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Chez Clarabel
22 juin 2007

L'amour comme par hasard - Eva Rice

amour_comme_par_hasardAngleterre, 1954. Un après-midi à Londres, Penelope Wallace rencontre Charlotte Ferris à l'arrêt de bus. C'est une vraie tornade, affublée d'un manteau vert. Ni une ni deux, Charlotte convie Penelope à prendre un taxi avec elle pour se rendre chez sa tante Clare avaler thé et scones moelleux, nappés de confiture. Penelope la suit, sans réfléchir. Elle va rencontrer Harry, le fils de la fameuse tante Clare. Le jeune homme est mélancolique, il se morfond d'avoir perdu son amoureuse, une riche américaine du nom de Marina Hamilton, qui vient d'annoncer ses fiançailles avec un prétendant beaucoup plus aisé que le pauvre Harry (qui aspire à devenir magicien). Il n'a pas dit son dernier mot et élabore un plan de prestidigitation pour duper son ancienne petite amie en affichant la candide Penelope à son bras, lors de la réception des fiançailles de la Miss Hamilton ! 

Penelope Wallace, 18 ans, est une rêveuse et une romantique, elle est mordue du chanteur Johnnie Ray, et aime feuilletter les magazines féminins. Elle vit avec sa mère veuve depuis la fin de la guerre et Inigo, son frère passionné de musique pop américaine, dans la grande demeure familiale, Milton Magna, une somptueuse maison qui tombe en ruines car les Wallace sont endettés.   

Grand best-seller dans son pays, le roman de l'anglaise Eva Rice est un monument de lecture romanesque, mais écrit avec beaucoup d'esprit et d'humour. C'est plus enlevé que de la chick-lit, mais je pense que l'histoire de "L'amour comme par hasard" puise dans le même registre : des personnages attachants, une ambiance délicieusement kitsch et des histoires d'amour qui s'amorcent, se brisent avant de se redonner une chance. L'impression de lecture reste revigorante et confondante de félicité. On lit ce livre avec grand plaisir, tel un petit bonheur de lecture sans prétention ! 

Flammarion - 380 pages - Traduit de l'anglais par Martine Leroy-Battistelli. Mars 2007.

  • Si le coeur vous dit de cliquer sur ce lien, vous découvrirez les premières pages du roman en anglais ! ... :)

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21 juin 2007

Les papillons noirs ~ Jean Baptiste Baronian

"Les papillons noirs" donne l'illusion d'un vieux polar des années 50, Bogart vieillissant, un vieil imper défraîchi sur le dos, et dans le rôle de ce privé un peu manqué, Stevens. Le roman s'ouvre sur un rendez-vous avec une ancienne maîtresse, Diane, qui recherche son mari Franck, disparu depuis treize jours. La femme est inquiète, tente de comprendre ce mystère et charge Stevens de mener une enquête discrète. Les deux anciens amants vont ainsi discuter de toutes les éventualités réservées au sort de Franck, ce mari que Diane avouer détester malgré tout. Stevens et Diane vont de bistro en brasserie parler, éluder, se mémorer un temps qui ne sera plus. Tour à tour, Stevens envisage une escapade amoureuse, un kidnapping, une fuite à l'étranger, un décès accidentel... mais Diane réfute chaque proposition. Progressivement la jeune femme apparaît énigmatique, évasive, soupe-au-lait et amère. Elle fume des cigarettes à la menthe, boit du vin et s'emporte contre la foule, les intempéries et le temps qui ne change pas les gens. Bref, "Les papillons noirs" nous baigne dans un temps ancien, une époque surréaliste, nous balade dans les rues de Bruxelles et nous fait suivre un personnage décadent, désabusé et paumé. L'issue du roman est assez surprenante, après un passage qui frôle la fantasmagorie, et accentue son côté sombre et mystérieux. C'est une lecture captivante, au tempo soutenu, avec un côté suspense lancinant. Un agréable moment en perspective.

juin 2004

21 juin 2007

Belle journée ! ...

On fête l'été ! On fête la musique ! Et on fête les 8 ans de la cousine de Miss C. ! Un gros bisous pour elle ***

ridan / Ulysse

Le voeu du jour : Lorsque tu vois une fleur qui s'ouvre, fais un voeu de renouveau.

21 juin 2007

Jeu littéraire autour de Babel minute zéro

Ok, comme vous, je reçois des demandes, des informations, des livres, des annonces, etc. Dans le lot j'ai donc décidé de faire profiter de cette nouvelle  (je n'ai pas encore lu le roman, c'est prévu pour cet été !) :

Jeu littéraire autour de Babel minute zéro, électrisant thriller politique et premier roman de Guy-Philippe Goldstein, à lire pour l’été.babel_minute_zero

Nous aimerions à la fois vous alerter sur cet excellent thriller politique catastrophe plébiscité par le Monde des livres et de nombreux libraires, dont Gérard Collard sur LCI et vous proposer un jeu littéraire consistant à  ECRIRE LA SCENE QUI MANQUE AU LIVRE.

Nous offrirons à l’auteur de la meilleure scène 20 nouveautés Denoël , dont celles de la rentrée littéraire de septembre + d’autres surprises…

Pour toute autre précision rendez-vous sur :
http://www.babelminute0.fr/?p=159#comments

Pour vous inscrire réponse à : julia_o_babel@yahoo.com  (avant le 15 juillet)

http://www.babelminute0.fr

Je n’avais jamais connu la guerre.

Mais elle, elle ne nous avait pas oubliés.

Chargée par la CIA d’une enquête sur un vieillard à moitié fou échoué dans un hôpital berlinois, l’agent secret Julia O’Brien, ex-maîtresse et grand amour éternel du Président des Etats-Unis prépare sa nouvelle mission lorsque s’affiche sur son écran une icône d’alerte signalant des manifestations monstre en Chine : un journaliste démocrate adulé,  Zhu Tianshun, vient d’être assassiné. Un détail dans le flot brûlant de l’actualité internationale ? Sauf que les dirigeants communistes paniquent et envahissent deux îlots appartenant à Taïwan, soudain accusée du meurtre ! Et que, abasourdi par ce coup de bluff dément, le président des Etats-Unis Jack Brighton tente de sauver la paix mondiale au prix de négociations aussi subtiles que honteuses avec Pékin…

Jusqu’à l’étrange tsunami informatique qui vient soudain pervertir les ordinateurs de presque toute la planète et la plonger dans un terrifiant black-out…

Et si c’était la dernière minute de l’humanité ?

Thriller politique d’une actualité électrisante mettant en scène un duel diplomatique entre les Etats-Unis et la Chine, Babel Minute Zéro convoque tous nos fantasmes d’une apocalypse informatique et nucléaire au 21ème siècle : une guerre d’un genre nouveau dont les enjeux kamikazes concoctés dans les coulisses amoureuses et stratégiques des plus grands Etats flirtent avec le pire…

***

20 juin 2007

Des trolls de dents et la bistrouille à Takadoum

A l'âge de 6 ans, les 2/3 des enfants français ont au moins une carie. En 2006, 830.000 bébés sont nés en France. En 2012, les dentistes devront donc soigner au moins 555.333, 33 caries !

trolls_de_dentsCet album débarque de Suède où les trolls de dents font partie intégrante du folklore suédois ! C'est une manière très originale et absolument drôle d'inviter les enfants à se brosser les dents. Avec cette histoire de trolls de dents, ils vont découvrir le métier de ce peuple ancestral qui se loge dans les bouches avides de sucreries et fore, perce, creuse les dents pour gagner leur vie !

Hélas, leurs ennemis sont nombreux : la brosse à dents, le fil dentaire, le dentifrice, l'eau citronnée et les dentistes ! C'est bien connu que l'hygiène dentaire et le lobby des dentistes constituent une menace de plus en plus réelle pour la survie des trolls de dents, mais grâce à la mondialisation des bonbons et à l'apprentissage des langues, les trolls de dents peuvent maintenant être dans toutes les bouches ! De Stockholm à Paris, ils travaillent d'arrache-pied à l'industrialisation et à l'échange des richesses en sucre !

Si d'aventure vous fronciez les sourcils, vous devez vite comprendre une chose : Nina Blychert, l'auteur, donne du piquant à son histoire en prenant à contre-pied les discours didactiques et moralisants auxquels caries et trolls de dents sont associés. La manière est gagnante car cela fait rire les enfants ! Libre à eux d'en tirer les leçons qu'ils veulent, mais soyez rassurés que ce n'est pas négatif ! ...

L'ensemble est bien imaginé, la caricature du troll de dents est abominable mais impossible de détester ! Les illustrations sont jolies, un peu désuètes et décalées. Une découverte vraiment sympathique. 

Trolls de dents, texte et illustrations de Nina Blychet - Editions du Rouergue, coll. Varia - 40 pages. Mai 2007 / 14 euros

moi_je_saisPartons maintenant au village de Takadoum, au coeur de la Médina, pas très loin de la plage. C'est un petit village paisible, qui baigne dans des nappes de brouillard. Cela arrange tout le monde car chacun mène sa vie tranquillement dans son coin, sans embêter le voisin.

Or, l'un des habitants, Anatole, est ennuyé de ne jamais voir le soleil. Il décide de capturer les nuages qui s'envolent vers la plage. Takadoum est dévoilé, de même que l'intimité des uns et des autres n'a plus de secrets pour personne.

Quelle déconfiture ! On se dispute, on se fâche, on s'embrouille.

Anatole est contrarié et aimerait retrouver la tranquillité à Takadoum en espérant le retour des nuages.

Ce livre est une invitation fantasmagorique de l'idiome : Pour vivre heureux, vivons cachés. Ou : Pour vivre ensemble, vivons en toute liberté. La réflexion est subtile car le procédé de Thisou, l'auteur, mêle avec finesse collages en papier de soie et dessins au trait. L'aspect est raffiné, il faut se pencher sur l'ouvrage pour scruter les moindres détails. Et l'humour ne manque pas.

Un album avec beaucoup de charme, plutôt drôle, et qu'il faut lire attentivement.

Moi je sais qui, par Thisou. Editions du Rouergue, coll. Varia - 48 pages - Avril 2003 / 15 euros

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19 juin 2007

Hester Lilly - Elizabeth Taylor

hester_lillyOrpheline depuis peu, Hester Lilly arrive chez son cousin Robert, après avoir échangé une longue correspondance fusionnelle, mettant de côté Muriel, l'épouse de Robert.

Bien entendu, cette dernière accueille la jeune cousine d'un sourire pincé mais ressent un soulagement railleur en voyant Hester à l'allure désinvolte, provocante et absurde. De son côté, Robert est également rassuré du soulagement évident de sa femme, quant à Hester Lilly commence un pénible désenchantement, de plus en plus marqué par la douloureuse relation qui va naître entre elle et la maîtresse de maison.

L'arrivée d'Hester sert avant tout de catapulteur dans ce foyer étriqué d'une bourgade provinciale. La jeune cousine devient la secrétaire de Robert, directeur d'une école, mais s'enfonce dans l'apathie et la maladresse. Elle fera la rencontre de Hugh Baseden, professeur de biologie, personnage hautement nonchalant et engourdi, et d'une vieille femme un peu folle, Miss Despenser.

En fait, tous les personnages se révèlent tous drapés d'une couche pour l'apparence et d'un fond plus trouble et nébuleux. Muriel tente de garder la dragée haute, se pare de ses plus beaux bijoux, cherche à briller en recevant, mais ne parvient pas à endiguer ses sentiments de panique et sa frustration du temps qui passe. Elle se sent supérieure à Hester, plus élégante et sûre de son goût, mais reconnaît une fraîcheur à cette jeune personne qu'elle n'a plus et soupçonne donc Hester d'être amoureuse de Robert !

Celui-ci est un type mou, condescendant et assez rigide dans ses principes. Concevoir qu'il puisse être porté par des élans du coeur est assez surprenant, mais "L'amour est-il l'apanage des esprits brillants ? Il est très terne lui-même et il vaut mieux que deux personnes inintéressantes se marient et tiennent leur insignifiance à l'écart".

L'esprit est cruel chez Elizabeth Taylor, mais sous cette apparence se trouvent également une blessure et un désoeuvrement, car tous les acteurs de cette comédie amère sont finalement en face d'une cruelle réalité : leur solitude, leur impuissance à vaincre les faux-semblants et l'incapacité d'affronter leurs sentiments. Il y a ceux qui sont en couple mais ne s'aiment plus et refusent de l'admettre, et ceux qui tentent d'être un couple, avec incompétence ou étourderie, et balbutient leur affection. Chez tous, la solitude est présente et force à se demander s'il est pire de la vivre seul ou à plusieurs ?

Un roman très bref, sur l'amour qui s'éteint, la confiance qui s'effrite et la perte du couple. Divin !

Traduit de l'anglais par Jacqueline Odin - Payot-Rivages / Mai 2007 - 114 pages - 12 euros

18 juin 2007

Vous plaisantez, monsieur Tanner - Jean Paul Dubois

vous_plaisantezL'envie vous tenaille d'échapper à la morosité, de fuir la grisaille plombante de ce mois de juin qui n'en voit pas le bout d'arriver à la saison de l'été ? ... Lisez donc ce dernier Jean-Paul Dubois, c'est très divertissant, très drôle et passablement grotesque !

Le narrateur vient d'hériter d'une maison familiale et comprend trop tard que ce cadeau providentiel masque le début de l'enfer ! En une succession de chapitres courts, Dubois narre donc ses malheurs de chantier : des ouvriers peu recommandables, des anecdotes allant de mal en pis, avec autant d'humour que de dérision, bref c'est à vous dégoûter sérieusement d'investir dans la pierre et de faire confiance aux artisans et entrepreneurs !

Comme c'est saugrenu, c'est tout bonnement comique. C'est malheureux à dire mais lire qu'un pavillon du parfait pigeon flotte au-dessus de son chantier et invite ainsi tous les loups et requins de la région à pomper l'argent de ce type en manque de veine, hélas oui, c'est drôle !

Mais je pense que le lire une fois suffit, que 200 pages sont honorables et qu'au-delà on frisait la redondance et l'ennui. Le juste dosage ici, donc n'hésitez plus !

Editions de l'Olivier, 2006 - Points 2007 - 200 pages.


A propos de maison et de chantier, je vous propose deux films (de qualités différentes) qui abordent ce thème avec facétie :

maison_du_bonheurLa maison du bonheur, de Dany Boon

Synopsis
Un mari radin décide d'être enfin généreux avec sa femme en lui offrant une maison de campagne. Mais il ne peut pas s'empêcher de faire des économies et choisit donc de faire confiance à un agent immobilier douteux et à des ouvriers foireux qui vont transformer sa surprise en cauchemar. ( Grotesque et décevant, mais servi par d'excellents acteurs !)

un_millionUn million clés en main, de HC Potter

Synopsis : Jim Blandings, sa femme Muriel et leurs deux filles vivent à l'étroit dans leur appartement new-yorkais. Sans demander conseil à leur ami et homme d'affaires Bill Cole, ils achètent une propriété dans le Connecticut. Hélas l'agent immobilier les a escroqués : la maison est une ruine, et les incidents s'enchaînent... ( Mon avis dans les Salles Obscures )

18 juin 2007

Voir les jardins de Babylone ~ Geneviève Brisac

Ce quatrième roman de Geneviève Brisac reprend les mêmes personnages des histoires précédentes : dans "Voir les jardins de Babylone" on retrouve Nouk qui approche de la trentaine, elle est maman d'un bébé (Eugenio) et vit avec Berg. L'histoire de Nouk démarre lorsqu'elle apprend qu'elle fait partie de l'échantillon pour une enquête sur la vie sexuelle des Françaises. D'abord réticente, Nouk va progressivement se confier et raconter ses premières amours, souvent catastrophiques, avortées ou saugrenues. Car Nouk est une ancienne partisan de la révolution, elle a fait Mai 68, adhéré aux groupes féministes, revendiqué des changements radicaux, manifesté, rédigé des tracts etc.. Insidueusement, ses idées sont tout aussi provocantes, anti-bourgeoises: ne jamais déclamer son amour, être dans le doute perpétuel de trouver le bon amoureux, ne pas se marier, tout se dire dans le couple etc. Car au fil de ses aveux, Nouk va introspectivement analyser ses sentiments, sa vie et son amour pour Berg et au fil des chapitres l'amertume va poindre...
Ce roman de Geneviève Brisac est assez amer, pour conclure. Portrait sans complaisance d'une jeune femme, de sa vie amoureuse, de ses loupés, ses manques et ses incertitudes. Car Nouk est compliquée comme sa vie : est-elle une bonne mère, son bébé est-il idiot, Berg est-il l'homme de sa vie. S'ajoutent ses questions sur son implication au sein de son groupe des Adélaïdes, ses amitiés, sa vie alentour, etc. "Voir les jardins de Babylone" est un peu sonneur de cloches. C'est une histoire qui remue les consciences, qui remue les idées fixes et qui révise les idées des années soixante et soixante-dix. Au final, c'est un petit peu décevant même si l'écriture est toujours parfaitement maitrisée, sarcastique, fantasque et critique à souhait. Le texte est joyeusement parsemé de chansons, souvent pas très connues. "Voir les jardins de Babylone" est grinçant mais un peu trop alambiqué. J'ai hâte d'ouvrir "Week-end de chasse à la mère" pour découvrir la suite des aventures de Nouk et d'Eugenio.

juin 2004

18 juin 2007

Jean-Paul Dubois : ce que j'ai bien aimé

kennedy_et_moiSamuel Polaris est un écrivain qui n'écrit plus. Pourquoi ? il doute, mais encore ? Il a quarante-cinq ans, il est marié à une femme orthophoniste, Anna, père de trois enfants. Mais concernant ce petit noyau familial, Samuel se sent étranger, exclu, "locataire dans un hôtel". Sa vision du monde et de la société environnante est cynique, sinistre et dérisoire. Samuel tourne tout en ridicule, son inactivité, l'adultère de sa femme, son rendez-vous râté chez le dentiste...

Et puis, un jour, en tête-à-tête avec son psychothérapeute, Samuel va faire "la rencontre de sa vie" ! Une montre, ayant appartenu au président Kennedy peu avant son assassinat, va réveiller chez cet homme des élans de résurrection ! Car cette montre, finalement, il la lui faut à tout prix !

En ouvrant ce livre, on peut trembler aux premières lignes de la confession de cet homme qui est complètement largué. "Hier, j'ai acheté un revolver" commence l'histoire. Le doute s'installe : l'homme serait-il suicidaire ou assassin prémédité ? Et puis le doute n'est plus permis. Jean-Paul Dubois mène la danse et son lecteur droit au but.

Personnellement j'ai été instantanément sous le charme. Ma soeur pourra dire que c'est "encore un livre de déprime", et pourtant moi j'aime ça ! Pas le glauque, la morosité, etc. Mais la magie du style, la litanie de cet homme perdu, ses mésaventures médicales et cocasses, sa causticité à critiquer le Système. Même si le personnage est fondamentalement antipathique, l'auteur a su l'entourer d'un charisme fou. Samuel Polaris charme, envers et contre tout. Certes, il se regarde trop le nombril, affiche une complaisance affligeante, une indolence répugnante, mais cet homme pense, réfléchit et c'est singulièrement bien dit, bien mûri !

"Kennedy et moi" est un roman fascinant, qui se lit très vite, et qui dresse un portrait non consensuel de l'homme dans sa quarantaine ! Mais l'épouse, Anna, a aussi sa part belle et c'est bien égal !

202 pages / points


tous_les_matins_je_me_lveOn reprend dans ce roman de JP Dubois le personnage de l'écrivain dilettante dans son quotidien excentrique au coeur de sa maison, bâtie de ses propres mains, et de sa famille, son épouse Anna et leurs trois enfants. Si vous avez déjà lu "Kennedy et moi", vous aurez un certain goût de déjà-vu avec "Tous les matins je me lève". Et pourtant ce roman est paru huit ans avant l'autre !

Mais les personnages ne sont pas totalement les mêmes; ici l'écrivain s'appelle Paul Ackerman. Il est sur le point de boucler son huitième roman, mais au commencement de cette histoire Ackerman est victime d'un accident de voiture. Dans la pagaille, il perd sa voiture chérie, une Karmann cabriolet. Et c'est ainsi qu'il devient propriétaire, presque dans la foulée, de l'anglaise Triumph, qui vrombit et freine capricieusement.

En fait, dans "Tous les matins je me lève" Jean-Paul Dubois nous fait l'exploit de raconter les aventures d'un type totalement ordinaire : il ne se passe rien de sensationnel chez lui ! Les quelques épisodes autour d'un ou deux camarades semblent davantage agrémenter l'étoffe du roman plutôt que l'enjôliver. Ces quelques croquis sont proches de l'accessoire ! Et pourtant j'ai du mal à en vouloir à l'auteur car je me suis une nouvelle fois passionnée pour cette histoire banale d'un type quelconque. Son style me fascine et me charme littéralement.

Et puis Dubois possède aussi un certain humour ironique dans sa façon de voir les adolescents, les assureurs, les groupies blondes et les chameaux ! Il laisse voguer en toute allégresse son imagination farfelue, essentiellement dans les rêves d'Ackerman (qui devient champion de rugby ou de golf, ou parvient à voler) ! Un bon roman à découvrir.

212 pages / points


poissonsEn personnage central, Zimmerman est un type paumé, du genre quelconque et à la vie monotone (encore et toujours !). Il est journaliste aux pages sportives, spécialiste de la boxe. Il a trente ans, il vit seul, sa mère est morte dix ans auparavant et son père a disparu dans la foulée. Il entretient une relation acrobatique avec une collègue, Rose. Mais rien ne semble l'ancrer davantage dans cette existence routinière. Jusqu'au jour où il se fait aggresser par un inconnu, qu'un colosse vient tambouriner à sa porte chaque soir, vociférant son nom et l'ordre d'ouvrir sur le champ. Ce "monstre" semble surgir du passé, comme pour rendre des comptes. Il faut en finir, pour Zimmerman. Il faut tuer le passé !

"Les poissons me regardent" met toujours en scène un héros ordinaire décalé et dépressif, en agonie avec la vie quotidienne. Le roman est toutefois plus amer et plus glauque, les retrouvailles de Zimmerman avec son passé sont teintées de compétitions de boxe, de courses hippiques et de beuveries gerbantes qui se concluent dans des taxis. Pour le coup, c'est un peu écoeurant. Mais Dubois ne sature pas, c'est impressionnant. Ce roman bref se conclue à l'arraché et les aventures de Zimmerman peuvent mettre k-o, pourtant ça se boit comme du petit lait !

192 pages / points


une_ann_e_sous_silencePaul Miller, quarante ans, était marié à Anna jusqu'à l'incendie volontaire de leur maison, provoqué par cette épouse silencieuse et pleine d'acrimonie. Loin d'éprouver chagrin ou remords, Paul va vivre dans un petit appartement où il y rencontre des voisins détonnants : les soeurs Niemi, un vieux médecin solitaire et un prêtre lubrique. Il exerce aussi des petits boulots (distribuer des journaux ou tondre des pelouses). En bref, la vie de cet homme est des plus sordides, lamentables mais drôle !

Face à tant de débandade et de dérision, Paul ne se démonte jamais et livre au lecteur ses pensées les plus abracadabrantes. D'Anna, il reconnaît qu'elle était "une folle" qui a bousillé son semblant de vie. De ses fils, ce sont tour à tour des anguilles, des blattes et des orphelins !

Paul est insensible, cynique et tourmente ses voisins (un peu). Son machiavélisme avec le prêtre Joseph Winogradov est une ingéniosité en rouerie et perversité. Personnellement, j'en ris ! Pour le reste, on peut reprocher à l'histoire d'être glauque et plombante. Pourtant, j'aimerais qu'on fasse le tri dans le portrait de cet homme : ses fantasmes, ses obsessions ou sa vengeance sur "la folle" révèlent un personnage sarcastique et débonnaire, conscient de ses faiblesses, inapte d'accomplir le moindre mal.

"Je suis fatigué de toutes ses luttes improductives. Je ne possède pas la fureur et les vertus d'Anna. Je ne vais pas au bout des choses. Je n'aurais jamais été capable d'être bourreau. Je peux tourmenter une âme, je suis incapable de couper une tête." Toutefois, il réussira à garder le silence, jusqu'au bout ! Prêt à rendre chèvre son psychiatre, ses voisins ou ses fils. Paul se régale, seul, dans sa tête, même la toute dernière phrase tire le sourire. Voilà pourquoi j'ai pas mal aimé ce roman !

183 pages / points


je_pense_a_autre_chosePaul Klein se trouve à Jérusalem, interné dans un hôpital psychiatrique. Comment, pourquoi ? Ses confidences sur papier vont ouvrir la porte à un secret de famille. Paul se croit l'otage de son frère jumeau, Simon. Jusqu'alors, la vie de Paul était limpide, chaotique, mais simple. Il a été marié à Anna, le couple a eu deux enfants, il était spécialiste en météorologie, menait une petite vie idyllique près de Toulouse. Puis il est parti à la conquête de Montréal, aux trousses d'une chasseuse d'ouragans. D'un autre côté, Simon, son frère, semble l'avoir toujours jalousé, du moins lui a toujours reproché d'avoir renié ses origines juives. La brouille entre les jumeaux va durer des années, aidée par l'exil de Simon à Jérusalem, pour un même internement.
Alors ?.. Que s'est-il passé dans l'existence de Paul Klein pour être tombé si bas ?

Autour du personnage de Paul Klein, on s'attache à une kyrielle de caractères secondaires, qui sont autant d'éléments nécessaires au portrait du héros et de son histoire ! La relation entre Paul et son frère, ou Paul et les deux femmes de sa vie, et même Paul et son beau-père, est à chaque fois maîtrisée, aiguisée, jamais tirée à gros traits, tantôt cynique, cruelle ou malicieuse. Dubois est au plus juste ! Poilant, honnête, touchant et captivant !

Dans "Je pense à autre chose", on retrouve (pour ma part) du bon, du vrai, du grand Jean-Paul Dubois ! Celui que j'ai aimé dans des romans comme "Kennedy et moi". Une nouvelle fois l'auteur s'attache à la formule payante de chapitres courts et incisifs, et à une saga familiale teintée de suspense et d'humour. C'est tout bon, j'ai dévoré !

265 pages / points

  • A suivre : Vous plaisantez, monsieur Tanner

18 juin 2007

Jean-Paul Dubois : ce que je n'aime pas

prends_soin_de_moiDans un couloir de maternité, Paul Osterman se prend à la tête à réfléchir sur le sens de sa vie et, notamment, sur sa présence en ces lieux. L'homme est un terrorisé de naissance, sujet à l'hypocondrie depuis le décès brutal de son père, et paralysé par l'engagement.

Il faut dire aussi que ses liaisons sont désopilantes. Deux femmes sont donc l'objet de ses souvenirs : Julia de Quincey et Rebecca Crown. Elles sont toutes deux autoritaires, exigeantes et intransigeantes, elles ont également en commun de saboter le moral de Paul Osterman, de le réduire en charpie, pauvre petite chose abusée sexuellement et émotionnellement par le dogmatisme de ces maîtresses.

Evidemment, il est difficile de s'apitoyer sur le sort de cet homme qui, à l'approche de la quarantaine, voit défiler sa vie avec une passivité affligeante ! Il est donc impossible de s'attacher à ce panel de personnages, c'est terriblement désolant.

Etant une inconditionnelle de Jean-Paul Dubois, appréciant son univers et ses talents de romancier, j'éprouve toute l'objectivité permise pour afficher un dégoût pour ce livre. Plus j'avançais dans ma lecture, et plus j'étais effarée du renoncement qui s'opérait en moi. Non, "Prends soin de moi" ne figurera pas parmi mes lectures préférées... loin de là !

Robert Laffont, 1993 - 210 pages - Points


parfois_je_ris_tout_seulPrésentation de l'éditeur
Un électricien victime de fous rires intempestifs perd son travail. Une femme renonce à son fantasme d'amant viril et charbonneux de peur de salir son tailleur beige. Un écrivain brise en mille morceaux, à la fin de chaque livre, le siège sur lequel il l'a écrit...

Avec ce livre-ci, j'ai carrément failli abandonner ma lecture ! La faute est que j'ignorais qu'il s'agissait, en fait, de chroniques écrites en 150 pages (une page pour chaque, grosso modo).

Dans ce livre, je n'ai pas du tout retrouvé l'esprit ni le style de Dubois. J'ai même parfois trouvé qu'on penchait dangereusement dans le vulgaire !

Il est vite temps de passer à autre chose pour oublier cette erreur de parcours !

Robert Laffont, 1992 - 150 pages - Points.


la_vie_me_fait_peur"La vie me fait peur" remplit les mêmes lignes de contrat qu'un bon roman populaire, où l'on suit la saga de la famille Siegelman. Des pionniers en matière de caravaning et tondeuses ! Cette histoire, donc, se passe essentiellement lors du vol France - Miami où est confiné Paul, quadragénaire fraîchement licencié par sa propre épouse ! Ce voyage, en fait, il l'entreprend un peu pour se blottir "sous les jupes" de son père, exilé dans le Sud des Etats-Unis pour une retraite dorée. Histoire de se plaindre d'une telle traitrise, de la débâcle de l'entreprise familiale, d'un égarement d'un homme paumé, largué par la vie depuis de nombreuses décennies !

Au fil des chapitres, un peu comme le décompte des heures, de l'avion qui glisse dans le ciel au-dessus des contrées américaines, Paul fait un bilan de vie guère potable, souvent teinté du souvenir ému d'une mère exceptionnelle et d'un père exubérant et follement dynamique. Son adolescence, sa crise de la vingtaine, son mariage avec Vivien, ses tentatives professionnelles... Paul ne tente jamais de sauver sa peau, il se livre à nu. Toutefois, en tant que lectrice passionnée par l'écrivain Dubois, j'avoue que cette contemplation d'un homme ordinaire, en guerre avec lui-même, est lassante et complaisante. Je ne m'y suis pas sentie embarquée, un peu touchée, mais les longs exposés autour de l'industrie de la tondeuse ont fini de me laisser sur le bas côté !...

236 pages / points


si_ce_livre_pouvait_me_rapprocher_de_toiUn homme de quarante-six ans, Paul Peremulter, vient de divorcer et décide de quitter la ville de Toulouse pour un périple aux Etats-Unis qui le conduira depuis le sud jusqu'au nord du pays, dans les bois québecois, sur les traces de son père, porté disparu en plein lac, il y a des années. Depuis Miami à La Tuque (Québec), le parcours de cet homme est cocasse, humble et fouille des sentiments profondément ancrés depuis la perte de ce père, Fulbert. Car bien sûr, Paul va recevoir un bien étrange héritage de cet homme que, finalement, son entourage connaissait très peu !

"Si ce livre pouvait me rapprocher de toi" emprunte des nouveaux sentiers et semble inscrire l'auteur comme un "écrivain américain". L'amour des espaces immenses, des bois, des lacs, de la pêche... J'ai, pour ma part, éprouvé moins d'attrait pour l'itinéraire de ce quadragénaire. Il décide un matin de "changer de vie" mais c'est monotone. Sauf pour les amoureux des histoires "naturelles".
Quand un fils part sur les pas de son père, il s'aventure à ouvrir des boîtes de Pandore. La boucle sera-t-elle bouclée en bout de parcours ? On lui souhaite, du moins je m'attendais à davantage de recherches cyniques, d'humour et de dérision, propres au style de l'auteur. Mais c'est clair que ce roman est complètement différent des autres, mais moi je n'y suis pas sensible.

210 pages / points

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