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Chez Clarabel

11 novembre 2006

Samedi - Ian McEwan

samedi... Cela m'est difficile de le reconnaître, mais je n'ai pas aimé ce nouveau roman de Ian McEwan. Difficile pour moi d'admettre cet échec car j'apprécie beaucoup les histoires de cet écrivain, un auteur que je trouve admirable et dont le talent littéraire est d'emporter son lecteur dans des situations étouffantes et proches du délire obsessionnel... Pour "Samedi", j'ai eu le sentiment qu'il venait d'écrire son "Mrs Dalloway". Or je n'ai jamais aimé ce roman de Virginia Woolf, peinant à suivre les pérégrinations d'une dame élégante dans les rues de Londres... Ian McEwan vient de reproduire mon cauchemar avec son personnage Henry Perowne, un neurochirurgien réputé qui approche de ses cinquante ans et mène une vie merveilleuse : mariage heureux qui dure depuis vingt ans avec Rosalind, la femme qu'il aime et avec qui il a eu deux enfants, Theo, jeune musicien talentueux, et Daisy qui rentre de Paris suite à la prochaine publication de son recueil de poèmes. Ce samedi, il se réveille quelques heures avant l'aube et aperçoit par la fenêtre un avion en feu. Des bouffées d'angoisse le prennent, nous sommes en février 2003, les spectres du terrorisme sont dans les rues de toutes les capitales du monde.

Le roman raconte donc une journée dans la vie d'Henry Perowne, le 15 février 2003, plus exactement, un samedi comme les autres : câlins dans le lit conjugal, partie de squash avec un confrère anesthésiste, courses dans les beaux quartiers, visite à sa vieille mère dans un hospice de la banlieue et dîner en famille. Puis les clashes surgissent : un avion en feu, une manifestation contre la guerre en Irak, un banal accrochage et la violence qui s'introduit dans son foyer protégé. "Henry aura beau tenter de reprendre le fil de sa journée, ses vieux démons et le chaos du monde le rattraperont sans cesse durant ces vingt-quatre heures, au terme desquelles plus rien ne sera jamais comme avant." (quatrième de couverture).

Il faut attendre longtemps avant que ne surgisse l'action capitale, d'où mon amertume. En attendant, les nerfs sont mis à rude épreuve, on attend beaucoup, et on espére autant. J'ai donc une certaine déception avec ce roman, partout qualifié comme étant l'oeuvre où "le romancier parvient à la plénitude de son talent". La qualité est effectivement incomparable, mais l'intérêt lui se fait un peu mousser... Juste un peu dommage.

Gallimard

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11 novembre 2006

Le sang des valentines - Christian De Metter & Catel Muller

sang_des_valentines"Le sang des valentines" est un album très sombre et qui traite de la guerre 14-18 et des poilus. L'histoire rend merveilleusement hommage à leur sacrifice, à leur calvaire et au déchirement des êtres, entre les hommes prisonniers dans les tranchées ou par les ennemis, et les familles qui demeurent sans nouvelles des leurs. Il existait donc des Valentines, des bonnes âmes dévouées qui correspondaient avec ces hommes se sentant bien souvent seuls, abandonnés et pour qui ces quelques lignes représentaient un petit rayon de soleil dans leur gadoue environnante. Pour Augustin, les lettres de son épouse Geneviève ont su le ramener vivant au sortir des quatre années de tuerie. Il est pressé de rentrer, de la retrouver, un peu inquiet de n'avoir plus de nouvelles depuis quelques mois. L'histoire s'échelonne donc par actes de flashbacks pour expliquer l'histoire d'amour, les amitiés, la trahison, la solitude et les rencontres. La fin est absolument époustouflante - y aurait-il une suite ? C'est en tous les cas un album aux couleurs aussi sombres que son propos, aux traits flous, fous et coléreux, en pleine phase avec le propre de l'histoire. Une réalité complète, épurée et une forte sensibilité !

Casterman

11 novembre 2006

Mon père sera de retour pour les vendanges - Olivier Larizza

mon_pere_seraL'histoire est racontée par un enfant de dix ans : son père part au front, nous sommes le 1er août 1914. En partant, le père promet d'être de retour pour les vendanges. Mais hélas, le conflit s'enlise et l'absence va se creuser au fil des jours chez le jeune garçon et sa maman, qui attend son deuxième enfant. Cette histoire est magique car elle est racontée au travers des yeux d'un enfant. La guerre nous apparaît sous ses mots, une triste et cruelle vérité qu'il découvre en lisant les lettres de son père en cachette de sa mère. Et cette guerre est également l'occasion de dévoiler non seulement les âmes torturées, mais aussi les rencontres humaines que fait son père. C'est un homme plein de poésie, de philosophie et très attachant!.. D'un autre côté, on découvre la vie de ceux qui attendent et là c'est le jeune garçon qui est aux premières lignes. Fin et observateur, il guette sa jolie maman qui rencontre de plus en plus souvent un homme blond. Petit roman bourré de poésie, d'humour et d'émotions multiples. Très beau.

Pocket (ou Anne Carrière)

10 novembre 2006

Le champ de fraises - Renate Dorrestein

champ_de_fraises"Le champ de fraises" est une histoire très cruelle, dure et qui glace d'effroi. Dans une petite communauté, où parents et enfants ont poussé en même temps que leurs murs, la jolie Loes, intrépide et fantasque, avec ses petites couettes rousses, devient subitement le bouc-émissaire de ses anciens camarades de jeux. Pourquoi ? Sa mère est accusée d'avoir tué un homme. L'enfant se braque, porte un lourd secret (autour duquel flotte l'idée d'abus sexuel), mais elle est fermée comme une huître, elle ne parle plus. Ses copains décident de la "brusquer", un peu dans le but de se confier, de livrer les détails sur cette affaire. Mais plus l'enfant se braque, plus les autres se déchaînent.

C'est assez dur à lire, à imaginer, tous ces enfants de six ans, en bande organisée, mijotant des traquenards pour piéger l'une d'entre eux. Ancien bout-en-train du groupe, elle est désormais conspuée, méprisée et lynchée. Comment est-ce possible, à seulement six ans ? J'ai eu un peu de mal à me faire à cette idée... Ce ne sont que des enfants, mais ils semblent déjà bien machiavéliques, un peu trop réfléchis et attentifs aux événements de leur village. Tout devient facilement prétexte à mettre à part, passer à tabac. C'est cruel, très honnêtement. Mais le plus incroyable est que l'histoire semble se répéter, éternellement et inlassablement. L'horreur !

Le roman est composé en trois parties, qui suivent la petite Loes à des âges clés (six, douze et dix-huit ans). Et au fil des pages, l'énigme commence à s'éclaircir, comme le rôle des Luqueduc, deux hommes qui partagent la vie de Loes et sa maman. J'ai beaucoup aimé ces derniers, à travers leur présence, leur importance et leur place dans le rouage de toute l'intrigue. Je n'ai pu éviter un pincement au coeur vers la fin du roman ! (mais chut).

"Le champ de fraises" est un livre que je conseillerai davantage aux lecteurs qui connaissent déjà Renate Dorrestein, auteur de l'excellent et poignant "Un coeur de pierre". Ce nouveau roman est également très délicat pour les âmes sensibles, car il se plonge dans l'univers de l'enfance (terriblement cruel) et de drames et secrets familiaux. Avis aux amateurs !

Belfond

9 novembre 2006

Marilyn dernières séances - Michel Schneider

marilyn_5En janvier 1960, Marilyn entre pour la première fois dans le cabinet du Dr Ralph Greenson, c'est son quatrième analyste, l'actrice est dans un état psychique et physique délabré... La relation qui va s'établir entre Marilyn et Greenson va prendre un tour ambigu, complexe et trouble... une étrange relation de dépendance mutuelle, une liaison amoureuse sans sexe, une addiction réciproque... "Greenson et Marilyn étaient attachés par l'amour et la mort, mais ils n'avaient pas fait l'amour. Il leur restait à faire la mort. Ensemble ou chacun pour soi.". Greenson a été la dernière personne à l'avoir vue vivante et la première à l'avoir trouvée morte. Pourra-t-on jamais expliquer les événements étranges de la nuit du 4 au 5 août 1962, où Marilyn Monroe a trouvé la mort ? Non, jamais. Et d'ailleurs le livre de Michel Schneider n'est pas un énième ouvrage pour découvrir qui a tué Marilyn, mais pourquoi est-elle morte.

Le livre de Schneider, aussi bizarre que cela puisse paraître, est en fait un roman. Les personnages et les faits sont réels, les propos reproduits avec la plus stricte exactitude, et pourtant Schneider a pris le parti d'en faire "un roman". Belle idée, l'auteur a décidé d'écrire un roman sur la blonde et le psychanalyste, sur les trente mois de leurs rapports, et sur les fameuses dernières séances de Marilyn, avec play / rewind sur les cassettes enregistrées...

"Au fil du temps, l'espace qui séparait Greenson et Marilyn ne s'était pas comblé, mais il s'était en quelque sorte inversé. Ils avaient échangé leurs idéaux et chacun avait pris le symptôme de l'autre. L'analyste s'était laissé prendre dans une fascination croissante pour les films et pour sa propre image. Il évitait les patients et les colloques et passait son temps dans les couloirs de la 20th Century Fox. Marilyn parlait plus, et quand elle avait un interlocuteur à qui se fier, elle trouvait ses mots. Les images lui faisaient peur."

Schneider a su me réconcilier avec l'image de Marilyn, entre les livres où on accuse trop et ceux où on ne dit pas assez, j'avoue m'être perdue dans des tonnes de considérations... bien souvent superflues. Le livre de Michel Schneider rend l'image d'un être mi-ange, mi-démon vis-à-vis de laquelle je ne suis pas fâchée. Il y a une grande intelligencmarilyn_dernieres_seancese dans le portrait dessiné des névroses de Marilyn et une grande objectivité dans la psychanalyse. Marilyn y croyait, fervente admiratrice de l'école freudienne, et pourtant Marilyn appartenait au monde de pacotilles qu'était Hollywood. Elle n'était pas la seule à être victime de ces deux systèmes parasités, on le découvre en lisant ce livre... C'est un "roman" riche, palpitant et lucide. Sans concessions, la réalité crue et sincère, oui il y a beaucoup d'honnêteté dans cette "Marilyn" et j'ai apprécié ce tableau, avec sa tendresse, sa voix, ses amitiés, ses amours et ses colères, ses trahisons et ses bêtises, ses courses vers le sexe, son besoin d'images... Il y a tout ça, en vrac : 530 pages de lecture lumineuse sur un sujet opaque et épineux.

Grasset

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9 novembre 2006

Perturbations - Gisèle Fournier

perturbationsUne étrangère, Louise R., est installée depuis l'hiver dans une maison aux larges du village, dans un coin retiré, où rares sont ceux qui s'y aventurent par hasard. Un jour, Louise R. est portée disparue. Et aussitôt toutes les spéculations les plus folles courent à son sujet. Dans un fouillis narratif, plusieurs personnages interviennent : Matthieu, épieur obsessionnel, son épouse Constance, jalouse, silencieuse et malheureuse, forcément, mais aussi le facteur, le cafetier, le propriétaire de la maison, etc. Tous s'y mettent, tous commentent à leur tour, car tous ont épié, suspecté, mitonné leurs petites versions personnelles mais personne ne dit rien. Et donc l'ambiance au village devient lourde, intense et vicieuse.
Gisèle Fournier a beaucoup de talent pour préserver les secrets, faire planer les doutes et traduire les tourments de chacun en quelques pages. Ce condensé de rumeurs illustre ces sales atmosphères de villages reculés aux mentalités étriquées. Suite à un banal fait divers, les esprits s'échauffent et "Perturbations" en raconte tous les rouages sournoisement et efficacement.

Folio

9 novembre 2006

Virginia - Jens Christian Grondahl

virginiaDurant quelques jours d'un été lointain, pendant la guerre, le narrateur âgé d'à peine 14 ans passe des vacances dans une grande maison au bord de la mer chez son oncle et sa tante. Un jour débarque de Copenhague une jeune fille de seize ans, belle, souriante et mystérieuse. Le garçon est fasciné mais intimidé. En cet été 43, des avions survolent le pays pour bombarder la capitale. Un matin, les villageois annoncent qu'un avion anglais s'est écrasé dans les parages. Il n'y aucune trace du pilote. Il y a cependant la jeune adolescente qui a vu et qui sait quelque chose. Le garçon en est malade... Et Grondahl nous embarque dans son roman teinté de mélancolie, chargé d'introspection, nourri par les souvenirs d'un amour blessé, d'un pincement au coeur qui ne guérit jamais. C'est également le portrait délicat d'une jeune femme, auréolée de silence et de mystère. Le roman est court, mais blindé en émotions qui se dilatent dans vos neurones à long terme...

Folio

9 novembre 2006

Froidure - Kate Moses

froidureBiographie romancée de Sylvia Plath, l'histoire de ce roman se passe en décembre 1962, quand Sylvia emménage seule avec ses deux jeunes enfants au 23 Fitzroy Road (ancien domicile du poète Yeats) à Londres. Sylvia est seule, abandonnée par son mari, Ted Hughes, parti rejoindre sa maîtresse, Assia Wevill.

Ce livre retraduit cette époque sinistre, entrecoupée des réminiscences d'une vie plus heureuse. Sylvia s'échine à écrire et mener à bien son projet d'un nouveau recueil de poèmes, à paraître sous le nom de « Ariel ». Kate Moses fait état du désarroi de son personnage avec un réalisme glaçant.

Car « Froidure » prodigue un sentiment de rigueur et d'austérité, un désespoir qui colle à la peau et préfigure la tragédie annoncée. Cette lecture déclenche de vives émotions, dont la rage, la révolte et la pitié. Franchement pas gai au final, mais intéressant pour qui a apprécié l'auteur de La cloche de détresse.

Folio, traduit par Anouk Neuhoff

8 novembre 2006

Mathilde - Véronique Olmi

olmi_veronique"Mathilde" rentre chez elle où l'attend son époux Pierre. Elle vient de passer trois mois en prison pour avoir eu une relation sexuelle avec un mineur. Mathilde a 40 ans, elle est "bien" mariée, mais elle a voulu ce coup de sang avec un gamin de 14 ans, pour s'apercevoir "de la fadeur dans laquelle j'avais vécu, comme si au lieu de vivre ma vie, je copiais sur les autres, en attendant que la vieillesse me saute au visage". Passionnée et passionnelle, Mathilde est une femme qui a décidé d'écouter son propre désir. Après le scandale, Mathilde a connu la solitude, le froid, la peur et la douleur. Elle en sort cassée, fourbue, brisée et cynique.

La pièce se passe en une nuit, le temps pour le couple de se parler comme jamais. Véronique Olmi excelle dans l'art de claquer haut son verbe fort et enflammé. Avec "Mathilde", elle dessine un très joli portrait de femme, tout en passion. Le sujet met en avant le couple à la dérive, après les années de vie commune, la difficulté d'exprimer le désir féminin "déstructuré et impudique" et la lente reconstruction d'un amour blessé. Admirable. Ardent. Audacieux.

Actes Sud Papiers

8 novembre 2006

Mercredi, jour des enfants

Je préviens tout de suite l'assemblée : aujourd'hui Miss C. ne s'est pas foulée et a pioché un livre qui convient aux plus jeunes lectrices, dès 2-3 ans... Dois-je préciser que Miss C. a 6 ans ?... On ne refait pas une enfant fascinée par la couleur rose bonbon, au titre en or et aux histoires de princesse.. c'est ainsi, c'est comme ça ! [cf. sa liste d'envies cadeaux sur Amazon !..]

IMGP2584Donc, l'histoire du jour est celle issue de la collection Princesse Parfaite : Zoé et la coquetterie. Ah oui, c'est un sujet qui parle à Miss C. Dans ce livre, il y a deux princesses : la parfaite et la "souillon". L'une se pomponne, l'autre "ne pense pas à être jolie et soignée. Sentir bon et ressembler à un bonbon, ah ça, non !". Je signale à l'assistance que Miss C. est plutôt du genre ... "princesse parfaite".

C'est très mignon à feuilleter, plutôt drôle avec des cas de figures déjà expérimentés (hum.. bain parfumé, sèche-cheveux, robe et souliers assortis, barrettes dans les cheveux, parapluie bleu, le cerceau à l'école etc...). Zoé (quand elle n'est pas une princesseparfaite) fait donc tout le contraire : très peu de savon, survêt' et baskets, doigts dans le nez, bottes en caoutchouc pour sauter dans la boue, bagarres à la récré... Une gonzesse, aussi !  ... Oui, c'est bon : la toute dernière page réconcilie les deux parties et sacrifie à la bonne morale des "contes merveilleux pour enfants sages".

Fourni avec un diplôme de "Princesse Parfaite". C'est sérieux !

IMGP2580

[.. applaudissons la participation en guest-star du chien A. ]

Princesse Parfaite, Zoé et la coquetterie - Jacques Beaumont, Fabienne Blanchut (texte) & Camille Dubois (images) - Editions Fleurus

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