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Chez Clarabel
4 janvier 2011

Teaser Tuesday #1

Teaser_Tuesday

Teaser Tuesday is a a weekly bookish meme, hosted by MizB of Should Be Reading.

-Grab your current read
-Open to a random page
-Share two “teaser” sentences from somewhere on that page 
-BE CAREFUL NOT TO INCLUDE SPOILERS! (make sure that what you share doesn’t give too much away! You don’t want to ruin the book for others!)

"Thank you for a delightful visit," she said, smiling in a way she hoped looked predatory. "It has been most" - she paused, deliberating, choosing her words carefully - "educational."  Soulless, Gail Carriger

La première crise a eu lieu un jour où j'avais oublié de fermer ma porte à clef. Sauf que je n'avais absolument pas oublié de la fermer à clef - et que le mot crise est trop fort, ce n'était qu'un bref moment d'anxiété, une fraction de seconde où j'ai eu le souffle coupé. 
Des filles de la côte Est, Courtney Eldridge

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19 mars 2010

I'm Into Something Good

Cela commence par la voie des anges :

Quarante hommes en blanc étaient couchés sur le pavé.
On croyait voir un champ de neige. Les hirondelles frôlaient les corps en sifflant. Ils étaient des milliers à regarder ce spectacle. Notre-Dame de Paris étendait son ombre sur la foule assemblée.
Soudain, tout autour, la ville parut se recueillir.
Vango avait le front contre la pierre. Il écoutait sa propre respiration. Il pensait à la vie qui l'avait conduit ici. Pour une fois, il n'avait pas peur.
Il pensait à la mer, au vent salé, à quelques voix, quelques visages, aux larmes chaudes de celle qui l'avait élevé.
La pluie tombait maintenant sur le parvis mais Vango n'en savait rien. Allongé par terre au milieu de ses compagnons, il ne regardait pas fleurir l'un après l'autre les parapluies.

Un zest de paranoïa ...

Le dernier petit miracle, c'était elle. La diversion idéale. Elle s'était retrouvée enfumée comme un hareng dans son grand appartement du premier étage.
Weber avait les yeux remplis d'étoiles. Il connaissait toutes ses chansons.
Il faut savoir que Raimundo Weber était un moine capucin de Perpignan qu'on avait laissé prendre sa retraite à la capitale et qui jouait du fox-trot la nuit sur l'orgue de la chapelle. Il mesurait à peine un mètre cinquante-cinq mais avait des mains de deux octaves chacune.
Il se cambra, détacha sa robe de chambre et la fit tourner autour de lui comme un torero. Il portait un pyjama à carreaux. Il fit un pas vers la chanteuse, puis un autre, puis encore un autre, comme s'il l'invitait pour un tango de rue. Il finit par s'incliner, ce qui, vu sa taille, le mettait au ras du pavé. Puis, d'une nouvelle passe de corrida avec sa robe de chambre, il recouvrit les épaules nues de la belle.
- Permettez-moi, mademoiselle. Avec toute mon admiration.
Nina Bienvenue souriait.

Tandis que, de l'autre côté du brouillard ...

Mademoiselle était une magicienne de la cuisine.
Sur son petit fourneau de pierre, au bord de cette île perdue en Méditerranée, elle faisait chaque jour des merveilles qui auraient fait pleurer les gastronomes des plus grandes capitales. Au fond de ses poêles profondes, les légumes faisaient une danse ensorcelante dans des sauces dont l'odeur montait à la tête et à l'âme. Une simple tartine de thym devenait un tapis volant. Les gratins vous tiraient des larmes alors que vous n'aviez pas encore passé le pas de la porte. Et les soufflés... Mon Dieu. Les soufflés seraient allés se coller au plafond tant ils étaient légers, volatils, immatériels. Mais Vango se jetait dessus avant qu'ils s'évaporent.
Mademoiselle préparait des soupes et des feuilletés impossibles. Elle faisait lever à la main des mousses aux parfums interdits. Elle servait le poisson dans des jus noirs au goût d'herbes inconnues qu'elle trouvait entre les pierres.

Ah ! Zefiro...

La conversation qui suivit entre ces deux hommes d'église dut faire atrocement rougir leurs anges gardiens.
- J'ai trouvé votre reine, dit le frère cuisinier.
- Ma reine...
Zefiro poussa soigneusement la porte.
- Vraiment ? Vous avez ma reine ?
- Je crois que je l'ai trouvée, padre.
Zefiro posa la main contre le mur. Il semblait perdre l'équilibre.
- Vous croyez ? est-ce que vous croyez seulement ?
Le cuisinier balbutia en triturant ses lunettes déjà bien abîmées :
- Je crois...
- Il ne suffit pas de croire ! dit Zefiro.
Dans la bouche d'un homme qui avait choisi le métier de croire, cette phrase était un dérapage. Zefiro s'en rendit compte. Il tenta de se calmer avant que, dans son dos, son ange gardien n'implose.
- Vous comprenez, frère Marco..., continua-t-il.
Ils parlaient presque à voix basse.
- Je cherche ma reine depuis si longtemps...
- Je comprends, padre. C'est pourquoi je vous en parle. Je crois... Je pense qu'elle peut être parmi nous dans quelques jours si vous le voulez.
Cette fois, Zefiro devint tout pâle. Il souriait.
- Dans quelques jours... Ma reine, mon Dieu ! Ma reine !
- Il y a une condition.
- Ah ?
- Vous devez laisser partir le petit.
Zefiro regarda fixement le père Marco et sa tête de singe malicieux.
- Le petit ?
- Oui, le petit Vango. Dès aujourd'hui.
Zefiro fit semblant de consentir un gros effort. En réalité, il était prêt à tout.
- C'est du chantage ?
- A peu près.
- D'accord. Qu'il parte.
- Et puis... Vous le laisserez revenir.
La padre Zefiro avait sursauté.
- Quoi ? Vous êtes fou ?
- Pas de Vango, pas de reine.
- Vous êtes fou, fratello ?
- Je ne suis pas fou. C'est Vango qui sait où elle se trouve. C'est lui qui la ramènera.
A ce point de la conversation entre les deux moines, il n'y aurait eu qu'un seul moyen de relever leurs anges gardiens, scandalisés, évanouis sur le sol, l'auréole en bataille.
Il n'y aurait eu qu'à leur donner ces quelques explications.

extraits de Vango, le nouveau roman de Timothée de Fombelle.

vango

et c'est un vrai régal !

 

11 janvier 2010

(en aparté)

le clin d'oeil de la  page 147 :

Ses prunelles sombres et luisantes paraissaient presques noires ; elles étaient voilées, teintées comme les vitres du corbillard que conduisait Lena ; elles ne trahissaient rien, ne reflétaient rien ; elles se détachaient sur un visage blanc comme neige, marmoréen, d'une pâleur qui n'avait rien d'étonnant chez le reclus de la ville.

ban_16_lunes

22 mars 2009

Pour donner envie ?

« Quand on arrive, on dit ouf. On dit enfin. On se sent rescapé de la route. Survivant. Des dizaines de morts en un week-end, et des blessés, des estropiés de la vie... pas nous, pas moi.
Pas cette fois ; c'est toujours ça. Pourtant... l'autoroute, les accidents, les fous du volant... ce n'était pas l'occasion de se tuer qui manquait. On l'a échappé belle, en un sens. Et dire qu'il faudra repartir, refaire le chemin dans l'autre sens. Braver tous les dangers, l'autoroute, les accidents, les fous du volants ; survivre peut-être ; peut-être pas.
Alors autant en profiter, maintenant qu'il est temps. On se dit ça tous les ans : c'est les vacances, profitons-en.
D'abord appeler maman. Elle se fait du souci, vous savoir sur la route, mes enfants, je ne vis plus ; s'il vous arrivait quelque chose, ce serait terrible pour moi. Pour moi aussi, maman. Si je mourais, ce serait terrible. Irréversible, pour ainsi dire. Je ne m'en remettrais pas, moi non plus... On le pense dans sa tête, mais on ne le dit jamais à maman. On lui dit : Ne t'inquiète pas, je te passerai un coup de fil en arrivant.
Donc on le fait. Maman est rassurée qu'on soit vivant ; ça se comprend.
On pose les bagages. On prend possession de la location. On regarde partout. On apprivoise l'endroit. Ce sera chez moi pour un mois. Drôle d'idée.
D'un coup ça nous tombe dessus. On se rappelle pourquoi on a choisi d'aller si loin. La chaleur. Avoir chaud, on est là pour ça. L'hiver est si long par chez nous, si gris. On veut du chaud et du soleil. De la lumière. Et ne rien faire.
(...)
Voilà, on s'habitue. La chaleur, le soleil, la mer. Ne rien faire. Pour changer, parfois on va à la piscine ; mais ça ne change pas. On se baigne, on bronze ; on bronze, on se baigne ; ou inversement.
(...)
A force de chaleur, allongé, les yeux fermés, on oublie d'oublier. Alors on prend de grandes résolutions ; des résolutions pour la rentrée. Si on rentre.
Arrêter de fumer, arrêter de boire, arrêter de se coucher tard, arrêter de manger des cochonneries... on a toujours des choses à arrêter. Arrêter de penser à ce qu'il faut arrêter ; on y repensera au nouvel an. Si on est encore vivant.
En attendant, en profiter.
(...)
»

- les vacances

Extrait de Maison Buissonière d'Isabelle Minière (éditions delphine montalant)

Merci Laure pour le prêt !  (lisez son avis!)

8 février 2009

il y a toutes en nous une Mirta Bertotti...

« Hier soir, ils ont encore passé Sur la route de Madison. Chaque fois que je tombe dessus en zappant, je me dis : « Mirta, ne regarde pas ce film, change de chaîne, Mirta. » Je ne sais pas ce qui m'arrive, avec cette histoire, c'est comme si elle m'hypnotisait et qu'elle m'empêchait d'appuyer sur les boutons. Et après l'avoir vue, j'ai de ces bouffées de chaleur dans le bas-ventre ! Envie de réveiller Zacarias...
En plus, il y a Meryl Streep qui joue dans ce film, c'est mon sosie quand j'étais plus jeune, alors je m'identifie encore plus au personnage, une femme au foyer de Madison (un patelin comme Mercedes) mariée depuis des années à un Zacarias quelconque, ils ont un Caio et une Sofi comme n'importe qui. Jusqu'au jour où... patatras ! arrive dans le village un photographe de Buenos Aires pour photographier le pont du parc municipal.
Pour ne rien arranger, Zacarias est parti pêcher à San Andres de Giles et il a emmené les enfants. Meryl Streep est donc seule à la maison, à balayer derrière les meubles, à écouter la radio, à préparer des flans pour quand la famille reviendra et des choses de ce genre... Mais Dieu a voulu que la Studebaker du photographe (joué par Clint Eastwood, un tombeur irrésistible) tombe en panne devant la porte de cette dame.
Et c'est là que je commence à avoir des bouffées de chaleur. Parce qu'il est clair que Meryl a envie qu'on lui débouche la tuyauterie, parce qu'il est clair aussi que Zacarias est un bon paysan de Madison, mais c'est un catholique très pratiquant qui n'utilise le lit que comme lieu de prière. Tandis que Clint Eastwood, lui, est un homme du monde, de ceux qui portent tout naturellement un chapeau, qui s'habillent en beige, qui racontent des histoires de safaris...
A un moment, ils sont presque devenus amis, Clint vient dîner et lui apporte un petit cadeau (jamais Zacarias n'a eu un geste aussi délicat envers Meryl Streep!)... Clint ne claque pas les portes en entrant, lui, alors elle fait une moue, l'air de dire « Quel homme charmant, je le boufferais tout cru ».
On atteint le paroxysme quand elle lui dit « Attends-moi une seconde », qu'elle va dans la salle de bains et qu'elle se débarbouille à l'eau froide pour faire baisser la température... Ensuite il l'aide à faire la cuisine, ils se frôlent du coude, ils pressent des citrons sur la table de la cuisine... Ah, Seigneur ! Dans ce passage-là, je retiens mon souffle : je serre les cuisses très fort parce que quand ils coupent les citrons je mouille mes collants.
Et alors là, plaf ! Le photographe lui dit tout à coup : « Allez, Meryl, tu ne crois pas qu'on est un peu âgés pour ces conneries ? » Et elle lui répond : « T'as raison, Clint. » Elle se donne à lui, la garce, et ils se mettent à copuler comme si la fin du monde approchait, à même le carrelage. Quel soulagement quand ils se mélangent les poils ! Et alors tout me tombe dessus en même temps : chaleurs, culpabilité, tout à la fois.
Le film finit très mal pour tout le monde, sauf pour Zacarias, qui revient avec plein de poissons et ne se doute de rien. Il y a une scène où on voit Clint sous la pluie, pleurant d'amour parce qu'il voit Meryl Streep et Zacarias avec les enfants à la sortie du supermarché. Il sait qu'il doit rentrer à Buenos Aires parce qu'il n'y a plus rien à faire. ça se termine là. Et c'est là que, au bord des larmes, les sens en feu, je donne des coups de coude à Zacarias pour le réveiller et je lui dis tout bas :
- Chéri, tu trouves pas que je ressemble à Meryl Streep ? (...) »

extrait de : Un peu de respect, j'suis ta mère (roman de Hernàn Casciari)

La suite, demain (lundi!) ...

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12 octobre 2008

Echappée belle

Un nouvel album de Dido - Safe trip home - à sortir le 3 novembre. Chouette !

« L'envie de lire est brute, c'est une voracité. Quand elle tient dans ses mains un livre et ses promesses, elle voudrait s'y vautrer, le mordre, s'en gaver. Mais a si peu de temps et si peur de finir qu'elle se retient et lit par petites bouchées, petites cuillerées, comme une voleuse d'histoires, une braconnière de mots, entre deux tâches brutes ou le soir tard avec l'écrasement de la nuit. Quand elle ne lit pas, presque tout son temps, elle rumine et digère ce qu'elle vient d'ingurgiter et salive d'anticipation. Dans sa tête elle malaxe et touille les mots, les phrases, les bouts d'histoires. Cela fait une sauce riche et onctueuse qui enrobe ses heures décharnées, nourrit sa vie trop creuse et la maintient vivante, alerte, en appétit. Chaque livre lui fait de l'usage : elle profite. »

Quand elle sera reine, Rachel Hausfater (Ed. Thierry Magnier, 2008)

11 mars 2008

#extrait

« Les premiers jours en Irlande, je n'ai fait que me nourrir des prairies aspirées par la mer. Je n'ai fait qu'enjamber les murets des champs liliputiens où fleurissent des pierres. Je n'ai fait qu'écouter la plainte des violons et des accordéons constellés d'éclats de bière brune. Je n'ai fait qu'observer les visages, les trognes tordues et ouvertes sur des dents décalées et jaunies. L'Irlande avait en elle une tristesse qui me bouleversait, une chaleur qui me consumait, une nature qui m'anéantissait. Je l'ai trouvée fière et humble. Triste et bravache. Claironnante de ses herbes grasses, déversant ses seaux d'eau sur la tête de ceux qui la vénéraient autant que sur les épaules de ceux qui manquaient d'amour pour elle. Je l'ai trouvée honnête. L'Irlande respirait fort de ses poumons gavés de gens aux vies pleines de trous. Et tous ces hommes, toutes ces femmes, tous ces vieux et tous ces jeunes qui comblaient leurs trous de chansons, de pleurs, de rires et d'alcools, qui riaient en chantant, qui chantaient en pleurant, qui buvaient en riant et vomissaient en pleurant. »

Echappée belle de Ker Violette, roman de Karine Fougeray (éd. delphine montalant)

7 avril 2007

Histoires au moment du coucher

L'histoire pour s'endormir présente tout le rituel réconfortant du plus simple des poèmes. Si mouvementée qu'ait été la journée, si remplie de bruit, de soucis ou d'excitation, là les enfants sont en pyjama, bien bordés dans leur lit, et nous nous trouvons dans cette chambre douillette à la lumière de la lampe, le livre ouvert sur mes genoux.

adelaideclaxtonCa a quelque chose d'un peu magique, la façon dont cette douce sensation d'ordre semble émerger du chaos. Un peu magique aussi, car, à me voir assise dans cette chambre à lire des histoires familières, on pourrait presque croire que je n'ai jamais quitté ma propre chambre d'enfant, que je m'y trouve toujours. Tout en lisant, je contemple les visages attentifs de mes filles comme ma mère contemplait mon visage, et les sentiments suscités sont les mêmes aujourd'hui qu'à l'époque : bien-être, sécurité, plaisir. (...) L'histoire au moment du coucher est inaltérable. C'est la dernière chose que nous faisons pour nos enfants à la fin de chaque journée : nous leur lisons une histoire.

Alors je me replonge aujourd'hui, avec mes filles, dans ce monde de livres que j'avais découvert enfant avec ma mère, je me rends compte que ces histoires d'autrefois résistent parfaitement à l'épreuve du temps. En effet, tout comme mon esprit était subjugué par elles à l'époque, je demeure aujourd'hui totalement fascinée par la puissance de ces récits, la manière dont ils sont inextricablement liés à ma conception de moi-même. (...)

La lecture aux enfants constitue une expérience de lecture partagée incomparable. Les livres que j'aimais enfant - ou du moins l'atmosphère qu'ils dégageaient -, je m'en rends compte maintenant, dataient d'une époque particulière : ils découlaient de la conception qu'avait ma propre mère de ce qui rendait un livre exceptionnel. Ils étaient "démodés" dans la mesure où ils reflétaient un univers singulier typiquement britannique. J.M. Barrie, C.S. Lewis, E.E Nesbit, Frances Hodgson Burnett... Ces auteurs avaient si bien peuplé la sensibilité de ma mère quand elle était petite qu'ils avaient fini par gouverner la mienne. Même les auteurs que j'avais découverts toute seule, qui situaient leurs intrigues dans un temps plus récent, même eux faisaient appel à ce fameux univers édouardien pour circonscrire leurs histoires, pour leur donner le ton. Ce que faisaient ces auteurs, c'était créer un monde bien ordonné, dépourvu de dangers et délimité par des règles et des interdits sans nombre, afin que l'imagination puisse prendre son envol.

(...)

C'est une voix très sherry-au-coin-du-feu-au-nord-d'Oxford absolument merveilleuse à entendre. Je ne m'en lassais pas quand j'étais petite : la voix qui adore les livres.

44  (Un an de vie d'écrivain à la maison), Kirsty Gunn - CHRISTIAN BOURGOIS

@ illustration : Adelaide Claxton

31 mars 2007

Echappée belle

ancre_des_revesLe sommeil attrapa Guinoux par les pieds, l'attira dans le fond. Il ne songea même pas à se débattre, tant son corps glissait avec délice dans le gouffre qui l'aspirait. Il dodelinait légèrement de la tête, telle une proie endormie à l'éther, tandis que son esprit s'enfonçait de plus en plus loin, jusqu'au point où sa conscience ne serait plus de taille à le rassurer mais saurait encore le défendre.

La frontière périlleuse n'était pas celle du jour et de la nuit mais celle de la veille et de l'endormissement.

Le sommeil exerçait sur lui une attirance vampirique.

Maintenant il dormait profondément. Sur l'oreiller, dans la pâle clarté de la lune filtrant à travers la lucarne de sa chambre, son visage d'enfant semblait las, mais ses yeux roulaient à l'intérieur de leurs orbites.

Où suis-je ? Où est l'interrupteur ?

Une plainte gutturale répercutée par l'écho le fit sursauter.

L'appel lointain d'une corne de brume.

Il cligna les yeux, effaré. Il ne voyait rien.

Tout autour de lui, une muraille de brouillard laiteux l'enserrait, l'asphyxiait.

Luttant contre la panique, il baissa les yeux.

Il se trouvait assis dans une barque.

(...)

L'Ancre des rêves, Gaelle Nohant  - ROBERT LAFFONT

21 novembre 2006

Clin d'oeil

"Henriette regarde mon ventre sous la robe. Ein kind drinnen ein kind. Un enfant à l'intérieur d'un enfant.

- J'ai quand même trente-cinq ans.

- Ce qui ne t'empêche pas d'être une enfant. Tu sais qui est la sainte patronne des femmes enceintes ?

- Non.

- Cunégonde, qui mourut en 1033, répond la vieille qui me suggère ensuite de trouver un métier plus sûr parce que, m'explique-t-elle, entre deux Goethe il s'écoule toujours plusieurs générations et que, pour assurer son pain quotidien, il faut des revenus sûrs. (...) "

Gestations - Tove Nilsen

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