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Chez Clarabel

5 décembre 2006

Mise au point sur la quatrième

"Le lecteur lit davantage de quatrièmes que de livres dans une vie. Combien avons-nous reposé d'ouvrages sur un rayon de bibliothèque ou une table de libraire après cette lecture succincte qui, malgré tout, a plus ou mnouveau_magasin_d_ecritureoins effleuré la mémoire et parfois s'y est inscrite de façon marquante, au point de nous faire regretter de n'avoir acquis l'ouvrage en question devenu introuvable. Il y avait autrefois des rédacteurs spécialement affectés à l'élaboration des quatrièmes; et l'on peut reconnaître le style d'époque de ce genre littéraire particulier, souvent tronqué, qui a sa rhétorique propre, son tempo, ses segments détachables (pour la publicité). Aujourd'hui, bien souvent, l'éditeur se contente d'un extrait du récit ou demande à l'auteur un premier jet qui sera à peine modifié : la vanité et l'ambition concentrent assez de facultés pour torcher un feuillet promotionnel : donner le goût de la lecture sans dénaturer celle-ci avec assez d'agacerie pour laisser croire, une fois de plus, à la rencontre tant espérée."

Le nouveau magasin d'écriture, Hubert Haddad (zulma)

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5 décembre 2006

Grimpow, l'élu des Templiers - Rafael Abalos

grimpowSur une route enneigée des Alpes, en plein hiver 1313, Grimpow, petit bandit des grands chemins, découvre un cadavre. A ses côtés, quelques richesses, un sceau en or, un parchemin et une mystérieuse amulette. Cette pierre prend une lueur différente dans la main du garçon, c'est forcément un signe, car elle lui révèle un message : "L'ombre et la lumière sont dans le ciel. Aidor Bilbicum. Strasbourg". S'apercevant qu'il détient un savoir insoupçonné, Grimpow se réfugie à l'abbaye de Brinkdum où le bibliothécaire Rinaldo de Metz va le prendre sous son aile et lui enseigner d'étranges leçons qui sont liées à cette pierre.

Car Grimpow a été élu. Sa vie est désormais transformée. Il va au-devant d'une prédestination nouvelle où s'affrontent le secret des templiers, un mystérieux trésor revenu des Croisades, la convoitise du roi de France, la persécution des sages... L'amulette qu'il porte autour du cou n'est-elle pas porteuse de malheurs ? est-elle la clef de tous les mystères, surtout sur "le secret des sages", capable d'assurer richesse et immortalité à celui qui le démasquera ?!

Le parcours de Grimpow n'est pas de tout repos, il doit déjouer les convoitises, se cacher du terrible chef de l'inquisition, un certain Boulvar de Goztell. Pour atteindre son but, Grimpow a repris la route aux côtés d'un chevalier errant, Salietti d'Estaglia. Cet homme est-il ce qu'il prétend être ? Car au fil des pages, les secrets enflent, un souffle de terreur sanguinaire apparaît, une menace de plus en plus imminente est aux trousses des protagonistes et de la société qu'ils tentent de protéger.

Ce roman de l'espagnol Rafael Abalos sait admirablement emporter son lecteur, quelque peu circonspect aux 100 premières pages de l'aventure. Il faut dire que l'histoire est un tantinet complexe et riche en longues descriptions sur le contexte historique. J'ai quelques doutes sur l'intérêt littéraire que pourrait porter un jeune lecteur auquel ce livre est destiné (publié dans l'excellente collection Wiz, d'Albin Michel). "Grimpow" a une portée plus spirituelle et philosophique qui varie complètement des romans d'aventures habituels. C'est passionnant, la quête du jeune héros ne manque pas de rebondissements, mais c'est une lecture exigeante pour lecteur averti. A mon avis.

Albin Michel jeunesse, coll. Wiz

4 décembre 2006

Des nouvelles de dingues !

La nouvelle est un genre littéraire trop souvent décrié et sujet à un sentiment de frustration bien légitime... (sujet évoqué dans le sémillant Cuneipage). Pour ma part, je tenais à présenter deux jeunes noms de la scène française, deux gonzesses au caractère affirmé et talent assuré : Céline Robinet & Dorine Bertrand. Elles ont toutes deux publié fin 2004/début 2005 un recueil de nouvelles plutôt décoiffant, visez donc :

celine_robinetVous avez le droit d'être de mauvaise humeur (mais prévenez les autres !) : Céline Robinet n'a pas 30 ans, elle vit à Berlin et vient d'une petite ville du Nord de la France, près de Valenciennes. Une petite ville très calme, tranquille et silencieuse. A tel point que l'héroîne de la nouvelle en question (Vous brendez bien un bruit en désert?) est prête à faire un massacre pour préserver ce silence de mort ! Comme très souvent dans l'ensemble des nouvelles, la chute est fatale, inattendue, fracassante. Proche de la frayeur, du dégoût et de la nausée, oui, oui ! Céline Robinet ne met vraiment pas de gants, elle dit les choses droit devant, l'ambiance baigne avec délectation dans le graveleux, la scatologie, le trash, mais jamais platement. Sa grande force est, avant tout, d'avoir un humour - grinçant - et un penchant pour les bonnes blagues potaches ! D'où cette apparente facilité à conclure ses nouvelles de manière complètement désopilante ! (mais glauque).  *sourire*
Dans son recueil, on passe du tout au tout : souvent ses héroïnes sont déséquilibrées, avec la tête grosse comme un melon ou la tête en moins, elles aiment la viande au stade de finir cannibale, elles ressentent la folie de faire un bébé avec un maniaque de la propreté, elles ne sont pas copines avec les dames pipi, elles souffrent de coliques aigues, s'inscrivent à l'Ecole nationale d'écrivains, goûtent le lait maternel, vénèrent les petits vieux et la radinerie (dans Avide au pays des merveilles et Mesquin l'enchanteur!), mijotent des histoires coquines entre  le culiste et l'aimée trop peu (occuliste et emmétrope) etc  etc...
Audacieuse et déjantée, Céline Robinet explose un potentiel non négligeable mais assez dérangeant. A lire ce recueil, il est parfois recommandé d'avoir le coeur solide, de prendre beaucoup de recul et de cultiver un humour décalé et désopilant pour ce qui rime avec absurde et licencieux. Blurps.

dorine_bertrandLa preuve par neuf : Après avoir lu Céline Robinet, tout lecteur aura le sentiment de trouver Dorine Bertrand bien sage et raisonnable. Première impression... vite erronée ! Au programme : 9 situations saugrenues, 9 portraits d'hommes et de femmes ordinaires, frappés parfois par le vent de la folie, sinon du fantasme. Neuf occasions de ricaner, de grincer des dents et de compatir, d'enrager ou s'apitoyer. Honnêtement, ce livre a la pêche ! Même si toutes ne sont pas égales en qualité, elles sont particulièrement drôles.

Une femme s'interdit de faire l'amour plus d'une fois par semaine - et alors ?.. Une autre s'imagine que son mari la trompe, ou négocie avec son côté midinette pour fréquenter les hommes, ou souhaiterait s'ôter l'odorat pour chasser l'idée de la mort... ça paraît simple, banal mais en fait c'est très tonique et sarcastique. Dorine Bertrand, comme Céline Robinet, possède une verve proche de l'excentricité. Mais d'un autre côté ça parle de choses tellement "ordinaires" que finalement on s'y retrouve presque dans ces épinglages proches de la blague potache ou de la répartie ironique.

Tentez le coup, ça change ! Ces jeunes femmes ont la langue fourchue, la langue bien pendue, et surtout une imagination débridée.

vous_avez_le_droitpreuve_par_neuf

Au diable vauvert  -  Le dilettante

3 décembre 2006

L'apprenti épouvanteur - Joseph Delaney

apprenti_epouvanteurThomas Ward a 13 ans, il est le septième fils d'un septième fils. Pour déjouer la vilaine loi de l'héritage qui forcerait le père à mettre en parcelles son exploitation agricole (qu'il destine au fils aîné), Thomas est proposé à M. Gregory, l'épouvanteur de la région, pour devenir son apprenti. Pendant cinq ans, le garçon va recevoir l'enseignement de cet ancien prêtre pour "protéger les villages de créatures qui surgissent à la faveur de la nuit, affronter goules, démons et autres monstruosités". La tâche s'annonce guère rassurante mais Thomas, avisé du soutien de sa mère, se lance dans cette nouvelle aventure.

Dans ce tome 1, le garçon, maladroit et naturellement inculte, va commettre une grosse erreur en libérant la plus terrible des sorcières du Comté - la Mère Malkin. L'affrontement, laissé à sa charge suite à de redoutables circonstances, ne manque pas de piquant ni de retournements de situations. En gros, le suspense va grossir au fur et à mesure de la deuxième moitié du roman. Quand on commence cette lecture, on se pose la question si le ton n'est pas un tantinet "mineur", malgré l'ambiance opaque et funèbre qui se libère. L'enseignement de l'épouvanteur prend une large place dans les premiers chapitres, toutefois l'intérêt demeure. C'est progressivement que le ton captivant surgit pour séduire le lecteur partagé entre l'enchantement et la terreur. Car oui, quelques extraits peuvent donner le frisson, dans la mesure du "politiquement correct", je précise. Conclusion en fin de lecture, ma foi, c'était très divertissant, pas mal pour un commencement (un tome 2 est paru, prochainement le 3ème...). L'angoisse est palpable, le jeune héros se pose les bonnes questions qui soulèveront d'autres rebondissements à l'avenir, du moins je le pressens. A suivre, donc, avec une très honnête impatience...

Bayard jeunesse

3 décembre 2006

La petite musique du dimanche

les petits bateaux / raphael

Pourquoi le temps qui passe
nous dévisage et puis nous casse
pourquoi tu restes pas avec moi
pourquoi tu t'en vas
pourquoi la vie et les bateaux
qui vont sur l'eau ont-ils des ailes ...

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2 décembre 2006

Tout le monde s'embrasse sauf moi ~ Alex Cousseau

Une histoire très plaisante à lire où l'on suit Grégoire, neuf ans, qui tombe amoureux d'une vendeuse de chaussures qui a vingt ans. C'est Léonor. Elle est jolie, c'est le grand amour du garçon qui rêve de la revoir. Quand elle devient sa babysitter, tous deux vont franchir le cap vers l'amitié jusqu'à ce que Grégoire découvre qu'elle a aussi un amoureux secret ... Chez Grégoire, son univers est simpliste et sympathique. Sa chien est amoureux d'une taupe, son papa et sa maman s'embrassent tout le temps et Grégoire s'imagine déclamer sa flamme pour la belle Léonor et recevoir un accueil tout aussi passionnel. Bref, Alex Cousseau écrit une bien belle histoire qui enchante son lecteur, abordable dès huit ans. Le texte s'accompagne d'illustrations rondes, blanches et noires et comiques aussi, réalisées par Nathalie Choux. C'est un petit livre sur l'amour, l'innocence et l'optimisme à toute épreuve. Tant pis si l'on n'a pas de chance, le principal c'est d'y croire et d'être amoureux ! Belle leçon que ce livre enseigne !

lu en décembre 2004

1 décembre 2006

Le coeur de l'hiver - Dominic Cooper

 

le_coeur_de_l_hiver"Alasdair avait l'impression que sa vie venait d'être mise en déroute. Il sentait que la routine quotidienne des années avait été détruite par l'arrivée de cet étrange insensé qui paraissait ne connaître ni la peur ni le bon sens. Il se sentait injustement attaqué et harcelé; il voyait même commencer une vie dont la ruse et le secret seraient des composantes importantes. Lui, Alasdair Mor ! lui qui n'avait jamais rien caché à personne durant toutes ses années à Cragaig. Devoir ainsi commencer à se cacher et à surveiller, à attendre et à se protéger dans une guerre dure, locale... Et ainsi dans les méandres fiévreux de son esprit épuisé et tendu, les sourcils d'Alasdair se multiplièrent et proliférèrent."

Au large de cette parcelle perdue sur la côte ouest d'Ecosse, Alasdair, vieux garçon de 45 ans, vit seul dans la ferme familiale, depuis la mort de son père et le départ de son frère pour la ville. Il vit de la pêche au homard, il flâne dans la campagne à contempler les merveilles de la nature environnante, et guette l'arrivée de l'hiver qu'une violente tempête nocturne accueille. Plusieurs casiers à homard ont été endommagés, dont ceux de son nouveau voisin, An Sionnach, arrivé à Cragaig dans la plus grande indifférente hospitalité. Cet homme n'inspire aucune confiance, aucune pitié mais de la méfiance. D'ailleurs, Alasdair en fait les frais : ses casiers à homard sont pillés par Sionnach. Le début des hostilités muettes a commencé, plongeant davantage le bonhomme dans un goufre d'angoisse, de violence et d'incompréhension.

"Le coeur de l'hiver" est un roman âpre et brut, un roman où la nature étale sa beauté dans son silence et sa rigueur, c'est un roman étrangement fascinant car la narration consacre de longs et nombreux chapitres aux décors, aux aspérités de cette côte écossaise et au climat glacial dont la brise siffle comme une gifle. Les personnages sont à l'image de leur paysage, même la femme de Sionnach est décrite grande, sèche et mystérieuse, où seules les mains paraissent "bizarrement délicates pour une femme de fermier". Alasdair est fasciné par cette femme au regard pénétrant et fixe, doué d'un calme troublant. "Il se sentait secoué, déphasé; le système rigide de sa vie avait été battu en brèche. Lui, ce grand taureau, cet homme, se trouvait désarmé." La spirale de l'absurde enfle encore, depuis le vol, l'agression, l'attirance de la femme de son ennemi et la barbarie.. il règne dans le roman cette incroyable parabole où "ça pue la douceur de la destruction" ! Cette réplique m'a semblé formidable et résume l'idée du roman, sans cesse en ballottage entre le morbide et la fascination, car à la folie démoniaque s'opposent l'ignorance et la soif de vengeance.  On ne s'étonnera plus que les visages des personnages prennent les traits de "bête féroce". L'idée seule de férocité s'impose d'elle-même.

Alors, déconcertant ? Non, fascinant, ensorcelant. Comme le hululement nocturne de la chouette, à la fois frissonnante et envoûtante. "Le coeur de l'hiver" est également le roman d'un pays - Cragaig - "c'était leur terre, un héritage qu'il était impossible d'échanger contre autre chose." La bataille entre son peuple et la terre, et Sionnach est cet oiseau de mauvais augure...  "Le coeur de l'hiver" a obtenu le Prix Somerset Maugham 1976 et a été traduit pour la 1ère fois en français 30 ans après ! Cela permet de découvrir une plume splendide où la poésie est mise au service de la nature sauvage, du désespoir et pour la survie d'une espèce à part...

Métailié

1 décembre 2006

Sophie Jabès

jabes_sophieIl se passe une petite révolution dans ces colonnes, je vais présenter deux livres du même auteur (Sophie Jabès), rien de sensationnel pour l'instant, sauf que ce sont deux livres qui m'ont laissé un sentiment d'incompréhension, de fascination et de dégoût. Vous ne trouvez pas que ça commence à faire beaucoup pour une seule personne ? J'expose mes faits :

Alice, la saucisse : C'est vrai, quoi, c'est dommage que ce livre devienne grotesque car au début c'était plutôt "bien foutu", avec une belle écriture pour souligner toute la sensualité d'Alice, belle personne qui se préoccupe de son corps avec des crèmes et des parfums. Elle est fascinante, Alice. On ne voit qu'elle, dans la rue les garçons tournent la tête sur son passage, ils sont séduits et ne veulent qu'elle... Et puis, Alice a une discussion avec son père qui ne la trouve pas belle, au lieu de cela il lui conseille d'être "gentille" ! Alice s'effondre et se transforme. Elle mange, elle mange. Elle devient une autre, en vrai. C'est une métamorphose entre Kafka et le Truismes de Marie Darrieussecq. C'est donc à ce point crucial ou peu après que tout bascule pour le lecteur, au péril d'abdiquer, car la lecture d'Alice la saucisse s'apparente à une vilaine farce un peu dégoûtante. La nausée est proche ! Enfin, il y a une moralité dans cette histoire : être gentille avec les hommes revient à se faire manger... (A méditer).

Caroline assassine :  Caroline a sept ans et souhaite tuer sa mère car elle l'empêche de lire. La vie à la maison est un enfer, coincée chez les grand-parents, entre une soeur et un frère qui vivent dans leur bulle, une mère absente et irresponsable, qui passe son temps à jouer aux cartes avec ses amies. A la maison, il ne faut pas avouer être juif, il ne faut pas lire, ni se cacher dans les toilettes pour se plonger dans Les Misérables. D'ailleurs, le pavé finit dans la cuvette des wc. En 140 pages, Sophie Jabès dresse son tableau autour d'une gamine pressée d'être instruite mais condamnée à l'ignorance. Pas idiote, Caroline observe les dérapages des siens avec un mélange de candeur et de cynisme qui dresse les poils sur les bras. C'est en gros l'histoire d'un martyr familial, avec des hauts et des bas. La lecture n'est pas franchement emballante, ni complètement mauvaise. Au contraire, et c'est là tout le problème de ce roman. Sophie Jabès avait déjà créé ce sentiment mitigé avec "Alice la saucisse" (son 1er roman). L'univers de l'auteur semble allergique aux bons sentiments, mais alors franchement hostile à la chose. Cependant, ses spectres de mauvais aloi plombent un peu l'ambiance et manquent un peu de bon goût. A méditer encore...

Il y a une bonne nouvelle car il existe un 3ème ouvrage pour boucler cette trilogie de contes romanesques où l'auteur souhaite "exploser nos tabous les plus secrets" (je crois que c'est réussi) : Clitomotrice. Le roman va paraître en format poche, l'occasion pour moi de m'y aventurer car j'avais jusqu'à présent refusé de m'y remettre !  :-)  Vous en pensez quoi, vous ?

caroline_assassinealice_la_saucisseJ'ai Lu nouvelle génération

1 décembre 2006

Lettres à ma fille (textes réunis par Agathe Hochberg)

lettres___ma_filleFrancis Scott Fitzgerald, Marie Thérèse d'Autriche, François Mauriac, Sido, Colette, Freud, Joseph de Maistre, Marie Curie, Groucho Marx, Franz Liszt, Diderot, Théophile Gautier, Madame de Sévigné, Victor Hugo, Calamity Jane, Comtesse de Ségur, Alexandre Dumas, Claude Debussy.
Qu'ont-ils en commun ? Leur fille ! Et les lettres bouleversantes que ces personnalités leur ont envoyées à différents moments de leur vie. Des correspondances souvent méconnues du grand public, véritables concentrés de génie et de sentiments. On y retrouve des relations plus ou moins affectueuses, des conseils, des intimidations, des adieux, de la force d'aimer, d'étouffer presque, ou juste la permission de s'émanciper. De couper le cordon.. bref, des preuves d'amour, envers et contre tout.
Le mot de la fin est de Bel-Gazou à propos de sa mère Colette : "Je crois qu'elle a désiré sur je sois une parfaite merveille, à tous points de vue, et d'emblée. Je l'ai bien déçue. Les enfants sont rarement des parfaites merveilles. Ils peuvent même être parfaitement désastreux. Il me semble que plus je désirais être une enfant exceptionnelle, et plus je passais à côté. Vous savez, une femme, qui a toujours été d'une exigence et d'une sévérité exceptionnelle envers soi-même, comment n'eût-elle pas montré de sévérité envers un morceau d'elle-même ?".

Mango

30 novembre 2006

Petits crimes contre les humanités - Pierre Christin

petits_crimesDans une petite fac de province, peu brillante et guère fournie en matériaux dernier cri, Simon Saltiel obtient un poste d'assistant temporaire d'enseignement et de recherche dans de bien étranges circonstances. En effet, le professeur émérite d'Histoire de l'art, Léon Kreissman, vient de s'écrouler raide mort après avoir reçu un mail signé Jedem das Seine (A chacun son dû). Ce courriel n'est que le premier signe d'un corbeau qui sévit sur le campus. Le groupuscule de l'université est visé, ça chavire à tout bord car le Jedem das Seine devient l'arme invisible et qui fait mal. Simon va tenter d'en comprendre le sens et nager dans des eaux troubles où il va être question d'un héritage somptueux, de convoitises multiples, d'invitations pernicieuses du ministère de l'éducation nationale et, ô miracle, d'une rencontre mirifique en la personne de la sibylline Elise.

Après des débuts laborieux, lire les "Petits crimes contre les humanités" procure finalement bien du plaisir et des éclats de rire. Car oui, outre les rebondissements louches et l'enquête bonasse du héros prolétarien malgré lui, le texte est truffé de second degré qui épingle le joli monde pas si rose de l'université, "une comédie sur un univers fonctionnant en vase clos dont les petits travers n'excluent pas les grandes misères" ! C'est original, situé entre le roman universitaire et le roman noir. J'ai particulièrement apprécié l'excentricité des patronymes (Goulletqueur, Heurtemitte, Bourgougnoux, Honhon, etc.), la peinture des personnalités, les us et coutumes des uns et des autres, et ce petit milieu universitaire français est croqué avec malice mais beaucoup d'affection, dans le fond. Voilà de bonnes raisons de s'y plonger, toutes catégories confondues !

Métailié

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