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Chez Clarabel
24 mai 2011

Blood Sinister

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Le début est assez remarquable : une jeune fille de seize ans, en convalescence chez sa grand-mère, découvre les journaux intimes d'une aïeule portant le même prénom qu'elle - Ellen. Au fil de sa lecture, elle réalise que son ancêtre a rencontré un vampire, qui va chercher à la kidnapper. Plus d'un siècle après, il semblerait que la créature réclame vengeance alors que l'état de santé d'Ellen s'aggrave et qu'elle est hospitalisée en urgence (rien n'est le fruit du hasard). Le début du roman est donc une petite réussite qui a su immédiatement me séduire : cadre victorien, héroïne chêtive, passé mystérieux, journaux intimes et ambiance sombre et oppressante... Quand Celia Rees s'empare du mythe du vampire, elle verse davantage dans la forme classique à la Bram Stoker que dans les (délicieuses) bluettes qui fleurissent sur le marché ces dernières années. Le pari est-il pour autant tenu ? Non, hélas. Cela tient la route les 2/3 du livre, mais la dernière partie est faible et décevante. L'intrigue avait su dresser un tissage habile et confondant entre le présent et le passé, les deux Ellen faisaient corps et s'entendaient pour réciter une histoire qui nous interpellait, mais le retour à la réalité est brouillon. Tout l'épisode de l'hôpital est plat, invraisemblable et je m'y suis ennuyée. La fin aussi est facile, trop rapide. C'est dommage de n'avoir pas su profiter de l'élan du début, vraiment réussi et captivant. Je ferme ce roman sur une note mitigée, teintée de frustration.

Malédiction du sang - Celia Rees
Seuil (2011) - 248 pages - 13,90€
traduit de l'anglais par Anne-Judith Descombey

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21 mai 2011

"I gather you have a problem working with a psychic. Believe me, I don't like working with a jackass any better."

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Ce roman est vraiment très, TRES bon ! L'histoire se passe dans une station balnéaire près de Cape Cod où vit Claire. Sa famille est réputée cinglée, parce que sa mère est télépathe, son frère médium et elle est extralucide. Ils vivent honnêtement de ce commerce, et à part les moqueries balancées par ses camarades d'école, Claire ne souffre pas davantage de passer pour la freak du lycée. Ce sont les vacances d'été, les affaires peuvent reprendre. Or un crime vient d'avoir lieu : le corps d'une touriste a été retrouvé dans la chambre du motel. Claire est sollicitée pour apporter son aide et travailler en équipe avec le fils du nouvel inspecteur. Gabriel est canon, Claire ne le cache pas, sauf qu'entre deux l'entente n'est pas au beau fixe depuis que le garçon n'a pas dissimulé son mépris vis-à-vis de son don.

Claire a très envie de s'investir dans l'enquête, car elle vient de découvrir que son propre frère avait été le dernier à avoir vu la victime en vie. Elle va tout faire pour le protéger, quitte à mentir et doubler d'efforts pour trouver des indices et arrêter le coupable. A la place, ce sont les cadavres qui vont se multiplier. Le maire lui-même devient tendu, mais ne veut pas retirer sa confiance placée dans l'ex-petite copine de son fils. Justin, le premier grand amour de Claire, en pince toujours pour elle et regrette de l'avoir blessée car elle refuse de lui pardonner et se comporte avec lui de façon détestable.

L'auteur a tout compris des codes de l'intrigue policière : la dynamique, le suspense, les rebondissements... tout y est. On mord vite à l'hameçon, on gobe ce qu'on veut bien nous donner, on doute aussi et on pense avoir tout compris, oui et non, on se fait pas mal embobiner tout de même. Bref, ça se lit en un clin d'oeil. La narratrice est une nana pétillante, avec du tempérament, qui tient tête aux garçons qui l'entourent (c'est loin d'être la pénurie côté potentiels !). Tous les clichés sont délectables, ça ne manque pas d'humour non plus, autant dire que j'attends la suite des réjouissances avec impatience !

Visions - Kim Harrington
Seuil (2011) - 270 pages - 14€
traduit de l'anglais (USA) par Laure Manceau

13 mai 2011

I killed her once and died for her many times and I still have nothing to show for it.

Pourquoi était-il obligé de vivre toujours la même vie alors que les autres pouvaient repartir de zéro ? Pourquoi était-il toujours là tandis qu'elle disparaissait chaque fois ? Il avait souvent l'impression d'être seul sur cette terre. Il était différent. Il l'avait toujours été. Ses tentatives de vivre comme tout le monde lui semblaient absurdes et illusoires.
" Je l'ai de nouveau perdue. "
On aurait pu croire que quelqu'un qui, comme lui, avait tant vécu, en avait tant vu, aurait eu une vision des choses à plus long terme et fait preuve de davantage de patience. Mais il avait refoulé trop de choses, en avait trop demandé aussi. Elle était là, en face de lui, et il n'avait pas réussi à se contrôler. Il s'était plu à croire qu'en le regardant simplement dans les yeux elle se serait souvenue, que l'amour aurait été plus fort que tout. Il s'était trompé.

annbrashares

Lucy rencontre Daniel au lycée, elle est attirée par lui tandis qu'il la fuit. Le soir du bal de la promo, ils se retrouvent en tête à tête. Il lui confie qu'ils se connaissent déjà, qu'elle se prénomme Sophia et qu'il l'aime à en mourir. Lucy prend peur et le quitte brutalement.Elle n'aura plus de nouvelles de lui, pensera même qu'il est mort et s'en voudra, surtout que des souvenirs lui reviennent tentant de lui expliquer qu'il n'avait peut-être pas tort et que tous deux se seraient déjà vus dans d'autres vies.

Quelle étrange histoire ! Je dois vous avouer n'avoir pas beaucoup accroché aux personnages ni à leur relation amoureuse, mais je suis tout de même venue à bout du roman alors qu'au départ ce n'était pas gagné (je trouvais que c'était long, avec un ton particulièrement lyrique qui me hérissait). Puis sont venues les épopées à travers les siècles, un moyen de mieux connaître Daniel et le pourquoi de son obsession. A vrai dire, je n'ai pas du tout aimé ce garçon, il pleurniche beaucoup (même de bonheur !). Son truc à lui, c'est d'aimer Sophia et d'espérer qu'elle se souvienne de lui (pari risqué, puisqu'elle a une mémoire défaillante). Le tournant le plus important se passera durant la première guerre mondiale, alors que la jeune fille s'appelle Constance, elle est anglaise et infirmière-auxiliaire, lui est grièvement blessé et ainsi soit-il. De retour dans les années 2000, Lucy aura également le déclic puisqu'elle se décidera enfin à agir. 

En attendant, c'est long. L'époque contemporaine et le passé font quelques pas de danse, au milieu le lecteur s'impatiente de plus en plus (à quand la rencontre ? l'instant magique du premier baiser ? l'explication de ce phénomène un brin fantastique qui transporte notre jeune homme à brasser plusieurs destinées ? pourquoi cette fille, et pas une autre ?). Hélas, le suspense est quelque peu surfait, le tout sonne faux, l'intrigue est ennuyeuse et j'ai été très déçue parce que j'attendais beaucoup de ce nouveau roman d'Ann Brashares. Il s'agit donc d'un rendez-vous loupé autour d'une intrigue qui se veut trop sentimentale et qui se révèle plate et pas crédible pour deux sous. C'est duuuur !

L'Amour dure plus qu'une vie - Ann Brashares
Gallimard (2011) - 385 pages - 17€
traduit de l'anglais (USA) parAnne Krief

3 mai 2011

Réel ou pas réel ?

(...) Rien n'indique que l'amour, l'attirance ou même la compatibilité de caractère pèseront dans ma décision. J'examinerai simplement ce que chacun de mes compagnons potentiels aura à m'offrir. Comme si, au bout du compte, tout se ramenait à la question de savoir qui du boulanger ou du chasseur saura me garantir la plus grande longévité. C'est horrible à dire de la part de Gale, et horrible à laisser dire de la part de Peeta. Surtout quand on sait que la moindre de mes émotions a aussitôt été récupérée et exploitée par le Capitole comme par les rebelles. Si je devais trancher maintenant, le choix serait simple. Je survivrais très bien sans aucun des deux.

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Vous ne serez jamais assez préparés pour encaisser le choc de cette lecture : troisième et dernier tome de la série Hunger Games, La Révolte surpasse les attentes les plus folles et Suzanne Collins n'hésite pas à nous servir un roman sans concession. C'est dur, douloureux, déprimant, violent, révoltant et plus encore. L'émotion est présente à chaque page car enfin la rébellion est en place. Katniss, l'héroïne, devenue le symbole du peuple oppressé, n'est pourtant plus que l'ombre d'elle-même, cassée moralement, doutant de chaque implication de ses paroles et gestes, mise en scène et manipulée par tous. C'est vous dire comme c'est fort et inattendu... La couverture d'un bleu représentant l'espoir n'est pas anodine, Katniss va s'arracher de ses chaînes pour obtenir sa liberté, mais à quel prix ! ? J'ai lu le roman en VO sitôt sa parution (fin août 2010), j'avais le coeur lourd au moment de tourner la dernière page, j'étais pleine d'amertume (et je le suis encore un peu) car ce livre est tout simplement bouleversant. Les mois ont passé et je n'ai pas su l'oublier. Aujourd'hui, même sa version française me fait frissonner et me rend la tête lourde. J'ai relu tous les passages les plus éprouvants, les plus renversants et de nouveau j'ai vibré au rythme du Mockingjay - le geai moqueur. C'est captivant, mais frustrant aussi. Bien des moments vous échapperont, vous feront hurler de dégoût et d'incompréhension. Mais c'est ce qui élève cette série au rang de rendez-vous exceptionnel et inoubliable. Mon coeur s'est à jamais perdu dans le District 12...

Hunger Games, tome 3 : La révolte - Suzanne Collins
Pocket jeunesse (2011) - 415 pages - 17,90€
traduit de l'anglais (USA) par Guillaume Fournier

15 avril 2011

Let's get lost

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Isabel est insupportable - elle fume, elle boit, elle pique l'argent de son père, elle sort en cachette et elle ment. Au lycée, en dépit de ses résultats brillants, c'est la reine de la tyrannie, en guise de revanche sur le passé, elle est passée désormais maîtresse dans l'art de persécuter ses camarades. Elle est entourée de trois copines, toutes plus pestes les unes que les autres, avec lesquelles Isabel fait les 400 coups.

En mode off, Isabel est une fille paumée, totalement déboussolée depuis le décès de sa mère. Ses rapports avec son père sont détestables, elle passe son temps à se chamailler, elle fuit les responsabilités et refuse de rencontrer la psychologue de l'école. Elle excuse son comportement grossier parce qu'elle est une timide maladive et qu'elle a souffert d'avoir été martyrisée au collège. En fait, Isabel se sent seule et ne peut compter sur personne pour se confier (d'ailleurs, ce n'est pas son truc non plus).

Un soir, complètement pompette, elle fait la connaissance de Smith, un type également à côté de la plaque, qui la prend pour une autre et lui saute dessus. C'est plus fort qu'elle, il faut qu'elle lui sorte le grand jeu et se met à le baratiner. Mais le temps va passer, ils vont se revoir, Isabel se surprend à apprécier sa compagnie, à découvrir chez Smith des qualités insoupçonnables, lui seul parvient à la calmer par exemple. Commence alors une petite double vie, jusqu'à ce que la réalité vienne la frapper en pleine figure.

Et moi, lectrice attentive et quelque peu fleur bleue à ses heures perdues, j'étais totalement accrochée à cette histoire, j'avais mon petit coeur serré face à la détresse d'Isabel, surtout quand j'ai compris pourquoi elle se comportait ainsi, et inévitablement j'avais la larmichette au coin de l'oeil. J'ai adoré, même si Isabel est une enquiquineuse de première catégorie, je n'ai pas pu faire autrement que compatir à son désoeuvrement et vouloir pour elle des lendemains meilleurs. L'émotion est forte, surtout vers la fin, mais c'est pour un bien !

Au coeur de ma nuit - Sarra Manning  smileyswoonsmileyc002
traduit de l'anglais par Julie Lafon
Pocket jeunesse (2008) - 386 pages - 13,50€

Love. Love.

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14 avril 2011

"Is falling in love with someone's story the same thing as falling in love with the person himself ?"

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Cassia avait tout pour être heureuse : à dix-sept ans, sa cérémonie de Couplage est un vrai succès, son Promis n'est autre que son ami d'enfance Xander, de plus ses exercices de classement font d'elle une experte en la matière, la destinant ainsi à une grande carrière. Une petite vie parfaite, donc. Et puis la demoiselle perd peu à peu ses certitudes - le visage d'un autre garçon au lieu de son Promis apparaît sur sa microcarte, le décès de son grand-père survient et deux poèmes interdits ont été glissés dans son poudrier. Mis bout à bout, ces indices vont inciter Cassia à voir la Société différemment.

N'attendez pas la cavalerie au détour de cette lecture, vous risqueriez d'être déçus. Il s'agit en fait d'une histoire subtile, profonde et délicate, où sont soulevées des interrogations essentielles sur nos sentiments et notre libre-arbitre, alors qu'est dépeint un monde utopique - celui de la Société (il n'y a aucun problème de santé, on tombe amoureux et on épouse la personne promise, il n'existe aucune place pour le hasard, même l'âge de mourir a été décrété). Cassia n'est pas une héroïne intrépide, pas une rebelle, mais la petite fille sage va progressivement sortir de sa bulle d'obéissance. Son grand-père lui suggérait de se poser des questions, les bonnes questions, cela lui demandera du temps (après tout, l'illusion de la perfection était une vraie réussite). Mais elle va y parvenir, notamment par le biais sentimental (Cassia tombe amoureuse d'un autre que son Promis et c'est le drame !), elle réalise que la Société a toujours entretenu un semblant de complaisance qui dissimulait une main-mise sur leurs libertés. Et ainsi de suite, elle prend conscience de la vaste manipulation, de la perfidie des Officiels, toujours présents et attentifs aux moindres faits et gestes. Les événements se précipitent sur la fin, les masques tombent et les émotions sont très fortes.

J'ai apprécié la finesse de l'intrigue qui n'a pas cherché à bousculer son lecteur à travers une mise en scène spectaculaire, mais plutôt grâce à des faits quelconques, racontés minutieusement et portés par une héroïne ordinaire, en recherche de vérité. Je me suis totalement laissée porter par l'histoire, ressentant l'inertie et l'abrutissement avant de chercher à échapper au contrôle, comme Cassia. L'identification est habile, même si ses sentiments amoureux m'ont plutôt laissée songeuse...

Affaire à suivre !

Promise - Ally Condie
traduit de l'anglais (USA) par Vanessa Rubio-Barreau
Gallimard jeunesse (2011) - 424 pages - 18€

11 avril 2011

"If the world comes to an end, I'm going to want cookies."

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Cela commence par l'annonce d'un astéroïde qui va entrer en collision avec la lune. L'événement est suivi avec excitation, pas nécessairement d'appréhension. Et le choc a lieu sous le regard ébahi de milliers de spectateurs, dont Miranda et sa famille, un choc d'une telle violence qu'il fait dévier la lune de son orbite. Et là, tout bascule, la tension devient palpable et les catastrophes naturelles s'enchaînent.

Vous ne trouverez aucun sensationnalisme à deux sous dans ce roman, au contraire je l'ai trouvé long et monotone, essentiellement parce qu'il s'agit du journal de Miranda, une adolescente ordinaire qui vit à Howell en Pennsylvanie. L'ambiance est donc minimaliste, routinière mais pesante. Je ne vous cache pas combien la lecture se révèle stressante ! Ce sont 300 pages qui vous mettent à bout de nerfs, on ne cesse de se demander jusqu'où ira le calvaire de Miranda et de ses proches, rien que pour ça l'auteur a parfaitement réussi à nous enfermer dans cette maison privée d'électricité, puis d'eau et de chauffage, sans compter le manque de nourriture qui finit par les rendre déséspérés et un peu dingues (j'avais presque honte de grignoter une gaufre au chocolat à côté). Il n'y a pas à dire - c'est flippant ! Par contre il faut supporter les observations au ras des pâquerettes et les réflexions mesquines de l'adolescente, particulièrement pénible et égoïste, même si elle évolue sur la fin, je l'ai tout de suite prise en grippe et elle m'agaçait prodigieusement.

Prochain livre à paraître en septembre, où nous suivrons la destinée d'un jeune new-yorkais et de ses soeurs. (Tome 2 : L'exil)

Chroniques de la fin du monde (tome 1) par Susan Beth Pfeffer
Pocket jeunesse (2011) - 390 pages - 17,50€
traduit de l'anglais (USA) par Laure Mistral

3 avril 2011

There's rosemary, that's for remembrance.

IMG_3288J'ai été immédiatement happée par l'histoire, me délectant du ton doux et mélancolique de Lenah, jeune femme vampire qui vient d'accomplir un rituel pour redevenir humaine. Le miracle a eu lieu, Lenah a de nouveau seize ans, son protecteur, Rhode, s'est sacrifié pour elle. Mais pas le temps de s'apitoyer sur son sort, Lenah a soif de vie et de liberté. Elle se délecte de retrouver ses cinq sens, se gorge de soleil, pose un regard neuf et ébloui sur tout ce qui l'entoure, découvre aussi l'amitié avec Tony, puis l'amour avec Justin. Cet incroyable retour à la vie lui fait également prendre conscience des choix malheureux de son passé. Elle était une vampire puissante et redoutable, avait créé son cercle et sait qu'elle va devoir rendre des comptes. Ses anciens compagnons vont bientôt se mettre à sa recherche, car son nouveau choix de vie signe aussi son arrêt de mort.

Je ne vous cache pas le trouble derrière cette histoire, nimbée de beauté éthérée, de contemplation de la vie, d'intuition et de sens moral à double tranchant. J'ai été séduite par toute la première partie du récit, me glissant dans la peau de Lenah afin d'apprécier, comme elle, son cadre de vie et ses petits bonheurs quotidiens. Lenah est très sensible aux détails quelconques, pose un regard neuf sur des banalités, ose de nouvelles expériences, va au-devant des rencontres. Elle connaît le secret des plantes et des herbes, parle leur langage, cultive un rapport quasi mystique avec sa nature d'humaine. Elle s'entoure ainsi d'une aura délicate et qui subjugue. J'étais hypnotisée ! La partie sentimentale est plus accessoire, même si elle participe au charme général. Lenah est complètement fascinée par Justin, quand elle l'évoque, c'est en des termes d'aveuglement et de magnétisme. J'ai trouvé que c'était très beau, et pas niais. Mais de manière générale, l'auteur a su donner un charisme fou à chacun de ses personnages.

La transition entre la première et deuxième partie est un peu plus biaisée et j'ai regretté certaines réactions et attitudes, le basculement de situation fait entrevoir une réalité plus amère et pesante. Jusqu'alors, j'avais de Lenah une image d'icône intouchable, à la façon d'une Audrey Hepburn dans Breakfast at Tiffany's, et j'étais envoûtée par cette atmosphère classieuse. En fait, tout ce qui survient aux alentours du Bal d'Hiver et après m'a un peu moins touchée. C'est brouillon et vaguement larmoyant, l'action part un peu dans tous les sens, et n'est même pas très crédible par instants. Ceci dit, cela ne m'a pas empêchée d'être captivée par le dénouement. (L'édition en VO offre le premier chapitre du tome suivant, cela atténue le suspense mais réactive l'envie de se procurer la suite très vite !) Il ne faut pas se tromper sur ce roman, il est plus tourné sur l'introspection, sur son ambiance vaporeuse et subtile, et beaucoup moins sur les actes et les retentissements. C'est une histoire délicate, avec une héroïne touchée par la grâce, qui laisse planer un certain spleen. Personnellement, j'ai beaucoup aimé cet aspect.

Humaine - Rebecca Maizel
Albin Michel, coll. Wiz (2011) - 450 pages - 16€
traduit de l'anglais (USA) par Valérie Le Plouhinec

> les avis de Lily et Francesca

31 mars 2011

Silence, on irradie.

IMG_3129Ce n'est pas très gai, et pourtant il m'a été impossible de reposer le roman avant la fin. L'histoire est totalement hallucinante, elle se passe dans une contrée proche d'une centrale nucléaire, où la population est déjà fortement éprouvée par cette pollution, puis survient l'explosion. Tout disparaît de la surface de la Terre.

On suit alors trois rescapés, deux enfants, Sven et Siloé, le frère et la soeur, et Grégoras, un adolescent attardé. Ces trois-là sont sonnés et ne savent plus où aller, ils refusent néanmoins de suivre les hommes en blanc qui survolent la région à la recherche de survivants. Ils se terrent dans la forêt et rencontrent un militaire et une jeune femme - étrange hasard qui a voulu que ce couple se lance dans une aventure dont ils avaient sous-estimé l'ampleur. Loubia souhaitait se rendre sur le lieu de l'accident qui avait coûté la vie de sa soeur, une charmante institutrice qu'un médecin s'est également mis en tête de retrouver. Et tout ce petit monde se fait face dans ce paysage apocalyptique où, comme eux, on se sent complètement hagard.

Ce livre fait une petite centaine de pages, mais son impact est énorme. Absolument bouleversant ! Car ce n'est pas seulement une fiction, il n'y a qu'à voir l'actualité pour comprendre que les erreurs se répètent et que nous sommes toujours affreusement vulnérables face à la menace nucléaire. Dans le roman, on découvre une population martyre, des générations bancales, des corps de travers, mais aussi des éclats de rire, des baignades insouciantes, des parties de cache-cache. En fait, c'est aussi pour cette raison qu'on en a gros sur la patate au moment de tourner la dernière page. Il y a une réelle tendresse derrière la portée sinistre du récit. Les personnages sont attachants, ce qu'ils vivent et subissent nous fend le coeur. J'ai également beaucoup aimé le titre du roman, sorte de cri muet et de condamnation radicale qui vaut tous les discours.

Silence, on irradie - Christophe Léon
Editions Thierry Magnier (2009) - 110 pages - 10 euros
illustration de couverture : Claude Cachin

Sven s'inquiétait pour ses parents. Il les voyait vieillir chaque jour davantage. La Centrale les consumait à petit feu. Même sa mère, qui pourtant travaillait dans un bâtiment annexe, avait pris au fil des années cet aspect terreux et gris des gens maladifs. Elle marchait lentement, un poids invisible appuyait sur sa tête qu'elle tenait inclinée sur le côté. Elle s'endormait le soir dans son fauteuil, les aiguilles à tricoter croisées sur son ouvrage, une maille à l'endroit une maille à l'envers. Elle était sujette à des maux de tête fréquents qui la paralysaient. Et, surtout, elle perdait ses dents d'une manière étrange pour quelqu'un de son âge. La dernière, en croquant dans une pomme.

12 mars 2011

Si le punk rock était un sport, ce serait le roller derby.

IMG_3013Bliss Cavendar, seize ans, vit dans la petite ville de Bodeen dans le Texas. Le trou du c** du monde, selon elle. Lycée minable, camarades analphabètes, misère culturelle, ennui abyssal... bref Bliss traîne son spleen, avec sa meilleure amie Pash, en attendant des jours meilleurs.
Et un jour, à Austin, Bliss rencontre des filles canons sur des rollers. Elles font le show, elles assurent et Bliss y voit là son issue de secours. Elle se lance dans cette aventure avec une énergie folle, devient le petit bolide de la bande du roller derby, elle se sent enfin vivre !
Elle est, de plus, tombée amoureuse. C'est tout nouveau, complètement fascinant, et ça la scie sur place, mais elle n'hésite plus un seul instant. Au diable la vie de Bodeen, les ambitions ridicules de sa mère qui l'inscrit à tous les concours de beauté... Elle n'existe plus que pour le roller ET Oliver.
Les mensonges n'ont toutefois pas une espérance de vie très longue, et lorsque la réalité se rappelle à elle, Bliss voit son monde s'écrouler. Et c'est avec une facilité déconcertante qu'on s'identifie à sa métamorphose - à sa soif d'indépendance, à ses goûts du risque, à sa vie rock'n roll et à sa chute libre.
Les émotions dans ce livre sont très fortes, le vertige nous chope de façon imprévisible, et autant on se délecte des révélations musicales ou amoureuses de l'héroïne, autant on a le coeur en vrille lorsqu'elle aime, se donne et se brise dans la même foulée.
Le roman a fait l'objet d'une adaptation cinématographique, le premier film réalisé par Drew Barrymore en fait, toutefois le roman est mille fois meilleur car l'humour et les sarcasmes de Bliss y prennent leur pied et c'est un pur régal. Et toutes les références à la musique m'ont comblée - d'ailleurs, la bande originale du film est également excellente !

Bliss (Métamorphose d'une fille ordinaire) - Shauna Cross  smileyc002
Milan, coll. Macadam (2011) - 240 pages - 10,50€
traduit de l'anglais (USA) par Marie Cambolieu

Bliss3  extrait :

Je passe en revue la collection musicale de Rocktavie, cherchant l'inspiration quand l'album du Velvet Underground & Nico m'attire l'oeil. J'ai souvent entendu parler de ce disque sans jamais avoir eu l'occasion de l'écouter. A tous les mélomanes snobs : je n'ai que seize ans et voilà seulement deux ans que je découvre la vraie musique. Laissez-moi le temps de me rattraper !
Je place le vinyle sur la platine, curieuse de comprendre pourquoi on fait tout un plat de ce Velvet. Le diamant gratte le sillon et oh-mon-dieu, je suis renversée.
Ce n'est pas du tout le rock punk hybride et bruyant auquel je m'attendais. Le son qui sort de la stéréo est un genre à lui tout seul, une sorte de conte de fées tordu et enchanteur qui me fend le coeur, au bon sens du terme. Je m'étale sur le sol, l'oreille collée au haut-parleur, en transe. Je pose la pochette sur mon visage, pour mieux étouffer le brouhaha ambiant, tandis qu' I'll Be Your Mirror m'envoûte. J'ajoute mentalement ce titre à ma liste des dix meilleurs morceaux de tous les temps.

N'hésitez pas à découvrir TEEN SONG de Claudine Desmarteau si vous avez apprécié cette lecture !

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