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Chez Clarabel
belfond
21 septembre 2012

"J'ai aimé si fort toute ma vie que j'ai sans doute vécu au-dessus de mes moyens."

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C'est la beauté du titre qui m'a donné envie de découvrir ce roman, et dès le départ j'ai été séduite parce qu'il s'agissait d'un roman épistolaire, tout en élégance et tendresse. Zika et Joseph sont mariés depuis cinquante-six ans mais ont été séparés par la force des choses : devant suivre un traitement pour son coeur à Paris, Zika est hébergée chez leur fille Isabelle, sauf que son appartement trop petit ne pouvait accueillir le couple. Joseph a dû se résoudre à partir chez leur fils Gauthier.

L'un comme l'autre vivent très douloureusement la séparation, et ce sont de longues lettres empreintes d'affection et de déclarations enflammées qu'ils s'envoient. C'est beau, à plus de soixante-dix ans, d'être aussi éloquent, démonstratif, voire jaloux et boudeur, concernant leur relation. Bon, tout ne se passe pas très bien à distance : la cohabitation entre Zika et Isabelle est pénible, elle connaît des heures difficiles, la fille ne cesse d'abreuver sa mère de reproches, jusqu'au clash de trop. De son côté, Joseph est le témoin impassible du naufrage du couple de son fils. Là aussi, les soucis des autres vont submerger notre couple d'amoureux.

A force, Zika s'interroge sur l'inconséquence de ses enfants, lesquels accaparent toujours leur attention, au lieu de se préoccuper des problèmes de leurs parents. Car Zika persiste à songer que c'est à leur tour de veiller sur eux, Joseph et elle ont fait leur temps, rempli leur rôle, ce serait un juste retour des choses. Au fur et à mesure qu'on avance dans cette correspondance, on réalise le malaise, on le ressent pleinement, toute la poésie du début a cessé de paraître et il m'a semblé que d'autres sentiments prenaient place. Je n'étais plus sûre de m'en satisfaire, soudainement cela me dérangeait. La faute à un amour trop exclusif, à l'égoïsme du couple, à cette bulle qui a fini d'étouffer au lieu de protéger ? Ce roman trop délicat aura eu raison de mes émotions, mais il incite à réfléchir.

Le vase où meurt cette verveine, par Frédérique Martin
Belfond, 2012

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25 juillet 2009

Tequila frappée ~ Nadine Monfils

Belfond, 2009 - 228 pages - 18,50€

tequila_frappeeA Pandore, banlieue chic semblant sortir d'un décor de cinéma, on n'assassine pas dans le velours, mais à coups d'explosifs qui éclatent la villa et étripent en mille morceaux le voisin qui rendait service alors que la propriétaire rentrait ses courses. C'est sûr que ça commence fort ! Dépêchés sur les lieux, les enquêteurs Lynch et Barn, assistés de la profileuse Nicki, tentent de rassembler tous les morceaux (sic) - l'équipe gagnante de Babylone Dream a du pain sur la planche. En effet ce joli monde va biaiser et surfer sans faillir entre les crimes tous plus abominables les uns que les autres, le coeur bien accroché, toute nausée serait cependant inenvisageable car l'auteur a la géniale idée de tartiner son intrigue policière d'un humour corrosif. C'est carrément frappé, à commencer par le chien alcoolique, qui boit la téquila, sans hips, et sourit de bonheur en regardant son maître. Quelle histoire ! Pandore est loin d'être une banlieue tranquille, de l'avis de l'éditeur, les putes dansent la rumba avec les flics, les sous-marins naviguent sur terre, on croise des marchands de rêves, un clochard extralucide ou une main baladeuse. (J'adore chaque quatrième de couverture des romans de Nadine Monfils !) Bref, ça sent la farce à plein nez mais qu'on ne s'y trompe pas non plus : il est bien écrit thriller en couverture, car le crime est noir, poisseux, écoeurant. Ce subtil mélange (humour / horreur) rend ainsi les livres de Nadine Monfils singuliers et intéressants. A déguster cul sec ! 

23 février 2009

Los Demonios - Valérie Boronad

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« Ma mère a perdu son coeur. La douleur l'a fait tomber par la fenêtre. Peut-être qu'il a rebondi comme une boule de chewing-gum. Peut-être qu'il était si usé qu'il s'est brisé en arrivant au sol. Peut-être que quelqu'un l'a attrapé et l'a enfermé dans une cage dorée et que jamais plus il ne pourra voler jusqu'à moi.
Le coeur de ma mère s'appelle Luis. J'ai beau savoir son nom, je ne l'ai pas retrouvé. Mais je n'arrête pas de l'appeler. A force, peut-être finira-t-il par revenir.
Connaître le nom que porte le coeur de quelqu'un ne donne aucun pouvoir sur le coeur de ce quelqu'un. »

 

Dans ce roman à plusieurs voix, on entend surtout une belle chanson d'amour. Celle d'abord d'Ana pour Luis, leur histoire est dramatique, marquée par la guerre sale en Argentine, qui se soldera par la séparation et un destin brisé, la jeune femme ne surmontera jamais cette épreuve, et enfermera même son fils, Tango, dans cet amour impossible. A dix ans, le gamin est malin, brillant et perspicace. Il a compris que sa mère avait le coeur en miettes, et jamais le temps ne pourrait recoller les morceaux épars. Il a bien tenté d'écrire à son père, mais les lettres sont restées sans réponse. Perdu dans son calvaire, entre la guérilla et la junte, Luis Montoya vit un véritable enfer. Son amour pour Ana illumine les missives qu'il griffonne pour son fils, sans espoir de retour.

Tout ceci sonne très triste, et pourtant cela ne l'est pas ! L'écriture est tellement belle, la plume de Valérie Boronad adopte un lyrisme sans emphase, c'est juste, parfois poignant mais surtout tendre de la part du petit garçon qu'on retrouvera avec quelques années de plus, après le décès de sa mère, de retour dans cet hôtel qui a servi de refuge, et qui est aujourd'hui toujours le repère du vieil Augusto. Le garçon porte une valise lourde, faite de secrets et de loupés, et sera emporté lui-même par les mirages de l'amour, qui lui feront peut-être prendre conscience du poids de la passion.

Superbe deuxième roman de Valérie Boronad, déjà coupable d'une invitation troublante dans les limbes de l'imagination créative, cf. Les constellations du hasard (premier roman récompensé par le prix Carrefour Savoirs).
A découvrir.

Belfond, 2009 - 220 pages - 18€

Ce roman sera adapté au théâtre, saison 2009 - 2010 en tournée nationale, et sur une scène parisienne (Vingtième théâtre) du 5 mars au 25 avril 2010.

Site officiel de l'auteur : http://www.valerieboronad.fr/

# The Pirate's Gospel - Alela Diane

http://www.deezer.com/track/252004

3 décembre 2007

Babylone dream - Nadine Monfils

babylone_dreamDans la ville fictive de Pandore, un tueur fou assassine sauvagement des jeunes mariés. Les scènes de crime sont horribles, les enquêteurs Lynch et Barn sont au bord de la nausée, et Nicki la profileuse puise dans ses visions pour détacher une piste valable dans ce bain de sang.

Les indices sont minces, et chacun des protagonistes nous mène sur des voies qui peuvent éveiller les soupçons, puis s'éteindre aussitôt. La confusion est totale, le suspense immense. Alors oui, c'est clairement macabre, fort en images cauchemardesques. Et pourtant pas une seconde le lecteur n'envisage d'abandonner son livre, totalement soumis à cette fascination du crime, du suspense efficace et bien rodé, où jamais on ne s'ennuie un instant. Et l'ombre du tueur est menaçante, se faufile entre les lignes et les chapitres. C'est cruel, mais brillant.

Et surprise ! L'humour est de mise, assez noir, je le conçois. Mais cela empêche tout sentiment d'étouffement, celui de n'en-plus-pouvoir et qui étreint dès qu'on plonge dans un thriller aussi funeste et implacable. Ici, cela relève du brio de s'y attacher, tant c'est tour à tour culotté, sinistre, sanglant et dégoûtant. Nadine Monfils livre un « Babylone dream » sombre et passionnant, bien écrit, mettant en scène des personnages peu banals (du flic au suspect, tout le monde casse la baraque). Et la fin s'achève comme si on soufflait une bougie ...
On ferme ce livre, mais on se dit qu'on y reviendra très probablement car des points soulevés attendent une suite au prochain numéro ! Du moins, j'espère ...

**********

Recette du rêve babylonien par Jean-Pierre JEUNET
Ingrédients : 300 g de caractères excentriques
un bouquet d’effroi délicieux
une cuillère de perversité revigorante
une poignée de tendresse au cou tordu
20 cl d’essence de surréalisme
une pincée de poésie déjantée
un zeste de réminiscence d’enfance
une once d’érotisme singulier

Bien peler les cadavres, leur arracher bras et têtes et les faire mijoter dans un jus de terreur. Faire revenir le tout à feu doux, ajouter l’humour, l’amour et l’acide, jusqu’à obtention d’une crème de suspense que vous ferez gratiner au four, non sans avoir versé une larme de nostalgie. Servir chaud. Régal assuré !

PRIX POLAR 2007 DECERNE LORS DU 12ème « SALON POLAR & Co » À COGNAC

Editions Belfond - 288 pages - 18 €

10 novembre 2006

Le champ de fraises - Renate Dorrestein

champ_de_fraises"Le champ de fraises" est une histoire très cruelle, dure et qui glace d'effroi. Dans une petite communauté, où parents et enfants ont poussé en même temps que leurs murs, la jolie Loes, intrépide et fantasque, avec ses petites couettes rousses, devient subitement le bouc-émissaire de ses anciens camarades de jeux. Pourquoi ? Sa mère est accusée d'avoir tué un homme. L'enfant se braque, porte un lourd secret (autour duquel flotte l'idée d'abus sexuel), mais elle est fermée comme une huître, elle ne parle plus. Ses copains décident de la "brusquer", un peu dans le but de se confier, de livrer les détails sur cette affaire. Mais plus l'enfant se braque, plus les autres se déchaînent.

C'est assez dur à lire, à imaginer, tous ces enfants de six ans, en bande organisée, mijotant des traquenards pour piéger l'une d'entre eux. Ancien bout-en-train du groupe, elle est désormais conspuée, méprisée et lynchée. Comment est-ce possible, à seulement six ans ? J'ai eu un peu de mal à me faire à cette idée... Ce ne sont que des enfants, mais ils semblent déjà bien machiavéliques, un peu trop réfléchis et attentifs aux événements de leur village. Tout devient facilement prétexte à mettre à part, passer à tabac. C'est cruel, très honnêtement. Mais le plus incroyable est que l'histoire semble se répéter, éternellement et inlassablement. L'horreur !

Le roman est composé en trois parties, qui suivent la petite Loes à des âges clés (six, douze et dix-huit ans). Et au fil des pages, l'énigme commence à s'éclaircir, comme le rôle des Luqueduc, deux hommes qui partagent la vie de Loes et sa maman. J'ai beaucoup aimé ces derniers, à travers leur présence, leur importance et leur place dans le rouage de toute l'intrigue. Je n'ai pu éviter un pincement au coeur vers la fin du roman ! (mais chut).

"Le champ de fraises" est un livre que je conseillerai davantage aux lecteurs qui connaissent déjà Renate Dorrestein, auteur de l'excellent et poignant "Un coeur de pierre". Ce nouveau roman est également très délicat pour les âmes sensibles, car il se plonge dans l'univers de l'enfance (terriblement cruel) et de drames et secrets familiaux. Avis aux amateurs !

Belfond

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7 octobre 2006

Une fenêtre sur l'Hudson - Brian Morton

fenetre_sur_l_hudsonNora, une jeune nouvelliste de trente-cinq ans, a cessé d'écrire. Ses textes, inspirés des expériences de ses proches, lui ont valu de se brouiller avec eux. Pourtant, elle ne peut se résoudre à renoncer à sa vocation. Un soir d'insomnie, elle appelle le seul être qui puisse la comprendre : Isaac, l'homme qu'elle a quitté cinq ans auparavant. Ce dernier, photographe, traverse lui aussi une crise : il a perdu l'inspiration.

Brian Morton vient de signer un roman à la fois simple et prenant. C'est une histoire de sentiments, de rapprochements entre deux êtres qui pensaient être faits l'un pour l'autre. Les obstacles pour leur belle idylle sont d'ordre artistique, ils sont tous deux au pied du mur et l'essor de Nora fait vaciller le statu-quo d'Isaac. Ils sont complices, se croyaient invicibles, et pourtant... une nouvelle peut tout ruiner. S'ajoute aussi la maladie de Billie, la tante de Nora, le dernier pilier de la jeune femme. La perte de celle-ci fait tout voler en éclats, Nora et Isaac se retrouvant soudainement face à face, pour de vrai. Pas facile, même s'ils pensaient bien se connaître, avec le temps. Ce roman est magnifiquement écrit, il y a peu d'élans, beaucoup d'introspection, et une mine d'anecdotes littéraires pour chaque circonstance. Une petite pépite !

Belfond

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