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Chez Clarabel
31 mars 2010

Les garçons sont imprévisibles. Ce n'est pas un scoop ...

... mais je commence à croire que c'est l'un des trucs les plus chouettes chez eux.

Melanie_et_les_sept_fr_res_McGowan_de_Kate_BrianQuand ses parents sont mutés en Corée, Mélanie refuse de les suivre. Sa seule option : s'installer chez leurs amis McGowan. Mais elle hésite : les McGowan ont sept fils ! Et à seize ans, elle n'est pas vraiment à l'aise avec " l'espèce " masculine. Et si Mélanie en profitait pour observer ces êtres étranges et mystérieux : les garçons ? Observation n° 1 : je plane au milieu d'apollons aux sourires ravageurs. Observation n° 2 : il faut un verrou à la porte de ma chambre. Observation n° 3 : les mecs ont déclaré la guerre.

Voilà un petit roman absolument poilant et désopilant ! Il vise une cible jeune, très jeune même (niveau collège) mais je suis une grande joueuse et j'ai bravé tous les interdits pour m'y plonger avec délice. Qu'est-ce que j'ai ri ! Cela commence par ce passage :

Quand Regina McGowan arrêta son 4 x 4 Volvo dans l'allée qui menait à une énorme demeure ressemblant à une ferme, l'unique vision de Mélanie fut celle de garçons. Partout. Les sept fils et le père couraient, riaient et se bousculaient sur la pelouse, devant la maison, lancés apparemment dans une partie de Frisbee Ultimate, version full contact et plaquages. Pour différencier les deux équipes, ils jouaient tee-shirts contre torses nus. Tee-shirts contre très jolis torses nus...
Mélanie sentit son pouls s'accélérer. Oubliés les monstres diaboliques et ricanants. Ces mecs avaient été touchés par la grâce Calvin Klein. Pendant quelques secondes, le regard de Mélanie, perdu dans un brouillard de cheveux dorés et de peaux hâlées, ne put se fixer sur aucun d'entre eux... jusqu'à ce que l'un des torses nus marque un point. Il bondit en poussant un cri de triomphe, les bras en l'air, le Frisbee à la main. Des gouttes de sueur perlaient sur ses abdos en tablette de chocolat parsémés de brins d'herbe. Des frissons parcoururent la moelle épinière de Mélanie.

Héhéhé.

C'est assurément une lecture futile et frivole, cela ne fait pas de mal de temps en temps. L'histoire est enlevée, très drôle, elle dresse un portrait haut en couleurs d'une fatrie de sept garçons, bruyante et sympathique. Ils ont tous des sourires ravageurs et se taillent une réputation à se faire pâmer tout un régiment de midinettes (prem's). Mélanie, coincée dans ce nid de  testostérones, est complètement paumée en plus d'être paniquée. Même si elle est un vrai garçon manqué, qui adore jouer au foot et rouler à moto, elle n'est vraiment pas à l'aise avec le sexe opposé. Timide, rougissante et effarouchée, elle a du souci à se faire ! Aussi, lorsqu'elle finit par gagner en assurance, en se taillant sa place parmi ces apollons qui lui font perdre la tête, cela paraît tellement extraordinaire que toute vraisemblance est occultée. Bon, je n'en attendais pas moins non plus.

En toute logique, on trouve aussi un peu de romance, oui... un petit bisou innocent. Pas plus. (Tant pis.) L'idée n'était pas de relater une simple bluette sentimentale, mais plutôt un roman d'une légèreté virevoltante, sans vocation de se prendre au sérieux. On veut du divertissement, on en a plein les mains ! Mélanie a des étoiles dans les yeux, nous aussi. Les garçons McGowan sont attirants, machos, rigolos, parfois abrutis et butés, mais on les aime comme ils sont. Et le guide de survie de Mélanie est une excellente synthèse de toutes les facettes de cette gente masculine qui n'a maintenant plus de secrets pour nous ! Yipi.

Mélanie et les sept frères McGowan ~ Kate Brian
Pocket jeunesse, 2008 - 330 pages - 10€
traduit de l'anglais (USA) par Odile Carton

 

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30 mars 2010

La femme-cuivre avait les yeux verts et les cheveux rouges, comme toi. Et elle était malheureuse, parce qu'elle était très seule

Chant_des_orques__Antje_BabendererdeSix mois ont passé depuis le décès de sa maman, Sofie traîne toujours un spleen lourd comme les pierres. Elle s'isole pour peindre, avec son père elle se sent pataude et n'arrive pas à nouer avec lui une relation de confiance. Cherchant à faire des efforts, celui-ci lui propose de l'accompagner en Amérique du nord où il part photographier la péninsule Olympic avec ses glaciers, sa forêt pluviale, la côte pacifique et ses Indiens pêcheurs. Oui, la péninsule Olympic... Jacob Black, where are you ? Les lecteurs de S. Meyer ont vite tilté.

Et j'avoue que le décor participe au charme de la lecture, c'est absolument merveilleux, nous sommes à Neah Bay, le centre de la réserve des Makah, où Sofie et son père séjournent au motel. L'adolescente de quinze ans rencontre Javid, le fils de la propriétaire, et tombe sous son charme. C'est tout nouveau pour elle, ne nous emballons pas, Sofie souffre de solitude et manque de confiance en elle. En Allemagne, chez elle, son physique osseux n'attire pas les regards, la jeune fille est transparente et n'a pas d'amis. Qu'un garçon aussi beau que Javid, plus mature aussi que ceux de son école, puisse s'intéresser à elle la fait d'abord douter. Petit à petit, elle va mettre de côté ses peurs et sortir de sa coquille tant elle va se sentir à l'aise avec lui.

Et c'est un premier amour touchant, balbutiant mais pas mielleux qui voit jour au fil des pages, le lecteur suit les prémices de la relation et les émotions de la narratrice avec grand plaisir, l'histoire est simple et très belle pour cela. De plus, je le répète, le décor est absolument envoûtant. Imaginez des orques qui viennent tourbillonner près des embarcations, de quoi faire pâlir de peur... Le lecteur plonge aussi au coeur de la vie des Makah, la chasse aux baleines qui revient dans les discussions entre Javid et Sofie, où il est question de culture, de compréhension et de partage. Les paysages, également, sont fascinants, même si la météo est capricieuse et moribonde, cela n'enlève rien à la beauté alentour. Du moins, j'avais l'impression d'y être.

Je savais que j'allais aimer ce roman, et je voulais l'aimer aussi, car je trouvais la couverture très jolie. Le reste, bien sûr, a su me ravir : le portrait d'une adolescente toute recroquevillée sur elle-même et qui, sous nos yeux, apprend à déployer ses ailes est d'une grande justesse. Je suis sûre que les plus jeunes lecteurs y seront sensibles.
A conseiller dès 12 - 13 ans.

Le chant des Orques ~ Antje Babendererde
Bayard jeunesse, coll. Millezime, 2010 - 390 pages - 11,90€
traduit de l'allemand par Marie-José Lamorlette
illustration de couverture : Pietari Posti

Antje Babendererde est également l'auteur de Lune indienne.

Coup de coeur pour Denali.

26 mars 2010

(...) c'est parfois difficile de se comporter en homme.

Personne_nest_parfait_de_Patrick_MosconiComment réagiriez-vous si votre père, celui que vous pensiez ouvert d'esprit et tolérant, se révélait odieux et raciste ? Simplement parce qu'il annonce à table que son amoureuse s'appelle Djamila, Damien voit son monde s'effondrer. " Tu sais, moi, les Arabes, je les aime beaucoup à la télé, surtout dans un match de foot de l'équipe de France, mais pas trop chez moi." Bonjour l'ambiance ! Aux yeux de Damien, rien n'excuse les paroles blessantes du père. Sa mère a beau le défendre et accuser le mauvais revers rencontré depuis la faillite de l'entreprise familiale, son père n'est qu'un pauvre type, il a baissé les bras et, sous prétexte qu'il se fait honte, a adopté l'attitude du loser de première. C'est un fait qui écoeure notre lycéen, lui l'élève brillant qui s'offre des joutes verbales de haute volée avec sa prof de français. Et lorsque son père est renversé par une voiture, après une énième altercation avec les siens, Damien se sent responsable et coupable de nourrir des sentiments aussi exacerbés.

L'adolescence dans toute sa superbe ! Damien est à un âge où chaque cause mérite qu'on la défende à cor et à cri. Les émotions sont à fleur de peau. Les élans du coeur passionnés et passionnels. Pas de place pour la demi-mesure. Damien aime et déteste à la puissance 1000. Toute cette histoire - en plus des terribles révélations qui suivront le coma du père - le force à s'arracher douloureusement du cocon de l'enfance en plongeant dans des secrets de famille qui ébranlent ses convictions, les liens entre père et fils sont recalculés, les vérités sont-elles bonnes à dire ou à entendre ? Même Djamila, la petite copine, y va de sa confidence... Un mal difficile à cadrer dans l'histoire, à mon goût. C'est mon seul bémol, le sentiment que le récit assume soudainement trop de responsabilité alors que le roman est court, moins de 130 pages, et la boucle est bouclée.

Le roman est une course perpétuelle de savoir et de révélation, une quête de la vérité qui ne laisse pas indemne. La lecture invite à réfléchir et à se poser des questions sur ce qui nous lie, en famille ou en amour, en amitié aussi. Je ne m'y attendais pas du tout en l'ouvrant, alors que je jetais un oeil aux premières lignes, je me suis vue plonger dans le livre sans pouvoir me l'arracher des mains. Paf, j'étais dedans, complètement scotchée. J'ai aussi beaucoup apprécié le style de l'auteur, même si c'est peu probable d'imaginer un adolescent employer de si belles envolées lyriques. Un très bon livre de la collection Rat Noir chez Syros (une collection qui offre souvent de plaisantes découvertes).

Personne n'est parfait ~ Patrick Mosconi
Syros, coll. Rat Noir, 2010 - 128 pages - 10,20€
illustration : Olivier Balez

21 mars 2010

Son pays à lui, c'est la planète entière.

Sur le parvis de Notre-Dame de Paris, un mois d'avril 1934, la police sème le trouble durant la cérémonie où quarante hommes attendent d'être ordonnés prêtres. Parmi eux, Vango, dix-neuf ans, s'incline devant le cardinal en présentant ses excuses, avant de fuir par les airs. Agile, souple et virevoltant, il s'échappe par les toits de la cathédrale, au nez et à la barbe du commissaire Boulard. Une silhouette dans la foule tremble, tandis qu'une main invisible a brandi une arme et vise la silhouette du fuyard.

vangoA l'image de Vango, le roman n'aura de cesse de sautiller, de vagabonder, de surprendre et de nous étonner. Qui est ce Vango, quel est son crime, pourquoi toutes les polices le cherchent, de France en Allemagne, en passant par la Russie et les îles de Sicile ? ... Car Vango avance dans la vie en effaçant ses traces. L'histoire, elle, tente de rassembler les petits morceaux du puzzle et le lecteur en a l'appétit aiguisé. C'est prodigieux. A en avoir presque la larme à l'oeil. Vous  décrire ce plaisir de lecture est d'ailleurs sans fin.

Timothée de Fombelle confirme, après la beauté de Tobie Lolness, qu'il est un grand écrivain. Il manipule ici la plume avec légèreté, cocasserie, passion et émotion, on ressent ce bonheur de l'écriture, c'est un partage unique et palpable. J'ai ainsi dévoré le roman avec gourmandise, savouré les pleins et déliés de ce texte qui est absolument époustouflant. L'aventure de Vango se laisse conter avec une simplicité toute émoustillante, le rythme est haletant, l'intrigue très bien tissée, le lecteur est pris aux pièges, séduit d'emblée par la galerie des personnages, des héros ou des maquereaux, au choix, mais tous savent nous accrocher, nous attirer et nous questionner. Ce roman n'est pas unilatéral, il est mystérieux et ambitieux, parfaitement réussi car envoûtant. Il ressemble à son héros, Vango, dont il est dit dans le livre que c'est un caméléon globe-trotter qui tire une langue multicolore.

Qu'est-ce que c'est beau. Je suis sous le charme et encore éblouie par cette merveilleuse rencontre ! Et ce zeppelin en couverture vous invite au voyage et à mille autres explorations...
J'ATTENDS LA SUITE AVEC IMPATIENCE !

Vango, tome 1 : Entre ciel et terre ~ Timothée de Fombelle
Gallimard, 2010 - 370 pages - 17€
illustration de couverture : Blexbolex

Comme moi, Lili O. a été conquise ...  J'avais glissé en amuse-bouche quelques extraits ICI.

18 mars 2010

Les histoires d'amour, c'est un jeu, rien qu'un jeu.

Qu'est-ce que j'aime les couvertures de la collection Black Moon !

baiser_de_langeDernier né de l'écurie, Le Baiser de l'Ange (Kissed by an Angel) a été publié cinq ans après la sortie du film Ghost. Pourquoi je vous raconte tout ça, mais parce qu'il me semble que le film a été la principale source d'inspiration de l'auteur ! Plus d'une fois, je m'y suis revue : Sam et Molly, leur grand amour, la mort, lui qui devient fantôme et communique avec une médium un peu barrée, sa mission est d'aider sa dulcinée car elle court un grave danger. Et blablabla.  Normal d'être un chouia surprise lorsque, à la place de Sam et Molly, vous prenez Tristan et Ivy. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont amoureux et un accident les sépare. Cette fois, pas de fantôme à l'horizon mais un ange. Avouons que c'était couru d'avance, tant l'histoire répète la passion ô combien envahissante d'Ivy pour les anges !

L'histoire n'est donc nullement originale mais le roman s'avère tendre et touchant, ce qui n'a pas manqué de me plaire. A vrai dire, ce premier tome flirte avec des scènes légères et drôles pour nous raconter une romance adolescente, on ne tombe pas à la renverse mais c'est joli. Ce qui m'apparaît davantage captivant se trouve dans le mystère que soulève Tristan sur son accident. Un voile sombre était déjà apparu - le jour de l'anniversaire du jeune Philip - plaçant le lecteur dans la délicate posture de dévisager tous les personnages de façon suspecte.

Voilà qui m'interpelle assez pour vouloir connaître la suite... La parution des deux tomes suivants est rapprochée : juin et octobre 2010.  Sachez aussi que l'édition originale a rassemblé les trois romans (Kissed by an Angel / The Power of Love / Soulmates) en un seul volume.

Le Baiser de l'Ange ~ Elizabeth Chandler
Hachette, coll. Black Moon, 2010 - 230 pages - 14€
traduit de l'anglais (USA) Catherine Guillet

 

 

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18 février 2010

On en était tous là. A bout. A bout de nerfs, de paroles, de regrets. A bout de force.

une_putain_de_belle_nuitNeuf adolescents (huit garçons et une fille) rentrent d'un match de foot où l'équipe vient de se prendre une taule. L'ambiance dans la fourgonnette est lugubre, les esprits sont mis en sommeil, ça ronronne, chacun cogite et personne n'exprime tout haut ce qu'il pense tout bas. Puis, c'est l'accident. Le minibus tombe dans un ravin, le chauffeur meurt sur le coup et l'entraîneur est dans un état critique. Un par un, les adolescents se faufilent hors du véhicule, ils sont tous sain et sauf mais leurs esprits ne sont pas pour autant calmés. Choqués, et encore plus énervés. Cette nuit, qui s'annonce longue et angoissante, va être le reflet de leurs tracas, leurs rêves, leurs espoirs et leurs désillusions. Certains pensent à leurs prochaines vacances, d'autres revivent le match, l'occasion de régler quelques comptes, de reprocher aux uns d'être des incapables ou à d'autres de se croire les petits chefs. Les adolescents sont tous au bord du gouffre, littéralement parlant, ils souffrent pour un chat perdu, pour un amour brisé, parce qu'ils se sentent incompris ou désespérément seuls. Cette nuit, teintée de larmes et de sang, va faire tomber les masques. Tous se cherchent, se perdent, se trouvent. C'est une putain de belle nuit au cours de laquelle on assiste à une quête générale de l'identité de soi, et lorsqu'on est un adolescent paumé, cela donne parfois matière à un récit vibrant, passionnant, sombre, froid et inquiétant. On parle de colère, de doute, de confiance trahie, d'amitié. Les souvenirs d'enfance reviennent aussi, comme pour saupoudrer cette nuit si noire et oppressante. Un sauf-conduit pour revivre des jours heureux, ou comprendre le malaise du moment. Tout s'explique. Le roman est conduit à plusieurs voix, dans une ambiance de huis clos, de quoi procurer cette vive sensation d'urgence, de survie et de sursis.  Pas mal du tout.

du même auteur : Echancrure

Une putain de (belle) nuit ~ Michel Le Bourhis
Seuil, coll. Karactère(s), 2010 - 137 pages - 8€

11 février 2010

Une petite fille à qui l'on offre une belle poupée caresse d'abord son visage de faïence, du bout des doigts, ...

... effrayée à l'idée de froisser des dentelles si propres. Puis elle la prend, elle joue. Elle s'aperçoit, presque déçue, que son jouet se plie à tous ses caprices. Toute belle et neuve qu'elle est, la poupée ne fait rien de plus qu'une autre. Elle sourit, quoi qu'on lui fasse. Pour finir, la petite fille montre son nouveau jouet à ses amies. Bientôt, la poupée de chiffons, démembrée et le crâne fendu, attendra sous un meuble qu'on lui prête attention.
Elle attendra longtemps.

intruseNous sommes à Vienne, au palais du Hofburg, en 1815. Une silhouette se faufile dans les cuisines et cherche un dénommé Martin, valet de son état. Sous ce déguisement d'homme, se cache la délicieuse Fanny, une corsetière amoureuse, qui a reçu la visite d'un individu venu la prévenir qu'elle se trompait sur son amant. En fait, Martin est le vicomte Frédéric de Waldaw, brillant diplomate qui tente d'avancer ses billes, malgré le climat tendu qui règne en Europe (Napoléon a été exilé sur l'île d'Elbe, les émissaires de tous les pays, Wellington et Talleyrand pour ne citer qu'eux, sont réunis à Hofburg), la police secrète est sur les dents, notamment après avoir repéré l'intrusion de Fanny, avant qu'elle ne se volatilise dans les couloirs du palais. Bref, chacun cherche son chat !

Comble de tout, Fanny fait aussi la rencontre du tsar Alexandre et se voit offrir d'ouvrir le bal à ses côtés ! La demoiselle attire toutes les attentions, Frédéric est blême, fou de rage, conscient du scandale et du drame, sa douce court de graves ennuis, le pire c'est qu'elle semble à mille lieux de s'en soucier, puisqu'elle prend un immense plaisir à broder des histoires sans queue ni tête sur ses origines, son identité secrète, sa recherche de la vérité, et même sur l'évasion de Napoléon ! Rira bien qui rira le dernier...

Alors, forcément, on trouve du marivaudage, des complots, des messes basses, de la vengeance, de la séduction, des culbutes dans un grand feu de passion, parfois des culbutes acrobatiques et même proprement inexplicables (la scène dans la cave, hmm, j'ai besoin d'un dessin !).  Le tout se dresse sur un fond historique habilement brossé, on croise un tsar, une impératrice, des princes et des ducs, tous tombent quasiment en pâmoison pour la belle roturière. J'en viens donc à l'incroyable somme de situations téléphonées, de coincidences aberrantes, de fautes d'étiquette et de circonstances grossières et invraisemblables. Est-ce un râle que je sens au fond de la gorge ? (Non.)

Rendons justice à cette lecture, c'est parfaitement entraînant, fluide, romanesque. On traite de politique, de pouvoir et d'amour en dansant la valse ou le menuet, entre une bouchée de quenelle et le sorbet à la rose, après une vive émotion dans la salle des redoutes où se tient le ballet, suivront quelques bouffées de chaleur dans une alcôve, des menaces de mort, un duel au clair de lune, la promesse d'une fuite et d'une autre vie, de la précipitation, du feu, de l'action... Ouh, je confesse, monsieur le juge, un nouveau crime : le plaisir coupable de lecture ! Oui, encore.

Je ne pensais pas que cela allait me plaire à ce point, je n'avais lu que 30 pages et j'avais reposé le livre, avec une petite moue d'insatisfaction, puis par miracle j'ai repris ma lecture et je me suis surprise à tourner les pages en gloussant comme une midinette, oui, oui. J'ai honte, mais tant pis. Ce roman m'a même fait penser à la série d'Anna Godbersen, même si je déplore n'avoir point trouvé de visage en forme de coeur, je me suis consolée avec d'autres poncifs du genre. Nulle ironie de ma part ! C'est une lecture distrayante et cela me convient ! Je lirai le prochain tome avec grand plaisir.

Intruse ~ Nicolas Jaillet
Hachette, 2010 - 236 pages - 12,90€

lire un extrait

 

8 février 2010

La Forêt des Mains et des Dents. Et moi ! Brrr.

La_foret_des_damnes_de_RyanQuelle angoisse, ce roman !
Mais qu'est-ce que c'était bon. Au début, cela me paraissait assez lent, mystérieux aussi, baignant dans une ambiance post-apocalyptique et vraiment flippante. Un village forme une enclave où se nichent des humains, en protection de la forêt. Celle-ci est habitée par des Damnés, qui gémissent en se collant à la clôture, guettant la moindre brèche, espérant envahir le village pour mordre et se repaître du sang humain. Très vite, on comprend qu'une infection entraîne une Mutation, et ainsi s'explique cette épidémie de Damnés, contre laquelle la poignée de survivants se bat avec la force du désespoir.

Dans le village où vit Mary, la narratrice de l'histoire, la Congrégation des Soeurs a largement pris en charge les solutions de survie, les règles du quotidien, les leçons dans les écoles, selon la parole du Livre Sacré. Soeur Tabitha, la mère supérieure, est intransigeante et n'a aucune pitié avec les contestataires. Seule Mary oppose aujourd'hui une résistance, avec ses questions, ses doutes, son manque de foi et sa rebellion. Elle parle d'un monde au-delà de la Forêt, elle rêve de voir l'océan, mais ce sont des histoires racontées par sa mère. Toutefois, Mary s'y accroche. Elle n'a pas le choix. Elle voit son horizon restreint et étouffant. Soit elle embrasse la vie de la Congrégation, soit elle accepte de s'unir à Harry, son ami d'enfance. Or, Mary est amoureuse de Travis, son frère, qui a choisi de se fiancer avec Cass, sa meilleure amie.

L'histoire, ensuite, se laisse découvrir ! C'est sombre, envoûtant, vraiment bien écrit, dans une langue généreuse et élégante. L'atmosphère est aussi admirablement dépeinte, je craignais, avec raison, ce monde des Damnés, et finalement ce n'est pas si gore ou horripilant. Enfin, disons que c'est tout ce qu'il faut pour donner la chair de poule, cela représente une menace permanente et épuisante. Je ne vous raconte pas la deuxième partie du roman, là j'avais les nerfs en pelote ! Je dévorais les pages, j'avais l'estomac noué, je n'en pouvais plus de savoir, j'étais inquiète et terrifiée, j'hallucinais et je me retenais de hurler.

En attendant, le début est lent. Accrochez-vous, car la suite vaut le détour. Avec le recul, cependant, j'ai trouvé que c'était une mise en place idéale, mettant en scène le lieu, le contexte et les personnages, plus la dose de suspense, avec les secrets que seule Mary découvre, en plus du climat inquiétant, de la tension qui monte, qui monte. Voilà de quoi bien vous ferrer ! Seul point sur lequel j'ai du mal à me prononcer, c'est la narratrice - Mary. C'est une vraie héroïne qui nous donne des bouffées de rage et de frustration, tant elle est splendide dans ses qualités et ses défauts : Mary est égoïste, curieuse, inconstante, amoureuse, jalouse, têtue et obstinée. On suit ses états d'âme et ses réflexions plus ou moins pertinentes, on partage ses doutes et on aspire comme elle au bonheur et à l'espoir. Rarement une héroïne a su autant m'irriter et me toucher !

Près de 400 pages plus tard, je vous conseille vivement cette lecture ! J'en suis sortie sonnée, folle d'angoisse et impatiente d'en (s)avoir plus. Un prochain livre sort aux USA en mars 2010, sous le titre de The Dead-Tossed Waves, mais ce n'est pas une suite, plus un "companion book".

La Forêt des Damnés ~ Carrie Ryan
titre vo : The Forest of Hands and Teeth
traduit de l'anglais (USA) par Alice Marchand
Gallimard jeunesse, 2010 - 380 pages - 15,50€

Cette bande-annonce pour vous plonger dans la tourmente :

   

 

the dark side challenge - 4

the_dark_side_challenge

2 février 2010

Du bleu. Encore du bleu. Du tout bleu. Et moi, bien sûr.

Attention, ça cogne, ça remue, ça fait mal, ça ouvre les yeux, ça ne vous lâche plus, ça vous poursuit, ça vous hante, ça vous hurle dans l'oreille, ça vous noue l'estomac, ça creuse une boule et ça vous donne à réfléchir.

Un_endroit_ou_se_cacher_de_Joyce_Carol_OatesUn endroit où se cacher de Joyce Carol Oates est un roman sur la perte, ce que c'est de grandir avec la perte, de grandir au-delà de la perte.
Jenna, quinze ans, est la miraculée d'un accident de voiture qui a coûté la vie de sa mère.
Jenna se sent coupable.
Elle tente de se rappeler les dernières minutes avant le crash, mais tout reste blanc. Fermé aux souvenirs.
Et puis il y a le bleu. La couleur de l'entre-deux, du coma, du bonheur illusoire, du soulagement par les médicaments.
Après le bleu, c'est le vif : la réalité avec l'absence, le manque, le remords, la douleur, la solitude.

C'est un roman que je trouve extrêmement difficile à évoquer. Un roman complexe, douloureux et qui raconte justement le désespoir d'une adolescente qui tente de vivre suite au décès de sa mère dans des circonstances dramatiques. Le roman est à la fois poétique, onirique, amer, désabusé, à l'image de sa narratrice qui va aller jusqu'au bout de sa souffrance. Quitte à prendre tous les risques.
Le roman est vraiment tout le contraire de ce qu'on pourrait attendre : des larmes, des regrets profonds, quelques bêtises pour prouver qu'on existe, puis le retour à la vie, retour à la normalité. Dans le fond, c'est vrai que ça se passe comme ça, mais c'est un roman signé Joyce Carol Oates, il ne faudrait pas se leurrer non plus. Le roman est tout sauf condescendant, mielleux, attendu, moralisateur. Il vous impose le malaise, la déroute, l'errance. Il introduit des personnages à la dérive, cabossés. Des marginaux qui n'ont parfois plus rien à perdre et qui ont déjà tant brûler leurs ailes. J'en ai des frissons dans le dos, c'est âpre, violent, sans équivoque.
Cela fait très mal à lire, c'est même lourd à encaisser et je suis sortie de cette lecture toute retournée.
Pourtant j'estime que c'est un livre nécessaire, parce qu'il n'épargne nullement aucun détail, sur l'adolescence, sur l'acceptation de soi, sur le chagrin, sur le deuil aussi, sur la culpabilité, sur les choix extrêmes et sur la pression constante, souvent bienveillante, qui parfois fait plus de tort que la plus grande indifférence.
C'est un texte qui vous laisse le coeur à vif, qui interpelle et ne vous quitte plus. C'est bon aussi d'être secouée dans sa lecture, de se sentir en vie après une telle claque.
Car, finalement, on trouve aussi de jolies choses dans ce roman, pas seulement des émotions qui mettent à plat, il y a également beaucoup d'authenticité, de la sensibilité (et non de la sensiblerie), des personnages tendres et généreux.
En extrait, ce passage qui résume très bien le message que tente de transmettre le roman :  Quand les gens entrent dans ta vie, il y a toujours une raison, vois-tu. Ils ne la connaissent peut-être pas eux-mêmes. Tu ne la connais peut-être pas toi-même. N'empêche qu'il y a une raison. Forcément.

Un endroit où se cacher ~ Joyce Carol Oates
Albin Michel, coll. Wiz, 2010 - 300 pages - 13,50€
traduit de l'anglais (USA) par Dorothée Zümstein
titre vo : After the Wreck, I Picked Myself Up, Spread My Wings, and Flew Away

=) Claire C. :  Elle est une des rares à savoir créer des personnages si parfaitement qu’on ne les oublie plus jamais.

 

1 février 2010

Scarlett, Spencer, Lola, Marlène. New York. Et moi !

Voici un roman absolument charmant, délicieux, à déguster la bouche en coeur. Il plaira aux lectrices dès 13 ans, qui savoureront l'histoire de cette famille new-yorkaise qui vit dans un hôtel Art Deco, lequel hélas tombe un peu en décrépitude. 

Les finances de la famille Martin sont au plus mal, Scarlett le découvre le matin de son quinzième anniversaire, en recevant la précieuse clef de la Suite Empire, attribuant ainsi à l'adolescente la pleine responsabilité de cette chambre. Cet été, Scarlett est priée de rallier les rangs familiaux pour donner un coup de main à l'hôtel. Ses amis ont tous quitté la ville, occupés à d'autres projets plus palpitants, Scarlett traîne les pieds mais ne sait pas encore que ses vacances seront riches, très riches et excitantes !

Suite_Scarlett_de_Maureen_JohnsonCela commence par la venue d'une cliente, Mrs Amberson, qui occupe la Suite Empire. Avec elle, c'est un vent chaud, exotique, léger, aérien, déchaîné qui s'installe à Hopewell. Mrs Amberson est une femme excentrique et mystérieuse, un peu casse-pied sur les bords, elle harcèle Scarlett de coups de fil à répétition et la jeune fille se plie à ses moindres caprices. Toutefois, cette Mrs Amberson est aussi une personne formidable et pleine de ressources. Elle le prouvera lorsque le frère aîné de Scarlett, Spencer, qui rêve de devenir comédien à Broadway et répète actuellement la pièce de Hamlet avec une troupe de débutants, connaîtra bien des galères pour mener son projet dans les meilleures conditions.

Les deux autres soeurs de Scarlett, Lola et Marlène, sont aussi très présentes, elles butinent, elles minaudent, elles sont volubiles, excessives, discrètes et cachottières. Les anecdotes ne manquent pas non plus en ce qui les concerne.
Le roman raconte définitivement l'histoire d'une famille, avec des hauts et des bas, des moments d'euphorie, d'entente à merveille, de combines et de débrouillardises, des journées magiques où tout se goupille comme dans un rêve, les bonnes rencontres, les nouvelles qui font du bien, les intentions les meilleures. Puis, les nuages viennent obscurir ce ciel si beau, les doutes et la jalousie sont de sortie, les jolis garçons deviennent fuyants, colériques, compliqués, les filles sont minées, compliquées, soucieuses, malheureuses. Mais sous le ciel de New York, les beaux jours sont toujours de rappel !

Les aventures de la famille Martin me rappellent quelque part celles de la famille des Jean Quelque-chose (la série de Jean-Philippe Arrou-Vignod) pour son côté optimiste, joyeux et solidaire. Même dans les coups durs, même si l'argent fait défaut, même si les petits copains se font la malle et même si les clients sont étranges et fantastiques à la fois, l'histoire montre énormément de complicité, de bonheur, de gaieté et fait preuve d'humour.
C'est vraiment un petit roman très chouette, comme dirait ma fille.

Suite Scarlett ~ Maureen Johnson
Gallimard, coll. Scripto, 2010 - 384 pages - 13,00€
traduit de l'anglais (USA) par Cécile Dutheil de la Rochère
illustrations : Dominique Corbasson

Une suite va paraître en février 2010 aux USA sous le titre : Scarlett fever.

 

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Clarabel has read 8 books toward her goal of 200 books.
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Sauveur & fils
Quatre sœurs : Geneviève
Audrey Retrouvée
Le sourire étrange de l'homme poisson
Calpurnia et Travis
L'homme idéal... ou presque
Trop beau pour être vrai
Tout sauf le grand amour
Amours et autres enchantements
Ps I Love You


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