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Chez Clarabel
28 février 2007

Ma marraine est une fée...

Ma marraine aime les livres et travaille avec les enfants, aussi ma marraine possède des armoires pleines à craquer de livres pour la jeunesse... En tant que Miss C., petite fille vénérée et portée aux nues par sa marraine, j'ai absolument le droit de piocher parmi les albums, de feuilleter, de choisir, d'emprunter une pile pour la maison .. Oui vraiment, ma marraine est une fée !

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Le 1er livre découvert dans sa malle aux trésors s'appelle Mary la penchée. Il est facile de comprendre pourquoi Miss C. a choisi celui-ci plutôt qu'un autre ... la ballerine en équilibre sur un fil vaut bien tous les discours ! Car la lecture de ce livre peut s'avérer délicate, les 1ères pages nous ont indiqué qu'on s'approchait du genre de la bande dessinée, par le souci des illustrations soignées, un choix parfois original et risqué. Pourtant le sujet lui est accrocheur : Mary se réveille un matin et découvre qu'elle est penchée. Sa famille également est étonnée et la suspecte de vouloir "faire son intéressante". Pourtant, Mary ne joue pas la comédie, son corps est penché, vraiment penché ! Le docteur conseille à ses parents de l'envoyer dans un pensionnat à la campagne, pour lui c'est une question de croissance à ré-équilibrer... "Il faut la remettre sur le droit chemin" réplique la directrice intraitable. Et même ses nouvelles camarades ne sont pas tendres avec elle, la chahute et se moque de son cas. Non vraiment Mary se trouve "sur une mauvaise pente", pas de quartier pour elle, ses professeurs sont exigeants et la tannent de cesser ses "singeries" ! ... Un soir, elle décide de s'enfuir. La suite des aventures de Mary nous balade dans une contrée féérique, qui aborde le rêve et se conclue sur une note philosophique. Très beau à feuilleter, cette lecture doit être accompagnée d'un adulte pour expliquer à l'enfant quelques points douteux ... et surtout à conseiller à des lecteurs dès 7-8 ans.

L'autre livre s'intitule Je m'appelle Pauline et raconte la formidable odyssée d'une petite fille dans la ville de Paris. Pauline est la dernière d'une famille de quatre garçons, elle est née un 23 décembre et se plaint qu'on ne lui souhaite par son anniversaire plus justement. Un peu agacée d'être traitée comme une fille, elle décide donc de devenir un garçon, se coupe les cheveux et opte pour le prénom de "Paul". Un jour, elle croise une moto et en route pour le début des aventures ! L'histoire se bouclera sur une belle rencontre - avec un certain Petit Chien ! Cette anecdote peut paraître anodine, sauf pour Miss C. qui y voit là un clin d'oeil particulier et rien que pour elle (et sa maman !). Un livre beaucoup plus abordable pour une petite fille de son âge, plus drôle et fantaisiste.

Entre les deux, s'est donc glissé un livre minuscule sur Le croissant qui ne voulait pas être mangé ... et là je laisse place à votre imagination car Miss C. n'a pas de mots pour vous l'expliquer. Juste pour dire que, miam ! c'est sacrément délicieux !  :)

Mary la penchée, François Schuiten & Benoît Peeters -les albums duculot- Casterman.

Je m'appelle Pauline, Claudia de Weck - Pastel - L'école des Loisirs.

Le croissant qui ne voulait pas être mangé, Theresa Bronn - Editions du Jasmin.

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27 février 2007

Ornela Vorpsi

Ornela Vorpsi, née à Tirana, vit désormais à Paris. Elle a déjà publié Le Pays où l'on ne meurt jamais (Actes Sud, 2004) & Buvez du cacao Van Houten ! (Actes Sud, 2005). En 2007, elle publie simultanément Vert Venin et Tessons roses.

tessons_rosesLa narratrice est "morte par hasard. Je dis par hasard parce que j'étais encore jeune et je n'étais pas malade". Ce sont les premières phrases qui ouvrent ce livre, particulièrement étonnant, et qui vont nous entraîner vers des confidences d'une petite fille confrontée à des expériences intimes et étranges avec des hommes, plus vieux, tous les mêmes, ou des meilleures amies, qui s'amusent à jouer au docteur, et qui s'extasient sur des tessons roses découverts dans le jardin de sa tante...

Jeux interdits ou jeux dangereux, actes coquins, innocents ou marqués par la mort... Ornela Vorpsi nous raconte là des petites histoires troublantes, entrecoupées de photographies d'auteur (des fragments de visages et de corps, en noir et blanc, pour conduire vers une silhouette fluide et délicate). Ce livre est esthétiquement réussi, même s'il éveille chez le lecteur quelques interrogations. Personnellement j'ai trouvé les textes très bien écrits, qui s'attachent aussi à des détails de l'enfance sur "la couleur bleue" (l'encre de l'école) ou "le drap blanc" (pour enterrer la grand-mère).
Ce petit livre est un bon compromis pour faire la connaissance d'Ornela Vorpsi.

extrait : " A cette époque, j'étais très amoureuse des tessons roses. J'avais trouvé les bouts de verre dans le jardin de ma tante. Quelque chose avait dû se casser, un cendrier peut-être, je n'arrivais pas à identifier cet objet en verre rose. Je rassemblai les fragments. Ils me plaisaient beaucoup. Ils étaient précieux. Bianca se tenait à quelques pas, perdue dans sa vie. Je ne lui racontai pas que j'avais trouvé ces tessons si beaux et mystérieux parce que je les voulais tous pour moi. Qui sait, c'étaient peut-être des diamants. Je cachai les morceaux roses dans mon mouchoir et décidai d'en garder un tout petit dans ma main. Je l'observai en le faisant rouler entre les doigts et l'éclat, pour me rendre heureuse, prit les couleurs de l'arc-en-ciel. "

Textes écrits en italien. 45 pages.

Album Photo d'Ornela Vorpsi

vert_venin

La narratrice n'aime pas les voyages en avion et c'est vraiment en gage d'amitié si elle effectue ce trajet qui la mène à Sarajevo. Elle a été alertée par la soeur de son ami qui demeure reclus, qui ne vit plus, ne sort plus, ne met plus un pied à l'extérieur. Qui lui est-il arrivé ? qu'est-ce qui se trame dans sa tête ?...

Ce voyage est un point d'honneur. La narratrice semble faire un chemin en arrière dans ce pays voisin de son Albanie natale. Un jour, elle est partie en Italie avant de s'établir à Paris où elle vit. Forcément, les Balkans posent sur elle un regard de fascination, la sollicitent, lui trouvent un teint "vert" (Tiens, dit-il soudain en haussant le ton afin de paraître plus convaincant, tu as viré au vert. Attention !  - Au vert ? Quel vert ?  - Le vert de la migration, ma pauvre. Le vert de la dénutrition auquel on reconnaît ceux dont les racines sont à l'air. Fais attention, c'est ainsi que commence la maladie dont je te parle. ). Le vert rappelle le capitalisme, la richesse des pays occidentaux, la couleur du dollar... et le capitalisme brouille le teint. On devine le fossé creusé entre les gens restés au pays et ceux qui sont partis, ce sont eux aussi des étrangers désormais.

Mais ce rêve des migrants a un coût et ils ne sont pas rares ceux qui décident de rentrer au pays, comme ce chauffeur de taxi. "Ces Albanais et d'autres encore nourrissent un désir ardent. Ils veulent modifier l'image de leur pays, mais, comme l'histoire l'enseigne, c'est un projet difficile qui requiert parfois beaucoup de temps. "  Malgré le constat d'amertume, l'histoire inculque donc un amour de la mère patrie qui est truffé de paradoxes : les mirages de l'eldorado, le goût de l'ailleurs, le coeur des Balkans... La narratrice effectue une odyssée qui n'est pas sans réveiller des sentiments, des observations. Tout l'attache et pourtant elle sait qu'elle n'appartient plus à ce peuple. "Le sang, ce n'est pas de l'eau ! Impossible de jouer l'indifférente, impossible de tourner la tête sans écouter."

Dans ses précédents livres, Ornela Vorpsi nous intéressait davantage à sa jeunesse à Tirana, à ses proches et cette envie commune de traverser les frontières. Dans "Vert Venin" il est finalement question de cet après, de ce que ressentent les migrants, les frustrés, les rejetés et ceux qui y croient encore... Le portrait est sensible et mélancolique, écrit dans une langue poétique, mais avec beaucoup moins d'humour (cf. "Le pays où l'on ne meurt jamais").

Quelques extraits

Dans cette région, la tragédie est fille de la générosité. Parce qu'elle s'offre en overdose. Quand elle franchit les limites, la générosité se change en un monstre qu'il est difficile d'accueillir.

L'odeur des Balkans réveille le passé qui tourmente. De nostalgie, d'amour, de rancoeur, de désolation, d'impuissance, d'éloignement, de proximité.

"Désormais, je suis une parfaite étrangère. Quand on est à ce point étranger, on regarde les choses d'une autre façon que lorsqu'on est à l'intérieur. Etre condamné à regarder du dehord entraîne parfois une grande mélancolie. Un peu comme si vous alliez à un dîner de famille sans pouvoir y participer : une vitre glaciale d'un verre bien épais, à l'épreuve des balles, à l'épreuve des rencontres, vous sépare. Les membres de votre famille vous observent, vous reconnaissent, vous invitent à entrer et à les rejoindre, vous les voyez vous aussi et répondez par les mêmes gestes, mais le dîner se consomme ici, il se consomme comme ça. Bientôt, ils cessent de vous inviter, ils se lassent, le poulet rôti leur sourit, le poulet rôti tiré du four au bon moment est une véritable consolation. Leurs paroles sont inaudibles. Leur chaleur lointaine. Vous restez spectateur."

Actes Sud - 116 pages

  • A propos des 2 précédents livres de l'auteur :

Buvez du cacao Van Houten est un ensemble de 13 nouvelles qui méritent bien son titre car l'amertume coule à flots ! L'humour sauve la mise de cet univers où la tension est latente, les Albanais semblent être un peuple doué pour le fatalisme, l'accablement et les mystères de disparition, les envies d'ailleurs et d'exil... A noter : "Le prix vorpsi_ornela_2du thé" où la narratrice, convaincue de savourer un produit rare, d'une exceptionnelle qualité et comble du raffinement, a l'estomac noué par l'excitation. Au risque de constater, avec dépit, que son corps n'est finalement pas habitué aux choses merveilleuses !..

Le pays où l'on ne meurt jamais revient sur l'enfance et l'adolescence de la narratrice. Et il lui en arrive à cette petite, dont le regard, innocent et éclairé, met en scène des situations cocasses et risibles, au détriment de ses acteurs. Au total, 15 tableaux dessinent le paysage d'un pays et de ses habitants - les Albanais paraissent un peuple fier, amoureux et souvent contrit, également viril, adorateur de la sensualité et de la beauté. Les souvenirs sont souvent désenchantés, mais quel humour !  A noter que ce titre est paru en format poche, chez Babel.

26 février 2007

Eve (1950)

all_about_eve_7Tout commence par la cérémonie de remise du prix théâtral Sarah-Sibbons. Le prix de l'année est décerné à une jeune comédienne : Eve Harrington. Soudain, l'image se fige. Karen Richard (femme de l'écrivain Lloyd Richard) nous raconte comment 8 mois auparavant, elle a fait la connaissance de Eve Harrington. Ce n'était alors qu'une spectatrice assidue, grande admiratrice de l'actrice Margo Channing. Peu à peu Eve va réussir à gagner la confiance de Margo pour mieux la scruter, la copier et se glisser dans sa vie.

"All about Eve" est un film d'une grande intelligence, un film qui reflète la spiritualité et démontre avec génie les rouages de l'ambition dévorante d'une jeune débutante et les ravages sur une actrice confirmée mais vieillissante (et consciente de ce fait). Dans ce registre, Bette Davis est stupéfiante, capricieuse et hystérique, jalouse, paranoïaque, bref une tigresse qui me rappelle la Blanche DuBois de T. Williams. Face à elle, Anne Baxter prête ses traits au personnage apparemment angélique d'Eve, petite chose bouleversante dont l'histoire émeut l'actrice Margo Channing. Eve va abuser de la confiance des uns et des autres, parfaite et bluffante manipulatrice, prête à tout pour gravir sa route pavée d'étoiles...

All_about_eve_4On n'oubliera pas d'évoquer les 1ers pas de Marilyn, vers la 43ème minute, dans son fourreau d'une blancheur éclatante. Elle incarne Miss Caswell, une starlette qui rêve aussi d'entrer dans le cercle fermé du petit milieu du théâtre new-yorkais. Oh, à peine 10 minutes d'images chipées ci et là, et l'actrice tire sa révérence... mais comment ne pas saisir la réplique d'un personnage ("Well done. I can see your career rising in the east like the sun") et y voir une note prémonitoire ?

Ce film est un chef d'oeuvre, purement et simplement. Mankiewicz décrit un monde qu'il connaît bien et livre une vision critique de la société en s'attaquant à ses travers (l'arrivisme, le vieillissement, la paranoïa). Il utilise aussi un procédé original du flash-back oral pour raconter l'histoire et le parcours d'Eve grâce à ses trois narrateurs. Pour ces multiples raisons, incluant la prestation exemplaire des acteurs, "All about Eve" a été couronné d'Oscars et est toujours considéré comme l'un des meilleurs films de tous les temps. Appréciation totalement justifiée !

Eve, film de Joseph Mankiewicz (1950) - avec Bette Davis, Anne Baxter, George Sanders ... Titre vo : All About Eve.

26 février 2007

Cette sacrée vérité (1937)

awful_truth_2Jerry Warriner et sa femme Lucy se mentent depuis longtemps sans en être dupes. Ils décident donc, d'un commun accord, de divorcer (90 jours sont nécessaires pour rendre ce jugement effectif). Sans plus attendre, ils s'engagent tous les deux à d'autres personnes : Lucy avec un riche mais ennuyeux homme d'affaire d'Oklahoma qui voyage avec sa mère, Jerry avec Barbara Valance, une jeune héritière. Chacun fait de son mieux pour que les plans de l'autre échouent...

Cette comédie légère est un bonheur à voir et revoir où les deux acteurs, Cary Grant et Irene Dunne, sont époustouflants et scintillent dans leurs interprétations improvisées de bout en bout ! Eh oui.. Leo McCarey n'a pas lésiné sur la fantaisie, changeant d'idées chaque matin, il modifiait son script avec une absence totale de considération pour le "coaching" mental de ses acteurs. C'était la belle époque, et tant mieux d'avoir osé ce pari car le résultat est un régal fait de situations burlesques, deawful_truth_3 dialogues vifs et ciselés, d'anecdotes poilantes et de rebondissements sans cesse ingénieux et qui prêtent à sourire !

Autre raison de voir ce film : il y a Cary Grant. The Awful Truth est le film qui consacrera son personnage et en fera une star. Sa composition est parfaite : ironique, clownesque, toujours dans le bon tempo, ses expressions et attitudes suffisent à faire rire. Faites une pause sur le regard concupiscent du Sieur dans les dernières minutes du film, ma foi... ça vous laissera songeur !

Mention spéciale pour M. Smith, le chien du couple Warriner. Skippy le terrier s'illustrera à nouveau dans "L'impossible Monsieur Bébé" au côté de son nouvel ami Cary Grant !
En 1937, Leo McCarey obtint l'Oscar du meilleur réalisateur pour ce film.

Cette sacrée vérité, film de Leo McCarey (1937) avec Cary Grant & Irene Dunne. Titre vo : The awful truth

25 février 2007

Seuls les anges ont des ailes (1939)

angels6Une jeune New-Yorkaise prénommée Bonnie (Jean Arthur) débarque en Amérique du sud dans le port bananier de Barranca. Elle y rencontre deux aviateurs, Joe et Les, employés pour une compagnie aéropostale. Geoff Carter (Cary Grant) qui dirige cette équipe de casse-cou apprend qu'un colis doit être livré dans la soirée. Joe s'envole, mais les conditions météo l'obligent à rebrousser chemin. Malgré la tempête et les conseils de Geoff, il tente une approche du tarmac, manque son atterrissage et décède dans le crash de son avion. Bonnie est effondrée et ne comprend pas l'attitude désinvolte du beau Geoff...

Profondément attaché à mener jusqu'au bout ce projet qui mêle l'aviation et la camaradie de ses pilotes isolés près des montagnes, Howard Hawks est parvenu à diriger un film particulièrement remarquable mais, somme tout, âpre et sombre.
Après le succès de "Bringing up baby", Hawks renouvelle donc la collaboration avec Cary Grant pour interpréter Geoff Carter, un type a priori têtu, insensible et détaché des femmes. Face à lui, Jean Arthur tente avec son rôle de Bonnie Lee de faire succomber cet homme au coeur de pierre, plus attaché à ses hommes qu'aux beaux yeux de la blonde... Elle est drôle, émouvante et possède un caractère à ne pas se laisser marcher sur les pieds, et pourtant Carter a le coeur brisé.
only_angels_have_wings01En voyant débarquer son nouveau pilote et son épouse, Carter retrouve en la sublime Judy McPherson celle qui a mis son coeur en miettes. Il tente de rester stoïque, d'autant plus que son mari n'a pas la côte auprès des pilotes, désigné coupable de lâcheté suite à un accident d'avion dans le passé.
Bref, à la 50ème minute du film, un ange passe : Rita Hayworth fait son entrée, c'est dans ce film qu'elle se fera enfin remarquer, dépassant le grade de "starlette". Elle est impeccable. Il fallait aux yeux de Hawks une actrice capable d'incarner l'idée de la "femme fatale", beauté froide, lisse, regard de braise et classe étourdissante, Rita a su combiner tous les atouts !
Bon il faut reconnaître que son rôle tient encore du statut de seconde classe, Rita joue quelques scènes et donne de très bonnes répliques savoureuses, mais sans plus.

angels"Seuls les anges ont des ailes" est indéniablement un film tour à tour dramatique, sentimental et étincelant. La trame est menée tambour battant, les scènes avec les avions soulèvent l'angoisse chez le spectateur, la tragédie donne le pas à la comédie. Et puis, cet esprit communautaire et solidaire entre pilotes est rendu à merveille. On s'attache à la fine équipe, on savoure les moments de fête, les heures sombres. C'est un bon compromis. On retiendra surtout de ce film l'éternelle performance de Cary Grant, qui affiche une personnalité complexe, et où il nous réserve des scènes particulièrement drôles et intenses avec la toute débutante Rita Hayworth.

Seuls les anges ont des ailes (1939) , film de Howard Hawks, avec Cary Grant, Jean Arthur & Rita Hayworth - titre vo: Only angels have wings .

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25 février 2007

Sylvia Scarlett (1935)

sylvia_scarlett1Un père et sa fille, encore endeuillés, doivent quitter la ville de Marseille pour échapper à la justice qui demande des comptes à Henry Scarlett, escroc notoire, et qui dépouille sans vergogne l'héritage de son enfant pour prendre le bateau pour Londres.
Sylvia, décidée à le suivre, fait le choix de sacrifier ses nattes et son apparence féminine pour devenir un garçon. Ainsi déguisée en Sylvester Scarlett, elle compte bien passer inaperçue. Mais durant la traversée, son père fait la connaissance d'un certain Jimmy Monkley qui n'hésitera pas à dénoncer le couple Scarlett à la douane.
sylvia_scarlett3Les déboires ne s'arrêtent pas là. Sylvia et Henry retrouvent le fieffé menteur mais décident de lui emboiter le pas et d'adhérer à ses combines pour amasser le maximum d'argent avec le minimum d'efforts.
Ils partiront aussi à bord d'une roulotte, sous la compagnie des Pierrots enchanteurs, avec une nouvelle recrue prénommée Maudie, le béguin d'Henry. Non loin de la plage où ils ont établi leur campement, Sylvia rencontre un artiste peintre, Michael Fane, qui n'imagine pas une seconde que le jeune chérubin effronté cache en fait les traits d'une délicieuse jeune fille romantique...

sylvia_scarlett6Bon, personnellement je n'ai pas trop aimé ce film de George Cukor, même si l'ensemble des ingrédients était réuni pour concocter une faramineuse recette : imaginez au casting Cary Grant et Katharine Hepburn réunis pour la première fois, cela avait de quoi alpagué le chaland !
Pourtant, j'ai admiré la grâce sans pareille de la Grande Katharine, fabuleuse et dynamique, qui sacrifie aux artifices de son sexe pour paraître en garnement indiscipliné et dissipé, oui c'est une formidable interprétation, sans fards et sans retenue. Face à elle, le jeune Cary Grant d'à peine 30 ans inaugure un rôle de coquin menteur et filou, abominable de bout en bout, mais dont le charme flagrant ne laisse aucun doute sur l'étendue de ses talents d'interprète !
sylvia_scarlett5Mais "Sylvia Scarlett" démontre qu'une bonne histoire est nécessaire pour s'attacher la sympathie du spectateur. Dans ce film, non pas que ce soit en carton pâte, mais le fond laisse trop d'ambivalence sur un sujet aussi sensible que l'identité sexuelle. Certes, les pièces de Shakespeare s'en sont également nourries (cf. The Tempest, par exemple) mais j'ai particulièrement trouvé que la fausse naïveté doublée d'allusions franchement poussées n'était pas un cocktail réussi.
Inutile de préciser que ce film a été un "bide" complet à sa sortie en 1935, ce large champ d'ambiguités était d'un goût douteux pour l'époque ! Pour ma part, j'ai justement trouvé que ce film reflétait tout le fossé d'un film Classique qui a du mal à trouver sa place pour le public actuel. Non là je n'ai pas adhéré, alors que je suis une férue de ces films. Dommage.

Sylvia Scarlett, film de George Cukor (1935) - avec Cary Grant, Katharine Hepburn, Edmund Gwenn ...

25 février 2007

Trois femmes ~ Jennifer Haigh

Trois femmes, trois Mrs Kimble, ont toutes en commun d'avoir épousé le mystérieux Ken Kimble. Cet homme, en prologue du roman, est retrouvé mort dans sa voiture, sans famille, mais possédant un compte bancaire bien rempli. La police décide de mener son enquête. Et nous voici en 1969, avec le portrait de Birdie, la première épouse, qui vient d'être abandonnée avec ses deux enfants, et qui désormais sombre dans l'alcool.
Je n'en dis pas plus. Simplement, Ken Kimble apparaît toujours flou et insaisissable. Son génie est d'avoir su séduire des femmes naïves, sensibles, écorchées. Il était là au bon moment, il s'est glissé dans leur vie.
Tous ces portraits sont très bien dessinés, attachants, c'est même difficile de haïr ou blamer qui que ce soit. Ce livre est aussi un joli portrait des années 60, l'époque des exubérances et des contraintes insoupçonnables. Vraiment, ce livre est une bonne et agréable surprise, avec une histoire qui s'avère captivante !

février 2004

25 février 2007

La Platine 'musique' du Dimanche

Pour ceux et celles qui ont besoin d'y croire ..  ! 

Tant qu'on danse encore,
Tant qu'on rêve encore,
Que ça change un jour,
Ca vaut la peine.
 

Zazie / oui ...  Avec le temps (à écouter)

La chanson "oui" est extraite de l'album "rodeo", pour moi le meilleur... Vient de sortir "totem" mais étrangement mon avis bute et peine à gagner un fol enthousiasme.. Chuis encore bloquée sur Toc toc toc / Rodeo ... et toutes les autres !

Laure, Cuné, Florinette et même ma petite soeur .. courage les filles, bizzz. 

24 février 2007

Arsenic et vieilles dentelles (1944)

arsenic_3Abby et Martha Brewster, deux charmantes vieilles dames, ont une étrange habitude. Pour éviter une vieillesse douloureuse aux hommes âgés dont elles font la connaissance, elles leur font boire un mélange redoutable de baies de sureau, d'arsenic, de strychnine et de cyanide. Elles ont ainsi plusieurs "délivrances" à leur actif.
Leur neveu Mortimer découvre avec horreur cette pratique et décide avec l'énergie du désespoir de boucler au plus vite cette affaire qui va prendre des allures de cauchemars rocambolesques ! Car, deux inconnus s'invitent chez les vieilles tantes, eux-mêmes redoutables meurtriers venus régler des comptes avec cette famille de cinglés !

Oui, la folie est omniprésente chez Capra et même Cary Grant tente de sauver la mise en s'ébrouant de gauche à droite pour faire interner les siens et regagner la paix. Toutefois, les aléas s'accumulant, notre homme donne l'impression de plonger de plus en plus dans l'hystérie et l'aliénation ! C'est de famille, vous dis-je ! Entre le pendant du Président Roosevelt, les petites vieilles qu'un coup d'arsenic sert de remontant, et le sosie de Boris Karloff (interprète de Frankenstein), Mortimer veut gardarnenik_5er la tête froide (peine perdue), sauver son récent mariage, mais ne cesse d'enchaîner des combines toujours plus grosses et embarrasantes les unes que les autres...

Première et unique comédie burlesque de Frank Capra, "Arsenic et vieilles dentelles" est une adaptation d'une pièce de théâtre (on le devine rien que par ce huit-clos où l'essentiel de l'intrigue papillonne). L'histoire est un mélange désopilant entre la cocasserie, l'humour noir et un semblant de terreur (registre dans lequel le personnage de Jonathan Brewster prend une part déterminante !).
Cary Grant accumule les pitreries et les scènes extravagantes, il déploie une grandiloquence dans ses gestes et ses mimiques. Son charme et ses talents comiques font le reste. Parmi les grands moments du film, on se rappelle la scène où il se fait piéger par Jonathan et son complice, finissant saucissonné sur sa chaise, ou lorsqu'il sonne la charge à la place de Teddy.

arsenic_5Dans ce film, l'acteur parfait son style loufoque, le personnage étant de plus en plus contaminé par la démence des autres protagonistes. Cary Grant exulte, communique son enthousiasme, au risque parfois de tomber dans une surenchère. Le scénario offre sans cesse un nouveau renversement, mettant en péril la synergie de base. Mais Non ! Rien ne peut entâcher le plaisir que procure la famille Brewster en cette soirée d'Halloween. La liesse est de mise : autant la folie est contagieuse sur l'écran, autant le ravissement se lit sur le visage du spectateur ! Parfaite comédie à l'humour macabre... à savourer sans retenue !

Panama, nous voilà !

Arsenic & Vieilles dentelles, film de Frank Capra (1944) - avec Cary Grant, Priscilla Lane, Raymont Massey, Edward Everett, Peter Lorre, Josephine Hull, Jean Adair... Titre vo : Arsenic & Old Lace.

24 février 2007

La corde (1948)

corde_7Le crime est un art et l'apanage de l'élite, seuls les inférieurs sont les victimes. C'est selon ce précepte de Nietzsche, enseigné par leur professeur de philosophie, Rupert Cadell, que deux étudiants, Brandon et Philip, vont étrangler un troisième larron, David, pour tester cette théorie. Flippant ? oui. On assiste à ce crime commis avec une froideur et une exemption totale de conscience, puis à la mise en scène du crime parfait où le corps est déposé dans un coffre sur lequel un buffet sera tenu à l'occasion d'une petite soirée d'adieu (les deux garçons partent à la campagne...). Ils ont réuni quelques proches, dont la petite amie de David, ses parents et leur professeur - Brandon est excité à l'idée de jouer sous son nez ce drame en trois actes !

L'idée du film est venue d'une pièce d'un dramaturge anglais, Patrick Hamilton. Hitchcock, qui tournait là son 1er film en couleur, a adopté la technique de filmer sur un seul plateau et sous forme d'action continue (mais avec des bobines de dix minutes). L'aspect final est réussi, de mon point de vue. Cela donne un compromis intéressant entre le cinéma et le théâtre, avec ce huit-clos à vous glacer le sang. Chaque détail est scrupuleux, comme Brandon qui range la corde dans le tiroir de la cuisine avec un sourire pervers, ou la bonne qui débarrasse la vaisselle en fin de repas et dépouille le "buffet" sans se presser, poussant d'un cran supérieur la tension, très proche du masochisme.

corde_9En filmant en ouverture la scène de strangulation, Hitchcock décide de jouer avec le suspense sur un autre aspect. On ne se pose plus la question : "comment s'explique le retard de David ?" mais plutôt "va-t-on deviner le crime atroce des deux étudiants ?". Pour cela, le personnage joué par James Stewart prend une envergure considérable. Cary Grant avait été pressenti pour ce rôle avant d'être attribué à Stewart, une décision jugée discutable car l'acteur n'était plus désormais une valeur sûre au box-office. Et pourtant, j'ai trouvé qu'il incarnait le coupable implicite de cette barbarie, après tout c'est lui le responsable, c'est lui le professeur qui a enseigné de tels propos incohérents...

Son entrée en scène est saluée par la musique de Poulenc, le temps d'un flottement. James Stewart laisse tomber les sous-entendus du prof homosexuel ayant eu une liaison avec un des étudiants (comme l'impliquait la pièce anglaise) et décide de jouer un enquêteur, soucieux des signes, des indices, intrigué par l'absence de David, attentif à l'extrême nervosité des deux hôtes, où l'un affiche une arrogance déplacée et l'autre boit outrageusement. Quand il commence à constituer le puzzle en grand, il est effrayé d'avoir été à l'origine d'une interprétation aussi angoissante et condamnable. Hitchcock dirige avec plaisir ce jeu qui sera repris quelques années plus tard par les créateurs de Columbo.

corde_5Il faut absolument redécouvrir ce film du réalisateur anglais, véritable monument cité désormais comme une référence par de nombreux cinéastes, alors même que Hitchcock qualifiait de "truc" ce film époustouflant.

"La Corde" s'attaque avec cynisme et humour à la pédanterie qu'arbore une certaine classe qui se juge supérieure à une autre, et qui se conclue par un remarquable affrontement psychologique entre Stewart et le duo Granger/Dall

La corde, film d'Alfred Hitchcock (1948) avec James Stewart, John Dall & Farley Granger. Titre vo : The Rope.

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