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Chez Clarabel
9 juin 2009

Les mots des autres ~ Clare Morrall

les_mots_des_autresA sept ans, Jessica Fontaine était une petite fille robuste, charpentée. Grosse d'après ses deux cousins, bien portante d'après sa mère distraite et peu observatrice. Ses yeux bruns où dansait une lueur fiévreuse regardaient droit devant, contrairement à son habitude de les tenir baissés.

Hors du commun, Jessica l'est certainement. D'un naturel discret et renfermé, la petite fille apprécie l'isolement du vaste manoir familial, Audlands, dont le faste a hélas fané au fil du temps. Contrairement à sa mère, Connie, et sa petite soeur Harriet, Jessica n'apprécie guère les parties de chasse au trésor ni les manifestations publiques que ses proches prennent plaisir à organiser. L'enfant se découvre toutefois une passion pour la musique et sort de son mutisme pour exiger de sa mère des leçons de piano.
Etudiante, Jessica a pour amie Mary avant de rencontrer Andrew. C'est un violoniste de grand talent, au charme certain et au tempérament éclatant. Jess tombe amoureuse et accepte de l'épouser. Elle entrevoit tout juste la dépression ronronnante du garçon, ses bouffées d'ennui, son excentricité, le calme avant la tempête. Andrew n'entretient pas de bonnes relations avec sa mère, Miranda, décrite comme une Lucrèce Borgia, mais Jessica est éblouie par sa liaison naissante et opte pour l'aveuglement au lieu de l'inquiétude.
Vingt-cinq ans plus tard, Jessica est divorcée, elle vit avec son fils Joel qui lui rappelle étrangement son père indolent. Et au moment où Andrew manifeste le désir de renouer avec le bon vieux temps en suggérant à son ex-femme de reprendre la vie à deux, Jessica revient sur sa vie écoulée.

Il s'agit du troisième roman de Clare Morrall, après Couleurs où déjà on suivait le portrait d'une femme fragile, délicate et émouvante. Cette fois, Jessica Fontaine a également pour dilemme de composer avec les autres, le regard des autres, ou les mots des autres. Depuis toute petite, on aperçoit déjà qu'elle est à part, mutique, réservée et solitaire. Même sa propre mère s'imagine qu'elle n'est pas "normale" et soupçonne un autisme non déclaré qui fait s'esclaffer son époux. Roland a tout compris de sa fille, elle est intelligente, au-delà de la "normale", et cela la rend particulièrement si différente. Mais Jessica ignore ce genre de considérations, la seule manifestation à une quelconque ouverture s'est trouvée dans la musique. Elle n'avait pas dix ans lorsqu'elle a su qu'il fallait qu'elle apprenne le piano. Cette relation sensorielle n'a peut-être pas affiché son plein épanouissement, car il lui faudra beaucoup de temps, de prise de conscience et d'événements qui agissent en électrochoc pour comprendre que Jessica est à part des autres, dans le bon sens du temps. Aucune crainte de la solitude chez elle, c'est d'ailleurs un besoin, son oxygène. Longtemps étouffée par des parasites, Jessica s'est retrouvée dans le monde embroussaillé des autres, comme elle dit. Se contentant de glisser "ses pas dans le sillage épineux de quelqu'un".

Construit comme un patchwork, le roman passe du temps présent au temps passé, de l'enfance à la vie estudiantine, la vie conjugale et la maternité frustrée. Ainsi se dresse un portrait de femme qui pourrait paraître extravagant - comme souvent dans les romans de Clare Morrall. Mais personnellement je trouve que c'est le genre de lecture qui confine dans une bulle, en 400 pages l'histoire coule tranquillement, cela se laisse lire, c'est fluide, sympathique. J'aime beaucoup. Et c'est intéressant de suivre "l'accouchement" de cette femme, qui a souffert de n'avoir jamais su communiquer avec les autres et qui vivait sa vie parmi le monde comme un confinement perpétuel. Cela peut paraître étrange, or je peux vous garantir que Clare Morrall possède une capacité admirable de vous raconter tout cela sans susciter le moindre soupçon de perplexité.

Fayard, 2009 - 404 pages - 23€
traduit de l'anglais par Françoise du Sorbier

Par contre la couverture anglaise est beaucoup plus jolie ! clare_morrall

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7 juin 2009

Vengeances romaines ~ Gilda Piersanti

vengeances_romainesEn tournant la dernière page de Jaune Caravage, qui fermait le cycle des Saisons Meurtrières, j'avais émis le souhait (muet) de retrouver un autre cycle avec les personnages récurrents créés par Gilda Piersanti. J'ai donc été très heureuse d'apprendre la parution de Vengeances romaines, et à la fin de cette lecture je sais désormais qu'il y aura d'autres livres avec Mariella De Luca et sa coéquipière Silvia.

L'intrigue policière est bien nébuleuse dans ce roman, on signale la disparition d'une veuve, mère de famille, qui n'a plus donné signe de vie après le réveillon du Nouvel An. Dans le même temps, Silvia, subjuguée par une réfugiée roumaine, enquête également sur la disparition de sa mère, une badante arrivée en Italie, pour subvenir aux besoins de sa famille restée au pays. Et également, les agissements mystérieux d'un couple de personnes âgées les rendent de plus en plus suspects d'un crime qu'on ne saurait comprendre !

Au coeur de la cité romaine, l'histoire inscrit son rythme latin envoûtant, et riche culturellement (comme souvent, on retrouve des références à l'art qui participent à résoudre les affaires criminelles). Mariella est une jeune femme amoureuse, sa liaison avec Paolo la rend plus douce et posée, ce qui ravit son supérieur. Mais Silvia est plus soupçonneuse, intriguée par la chambre fermée à clef dans l'appartement luxueux du fiancé, incapable de saisir l'attachement de sa camarade. Cette insistance laisse présager un nuage sombre, et la belle romance pourrait y prendre ombrage.

Ce qui devient une signature dans cette série, c'est la présence des sentiments et de la nostalgie dans l'enquête policière, on n'y trouve pas du tout de cavalcades échevelées, de crimes sanguinolents. Le charme opère autrement, grâce à l'ambiance, à la personnalité des personnages, à la complexité de l'intrigue (trop de disparition, trop de vengeances voilées...). C'est toujours très bon de se plonger dans les romans de Gilda Piersanti. Ce titre ne fait pas exception à la règle. L'auteur a su étoffer une romance qui aurait pu virer plan-plan et qui, finalement, ouvre la porte de l'anti-chambre des tragédies romaines. Point de commedia dell'arte dans ce théâtre. C'est sombre, tendrement mélancolique. Ai-je besoin de préciser que je suis totalement sous le charme ?!
De plus, la fin de ce roman apporte des révélations stupéfiantes. Je suis impatiente de lire la suite des événéments.

Le Passage, 2009 - 260 pages - 18€

A signaler : Les 3 premiers volets des Saisons meurtrières sont déjà disponibles en poche, chez Pocket. rouge_abattoir vert_palatino bleu_catacombes  (plus d'infos en cliquant sur les couvertures)

 

7 juin 2009

Kmille fait son blog ~ Cécile Le Floch

kmille_fait_son_blogCamille a treize ans, elle adore la tarte au citron meringuée et le koala est son animal préféré. Au cours des vacances de Pâques, l'adolescente apprend que ses parents vont divorcer. L'annonce est faite un soir, au camping, dans le sourire et les larmes. Sur le chemin du retour, c'est l'accident. Camille est gravement blessée. La moelle épinière touchée, les membres inférieurs paralysés, la jeune fille retourne à l'école, de longs mois après, en fauteuil roulant.

Camille a créé son blog qui lui sert de journal intime où, sous pseudo, elle crie son injustice, sa colère, son désespoir, ses accès de déprime, son incompréhension, sa révolte. Les chapitres se suivent, on découvre son quotidien au collège, où rien n'est matériellement adapté à sa situation. Elle décrit les regards extérieurs, les réflexions entendues, les questions des curieux, celles qui dérangent et qui agacent.

Dans son entourage, entre des parents qui ne se supportent plus et une excellente meilleure amie toujours là pour la soutenir, Camille compte également deux garçons qui ne la laissent pas indifférente - Florian, un garçon de seize ans aux beaux yeux verts, qui vient régulièrement donner un coup de main au CDI, et Kevin, son ancien camarade de classe, qui l'appelle sa petite souris, et qui est resté gentil et attentif avec elle. Mais Camille est encore fragile, son handicap a modifié son caractère. Devenue plus agressive et colérique, Camille en veut à la terre entière, alors qu'elle cherche simplement à se protéger derrière sa coquille.

Voilà pour ce roman, dont la jolie couverture avait attiré mon regard (*). J'ai été séduite par cette histoire, par la mélancolie de Camille, par ses raisonnements sincères et justes. Jamais elle ne nous apparaît puérile ou excessive, ses billets d'humeur publiés sur son blog nous la rendent émouvante et drôle, réfléchie et incomprise. L'approche est bien balancée, je me suis surprise à lire d'une traite ce roman simple, et qui ne tombe jamais dans le pathos. Peut-être les solutions de la fin sentent un peu trop le happy end, mais peut-on reprocher à un roman de vouloir être positif ? Non, je ne pense pas. Ou alors, ce serait dommage.

Rageot romans, 2009 - 180 pages - 6,30€
à partir de 11 ans

illustration : Yann Hamonic

(*) J'avais trouvé la 4ème de couverture trop vague :

M : Super bien, ton blog !
Kmille : J'y croyais plus et voilà ! Vous m'avez écrit ! Vous êtes trois maintenant, c'est génial ! Bon, vous ne vous foulez pas question commentaires, mais comparé au mutisme des visiteurs précédents, vous êtes en progrès !
Je constate que vous avez choisi l'anonymat avec des pseudos énigmatiques à souhait. Pas de problème, ça me va.

6 juin 2009

Toujours Zoé Tout Court ~ C.M. Harper

Il existe un deuxième volume à Zoé tout court, ce n'est pas une suite, l'un et l'autre peuvent se lire indépendamment, mais c'est tout de même agréable d'avoir fait la connaissance de Zoé grâce au premier livre !

toujours_zoe_tout_court

C'est donc l'histoire d'une fillette, Zoé, qui doit partager le même prénom avec trois autres Zoé dans sa classe. La maîtresse a désigné notre Zoé pour un Tout Court en queue de poisson, ce qui déplaît fortement à la demoiselle. L'arrivée d'un maître stagiaire lui donne un éclair d'espoir, mais les habitudes sont ancrées et impossible de s'émanciper de ce surnom ridicule.

Dans son quartier, une famille vient d'emménager dans la maison voisine de sa meilleure amie Mimi. Toutes deux font connaissance avec un garçon pas banal, puisqu'il marche sur les mains. Il s'appelle Max et devient grand copain avec Sammy, le type qui agace Zoé parce qu'il met ses doigts dans le nez. Et Mimi semble également beaucoup apprécier leur compagnie. Bref, Zoé part quelques jours à Chicago visiter sa grand-mère et découvre à son retour une coalition suspecte entre Mimi, Max et Sammy. La pauvre Zoé se sent soudainement mise à l'écart. Et l'incroyable se passe, car notre héroïne va se lier d'amitié avec les autres Zoé de sa classe, notamment la Sale Peste qui n'est plus si peste, et former le Gang des Zoé grâce à un projet d'école.

Cette lecture s'apprécie pour son humour, pour ses personnages attachants, pour son esthétique car c'est un roman illustré qui est à mi-chemin entre le journal intime et le carnet de notes. (Je trouve d'ailleurs que cela devient de plus en plus à la mode !) CM Harper a l'habitude de s'adresser aux enfants et c'est sans surprise qu'elle se sert des valeurs comme l'amitié et l'entraide, associées au super pouvoir de notre Zoé qu'est l'empathie, pour raconter une histoire pas forcément extraordinaire, mais servie par une touche pétillante. Les jeunes lecteurs (dès 7-8 ans) sont sensibles à ce style de narration et à ce registre d'histoire où il n'y a aucune once de méchanceté, juste des pans de vie qui peuvent les concerner. C'est simple, c'est sympathique.

D'autres livres sont à paraître (un extrait est donné en fin de livre, avec l'annonce d'une sortie en 2010). On peut déjà trouver aux USA des titres comme Just Grace walks the dog ou Just Grace goes green (pour info, Zoé s'appelle Grace en version originale).

Nathan, 2009 - 185 pages - 8€
traduit de l'anglais (USA) par Anne Delcourt

5 juin 2009

Les enquêtes d'Enola Holmes : La double disparition ~ Nancy Springer

En attendant de lire le nouveau volume (Le secret de l'éventail), je suis heureuse de découvrir la sortie en poche du tout premier livre... 

enola_holmes_poche

Avec ce 1er livre qui annonce une série passionnante, l'auteur Nancy Springer a eu l'audace d'imaginer une soeur cachée aux frères Holmes, Mycroft et Sherlock. Enola a 14 ans, c'est l'enfant du scandale et de la honte, car née tardivement (sa mère avait cinquante ans) et dans la bonne société anglaise c'était simplement inadmissible ! Est-ce pour cette raison qu'Enola a grandi loin de ses frères, seule dans sa grande maison, auprès d'une mère absente et perdue dans sa peinture, et du couple Lane, unique serviteur de la famille ?
Or, en cette journée d'anniversaire, Enola va découvrir avec dépit que sa mère est partie. Elle a sciemment disparu ! Elle informe ses aînés qui accourent sur le champ, par le premier train arrivant de Londres. Mais face à l'excitation de la jeune fille, l'imperméabilité des Holmes fait effet de douche froide ! Enola comprendra vite qu'elle ne peut compter que sur elle-même, chose qu'elle va d'ailleurs mettre à profit en mijotant un petit plan de fuite, à la barbe du grand détective !
Et l'aventure continue, dans un Londres bruyant, malodorant, livré à la racaille, et une étrange affaire de disparition d'un jeune vicomte de 12 ans... Enola sent l'inspiration la guider, mais ne voit pas venir le danger.
Franche baignade dans l'ambiance Holmesienne par excellence, dans un Londres plus victorien qu'en vrai ! Les enquêtes d'Enola Holmes promettent de vives émotions, où rien n'est brodé dans la dentelle. Cette série offre une vision très pertinente de la condition des femmes au 19ème siècle, et grâce à son intelligence et sa bravoure, Enola promet de tenir la dragée haute à l'éminent Sherlock Holmes !
La figure de ce dernier est esquissée en semi-ombre, mais la personnalité est fort respectée (personnage taciturne, malade de dépression, dépréciant la gente féminine...). Et la peinture de Londres, du siècle victorien est brillamment étudiée ! De même le style littéraire est élaboré, très élégant et pour cela cette lecture s'adresse plus à des "bons" lecteurs.
Dès 14 ans, à mon avis.

Nathan poche, 2009 - 288 pages - 6,50€
traduit de l'anglais par Rose-Marie Vassallo

Feuilleter les premières pages

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5 juin 2009

Je ne sais pas dessiner ~ Colas Gutman

Les dessins de Léonard ont pour effet de faire pleurer sa grand-mère.... de désespoir ?
Léonard aimerait beaucoup épater la galerie grâce à ses croquis, et surtout la belle Eva qui n'a d'yeux que pour Dimitri, notamment parce que le garçon dessine très bien. A chaque récréation, il accapare l'attention de toute l'école, et en particulier celle d'Eva, grâce à ses dessins très expressifs. Au fond de lui, Léonard est jaloux et cela réveille son sens de la compétition. Grâce aux conseils de sa grand-mère, Léonard sait qu'il doit persévérer et y mettre du coeur. Mais comment ça se dessine un coeur ? se demande le garçon. Sa grand-mère lui suggère de penser à ce qu'il aime le plus... euh le fromage mou, le jeu vidéo, le karaté, la bd ? Avouer qu'il aime d'amour la jolie Eva est inenvisageable, c'est chasse gardée, alors il se tait. Ses dessins sont toujours bâclés mais l'espoir renaît, car la belle se lasse des dessins de Dimitri, de ses robots... pas rigolos. Lui, Léonard, sait donner le sourire à sa dulcinée ! Voilà peut-être la solution à son problème...

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Voici un petit roman qui ne s'embarrasse pas avec les détails et le fignolage, l'auteur en personne a glissé ses propres croquis, très proches du griffonnage, et ça colle parfaitement dans le texte, où l'on suit le souci d'un garçon qui ne sait pas dessiner même s'il voudrait bien améliorer ses gribouillages. Résultat, il y a peu de texte, beaucoup d'illustrations et l'ensemble est vraiment sympa. C'est loin d'être ce genre de livres où on remplace un mot par un dessin, ça ressemble plutôt à un journal illustré et, ma foi, c'est rondement plaisant à feuilleter.

Ce livre conviendrait plus facilement à des jeunes lecteurs, ou aux plus récalcitrants... (qui n'aiment pas lire, ou ne veulent pas que la lecture traîne). Ma fille l'a lu, a bien aimé et rigolé comme une baleine, avant d'avouer qu'elle était un peu grande pour cette fine galette (même si elle n'a pas boudé son plaisir !).
Une petite préciosité, à ranger dans les inclassables qui donnent le sourire.
Tout simplement.

Mouche de l'école des loisirs, 2009 - 30 pages - 7,50€

Aurélie a également aimé

4 juin 2009

Oust ! ou L'insupportable monsieur Stan ~ Claudine Aubrun

illustré par Delphine Perret

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Il y a d'abord cette présentation en quatrième de couverture :

Comment fait Antoine, fils unique de la famille Dumourtier, pour vivre avec cet horripilant monsieur Stan, le chien de la maison, plus collant que le plus collant des chewing-gums de la collection de tante Olga ? L'insupportable animal est toujours planté là pour le critiquer, trouver tout nul et, surtout, faire son intéressant. Comme dit mamy Martine, qui adore les gâteaux : " C'est pas de la tarte ! "

(je trouve cette présentation irrésistiblement drôle !)

Puis la couverture, le format souple, la figure des protagonistes, le trait de Delphine Perret et l'humour de Claudine Aubrun... bref vous obtenez un livre très sympathique, à considérer comme un roman graphique, débordant d'humour, mettant en scène un tandem qui n'est pas sans rappeller le couple Rita et Machin.

A ma gauche, nous avons Stan... ou plutôt monsieur Stan, le grand seigneur de la maison, qui se distingue par son flegme, son culot et son insolence. A ma droite, on trouve Antoine, le pauvre garçon qui en a soupé de cette cohabitation avec un chien qui outrepasse son rôle et sa place. A dire vrai, ce n'est plus un chien ! C'est un individu à part entière, il parle, ou disons il commente tout sans vergogne, il fait le malin et les quatre cent coups, toujours en douce, ce qui exaspère Antoine.

Là où on sent une vraie distance avec Rita et Machin, c'est que Antoine et Stan ne sont pas du tout amis. Il n'y a guère de connivence entre eux, l'un existe simplement pour respirer l'air de l'autre, qui étouffe et supplie sa grand-mère de recueillir le chien à la campagne, en espérant ainsi redevenir le petit chouchou de la famille, seule préoccupation, seul centre d'intérêt de ses parents ! 

Voici un aperçu de cette lecture :

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A lire, c'est vraiment très drôle ! En neuf épisodes (ou tranches de vie), on suit les aventures d'Antoine et du chien Stan chez tante Olga, qui souhaite devenir écrivain pour les enfants, ou avec l'oncle Albert, qui veut remporter le concours du meilleur cri de cochon, chez papy Ramon et mamy Martine, un couple qui s'adore et a choisi de vivre l'un en face de l'autre, Antoine se sent enfin le roi de la famille tandis que Stan fait du boudin.

C'est délicieusement ironique, particulièrement cocasse et à contre-courant des amitiés lisses et entendues (mais ce n'est pas bien méchant). Une curiosité à découvrir pour se faire plaisir.

A réserver aux amateurs d'humour caustique. Petits et grands.

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Syros, 2009 - 95 pages - 12,90€

 

le site de l'auteur http://claudine-aubrun.fr/

NB : Photos personnelles - illustrations à ne pas reproduire. Merci. 

 

3 juin 2009

Le chagrin du roi mort ~ Jean-Claude Mourlevat

Il n'y a pas de romans pour la jeunesse, juste de la littérature pour tous.

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Le roman de Jean-Claude Mourlevat est une belle claque, une leçon de maître. On y pénètre comme dans un conte, c'est l'histoire de deux frères élevés comme des jumeaux, l'un d'eux va être enlevé. Nous sommes à Petite Terre, une île où on y trouve que des livres et de la neige. Pas besoin de chercher sur une carte, ni de situer dans le temps, c'est une histoire qui pourrait se passer ici ou ailleurs, une histoire qui n'a pas d'âge. Elle te touche, là, maintenant, et c'est le principal.

Je conseille à tous ceux qui auront l'occasion de lire ce roman de ne pas aller à la pêche aux informations, de faire confiance à l'auteur exceptionnel qu'est Jean-Claude Mourlevat (rappellez-vous, Le combat d'hiver, c'était lui aussi !!!) et de pénétrer dans ce livre en acceptant de suivre le guide.

Les 200 premières pages se lisent d'une traite, elles vous transportent à Petite Terre où le roi vient de mourir. Suivra alors une folle chevauchée où il sera question de séparation, de fraternité, d'amitié et de conquête. Les personnages sont attachants et semblent tout droit sortis de royaumes imaginaires et enchanteurs - un nain maniaque qui part à l'aventure avec son violon à l'épaule, une vieille sorcière qui mange les têtes de rat ou une femme aux yeux de louve qui vit pour l'amour exclusif d'un homme.

Je pense d'ailleurs que toute la première partie est la plus belle, la plus envoûtante. La deuxième aussi est captivante, elle reprend les thèmes chers à l'auteur, que sont la guerre, la dramaturgie, l'absolutisme, le sacrifice, la rédemption. Je vous défie de sortir de ce roman en ne ressentant pas ce petit serrement au creux du ventre, cette frustration de ne plus en être et de quitter cette terre peuplée de personnalités inoubliables.

C'est un grand, un vrai roman. Une merveille.

Gallimard jeunesse, 2009 - 405 pages - 16€

*****

Extrait

Mme Holm avait une habitude bien innocente : certains soirs, elle se laissait enfermer dans la bibliothèque royale de Petite Terre. Comme elle était l'âme de ce lieu, en tout cas l'employée la plus ancienne et la plus irréprochable, on lui avait accordé ce privilège. Peu de personnes le savaient.
Le gardien en chef, qui était le dernier à s'en aller, fermait une à une toutes les portes d'accès et laissait derrière lui la petite dame toute seule dans l'immense bâtiment.
Elle pouvait alors circuler à sa guise et profiter des livres qu'elle aimait. Elle se rendait dans une salle qu'on appelait « l'infirmerie » et dont elle possédait la clé. Il s'agissait d'un local dans lequel on entreposait les livres en attente d'être restaurés. Sa préférence allait aux enluminures. Elle pouvait rester penchée longtemps sur une seule page, à admirer les couleurs éclatantes et la minutie des dessins. Ou bien elle s'asseyait et lisait une saga, dans le silence absolu, sauf le bruissement des pages, et il lui semblait que l'auteur s'adressait à elle, en confidence, par-delà les siècles.
Y avait-il quelque part dans le monde un endroit où se trouvaient rassemblés plus de précieux volumes qu'ici ? Elle en doutait. Être seule au milieu de ces trésors l'emplissait de bonheur et de fierté.

MM15

3 juin 2009

Blues Bayou ~ Benjamin Lacombe

illustré par Daniela Cytryn

Amy et James ont coutume de sécher la messe dominicale pour pouvoir se retrouver et s'échapper à bord d'une barque dans le bayou. Cela donne lieu à l'exploration d'un univers délicieusement dangereux mais fascinant.

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Amy et James sont deux enfants dont seule la couleur de peau sépare. Nous sommes dans l'Amérique profonde des années 30, la peur de l'autre est partout. Les enfants eux-mêmes évoquent la maison de l'ogre dont les pilotis peints en rouge rappellent le sang des victimes qu'il dévore.

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Ce jour-là, leur escapade manque de virer au drame et les deux enfants doivent la vie sauve à un vieil  homme barbu qui va leur ouvrir les portes de la tanière de l'ogre. Ce n'est bien évidemment pas un piège, Amy et James seront d'ailleurs ravis par ce qu'ils vont découvrir !

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C'est un monde enchanté et enchanteur, qui swingue et qui danse, qui chante et qui groove, dans lequel on se berce aux doux sons des mots qu'on se mumure à soi-même ... bayou, mangrove, palétuvier, jaguarondi, jazz et blues. C'est aussi une histoire d'amitié et de découverte de l'autre, de confiance et de tolérance, avec pour idée globale que la musique adoucit les moeurs, qu'elle doit (ou devrait) réconcilier tout le monde. C'est vraiment très beau.

Pour vous en convaincre, Daniela Cytryn vous propose sa playlist colorée, qui donne envie de bouger du popotin !

 

 

d'autres avis : Estelle C. ; Gaelle ; Emmyne

et présentation par Benjamin Lacombe, l'auteur de cette histoire : http://benjaminlacombe.hautetfort.com/archive/2009/03/06/blues-bayou-news.html

Milan jeunesse, 2009 - 40 pages - 13,50€

blues_bayou

Les illustrations présentées sont des photographies personnelles, merci de ne pas reproduire. De même je m'excuse auprès des auteurs d'avoir pris cette liberté, n'hésitez pas à me contacter si cela vous dérange.

Et mon illustration fétiche...

IMGP6475

**********

Daniela Cytryn a également illustré hina_et_le_prince (un conte de Tahiti)

2 juin 2009

Les Sang d'Argent ~ Melissa de la Cruz

après les Vampires de Manhattan, et les Sang-Bleu ...

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Cette série est un plaisir coupable, dont voici le troisième tome (très attendu) dans lequel longtemps j'ai ressenti un semblant de statu-quo avant la traditionnelle avalanche de révélations dans les toutes dernières pages du livre. C'est en effet assez long, il ne se passe pas grand-chose, du moins rien de neuf, à part le retour de Dylan, et encore c'est succinct, plus la liaison entre Theodora et Jack, mais pas de quoi renverser les foules. Et pour ma part, je préfère de très loin le personnage d'Oliver... Mimi Force se révèle toujours aussi garce et agaçante, elle a déjà digéré son procès en Italie et concentre ses efforts pour célébrer officiellement la cérémonie du lien avec son âme soeur. Bliss devient un personnage intéressant, sa récente découverte d'une photographie de sa véritable mère pourrait bien chambouler le damier des vieilles dynasties établies. Sur ce plan, hélas, la révélation se fera encore attendre... Dans les toutes dernières pages, l'action prend un brusque tournant. Le conclave au complet s'est déplacé de Manhattan pour Rio, ce qui déplaît fortement au grand-père de Theodora, récemment élu nouveau Rex (au détriment de Charles Force), car il pressent un drame imminent. Inutile de cacher que c'est tout à fait justifié ! 
Ce qui ne cesse de me surprendre dans cette série, c'est que rien ne semble déjà décidé à l'avance, que toute l'intrigue peut être retournée à chaque instant et qu'il serait bien présomptueux d'affirmer quelle sera l'issue (du combat ou des choix amoureux), surtout après la fin de ce tome 3. Et je ne m'en lasse pas, je suis d'ailleurs impatiente de lire le prochain tome (à paraître à l'automne pour les USA), mais en même temps je découvre que l'auteur n'a pas encore fixé le nombre de tomes pour sa série !!! Trop de plaisir à l'écrire, trop d'idées pour la grossir... ça promet.

Albin Michel, coll. Wiz, 2009 - 295 pages - 13,50€
traduit de l'anglais (USA) par Valérie Le Plouhinec

etreinte_schiele

parce que cette Etreinte d'Egon Schiele se glisse dans l'histoire.... bah oui !

(et pourtant je trouve que le série manque cruellement de sensualité !!!!)

MESSAGE PERSO :::  bon anniversaire à toi, ma frangine... et tu vois, ce livre t'attend ! vi, toi !  :-D

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