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Chez Clarabel
30 septembre 2009

Chez moi, la famille est une affaire beaucoup plus compliquée.

Ma super famille - Un livre animé (avec des volets qui se soulèvent, des pages qui se déplient... une famille qui s'agrandit !)
Ecrit par Gwendoline Raisson et illustré par Magali Le Huche

Flammarion Père Castor, 2009 - 38 pages - 15€

il est top, cet album !

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Contrairement à son copain Camille, Timothée se trouve une famille beaucoup plus compliquée. Il a un papa et une maman, jusque là tout est normal, la page d'après on apprend l'existence d'une belle-mère, une demi-soeur, un demi-frère (pas une moitié de frère, un bien entier qui mange comme quatre), une tante (pas tente) mariée et maman d'une fillette, une cousine germaine dit-on (et qui vient de l'autre côté du globe), sans oublier la maman de maman, elle aussi mariée à un monsieur qui n'est pas le papa de la maman de Timothée (pas facile à suivre, je sais... mais sur papier, c'est plus simple !), car on n'en finit plus de dénombrer des enfants par ci, des frères et soeurs par là, des oncles, des tantes, des grand-parents mariés, dé-mariés et re-mariés ... Cela fait beaucoup, beaucoup de monde ! D'ailleurs c'est drôlement difficile de faire entrer toute la smala sur le papier où est dessiné l'arbre familial.

« Finalement, ça ressemble plus à une forêt qu'à un arbre.
... Une forêt dans laquelle tous les arbres sont un peu emmêlés, mais où il fait bon s'abriter.
»

Cet album réserve bien des surprises, car il est animé par des volets qui se soulèvent et des pages qui se déplient, en un tour de magie la famille s'agrandit !

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Et j'aime beaucoup le trait de crayon de Magali Le Huche, ça tombe bien !

 

> mis à l'honneur par Mel (de la soupe de l'espace ... mais on commence à la connaître à force de la citer !)

> le blog de l'auteur : http://gwendolineraisson.blogspot.com/2009/09/ma-super-famille.html

*-*-*-*-*-*

Une autre lecture sur le même sujet  :  Le Jeu de cette famille, par Annie Agopian et Claire Franek (Rouergue, 2009 / 12€ )

le_jeu_de_cette_familleL'histoire s'inspire du jeu des 7 familles (double sens dans le titre, bien sûr !!!).  Au départ, il y a le schéma classique : un papa, une maman (et un chien). Puis ça casse, chacun fait son jeu de son côté. Et rien ne sera plus jamais comme avant.
Autant composer avec la nouveauté, y'a pas trop le choix non plus. Comme « le jour du lapin qu'elle tenait par les oreilles ; et de son père à elle qui la tenait par la main et qui le tenait lui, qui tenait le chat dans ses bras ».
Il faut ainsi apprendre à partager.
Et ce n'est pas toujours facile : il y a le jeu de cette famille des années paires, le jeu de cette famille des années impaires, le jeu de cette famille de noël, le jeu de cette famille des vacances d'été.
C'est très compliqué.
Parfois, on en a ras-le-bol.
Alors on cherche à inventer des nouvelles règles de jeu, des règles de mauvais joueurs par exemple, ou des règles impossibles, des règles qui existent ou qui n'existent pas (ou plus).
Au final, ce n'est plus la peine de chercher la famille MIEUX, surtout quand on a déjà réussi à l'inventer pour de vrai !

Etonnant album que voilà, avec des illustrations rigolotes, des pages pleines de couleurs, des inventions amusantes et un regard sur les nouvelles familles qui paraît vrai et crédible. 

> Finette aussi l'a beaucoup apprécié

 

 

 

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30 septembre 2009

lectures du mois #9

oups, le mois de septembre est enfin terminé (ce fut très long, surtout les derniers jours) et j'ai oublié le bilan des lectures du mois, en fait j'étais trop occupée à faire du ménage dans mon profil sur zozone, je crois que j'arrête de poster mes commentaires chez eux, je n'en peux plus, l'ambiance est devenue insupportable, trop de cynisme, trop de verbiage, c'est devenu la foire de ceux qui veulent briller par joutes verbales, avec la petite cour d'admirateurs (cireurs de pompes), c'est infernal, en plus d'une volonté de casser les têtes de liste à cause d'un classement immuable depuis des lustres, on s'en prend à ceux qui résistent (cuné a jeté l'éponge, par exemple) et ça castagne, bêtement et méchamment... pouah. donc je dis stop et je perds mon temps à supprimer, supprimer... ça me barbe.

oups là, revenons à nos moutons, le bilan de septembre ! j'ai lu, oui, beaucoup (comme d'habitude), avec malheureusement une tendance à rechigner sur certaines lectures, parce que les sujets ne sont pas gais ou ont déjà été lus, du répétitif donc, non merci... voilà qui expliquerait peut-être pourquoi je lis en grande majorité de la littérature pour la jeunesse (comme on dit), puisque je ne vous rappelle plus combien ce secteur est riche de pépites et de merveilles, vous le savez, je n'en doute pas.

en septembre (mois de la rentrée littéraire, mais pas seulement) j'ai donc aimé :

  • v_great_miscxL'âme détournée  [#], de R.N. Morris
  • Jane Austen à Scargrave Manor [#], de Stephanie Barron
  • Contes de la banlieue ordinaire  [#], de Shaun Tan
  • Les éveilleurs [#], de Pauline Alphen
  • Teen Song [#], de Claudine Desmarteau
  • Je ne sais plus pourquoi je t'aime [#], de Gabrielle Zevin
  • Les étranges soeurs Wilcox [#], de Fabrice Colin
  • D'Or que Landes [#], de Denis Bretin
  • Les lionnes  [#], de JF Chabas
  • Un koala dans la tête  [#], d'Elise Fontenaille
  • Etranger à Berlin [#], de Paul Dowswell
  • Markus presque mort [#], de Valérie Sigward
  • Dernière adresse [#], par Hélène Le Chatelier
  • Meurtres entre soeurs  [#], de Willa Marsh

Wooo !  Super programme ! A lire comme ça, je garde de ce mois de septembre un très bon souvenir. :)
La rentrée scolaire s'est bien effectuée, nous sommes sur les rails, la fatigue est de nouveau au rendez-vous, c'est dur de quitter son lit le matin, le jour a de plus en plus de mal à se lever et le soir il fait très vite sombre dans les maisons, brrrr, l'automne est bien installé, bonjour les mois de grisaille, mais cette année j'ai juré de ne pas me laisser abattre et de résister au blues, j'ai trop pleurniché l'an dernier, 2009 pour moi c'est 9 ! ...

28 septembre 2009

Traité sur les miroirs pour faire apparaître les dragons ~ Martin Page

Médium de l'Ecole des Loisirs, 2009 - 60 pages - 7,50€
illustration de couverture : Rascal

traite_sur_les_miroirsDans ce livre, il n'est pas question de dragons ni de sorcellerie ou de magie, non il est juste question d'amour et  plus particulièrement de ... chagrin d'amour !
Martin a treize ans, il est amoureux de Marie qui lui déclare l'aimer elle aussi. Soixante minutes plus tard, elle lui annonce qu'elle préfère rester amis. Martin est abasourdi. (Le lecteur aussi.)
La journée, de toute façon, est placée sous un signe noir, très très noir. Le matin même, son chien est mort en se réveillant ! Le père de Martin, médecin, propose d'organiser une fête-enterrement et d'inviter quelques amis - les fidèles, Erwan, Bakary et Fred.
Ce petit roman est absolument réjouissant, malgré son sujet apparemment tristounet, il s'avère enlevé, drôle et pertinent. Le jeune garçon nous fait part de ses pensées profondes, le fait d'avoir perdu sa maman, de consulter un psy pour raconter ce qui lui passe par la tête, ou d'envisager son père à l'esprit chamboulé,  souvent dépassé par la réalité qui l'entoure, et qui préfère nettement apprendre à son fils comment remplir sa déclaration des impôts ou faire son noeud de cravate.
Ce sont des petits instants précieux qui jalonnent ce texte, touchés par un grain de folie, et en même temps ce n'est jamais fatalement idiot. L'histoire dégage une vraie tendresse, elle véhicule un message important sur la perte de l'être précieux, sur la souffrance et sur la force de rebondir, de croire en la vie, etc.
Ce n'est pas traité de façon bateau  non plus, c'est - selon moi - sensé et philosophe (mais jamais trop sérieux non plus). Cela se lit avec beaucoup de plaisir et de facilité, l'impact est immédiat, la folie douce au rendez-vous, il y a aussi une belle brochette d'hurluberlus, tous très attachants. Bref, c'est un roman original et absolument charmant (que j'ai beaucoup aimé... mais était-il besoin de le rappeler ?).

extrait :

Il y a un mystère dans la difficulté qu'ont les adultes à former des amitiés. Mon hypothèse est que l'amitié, pour naître et durer, a besoin de circonstances exceptionnelles et de danger. Et seule l'enfance réunit ces conditions. Une fois adulte, il n'y a plus de grands risques. Je ne dis pas que c'est facile, mais la terreur devant l'avenir, ce qu'on est, ce qu'on va devenir, est atténuée. D'après ce que je sais, d'après ce que j'ai lu, d'après ce que j'ai vu au cinéma, le seul moment où les adultes peuvent devenir amis, c'est en période de guerre. A leur manière, l'enfance et l'adolescence sont aussi une période de guerre.

> les libraires sont unanimes !  Mel de la Soupe de l'Espace - Le Préau - la librairie Rêv'en Pages
Sophie Pilaire sur Ricochet
- Les lectures de Marie

> Et le blog du monsieur, dont cette partie qui fait écho à ce billet (et plus, encore) : 

J'ai fini d'écrire Traité sur les miroirs pour faire apparaître les dragons vendredi. Geneviève Brisac, mon éditrice à l'Ecole des Loisirs, m'a répondu, et tout va bien. Il y a toujours cette peur d'écrire des choses trop bizarres qui n'ont de sens que pour moi. Et puis c'est mon premier Medium (la collection pour les plus de douze ans à l'Ecole des Loisirs), j'étais un peu inquiet.

Je sais que certains adultes ne lisent pas de livres pour enfants (les idiots), alors qu'il y a des merveilles.

> la nouvelle adresse : http://www.martin-page.fr/blog/

28 septembre 2009

Les enquêtes d'Enola Holmes : Le mystère des pavots blancs ~ Nancy Springer

Nathan, 2008 - 200 pages - 13,50€
traduit de l'anglais par Rose-Marie Vassallo
illustration couverture : Raphaël Gauthey

enola_holmes_3La petite soeur de Sherlock Holmes a échappé in extremis à la surveillance de son détective de frère, incroyable mais vrai ! Elle vit dans une petite chambre qu'elle loue dans un quartier simple et populaire, espérant se faire la plus discrète possible, et son cabinet du Dr Ragostin, spécialiste en recherches et toutes disparitions, est temporairement clos. Il lui faut une nouvelle identité, un nouveau déguisement, pourquoi ne pas devenir une lady raffinée et pleine de charme, ce qu'elle imagine ne pas être du tout avec son physique de grande asperge aux traits fades et adolescents... Viola Everseau entre en scène, décidée de se rendre chez le docteur Watson. Pourquoi se jeter dans la fosse aux lions ? Car Enola vient d'apprendre par les journaux que ledit docteur est porté disparu, son épouse est bouleversée, le détective Sherlock Holmes aux abois ! Une nouvelle enquête peut commencer, le jeu du chat et de la souris aussi. Entre Enola, son grand frère, le docteur Watson et la mère d'Enola, c'est une affaire de messages codés, de cache-cache et de filatures. Une affaire qui roule !
La demoiselle n'a pas à rougir de son patrimoine génétique, elle est rusée, intelligente, pleine de fougue, mais a une fâcheuse tendance à se déprécier physiquement. L'auteur Nancy Springer nous offre, en plus du reste (fidélité du cadre, des personnages, véracité et dynamisme de l'enquête, etc.), un manifeste sur le droit des femmes en dénonçant nombre d'absurdités les concernant (" Laissez entrevoir ne fût-ce qu'un soupçon de cheville était alors d'une indécence extrême, même si les robes du soir, à l'inverse, vous décolletaient la gorge à vous faire risquer la pneumonie. ").
Le Mystère des pavots blancs est en fait le troisième tome de la série, qui confirme tout le bien que je pense d'elle depuis son début, et c'est aussi un très bon conseil de lecture pour les plus jeunes lecteurs qui seraient amateurs de Sherlock Holmes (la figure du détective n'est pas trop roulée dans la farine, son esprit de fin limier, redoutable renard, a également la part belle). Bref, encore un très bon moment de divertissement littéraire que voilà !

Le quatrième tome est déjà disponible : Le secret de l'éventail (Nathan, juin 2009).

un petit extrait :

Je m'accroupis devant sa cachette, ma jupe en corolle autour de mes jambes repliées à la façon d'une sauterelle. La situation me paraissait délicieusement absurde, mais je la savais risquée aussi. Autour de nous, la stupeur scandalisée des rares passants était palpable, et je les sentais faire un pas de côté, comme si ma conduite excentrique risquait d'être contagieuse.
Deux ans auparavant, lors du jubilé de la reine, une dame avait mis un genou en terre dans l'une des allées du Crystal Palace, le temps de glisser dans sa bottine une brindille de sapin ; peu après, elle s'était retrouvée dans un asile d'aliénés. Placée là par son mari. Il n'était pas rare alors qu'une femme fût envoyée à l'asile pour "conduite incongrue" - laquelle pouvait consister, simplement, à lire des romans jugés osés, à refuser d'obéir, à contester l'autorité maritale. Faire emmener sa femme par des hommes en blouse blanche dans une calèche aux rideaux tirés était une façon élégante de se défaire d'elle, dès lors qu'elle devenait encombrante pour une raison ou pour une autre. Divorcer, en revanche, relevait du scandale.

 

> lu également par Allie et la librairie L'autre rive

27 septembre 2009

Jane Austen à Scargrave Manor ~ Stephanie Barron

Labyrinthes, une collection des éditions du Masque, 1998 - 446 pages - 8,50€
traduit de l'anglais (USA) par Corinne Bourbeillon

jane_austen_scargrave_manorJane Austen a bientôt 27 ans, elle vient de rompre ses fiançailles avec Mr Bigg-Wither et se réfugie chez son amie Isobel, nouvellement mariée au comte Scargrave, de deux fois son aîné. Elle compte bien s'étourdir dans l'effusion des bals donnés à Scargrave Manor. Hélas, le vieux lord meurt dans d'atroces souffrances et la maison porte le deuil. Des petits billets font très vite leur apparition et accusent la jeune épouse d'avoir comploté le décès du comte, ses liens avec Fitzroy Payne, vicomte et neveu de son mari, dénoncent une connivence trop proche, trop tendre. Scandale à l'horizon ! Jane est émue de la détresse de son amie, tous les soupçons l'accablent et d'étonnantes révélations viennent assombrir la réputation de la jeune femme et de son ami (et soupirant), lord Payne, héritier du titre et de la fortune de Scargrave...

Ce n'est pas parce qu'on trouve Jane Austen en titre qu'il faut s'attendre à une lecture d'égale qualité, non, non... l'esprit, l'essence, l'adoration, l'humour et la finesse y sont forcément brodés et utilisés à bon escient mais il va sans dire que Stephanie Barron n'a pas le talent de l'anglaise, même si du talent elle en possède aussi certainement... Car j'aime ses romans, c'est le deuxième titre que je lis de sa série (cf. Jane Austen et le révérend) et j'y trouve un vrai, grand plaisir. C'est une lecture de pure distraction, du divertissement pour zoner sur son canapé, c'est assez bien écrit, l'ambiance est admirablement reproduite, la silhouette de Jane Austen est mise à l'honneur, on trouve une jeune femme vive et intelligente, qui rougit beaucoup et qui répète souvent être de bonne condition physique et donc d'apprécier la marche et les promenades. Ceci étant, c'est tout de même comique de l'imaginer en détective, si l'on transpose l'idée d'une Miss Marple avec quelques années de moins... Là je dis stop, cela casse l'image et cela devient totalement ridicule.

La série de Stephanie Barron n'a pas d'autre intention que d'être agréable à la lecture et de ne pas prétendre usurper l'identité de Jane Austen, juste de la respecter, ensuite le personnage de l'écrivain anglais est mis en scène, mais jamais dans des situations incongrues, ou tout juste peut-on trouver que cela reste terriblement romanesque, Jane n'était pas une beauté fatale, elle le rappelle, mais son charme de l'esprit n'avait de cesse de faire tourner les têtes, et c'est avec étonnement que je constate de nouveau les ravages qu'elle provoque ! Cette lecture donne le sourire, c'est indéniable. L'enquête criminelle demeure de facture classique, je n'ai pourtant pas su deviner le coupable avant la révélation au dernier chapitre.  Stephanie Barron sait entretenir le suspense, mais son roman pourra paraître bien long et bavard pour ceux qui attendent de l'action et des rebondissements. Il n'en est pas du tout question dans ce livre ! Ambiance georgienne joliment léchée, voilà de quoi ravir les amateurs. Entendons-nous bien.

> un extrait :

Sachant que le lieutenant Hearst avait tué un homme, je ne parvenais à songer à rien d'autre ; mais l'on se doit, lorsqu'on enchaîne les figures, de causer un tant soit peu avec son partenaire ; je me mis donc l'esprit à la torture, désespérant de trouver un mot pour engager la conversation. Rougissante - j'en ai peur - et les yeux obstinément baissés, je dus lui faire l'effet d'une vraie petite oiselle, lui offrant ainsi une image de ma personne probablement aussi imparfaite que le portrait que miss Delahoussaye m'avait dressé de lui. Lui-même, devant mon mutisme embarrassé, hésitait à prononcer une syllabe ; et nous persistâmes péniblement dans ce silence d'une profonde sottise pendant près de la moitié du temps que dura la danse. Mais s'il est une chose que je déteste par-dessus tout, c'est bien de me retrouver flanquée d'un cavalier muet ; aussi, surmontant mon horreur des coups de pistolet à l'aube, je me réfugiai dans la légèreté d'un badinage féminin.
- J'ai profité de votre absence, lieutenant, pour me renseigner sur votre caractère, lançais-je.
Levant un sourcil, il me jeta un regard amusé.
- Et suis-je digne de toucher votre gant ?
 

NB : Il s'agit du premier tome de la série.

> lu aussi par Plaisirs à cultiver et La bibliothèque d'Allie

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25 septembre 2009

L'âme détournée ~ R.N. Morris

10/18 Grands Détectives, 2009 - 410 pages - 8,90€
traduit de l'anglais par Bernard Cucchi

lame_detourneeJe sors de cette lecture complètement emballée et conquise par cette première rencontre avec Porphiri Pétrovitch, juge d'instruction à St-Petersbourg. Nous sommes en 1866, soit un an et demi après l'affaire Raskolnikov durant laquelle Pétrovitch a joué un rôle crucial pour mener l'enquête du double meurtre de Crime et Châtiment (de Dostoïevski).
Faut-il être fou ou audacieux pour mettre en scène un personnage tiré d'une oeuvre majeure et le faire évoluer dans une série dont l'ambition n'est nullement de s'inscrire chez les classiques, mais juste de divertir ?
Et si, tout simplement, il s'agissait là de talent, car le résultat est vraiment très, très bon.
Question ambiance, nous sommes servis. La Russie, donc, au milieu du 19° siècle. Nous sommes en plein hiver, il fait extrêmement froid, les rues sont couvertes de neige, les gens meurent de faim, ou dépensent leurs kopecks à boire de la vodka, les pauvres filles se prostituent, le crime crapuleux s'invite donc à la partie.
L'histoire s'ouvre sur la découverte de deux corps, la scène est particulièrement glauque et donne des frissons. Un nain a eu le crâne fracassé par un coup de hache et près de lui le corps d'un homme se balance au bout d'une corde. Ces deux-là se détestaient, il n'y a point d'indices qui impliquent le meurtre, bref la police conclue hâtivement au suicide succédant au remords.
Pétrovitch peste dans sa barbe, selon lui cette affaire est plus vicieuse et porte la signature d'un esprit retors et redoutable d'intelligence. Mais ses supérieurs lui mettent des bâtons dans les roues, le dossier est bouclé, jusqu'à ce qu'un nouvel élément relance l'enquête.
Nous allons encore en souper des bouges infâmes, des personnalités tordues et complexes, des ambitions étouffées, des mensonges et des trahisons, des secrets et de l'âme humaine souillée, bafouée et même déposée chez un prêteur sur gages !
C'est laid, grisâtre, oppressant et morose... mais c'est absolument captivant.
Je me suis surprise à tourner les pages de ce livre, prise au piège de ma propre fascination pour ce décor slave peuplé de personnages attachants, non dénués d'humour pour certains, même si cela reste très en retrait de la ligne principale. Quant à l'intrigue policière, elle m'est apparue parfaitement acceptable, entraînante d'un bout à l'autre pour un final plus ou moins imprévisible (j'avais flairé le coupable !).
Dernière info, l'auteur est anglais et a déjà écrit une nouvelle aventure de Porphiri Pétrovitch, A vengeful longing.

 

 

et un petit extrait pour se mettre dans le bain :

Le samovar gargouillait et sifflait en vibrant. Porphiri Pétrovitch et Anna Alexandrovna s'en détournèrent, comme dans un accès de pudeur. Elle lui désigna un sofa russe, or et marron. Quand il s'assit, une rafale de vent fit trembler les carreaux.
Le salon était tendu de brocatelle bleu pâle agrémentée de dorures sur les moulures rococo. L'air, humide, embaumait des vapeurs de thé. Les panneaux de rideaux de soi du même bleu que les brocatelles tombaient devant les trois grandes baies. La lumière qui filtrait du dehors déposait un reflet crémeux sur la robe sombre d'Anna Alexandrovna. Dans la cheminée de marbre, de courtes flammes, vives, affleuraient timidement sur une montagne de charbons rougeoyants.
- C'est un tel choc ! dit Anna Alexandrovna en regardant par la fenêtre, comme si elle commentait la violence soudaine des éléments. Comment est-ce arrivé ?
- Malheureusement, il semble bien qu'ils aient été assassinés, tous les deux.
- Non !
Elle le regarda, espérant trouver sur son visage une autre réponse.
- On a découvert leurs deux corps dans le parc Pétrovski.
- Le parc Pétrovski ?
Aucun doute : elle avait été troublée lorsqu'il avait mentionné le parc. Mais, déjà, elle surveillait ses réactions. Elle s'écarta un peu de Porphiri en se penchant en arrière. Il l'observait, guettant un signe, elle ne livra cependant plus rien.

 

25 septembre 2009

Quinze ans après ~ Alexandre Jardin

Grasset, 2009 - 354 pages - 19€

 

quinze_ans_apresCe roman est un drame qui donnerait presque envie de pleurer ! Fanfan a été le roman de mes seize ans, et voyez-vous, j'y croyais à la théorie des passions éternelles, du combat contre la routine et l'étincelle qui s'éteint, l'amour n'étant qu'un éternel recommencement, un feu qu'il fallait alimenter, pimenter de mille façons... bref j'étais fleur bleue et naïve d'une théorie qu'Alexandre Jardin aujourd'hui réfute !
Je tremble de rage. Je suis mécontente, déçue, mais déçue.
Quinze ans après, donc, signe le retour des amours entre Alexandre et Fanfan. Or, c'est un retour amer, aigri, fané, déboussolant... Le couple n'a pas tenu la route et s'est séparé. Chacun a mené sa petite barque de son côté, Fanfan a connu deux mariages, a eu deux enfants et aujourd'hui elle divorce avec force et fracas, on la découvre affreusement lessivée, vaccinée contre les engagements maritaux et romantiques.
De son côté, Alexandre réalise que seule la félicité conjugale compte dans la vie, au diable ses vieilles lubies, il désire maintenant prouver que l'amour se vit tous les jours, c'est là le vrai pouvoir, et il ambitionne de "donner un regain de crédit aux pantoufles" !
Deux trublions - un producteur et un éditeur - vont se frotter les mains en souhaitant provoquer les retrouvailles entre Alexandre et Fanfan. L'illusion passée peut-elle resservir ? Peut-on rallumer les braises éteintes ?
Guérit-on jamais d'un premier amour ?

C'est ce que tente de raconter ce roman, beaucoup plus ancré dans le bilan, dans le constat de l'échec et dans l'autocritique. Il est tout entier empreint d'Alexandre Jardin, on reconnaît sa signature d'une folie contagieuse, qui implique son excès du romanesque, son délire sentimental, "toujours gonflé à l'hélium de ses rêveries". C'est enchanteur et fatiguant à la fois.
A seize ans, j'étais éblouie et amoureuse de son extravagance... j'ai aimé Le zèbre, Le petit sauvage ou Bille en tête. Et puis au fil du temps, je me suis lassée et je n'aimais plus. J'étais fatiguée de son impétuosité, je trouvais que c'était beaucoup moins spontané et plus travaillé (ou calculé), bref je n'en pouvais plus.
En apprenant qu'il existait un acte 2 à Fanfan, j'ai bondi. Curieuse, gourmande, besoin d'un roman gai... j'ai foncé, je regrette à moitié. On ne doit jamais revivre ses anciennes amours, on doit les laisser dans le placard des souvenirs dorés, on ne doit pas prendre le risque de les froisser et de les rendre moins idylliques.
C'est le sentiment que j'ai ressenti avec Quinze ans après.
Ce n'est pas du réchauffé, c'est juste déprimant. La première centaine de pages demande un certain effort, c'est un condensé de tout ce que je ne supporte plus, et puis j'étais mécontente de découvrir que l'auteur reprenait ce qu'il avait donné, qu'il n'assumait plus Fanfan, non je ne suis pas d'accord, donner c'est donner, reprendre c'est voler. C'est sans doute une oeuvre de jeunesse, avec son lot de farces et d'inepties, mais c'est pour moi insupportable de voir son auteur la renier.

Du coup la magie n'est plus, on sent la rengaine, on suit un personnage qui n'a pas grandi et qui reste un enfant, qui continue de rêver sa vie au lieu de la vivre. Sur ce plan, j'ai trouvé Fanfan beaucoup plus crédible et touchante, "lourde d'échecs, de poncifs et vieille de trouilles" (comme lui rétorque Alexandre).
Je n'adhère plus au concept, même si le livre est saupoudré d'inventions et de propositions sympathiques, je trouve que c'est tout de même poussif, trop naïf (oui, hélas !) et épuisant. Le fait aussi que l'auteur choisisse de retourner sa veste participe à mon agacement. Je n'aime pas la frustration, et c'est ce qui ressort de ce volte-face. On peut changer, avoir des goûts différents et penser autrement, mais on ne doit pas tirer un trait sur sa fantaisie.
Quinze ans après est un roman sur le temps, sur la sagesse et sur les nouvelles envies. Les personnages fétiches que sont Alexandre et Fanfan ont quarante ans, que sont-ils devenus, vont-ils montrer que l'amour rime avec tous les jours. A considérer, toutefois, que les lecteurs aussi ont mûri et qu'ils ne sont probablement plus réceptifs à ce tourbillon excentrique et capricieux... C'est ce que je pense, ensuite je ne doute pas que ce roman - ôde à la charentaise, ainsi soit-il - trouvera son public, dont les nombreux fans de Fanfan ! C'est un roman qui apporte aussi beaucoup de joie, et ça ne peut pas faire trop de mal non plus.

> extrait :

C'était plus fort que lui : un besoin organique, vital, de faire évoluer son avatar, de ne pas le laisser en rade sur cette pellicule qui le figeait dans des idées qu'il exécrait désormais. Fanfan Acte II démentirait l'acte I. Alexandre souhaitait s'actualiser sans délai. Il voulait se montrer éloquent contre son éloquence de jadis. Et que ses deux livres se fassent la guerre entre eux, en étrillant ses croyances obsolètes. Rageur, il allait tenter d'écrire une oeuvre à rebours qui montrerait que seule la vie domestique bien intriguée permet d'atteindre la haute passion. Et que les charmes des commencements ne sont que broutilles au regard des vertiges neufs qui peuvent survenir jour après jour. Ce bouquin bilieux parfois porterait la discorde dans la littérature romantique ; sans qu'aucun scrupule le retienne. Sa nature trop riche avait soif de castagne, ou plutôt de riposte. Quel déviant lyrique, autre que ce fêlé, pouvait soutenir que la flamme la plus brûlante ne surgit qu'avec le temps ? En prenant ses habitudes comme point d'appui au lieu de s'en défier. Tout à sa furie iconoclaste, Alexandre désirait clouer au pilori, une bonne fois pour toutes, l'idée même de l'étiolement des passions.
Par ce livre tonnant et joueur, bélier de nouveaux songes - qui guidaient sa propre vie -, il espérait refaire l'amour ; de fond en comble.  Oui, rien que ça : refaire l'amour, en réformer les attendus, se conduire en schismatique. Sans mettre de mors à ses idées. En osant la rupture totale avec les mythes occidentaux mal foutus qui, tous, promettent aux amants fous d'amour, un jour ou l'autre, une gueule de bois. Il y puiserait un goût de revanche allègre et de bravade.

en voici un qui ne change pas, alain souchon, avec cette très très belle chanson, le zèbre...

 

(mais l'album ^c'est déjà ça^ était une pure merveille de la première à la dernière note)

sans rapport, j'ai ENFIN reçu l'album de Séverin que j'attendais depuis bientôt deux mois !!! et c'est très bon ! écoute plaisante et agréable, sensation douce et sucrée, je confirme ! ^-^

25 septembre 2009

Kaspar Le chat du Grand Hôtel ~ Michael Morpurgo

Gallimard jeunesse, 2009 - 208 pages - 12,50€
traduit de l'anglais par Diane Ménard
illustré par Michael Foreman

kasparInvité en tant qu'écrivain en résidence à l'hôtel Savoy de Londres, Michael Morpurgo s'est inspiré de l'histoire d'une statuette de chat noir pour imaginer la vie d'un chat - Kaspar - symbole de chance et d'amour pour ceux qui l'approchaient. Bien évidemment, ce n'est pas n'importe quel chat, il s'agit du prince des chats, le compagnon d'une comtesse russe, également une diva très célèbre, et le jeune groom de l'hôtel Savoy, Johnny Trott, est alors fasciné par cette femme et son chat à l'air hautain et dédaigneux. Sa bonne fortune aidant, il va être très proche de la comtesse et s'attacher au chat qui va en retour l'adopter. Un drame va pourtant bouleverser cette belle idylle. Johnny, qui est également orphelin, s'était habitué  à cette promesse d'une vie qui le faisait rêver. Bref, son chemin va lui faire rencontrer une autre famille très riche, les Stanton, des américains venus en Angleterre à bord d'un immense paquebot, avec leur fille âgée de huit ans, Lizbeth (plutôt frondeuse et risque-tout, elle prend plaisir à gambader partout et à se cacher dans les moindres recoins de l'endroit où elle se trouve). C'est ainsi qu'elle va rencontrer Kaspar, puis Johnny. Et l'aventure ne s'arrête pas là, puisque les Stanton doivent rentrer à New York et s'embarquent à bord du Titanic.

Du Morpurgo, encore et toujours ! Forcément, l'histoire est belle, bien écrite, touchante, pleine d'émotion et de sensibilité, avec cette fois les illustrations de Michael Foreman pour nous plonger dans une incroyable ambiance du début du 20° siècle. Plaisir des yeux, plaisir de la lecture aussi...
J'ai cependant moins adhéré à la partie se passant à bord du Titanic, tout simplement parce que j'avais trop les images du film dans la tête, c'est idiot, je sais, par contre ma fille (encore une page blanche sur le sujet) s'est totalement laissée absorber par l'histoire, elle a été transportée par le vent de panique, le suspense et la tragédie du naufrage. Elle a tremblé, retenu son souffle, s'est souciée du sort de tous les personnages, le chat compris, elle a vraiment beaucoup apprécié.
D'où ma conclusion que ce livre doit être lu par les jeunes lecteurs, dès 9 ans par exemple, car c'est un roman en même temps qu'un livre illustré, les 200 pages ne seront jamais trop pesantes.

> lu et apprécié par Emmyne, également

24 septembre 2009

Les cheveux de la poupée ~ Eva Almassy

Medium de l'Ecole des loisirs, 2009 - 60 pages - 7,50€
illustration de couverture : Franck Juery

les_cheveux_de_la_poupeeLa veille de son dixième anniversaire, Charlotte est invitée chez son oncle pour choisir une poupée en cadeau. Et pas n'importe quelle poupée ! Son oncle est un grand collectionneur qui rêve d'ouvrir son musée de poupées. Il en possède des centaines, tous les modèles, toutes les époques, toutes chargées d'une histoire. Charlotte est impressionnée mais hésite. Trop précieuse, trop belle, trop poussiéreuse, trop interdite, trop fragile, etc. Ce n'est pas facile de choisir l'élue, quand son regard se pose sur une magnifique poupée aux cheveux plus vrais que nature. Son choix est fait, son oncle est impressionné, il n'a que peu d'informations sur cette poupée, elle vient d'Allemagne, a probablement été conçue dans les années 40 et ses cheveux sont de vrais cheveux, pas du vulgaire synthétique. La demoiselle rentre chez elle, enchantée. Sa poupée, de plus, se couche le soir en échangeant quelques mots avec la petite fille, elle souhaiterait qu'on l'appelle Charlotte, elle lui confie deux, trois trucs rigolos, la magie est réelle, la connivence certaine, paf, le début d'une histoire d'amour est signé. Et puis le lendemain, patatras, Charlotte apprend de la bouche de son amie Marianne une autre histoire qui fait froid dans le dos, une histoire sur la guerre, sur les enfants déportés, sur les camps de la mort, et Charlotte n'est plus sûre d'aimer sa poupée. Soudain, elle lui apparaît effrayante.

J'ai bien aimé cette histoire, pourtant je ne suis pas sûre qu'elle puisse plaire à tous les lecteurs visés (12 à 16 ans). C'est un livre dans lequel on retrouve plusieurs thèmes - les poupées, la guerre, les disparus, la mémoire - et en même temps j'ai le sentiment que cela fait beaucoup pour un seul livre. On part de l'idée d'une poupée, chargée en mystère et en histoire, d'ailleurs un lecteur adulte y verra déjà quelques signes pour la tournure des événements, et dans la foulée on apprend que le passé familial de Charlotte, sa mère et son oncle, est lui-même chargé d'absences et de silence. C'est alors qu'une tierce personne vient ouvrir les yeux de la fillette, simplement le personnage de Marianne ne m'est pas apparu très crédible. A dix ans, qui connaît autant sur la déportation et les choses de la guerre ? ... Bref, ce sont des détails, mais des détails qui chiffonnent car ce livre mérite d'être lu, mais je ne sais pas par qui. Ma fille est encore trop jeune, pourtant je pense que cette histoire de poupée pourrait l'intéresser, mais l'histoire impliquée me semble trop pédagogique et lourde de significations.
J'attends d'autres avis pour en discuter.

> Pascale Pineau, sur Ricochet, pense que c'est un livre qui interroge et bouscule.

24 septembre 2009

Un petit garçon idéal ~ Zeruya Shalev

Mouche de l'Ecole des Loisirs, 2009 - 45 pages - 7,00€
traduit et adapté de l'hébreu par Valérie Zenatti
illustrations d'Iris de Moüy

un_petit_garcon_idealGour est « le petit garçon à sa maman ». C'est lui le plus beau, le plus fort, le plus grand, le plus intelligent. Autant d'amour vous blinde une armure d'acier pour affronter le monde... mais l'école est une claque. Gour comprend qu'il n'est pas le plus beau, le plus fort, le plus grand, le plus intelligent. Le constat est terrible. Serait-ce sa mère qui est aveugle ? N'a-t-elle pas réalisé qu'il existait d'autres enfants mieux que lui ? Cette vérité le paralyse. Il ne faut surtout pas qu'elle s'en rende compte, ou alors elle cessera de l'aimer !

Eh oui, les enfants, je vais vous apprendre une nouvelle terrible : vous n'êtes pas la huitième merveille du monde, hélas pour vous, mais vous l'êtes et le resterez à jamais pour vos parents ! Le drame est dissipé.

C'est un délicieux petit roman qui vous l'expliquera, avec des baisers sur la joue qui laissent des traces de rouge à lèvres, tel un envol de papillons. Je vous le confirme, ce livre est craquant, Gour est un garçon adorable, et je ne connais pas d'enfant ni de maman qui n'a pas dévoré d'amour son bout d'chou en le noyant sous les plus folles déclarations.

Oui, amis parents, cette lecture aussi s'adresse à vous. Zeryua Shalev est l'auteur (très connu, selon moi) de romans talentueux, comme Vie amoureuse, au sujet plus que sulfureux. Un petit garçon idéal  est son premier roman pour les enfants (et les plus grands), il est illustré par les petites touches candides d'Iris de Moüy, visez la couverture, c'est un ange, non ? Cela donne envie d'aller plus loin, et de craquer pour cette petite galette rouge où l'amour d'une maman et les questions d'un enfant jouent ensemble à la marelle.
C'est génial !

un_petit_garcon_ideal_mouche_inter

@ iris de moüy

 

 

 

 

 

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