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Chez Clarabel

7 mars 2013

- Féroce ! Féroce ! Voici venir le féroce loup rouge !

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Quand Fenris naquit, il n'était, comme tous les louveteaux, qu'une petite boule de poils gluante, que sa mère lécha afin de la nettoyer. Mais dès qu'il écarquilla les yeux et ouvrit la bouche pour bâiller, il eut l'air tout à fait sanguinaire, épouvantable et cruel. C'était certes une qualité indéniable pour un loup, mais point trop n'en faut : ses frères eux-mêmes furent effrayés.

Chaque fois que le petit Fenris approchait sa gueule pour téter, sa mère ne pouvait s'empêcher de frissonner. Elle en avait eu, des petits, mais celui-ci avait l'air si... féroce. Les frères et soeurs de Fenris avaient également peur de lui. Il ne faisait rien de spécialement affreux, il n'était pas plus méchant que les autres, mais rien qu'à le regarder, on se surprenait à claquer des dents.

Fenris grandit. Il devint un loup immense, et son allure avait de quoi épouvanter les plus téméraires. Son pelage était rougeâtre, son torse puissant pointait sous sa gueule encombrée d'énormes crocs. Sur son dos poussaient des sortes de soies rêches qui lui dessinaient une espèce de crinière. Mais ses yeux étaient bien le plus glaçant du tableau : il avait un regard effroyable, que personne ne pouvait soutenir. Une lueur écarlate habitait ses prunelles.

Les loups, comme chacun sait, vivent en meute. Mais la compagnie de Fenris mettait les nerfs de tous à rude épreuve. On se retournait, ayant entendu un bruit, et on poussait un glapissement d'horreur lorsqu'on se retrouvait face aux yeux luisants du grand loup rouge. Et il se produisit une chose commune, qui fut que Fenris, à force d'avoir malgré lui l'air méchant et de terroriser chacun par sa seule apparence, finit par devenir vraiment cruel.

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Cet album doit son succès pour ses magnifiques illustrations et ses couleurs, mais aussi pour ses pages qui se plient et s'ouvrent sur un plus grand format pour apporter encore plus d'impact au pouvoir des mots. L'histoire raconte comment un loup d'apparence féroce est réellement devenu féroce pour satisfaire les préjugés, or ce loup - appelé Fenris - va croiser le chemin d'une petite fille qui n'aura pas peur de lui. Toutes ses certitudes vont s'écrouler, mais le loup a-t-il encore un soupçon de tendresse au fond de lui pour accorder autant d'importance à cet enfant ? Ce conte aux accents fantastiques donne des frissons et pourra impressionner les jeunes lecteurs. Toutefois, quelle fabuleuse rencontre ! quelle lecture admirable et enchanteresse !

Féroce, par Jean-François Chabas et David Sala (Casterman, 2012)

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7 mars 2013

☼ Kino ☼

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Kino est un adorable petit dragon, impatient de savoir voler et cracher du feu. Mais son père calme ses ardeurs et lui demande de patienter encore un peu. Or, celui-ci tombe gravement malade et seule une plante rare, la fleur de Dragal, qu'on trouve uniquement dans les montagnes, pourrait le guérir. Alors le jeune Kino part à l'aventure, avec la peur au ventre mais l'envie de prouver sa valeur et d'aider son papa.

En chemin, il rencontre deux gros lapins bizarres, les démoniaques Pile et Face, qui le conduisent dans la grotte du très moche Sangliero. Kino est pris au piège, c'est alors que sur le coup de la colère et de l'émotion notre petit dragon va développer ses capacités et affronter ses ennemis à force de courage. Il rentrera au bercail en ayant appris à se débrouiller seul, son père sera fier de lui et tout finira bien !

Vraiment une chouette petite histoire, palpitante et endiablée, avec des illustrations aux faux airs de Claude Ponti. Par contre les couleurs sont assez sombres, à l'image de la couverture marronnasse, ce qui a priori ne m'avait pas particulièrement interpellée, mais quelle erreur, car l'album est vraiment une belle découverte !

Kino, par Alexandre Juza (Ecole des Loisirs, 2012)

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6 mars 2013

“Kiss me in a way I'll never forget. Kiss me in a way that will stay with me until I see you again❤”

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Comme un grand nombre de lecteurs, amateurs de la série Hush, Hush depuis la première heure, j'ai tenu à lire cet épisode ultime en sachant que je n'y attacherai aucune réelle importance. C'était comme si l'auteur avait tiré sur la corde pour remplir un livre supplémentaire, alors que tout avait été partiellement résolu auparavant. Donc, pour moi ce tome avait un goût de trop mais je n'allais pas lui en tenir rigueur non plus. C'est aussi une question de principe, on aime, on suit, on lit et on soupire.

Bon, aussi plaisante soit-elle, l'histoire n'est pas hyper excitante. Les personnages sont en place, les rôles ont été redistribués, Nora a beaucoup évolué tandis que Patch est tristement absent, mis au second plan. Désormais à la tête de l'armée des Néphilim, en digne héritière de la Main Noire, Nora doit faire ses preuves et sacrifier son amour pour Patch. Elle suit un entraînement de choc avec Dante, l'ancien bras droit de Hank Millar, et devient accro à une drogue puissante, capable de décupler ses capacités physiques et sensorielles.

La bataille s'annonce rude contre les déchus, d'autant que Nora entrevoit la possibilité de trahisons et autres complots. A elle de déjouer les coups du sort, mais on n'oublie pas que la demoiselle manque cruellement de jugeote et de discernement dès lors qu'elle est accablée par le doute et la jalousie. D'ailleurs, à ce stade, était-il utile de ressortir du placard cette chère Dabria ? Non mais, franchement...

C'est un peu le travers de ce dernier épisode, qui inspire un sentiment de déjà-vu : situations répétées, imbroglios sentimentaux à la mords-moi-le-nœud, confiance en péril, et toujours cet acharnement contre notre couple vedette qui ne peut vivre son amour sereinement. Sobrement, sans esbroufe, cette série se termine donc. Le roman aura certes manqué de brio et souffert d'un rythme inégal, mais c'est tout de même le dernier échelon d'une palpitante saga, qui doit amplement son succès à son personnage phare - j'ai nommé Patch, "trop hard-core pour être humain" comme dirait Vee.

Finale (Hush, Hush #4) ~ Becca Fitzpatrick
Le Masque, coll. MsK (2012) - traduit de l'anglais par Marie Cambolieu

5 mars 2013

“The most beautiful thing we can experience is the mysterious.”

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Je n'étais pas pressée de lire ce deuxième volume des aventures de Jessica Parkwood et de Lucius Vladescu, vu que Comment se débarrasser d'un vampire amoureux avait su pleinement me satisfaire, avec une issue parfaite et ne nécessitant pas la peine de prolonger le plaisir. J'appréhendais d'être déçue, mais j'ai voulu tenter le coup, hélas j'ai vite déchanté ! J'avais l'intime conviction que cette suite serait inutile, j'avais raison. Je craignais que la romance manquerait de saveur, là aussi j'avais vu juste.

Le couple est pourtant heureux (et marié !). Pour connaître les détails de la cérémonie, on peut lire la nouvelle sur le site de l'auteur. Personnellement je n'en ai pas éprouvé l'envie et n'ai pas ressenti de frustration non plus. En revanche, ce qui m'a cruellement manqué dans cette suite, c'est le grain de folie qui avait été le point fort du premier tome. J'avais adoré son humour, les sarcasmes des personnages, leur panache aussi, l'histoire n'était pas spécialement aventureuse mais n'en demeurait pas moins divertissante.

Mais tout ça ne figure plus au programme. En gros, il se passe que Jessica manque de confiance en elle, qu'elle se sent paumée dans son château glacial au fin fond de la Roumanie, que Lucius est accusé d'un crime et doit croupir en prison, privé de sang, ce qui finit par le rendre à moitié fou, du coup Jess doit assumer seule ses nouvelles responsabilités de future monarque, sauver son chéri et démasquer les complots. Heureusement sa meilleure amie Mindy et le cousin italien, Raniero, grand amateur de plages et de surf, vont s'inviter à la fête, ce qui permettra d'apporter un peu de fraîcheur à cette intrigue décidément peu folichonne et trop prévisible.  :(

Comment sauver un vampire amoureux, par Beth Fantaskey
Msk, 2011 - traduit par Marie Cambolieu

4 mars 2013

"I met a girl in the rain, who had lost her mother's earrings. And I killed her."

Enfin, la suite d'Humaine :

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L'histoire reprend exactement là où elle se terminait dans le tome 1, et sincèrement ce n'est pas difficile de se familiariser à nouveau avec ce qu'il se passe, car les évènements ont pris une telle tournure qu'on ne peut que suivre le rythme imposé. Le temps de la contemplation, des envolées lyriques et des descriptions émerveillées sur le plaisir de reprendre goût à la vie est bel et bien révolu. Désormais Lenah doit rendre des comptes et, même si elle tente de s'accrocher à son petit univers, ses erreurs du passé ne cessent de la rattraper.

Vicken a donc été sauvé par Lenah au terme d'un nouveau rituel. Rhode également est de retour et Justin, comprenant qu'il est de trop, prend ses distances avec une certaine amertume. Il est bon de souligner que les sentiments de Lenah sont encore très forts pour tous ses prétendants, et chacun remplira un rôle bien défini au cours de l'histoire. Attendez-vous à des cœurs qui s'emballent, des ventres noués et des sourcils qui se haussent de surprise, car l'aventure promet monts et merveilles.

Lenah doit donc affronter la présence d'un vampire sur le campus de Wickham, un vampire redoutable et sanguinaire, qui n'hésitera pas à tuer tous les proches de la jeune fille jusqu'à ce que celle-ci accepte de lui céder les secrets du rituel. Mais Lenah est sous le coup d'un blâme des Aeris, les vamps qui dictent les règles. Ils sont fâchés après elle pour avoir pratiqué la magie et lui imposent de choisir entre retourner dans le passé et sauver toutes les âmes qu'elle a volées, ou demeurer dans le présent, mais avec l'interdiction d'aimer librement Rhode.

L'ambiance dans cette suite est donc totalement opposée à ce que la série avait suggérée en premier lieu, et franchement j'ai beaucoup aimé cette nouvelle orientation. Reste du premier tome une sensation de charme éthéré, mais l'histoire a clairement évolué. Les personnages seraient ridicules de se comporter comme des adolescents lambda, aussi l'auteur n'a pas hésité à les brusquer, en multipliant les pertes et les victimes, en les mettant face à des choix douloureux ou au cœur de situations inextricables, et en proposant des solutions hasardeuses. J'espère que l'attente pour la suite ne sera pas trop longue, aucune date n'a été annoncée à ce jour.

Âmes soeurs (Humaine #2), par Rebecca Maizel
Albin Michel jeunesse, coll. Wiz, 2012 - traduit par Rebecca de Hassard

 A écouter : le nouveau single de Vanessa Paradis (en attendant l'album le 13 mai) ♥

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28 février 2013

Le chocolat, c'est bon pour la santé.

Enfin, la suite de La Mafia du chocolat :

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Ne vous laissez pas impressionner par le début longuet et inactif, au cours duquel Anya retourne en prison suite à de récents déboires avec son meilleur ennemi (Charles Delacroix), les choses vont finalement se mettre en place, avec un petit exil au Mexique où la jeune fille va se familiariser avec la culture du cacao, puis retour à la case départ, à New York, auprès de la tristement célèbre Famille Balanchine.

Un nouveau coup du sort a frappé douloureusement Anya et sa sœur Natty, de nouvelles cartes sont distribuées, l'héritage familial est en péril, la jeune fille ne sait plus à quel saint se vouer, ses anciens alliés étant désormais ses nouveaux ennemis... Par contre, elle pourrait bien se réconcilier avec son ancien tortionnaire et élaborer un nouveau marché qui débouterait la commercialisation illicite du chocolat.

Je vous laisse gamberger, tout comme je laisserai planer le doute sur sa relation avec Win, qui sort avec une autre fille. Le choc. Son absence est un vide difficile à combler, et ce n'est pas la personnalité de Theo Marquez, aussi pétillante soit-elle, qui pourra nous consoler. Je dis ça, je ne dis rien. Ne craignez toutefois pas l'apparition d'un triangle amoureux, nous sommes très loin de ces basses considérations romantiques. (Du moins, je pense.)

Après avoir redouté une suite plus lente, avec quelques passages de flottement, je n'ai pas du tout regretté ma lecture, finalement j'ai aimé ce qu'elle a su m'apporter et me raconter. L'histoire d'Anya Balanchine demeure passionnante, avec ses zones d'ombres, son poids de l'héritage, son caractère passionnel. L'action m'a semblé moins dense, mais les révélations et autres rebondissements n'en sont pas moins violents, bouleversants et accrocheurs pour la suite des aventures !

Le tome 3, In the Days of Death and Chocolate, ne paraîtra en VO qu'en septembre 2013, souhaitons que la traduction française soit rapprochée.

La fille du parrain, par Gabrielle Zevin
Albin Michel jeunesse, coll. Wiz, 2013 - traduit par Cécile Chartres 

27 février 2013

Minuscule, farouche et rousse : je vous présente Millie Plume.

Passage en Folio junior du roman de Jacqueline Wilson paru l'an dernier en grand format :

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Nous sommes en 1876, à Londres. Millie est un bébé abandonné, aussitôt placé en famille d'accueil où elle y passera cinq années joyeuses et insouciantes. Puis, la séparation. Les larmes. La déchirure. L'incompréhension. Retour à l'Hôpital des Enfants-Trouvés où l'attend une éducation stricte. Millie ne rigolera pas tous les jours, mais avec sa nature et sa force de caractère elle parvient à surmonter les sales coups montés par ses petites copines de chambrée, par supporter la rigueur du froid dans le lit, le manque de nourriture, les leçons de couture, la discipline des anciennes.

Millie souvent se sent seule, même quand elle retrouve par hasard ses soeurs ou frères d'adoption, ou quand elle s'attache à Polly, une nouvelle venue, ou Ida, qui travaille en cuisine et lui file en douce des raisins secs ou du sucre pour adoucir son porridge. En vrai, Millie n'arrive pas à se satisfaire de son existence. Elle rêve de liberté, ne veut pas finir soubrette, aspire à autre chose, à retrouver sa véritable mère (ne serait-ce point cette écuyère rencontrée un jour au village ?) et à revoir Jem, son grand frère chéri.

Ce qui est très délicat dans le roman, c'est le soupçon de mélange entre l'humour et la tendresse, la générosité et la détresse, la peine, le chagrin, la triste réalité d'un avenir bouché. C'est un joyeux fourre-tout, avec une fin vraiment trop édulcorée, envers laquelle on ne tient finalement pas rigueur. Car on souhaite le meilleur pour Millie Plume. Petite rouquine au tempérament volcanique, débordant d'énergie, elle n'a jamais baissé les bras face à l'adversité et s'est toujours promis de bouleverser ce que la vie avait de plus plat à lui offrir.

C'est une lecture très plaisante, avec une héroïne attachante, pétillante et pleine de sensibilité, où on passe un très bon moment. A noter qu'une suite vient de paraître en grand format, Une nouvelle vie pour Millie Plume.

Les malheurs de Millie Plume, par Jacqueline Wilson
Gallimard jeunesse, coll. Folio junior, 2013 - traduit par Cécile Dutheil de la Rochère
illustrations de Nick Sharratt - couverture : Anne Simon

27 février 2013

"C'est trouver l'amour qui compte. C'est ça, le principal."

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"Ça faisait mal. Très mal. Et il y avait beaucoup de sang, aussi." C'est la première phrase de la première nouvelle parmi les huit qui constituent ce recueil. Une phrase racoleuse, qui vous place tout de suite dans l'ambiance. Parce qu'il faut le reconnaître, ils sont drôlement forts, ces Anglais. Ils vous balancent leurs histoires courtes avec un aplomb redoutable, beaucoup de finesse et une drôlerie qui fait mouche, sans compter le ton et la forme qui ne font pas dans la dentelle, mais qui bien évidemment parleront instinctivement aux adolescents.

Dans le lot, on trouve tout de même deux textes classiques, le premier de Mary Hooper, le deuxième de Bali Rai. Ce sont deux histoires qui se passent ailleurs, dans l'Angleterre victorienne ou en Inde, deux cultures différentes, mais avec des parcours de femmes marquées durement par la vie et le désespoir. Sans quoi, on plonge sans complexe dans le petit monde des adolescents, à l'heure où les désirs ne sont plus tabous, où l'on est curieux, impatient, craintif et rêveur. L'incursion est réaliste, jamais déplacée, je pense que les auteurs ont été, à plusieurs occasions, bien en phase avec leur public.

A mon sens, Patrick Ness tire véritablement son épingle du jeu avec un texte percutant sur l'homosexualité, et dont la particularité veut que les mots les plus violents et crus soient dissimulés par un trait noir, ce qui laisse encore plus de place à l'imagination. Quant aux autres nouvelles, de qualité très honorable, elles séduiront immédiatement les ados par leur volonté de faire simple, juste, crédible et actuelle. L'ensemble est parfois cru, mais jamais déplacé, même la grossièreté est justifiée.

Voilà un recueil à faire lire dans les écoles (niveau collège et plus), pour rappeler à nos jeunes impatients / curieux de goûter le fruit défendu qu'il existe des règles essentielles : l'impact émotionnel. Car après tout, "le moment où on cesse d'être puceau est un truc intime qui devrait se trouver derrière un trait noir, plutôt que les insultes et les conneries sur le sexe". Parce que, "faire l'amour pour la première fois, ce n'est vraiment pas très important. C'est trouver l'amour qui compte. C'est ça, le principal."

La première fois (recueil de nouvelles) par Anne Fine, Bali Rai, Jenny Valentine, Keith Gray, Mary Hooper, Melvin Burgess, Patrick Ness & Sophie McKenzie
Gallimard jeunesse, coll. Scripto, 2011 - traduit par Laetitia Devaux et Emmanuelle Casse-Castric

26 février 2013

Un lave-linge émotionnel

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Monsieur Mourlevat est un escroc : dix petites textes, dix petites histoires à déguster sur le pouce, dix anecdotes qui font sourire ou grincer des dents, dix brèves rencontres, dix portraits qu'on saisit à l'arrache, dix petits tours et puis s'en vont. C'est trop peu ! D'emblée, je l'avoue, j'aime infiniment la plume de cet auteur et lui attribue sans hésiter mon total dévouement. Par contre, j'admets préférer, très largement, lorsque l'auteur nous entraîne dans un monde plus travaillé, plus abouti, dans une histoire qui dure des pages et des pages, en bref j'aime le romancier, moins le nouvelliste.

Sur ces dix textes, j'ai aimé certaines histoires plus que d'autres, normal, j'ai souri en lisant les chutes, je n'ai pas frissonné non plus, j'avais d'ailleurs anticipé quelques intrigues et autres sorties de route, je l'ai vu venir aussi avec son dernier texte, qui boucle le livre, la fameuse histoire sur l'escroc, oui Monsieur Mourlevat, vous méritez ce titre ! Je reconnais que l'ensemble est élégant, un poil cynique et teinté d'humour noir, mais franchement, quelle frustration tout de même ! Vivement un vrai, bon, gros roman.

A compter de cet instant, Mme Maréchal eut la sensation qu'on l'avait jetée dans un lave-linge émotionnel, qu'on en avait fermé la porte et pressé le bouton on. Le tambour s'était mis à tourner à grande vitesse, la brassant, la battant, la ballottant, la roulant, la cognant sans relâche.

Silhouette, par Jean-Claude Mourlevat
Gallimard jeunesse, coll. Scripto, 2013

26 février 2013

La Décision, d'Isabelle Pandazopoulos

Une émotion brute, douloureuse et si lourde.

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Louise est une excellente élève en Terminale S, entourée de nombreux amis et d'une famille aimante. Un jour, en classe de maths, elle sort précipitamment et se réfugie dans les toilettes où un camarade la retrouve, inconsciente, dans une mare de sang, avec un bébé sur le ventre.

Déni de grossesse. Le mot est lâché. A tour de rôle, les acteurs et spectateurs de cette histoire vont prendre la parole, expliquer, raconter, tenter de comprendre. Louise prétend n'avoir jamais couché avec un garçon. Ses parents sont effondrés. La jeune fille ne veut rien entendre de cet enfant qu'elle a porté neuf mois, sans jamais se douter de son existence. Tout, mais vraiment tout, est inexplicable, insensé, incroyable.

C'est tellement ahurissant qu'on est pris dans l'engrenage et qu'il devient difficile de lâcher le livre. Alors on tourne les pages de plus en plus vite, on a la boule au ventre car ce que vit Louise est purement, simplement et admirablement bien décrit. C'est de l'émotion brute, douloureuse et si lourde. On ne naît pas femme, ni mère, on le devient. Et encore, c'est un précepte qui trouve ici une autre interprétation.

J'ai été happée par cette lecture qui a su éveiller des sentiments forts et troublants, parce qu'à côté du parcours de Louise, on part aussi dans une enquête pour savoir ce qui lui est arrivé, notamment grâce à Samuel, un copain de classe, qui scrute son entourage en se doutant que quelqu'un est complice mais préfère se taire. C'est ... flippant, atterrant, mais ça vous fige le cœur et la tête bien sur vos épaules, vous revoyez toutes vos convictions ébranlées et vous ressortez de cette lecture un peu sonnée, mais tremblante d'une belle émotion.

Extrait  : 

Louise avait caché tant de choses. Elle avait la volonté farouche d'entretenir avec chacun d'entre nous une relation à part, singulière et secrète. Comme si elle était faite d'une multitude de mondes étanches, refusant de faire des liens, préservant sa part d'ombre.

*****

(...) On leur avait toujours dit avec Mathilde qu'ils étaient des enfants-accidents, le plus beau des hasards, mais des hasards quand même... Était-ce ça qui nous rattrapait aujourd'hui ? Quelques mots malheureux et toute une vie qui s'écroule ?

Gallimard jeunesse, coll. Scripto, 2013

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