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Chez Clarabel
17 août 2007

Les bois dormants - Fabienne Juhel

Les_bois_dormantsElle n'était encore qu'une enfant quand, lors d'une fête foraine, la petite s'est perdue, recueillie par un homme à la peau noire et "délivrée" à grands coups de fracas et cris retentissants par la police.
Ce qui a suivi, pour elle, c'est l'habitude de se perdre. De son plein gré. Or, trente ans plus tard, la narratrice apprend qu'elle est atteinte d'une tumeur au cerveur, qu'on lui donne six mois à vivre et qu'un coma profond sera son antichambre vers la mort.
Plongée dans ses "bois dormants", la jeune femme rêve et revit ses contes de petite fille. Autour d'elle, les infirmières lui lisent des histoires, Michel son compagnon lui apporte des fleurs, cachant aux enfants le drame de leur maman, censée "à la cueillette des mûres".

Ce livre n'est pas éprouvant, accablant de douleur et comprimé de larmes. Même si le sujet latent concerne la maladie, le roman demeure " sauf ". Car Fabienne Juhel, qui signe là son deuxième roman, a une astuce pour éviter le mélo : elle use et abuse des fables pour enfants, en décore son propos de manière parabolique, elle crée un monde onirique, mêle le réel aux songes.
C'est très joliment écrit.
Et puis, bien entendu l'histoire est touchante. Comment ne pas s'attendrir face à cette femme qui a fait de la perte une "imparfaite manie", un art calculé et requis avant d'être définitif ?
J'avais déjà lu son premier roman "La verticale de la lune" mais je n'avais pas été embarquée dans son univers. Cette fois, passant sur les premières pages stupéfiantes, j'ai été happée par cette jolie fantaisie, ce métissage de fantasmes et de réalités. Où on y découvre aussi une relecture des fables enfantines, une révision de nos cauchemars qui apparaissent soudain poétiques et séduisants.
A tenter !

Editions du Rouergue - 158 pages - En librairie le 17 Août 2007 -

** Rentrée Littéraire 2007 **

Mon avis sur " La Verticale de la lune "

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16 août 2007

Le Crocodile rouillé - Dominique Louise Pélegrin

le_crocodile_rouilleOn leur donne le surnom de la Grande Couvée car dans cette famille ils sont huit enfants : Gabrielle, quinze ans, Emmanuel, treize, et Ariane, onze ans, les jumeaux, Paul et André, autrement dit Melchior et Balthazar, neuf ans, Jeanne, sept ans, Inès, quatre ans et Denis, le bébé, presque deux ans. "Les autres l'appellent Roger parce qu'ils le détestent. Certains rêvent de s'en débarrasser, surtout les nuits où il hurle, réveillant tout le monde".
Le ton est donné. Beaucoup d'humour, de facétie et une tendresse cachée derrière les chamailleries, les parties de cache-cache, les langages inventés, les jeux de massacre. Non, jamais rien de sérieux !
Pour gouverner tout ce joli monde, il faut faire appel au chef de la troupe, leur père, qu'on a baptisé le Crocodile rouillé, une image vite intégrée à leur paysage, digérée, pour ainsi dire.
Toute cette famille nombreuse a suivi l'autorité paternelle pour une mission dans un pays étranger. Cela risque d'être long, surtout qu'ils ont strictement l'interdiction de sortir, de bouger une oreille et doivent appliquer à la lettre la liste des corvées sans moufter.
Bien entendu, ce sont toujours les plus grands qui trinquent.
Les petits, eux, ont la veine de se perdre. Encore qu'il n'est pas toujours aisé d'être traité de bébé, qu'on cherche sans cesse à ratatiner et qu'il faut brailler pour changer les couches et les fesses trempées.
Beurk.
Comble de tout, les joyeux parents annoncent à la tribu la venue prochaine d'un neuvième bambin !
Rien à dire sur ce livre, sauf qu'il est très, très drôle, qu'il apporte une bonne bouffée d'oygène (et que ça fait du bien entre deux, trois bouquins un peu sévères). Laissez-vous surprendre, ce n'est pas un livre impératif, c'est juste distrayant. Et aussi, ce livre m'a quelque part rappelé la famille des Jean-quelque chose de Jean-Philippe Arrou-Vignod (en Folio junior). (En savoir plus ? Cliquez ici ! )
Au programme, donc : "Le Crocodile rouillé" de Dominique Louise Pélegrin est une chronique familiale attachante, désopilante et tout à fait sympathique. Lecture savoureuse. A tester !

Belfond - 260 pages - 1er roman - En librairie le 16 Août 2007.

** Rentrée Littéraire 2007 **

5 août 2007

Le soupirant ~ Isabelle Minière

Ce livre est drôle ! Oui, malgré son thème d'abord presque morbide (un père qui se meurt), on sourit beaucoup au soliloque de la narratrice, sans prénom, si ce n'est celui qu'on a décidé de lui coller : Elodie. Parce qu'elle est née le même jour qu'une jeune fille morte, elle a instantanément été prise sous l'aile de son employeuse, quitte à la couvrir de cadeaux - toutes les affaires de la jeune défunte !
Bref, c'est une histoire où on s'intéresse de près aux morts. D'abord, prenons place autour de cette famille presque éplorée d'assister aux énièmes soupirs d'agonie du patriarche, suite à son déjeuner d'anniversaire. Car le problème, c'est que toute la famille n'est pas nouvelle de ces crises de "va-t-il bientôt mourir, ou pas ?". Donc, à la longue, ça plombe un peu toute cette assistance : la mère qui radote et s'invente des souvenirs, le frère qui compte les soupirs du mourant, la soeur aînée qui songe au sens de la vie, de l'argent, de l'amour etc. et la narratrice, sans identité définitive, silencieuse, butée dans un manque de sensibilité qui heurte sa mère. Mais silencieuse, elle ne l'est qu'en apparence car dans ses pensées elle ne cesse de parler, de raconter sa vie et celle de sa famille. Et il n'y va pas avec le dos de la cuiller ! Elle n'épargne personne ! Elle adopte volontairement un ton drôlatique, cynique et auto-dérisoire qui fait merveilleusement mouche. On adore, ou pas. C'est sûrement un roman qu'on parcourt d'une traite et qu'on ne regrette pas d'avoir parcouru ! Un bon plan lecture.

août 2004

2 août 2007

Les yeux des chiens ont toujours soif - Georges Bonnet

Les_yeux_des_chiens_ont_toujours_soif« Ma vie quotidienne est faite de petites tâches, toujours les mêmes.
La routine me protège. »

Emile se rend tous les jours au parc municipal où il croise une femme de petite taille plutôt fluette, d'une soixante d'années. « Touchante avec son chapeau démodé, son corsage orné d'une dentelle, ses bas de coton noir, elle s'intègre parfaitement au paysage vieillot du parc. »
« Elle tricotait par intermittence ce qui devait être une écharpe, les genoux joints, l'oeil en éveil sur les promeneurs et les jardiniers porteurs de fleurs à repiquer. »
Tous les jours, un émouvant ballet s'opère. Emile et cette femme se retrouvent au parc, assis aux mêmes places, engoncés dans des gestes répétitifs.
Et, « parce qu'il y avait du bonheur autour de nous, sans trop réfléchir », Emile et cette femme vont amorcer une discussion à bâtons rompus. Ils vont se retrouver jour après jour dans ce parc, puis Louise (ainsi se prénomme-t-elle) va le convier chez elle pour un déjeuner sans chichis.
Les choses en amenant d'autres, Emile va s'installer chez Louise.
« Les journées se passent dans une heureuse monotonie.
Il semble que rien de mauvais ne puisse arriver.
Il y a toujours des instants privilégiés à saisir, le bonheur d'un rayon de soleil, d'une rêverie, d'un souvenir. »
Car dans cette vie presque idyllique, dictée par un mimétisme déconcertant, va survenir un grain de sable pour enrayer le mécanisme. « C'est un samedi après-midi que tout a basculé. »

Je ne vais pas dévoiler ce qu'il va arriver à nos deux amoureux timides et pudiques, mais je vous invite à lire ce petit texte au plus vite pour en savoir plus, savourer le style impeccable de Georges Bonnet, apprécier la lenteur, la douceur et la retenue des sentiments.
Dans les derniers chapitres, on reste toutefois en attente, un peu aux aguets qu'un petit truc surgisse, retentisse, vienne casser le train-train. Cependant, à bien y réfléchir, tout s'inscrit dans une logique inflexible. Comme le souligne la quatrième de couverture, « c'est grâce à un art dénué de tout artifice, comme puisé à l'émotion même, qu'il sait rendre palpitant la plus partagée des banalités et tenir le lecteur en haleine ».
Aux amateurs de sensations fortes, de rebondissements à n'en plus finir, passez votre chemin ! Ici, la monotonie revêt des couleurs chatoyantes, charmantes et pleines d'une séduction pondérée.

Le Temps Qu'il Fait - 138 pages - Janvier 2006.

1 août 2007

L'emmerdeur - Elisabeth Butterfly

L_emmerdeurJ'ai accepté la proposition de l'éditeur pour recevoir ce livre d'Elisabeth Butterfly, inspiré de faits rappelant un grand scandale politico-financier, blablabla, mais "toute ressemblance avec certaines histoires récentes est purement fortuite". Qu'on le dise !
Elisabeth Butterfly a choisi la fiction pour mieux servir la réalité, après un long travail d'enquête. La présentation de l'éditeur fait même le rapprochement avec "La constance du jardinier" de John Le Carré et de "The Insider" adapté par Michael Mann...
Personnellement, en acceptant cette lecture, j'ai plus été tentée de lire un nouveau roman de l'auteur. J'ai découvert Elisabeth Butterfly avec ses premiers livres, "Lolita Go home" et "Dissection du mariage", puis "François Truffaut, le Journal d'Alphonse".
Objectivement, je ne crois pas à ce genre d'histoire qui me paraissait un peu sournoise. C'est la péripétie cauchemardesque d'un ancien journaliste devenu écrivain qui, fin 2001, met le nez dans un beau sac à embrouilles en découvrant des comptes occultes orchestrés par une banque internationale d'investissements, basée en Suisse. En mettant à jour cette sombre affaire, notre homme, Jules Wigand, s'expose à des représailles, des menaces, à la censure et aux procès interminables. La pression est tenace, elle dure des années, jusqu'en 2006.
Jules Wigand est un homme à abattre. Ce livre, raconté un peu par l'épouse, est une démonstration impitoyable des moyens mis en oeuvre pour miner un type, le rendre muet et ruiner sa vie personnelle.
Sur le fond, l'histoire se lit comme une flèche. Très bon rythme, scénario qui fait froid dans le dos, ce sont les coulisses d'un tapage médiatique qui mouille une institution et qui touche une loi tacite ("tu le sais, mais tu te tais").
Pourtant, le personnage principal de Jules Wigand n'apparaît pas très sympathique, sa soif de "vérité" est contestable, et puis zut ! cela fait un peu trop écho à une affaire récente qui me barbait déjà dans les journaux, donc je préfère m'en éloigner. Et puis, je n'ai pas retrouvé le style de l'auteur qui avait su me plaire dans ses débuts.
Dommage. Bon livre, mais tendance paranoïaque inutile, à mon goût. A considérer comme une sombre intrigue des coulisses du pouvoir.
PS : Et je n'aime pas le titre !

Editions Florent Massot - 260 pages - Avril 2007.

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30 juillet 2007

Toutes ces vies qu'on abandonne - Virginie Ollagnier

Toutes_ces_vies_qu_on_abandonneDécembre 1918, Annecy. Claire, 18 ans, jeune infirmière et novice, porte son assistance au professeur Tournier à l'hôpital d'aliénés où est reçue la plupart des soldats rentrés de guerre. Les blessures sont lourdes, pas seulement les plus visibles, mais surtout celles qui sont tues, comprimées et qui brisent en mille morceaux les êtres devenus des morts vivants.
Ah non ! Rassurez-vous, l'histoire n'est pas sanguinolente, pas compliquée ni démoralisante. Loin de là ! Car parmi les nouveaux patients, un soldat inconnu attire l'attention de Claire. Il est prostré, muet, mystérieux. On ne sait rien de lui et cette détresse touche profondément notre jeune novice.
Prête à prononcer ses voeux pour devenir religieuse, Claire commence de plus en plus à se questionner sur son engagement, sur ses croyances et ses motivations. Face à la misère humaine, ravagée par la bêtise de la guerre, la jeune femme voit sa foi sérieusement ébranlée. En tant que fille de Dieu, elle est prise à parti par des hommes bouleversés dans leur destin.
La faute à personne, et pourtant...
Claire s'applique donc à sortir l'inconnu de son mutisme. A l'aide de douceur, de massages, de patience exemplaire et d'une intuition remarquable, elle va parvenir à diagnostiquer le traumatisme de ce soldat.
Parallèlement, s'écrit dans le texte le monologue intérieur de cet individu, qui ouvre ainsi au lecteur une nouvelle fenêtre pour cerner le personnage.

Enfin voilà ce qu'on peut en dire. Comme moi, peut-être allez-vous penser instinctivement au Patient Anglais de Michael Ondaatje... Mais la lecture du roman de Virginie Ollagnier vous donnera finalement un aperçu tout à fait différent. Il s'agit plus ici d'un portrait attachant d'une jeune femme face à de nouveaux choix dans sa vie, exacerbés par cette rencontre improviste.
A vrai dire, j'ai beaucoup aimé toute la première partie du roman. J'y ai trouvé de l'acuité et de la sensibilité, de la délicatesse dans le portrait de la jeune infirmière. Cette dernière va avoir des discussions très intéressantes sur le désir.
De plus, ce n'est jamais glauque, en dépit du climat hivernal et de la situation post-armistice. Pourtant mon intérêt a un peu flanché en fin de partie, de façon incompréhensible.
Car "Toutes ces vies qu'on abandonne" n'en reste pas moins une lecture enrichissante, notamment sur le sujet des débuts de la psychiatrie et les pathologies. J'ai lu en critiques qu'on comparait également ce livre à celui de Marc Dugain "La chambre des officiers" à propos des soldats et des vestiges de la guerre.
Très belle écriture, classique... à tenter !

Liana Levi - 280 pages -

29 juillet 2007

L'élégance du hérisson - Muriel Barbery

« Mme Michel, elle a l'élégance de l'hérisson : à l'extérieur, elle est bardée de piquants, une vraie forteresse, mais j'ai l'intuition qu'à l'intérieur, elle est aussi simplement raffinée que les hérissons, qui sont des petites bêtes faussement indolentes, farouchement solitaires et terriblement élégantes. »
Voilà, c'est dit. C'est expliqué. Le pourquoi du titre.
Ensuite, c'est une affaire de goûts et d'atomes crochus. A la base, elles sont deux personnalités aux antipodes. L'une est une fillette de 12 ans, l'autre est âgée de 54 ans. La première habite un appartement bourgeois avec sa riche famille, la deuxième est concierge depuis vingt-sept ans, veuve et fille de pauvres paysans.
Toutes deux sont seules mais observatrices. Elles posent sur le monde un regard intransigeant, celui d'une intelligence redoutable qu'on réprime par souci de convenance ou esprit de protection. Une enfant surdouée et une concierge raffinée, deux entités dissemblables et pourtant similaires, car toutes deux forcent à percer la carapace, à voir plus loin que l'apparence, à briser les préjugés, bref à bouleverser les codes.

Dans cet immeuble de la rue de Grenelle, les choses vont donc bouger. Une petite révolution est en cours. Paloma, 12 ans, tient rigoureusement un Journal du Mouvement du monde et des Pensées profondes avant de songer sérieusement à se suicider le 16 juin.
Renée, 54 ans, vit seule avec son gros chat, elle est discrète et insignifiante, "petite, laide, grassouillette, des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth". Mais elle aime la philosophie, Marx, les films d'Ozu et les romans russes. Certes, il est dit tant de choses sur les concierges qu'elle ne peut évidemment afficher sa face réelle aux habitants de l'immeuble, alors elle se tait, elle feint, elle fait la bête et la pas-toujours-polie.
Il faut reconnaître, aussi, qu'on lui rend bien sa transparence !
Puis, arrive dans cette vie bien rangée, un nouveau propriétaire, le japonais Kakuro Ozu, veuf, érudit et passablement séduit par cette concierge qui prétend être ce qu'elle n'est pas ! Ainsi s'annonce pour notre Mme Michel « la possibilité d'un camélia » !

L__l_gance_du_h_rissonTout en poésie et finesse, d'un style exquis, servi par une histoire tendre et bouleversante, le roman de Muriel Barbery est un vrai bonheur de lecture, un plaisir rare et irremplaçable !

Beaucoup lu et critiqué, le roman s'est assuré une réputation d'oeuvre brillante, pointilleuse, drôle et touchante, pas donnée à tous. C'est évidemment une affaire de goûts et d'atomes crochus. 

Gallimard, août 2006 - 20€

359 pages

  • Editions Gallimard 
  • 15 juillet 2007

    Le sacre de l'enfant mort ~ Jean Luc Seigle

    J'ai eu du mal à entrer dans le roman : trop austère, trop figé. Je trouvais le personnage central, le peintre David, résolument lugubre. Parce que le style était du genre "aérien", j'ai tourné les pages pour finalement être surprise d'intérêt et d'engouement pour ce texte ! On ne s'attache pas seulement, en fin de compte, aux tergiversations du peintre. Exilé à Bruxelles après des déboires dans ses implications politiques, David laisse derrière lui un tableau d'une grande ampleur : "Le sacre de Napoléon". Mais dans son exil les remords l'assaillent, sous forme de pleurs d'enfant qui fredonnent incessamment dans sa tête. Que signifient-ils ? Et pourquoi ses pensées reviennent-elles sans cesse au Sacre ? Quelle était réellement la portée du tableau et de ses protagonistes ?.. C'est ce qu'au fil des pages on découvre, on apprend patiemment. A cela s'accompagne une autre figure : Marguerite, l'épouse de David. Marguerite est laide, elle a vécu dans l'ombre du peintre, a déroulé un tapis rouge pour parfaire son travail, jouait le rôle de la cuisinière, de la repriseuse, ordonnant une maison impeccable, aux armoires rangées, et sacrifiant aussi son rôle de mère, aux bons soins d'une gouvernante. Bref, Marguerite a fait le sacrifice d'elle-même pour cet homme qu'aujourd'hui elle tend à ne plus supporter, à être dégoûtée. A lui en vouloir au point de chercher vengeance ! Un dialogue de sourds semble s'installer entre les deux époux, et l'auteur le fait partager au lecteur. Du coup, peut-on adresser plus de reproches à l'un qu'à l'autre ? Pas évident. On oscille facilement entre la compassion, la révolte, la solidarité ou la fascination. Je crois que l'image dorée des deux époux, qu'ils ont soigneusement tenté d'élaborer pour faire bonne figure, tend à se craqueller au fil des pages. La fin est fatalement tragique, dans la logique des choses. Mais le roman, finalement, n'est pas juge : nulle condamnation ou sentence ne se profile. L'auteur préfère lever le voile sur les mystères d'une création avec les tourments, les tempêtes et les flots que cela soulève. Pas d'autre mot : c'est fascinant !

    juillet 2004

    12 juillet 2007

    Intrigue à l'Anglaise - Adrien Goetz

    Intrigue_A_l_anglaiseFraîchement sortie de l'Ecole nationale du patrimoine, Pénélope Breuil est envoyée dans la ville de Bayeux pour assister la conservatrice en chef, Solange Fulgence. Pour cette spécialiste de l'Egypte copte, cette nomination tombe un peu à l'eau car Pénélope n'avoue pas une grande passion pour la fameuse Tapisserie de Bayeux.
    Or, peu de temps après son arrivée, Solange est agressée. Un vol de biens précieux va s'ensuivre, et un étrange cafouillage va emmêler notre jeune conservatrice. Grâce la complicité de son ami Wandrille, dandy parisien, érudit et exalté en la matière, Pénélope va tenter de confondre cette intrigue selon laquelle trois mètres manquent à la Tapisserie de Bayeux.
    Un journaliste local, Pierre Erard, subtilement séduit par la jeune femme, va aiguiller le couple dans leurs recherches, depuis la Normandie, sur les traces de Guillaume le Conquérant, jusqu'à Paris, à l'Hôtel Drouot et au Louvre, en passant par l'île de Varanville.
    L'action se passe entre la fin Août 1997 et le mois d'Octobre. Dans la capitale française, la princesse Diana a trouvé la mort sous le tunnel de l'Alma en compagnie de son amant égyptien... Et si tout ceci n'était qu'une horrible coincidence ?
    La machination semble avoir pris dans ses filets Pénélope, de plus en plus déconcertée par la tournure des éléments. Et l'action ne manque pas de surprendre, sertie par une foultitude d'indices et d'anecdotes historiques très pointues. A lire, l'ensemble se boit comme du petit lait ! C'est frais, intelligent, pétri d'humour et délicieusement captivant !
    Mais bien entendu, ce roman n'est qu'une fantaisie historique créée par l'auteur. Adrien Goetz renoue avec son "Intrigue à l'Anglaise" au polar sur l'art avec un brio déjà prouvé grâce à "La dormeuse de Naples". Cette fois, le style est encore plus enlevé, la trame est fluide, bref amateurs de romans historiques ou de romans policiers, votre bonheur est tout trouvé !

    Grasset - 330 pages.  Avril 2007

    9 juillet 2007

    L'Officiante - Catherine Clémenson

    L_officianteIl est difficile de se séparer d'une maison, encore plus de ses souvenirs. C'est le constat de la narratrice qui regarde de loin les visiteurs et potentiels acquéreurs de la grande maison héritée d'une tante, sur l'île de Noirmoutier. Chaque pièce étant associée à une personne, à une période essentielle dans la vie de la famille, la narratrice s'avoue décontenancée par l'intrusion d'inconnus sur ses plates-bandes. Mais il faut vendre, par manque de moyens pour entretenir cette immense propriété familiale.
    Elle n'est pas parfaite, la propriétaire s'est toujours exercée à démontrer aux acheteurs les imperfections de sa maison. Mais cette fois-ci, le couple semble sous le charme, séduit aussi pour toutes ces précieuses aspérités. Il est donc l'heure de tourner la page, de faire le bilan, de ranger l'album de famille, "d'un ton sépia, toutes ces choses se sont mises à vibrer, faisant entendre leur chant suranné".
    Charme indicible et fragile, récit à la fois intimiste et empreint d'un hymne pour le goût de l'ancien, de la nostalgie, ce doux murmure emporte le lecteur, sensible à cette poésie. Pas seulement tourné vers le passé, ce livre donne aussi de l'allant et chasse la mélancolie. Car "L'officiante" invite à se poser, à rêver, à penser...
    Très joli.

    Seuil, 173 pages.  Mars 2005.

    ... Je te dis pas, Sathya, l'odeur des draps séchés en plein air ; on en a tant parlé dans les poèmes et les chansons d'auteurs disparus. Tant de corps ont été vivifiés de la sorte. Est-ce que tu connaîtras seulement les draps ? Dans les couettes on ne peut pas s'enrouler, on ne peut pas cacher ses larmes comme dans un grand mouchoir ni deviner comme sous la neige le paysage des corps, le pic du sexe des hommes et les contreforts en pente douce des seins des femmes. Ces beaux renflements que l'oeil caresse avant que la main n'entre en contact avec le linge fin, l'exquise fraîcheur du drap qui rendra plus délicieuses encore la surprise de la peau, sa chaleur, et la texture unique de son grain. Les couettes recouvrent tout d'une épaisse couche trop lourde et peu maniable.  (...)

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