Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chez Clarabel
grands detectives
25 janvier 2010

Le temps de la vengeance - R.N. Morris

10/18 Grands Détectives, 2010 - 440 pages - 8,90€
traduit de l'anglais par Bernard Cucchi

temps_de_la_vengeanceCe deuxième titre de la série des Mystères de Saint-Pétersbourg confirme tout le bien que j'avais pensé du premier, L'âme détournée. Nous retrouvons le magistrat Porphiri Pétrovich, assisté pour la première fois de Pavel Pavlovich Virginsky, un personnage déjà croisé dans le précédent volume dans des circonstances plus ou moins houleuses. Tandis que la ville étouffe sous une chaleur insoutenable, le canal empeste et les mouches envahissent les bureaux, le magistrat est appelé sur une horrible affaire de double homicide. Une mère et son fils ont été empoisonnés avec des chocolats, la scène est particulièrement dégoûtante et la douleur infligée aux victimes ne nous est d'ailleurs pas épargnée. Le mari est logiquement suspecté, il s'agit d'un docteur Martin Meyer, un éminent expert en toxicologie. Inutile de s'emballer car l'affaire n'est pas encore pesée, le fait qu'un colonel ait été assassiné dans son appartemment puis un alcoolique tombe raide dans la rue vient relancer cette étrange affaire, qui baigne dans les scènes de carnage et qui révèle les pires vicissitudes de l'âme humaine.
Nous étions déjà vaccinés avec L'âme détournée, mais nous renouvellons l'expérience avec ce Temps de la vengeance. C'est sombre et poisseux, particulièrement peu amène pour décrire l'humanité dans ce qu'il y a de plus sordide et abject. Et pourtant l'histoire n'est jamais totalement glauque ou répugnante, en dépit de la description très poussée des crimes et des morts violentes. L'ambiance de cette série policière est tout simplement captivante, servie par des personnages  aux particularités bien définies - Porphiri est un détective débonnaire, qui prend le temps de réfléchir au lieu d'agir, son nouvel assistant Virginsky s'enflamme avec ses grandes théories révolutionnaires, vite calmées par son supérieur, lequel rappelle le devoir de réserve et de service au tsar. Le duo fonctionne plutôt bien, révélant certaines facettes d'humour et de légèreté chez Porphiri, ce qui n'est pas pour déplaire au lecteur, car cela soulage la tension ressentie tout au long de la lecture. La plongée dans cette Russie du 19° siècle est âpre, le contraste entre les classes est vivement traité, les prémices de la révolution commencent donc à apparaître, mais ceci ne relègue jamais au second plan la trame principale, qui est bien évidemment l'intrigue policière, car tout est bien ficelé, inquiétant et seulement mis à jour dans les dernières pages !
En bref, cela reste une folie vengeresse parfaitement bluffante et brillante à découvrir.

 

Publicité
Publicité
8 janvier 2010

Vérité et feuilles de thé ~ Alexander McCall Smith

mon dernier achat cd : zee avi, une demoiselle de vingt-trois ans, un talent énorme ... so sweet !

Côté lecture, voici pour répondre à votre besoin de dépaysement et d'exotisme, de réconfort ou de refuge littéraire, Mma Ramotswe et son sourire viennent à la rescousse ! 

... la petite fourgonnette blanche qui, depuis quelques mois, produisait par intermittence un bruit étrange, recommençait soudain, encore plus fort qu'auparavant. Certes, Mma Ramotswe venait de tourner dans Zebra Drive, et prendre un virage exigeait toujours un effort particulier du véhicule, ce qui avait à voir avec les suspensions et ce que Mr. J.L.B. Matekoni appelait élégamment la "répartition de la charge". Réfléchissant un jour à cette expression, Mma Ramotswe lui avait demandé avec, peut-être, un peu trop de brusquerie : "Et cette charge, je suppose, Mr. J.L.B. Matekoni, c'est moi ?"
Il avait détourné les yeux afin de masquer son embarras.
- On peut le dire comme cela, Mma Ramotswe. Mais il faut savoir que nous représentons tous une charge pour les véhicules. Même ces mannequins très maigres sont une charge...
Il s'était arrêté là. Ce n'était pas ainsi qu'il parviendrait à se rattraper et Mma Ramotswe l'observait, attendant visiblement une suite.
Lorsqu'il était devenu clair qu'il n'avait rien à ajouter, la détective avait repris :
- Oui, Mr. J.L.B. Matekoni, il y a des femmes comme ça. Et hélas, on en voit même de plus en plus. Il y en a beaucoup désormais.
Elle avait marqué un temps d'arrêt, avant de poursuivre :
- Mais peut-être vont-elles commencer à disparaître. Elles vont maigrir encore et encore, devenir de plus en plus à la mode, et puis... pfffut... le vent les emportera.
Cette remarque avait réduit la tension et tous deux s'étaient mis à rire.
- ça leur apprendra ! s'était exclamé le garagiste. Elles seront emportées par le vent, alors que les autres dames seront toujours là, elles, parce que le vent ne sera pas assez puissant pour soulever...
Là encore, il s'était arrêté. Comme la fois précédente, Mma Ramotswe le dévisageait, guettant la suite.

Dans ce nouvel épisode, point de précipitation, beaucoup de contemplation et de réfléxion sur la vie qui coule tranquille. Au Botswana, on bichonne son postérieur, ses pieds, ses femmes et on se régale en buvant des litres de thé rouge. Hé hé. C'est ma conclusion hâtive, n'y faites pas attention ! Sans quoi, au passage, n'hésitez pas à tester la recette très relevée de Mma Makutsi et de son poulet piri-piri, en veillant à ne pas vous arroser le gosier de grandes rasades d'eau fraîche, non, non, souffrez en silence pour les beaux yeux de votre fiancé, il vous en remerciera la main sur le coeur. De là à conclure qu'il vous envisage comme la femme de son existence PARCE QUE vous savez cuisiner le poulet piri-piri, SA recette préférée, hmm... vous n'y allez pas de main morte ! Ceci étant, c'est une pécadille face à l'énorme confrontation qui s'annonce. Notre redoutable Mma Makutsi - redoutable par sa force de caractère, croyez-moi - va avoir d'autres chats à fouetter en apprenant que la nouvelle employée de son fiancé est Violet Sephotho ! Le cauchemar de Mma Makutsi. Une menteuse. Une tricheuse. Une oppportuniste. Certes, elle est ravissante et elle se sert de son sex-appeal pour obtenir tout ce qu'elle veut. Son nouvel objectif ne se nommerait-il pas Mr. Phuti Radiphuti ? Aïe.

Mma Ramotswe va devoir supporter de longues heures de complainte, de rage, de frustration... alors qu'elle-même doit se sermonner pour dire adieu à sa vieille fourgonnette blanche, son fidèle destrier, ni plus ni moins. Son cher et tendre Mr. J.L.B. Matekoni, excellent garagiste de son état, lui a déjà laissé entendre qu'il faut savoir se débarrasser des vieilles choses inutiles et dangereuses, mais Mma Ramotswe ne peut s'y résoudre. C'est une vieille histoire d'amitié, de partage, d'affection. C'est comme "une vache qui attend son heure sous un arbre". Mma Ramotswe, pour soulager la fourgonnette, choisit donc de faire le chemin à pied. Cela rappelle la discussion qui ouvre le roman, entre la détective et son assistante, mais marcher sous un soleil de plomb, sur des sentiers poussiéreux, avec la constitution qu'on lui connaît (il est écrit qu'elle est "traditionnellement" charpentée...), bref ceci nous donne une superbe et vilaine ampoule au pied ! Ouille.

Pas de grosse enquête, comme d'habitude. Beaucoup de personnages secondaires, d'anecdotes qui viennent se greffer à des petits bouts sans grande consistance. On connaît la recette, c'est simple, efficace, plaisant et reposant. Cette fois, un certain Leungo Molofololo réclame l'assistance de Mma Ramotswe pour démasquer le traître au sein de son équipe de football. Il est le président de la meilleure équipe du pays, mais depuis plusieurs mois leurs résultats sont déplorables, Mr. Molofololo est persuadé qu'on cherche à saboter son travail. Mma Ramotswe devra gagner la confiance des joueurs pour les cuisiner aux petits oignons et mettre à jour la supercherie. (La résolution, ma foi, est fidèle à l'image de la série !!!)

En refermant la dernière page, j'ai le sourire jusqu'aux oreilles. C'était bien, sans grande surprise, mais vraiment bien...

verite_et_feuilles_de_the

10-18 Grands Détectives, 2010 - 256 pages - 7,40€
traduit de l'anglais par Elisabeth Kern

Oui, encore ... c'est un très bon disque ! :)

9 novembre 2009

La promesse de Noël ~ Anne Perry

10-18, coll. grands détectives, 2009 - 185 pages - 10€
traduit de l'anglais par Pascale Haas

la_promesse_de_noelMine de rien, il s'agit du 5ème livre des Petits Crimes de Noël où se retrouvent pour la plupart des hors-série mettant en scène des personnages déjà croisés dans d'autres séries d'Anne Perry. Cette fois, il s'agit du commissaire Runcorn, le supérieur de William Monk. Les fêtes de fin d'année approchent et notre homme est en vacances sur l'île d'Anglesey lorsqu'un crime est commis. Le corps d'une jeune femme, Olivia Costain, est retrouvé sauvagement assassiné dans le cimetière. Elle était la soeur cadette du pasteur du village, c'était une demoiselle charmante et insouciante, qui refusait une par une toutes les demandes en mariage. Serait-ce la raison du crime ? Olivia connaissait son meurtrier, elle a été surprise par lui, ne s'est pas débattue et soudain l'enquête apparaît plus sombre et plus mortifiante pour tous les membres de cette communauté proprette, qui vit recluse sur elle-même. Selon Runcorn, ce n'est pas l'acte d'un fou mais bien la marque d'une haine farouche qu'aurait voué l'un ou l'autre des bons chrétiens d'Anglesey. Sir Alan Faraday est appelé pour résoudre l'affaire, hélas son manque d'expérience n'apaise pas la psychose ambiante. Runcorn, qu'on avait judicieusement mis de côté en le priant de ne pas se mêler des affaires privées de la communauté, est finalement sollicité pour apporter son aide. Et très vite, l'homme va flairer une piste, rencontrer les habitants et discuter tout de go avec eux. Ses questions dérangent et mettent à nu des secrets dont leurs auteurs auraient souhaité ne jamais déterrer. Runcorn n'appartient pas au même monde, celui de la gentry, une vieille connaissance le lui fait bien sentir, mais il a à coeur de boucler ce dossier épineux, surtout depuis qu'une jeune femme veuve, Melisande Ewart, lui a confié tous ses espoirs pour une issue heureuse et diligente.
En fait, je n'ai pas tellement aimé ce livre. A l'image du personnage central (Runcorn), l'ensemble m'est apparu fade, sans flamme et incroyablement mou. Je n'ai même pas frétillé de l'oeil pour suivre l'enquête criminelle, pas été étonnée non plus par l'identité du coupable. L'intrigue sentimentale entre Runcorn et Melisande est un vulgaire détail sans importance. Non, très franchement, je n'ai pas été renversée par cette lecture.
Le roman de l'an dernier, Le secret de Noël, était bien meilleur par exemple !
Néanmoins, c'est un rendez-vous agréable, incontournable pour les lecteurs qui, comme moi, apprécient cette jolie édition à la couverture cartonnée (même si je suis déçue par ce titre, car j'espérais mieux).

> Les autres livres des Petits Crimes de Noël.

 

9 novembre 2009

Une femme sans peur ~ Lee Jackson

10-18, coll. Grands Détectives, 2009 - 380 pages - 8,20€
traduit de l'anglais par Eric Moreau

une_femme_sans_peurSarah Tanner vient s'établir dans un quartier populaire de Londres, à Leather Lane, où elle ouvre son propre café sans faire état de son passé. Une femme célibataire, jolie, en bonne santé, voilà de quoi nourrir les conjonctures de la clique des mégères ! (Et c'est vrai que notre héroïne a bien roulé sa bosse, comme on va le découvrir petit à petit.) Ceci, on l'apprend après les retrouvailles par hasard avec George Phelps, une ancienne connaissance de Sarah, qui hélas est saigné à blanc quelques minutes après, dans une rue près du Dining & Coffee Rooms. Sarah n'est pas sûre d'elle, mais elle pense avoir vu le coupable. Un roussin à la carrure d'une brute épaisse, en clair il ne fait pas bon traîner dans les parages. Sarah se rend donc chez son ancienne protectrice, une tenancière qui répond au nom de Son Altesse, et qui a encore un certain courroux envers Sarah. L'entretien se passe mal, et les ennuis ne font que commencer pour Sarah.
La jeune femme se lance toute seule dans une enquête pour rendre justice à la disparition tragique de son ancien camarade. Ses pas l'entraînent dans les bas-fonds de Londres, dans des bouges répugnants, des maisons closes et des salles de jeux interdites, lesquelles sont fréquentées par le beau monde et la pègre, les ordures et les artistes maudits, des pauvres types désargentés, une noblesse parvenue et la gentry. Sarah Tanner est à l'aise partout, elle se drape dans les plus jolies toilettes ou préfère l'anonymat, elle change de patronyme comme de chemise, mais plus d'une fois elle flirte avec le diable et les dangers ne sont jamais très loin !
Heureusement, elle peut compter sur l'appui de son serveur, le vieux Ralph Grundy, et un ancien soupirant, Arthur DeSalle. Ensemble, ils vont découvrir un fabuleux traquenard dans lequel la cupidité et la duplicité font sacrément bon ménage.
C'est un excellent livre que j'ai pris plaisir à lire d'une traite, une plongée à donner des frissons dans un Londres victorien loin des fastes et du glamour, mais plutôt dans les ruelles sombres et nauséabondes. La crapule n'a pas de nom, et le crime n'a aucune limite. J'ai carrément dévoré les dernières pages tant j'étais abasourdie par ce que je découvrais.
Sarah Tanner est une nouvelle héroïne qui m'est apparue sympathique et attachante, je compte bien lire la suite de ses aventures dans L'Ange de Leather Lane (qui vient de paraître en septembre 09).

 

> le blog de l'auteur : http://catsmeatshop.blogspot.com/

Lee Jackson est un passionné du Londres victorien, décor de ses romans policiers historiques. Après Les secrets de Londres, sélectionné en 2003 pour l'Ellis Peters Historical Dagger Award, il a publié 5 romans dont Le Cadavre du métropolitain, premier tome d'une trilogie conduite par l'inspecteur Webb. Membre de la Crime Writers Association, il anime également un site consacré à l’histoire sociale et culturelle de l'Angleterre victorienne : www.victorianlondon.org

 

 

25 septembre 2009

L'âme détournée ~ R.N. Morris

10/18 Grands Détectives, 2009 - 410 pages - 8,90€
traduit de l'anglais par Bernard Cucchi

lame_detourneeJe sors de cette lecture complètement emballée et conquise par cette première rencontre avec Porphiri Pétrovitch, juge d'instruction à St-Petersbourg. Nous sommes en 1866, soit un an et demi après l'affaire Raskolnikov durant laquelle Pétrovitch a joué un rôle crucial pour mener l'enquête du double meurtre de Crime et Châtiment (de Dostoïevski).
Faut-il être fou ou audacieux pour mettre en scène un personnage tiré d'une oeuvre majeure et le faire évoluer dans une série dont l'ambition n'est nullement de s'inscrire chez les classiques, mais juste de divertir ?
Et si, tout simplement, il s'agissait là de talent, car le résultat est vraiment très, très bon.
Question ambiance, nous sommes servis. La Russie, donc, au milieu du 19° siècle. Nous sommes en plein hiver, il fait extrêmement froid, les rues sont couvertes de neige, les gens meurent de faim, ou dépensent leurs kopecks à boire de la vodka, les pauvres filles se prostituent, le crime crapuleux s'invite donc à la partie.
L'histoire s'ouvre sur la découverte de deux corps, la scène est particulièrement glauque et donne des frissons. Un nain a eu le crâne fracassé par un coup de hache et près de lui le corps d'un homme se balance au bout d'une corde. Ces deux-là se détestaient, il n'y a point d'indices qui impliquent le meurtre, bref la police conclue hâtivement au suicide succédant au remords.
Pétrovitch peste dans sa barbe, selon lui cette affaire est plus vicieuse et porte la signature d'un esprit retors et redoutable d'intelligence. Mais ses supérieurs lui mettent des bâtons dans les roues, le dossier est bouclé, jusqu'à ce qu'un nouvel élément relance l'enquête.
Nous allons encore en souper des bouges infâmes, des personnalités tordues et complexes, des ambitions étouffées, des mensonges et des trahisons, des secrets et de l'âme humaine souillée, bafouée et même déposée chez un prêteur sur gages !
C'est laid, grisâtre, oppressant et morose... mais c'est absolument captivant.
Je me suis surprise à tourner les pages de ce livre, prise au piège de ma propre fascination pour ce décor slave peuplé de personnages attachants, non dénués d'humour pour certains, même si cela reste très en retrait de la ligne principale. Quant à l'intrigue policière, elle m'est apparue parfaitement acceptable, entraînante d'un bout à l'autre pour un final plus ou moins imprévisible (j'avais flairé le coupable !).
Dernière info, l'auteur est anglais et a déjà écrit une nouvelle aventure de Porphiri Pétrovitch, A vengeful longing.

 

 

et un petit extrait pour se mettre dans le bain :

Le samovar gargouillait et sifflait en vibrant. Porphiri Pétrovitch et Anna Alexandrovna s'en détournèrent, comme dans un accès de pudeur. Elle lui désigna un sofa russe, or et marron. Quand il s'assit, une rafale de vent fit trembler les carreaux.
Le salon était tendu de brocatelle bleu pâle agrémentée de dorures sur les moulures rococo. L'air, humide, embaumait des vapeurs de thé. Les panneaux de rideaux de soi du même bleu que les brocatelles tombaient devant les trois grandes baies. La lumière qui filtrait du dehors déposait un reflet crémeux sur la robe sombre d'Anna Alexandrovna. Dans la cheminée de marbre, de courtes flammes, vives, affleuraient timidement sur une montagne de charbons rougeoyants.
- C'est un tel choc ! dit Anna Alexandrovna en regardant par la fenêtre, comme si elle commentait la violence soudaine des éléments. Comment est-ce arrivé ?
- Malheureusement, il semble bien qu'ils aient été assassinés, tous les deux.
- Non !
Elle le regarda, espérant trouver sur son visage une autre réponse.
- On a découvert leurs deux corps dans le parc Pétrovski.
- Le parc Pétrovski ?
Aucun doute : elle avait été troublée lorsqu'il avait mentionné le parc. Mais, déjà, elle surveillait ses réactions. Elle s'écarta un peu de Porphiri en se penchant en arrière. Il l'observait, guettant un signe, elle ne livra cependant plus rien.

 

Publicité
Publicité
2 juillet 2009

La main de gloire ~ Jean Luc Bizien

la_main_de_gloireAyant beaucoup apprécié le volume précédent, La chambre mortuaire, je n'ai pas hésité à lire la suite des aventures de Sarah Englewood, jeune anglaise entrée au service de Simon Bloomberg, un aliéniste qui exerce son métier chez lui, dans sa maison-pyramide de la rue Mazarine, une sorte de cour des miracles, où il accueille ses patients avec lesquels il choisit de discuter pour mieux les guider vers la guérison. Cette méthode, pour l'époque, est absolument révolutionnaire et décriée par ses pairs !

Bref, de récents événements ont bouleversé la vie de Bloomberg (je maintiens le secret pour ceux qui n'ont pas lu le premier tome, car il s'agit d'éléments importants). L'homme est désormais apathique, et seul le dévouement de Sarah lui permet de ne pas sombrer dans une grave dépression. Tandis qu'à Paris l'exposition universelle bat son plein, les services de la Sûreté découvrent en pleine rue une main momifiée puis des cadavres en chaîne. Raoul Mesnard et Léonce Desnoyers sont sur les dents, il faut comprendre vite cet imbroglio macabre et prendre de court la presse. Pour cela, ils sollicitent le jugement éclairé de l'aliéniste Bloomberg, en dépit de sa léthargie consternante. Qui sait ? Un dossier peut en chasser un autre...

Ce deuxième livre confirme les qualités de cette série qui est riche, passionnante, avec des personnages complexes mais au charisme avéré. Il est nécessaire d'avoir lu le précédent roman pour bien comprendre celui-ci, lequel rassemble deux, trois points légèrement frustrants. Tout d'abord, dès les premiers chapitres, la part de documentation sur l'Expo de Paris est énorme, très importante, au risque de paraître trop didactique. L'intrigue policière est, par conséquence, plus en retrait et ne se déploie qu'à mi-parcours. Petite déception aussi de peu retrouver l'ambiance de la cour des miracles, si prenante et fascinante dans le livre précédent. A contrario, on croise des figures peu communes, comme Buffalo Bill, ou le magicien chinois Chung Ling Soo. Ce sont des détails infimes, car je le répète, cette série de JL Bizien est une formidable découverte !   

10/18 Grands Détectives, 2009 - 250 pages - 7,90€

Merci l'auteur ! Et vivement le prochain. ;o)

8 mars 2009

La dernière enquête du chevalier Dupin - Fabrice Bourland

512338EWG_L__SS500_En seulement 116 pages, cet ouvrage est décrit par l'auteur comme un jeu littéraire et un jeu de l'esprit. C'est dans cette optique que je l'envisage, pas autrement ! Peut-on s'imaginer que la mort mystérieuse de Gérard de Nerval allait trouver sa réponse dans ces quelques feuillets ? Avant d'y répondre, j'aimerais que vous repreniez la lecture des Portes du sommeil du même Fabrice Bourland, où l'on découvre ses détectives de l'étrange, Singleton en tête, de passage à Paris pour une autre affaire criminelle, et qui ambitionnait de résoudre le mystère Nerval. Le poète français a été retrouvé pendu à un soupirail, rue de la Vieille-Lanterne, quatre-vingt ans plus tôt. Ses proches amis sont contre l'hypothèse d'un suicide, l'affaire serait plus confidentielle et dépasserait les limites de l'entendement. 
Bon joueur, Bourland a choisi de griffonner un ouvrage à part pour l'énigme Nerval. Très bon choix de créer une mise en scène fidèle et époustouflante ! Pour faire simple, et sans trop dévoiler, on y trouve un bon ami narrateur, Randolph, et un fin limier qui ne compte plus ses exploits, le chevalier Dupin. A Paris, au milieu du 19ème siècle, nos deux compères vont enquêter sur la disparition du poète Nerval. La théorie rapportée est extravagante, mais l'histoire en elle-même est bien troussée, décrivant fidèlement une ville en pleine évolution, avec des personnages qui ne manquent ni de panache ni d'intelligence. On se laisse gagner par l'entrain, totalement transporté par ce voyage dans le temps. Et jusqu'à la dernière page, les révélations ne manquent pas et soulèvent un gentil sourire sur les lèvres du lecteur.
Agréable divertissement, et un joli hommage à la littérature en général (on y trouve, en plus des références, des clins d'oeil culottés mais pertinents). J'ai beaucoup aimé, bien évidemment.

10-18, 2009 - 116 pages - 6,60€

Du même auteur :

2 mars 2009

La chambre mortuaire - Jean Luc Bizien

51PL8DsiRoL__SS500_Paris, 1888. La réputation de Simon Bloomberg est quelque peu traînée dans la boue car ses méthodes d'aliéniste dérangent. Ses confrères colportent les rumeurs les plus folles sur le propriétaire de l'hôtel particulier de la rue Mazarine. Sarah Englewood, jeune sujette britannique échouée en France, vient d'obtenir une place de gouvernante dans ce lieu austère, décoré de bibelots étranges et de trésors archéologiques. On trouve aussi des chimpanzés dans une cage, des couloirs à n'en plus finir, une architecture pyramidale et des employés fantomatiques, tantôt revêches ou teigneux, mais compatissants. Pourquoi ? Un vrai mystère plane sur cette maison, les gouvernantes défilent et le docteur Bloomberg est évasif sur sa femme Elzbiéta, une égyptologue qui brille par son absence.

Un soir, en lisant le journal, Sarah découvre l'affaire de la rue Dauphine - un homme s'est jeté du toit de son immeuble et s'est écrasé sur la voie publique, offrant un spectacle répugnant. Mais elle ignore que le cadavre, amené à la morgue, a mystérieusement disparu en pleine nuit. Cette anomalie fait perdre toute raison scientifique aux enquêteurs, Léonce Desnoyers et Raoul Mesnard, qui ne sont pas au bout de leurs surprises !

Ce roman tient toutes les promesses. En adoptant un ton feuilletonesque, Jean-Luc Bizien a redonné vie à un Paris très 19ème siècle, très coloré et très étrange par instants. Ambiance :

« Paris est un océan de goudron ce soir.
Au coeur des ténèbres, la Seine s'étire paresseusement, reptile ventru à la formidable musculature. En cette morne soirée, Paris ne vit plus, Paris s'est éteint. Quelques épaves, l'esprit engourdi par l'absinthe ou la drogue, hantent encore ses ruelles. Les plus chanceux atteindront leur domicile sans heurts. Les autres tomberont sous les coups des crocheteurs, ou seront happés par les roues d'un fiacre jaillissant de nulle part. Des chiens trop maigres les regardent passer. Leurs yeux chassieux s'interrogent un instant : faudra-t-il disputer le territoire, défendre les déchets trouvés sur les pavés luisants ? Mais déjà les danseurs de l'aube s'éloignent. Leurs pieds lourds battent le pavé. L'écho va s'amenuisant. Le calme et le silence retombent.
L'ombre est de nouveau maîtresse.
»

Le couple Simon Bloomberg et Sarah Englewood offre également un joli cliché, l'homme paraît un peu rustre, on ne sait pas bien où est passée son épouse, et les nuits du docteur sont hantées par des cauchemars qui réveillent toute la maisonnée. Sarah est une jeune femme de toute beauté, curieuse et vive d'esprit. Elle s'émeut avec raison des faits bouleversants qu'elle découvre auprès de Bloomberg mais elle apprend vite, et elle n'est pas cette jouvencelle aux abois qui tomberait dans les pommes à force de côtoyer la cour des miracles de la rue Mazarine !

Un premier tome captivant, le suivant est annoncé pour début juillet.

10-18, 2009 - 430 pages - 8,60€

**********

A l’occasion de la sortie du livre de Jean-Luc Bizien “La chambre mortuaire” les éditions 10/18 ainsi que les sites Zonelivre et Plume libre vous offrent la possibilité de remporter l’un des 10 livres mis en jeu. Pour remporter l’un des dix livres mis en jeu, il vous suffit de répondre aux questions { Infos ici }  avant le 05/03/2009 à 23:59:59 . Une question subsidiaire départagera les gagnants. 

6 février 2009

Miracle à Speedy Motors - Alexander McCall Smith

« Raconter une histoire, comme tout ou presque dans cette vie, était toujours plus facile avec une tasse de thé entre les mains. »

61DjQUPgkUL__SS500_Je quitte le climat islandais, glacial et giflant, pour une destination plus exotique, plus chaude. En route pour le Botswana ! Il est temps de faire connaissance avec la célébrissime Precious Ramotswe, détective privée de son état. Autant dire que j'ai adoré ! C'est une femme pétillante, attachante, une femme intelligente, aimante. Elle est attentive, reçoit toutes les lettres de doléances de ses semblables, qu'elle lit scrupuleusement. Elle ne rechigne jamais à venir en aide, comme cette femme, Mma Sebina, qui recherche sa famille qu'elle ne connaît pas. Elle pense avoir été adoptée, mais sa mère est morte et a soufflé à l'infirmière qu'elle n'avait pas eu le temps d'annoncer une nouvelle très importante à sa fille. C'est comme chercher une aiguille dans une meule de foin ! Allez, une tasse de thé rouge et la journée peut commencer. Celle-ci s'annonce radieuse si Mma Makutsi, son assistante, pousse la porte de l'agence avec un sac de beignets. Mais c'est plus délicat si nous ne sommes pas un vendredi, car cela sous-entend que Mma Makutsi, avec ses grosses lunettes, a des soucis - probablement liés à ses récentes fiançailles. Qui sait ? Mma Makutsi n'est pas une femme commode, il faut du tact et de la patience pour la cerner. Le temps aidant, peut-être notre dame va s'adoucir et se mettre à parler... Mma Ramotswe refuse de s'inquiéter. Il faut dire aussi qu'elle a d'autres ennuis, comme de recevoir des lettres d'insultes dans son courrier pour l'agence. Elle s'en ouvre à son cher Mr J.L.B. Matekoni, qui pense très franchement que la plaisanterie a assez duré et que Mma Ramotswe doit cesser son activité de détective. C'est devenu trop dangereux.

Il faut savourer cette série, elle est reposante, dépaysante aussi. On y trouve, en plus de la douceur, du charme, du doigté, du flegme, de la sagesse. Des personnages hauts en couleurs. Des situations parfois burlesques. Des descriptions sur le décor botswanais, à couper le souffle. Des détails sur la culture africaine. Des réflexions sur les femmes, les vraies héroïnes, celles qui pourraient aider le continent, en pleine évolution, à se relever. Question enquête, il ne faut pas s'attendre à de l'action ni à du rebondissement en pagaille. C'est plutôt calme sur ce plan-là. Après, il faut savoir ce qu'on attend, ce qu'on cherche et ce qu'on espère. Je ne crois pas me tromper en affirmant que la série Mma Ramotswe est un vrai panier de fruits (ça donne la banane, la pêche etc.). C'est simple comme bonjour, et ça vous fait chaud au coeur. Vous allez en boire des litres de thé rouge à suivre ces aventures pleines de sourire ! C'est une série doudou !!! Foncez.

10-18, Coll. Grands Détectives, 2009 - 253 pages - 7,40€
Traduit de l'anglais par Elisabeth Kern

La série Mma Ramotswe comprend :

  • Mma Ramotswe Détective
  • Les larmes de la girage
  • Vague à l'âme au Botswana
  • La vie comme elle va
  • Les mots perdus du Kalahari
  • En charmante compagnie
  • 1 Cobra, 2 Souliers et beaucoup d'ennuis
  • Le bon mari de Zebra Drive
  • Miracle à Speedy Motors

Tous les titres sont disponibles chez 10-18.   

29 décembre 2008

Le secret de Noël - Anne Perry

 

34105318_p

Tradition oblige, Anne Perry nous offre pour les fêtes de noël son conte qui plante à merveille le décor : le village anglais, son ambiance tranquille et perdue de la surface du globe, une pause dans la vie trépidante, une palette intéressante de personnages ordinaires, coincés dans les carcans de l'époque victorienne, et ajoutez à tout ceci un cadavre au dessert ! Vous êtes servis.

Nous suivons ici le couple Corde - Dominic et son épouse Clarice - qui quittent avec plaisir Londres pour Cottisham, afin de remplacer le pasteur Wynter parti en vacances pour quelques semaines. C'est une aubaine pour ce jeune couple rompu à l'autorité de l'évêque et du rythme harassant de la capitale. Dominic et Clarice découvrent le calme de la campagne, font connaissance avec les villageois, hésitent, se questionnent... car des détails chiffonnent de plus en plus la vive épouse. Clarice est intriguée. Le pasteur Wynter était selon tous un homme bon, loyal, confiant. Il connaissait aussi les secrets de tout le monde, et peut-être ceci aurait pu exacerber quelques frustrations ou bouffées colériques. Car l'homme est retrouvé mort. Son départ a été mis en scène. Qui aurait pu commettre un tel crime ? Malgré les recommandations du médecin du village, Clarice va mener l'enquête, épaulée par son mari plus méfiant et circonspect. Le couple risque gros. Et le lecteur s'accroche au paletot de la jeune femme, qui est perspicace, pleine d'esprit et sujette à l'emportement. Nous la suivons dans les rues sans vie de ce village étouffé par la neige, nous sursautons au moindre crissement de pas, ou lorsqu'une silhouette surgit sans prévenir. Pas facile de deviner qui est le coupable, le mystère est tendu. Et les secrets des villageois se dévoilent un par un... de quoi frissonner de plaisir !

10-18 / Grands détectives - 2008, 188 pages. 10€
traduit de l'anglais par Pascale Haas

 

 

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 > >>
Chez Clarabel
Publicité
Newsletter
2023 Reading Challenge
Clarabel has read 8 books toward her goal of 200 books.
hide
Sauveur & fils
Quatre sœurs : Geneviève
Audrey Retrouvée
Le sourire étrange de l'homme poisson
Calpurnia et Travis
L'homme idéal... ou presque
Trop beau pour être vrai
Tout sauf le grand amour
Amours et autres enchantements
Ps I Love You


Clarabel's favorite books »
Publicité