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Chez Clarabel
27 avril 2017

Flora Banks, de Emily Barr

Flora BanksFlora a dix-sept ans et souffre d'une amnésie antérograde. À l'âge de dix ans, Flora a été soignée pour une tumeur au cerveau, ayant aussi entraîné une altération de sa mémoire. Depuis, Flora n'est plus capable d'enregistrer ses nouveaux acquis. Tout s'efface au bout de deux heures. Pour ne pas perdre pied, Flora note tout dans son carnet de bord, colle des pense-bêtes partout dans la maison, écrit sur sa peau ce qu'elle doit se souvenir dans l'immédiat. Sa vie défile ainsi dans un brouillard qui ne se dissipe jamais, mais ses parents cherchent au mieux à la protéger. Seulement, le jour où ils apprennent que Jacob, son frère, est gravement malade à Paris, ils plient aussitôt bagage pour le retrouver, confiant leur fille aux bons soins de sa meilleure amie Paige, mais ignorent que les filles viennent de se fâcher à cause d'un garçon, et qu'ils abandonnent Flora à son triste sort. Seule, désœuvrée, paumée. Et pourtant, Flora est regonflée à bloc. Pour la première fois de sa vie, la jeune fille a enfin un souvenir - celui de son baiser échangé avec Drake, le petit copain de Paige, d'où la dispute. Et parce qu'elle n'envisage pas d'être loin de lui, Flora décide de le rejoindre au Spitzberg, une île isolée au large de la Norvège, où le garçon suit un programme d'études et se languit d'elle par mail. C'est aussi à ce moment de l'histoire que j'ai complètement décroché. Jusqu'alors, je me sentais en très bonne disposition - curieuse, émue, intriguée par les mimiques de Flora, à la découverte de son monde, évoluant dans sa bulle, farouchement décidée à avancer, prête à briser sa coquille et parcourir le monde. Quelle prouesse, quelle volonté chez une si jeune personne, soudain propulsée hors de son univers familier. C'en serait presque impressionnant, si ce n'était aussi peu vraisemblable. Et c'est justement cette absence de probabilité qui m'a rendue sceptique, entre le départ précipité des parents, le flou autour du frère, le fait de laisser Flora sur le carreau, j'ai été sincèrement choquée. Flora Banks est toutefois une héroïne attachante, on ressent au plus près ses émotions et sa détresse, on partage ses doutes et ses espoirs, on compatit aussi en découvrant toute son histoire. Son parcours est certes bouleversant et perturbant, mais débordant de sensibilité et de tendresse... Au-delà du vaste embrouillamini incohérent, la lecture est malgré tout poétique et charmante. Plaisante à découvrir.

Casterman, 2017 -Trad. Julie Sibony {The One Memory of Flora Banks}

 

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8 avril 2017

Stabat Murder, de Sylvie Allouche

Stabat MurderMia, Matthis, Sacha et Valentin sont de jeunes pianistes virtuoses, étudiants au Conservatoire de Paris, où ils préparent avec assiduité le même concours susceptible de bouleverser leur avenir. Aussi, nul ne comprend pourquoi tous les quatre ont mystérieusement disparu quelques jours avant la date fatidique. Les familles paniquées défilent au commissariat du coin, rencontrant Clara Di Lazio, une enquêtrice réputée pour sa pugnacité et son zèle à tout crin. L'histoire a ceci de formidable qu'elle nous propose une construction habilement tressée autour de l'investigation conduite par Clara et ses collègues, tout en glissant des indices sur le calvaire vécu par les adolescents. On découvre en effet ces derniers cloîtrés dans un cube, plongés dans le noir, à la merci de leur geôlier dont on ignore l'identité et la motivation. La mise en scène est simple, mais redoutable. On se surprend alors à avaler les pages du livre à une vitesse folle tant le rythme est insoutenable, et notre besoin de savoir également attisé. J'ai trouvé la recette très bonne, très efficace. Ce sont ainsi 300 pages qui s'envolent et nous électrisent selon un tempo qui va crescendo. Suspense, rebondissements, non-dits, passion et drames intimes alimentent copieusement cette intrigue rondement ficelée. Haletant !

Syros, 2017

 

21 mars 2017

J'étais là, de Gayle Forman

jetais laSous le choc du suicide de sa meilleure amie, Cody accepte de rendre service à ses parents en se rendant près de Seattle, où leur fille menait sa vie d'étudiante, pour y rassembler ses affaires et quelques indices. Rien n'indiquait que Meg était au bord du précipice. Pour Cody, pointe aussi la douleur de l'incompréhension et du rejet. Les deux amies avaient certes emprunté des chemins différents, mais avaient pour elles des années d'une complicité indiscutable. Le choix de Meg a pris tout le monde au dépourvu, en plus de renvoyer chacun à une prise de conscience.

Sur place, à Tacoma, Meg se glisse dans la vie de Meg, rencontre ses colocataires, découvre une facette de son amie qu'elle ne soupçonnait pas, croise aussi le garçon qui lui aurait brisé le cœur. Cody épingle ce Ben McAllister sans détour, il est responsable de la mort de Meg, il s'est servi d'elle, c'est un pauvre type, etc. Mais Ben se défend et rétorque qu'elle ignorait totalement qui était Meg. À force de fouiller sur une piste de plus en plus froide, Cody parvient à rassembler des faits nouveaux, mais glaçants et déstabilisants. En même temps, elle réalise combien sa propre vie est elle aussi insipide et gâchée par son manque d'ambition ou sa vieille trouille d'affronter l'inconnu.

Un roman solennel, qui aborde le suicide avec justesse et sans pathos, tout en s'attachant à tirer le portrait d'adolescentes secrètes et brisées. Gayle Forman réserve un traitement sensible et pudique au marasme émotionnel que vit l'entourage de la personne disparue, entre le traumatisme, le sentiment de trahison et l'éternelle incompréhension qui foudroie les parents, les amis... C'est une lecture hyper touchante, assez triste et obsédante. Car le chemin du deuil et du contrecoup est long, compliqué et pénible. Un livre à aborder dans les écoles, en famille, entre amis, pour ne plus diaboliser ce sujet préoccupant et pour mieux l'envisager sous toutes les coutures. 

Livre de Poche Jeunesse - Trad. Luc Rigoureau pour Hachette éditions - 2016

14 mars 2017

Atlantia, d'Ally Condie

Atlantia FolioSœurs jumelles, Rio et Bay vivent dans la cité sous-marine d'Atlantia, créée exprès pour préserver l'espèce humaine de l'air pollué à la surface de la terre. Chaque année, une cérémonie invite les jeunes gens à prêter allégeance ou exprimer leur désir de rejoindre le monde d'En Haut. Une envie qui n'a jamais quitté Rio, qui se sent à l'étroit à Atlantia, mais qui a promis à sa sœur de n'en rien faire pour ne pas l'abandonner. C'est pourquoi le choc est grand à l'annonce du départ de celle-ci. Ne comprenant pas pourquoi Bay a agi dans le secret, Rio entreprend de mener son enquête, tout en cherchant le moyen de partir à son tour. Mais Rio doit veiller à préserver son identité de sirène - sa vie serait en danger - et ne se résout pas à contacter sa tante Sea, seule sirène officielle, pour obtenir des réponses à ses nombreuses questions. Car, peut-on réellement lui faire confiance ? Rio la suspecte d'être responsable de la mort de sa mère, alors ministre d'Atlantia, dont on a retrouvé le corps sans vie, dans des circonstances douteuses. Les filles ont fait profil bas par prudence, mais vraisemblablement leur famille avait le culte du non-dit, car Rio va aller de surprise en surprise, à sa plus grande déconvenue.

J'ai beaucoup aimé la mise en place de l'histoire, l'ambiance et le décor aquatique, la mythologie des sirènes, les enjeux d'une vie en autarcie, ses limites et ses dangers. Ce sont globalement les mêmes grandes lignes propres aux romans dystopiques, mais avec toute la délicatesse dont sait faire preuve Ally Condie (cf. sa série Promise). L'auteur parvient à créer une atmosphère unique, pleine de charme et de mystère, avec une trame romanesque délicate, qui inspire une certaine évanescence. C'est écrit avec tact, intelligence et sensibilité. On embarque sans difficulté dans l'histoire de Rio pour vivre en sa compagnie une aventure fabuleuse et surprenante. Autre point appréciable, c'est un livre autonome, qui déroule son fil en 400 pages, sans point de suspension. On prend, on goûte et on est pleinement rassasié ! Un livre qui se suffit à lui-même, pour une lecture agréable et riche en évasion. 

Gallimard Jeunesse - Coll. Pôle Fiction - Trad. Vanessa Rubio-Barreau - 2016

 

Atlantia

14 mars 2017

Indésirable, de Sophie Jordan

indesirable

Davy Hamilton avait tout pour être heureuse - une famille aimante, des amis formidables, un petit copain merveilleux, des études brillantes et un avenir tout tracé. Mais cette vie de rêve a basculé le jour où son test ADN a révélé qu'elle était porteuse du STM (le gène du tueur). Son monde s'est alors effondré. Sa famille, héberluée, assiste avec impuissance à sa disgrâce et au conditionnement de la jeune fille dans un programme strict et rigoureux tenu par l'Agence Wainwright. Fichée, privée de ses libertés, Davy a beaucoup de mal à accepter son triste sort. Ses amis lui ont tous tourné le dos, son père la considère comme une pestiférée. Déboussolée, Davy prend conscience qu'elle doit apprendre à se débrouiller et à s'appuyer sur elle-même. Étre porteuse du STM, c'est aussi se résigner à une existence de solitude et de défiance.

Suite à de nouvelles mesures gouvernementales, Davy est envoyée dans un camp d'entraînement afin d'adapter son statut de proscrite à un avenir meilleur. Forte de cette promesse, la jeune fille débarque à Mount Haven où elle retrouve Gil et Sean, ses camarades de la Cage (une classe pour les asociaux supervisée par un prof pervers). La désillusion, de nouveau, est grande quand elle réalise la discipline militaire et les exercices brutaux auxquels elle est confrontée. Contre toute attente, Sean risque souvent sa peau pour la protéger - une attitude inattendue de la part de ce bad boy qui lui tenait jusqu'alors des discours de mise en garde et de distance émotionnelle. 

L'histoire ne va pourtant jamais s'attarder à romancer tout rapprochement entre les jeunes gens. Elle effleure juste l'idée d'un trouble sentimental, ce qui est d'ailleurs assez étonnant de la part de Sophie Jordan, coutumière des flambées sensuelles et autres séquences qui procurent quelques papillons dans le ventre (cf. sa série Lueur de Feu). Cela démontre aussi l'étendue de son talent, sa capacité à nous embarquer dans son monde et à raconter une histoire qui joue sur de nouvelles sensations. C'est tout aussi efficace ! Car je n'ai clairement pas vu le temps passer et j'ai enfilé les pages à une vitesse éclair. J'étais totalement imprégnée du mystère et du suspense qui entourent l'héroïne. Son parcours est tâtonnant, ponctué de déceptions, de mauvaises surprises et de doutes. On partage aisément ses malheurs, on ressent les mêmes confusions et on subit les mêmes déconvenues. 

La lecture est donc passionnante et riche en rebondissements. L'histoire nous abandonne d'ailleurs en pleine chute libre, l'héroïne est à la croisée des chemins, l'horizon aussi vaste et nébuleux qu'on l'imagine ! Heureusement, la suite (et fin) est déjà disponible : Déchaînée

AdA Éditions - Trad. Karine Gaudette-Prud'Homme [Uninvited] - 2016

“Depuis que tout cela m'est arrivé il est le seul à avoir été là pour moi. Celui qui me donne l'impression d'être une personne. Pas un paria. Pas un monstre dans le noir. Il ne m'a jamais dit ce que j'étais. Il m'a juste assurée que je ne suis pas la personne que je ne veux pas être.”

 

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13 mars 2017

Le baiser de la déesse, d'Aprilynne Pike

Le baiser de la deesseUnique survivante d'un accident d'avion, dans lequel elle a perdu ses parents, Tavia vit désormais chez son oncle Jay et sa tante Reese, qu'elle n'avait jamais rencontrés jusqu'à présent. Fragile et déboussolée, Tavia consulte régulièrement une psy pour évacuer ses cauchemars et son traumatisme. C'est en quittant l'une de ses séances que la jeune fille croise sur sa route un beau jeune homme, portant un gilet, une longue veste et un haut-de-forme comme au 18e siècle. Tavia est ensorcelée et a l'étrange sensation de l'avoir déjà vu. Cette nuit-là, incapable de dormir, elle le retrouve dans le jardin de son oncle, désireux d'entrer en contact avec elle.

Entre nous, c'est carrément flippant... mais Tavia ne réfléchit plus et suit son instinct en allant au-devant de cet inconnu. Le type prétend s'appeler Avery Quinn et lui donne rendez-vous à Camden si elle souhaite en savoir plus sur son compte. Brrr... Comme c'est bizarre et impensable ! Heureusement, Tavia met dans la confidence son meilleur pote, Benson, qui décide de la soutenir et de l'accompagner dans ses recherches pour percer la vérité, car c'est tout un pan caché de son histoire, de son enfance et de son identité qu'elle va découvrir. Comme comprendre pourquoi elle est obsédée par le Labello, notamment. ^-^

L'histoire ne nous épargne donc pas les détails incongrus et l'amoncellement de clichés trop courus dans ce type de livres (le garçon à la beauté rayonnante, le coup de foudre instantané, l'ami de longue date qui avoue son béguin caché, les secrets de famille, et j'en passe). Sur le coup, j'ai fait la grimace. Trop, trop, trop. Le fond n'est pourtant pas si mal et propose un judicieux cocktail de mystère, d'action et d'émotion. Dommage que cela pêche en maturité et en rigueur. Une lecture globalement distrayante et légère, mais trop sommaire pour intriguer un amateur du genre. 

PKJ - Trad. Cécile Chartres [Earthbound] - 2017

10 février 2017

Alive, de Scott Sigler

Alive« J'ouvre les yeux dans le noir. Le noir total. J'entends ma propre respiration, mais rien d'autre. Je soulève la tête – elle bute sur une surface solide, qui ne bouge pas d'un pouce. Il y a un mur juste devant mon visage. Non, pas un mur... un couvercle. »

Pensant fêter leur douzième anniversaire, cinq jeunes gens se réveillent dans un semblant de sarcophage dont ils s'extirpent avec peine pour découvrir avec stupeur qu'ils ne sont plus de simples adolescents, qu'ils ont oublié leur nom et qu'ils ne savent absolument pas où ils se trouvent. Em prend aussitôt la tête du groupe et les entraîne dans un dédale inconnu et effrayant, plongé dans le noir et parmi des couches d'ossements. En chemin, ils croisent une autre tribu de jeunes égarés, confrontés aux mêmes questions, et décident de liguer leurs maigres forces après des tractations houleuses.

L'auteur a indiqué en postface la consigne de dévoiler le moins possible d'éléments ou de révélations sur l'intrigue, pour privilégier l'effet de surprise chez le futur lecteur. Une recommandation judicieuse, qui m'a d'ailleurs valu de plonger tout de go dans ce livre et d'avaler son contenu en une goulée, car je ne savais vraiment pas dans quoi je m'embarquais. Dès les premières pages, j'ai été cueillie par l'ambiance oppressante, le pourquoi de ces jeunes coincés dans un lieu dont on ne devine rien et où il se passe vraiment des choses bizarres et terrifiantes. Le fond n'est sans doute pas révolutionnaire, mais ça vaut le coup de se perdre quelques heures entre les pages de ce gros bouquin de 460 pages. Il est calibré exprès pour piquer le lecteur - rythme rapide et percutant, contexte flou et inquiétant, mystère entier et dénouement renversant. C'est assez radical. Par contre, légère déception concernant les personnages. Le groupe est cohérent, mais les personnalités individuelles sont fades et manquent d'étoffe (Em est obnubilée par son poste de chef, mais s'embrouille aussi avec deux garçons qui lui font à tour de rôle tourner la tête). C'est parfaitement inutile et superficiel. L'auteur aurait pu largement s'en abstenir et se concentrer sur de l'action pure et dure tant le format global nous absorbe dans son labyrinthe d'angoisse. Une lecture étonnante, vraiment flippante et qui captive d'entrée de jeu. Bonne pioche.

Traduit par Mathilde Montier pour les éditions Lumen - Février 2016

6 février 2017

Tu ne sais rien de l'amour, de Mikaël Ollivier

tu ne sais rien de lamour

“On n'échappe pas aux souvenirs, à moins de devenir amnésique. On marche au présent, vers le futur, mais toujours en traînant derrière soi le boulet du passé, comme un bagnard.”
Nicolas et Malina s'aiment depuis l'enfance. Voisins, ils ont grandi sous l'œil attendri des adultes qui les traitaient d'amoureux ou de fiancés. Pour la jeune fille, il ne faisait aucun doute que leur histoire était inscrite pour durer toujours. Seulement, à l'adolescence, Nicolas apprend la maladie de son père et réalise qu'il ne connaît rien de celui-ci. Il découvre aussi que sa mère fait ses propres cachotteries. Et cette idée d'une famille qui ment, qui masque la vérité et qui trompe les apparences, lui est tout simplement inconcevable. Lui est idéaliste ou veut se rassurer dans l'image d'une famille soudée. Quand toutes ses convictions tombent à l'eau, le garçon aussi remet en question son attachement pour Malina. Ils ne sont plus des enfants, et leur chemin a vraisemblablement emprunté des directions opposées. Au nom de quoi doivent-ils continuer de jouer leur comédie ?
Nicolas est un môme en colère, mais trouillard. Même s'il a conscience de ne plus rien maîtriser, il n'ose pas se libérer du poids des non-dits. Comment avouer à son amoureuse que leurs sentiments sont fanés ? comment regarder son père dans les yeux et lui annoncer qu'il ne reprendra jamais la boulangerie familiale ? comment accepter les compromis de sa mère et ne pas lui en vouloir de sa duperie ?
Le roman se lit en une goulée, il nous emporte et nous touche par sa pudeur, sa sincérité, son émotion à fleur de peau. Il évoque la famille, l'amour, la complexité de grandir, la confusion des sentiments, les silences et l'incompréhension. Un roman intimiste et bouleversant.
Très émouvant.

Éditions Thierry Magnier, 2016

2 février 2017

Soul Breakers, de Christophe Lambert

soul breakers

Touchée par la crise économique, la famille Gentliz a rassemblé ses maigres biens pour rejoindre la Californie et démarrer une nouvelle vie. Alors qu'ils campent en plein désert de l'Arizona, Teddy et sa petite sœur Amy sont fascinés par l'arrivée du cirque, sachant pourtant qu'ils n'auront pas le droit d'assister au spectacle car ils sont fauchés. Ils se débrouillent pourtant pour décrocher des billets gratuits et en prennent plein les yeux devant les numéros de la diseuse de bonne aventure ou celui des marionnettes.
Et puis, tout dérape. Le maestro de la troupe, un certain Sirius Huntington, autrement dit l'homme en noir, va jeter un sort sur la fillette de six ans. Après quoi, Amy n'est plus que l'ombre d'elle-même, plongée dans un état catatonique, muette et amorphe. Teddy assure à son père que c'est la faute des forains, qu'ils ont volé l'âme de sa sœur et qu'il doit désormais les pourchasser s'ils veulent sauver l'enfant.
Avec son petit baluchon sous le bras, l'adolescent de quinze ans s'aventure courageusement sur les routes américaines et fait une première halte à Grover's Mills pour travailler dans les mines à cuivre. Là, il rencontre un aspirant écrivain sans le sou, Duca Moreno, qu'il ne va plus quitter de tout le voyage ! Ensemble, ils vont affronter bien des épreuves et des ennemis, tous envoyés par le mystérieux homme en noir.
Ils croiseront aussi un groupe de femmes esseulées, le Club des cœurs solitaires, parmi lesquelles la douce Mary Jane, une jolie muette qui s'exprime en griffonnant son carnet, et qui tape dans l'œil du garçon. Souvent confrontés à l'hostilité des habitants, comme à Coppertown, une petite ville repliée autour de son église et du révérend, ils progressent au gré du hasard, non sans une certaine défiance, déjouant les pièges in extremis, mais pas l'hôpital psychiatrique, dans lequel Teddy est enfermé de force pour y subir un traitement de choc. 

J'ai pris énormément de plaisir à dévorer cette histoire hors du commun. Elle nous transporte dans des décors cinématographiques, en plein cœur de l'Amérique de la Grande Dépression, dans des milieux hostiles et rudimentaires. On parcourt la misère sociale et économique, tout en soutenant une traque infernale, qui ne manque pas de surprendre. En effet, l'homme en noir et sa complice exercent au centre une magie noire et une emprise maléfique en toute impunité, tissant ainsi leur toile pour servir leurs sombres desseins. Cette intrusion du fantastique a été pour moi inattendue, mais agréable, car cela a totalement bouleversé ma perception de cette lecture. J'ai été pleinement emballée, par la somme d'action et d'émotion au compteur, par les personnages et leurs péripéties toutes plus insensées et passionnantes. C'est une lecture à la fois magique, palpitante et géniale, qui nous raconte une histoire sur la famille, l'amitié et l'amour et qui nous emporte loin dans son sillage. La couverture est également très belle. Bref, un roman épatant. ☺

Bayard Jeunesse - Janvier 2017

Illustration de couverture : Raphaël Gauthey

 

1 février 2017

Cell. 7, de Kerry Drewery

cell7

Accusée d'avoir assassiné Jackson Paige, une vedette du petit écran, également connue pour ses œuvres de bienfaisance, Martha Honeydew est envoyée illico dans le couloir de la mort pour attendre son jugement, devenu une exécution arbitraire, puisqu'il revient au public de voter coupable ou non en son âme et conscience, tout en suivant l'émission Mort égale Justice. La procédure est expéditive, en seulement sept jours, la détenue est scrutée sous l'œil mort d'une caméra, puis conduite cellule après cellule vers son destin. Martha Honeydew a seize ans et vient du quartier populaire des Tours. Elle bénéficie ainsi d'une assistance juridique en la personne d'Eve Stanton, qui se bat contre cette justice implacable et met tout en œuvre pour obtenir la relaxe de sa cliente. Or, Martha refuse d'être aidée et manipule le système pour faire passer un message. En attendant que la vérité éclate, la campagne médiatique est virulente et Martha perd chaque jour des points, tandis que Eve remue ciel et terre pour sauver l'adolescente bornée.

Je sors frustrée de cette lecture, qui me laisse une sensation trop glaçante, mais offre par sa vision pessimiste d'une justice sous le joug du sensationnel de la télé-réalité une perspective effroyable qu'il faut méditer. J'ai finalement gardé une distance émotionnelle tout au long du récit, le personnage de Martha ne m'a pas touchée. J'étais curieuse de connaître son histoire et ses secrets, mais les révélations me laissent un goût amer. J'attendais, je pense, une intrigue plus percutante et autrement plus dynamique. À la place, c'est un roman à suspense, écrit avec solennité, angoisse et amertume. Le mélange n'est pas très bon, puisqu'il sonne assez lourd moralement. Cela se lit vite et bien mais il faut apprécier les histoires tristes et funestes. La fin est ouverte. 

Traduit par Christophe Rosson pour les éditions Hachette - Septembre 2016

 

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