Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

Chez Clarabel

10 mai 2012

The Name of the Star

IMG_7385

Débarquant de sa Louisiane natale, Rory compte profiter de son année scolaire pour parcourir la ville de Londres. Mais au même moment, un crime horrible vient d'être commis pas loin de son école, un crime dont la mise en scène n'est pas sans rappeler les actes du célèbre Jack the Ripper. Rory fait peu de cas de cette affaire et de la presse, à la place elle se familiarise avec sa nouvelle vie à Wexford, son pensionnat anglais. Et c'est son train-train quotidien qu'on suit avec moult détails, non dénués d'intérêt bien sûr.

Très clairement, ce roman apparaît faussement monotone, chuchotant une bande sonore envoûtante, très discrète, et qui confirme l'idée que l'ambiance n'est pas qu'anodine, mais sombre et flippante. L'enquête criminelle à laquelle Rory va joindre sa participation bien malgré elle occupe peu à peu le terrain, sans toutefois crever l'écran, j'ai particulièrement aimé cette façon de faire, en distillant les indices, en plaçant délicatement les pions sur la carte, le reste n'est qu'attente. On a aussi un roman très adolescent dans l'esprit, avec des préoccupations toutes simples, comme le fait de se retrouver nouvelle ou étrangère à l'école, de bûcher ses leçons, de sortir entre amis ou d'avoir un béguin pour un garçon. Pas de romance au programme, ce n'est pas un mal non plus.

Ce roman a décidément beaucoup de choses à partager, et à faire découvrir. Le mieux, c'est d'accepter de suivre le rythme nonchalant, de glisser ses pas dans ceux de Rory, une héroïne en apparence ordinaire, qui va se découvrir des facultés qui risquent de tout bouleverser. D'ailleurs, plus on avance dans l'histoire, et plus on quitte la sphère du laisser-faire pour entrer dans une gamme plus fantastique. C'est surprenant, mais très bien amené. Maureen Johnson prouve ici qu'elle sait raconter des histoires et se renouveler. C'est en effet très différent des lectures, aussi plaisantes soient-elles, de Suite Scarlett ou 13 Little Blue Envelopes. C'est ensorcelant, c'est mystérieux et c'est totalement dépaysant.

Hantée, tome 1 : Les Ombres de la ville, par Maureen Johnson
éd. Michel Lafon, 2012 - traduction de Maud Desurvire 

Publicité
Publicité
9 mai 2012

Madame Pamplemousse #2 : Le café à remonter le temps

Un deuxième tome toujours aussi charmant, et qui nous transporte au-delà des possibles.

IMG_7370

Madeleine va en effet découvrir le café à remonter le temps de monsieur Moutarde, qui est aussi un ami de madame Pamplemousse. Cette dernière a disparu depuis plusieurs semaines, mais c'est avant de la retrouver dans une cabane perchée, dans une forêt préhistorique, en train de récolter les derniers ingrédients pour son tonic secret. Son chat Camembert est également à ses côtés, venant au secours de la fillette alors qu'un tyrannosaure cherche à remplir son estomac. Suivront d'autres bonds dans le temps et d'autres rencontres étonnantes, avec en parade des créatures comme le monstre du Loch Ness ou le Sphynx. C'est plus que dépaysant, presque déroutant, mais Rupert Kingfisher a de la suite dans les idées.

En effet, la ville de Paris est actuellement menacée par une politique de restauration intensive de tous les quartiers populaires ou touristiques, le but est d'effacer l'authentique pour rentabiliser au maximum le lieu et l'espace. Les parisiens eux-mêmes se sentent groggy et ne réagissent quasiment plus. Madame Pamplemousse a ainsi l'intention de réveiller tout ce petit monde et d'affronter la redoutable mademoiselle Fondue, le bras droit du président, dont la beauté froide en impressionne plus d'un, à commencer par Madeleine, menacée d'être envoyée dans un centre de détention pour enfants criminels !

Ce deuxième rendez-vous, une nouvelle fois, captive l'imaginaire. L'histoire est fantaisiste et fabuleuse, de facture classique et démodée, mais aussi originale et inventive. Et puis l'emballage vintage a tout pour plaire, attirer, intriguer, personnellement c'est ce que j'apprécie le plus, avec les illustrations de Sue Hellard. Cette petite série, idéalement destinée à de jeunes lecteurs, peut plaire aux plus grands qui ont l'esprit en vacances, aux conteurs qui se régaleront à raconter à voix haute cette aventure étonnante, et à ceux qui en ressentent l'envie et la curiosité.

Madame Pamplemousse et le Café à remonter le temps, par Rupert Kingfisher 
illustrations de Sue Hellard - traduction par Valérie Le Plouhinec 
Albin Michel jeunesse, coll. Witty, 2012

7 mai 2012

"Entretenir l'espoir n'avait aucun sens."

IMG_7382

Cam est atteinte d'un cancer incurable, il ne lui reste plus que quelques mois à vivre, et c'est à Promise, petite ville du Maine, réputée pour accomplir des miracles, que sa mère et sa soeur choisissent de s'établir pour y passer le temps qu'il faut.
Mais Cam est une adolescente sarcastique et rabat-joie, elle se veut réaliste et blindée, refuse d'entretenir le moindre mythe. Son attitude exaspère ses proches, décidés à lui démontrer qu'à Promise les miracles existent bel et bien. Et c'est vrai que leur nouvelle existence y ressemble : Cam se sent en meilleure forme, elle a beau trouver des explications métaphysiques aux évènements hors du commun, elle commence peu à peu à douter et à croire en l'impossible.
Elle a aussi une petite liste secrète des choses à accomplir avant de mourir : voler des trucs débiles, coucher avec un garçon, briser les rêves de sa frangine, se comporter comme une adolescente de son âge, normale. C'est la partie de l'intrigue qui m'a fait rappeler le roman de Jenny Downham, Before I die. La seule différence, ici, c'est que Campbell est une héroïne qui contient sa rébellion à un degré dérisoire. Elle n'attend pas la mort avec impatience et soulagement non plus, c'est juste son sens de l'ironie qui fait sa force, sans la rendre insensible ou insupportable pour autant.
Campbell est une héroïne à laquelle on s'attache obligatoirement, sa famille aussi est très drôle, et la vie à Promise est une vraie carte postale. Pendant trèèès longtemps, on se prête à y croire, à espérer, à sourire face à l'évolution de la jeune fille. Elle va notamment vivre une très jolie histoire d'amour, c'est mignon comme tout, ça n'occulte pas le reste, la maladie reste présente, la mort aussi, et parfois on se surprend à pleurnicher et à éclater de rire en alternance.
Ce roman est source d'effets secondaires imprévisibles, croyez-moi, mais c'est un très beau moment de lecture qu'il nous offre. Il est très doux, pas du tout cucul-la-praline, et il procure un effet bulle bénéfique, c'est douloureux de tourner la dernière page !

La fille qui ne croyait pas aux miracles, par Wendy Wunder smileyc002
Hachette, coll. Black Moon, 2012 - traduction de Raphaële Eschenbrenner  

7 mai 2012

C'est qui le roi du château ?

C’est un magnifique château qu’Émile a passé la matinée à construire. Le plus beau de toute la plage, et le plus gros. Tellement beau que tout le monde le convoite et veut y habiter. Évidemment, Émile n’est pas d’accord. Le roi, c’est lui. Mais il lui faudra apprendre que, sur la plage, tout près des vagues, les monarchies ne sont pas très durables…

IMG_7039

UN BONHEUR POUR LES YEUX ! J'aime infiniment les illustrations d'Adrien Albert, il possède un trait net et délicat qui me fascine sans que j'y comprenne quelque chose. C'est bien simple, l'amour ça ne s'explique pas. Et puis cet album a aussi pour vertu de me transporter au bord de la mer, sur une plage magnifique, où il n'y a personne à part le petit garçon et sa maman, c'est d'un calme bénéfique... Franchement c'est reposant et ça fait du bien. L'histoire est une anecdote rigolote d'un château autour duquel crabe, bigorneaux et garçonnet se disputent la seigneurie, et puis zou... la vague gronde et la mer vient avaler tout titre de propriété. C'est volontairement taquin, un peu injuste mais ce sont les lois de la nature ! 

IMG_7040

Une vue magnifique sur la mer, la plage, le sable... Finalement, la reine c'est cette étendue bleue.

Le roi du château, par Adrien Albert (illustrations) et Jeanne Taboni Misérazzi (texte)
Ecole des Loisirs, 2012 

6 mai 2012

Une Brigitte, des framboises, quelques vers de terre, des cacahuètes et des chats, des oiseaux...

Je vous présente Brigitte, la brebis qui n'avait peur de rien.

IMG_7371

Contrairement à ses copines qui craignent le loup, Brigitte s'en moque et passe son temps à manger. Elle raffole des framboises, en mange des tonnes, quitte à attraper mal au ventre. Pendant ce temps, le troupeau est divisé. C'est la panique chez les bovidés et le sauve-qui-peut ressemble souvent à des missions-suicides. Après tout, qui sait d'où vient le danger ? A plusieurs reprises, les moutons font tout et n'importe quoi. Résultat, le troupeau se décime à vue d'oeil.

Brigitte, elle, continue d'engloutir ses framboises et ne se préoccupe pas des drames qui se jouent aux alentours. Un blurp plus tard, elle finit par lever son museau de son festin et veut retrouver les copines. A la place, ce sera le loup lui-même qui fera office de comité d'accueil. Gloups.  

Ne vous planquez pas sous la couette, il n'y aura point d'effusion de sang, au contraire c'est une autre substance rougeâtre qui va dégouliner sur les pages... hihi, c'est très drôle ! Et notre Brigitte nous réserve d'autres surprises, notamment la rencontre avec Michel le mouton. Souvenez-vous, il pensait n'avoir pas de chance. En voilà un joli clin d'oeil. Ces deux albums cultivent l'art de l'humour acide et désopilant, je vous promets que vous ne regretterez pas la découverte ! 

Brigitte, la brebis qui n'avait peur de rien par Sylvain Victor (éd. Thierry Magnier, 2012)

IMG_7373 IMG_7375

*********************

Autre lecture qui part dans tous les sens, avec une histoire de vers de terre, de cacahuètes, d'oiseaux et de chats, tout le monde se mange et s'avale sans réfléchir, la chaîne alimentaire en perd son latin et il est temps de remettre de l'ordre dans tout ce bazar. 

IMG_7376

Avant, les vers de terre mangeaient des cacahuètes. Les oiseaux mangeaient les vers de terre. Les chats mangeaient les oiseaux. Personne ne mangeait les chats. Alors un ver de terre très énervé a pété un câble : un jour, il a mangé un chat ! Mais un oiseau a avalé le ver de terre, et l'oiseau a été mangé par un chat. Ouille, ça part en quenouille car, si on y réfléchit bien, un chat a mangé un chat. 

C'est complètement farfelu, un peu compliqué, savamment désordonné mais l'histoire tient la route. Cela vous explique l'équilibre alimentaire, son fonctionnement, son ordre et son importance (mine de rien). C'est représenté par des illustrations qui s'éclatent, sur chaque double page, en un festival de couleurs et de bestioles. Le principe est cocasse, particulièrement ingénieux surtout, puisque nos yeux roulent de haut en bas, et de gauche à droite, tant les détails courent comme des fourmis sur un plateau. De quoi impressionner le lecteur, sans prétention, mais avec facétie.

Les vers de terre mangent des cacahuètes, par Elisa Géhin (éd. Thierry Magnier, 2012)

IMG_7377 IMG_7378 IMG_7379 IMG_7380

Publicité
Publicité
5 mai 2012

..it hit her like a mallet to the temple, the realization that she was in love with him. Stupidly, dreadfully in love with him.

IMG_7319

Pendant un long, long, long moment, j'ai adoré ce que je lisais. Le couple Tremaine, séparé depuis dix ans, veut divorcer. Une farouche bataille s'engage alors, Gigi souhaite retrouver sa liberté pour épouser un nouveau parti, mais Camden, exilé à New York, rentre aussitôt au bercail pour exiger d'elle un héritier. Cette ultime humiliation est la suite logique d'une série de coups bas dont leur union a fait les frais. Aujourd'hui le couple est trop orgueilleux pour admettre qu'une attirance est encore perceptible entre eux, et puis l'amertume née d'un sentiment de trahison a fini de les éloigner.

Le couple s'acharne donc à se disputer et s'agacer du mieux possible, donnant ainsi des joutes verbales absolument jubilatoires. Heureusement l'histoire alterne aussi avec le passé, permettant de suivre la première rencontre de Gigi et Camden, une rencontre placée sous le signe de l'espièglerie, de la séduction et de l'audace. Camden pensait alors en épouser une autre, Gigi a rusé et a raconté un mensonge pour le détourner du droit chemin, résultat le couple s'est fiancé dans la joie et l'allégresse, et le soir de la nuit de noces, la vérité a éclaté et Camden a pris la poudre d'escampette.

Tous les deux sont maintenant bêtes et butés, ils préfèrent se convaincre que tout est fini entre eux, alors qu'on voit bien que l'alchimie est intacte. Ils se comprennent, sont encore sensibles aux charmes de l'un et l'autre, et puis ils ont changé aussi, dans le fond Gigi n'est plus capricieuse et égoïste, Camden s'est adouci, les dix années de séparation ont eu du bon ! Mais que de perte de temps... Peut-être la situation tend à s'éterniser et la lecture perd de sa saveur dans la deuxième partie. Cela n'enlève pas le charme, l'éclat et la vitalité de cette jolie romance, autour d'un couple explosif et de leur relation tumultueuse. Il faut aimer le style pétulant, en ce qui me concerne cela a été une vraie partie de plaisir.

Arrangements privés, de Sherry Thomas
J'ai Lu Aventures & Passions, 2009 - traduit de l'anglais par Anne Busnel 

4 mai 2012

"I told you, I have no desire to put myself under the thumb of any man, ever again."

IMG_7320

Par une nuit pluvieuse, Gabriel rencontre Callie et son fils Nicky au bord d'une falaise. La jeune femme cherche un abri pour son fils, sans révéler toutefois qu'elle est princesse et lui prince héritier, menacé de mort, et qu'elle souhaite se tenir à distance de ses ennemis, sans éveiller le moindre soupçon. Lui, Gabriel, ne voit qu'une belle dame au caractère trempé, veuve, elle a décidé de mener sa barque en toute indépendance, ne voulant plus subir le joug masculin. Il lui offre le gîte et le couvert, elle accepte... du bout des lèvres.

A sa façon, Callie est adorable dans son obstination à ne vouloir compter sur personne, à maintenir ses origines secrètes et à surprotéger son fils. Nicky a une jambe boiteuse, il a peur des chevaux mais ne demande pas mieux de vivre comme un gamin normal, si bien qu'il se sent très vite à l'aise chez Gabriel. C'est un homme remarquable, très attentif, taquin aussi. Il est totalement sous le charme de Callie, et le lui fait savoir en lui volant des baisers, elle joue les belles effarouchées, qui tape du pied et du poing, mais n'en paraît pas moins insensible pour autant.

Il y a aussi toute une petite tribu qui vient se greffer au trio, ce sont des personnages secondaires très attachants, qui rendent le récit encore plus fluide et agréable à suivre. On se glisse avec aisance et bonheur dans l'existence de cette communauté, on s'y sent très bien, mais pour les besoins de l'intrigue, il faut que ça bouge à Londres, où on prend réellement connaissance avec les fameux Archanges du Diable (c'est le nom de cette série !). Et là, la famille de Gabriel Renfrew dévoile ses secrets, ou une partie, ce qui augure de belles heures de lecture. C'est d'ailleurs ce que je retiens de cette jolie romance, une touche de délicatesse et de romantisme, c'est mignon comme tout, ça ressemble à un cocon douillet, on aime les personnages, il y a une belle alchimie au sein du couple, l'histoire connaît quelques revers avec une fin en suspension (toutes les questions n'ont pas eu leurs réponses, il me semble, qu'en est-il du vilain de l'histoire ?!). En somme, c'est une lecture classique et potable, une mise en bouche savoureuse, où il manque toutefois un petit ingrédient indéfinissable...

Le Cavalier de l'orage (Les Archanges du Diable #1), par Anne Gracie
J'ai Lu Aventures & Passions, 2012 - traduit par Catherine Berthet 

4 mai 2012

C'est moi qui l'avais fait éclore, ce petit sourire, au coin de sa bouche en bouquet de fleurs.

Deux nouveaux titres viennent compléter la chouette collection ZigZag, que j'affectionne particulièrement. Ce sont deux romans très attachants, admirablement écrits, avec des formules et des petites phrases qui touchent, paf, en plein coeur, avec des histoires tendres et amères, d'une perspicacité qui ne laisse pas indifférent. 

Ça déménage !  par Cécile Chartre - illustrations de Charlotte des Ligneries (Rouergue, coll. ZigZag, 2012)

La vie d'Alexandre, huit ans et des pépettes, n'était que bonheur et tranquillité dans sa petite maison à la campagne, jusqu'au jour où maman et lui sont partis en ville, dans un appartement, parce que papa a décidé de refaire sa vie avec une autre. Pour Alexandre, c'est le début d'une douce rébellion. Il n'aime pas, mais alors pas du tout, son nouveau foyer. Et puis sa mère ne cesse de le coller, de le câliner, c'est insupportable. Même le chat Jean-Claude Chipolatas préfère quitter le navire, après avoir bien noyé le lit de son urine... Hmm, Alexandre aussi veut manifester son mécontentement, lui aussi voudrait qu'on lui rende sa liberté, mais au contraire, sa mère ne cesse de l'étouffer. Il tente d'exprimer son chagrin par la colère et la force, il tape du pied et du poing, les voisines sont d'ailleurs très mécontentes, mais lui s'en fiche... il veut retourner à sa vie d'Avant. Il veut son papa, avoir une discussion, comprendre que les larmes ne sont pas que pour les minus, qu'il faut parler pour expliquer l'inexplicable, que la vie est sans cesse une nouvelle histoire à écrire, avec d'autres maisons et d'autres familles, mais ça ne veut pas dire qu'on change de parents, non. Ni de nom, ni de prénom. Parfois, la vie d'après n'est pas aussi affreuse.

-) Ce petit texte permet de mettre des mots sur le désarroi des enfants, pris dans le feu des tourments des adultes. Ce n'est jamais facile, il y a beaucoup de maladresse et de tristesse, mais heureusement la vie offre aussi la possibilité de rebondir et de croire en des lendemains plus jolis. 

IMG_7369

L'histoire d'Aimée est celle d'une petite fille qui a grandi dans un foyer, parce qu'elle n'a plus de parents. Elle a été abandonnée quelques jours après sa naissance, avec juste un petit mot où était inscrit son prénom. Aimée s'est construit un petit cocon avec ses soeurs d'adoption, mais elle n'a jamais osé avouer que le manque de maman était de plus en plus pesant. C'est en voyant sa copine Clémence qu'elle a compris ce que signifiait l'amour d'une mère, et en cachette Aimée s'est inventé une maman de papier. Au foyer, les filles pensent que c'est un mot d'amour de Medhi. Medhi et ses sanglots qui mangent tous ses mots. Medhi avec un sac de problèmes qui pèse une tonne et un coeur aussi grand que le haut du ciel. Et même si Aimée est méfiante vis-à-vis de l'amour, elle n'est pas insensible au regard doux et triste de Medhi, à ses yeux lourds comme l'amour, à sa lettre avec des ratures et plein de fautes d'orthographe... Et puis, il suffit d'un baiser sur la joue pour faire naître un sourire sur le visage du garçon, c'est dire le potentiel d'Aimée à donner du bonheur. Pourquoi ne pas aller plus loin, alors ? Et croire enfin qu'elle aussi peut faire des trucs bien dans sa vie.

-) Ce petit roman fait bougrement du bien, même si le sujet n'est pas gai et encore moins joyeux, il échappe toutefois à paraître sinistre ou démoralisant, et c'est ça que j'aime dans cette collection, la volonté de ne jamais baisser les bras, d'admettre que la vie n'est pas rose tous les jours mais que ça ne veut pas dire qu'il faut cesser d'y croire. Une vie sans parents, par exemple, c'est ce qu'il y a de plus douloureux pour un enfant. Et la petite Aimée est drôlement attachante à sa façon, parce qu'elle est aussi à fleur de peau, elle passe son temps à observer le monde, à se poser des questions, à avoir des envies, à avoir peur de les vivre ou de simplement les ressentir... La magie d'un livre, c'est donc d'offrir des rêves et des ailes dans le dos, de vous chambouler la tête et le coeur avec toutes ces belles idées. Je crois qu'on n'en a jamais en trop ! 

L'invention des parents, par Agnès de Lestrade - illustrations de Lucie Albon (Rouergue, coll. ZigZag, 2012)

3 mai 2012

"Les enfants sont des énigmes lumineuses."

Le match du jour oppose les enfants contre les parents. Bah oui. 

IMG_7204

Les enfants sont méchants, c'est bien connu. Ils sont bruyants, insupportables, ils crient, font des caprices, ils mordent, ils crachent leurs épinards, ils ne disent pas bonjour à la dame, ils font du chantage, ils donnent des câlins quand ça leur chante, en somme ils sont épuisants et limite ingrats. C'est fort d'une tendre ironie que Vincent Cuvellier nous livre un portrait de notre progéniture, avec un bagout hors du commun. Impossible de ne pas sourire en parcourant cet éventail de situations toutes plus grotesques (et authentiques !) les unes que les autres.

C'est ainsi un festival de patience et de flegme qui s'offre à nous, et le constat s'impose : les enfants sont de gentils monstres qu'on aime comme ils sont, c'est-à-dire imparfaits. On doit aussi au rituel de l'histoire du soir de réconcilier tout ce petit monde, ouf les journées peuvent paraître longues, elles savent aussi se boucler sur un sentiment d'apaisement quand on retrouve l'enfant endormi dans son lit, sourire aux lèvres et heureux... Après tout, les enfants sont gentils. 

-) A découvrir pour l'ironie de la situation, pour l'humour de Vincent Cuvellier et pour les illustrations d'Aurélie Guillerey (j'adore). 

Les enfants sont méchants, par Vincent Cuvellier & Aurélie Guillerey (Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, 2012)

Les enfants auront l'occasion de se venger en se plaignant de leurs parents, grâce au retour de ma mère ! Une mère qui ne fait rien comme les autres, qui a la tête dans les nuages, qui dit une avalanche de gros mots, qui mange des paquets de bonbons, qui promet de faire attention et qui bien évidemment n'en fait qu'à sa mode. 

IMG_7365  

C'est déjà le troisième titre de cette collection (où le portrait de ma mère est souvent gratiné, mais c'est pour de rire !). Si ma mère est à la fête, son fiston, lui, se désespère et le lecteur rigole. Trois histoires courtes viennent faire état de situations souvent désespérantes, mais jamais navrantes, ma mère a conscience de ses défauts et préfère en rire en faisant l'orang-outang dans son dressing. Tout ça sent bon le vécu, c'est tendre et rigolo de découvrir le regard que parfois posent les enfants sur leurs parents ! Ce troisième rendez-vous a donc été placée sous le signe des facétieuses retrouvailles.

Ma mère à la fête, par Gwendoline Raisson & Magali Bardos (OFF - Pastel, 2012) 

* La citation en titre de ce billet est de Daniel Pennac. : )

IMG_7367

3 mai 2012

Héros dans l'herbe

Les parents de Raoul sont épiciers et découvrent un matin un drôle de chou dans une cagette. Or la créature, toute verte, se réveille en poussant des grands cris et en bondissant dans la boutique. C'est un chou vivant, un chou qui hérite du nom de Glouglou puisque c'est tout ce qu'il sait dire (et aussi Gniii !). Glouglou se révèle vite une drôle de chose qui passe son temps à manger et faire des bêtises, madame Grossel, une cliente souvent décrite comme une vieille sorcière, peut en témoigner (dès qu'il la voit, elle est victime d'une catastrophe !). Ce n'est bien sûr jamais méchant, mais vif et sympathique. Chaque anecdote est racontée sur deux pages, cela va très vite et la chute de chaque histoire apparaît encore plus percutante, car souvent désopilante. Cette bande dessinée ne peut que séduire les enfants, amateurs d'humour facile et de situations cocasses. Les aventures de Glouglou sont de plus ancrées dans un quotidien authentique (l'école, les vacances, les fêtes comme Halloween ou Noël), et puis le format est plus que convaincant : un rythme effréné, une succession de bêtises, un couple attachant... c'est tout bon ! 

Raoul et Glouglou, tome 1 : Né dans les choux par Francisco Lopez et Frédéric Thome (BD Kids, 2012)

IMG_7364

Retour gagnant du célèbre Captain Miaou et de sa chose jaune appelée WafWaf (oui, les choses ont le vent en poupe dans la bande dessinée pour enfants !) : leurs nouvelles aventures sont encore plus déjantées et drôles. D'abord, le capitaine doit fuir pour échapper à la pendaison (il est puni pour désertion) et rencontre en chemin un drôle de bandit qui vole de l'or pour attirer l'attention de sa belle (celle-ci s'en moque un peu, puis intervient au cours du duel qui doit déterminer lequel entre José et Miaou est capable de mourir par amour...). C'est parfaitement cocasse, et c'est justement cet humour absurde qui fait tout le charme de la série. Notre équipage va également se frotter à un troupeau de hyènes qui exerce du chantage pour un droit de passage (une partie de barbichette peut vous sauver la vie, ouf !). Et les péripéties se suivent, toujours plus insolites sans friser l'ineptie. C'est à savourer sans rougir, en se gaussant dans son fauteuil. 

WafWaf & Captain Miaou, tome 2 : Héros dans l'herbe par B-gnet (BD Kids, 2012)

Cette collection a le don de remonter les morals en berne, je ne peux que lui en être reconnaissante ! 

Publicité
Publicité
Chez Clarabel
Publicité
Newsletter
2023 Reading Challenge
Clarabel has read 8 books toward her goal of 200 books.
hide
Sauveur & fils
Quatre sœurs : Geneviève
Audrey Retrouvée
Le sourire étrange de l'homme poisson
Calpurnia et Travis
L'homme idéal... ou presque
Trop beau pour être vrai
Tout sauf le grand amour
Amours et autres enchantements
Ps I Love You


Clarabel's favorite books »
Publicité