs. Un procès est mis en scène en dehors des caméras et chacun débat selon ses convictions. De nouvelles révélations fleurissent, à moins d'avoir déjà servi de matière dans Phobos Origines, le tome d'accompagnement que j'ai volontairement zappé. Mais des masques tombent et viennent chambouler les cartes et surtout les pactes matrimoniaux. Quelle cacophonie. 
Nos pionniers ignorent également que sur Terre règne une confusion politique de grande échelle : attentats à répétition, échiquier diplomatique renversé, adversaires étouffés... Serena McBee tire longuement les ficelles du jeu, perd des plumes mais ne lâche jamais prise. Elle possède également une arme secrète sur Mars et ne craint pas d'y avoir recours pour enterrer les causes perdues ! Dans le fond, l'intrigue est habilement tissée et entretient de la tension, du suspense, de l'angoisse et de l'inattendu avec une parfaite maîtrise. J'étais souvent aux aguets et incrédule à entendre les rebondissements de la trame romanesque. 
En revanche, je reste impassible face au devenir des personnages. Ce troisième tome n'est pas parvenu à nous réconcilier, eux et moi. Eleonore cristallise trop l'électron libre prêt à atomiser l'ordre établi, autour d'elle c'est assez fade ou attendu. Un amoureux chasse l'autre, mais ce jeu de dupes ne trompe personne. Je comprends le but de la manœuvre, sauf que cela ne me touche pas. À ce stade, de toute manière, j'ai trouvé que les émois sentimentaux étaient davantage édulcorés et ne venaient plus forcément polluer l'atmospère (ouf). Il y a aussi une escalade de l'horreur qui oblige fatalement de reléguer la mission de coloniser Mars en retrait. 
Globalement c'est une lecture divertissante, avec ses points faibles et ses bons côtés, les deux parvenant finalement à un équilibre acceptable. Personnellement il m'a manqué l'attachement aux personnages pour adhérer complètement à la série, même si j'ai avalé les trois disques audio sans rechigner ! Maud Rudigoz est une narratrice attentive et pleine de charme. Son interprétation ne manque jamais de poigne, de sincérité et d'attrait. J'ai été captivée du début à la fin par sa voix mélodieuse et sa prouesse à m'embarquer vers les étoiles.
Quid de l'avenir pour nos aventuriers ? La cruauté de l'auteur est également sans nom. "I understand you so far, now tell me a little more". ☺

 Phobos, Livre 3 par Victor Dixen - Lu par Maud Rudigoz en version intégrale (durée : 17 h 12)

Audible Studios - Date de publication 01/12/2016

Phobos : Il est trop tard pour renoncer (Phobos 3) | Livre audio

>> En exclusivité & uniquement disponible en téléchargement sur Audible

2 décembre 2016

Big Easy, de Ruta Sepetys

Big EasyDirection La Nouvelle-Orléans, en 1950. Josie a 17 ans et rêve de poursuivre ses études à l'université. Mais elle est fille de prostituée, travaille dans une librairie et fait du ménage dans une maison close. Sa mère n'étant pas un modèle du genre, Josie idéalise l'image de son père qu'elle ne connaît pas.
Un jour, elle croise dans la boutique un galant homme en quête d'un recueil de poésie. Il est de passage en Louisiane avant de repartir chez lui à Memphis. Charmant, attentif et attentionné, l'individu ne laisse pas la jeune fille indifférente. Aussi, lorsqu'elle apprend dans les journaux sa mort accidentelle, Josie est bouleversée. Encore plus chamboulée lorsqu'elle découvre sa montre sous le lit de sa mère, laquelle a plié bagages avec son amant maudit, abandonnant sa fille sans se retourner.
Josie ne sait plus quoi penser, même si l'enquête de police creuse dans sa direction, elle demeure muette et contrite. Dans le même temps, Josie fait la rencontre d'une étudiante de Smith College, Charlotte. Elle est vive, époustouflante et se méprend sur Jo, qu'elle considère comme une petite orpheline d'origine française. Sa découverte des beaux quartiers brise là aussi quelques-unes de ses illusions... 
Mais le parcours de Josie est rayonnant et insuffle un formidable optimisme. Malgré les aléas de la vie, la jeune fille se bat pour échapper à un destin moribond, refusant aussi de suivre les traces de sa mère indigne. Pour cela, elle est également bien entourée par des personnes qui croient en elle et la poussent à sortir du Vieux-Carré pour accomplir ses rêves.
On a là une belle brochette de personnages attachants, entre Willie la tenancière, Cookie son vieux chauffeur dévoué, Jesse, le jeune mécano débrouillard, Patrick et son père malade, les proprios de la librairie... Le petit monde de Josie est coloré, chaleureux, bienveillant. Cela compense ainsi la vision assez amère que Ruta Sepetys nous fait entrevoir de la Louisiane des années 50. La plongée est à la fois sombre et pittoresque, livrée sans concession, mais non sans une once de sensibilité. 
La lecture est envoûtante, le personnage de Josie très touchant, pour un roman incroyable, admirablement écrit et très intelligent. L'auteur montre aussi qu'elle sait se renouveler et brasser des genres très différents, dont le point commun n'en demeure pas moins une force de caractère et la puissance évocatrice dans des destinées rares et émouvantes.  

Traduit par Bee Formentelli pour les éditions Gallimard

Coll. Pôle Fiction - 464 pages - Avril 2016

22 novembre 2016

Qui es-tu, Alaska ? de John Green, lu par Julien Allouf

Qui es-tu AlaskaRedécouverte du roman de John Green avec la version audio.
Lu par Julien Allouf, le texte nous transporte efficacement dans cet univers confiné d'un pensionnat privé et élitiste, où des jeunes gens désabusés se rencontrent, lient des amitiés fusionnelles et multiplient les expériences, parfois jusqu'au-boutistes, d'où une issue qui laisse aussi un goût amer. 
Miles Halter est en quête d'un “Grand Peut-être” (dernières paroles prononcées par Rabelais sur son lit de mort). Après avoir quitté une vie morne et sans panache, il débarque à Culver Creek en nourrissant de grandes ambitions. Avec ses nouveaux camarades, il se laisse vite entraîné dans le tourbillon des premières fois : premières cuites, premières amours, premiers baisers volés et premiers désirs sexuels... Ô sombre insouciance d'une jeunesse exubérante mais fracassée. Car on comprend qu'au-delà des excès, l'histoire est aussi à fleur de peau. Ces jeunes gens ivres de plaisir et de malheur se donnent une posture, ils jouent un rôle, adoptent des noms de code, se moquent des interdits, veulent tout et tout de suiteParmi eux, il y a Alaska Young. Fascinante et mystérieuse, Alaska cristallise toutes les passions. Elle est belle, brillante, mais aussi lunatique, boudeuse, cachotière, menteuse et manipulatrice. Une jeune fille caractérielle, mais blessée et insaisissable. Ce sont aussi toutes ses failles qui guident l'intrigue du livre, pour venir éclabousser la vie de Miles, dont on suit le parcours sans grande empathie, en déplorant son caractère passif et obsessionnel.  
La lecture n'est pas tendre, elle ne nous cajole pas dans le sens du poil. Elle irrite exprès, agace profondément et nous enchaîne dans son “labyrinthe des malheurs” avec une pointe de sidération. Entre révélations bouleversantes et sentiments d'oppression, voilà un roman singulier qui raconte la difficulté de grandir, d'aimer et de s'accepter avec son lot de regrets et de déceptions. Chose inattendue, ma relecture me semble plus critique car je porte sur le livre un autre regard, un regard plus amer, même si je me souviens avoir ressenti un étrange malaise la première fois. Et puis il y a eu le “phénomène” Nos étoile contraires, qui a consacré l'auteur et renvoyé ce titre comme étant le roman générationnel par excellence. Je ne lui conteste pas ce fait, mais je préfère garder une certaine distance et émettre quelques réserves sur le contenu du livre (détails crus, personnages désœuvrés, attitudes navrantes & ambiance déconnectée de toute réalité). À manipuler avec précaution. 

Texte lu par Julien Allouf pour les éditions Gallimard / coll. Écoutez Lire

Novembre 2016 - durée : 7h 30

Traduit par Catherine Gibert

15 novembre 2016

Inhuman, de Kat Falls

inhuman-tome-1Dans une Amérique décimée par un virus mortel, Delaney Park vit désormais seule avec son père dans la zone Ouest du pays, une zone saine protégée par un Mur contre la zone sauvage, où croupissent des individus contaminés. Malheureusement, la jeune fille va être contrainte d'y aller pour sauver son père accusé d'être un trafiquant d'œuvres d'art et de franchir régulièrement la frontière en toute illégalité. Lane parvient à un accord pour supprimer les preuves accablantes, en échange elle dispose de peu de temps pour retrouver son père et lui confier une mission secrète. C'est dans ce contexte de précipitation, d'ahurissement et d'angoisse que Delaney découvre un univers qu'elle avait appris à redouter et détester. La Zone sauvage. Elle regagne d'abord une base militaire et se fait surprendre par une jeune recrue, Everson Cruz, qui préfère comprendre ses motivations plutôt que de la dénoncer. Mais la jeune fille doit duper son adversaire pour poursuivre son but, quitte à s'associer avec le très sulfureux Rafe, étonnamment prompt à aider la fille du célèbre Mack. Lane va d'ailleurs peu à peu comprendre le rôle de son père dans la zone interdite et assimiler aussi vite la réalité qui l'entoure : des expériences génétiques détournées, des humains devenus des mutants... Réalisant que l'avenir de l'humanité se joue au-delà du mur, Lane va choisir son camp et se battre pour trouver le remède au virus. 

Cette dystopie est certes peu innovante, mais fonctionne quand même pour les amateurs de relations fortes et indécises, car l'héroïne est entourée de deux prétendants au charme certain, mais au caractère qui diffère totalement. L'un est compatissant, scrupuleux et plein d'abnégation, l'autre est égoïste, arrogant et malhonnête. Les fondamentaux d'Inhuman sont d'une banalité... resucée. Toutefois, les phénomènes hors normes grouillent, les événements s'enchaînent, les décors également se succèdent, les personnages combinent la jeunesse, la fougue et la morgue. Excitant au début, pesant à la longue. En y regardant de plus près, le roman empile les clichés et façonne une intrigue convenue & peu surprenante, mais la promesse d'aventure, de survie et de suspense dans un monde post-apo très en vogue aura tout lieu d'adoucir les réserves. La suite tarde à paraître, courant 2016 pour la VO... le flou reste entier ! 

Traduit par Christine Bouard-Schwartz pour les éditions Milan / Février 2015

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